Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: L’affaire Philippe Pico - Le récit

Europe 1 Europe 1 3/16/23 - 31m - PDF Transcript

Hey, mais pousse-toi un peu!

Mais je peux pas, regarde.

Euh, là, t'es sur ma cuisse quand même.

C'est bon, les loulous, là. Vous êtes tous installés?

Je peux démarrer?

Non, non, attends, maman.

Basile, Inas et Léna sont pas encore montés.

Oh, mais qu'est-ce qu'ils font?

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Voici une affaire criminelle qui commence par un viol

et qui se termine par une boucherie sur la table de la cuisine.

L'enquête sur l'assassinat dans les années 90,

dans la région de Trappes, dans les Yvelines, de Philippe Picot.

Accrochez-vous, c'est assez gore.

J'ai écrit cette histoire avec Thomas Houdoir.

Réalisation signée Céline Lebrasse.

En septembre 2007, Michael, 15 ans,

fait un stage à la caserne des sapeurs-pompiers de Trappes.

Un stage pour nourrir sa vocation. Michael rêve de grande échelle.

Un soir, il est dans son lit.

Il est aux alentours de 22h. Il dort.

Et il est réveillé par des flaches.

Il se sent complètement stonne, complètement chlace.

Mais ces flaches qui zèbrent la nuit au-dessus de son lit

le tirent un peu de son colta.

Et là, il sent qu'on le touche, qu'on le tripote.

Ces paupières sont lourdes, très lourdes.

Mais dans un filet de lumière, il voit son capitaine,

le capitaine des pompiers au-dessus de son lit.

Dans sa tête, c'est confus.

Alors il mobilise toute son énergie.

Ça lui demande une force de damné.

Mais pour tenter de faire comprendre

à son agresseur qu'il est réveillé,

il parvient à bouger un peu.

Et ça marche. Le capitaine s'en va.

Et lui, Michael, du haut de ses 15 ans,

toujours assommé par le sommeil,

il attrape son portable.

Il va jusqu'aux toilettes.

Il s'enferme à clé.

Et il compose le 17.

Police secours, j'écoute.

Allô?

Le capitaine des pompiers me fait des attouchements.

Venez me chercher.

Et il parvient à donner l'adresse de la caserne de Trapp.

Les policiers arrivent tout de suite.

Ils font le tour des chambres de la caserne.

Et dans une chambre, vous n'allez pas le croire.

Ils tombent sur un officier des sapeurs pompiers,

assis sur le lit d'un adolescent,

en dormi.

Il a son appareil photo à la main.

Le capitaine était passé

à un autre garçon.

Il le menaute. Il le fouille.

Et dans ses poches,

il trouve des plaquettes entamées

de rowypnole.

C'est un somnifère hyper puissant,

dont la molécule principale

est la même que celle du GHB,

la drogue du violeur.

Il ne faut pas voir qu'il s'explique.

Bien, monsieur.

Veuillez décliner votre identité,

s'il vous plaît.

Je m'appelle Fabrice.

Fabrice Mottsch.

C'est un officier d'excellente réputation.

Excellente.

Il encadre depuis dix ans

l'estage des jeunes sapeurs pompiers.

Il a un certain charisme,

une aura même.

On aurait imaginé que ce soit un violeur pédophile.

Personne.

On l'a pris sur le fait.

Il ne va pas pouvoir nier.

Et il va d'autant moins pouvoir nier

que dans son appareil photo.

On trouve des dizaines et des dizaines

de clichés de garçons nus.

Et d'autres photons encore,

c'est un ordinateur.

Le capitaine Mottsch est un prédateur

sexuel.

Ces collègues

n'en reviennent pas.

Fabrice, Fabrice Mottsch,

il tombe de l'armoire.

Il n'a pas du tout le profil

ou en tout cas l'idée qu'on se fait

d'un violeur pédophile.

Il est marié.

Sa femme s'appelle Yannick.

Quand il l'a épousée,

elle avait déjà trois enfants,

ils en ont eu un quatrième ensemble.

Cette sapeur-pompier exemplaire,

on a vu des reportages à la télé

sur lui.

Il avait donc une face sombre.

À l'issue de Sagardau,

Fabrice Mottsch est mis en examen

et agression sexuelle.

Et il est placé en détention

à la prison de Bois d'Arcy.

Et avec lui,

nous ne sommes pas au bout de nos surprises.

Et maintenant,

les policiers doivent identifier

un maximum de victimes.

Et assez vite, ils en trouvent.

7. Tous des garçons,

adolescents. Et puis en parallèle,

ils en quettent sur le bonhomme.

Et pour commencer sur son couple.

C'est comme ça qu'ils apprennent

que le premier mari de sa femme,

Yannick,

qui s'appelait Philippe Picot,

était violent et alcoolique.

Et puis qu'un jour, ouf,

il s'est barré.

Fabrice est arrivée dans la foulée

et ça a été le jour et la nuit.

Un soulagement pour Yannick.

Jusqu'à ce qu'un jour, comme ça,

en poursuivant leurs petites enquêtes

sur Fabrice Mott,

il tombe sur sa petite sœur, Valérie.

