La source: L'affaire Turquin

Radio France Radio France 9/12/23 - Episode Page - 47m - PDF Transcript

François Inter.

Aujourd'hui, on va faire sensible l'affaire Turca.

De ce dossier Turca, c'est le prénom Jean-Louis qu'on a retenu.

Celui de Charles-Edouard, son fils, sa victime, non.

Parfois, il est des victimes qui disparaissent deux fois.

D'abord quand on les tue, et ensuite quand on les oublie,

quand elles finissent par passer au second,

puis au troisième plan des affaires qui pourtant les concerne.

Charles-Edouard, ce garçonné de 8 ans a disparu à Nice en 1991.

Son corps n'a jamais été retrouvé.

Et si c'est le coupable qui a pris toute la place dans la chronique judiciaire,

c'est d'abord parce qu'il présentait une personnalité étrange,

à la fois accessible et calculatrice, froide.

Il intriguait, il inquiétait à l'image du couple toxique Malsin

qu'il formait avec la mère de la victime Michel.

Mais ce n'est pas tout.

Si l'affaire turquain est devenue l'affaire Jean-Louis Turquin,

c'est pas parce que, fait relativement rare pour si c'était intérêt,

l'assassin a fini assassiné.

20 ans après sa condamnation,

Jean-Louis Turca est retrouvé mort d'une balle dans le dos.

30 ans d'enquête, et autant de rebondissement,

un enfant qui disparaît, un meurtre sans cadavre,

un coupable confiné partout et un assassin qu'on ne retrouvera jamais.

Retour sur l'impossible affaire Turquin.

D'autre habitée aujourd'hui, Jean-Pierre Vergès,

journaliste judiciaire et réalisateur.

Affaire sensible, fin de mission de France Inter,

diffusion directe, récit documentaire Juliette Proutot,

rédaction chef Franconia,

chargée de programme Rébecca Donante,

réalisation Stéphane Côme.

La saison sèche commence en décembre,

sur l'île de Saint-Martin dans les antifrançaise.

Et si les températures devaient alors moins étouffantes,

on est loin du climat illermal de la métropole.

Ça ne descend jamais en dessous de 24, 25 degrés,

même avec les amisées qui soufflent.

Et la soirée du 6 janvier 2017 ne fait pas exception.

Alors, c'est en terrasse que Nadine retrouve ses amis

pour fêter sa fête à Saint-Martin.

Si Nadine n'est pas née sur l'île,

elle commence à bien connaître le coin.

Ça va faire 7 ans que cette jeune sexagéneur vit là.

Et c'est par amour que cette professeure de fitness

a déménagé aux Antilles.

Oui, qu'elle a laissé sa famille, ses grands-enfants,

issus d'un précédent mariage en métropole.

Et si Nadine n'est pas née sur l'île,

elle commence à bien connaître le coin.

Ça va faire 7 ans que cette jeune sexagéneur vit là.

Et c'est par amour que cette professeure de fitness

a déménagé aux Antilles.

C'est un mariage en métropole.

Et elle a suivi son époux, un issois,

qui avait envie de changer d'air.

Ça va faire 17 ans que ces deux-là sont mariés.

Entre eux, ça a été comme un coup de foudre.

Alors, elle l'a accompagné,

et le couple s'est installé dans une belle maison coloniale

dans le quartier de Mont-Vernon.

C'est au nord de l'île.

Mais son mari n'est pas avec elle en ce soir du 6 janvier.

Non, l'homme est un coucheteau

peu friant des ambiances musicales bruyantes.

Alors, ils ont dîné ensemble dans un restaurant gastronomique

la veille, et, ce soir,

c'est soirée entre filles.

Après plusieurs vers et quelques pas sur la piste de danse,

Nadine décide de rentrer chez elle l'île.

T'environs une nuit et demie.

Elle arrive devant sa maison, le portail est grand ouvert.

Ça l'étonne.

Elle passe sous les grands palmiers qui bordent le jardin

et commence à s'inquiéter.

La entrée est ouverte.

Il y a de la lumière qui émane du salon

et le repos de rafia qui, moins habituellement le volet,

a été déplacé.

En entrant dans la maison,

elle remarque que deux des trois chambres ont été fouillées

et on entend la télé rester allumée.

Nadine s'avance dans la chambre à coucher

dans la porte est ouverte.

Le corps de son mari,

chie sur le carrelage, là,

se trouve dans une mare de sang et des claves verts.

Il tient dans sa main un tesson de bouteilles.

Voilà.

On aurait pu ne jamais entendre parler de ce crime.

Mais la victime des pas n'importe qui

et l'annonce de sa mort est reprise en France Inter.

La mort de Jean-Louis Turquin,

condamné en 97 à Nice pour l'assassinat de son fils,

il a été trouvé mort d'une balle dans le dos

à son domicile de l'île entillèse de Saint-Martin.

Vétérinaire de profession, il avait été condamné

en assise à 20 ans de réclusion pour l'assassinat

de son fils de 8 ans, Charles-Édouard,

dont le corps n'a jamais été retrouvé.

Jean-Louis Turquin, 68 ans, avait toujours clamé son innocence.

Mais qui a tué l'assassin ?

Voilà la question que tout le monde se pose

après l'annonce de la mort de Turquin

et surtout, 20 ans après sa condamnation

pour le meurtre de son fils, Charles-Édouard.

Jean-Louis Turquin rencontre Michel

sur les bancs de la célèbre école vétérinaire de Maison-Alfort

dans la banlieueuse de Paris.

Nous sommes alors en 1972.

Elle commence ses études

alors que lui, un peu plus âgé,

on le dit brillant et c'est indéniable.

Fils d'un représentant en biscuiterie,

il a le profil de celles et ceux qui se sont faits tout seuls.

Sérieux, rigoureux, il sait pourquoi il est là.

Il sait ce qu'il veut.

Et puis, il fait plus vieux que son âge.

Lui qui a déjà perdu tout ses cheveux.

Et certains le trouvent froid, haute.

Enfin, il fait sérieux.

Mais pas Michel, elle ne trouve pas haute.

