Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Le cadavre au fond du puits - Le débrief

Europe 1 Europe 1 3/9/23 - 14m - PDF Transcript

T'es contente qu'on allait se balader, mami?

Non.

Au fait, Sarah t'embrasse.

Vous êtes toujours ensemble.

C'est ta voiture, ça?

Oui, j'ai acheté une Volkswagen.

Eh bien allons-y, mon chéri.

C'est si facile d'être fier d'une Volkswagen.

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Pour commenter son histoire du jour,

Christophe Fondelatte reçoit un invité,

acteur direct de son récit.

Et pour débriffer cette histoire,

vous voici maître Jean-Marc Darigade du Barreau de Montpellier.

Vous étiez l'avocat d'Éric Ménier.

Je viens de vous mettre en scène au cours du procès.

Donc, Le Verdi consacre l'idée que Ménier et le moteur

épassent ses reins.

Ça colle pour vous?

Tout à fait, oui.

C'était un peu l'analyse,

d'ailleurs, des deux experts psychiatres

qui avaient été commis par le magistrat instructeur,

qui avait parlé d'un couple criminel,

dans lequel l'un et l'autre prenaient l'ascendant

en fonction des capacités,

mais que le leader naturel était Ménier pour son charme

et la séduction qu'il avait envers Ludovic Serran.

Les témoins retrouvaient dans les lieux de draguer

et qui disent Ludovic c'est son tuto.

Il y avait un fonctionnement qui était décrit comme ça,

de ce couple qui avait toujours le même fonctionnement

avec une grande impulsivité d'Éric

et Ludovic qui le laissait faire,

voire même qui lui prêtait même forte.

Et on avait réussi, même les enquêteurs avaient mis à jour

plusieurs incidents dont certains assez graves.

Pardon de vous poser la question comme ça,

mais le grand désavantage de mon métier,

c'est que je ne connais pas les gens dont je parle.

Vous, vous connaissez très bien Ménier, vous avez vu Serran au procès.

Parlez-moi d'eux, comment vous pouvez les situer?

Avec quelles mots vous les situeriez l'un par rapport à l'autre?

Le contraste entre les deux ne fera pas un Éric Ménier

si vous voulez, c'est un enfant, un homme-enfant.

On aurait dit qu'il était resté bloqué dans la adolescence

avec un regard un peu héberlué.

Il est arrivé à son procès vêtue de survêtement de l'OM

floqué avec les figils de l'OM.

Et Ludovic Serran était plutôt, il venait d'une famille un peu bourgeoise

avec une éducation équilibrée, des parents attentionnés.

Ces deux êtres complètement différents

qui ont été unis par leur rencontre, leur rencontre sentimental en fait.

Et qui pas décrites par l'un et par l'autre de la même façon d'ailleurs.

Qu'est-ce qu'une rencontre perverse?

Tout à fait, c'est une rencontre d'abord entre deux hommes qui n'ont pas le même âge.

L'un est adulte, l'autre est encore mineur

et puis Ménier va finir par évoquer lui une rencontre qui était en fait un viol.

Il va dévosser un viol et ensuite ce couple va fonctionner.

Un viol dans lequel Serran était le moteur et lui l'a victime?

Voilà, tout à fait, c'est ce qu'il a indiqué mais c'était contesté évidemment par Serran.

Puis ce qu'on pouvait dire c'est qu'ils ont ensuite resté toutes ensemble.

Ils avaient une complicité affichée.

Mais Ménier il est idiot parce que pour arriver avec un survêt de l'OM à son procès devant la cour d'assises.

Il faut être sacrément idiot.

Et je suppose que vous, son avocat, vous lui avez suggéré une autre tenue.

Mais tout à fait, tout à fait, si vous voulez, Eric Ménier c'est un enfant.

C'est vraiment un enfant, il était bloqué.

On lui posait des questions, il répondait avec une naïveté déconcertante.

Il était parfois étonné.

Il donnait l'impression de banaliser ce qu'il avait fait.

Mais c'est parce qu'en fait, il était bloqué d'un âge mental,

peut-être provoqué par son hiédrocéphalie, par les traumatismes de l'enfance, j'en sais rien.

Mais il était complètement infantil.

C'est pas de la bêtise?

C'est un mélange des deux, oui.

Parce que de toute façon, ça n'avait rien d'un prix Nobel.

En revanche, celui d'Ovicsera était beaucoup plus intelligent.

Mais complètement sous l'emprise physique et charnelle de Eric Ménier.

Alors maintenant, cette question que je suis sûr beaucoup d'auditeurs se posent.

Est-ce que c'est vraiment le rôle d'un avocat que de faire avouer son client à la cour d'assises?

Si vous voulez, c'est pas forcément le rôle.

Mais c'est peut-être aussi par le moment une fonction qui consiste à aider celui qui est jugé,

à faire une part de chemin vers les victimes et vers sa propre vérité aussi pour ensuite pouvoir se reconstruire.