Non, la jeune Brune au regard vif et au tempérament enthousiaste et ambitieux.

Au contraire, le charisme, l'intelligence de cet homme.

Alors elle craque et elle fonce.

Il se marie 3 ans plus tard en 1975.

Mais si le couple se forme rapidement,

Jean-Louis part s'installer à Nice pour ouvrir son cabinet.

Michel, elle, en a encore pour quelques années d'études.

Alors, c'est à distance qu'ils poursuivent leur relation.

Ceux qui n'a pas l'air de le gêner puisque,

quand elles sortent de maisons alphores, Michel ne se précipite pas à Nice.

Donc, elle travaille d'abord en banlieue parisienne.

Il faudra attendre, en 1980,

pour que la jeune femme rejoigne son époux et son cabinet dans le sud.

Et c'est là que les choses commencent à se dégrader.

Car s'ils ont en commun leur métier,

s'ils se retrouvent sur une ambition professionnelle, financière, sociale,

les deux époux n'ont pas le même tempérament.

Ou plutôt, leur caractère s'affirment et les éloignent.

Lui devient plus rigide, autoritaire, Jean-Louis.

Elle a des envies mondaines et elle veut s'amuser.

Ils auraient pu se séparer à ce moment-là.

Ils auraient eu moins de mort sur les taux-passages.

Mais pour des raisons qui leur appartiennent,

alors qu'ils s'éloignent, ils s'obstinent.

Ils achètent une bastille magnifique et font un enfant.

Sur le papier, ils remplissent toutes les cases de leur milieu bourgeois.

Mais leur façade se fracasse lorsque Charles-Edouard,

leur fils de 8 ans, disparaît.

Une information reprise par le confrère de François Côte d'Azur.

Madame Monsieur, bonsoir.

Mystérieuse disparition d'un garçonné de 8 ans, Anis.

Charles-Edouard a quitté le domicile paternel il y a maintenant 2 semaines.

Depuis rien, ni nouvelle, ni indice, côté enquêteur.

Le doyen des juges d'instruction vient d'ouvrir

une information judiciaire contre X pour enlèvement.

Le récit, André Grandis.

Le mystère s'épaissit autour de la disparition de Charles-Edouard Turquin.

Agé de 7 ans et demi, l'enfant est parti dans la nuit du 21 mars

du domicile de son père, sans que celui-ci s'en aperçoive.

Dès le début, l'enquête s'est dirigée vers les parents,

en instances de divorce.

Le père a été interrogé par les services de la brigade des mineurs,

puis relâché.

Les policiers s'interrogent et n'exclupent pas un enlèvement.

Une information contre X pour enlèvement d'enfant vient d'être ouvert.

La disparition de l'enfant expose et explose le couple.

C'est toujours le cas quand un drame se produit

et que la justice commence à s'intéresser au chapitre de votre vie.

Tout y passe, des radures jusqu'aux plus petites notes de battes pages.

Et pour les Turquins, la lecture ne pardonne pas.

Car ce que les policiers découvrent en enquêtant

sur la disparition de charredoir,

c'est bien plus qu'un couple qui s'est éloigné.

C'est un couple qui se sépare, qui se gasse.

Ce sera fait des années que, du haut de leur quartier résidentiel,

reçu dans leur maison 22 pièces,

que Jean-Louis et Michel Turquin se livrent une guerre tordu.

Et loin de les avoir soulevé,

c'est l'arrivée de leur fils qui a signé la fin du ménage,

le début des hostilités.

Lorsqu'elle apprend en 1982 qu'elle est enceinte, Michel tombe dévenue.

Elle ne désire pas à ce bébé, elle veut avorter.

Oui, mais voilà,

Jean-Louis, Louis, 20 enfants,

et ils sautent de joie.

Alors, l'IVG, hors de question.

Pas pour des raisons morales ou religieuses, non,

mais parce que la case enfant, c'est une case qu'il veut cocher.

Il dira à sa femme, si tu te fais avorter, je te tue.

Et frier, Michel cède, et poursuit sa grossesse.

Pendant des semaines,

elle en parle comme d'un cancer dans son ventre.

C'est peut dire que l'arrivée de Charles-Edouard se déroule dans une ambiance de l'éther.

D'ailleurs, Michel prévient son mari.

A l'arrivée du bébé, il se sépare.

Jean-Louis Aques, en vérité, sans y croire vraiment.

Mais Michel met sa menace à exécution.

Quelques jours après la naissance de Charles-Edouard,

le 7 avril 1983, elle s'installe chez des amis.

Et si la jeune mère apprend à aimer son fils, de loin,

son mari lui s'investit énormément dans son éducation,

qui l'encadre de façon stricte, rigide et plutôt sévère.

La tendresse, la fantaisie, l'amour,

non tous l'ont été pas partis du vocabulaire émotionnel de Jean-Louis.

Alors, l'enfant grandit dans une sorte d'espace clos

entre les murs de la vaste demeure de ses parents,

avec pour seul compagnon ses grands-parents,

dont il est extrêmement proche.

Dans fait, entrer l'accusé, la soeur de Jean-Louis Turquin

parle de cet enfant un peu spécial.

Vous voyez bien, ce n'était pas un petit garçon

qui avait une vie tout à fait normale.

Il n'en savait jamais d'autres enfants chez eux.

Il n'avait pas de loisirs, devant dehors de ses grands-parents,

qui étaient des personnages, qui n'avaient même pas de voiture,

donc ils vivaient dans cette ville-là isolée du monde.

Il était très isolé aussi des autres.

Et à mesure que l'enfant grandit dans cet ambiance étrange,

ses parents s'éloignent.

Michel, qui se sentent oppressés, surveillés par un mari autoritaire,

prend des amants.

Elle a envie de s'amuser et ne le cache plus à Jean-Louis.

Alors, elle va et vient dans la maison,

si bien que le couple finit par mener deux vies complètement parallèles

dans la grande bastide.

Ils ne prennent pas leur repas ensemble, ne se parlent plus.

Michel revient sous le toit familial au début des années 90.

Elle essaie de soigner ses angoisses avec une thérapie

et puis ses d'oppression constante de son mari qui joue la carte.

Allez, reviens, si ce n'est pas pour moi, au moins fais-le pour le petit.

Mais ça ne tient pas.

Au début de l'année 90, elle engage une procédure de divorce.

Impossible pour Jean-Louis, impossible, il ne l'accepte pas.

Il n'onde sa femme de télogramme et de lettres pour la persuader de revenir.

Ayant appris que Michel avait un amant juif

et pour prouver sa détermination à reconquérir sa femme,

le vétérinaire décide même de se circoncir tout seul dans son cabinet.

Mais Michel tient bon.

Elle déménage chez une amie et laisse la gare de Charles-Edouard à son mari.

Un rendez-vous de conciliation de divorce est fixé au 4 avril 1991,

qu'un jour à peine avant la disparition de l'enfant.

Dans l'une des dernières lettres que Jean-Louis avrait à sa femme,

il lui pose un ultimatum.

Elle doit revenir à la maison avant le 20 mars minuit.

Sinon quoi, on ne sait pas.

Mais le 20 mars, à minuit, c'est la veille de la disparition de son fils.

Alors pour Michel, l'auteur du kidnapping

et peut-être de la mort de Charles-Edouard, c'est son mari, c'est sûr.

Elle le chuchotte d'une voix brisée à nos confrères d'antenne 2.

Peut-être que mon mari, il l'a mis à l'étranger pour eux.

Aujourd'hui, vous croyez quoi ?

Aujourd'hui, je crois qu'il est mort.

Je crois qu'il est peut-être n'importe où.

Là aussi, je voudrais bien qu'on puisse lui offrir une séculture descente.

Après quelques semaines d'enquête, tous les regards se tournent donc vers Jean-Louis Turca.

D'autant que le vétérinaire était seul avec son fils la nuit de sa disparition.

Le 21 mars, Charles-Edouard passe la journée avec sa mère.

Elle le ramène avant l'heure du dîner, comme prévu, et passe ensuite la soirée et la nuit chez les amis.

Et comme d'habitude, père et fils se couchent tôt.

Ils dorment dans la même chambre, parce que depuis la séparation de ses parents,

le petit a peur de dormir seul.

Alors il s'allonge dans le petit lien, s'est allé juste à côté de celui de son père.

Ils sont presque collés, avec leur couverture et de celui moultonné, assorti.

Jean-Louis ferme la porte de la chambre, éteint les lumières et s'allonge dans le lit une place à côté de son fils.

Bien, il est environ 7h30, quand le père se réveille.

Mais à ses côtés ce jour-là, le lit est vide.

Il arrive que Charles-Edouard se réveille un peu plus tôt et à s'occuper du chien auquel il tient énormément.

Alors, le vétérinaire se lève et fait un tour de la maison, puis du grand jardin.

Personne.

Il va voir ensuite des côtés des grands-parents qui vivent juste à côté,

qui sont l'enfant, parce que le plus clair de son temps.

Mais là encore, personne.

Et c'est là qu'il prémient la police.

Au début, il est convaincu qu'il s'agit d'une fuge.

Il m'expliquait un journaliste d'ETF.

En réfléchissant, je pense que c'est une fuge, c'est une fuge qui s'est probablement mal terminée.

J'en ai vraiment l'impression.

Je ne vois pas ma femme, je ne vois pas mes beaux-parents cacher cet enfant.

Mais les explications de Jean-Louis Turcain ne convainquent pas les enquêteurs.

De temps que son ton, vous l'avez entendu, son comportement hyper calme, distancié, déstabilise.

Comme lorsqu'il explique au policier, dans les jours qui suivent la disparition de son fils,

qu'il doit retourner travailler parce que c'est important que son cabinet continue de fonctionner.

Il n'empêche qu'en l'état.

Les enquêteurs n'ont rien pour un culpeau vétérinaire, aucun indice, aucune preuve matérielle.

Et surtout, pas de corps, pas d'oeufs et encore moins de mobiles.

L'enquête tournant.

Et c'est là que deux éléments aussi imprévisibles qu'improbables vont intervenir

et offrir au policier un mobile et des aveux. Rien que ça.

Cette fois, je ne lui annoncerai pas la dernière et quatre ans.

Je garderai pour moi ce que m'inspire le monde.

Elle m'a dit qu'elle voulait si je le permettais déjeuner en paix.

Déjeuner en paix.

Je l'aise à la fenêtre et le ciel se matint.

Némi rose ni honnête pour la peine.

Est-ce que tout est si mal ? Est-ce que rien ne revient ?

Elle emmette un animal, me dit-elle.

Elle prend son café en riant et me regarde à peine.

Plus rien ne la supprime sur la nature humaine.

C'est pourquoi elle voulait enfin si je le permettais déjeuner en paix.

Déjeuner en paix.

Déjeuner en paix.

Je regarde sous la chaise les journaux du matin.

Les nouvelles sont mon reste ou qu'elles viennent.

Crois-tu qu'il va neiger d'une demande-elle soudain ?

Me feras-tu un bébé pour Noël ?

Elle prend son café en riant et me regarde à peine.

Plus rien ne la supprime sur la nature humaine.

C'est pourquoi elle voulait enfin si je le permettais déjeuner en paix.

Oui, déjeuner en paix.

Oh, déjeuner en paix.

Oui, déjeuner en paix.

En paix, en paix.

Oui, déjeuner en paix.

En paix, déjeuner en paix.

Aujourd'hui, l'impossible affaire turquin.

Affaire sensible.

Sur France Inter.

Alors que les policiers piétinent et que sans plus de preuves,

l'enquêteur aurait pu s'arrêter là,

deux informations viennent bouleverser l'ordre des choses.

Michel Turcain va offrir aux enquêteurs non seulement un mobile,

mais leur servir des aveux sur un plateau.

D'abord, elle explique que Jean-Louis n'est pas le père biologique de Charlie Noir

et que son mari est au courant depuis quelques mois,

puisqu'il a fait procédé à un test ADL en janvier 1991.