Eric Ménier, c'est quelqu'un qui n'a pas beaucoup été aimé et qui a beaucoup de carence,

qui finalement avait confiance dans la relation qu'on avait établie ensemble.

Et il a compris que ce que je lui demandais, c'était dans son intérêt aussi.

Ce qu'il faut savoir, c'est que l'avocat général avait requis 30 ans,

mais il avait dit, je ne serais pas choqué que vous prononciez à son rencontre la perpétuité.

Vous lui dites vraiment penser à votre frère?

C'est-à-dire que c'est un moment, il a toujours évoqué cette image du corps de son frère,

pendue à un arbre qu'il avait vu depuis la fenêtre de sa maison.

Et il était traumatisé par cette image et par cet amour fraternel.

Peut-être que son âge mental, c'était bloqué ce jour-là.

Et c'est vrai que t'invoquer le frère, c'était un moyen d'entrer en communication avec lui.

Vous faites cette démarche parce que vous vous dites dans votre tête, je connais la musique,

il va prendre au minimum 30 ans voir perpét, et donc il n'a pas intérêt à quitter les assises,

sans avoir dit la vérité?

Voilà, il y a une part de ça, c'est aussi dans son intérêt, bien entendu.

C'est dans l'intérêt des victimes aussi, c'est dans l'intérêt un peu d'une bonne administration de la justice.

Voilà, ce qu'il faut savoir, c'est que c'est une affaire qui était scandaleuse à pleine dégare.

Vous l'avez cité dans votre reportage, il faut savoir que quand Ménier et Serrat sont identifiés en 2003

pour l'affaire de Wilfrid, ils ont les mêmes numéros de téléphone en activité qu'en 2009.

C'est-à-dire qu'en fait, on aurait pu vraiment les interpeller ce jour-là.

Peut-être, le sort judiciaire aurait été différent, et effectivement, comme vous l'avez indiqué,

Flourou serait encore en vie.

Alors évidemment, on s'interroge beaucoup sur le moteur de ces deux-là.

Et moi, il n'y a qu'un mot qui m'est venu, c'est le mot cruauté, voir le mot sadisme, le plaisir de voir mourir.

C'est les experts, ils avaient nommé l'affaire d'un duo d'experts plutôt de Renon,

à la Dimension nationale, parmi le Dr Coutinso, qui a parlé de un couple criminel.

C'est-à-dire que les deux êtres fonctionnaient à un duo, effectivement, on a donné l'impression

que l'un se satisfait du mal que fait l'autre et vit ce versat, et ils s'en retiennent dans une logique criminelle.

Parce que les mobiles décrimes sont futiles pour Flourou, sa voiture, son ordinateur,

en sens que c'est quelque chose d'autre, peut-être qu'ils les animent.

Qui est du sadisme, au sens sexuel du terme.

Ça pourrait être quelque chose comme ça, on n'a jamais pu vraiment l'établir.

Il faut savoir que les inquiéteurs ont mis à jour sur leur trajectoire géographique,

ils ont mis à jour une autre tombe qui avait été creusée, à côté de Mavé, un sérénien,

et on n'a jamais su pour qui cette tombe avait été creusée, ils n'ont jamais voulu le dire,

et ils ont soupçonné à moins donné que leur trajectoire soit bien plus criminelle que ce qui a été découvert.

C'est-à-dire qu'ils étaient déjà tués ou qu'ils étaient en projet de le faire?

Tout à fait, d'ailleurs, dans ces auditions, celui qui a été victime de la tentative de meurtre en 2003,

avait fait cette remarque un peu prophétique.

Il avait prêté ses propos à Ménier qui lui aurait dit, je vais te tuer, tu n'es pas le premier et tu ne seras pas le dernier.

Alors il y a la piste de l'avocat général, moi je la trouve intéressante.

C'est-à-dire qu'elle envisage qu'en gros, Serra est dit à Ménier, ok t'as des amants, ok tu veux avoir des amants,

mêler à mort devant moi. Ça tient?

C'est une hypothèse qui effectivement est plausible.

Elle n'a pas été, on ne peut pas, à l'absence d'aveu, à ce sens des deux hommes, on ne peut pas savoir.

Mais c'est vrai qu'il y a un scénario qui s'est reproduit à deux reprises,

où on les voit agir en concertation pour conduire quelqu'un vers la mort.

Et voilà, on peut s'interroger effectivement sur les raisons pour lesquelles ils vont se comporter comme ça.

Parce que dans ce scénario de l'avocat général, le moteur, c'est Serra.

Dans l'analyse des experts psychiatres, d'ailleurs, c'était Serra, le personnage le plus intelligent,

et donc lui, le leader intellectuel.

Après, il les mettait un peu à l'équilibre parce que Ménier exerçait une fascination,

quasi charnel, qui le rendait dépendant.

Mais c'est sûr que Ménier, Eric Ménier dit le berger, c'est comme ça qu'on l'a appelé,

il n'avait pas la capacité à gérer, il n'avait pas l'intelligence, il n'avait pas le leadership,

c'était vraiment un homme bloqué d'un stade infantile.