Le père biologique de l'enfant s'appelle Moïse Ber Edelstein,

un ancien danseur juif américain qui vit comme un marginal dans les rues de Nice,

et que Michel a rencontré au cabinet vétérinaire quand l'homme lui a amené son chien.

Voilà qui pourrait constituer le mobile de Jean-Louis,

se débarrasser de ce fils qui n'est pas le sien et qui l'a éloigné de sa femme.

Et puis surtout, surtout, Michel a amené le vétérinaire à confesser son meurtre.

Il y a quelques jours, la mère de Charlie Noir

a porté à la police des enregistrements de conversations qu'elle aurait tué avec son mari,

conversations au cours desquelles il aurait avoué avoir tué son fils

parce qu'il doutait que cet enfant soit de lui.

La police recherche toujours le petit Charlie Noir,

rien ne permet d'affirmer aujourd'hui qu'il est mort.

Alors que Michel leur a raconté que son mari lui avait avoué le meurtre,

les policiers lui ont dit,

« Bien, mais il nous faut des preuves, vous pourriez l'enregistrer ? »

Et c'est ce qu'elle fait.

Elle achète un petit micro qu'elle place dans son sac.

Elle fixe un rendez-vous à Jean-Louis, à son cabinet,

et elle lui dit, « Si tu me dis tout, je reviens. »

Et le vétérinaire s'exécute.

Il avoue, il a étouffé et enterré l'enfant.

S'il avait utilisé un canif, et si c'est il, il y aurait trop de sang.

Sur la bande, on entend la voix de l'homme expliquer à sa femme qu'aujourd'hui,

l'enfant est mieux là où il est, qu'il faut regarder vers l'avenir,

que Charlie Noir s'est lui passé.

Le tout entre couper des crises absurdes,

la perroquée ou d'une perruche prise en charge dans le cabinet.

Après ses avœux, Michel et Jean-Louis ont une relation intime.

Michel Turquin ne se l'explique pas, c'est comme ça.

Et pour les policiers, cette affaire prend définitivement une tournure glauque et tordue.

Un mobile ? Des aveux ? Oui, mais sont-ils crédibles ?

Jean-Louis Turquin devient tout-même le suspect numéro 1,

et la nouvelle a reprise à 13 heures dans le JT Dantaine 2.

Et puis à Nice, la ville est maintenant bouleversée

par le rebondissement dans une affaire d'enfant disparu.

Le père du petit Charlie Noir, celui-là même qui lancé des avis de recherche,

a été inculpé d'assassinats sur la personne de son fils.

On remarquera que le corps de l'enfant n'a toujours pas été retrouvé,

et que le climat dans cette famille était pour le moins difficile.

Mais par la suite, jamais le vétérinaire va reconnaître

une quelconque participation dans la disparition de son fils.

S'agissant des aveux, s'il a dit immédiatement

que c'est bien lui qu'on entend sur l'enregistrement,

il a su avoir simplement dit à sa femme ce qu'elle voulait entendre,

pour qu'elle revienne.

Parce que l'obsession de Jean-Louis,

et il le reconnaît, c'est elle, c'est Michel.

C'est presque comme si l'idée de leur séparation

lui était encore plus insupportable que la disparition de son enfant.

Et puis, oui, oui, ils ont mis en relation intime.

Ensuite, elle le draguait, elle portait un porch artel,

c'est pas innocent.

Donc oui, il a dit ce qu'il fallait pour faire revenir sa femme.

Voilà, c'est tout.

Admettons, mais le mobile.

Pour le vétérinaire, là aussi, il y a erreur.

Fils biologiques ou pas, Charles-Edouard, c'était son enfant.

A l'occasion d'une interview au journaliste Jean-Pierre Vergès,

pour le parisien, Jean-Louis Turquin dira de l'affiliation biologique.

Je m'en fous, c'est lui que j'ai élevé, c'est devenu mon enfant.

C'est vrai que ça n'a pas été agréable de l'apprendre.

D'ailleurs, on s'est servi de ça pour dire que j'avais un mobile pour l'assassiner,

mais totalement inventé.

Toujours est-il qu'après une grève de la fin et 9 mois de détention provisoire,

Turquin remit en liberté dans la temps de son procès.

Nous sommes en février 1992.

Et alors que les enquêteurs tentent toujours de retrouver le corps de Charles-Edouard,

sans succès, le père reste persuadé que son enfant est encore en vie.

Et il promet 10 000 francs de récompenses à qui qu'on lui amènerait des informations

permettant d'aider l'enquête.

Là encore, sans succès, les mois passent et rien ne se passe.

Il va donc falloir fixer une date pour le procès.

Mais le juge d'instruction veut gagner du temps,

parce qu'il sait qu'une accusation pour assassiner un sang à l'œuvre,

c'est plus délicat à soutenir devant les jurés.

Le procès est finalement fixé en mars 1994.

Enfin, c'est ce qui était prévu.

Coups de théâtre dans l'affaire Turquin.

Le président de la Cour d'Assise a donc ordonné un complément d'information.

Et une commission regatoire internationale a été délivrée au policier israélien

afin qu'il puisse interroger sur procès verbal les 3 fameux témoins.

Des témoins qui affirment avoir vu l'été dernier en Israël le petit Charles-Edouard.

Ces faits nouveaux sont intervenus à la suite d'une enquête effectuée

par un détective privé engagé par Jean-Louis Turquin.

Ceux qui, après filature de Mme Turquin, vont conduire à la découverte

près d'un kibout de 2 personnes qui reconnaissent formellement

sur des photographies apportées de France Mme Turquin et Charles-Edouard

qui seraient âgés de 11 ans.

Un 3e témoin, une institutrice, aurait accueilli en 92 dans sa classe

un garçon prénommé Charles-Edouard correspondant au signalement du garçon disparu.

La découverte de ces 3 témoins est-il clairement le doute dans le public,

dans les médias et pour les enquêteurs concernant la culpabilité du vétérinaire.

Et malgré les battus, les fous du tour du domicile des Turquins,

mais aussi partout où le père aurait pu aller discrètement cacher un corps,

le tout avec l'aide de la police et le soutien de la population locales,

et bien Charles-Edouard n'est toujours pas retrouvé.

Et puis, le père biologique du garçon, ce marginal juif américain,

connaissait des gens en Israël.

Alors peut-être que c'est via ses contacts que Michel est passé pour y envoyer son fils

et faire porter le chapeau à son mari qu'elle déteste.

Et que dit-il aussi du fait qu'elle ne soit pas toujours allée

déclarer la disparition, la mort de son fils à l'État civil ?

Parce qu'elle sait qu'il est toujours vivant ?

Malgré ses nouveaux éléments, Jean-Louis Turquins reste inculpé pour assassiner

et la justice finit par fixer une nouvelle date au procès qui s'ouvre le 17 mars 1997.

L'avocat général dillet Durand est persuadé de la culpabilité de l'accuser.

Pour autant, il a conscience que son dossier est fragile.

Si les avocats Turquins constituent la pire angulaire de son accusation,

tout comme le fait qu'il dormait seul avec son fils le soir de la disparition,

l'absence de corps constitue toujours une problématique majeure.

Et l'avocat général le sait, ils ne sont pas nombreux les dossiers pour meurtre

ou assassina qui ont abouti à une condamnation sans qu'on ait retrouvé le corps de la victime.

Michel Agnolais, le tour d'Agnès Lourou par exemple,

en était même tellement persuadé qu'il avait dit

« Ouf, tant qu'ils ne retrouveront pas le corps, de toute façon je suis tranquille. »

Peut-être que c'est aussi ce que dit Jean-Louis Turquins, ce qu'il se dit

qu'il arrive relativement, sera à l'audience.

Il se présente à son procès, rasé le prêt avec une chemise arrière verticale grise,

veste à petit carreau et cravate foncée à motif.

Quelque chose dans son attitude laisse penser qu'il est persuadé d'obtenir une relax.

Mais de la diffusion de ses aveux, jusqu'au témoignage farfelu des soi-disant témoins venus d'Israël,

la défense des vétérinaires est sérieusement mise à mal.

Conte rendue d'audience par nos confrères de France 3, Côte d'Azur.

Michel, je ne suis pas un assassin, ça dure Michel, c'est à mon fils

et je l'ai cherché depuis 6 ans.

Jean-Louis Turquins clame son innocence en se tournant directement vers sa femme,

Michel Ballanger sur le banc des partis civils.

Turquins, deux fois aujourd'hui, s'est expliqué, revenant sur les aveux qu'il avait fait à sa femme,

ce que je lui disais, ce n'était pas la vérité, c'était sa vérité

et je lui disais parce que je voulais qu'elle revienne.

Le mystérieux docteur Turquins debout depuis le boxe désaccusé par le doucement,

la voix chargée d'émotion, difficile de dire si il est sincère ou pas,

s'il interprète un rôle de composition pour émouvoir les jurés,

ou s'il parle du fond du coeur.

Le confort de la journée aura été l'audition du détectif privé engagé par Turquins

pour retrouver la trace hypothétique de Charles-Edouard.

Cette enquêteur n'apporte aucune preuve formelle du passage de Charles-Edouard

et de Michel Ballanger sa mère en Israël, tous les témoignages présentés en tournée court.

Si les premiers jours d'audience n'auguraient rien de bon pour l'accuser,

la visite de la Bastille de Turquins par les juges et les jurés a fait vite convaincre

ces derniers de la culpabilité de Jean-Louis.

C'est en particulier quand ils entrent dans la chambre que se partageait le père

et le fils que les derniers doutent sur la culpabilité du vétérinaire se bervent.

Parce qu'il n'y a aucune chance, au regard de la proximité des lits qui sont quasiment collés,

mais aussi d'y voler une sonore des grinces moins émis par la porte de la chambre quand elle s'ouvre,

sans parler du loquet de l'apportant d'entrée qui semble particulièrement difficile à ouvrir pour un enfant de 8 ans,

il semble n'y avoir aucune chance que le petit ait pu sortir sans réveiller son père.

Verdict, Jean-Louis Turquin condamné à 20 ans de prison pour assassina 7 ans jour pour jour après la disparition de son fils.

Il s'effondre dans la salle d'audience, parce qu'en 1997,

il n'était pas possible de faire appel à une décision de la cour d'assises.

Voilà, on n'aurait pu croire que l'affaire turquaine s'arrêterait là, mais non.

Un rebondissement vient relancer le dossier.

Et là nous sommes, le 7 juillet 1999, la nouvelle fait la une du journal de 20 heures sur France 2.

Jean-Louis Turquin attend ce moment depuis le Verdict, le dépôt d'une requête en révision de son procès.

Son avocat estime qu'il allait preuve que son fils Charles-Édouard est vivant, le vétérinaire est soulagé.

Une récente enquête privée aboutit dans une école rabbinique qui abritrait un adolescent adopté.

C'est un garçon qui a le même âge que Charles-Édouard Turquin, c'est-à-dire environ 16 ans,

qui se trouve en Israël depuis 8 ans, c'est-à-dire très exactement depuis l'époque de la disparition de Charles-Édouard Turquin,

qui remonte au mois de mars 1991.

C'est un garçon auquel on a dit qu'il ne pouvait pas rencontrer sa mère parce qu'elle n'était pas juive,

à qui on a dit que son père serait mort en prison.

Bref, autant d'éléments qui nous font indubitablement croire que cet enfant, c'est Charles-Édouard Turquin.

Cet apiste qui semble si prometteux s'écroule quelques mois plus tard, lorsqu'une analyse est réalisée.

Il y a une analyse ADN bien sûr.

Et les résultats sont formels.

L'enfant retrouvé en Israël n'est pas Charles-Édouard Turquin.

Donc, retour à la case départ, à la case prison pour Jean-Louis.

Après 9 ans passé derrière les barreaux, le vétérinaire obtient une libération conditionnelle.

Nous sommes en 2006, et entre temps, il s'est remarié en prison cette fois avec Nadine,

une professeure de fitness qui avait entendu parler de lui dans les journaux et qui avait pris contact.