C'est ce que dit Lverdique, d'ailleurs, quand il donne 25 ans à Serra,

dont le rôle est juste d'avoir maté, c'est qu'on lui donne un petit rôle aussi?

Oui, oui, là, tout de façon, incontestablement, dans les deux faits,

Serra avait eu un rôle plus qu'actif, un rôle de complicité, puis c'était l'aîné,

c'était celui qui avait la maîtrise, il aurait pu empêcher tout ça,

et donc contrôler l'impulsivité de Ménier, ce qu'il n'a jamais fait, évidemment.

À partir du moment où le procédat 6 Ménier reconnaît que c'est lui qui a tué,

est-ce que ça libère la parole de Serra? Est-ce qu'on comprend mieux ou pas?

Pas vraiment, parce que Serra, lui, il va observer une attitude

où il va tenter de tout rejeter la responsabilité sur Ménier,

il va tenter de s'exonérer, donc du coup, il va forcer un peu,

parce que lui aussi, il ne va pas assumer sa part de responsabilité,

donc on ne va jamais connaître le véritable fonctionnement de ce duo.

Qu'est-ce qui chez Ménier est le traumatisme originel?

Parce qu'il y a quand même des pistes, donc on a l'hydrocéphalie,

vous en avez dit un mot tout à l'heure, il y a les troubles de comportement

qui résultent de l'hydrocéphalie équivalent son placement en institut jusqu'à sa majorité

et puis il y a le suicide de son frère.

Et il est tentatif de suicide qu'il a fait lui-même.

Le gros trauma, le trauma moteur, le truc qui est à la base de tout, c'est quoi?

Mais ce qui est à la base de tout, c'est surtout l'image qu'il a gardé.

D'abord, il était fusionnel avec son frère,

et puis un jour, il décrit cette scène où par la fenêtre de sa chambre,

il voit le corps pendu de son frère, un arbre.

C'est lui qui va décrocher, c'est une scène qu'il a du mal à évoquer,

donc on sent qu'il est resté bloqué à ce moment-là,

et il est dans une famille où on est, c'est le misérable,

c'est l'indigence la plus totale,

et donc c'est un enfant qui va pas être entouré,

qui va pas être suffisamment accompagné,

il va être jeté dans les IME,

il va grandir un peu comme ça,

une espèce d'herbe fold qui ne sera jamais contrôlée.

C'est pour ça qu'il ne prend pas perpète?

C'est pour ça, oui, parce qu'il a eu un côté qui est IME un peu,

et qui aura permis à la cour d'assises d'estimer que peut-être

qu'il restait un peu d'espoir.

Un mot quand même sur ce gendarme d'Avignon,

je ne sais plus d'un côté d'Avignon,

qui planque 40 dossiers dont le dossier de Ludovic,

vous avez eu l'occasion, vous de le voir, à la cour d'assises,

qu'est-ce qui lui est arrivé à ce monsieur? Qu'est-ce que vous avez compris?

Alors, on a compris qu'il aurait fait une espèce de burnout,

c'est ce qu'il a prétendu, qu'il aurait du coup négligé 49 procédures

et qu'il serait resté enfermé dans des cartons.

Ce qui est étonnant, c'est que parmi ces procédures-là,

il y avait par exemple un trip au missile involontaire,

c'est-à-dire un accident de la route qui avait provoqué trois morts,

et ce qu'on n'arrête pas à comprendre, c'est comment les familles des victimes

ne sont pas manifestées, comment cette procédure n'est pas ressortie.

Donc il n'y a pas de stratégie de cet homme-là?

C'est un type qui pète les plombs, c'est possible quand on est gendarme?

Oui, c'est possible, je pense, au départ tout le monde a pensé

que ça pouvait être lié au fait que c'était une procédure

pour des homosexuels qu'on s'en foutait, que peut-être c'était l'homophobe

qui se cachait dans la faveur,

derrière on a découvert un homme complètement détruit

qui avait écarté un peu des procédures de tout ventre.

Mais ce qui est désolant, c'est qu'on s'est aperçu

en ouvrant la procédure, que les numéros de téléphone

étaient exactement les mêmes.

Donc on se dit qu'il suffisait de les convoquer,

ils venaient et peut-être qu'on arrêtait tout

et que ni florons étaient vivants

et que Ménier et Serra ne prenaient pas des épenes aussi fortes

ils étaient contrôlés, gérés

et peut-être qu'ils étaient corrigés avant même

qu'il se passe quelque chose de plus grand.

Merci infiniment maître Darigat du barreau de Montpellier

d'avoir accepté le débris de cette histoire

avec autant de franchises et de finesse d'analyse.

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En février 2009, à Sérignan dans l'Hérault, on retrouve au fond d'un puits, le cadavre de Fréderic Flourou, un jeune homosexuel de 31 ans.