À sa sortie de prison, Jean-Louis continue à clabber son innocence et à vouloir retrouver son fils.

Mais parce qu'il a peut-être envie de commencer une nouvelle vie avec sa nouvelle compagne,

il décide de partir et de tout recommencer aux Antilles, sur l'île de Saint-Martin.

Mais tout cela, c'était avant que Nadine retrouve le corps de Jean-Louis Turquin,

une balle dans le dos, gisant dans une marre de sang et d'éclat de verre.

Aujourd'hui encore, le meurtrier le vétérinaire couvre.

Entre temps, Michel Ballanger, son ex-femme, est décédé d'une crise cardiaque.

Quant au père biologique de Charles-Édouard, le marginal qui avait été l'amant de Michel,

il est mort lui aussi, noyé. Son corps a été retrouvé dans le port de Nice.

Des morts et des mystères, une absence de réponses, un crime ou une disparition.

Pas de corps, pas de preuves, un assassin présumé, assassiné.

Des situations qui forcément mettent un mal à la justice quand elle n'a pas de réponse.

Aujourd'hui, l'affaire Turquin, on en parle avec notre invité Jean-Pierre Vergès. Bonjour.

Bonjour Fabrice Zoubel.

Journaliste judiciaire et réalisateur.

Alors on va finir le récit ensemble, parce qu'on s'est arrêté à la mort de Turquin,

20 ans après la première affaire.

C'est sa nouvelle femme, Nadine, qui a été accusée de son meurtre.

C'est cela et pourquoi ?

Bah écoutez, au départ, les policiers manquaient un peu de pistes, en fait.

Et donc, tout naturellement, ils en pensaient.

C'est souvent comme ça en matière criminelle.

Et donc, voilà, ils s'en intéressaient à Nadine.

Et c'est vrai que Nadine, bon, depuis quelques temps, elle est mal, en fait, elle souffrait.

Parce qu'en fait, Jean-Luc Turquin était quelqu'un de tyrannique, autoritaire.

Il voulait avoir le contrôle sur ses mels, sur ses finances.

Il lui interdisait quasiment dans les voir ses petits enfants en métropole.

Donc Nadine souffrait.

En plus, elle racontait que Jean-Luc, il y avait des aventures et donc, il y avait des infidélités.

Nadine souffrait en silence et elle avait demandé le divorce quelques mois avant la mort de Jean-Luc.

Voilà, donc pour les policiers, Nadine avait un mobile.

Et il se trouve qu'en plus, les policiers avaient donc découvert sur ses mains des traces de résidus de tir.

Et donc, au départ, on a pensé qu'évidemment, c'était elle qui avait pu tenir l'arme.

Voilà, mais après des contre-expertises, finalement, les experts ont débatté.

Et puis, finalement, ça a été jugé en appel dans la chambre d'instruction qui a estimé que c'était pas suffisant pour condamner,

enfin, pour que Nadine soit encore soupçonnée et mise en examen.

Donc, finalement, elle a bénéficié d'un on-lieu.

Il se trouve qu'en plus, ce soir-là, elle était absente, il y avait un anniversaire avec des copines.

Donc, elle n'était pas présente.

En rentrant, ça aurait pu peut-être se produire.

Mais, en tous les cas, il n'y avait pas d'éléments assez forts à part ses résidus de tir et ce mobile qui pouvait justifier de l'amener devant une cour d'assises.

À quoi a-t-on pensé-le, au niveau des hypothèses ?

Est-ce qu'on s'est dit peut-être que ce crime a un lien avec l'affaire de l'enfant 20 ans avant ?

Oui, bien sûr, bien sûr, bien sûr, ça a été une hypothèse.

Il se trouve que Michel Turquin était décédé 3 ans avant.

Michel Turquin n'avait pas de frère et sœur, n'avait pas de famille.

Elle vivait en métropole.

Jamais, elle n'avait fait part de désir de vengeance.

C'est une femme qui était introvertie, soumise, rêveuse, qui...

On ne pouvait pas trop l'imaginer et commanditer un assassinat en métropole.

Enfin, pardon, un assassinat dans les Caraïbes, pardon.

Et donc, ça paraissait...

Cette piste-là paraissait du règlement de compte,

paraissait difficilement tenable, en fait.

Et donc, on en revient au même point avec cette affaire.

C'est comme un tonneau rempli de questions et presque bide de réponses.

Oui, bien sûr, bien sûr.

Il y a le dernier mystère, c'est...

Oui, Charles-Édouard, enfin, si vous voulez parler de l'homicide de l'Henri...

Non mais, Charles-Édouard, on ne sait pas où il est.

On ne sait pas si c'est vraiment son père qui l'a tué.

On ne sait pas qui a tué son père.

Enfin, c'est terrible, il y a des affaires judiciaires qui ne sont pas très claires.

Mais celles-là sont que les autres.

C'est clair que, bon, c'est une affaire qui sort de l'ordinaire,

parce qu'il y a un double mystère,

puisque cet enfant n'a jamais été retrouvé.

Il y a une vérité judiciaire puisqu'il a été condamné.

Et puis après, il se fait assassiner aussi dans des conditions très mystérieuses.

Alors, bon, finalement, l'hypothèse qui reste,

c'est celle d'un cambriolage qui tourne mal.

Vous le savez, Saint-Martin, c'est une île paradisiaque,

mais c'est aussi une île où le taux de criminalité est assez fort.

Voilà. Et donc, les gens un peu riches, les professions libérales peuvent être ciblés.

Il y avait eu quelque temps auparavant,

une autre vétérinière qui avait été attaquée.

Et il se trouve que, sur la scène de crime, dans la maison de Jean-Luc Turquin,

on a retrouvé un poste de radio qui avait été éventré.

Et on sait que c'est là, un vieux poste de radio, voilà.

Vous le cachez, c'est quelques milliers d'euros.

Donc, est-ce que finalement,

c'est un ou plusieurs agresseurs l'aurait forcé à dire où était l'argent

et que finalement, il serait rebellé ?

Bon, dans tous les cas, c'est l'hypothèse qui prévaut maintenant faute d'autres pistes, en fait.

Vous avez rencontré Jean-Luc Turquin, n'est-ce pas ?

Oui, absolument Jean-Luc Turquin.

Bah écoutez, ça a été une divine surprise.

J'avais voulu le contacter pour mon documentaire.

Il m'avait conduit de façon assez brutale.

Et puis finalement, il regarde le documentaire et puis il me contacte.

Il me dit, j'ai vu dans votre documentaire que ma femme était morte.

Et du coup, j'ai voulu savoir, en fait, qu'elle est de venir son argent, son héritage.

Et donc, j'ai découvert...

Oui, Jean-Luc Turquin était quelqu'un de très avare et très porté sur l'argent.

Et donc, il me dit, j'ai découvert qu'en fait, Charles-Edouard,

son dessin n'a pas été déclaré officiellement.

Alors, soit c'est le tribunal de Nice qui aurait dû le faire,

soit c'est sa mère, en tous les cas, personne ne l'a fait.

J'avais appelé le tribunal.

Bon, on peut penser que c'est un oubli administratif.

Mais Jean-Luc Turquin avait saisit ça pour dire, vous voyez, finalement,

mon fils n'est pas mort.

Et d'ailleurs, je voudrais savoir où va aller l'argent ?

Est-ce que cet argent va aller en Israël ?

En tous les cas, je ne veux pas que cet argent puisse revenir aux compagnons,

aux derniers compagnons de ma femme.

Voilà, et puis disais que Charles-Edouard m'appelle, vous voyez.

Donc, il ne lâchait jamais, en fait, Jean-Luc Turquin.

C'est vraiment sa caractéristique.

C'est un homme qui, vraiment, allait ne lâcher rien et voulait gagner.

C'était vraiment...

Cette histoire aussi des Turquins, c'est le bras de fer aussi entre deux époux,

même si elle, en fait, elle n'était pas une femme à vouloir comme ça.

La victoire a tout pris.

Elle voulait avoir son fils.

Bon, mais lui, voilà, il voulait tout.

Il voulait l'argent, il voulait le statut social.

Et puis, voilà, il ne voulait pas perdre la face, aussi, devant sa femme.

Et vous avez eu le sentiment d'être devant quelqu'un qui avait une haute image de lui-même ?

Quel est l'impression ?

Ah oui, oui, oui, Jean-Luc Turquin, c'est quelqu'un de très sûr de lui.

Il en impose.

Voilà, il continue avec la maison d'innocence.

Voilà, il avait saisi ce dernier truc, je dirais,

pour dire qu'il était innocent, que sans doute son fils était encore vivant,

alors qu'on pouvait penser que c'était simplement un oubli administratif du parquet

ou de la mère qui, bon, voilà,

il avait été reconnu coupable de son assassinat,

bon, on oublie peut-être de faire une dernière formalité.

Mais lui, non, il était là, il se défendait, il avait un avocat,

bon, soi-disant, ça allait peut-être être un motif pour demander une révision.

Enfin, voilà, le Jean-Luc Turquin, qui n'avait pas bougé, qui même outre,

alors que sa femme était morte, il voulait encore peut-être avoir le dessus sur elle, quoi.

Alors, qui veut continuer à se battre pour clammer sur l'innocence ?

Après tout, il a été condamné sans preuve, on est bien d'accord ?

Oui, bien sûr, oui, bien sûr, oui, il n'y a pas de preuve.

Il y a une intimation de la part de la justice,

donc ça lui donne peut-être une légitimité pour dire, mais je suis innocent.

Et alors, d'autres temps, je ne sais pas si c'est important, on va en parler ensemble,

qu'un autre coup, le théâtre est intervenu en 2004,

quand un détenu, un certain Paul Boucher, explique que l'un de ses compagnons,

Nymphortune, lui a confié avoir fait tomber un notable de Nice, je cite,

après avoir accidentellement renversé un garçon un soir,

tient donc, dans un quartier chic des hauteurs de la ville, entendu par la procédure,

il explique qu'il ne donnera le nom de cet individu que si on le libère de prison,

c'est un chantage qui n'a pas fonctionné, et le monde n'a pas été dévoilé,

quel est votre avis sur cette piste, est-ce qu'elle est sérieuse ou pas ?

Bon, vous savez régulièrement, dans les affaires criminelles,

on a des témoignages du détenu, qu'on soit disant des révélations à faire,

leurs coupes de cellules, on dit des choses, mais en fait, c'est souvent,

ça s'avère faux, c'est du vent, ils veulent peut-être obtenir une réduction de peine.

Bon, finalement, on l'avait mis devant le fait accompli, ce Paul Boucher,

et voilà, il n'avait pas été capable de donner véritablement des éléments tangibles.

Donc, voilà, cette piste n'a pas prospéré.

Jean-Pierre Vergès, vous n'avez pas assisté au procès, je crois,

vous êtes arrivé sur l'affaire après, c'est ça ?

Oui, absolument, j'ai fait deux documentaires, mais quelques années plus tard.

Donc, vous êtes quand même bien documenté sur ce qui s'est passé dans ce procès,

que faut-il en retenir finalement ? T'étais quoi les moments forts du procès ?

Oui, le procès, j'avais rencontré Didier Durand, qui était l'avocat général,

et puis les avocats du dossier.

Donc, grosso modo, Jean-Luc Turquin, c'est mal défendu, il est apparu froid,

distant, il n'a pas acclamé son innocence, ses amis disaient,

mais bon, il pensait être libéré le soir même.

Donc, déjà, il y a son attitude qui lui apportait tort,

et puis ensuite, l'écoute de la cassette a été aussi fondamentale.

C'est ce qu'a dit l'avocat général, les gens étaient médusés.

Voilà, comment, bon, il y a le scénario assez invraisemblable,

mais il y a le fond aussi, et donc, comment imaginer faire revenir une femme

en lui disant que son enfant est mort ?

Donc, ça aussi, ça paraissait un peu vraiment un braquade avantesque.

Et puis, il y a le transport sur les lieux, effectivement,

où on s'est rendu compte que dans cette grande maison à 22 pièces,

c'était compliqué pour un enfant de s'enfuir,

donc, et que Jean-Luc, il était vraiment le dernier à l'avoir vu.

Et puis surtout, ce qu'il y a aussi nuit,

c'est les témoignages des fameuses israéliens qui sont venus à la barre.

Et puis, en fait, ils se sont fait démonter, je dirais,

parce que leurs témoignages étaient approximatifs,

ils sont trompés dans les descriptions.

Voilà, l'avocat général m'a dit, je les ai appelés,

enfin, il y avait un détective privé aussi qui était parti,

et bon, il m'a dit, je l'ai appelé Tintin au pays des quibouttes.

C'est-à-dire, bon, voilà, on va tendre une photo d'un enfant.

Il y a des gens qui disent, ah oui, peut-être, effectivement, il ressemble.

Enfin, bon, mais il y a eu des vérifications.

La police française est allée là-bas.

Les israéliens aussi ont enquêté.

Bon, on sait que Michel Turquin n'est allé qu'une fois,

lors d'un séjour linguistique en Israël.

Michel Turquin, c'était une vétérinaire.

Voilà, c'était une brave femme de Nice.

Elle n'avait pas des réseaux criminels pour aller cacher un enfant

en Israël, même si son amant m'oïse.

Mais lui aussi, c'était un homme bohème, un peu artiste,

un peu dans la lune.

Donc, bon, voilà, on a du mal à imaginer

comme ça, un réseau pour en cacher cet enfant.

De tant plus qu'après Michel, après le jugement,

Michel est resté vivre en France.

Elle n'est pas partie en Israël.

Voilà, donc comment l'imaginer vivre séparé de son enfant,

soi-disant qu'à chanter en Israël, bon, ça paraît assez étonnant.

Donc, si j'ai bien compris, dans la mesure où il n'y avait pas de preuves réelles,

les éléments à charge, lors du procès, ont été bien plus lourds

que les éléments qui auraient bien stylé de doute sur la culpabilité.

Ah oui, clairement, clairement, la cassette.

Bon, c'était vraiment, c'était vraiment le tournant,

le tournant du procès, les gens ont entendu.

Bon, on peut penser ce qu'on veut, des conditions, voilà,

de l'obtention de ses aveux.

L'avocat de Michel a dit qu'elle était en mission,

c'est un sacrifice, elle s'est prostituée pour obtenir ses aveux.

Effectivement, ça paraît, on peut porter un jugement moral

sur ce qui s'est passé, mais cette femme était désespérée.

Donc, voilà, c'était son dernier recours.

Voilà, et finalement, je pense que ça a fait pencher la balance

en sa faveur, en faveur de Michel.

Et Turquin a tenté de nombreuses procédures en révision.

Aucune boutiste, ça paraît presque logique,

dès lors qu'il n'y a pas vis de forme,

parce que les enregistrements, on n'est pas dessus.

Donc, c'est logique, il n'y a pas de révision,

d'autant que la justice, elle regarde à deux fois.

Voilà, surtout pour avoir une révision.

Pour avoir une révision, il faut un élément nouveau, en fait.

Vous voyez qu'il n'a pas été examiné.

Et là, bon, soi-disant, le témoignage du détenu,

ça allait être un élément nouveau,

mais finalement, il s'en fait retoquer par la Commission de révision.

Donc, l'histoire de l'histoire aussi, de l'enfant caché dans la Yachiva,

voilà, ils ont essayé aussi de le monter en épingle.

Mais bon, finalement, tout ça, c'est des enquêtes privées, en fait.

Donc, voilà, ce sont des enquêtes qui n'ont pas la rigueur,

d'enquête policière, donc vous envoyez un détective, qui est charmant.

Mais bon, voilà, il va recueillir un témoignage.

Les gens ne se sentent pas comme ça.

C'est pas aussi sérieux que lors d'un interrogateur de police.

Bon, il y avait même un journaliste aussi qui, soi-disant,

avait filmé le fameux enfant.

Bon, mais à l'arrivée, cet enfant, ce n'était pas Charles-Edouard.

Donc, tout ça, finalement, c'est à lui à causer du tort.

Et ça, c'est retourné contre lui.

Parce qu'on a eu le sentiment qu'il souhaitait manipuler la justice.

En fait, il voulait faire diversion.

Et donc, voilà, il avait de l'argent.

Il pouvait se permettre de financer ses opérations coûteuses.

Qu'est-ce que vous avez intéressé, finalement, dans cette histoire ?

C'est les chevaux de mystère ?

Le mille feuilles de mystère, c'est ça qui veut...

Moi, ce qui m'a intéressé beaucoup, c'était...

Moi, ce qui m'a intéressé beaucoup, c'est la relation entre Jean-Louis et Michel.

En fait, c'est comment, peu à peu, s'est forgé comme ça ce bras de faire terrifiant.

Et, en fait, c'est une histoire avec des thèmes, aujourd'hui, qui sont plus connues.

On est avec une femme un peu sous-emprise.

On est avec un tyran domestique, on est avec un homme qui veut avoir le contrôle,

qui veut dominer, qui était autoritaire.

Il voulait sa rôle, s'il voulait sa belle maison avec piscine.

Il voulait son tableau de Bernard Buffet et puis sa femme aussi.

Et voilà, elle est sortie, elle est tout fait là-dedans.

Et donc, elle n'a pas eu...

Il y a eu un bras de faire, elle a voulu, elle s'est rendue compte.

Il y a eu erreur sur la marchandise, je dirais, trivialement.

Il ne s'était pas fait l'un pour l'autre, quoi.

Bien, d'accord, c'est assez de bonnes raisons pour s'intéresser d'un petit mot.

On a fait deux documentaires, on y est bien d'accord, c'est deux.

Oui, absolument, le dernier pour l'édition au bout de l'enquête sur France 2.

Merci, merci d'avoir invité.

Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org

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durée :00:46:12 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle - Aujourd’hui, dans Affaires Sensibles, l’affaire Turquin