Une femme, disons, abîmée

par la vie, un peu portée

sur la bouteille. En tout cas fragile.

Très fragile.

Moi aussi, il m'a violée.

Il m'a violée

de mes 7 ans

à mes 11 ans.

Ça colle

parfaitement avec le profil

d'un prédateur sexuel.

Malheureusement,

les faits sont prescrits.

Mais elle enchaîne. Elle en a lourd

sur le cœur, Valérie.

Mon frère, vous saviez?

C'est un enfoiré.

C'est un manipulateur.

Vous semblez

avoir quelque chose à ajouter, madame.

Allez-y.

On l'a tout notre temps, vous savez.

Fabrice

et mon autre frère,

Lionel,

ils ont tué un homme.

Un homme qui s'appelle Philippe Picot.

Ça remonte à

plus de 10 ans,

plus de 10 ans.

Un meurtre!

Et ce Philippe Picot, je vous en ai déjà parlé.

C'est le premier mari

de Yannick, sa femme.

Il n'aurait pas disparu.

Fabrice l'aurait tué.

Vous êtes sûr de cette information, madame?

Comment le savez-vous?

Un jour, Fabrice

il m'a appelé

et il m'a demandé

de l'aider pour

supprimer un salaud.

Ce salaud, c'était

le mari de sa maîtresse.

Il disait qu'il était

alcoolique,

violent,

que la police ne faisait rien,

qu'il fallait que je l'aide.

Moi, j'ai refusé, bien sûr.

Après, j'ai appris qu'il

avait demandé la même chose

à mon frère Lionel.

Et un jour, Lionel, il m'a dit

c'est bon,

c'est fait tout est réglé.

Elle dit qu'à partir de là,

Yannick s'est mis à raconter

que son mari avait

récerté le domicile,

qu'il avait abandonné femme et enfant,

qu'il était parti sans laisser d'adresse.

Mais qu'elle

a parfaitement compris que

ces deux frères, Fabrice et Lionel,

l'avaient liquidé.

Pourquoi vous n'avez pas parlé

de tout ça plutôt, madame?

À la police.

Ça fait 11 ans. 11 ans que vous gardez ça

sur le cœur.

J'ai rien dit parce que

j'avais peur de Fabrice.

Je ne voulais pas qu'il se vange contre moi.

Mais là, maintenant, qu'il est en prison,

ben

je sais qu'il ne me fera pas de mal, quoi.

On l'est donc partie

sur la trace d'un violeur pédophile

et nous voilà sur celle

d'un mortrier.

Une nouvelle enquête est donc

ouverte sur la disparition

de ce Philippe Picot

et elle est confiée à la brigade criminelle de Versailles

avec une priorité

vérifier que la sœur

a dit la vérité.

Elle a pu se faire un film dans sa tête.

Si ça se trouve, l'autre est toujours vivant.

De toute façon, il n'y a pas urgence

à interroger Fabrice Moch là-dessus

puisqu'il est en prison.

Il ne va pas bouger.

Alors, voyons si ce Philippe Picot

a vraiment disparu

depuis décembre 1996.

S'il a refait sa vie quelque part,

il y aura des traces, forcément.

Une ligne de téléphone ouverte à son nom,

un mouvement auprès de la sécurité sociale,

un compte en banque,

une carte grise.

Quand on a accès à tous ces fichiers,

c'est très facile à vérifier.

Et là, les policiers butent sur un os.

Aucune trace de vie

de Philippe Picot

depuis fin 1996.

De toute évidence,

il est bien mort.

Alors, la péchite Versailles

appelle sa sœur Nelly.

Oui, bonjour madame.

Je vous appelle au sujet

de votre frère,

Philippe Picot.

Ah, vous l'avez retrouvé?

En quel bonheur!

C'est plus compliqué que ça, madame.

On voudrait vous voir

rapidement.

Et la sœur vient.

Ça fait 12 ans

qu'elle attend le retour de son frère.

Mais elle reste persuadée

qu'il est vivant, qu'il a refait sa vie.

Qu'est-ce qui vous fait penser ça, madame?

Eh ben, Yannick,

ma belle-sœur,

elle m'a dit

quelques mois après son départ

qu'elle avait reçu un papier

de la sécurité sociale pour Philippe.

Elle m'a même dit que ce document

annonçait la naissance d'un enfant.

Un garçon.

Je crois qu'il l'avait appelé Firmin.

À vérifier.

Et on le fait tout de suite.

Et on s'aperçoit qu'en 1996,

1997 et 1998,

aucun Firmin Picot

n'a vu le jour.

Yannick a menti.

Elle n'a pas reçu ce qu'on a reçu.

Il n'a pas reçu.

Elle n'a pas reçu ce courrier.

Et a priori, ça n'est pas son seul mensonge.

Les proches racontent qu'elle leur a dit

qu'on avait vu Philippe en Bretagne.

Et puis encore,

elle est même allée jusqu'à dire qu'il avait rencontré

une nouvelle femme dans une pizzeria.

Appréciez le détail.

Mais d'où est-ce qu'elle sort ça?

À propos,

que c'est donc du contexte

de la séparation de Yannick

et de Philippe.

Et pour commencer,

que c'est donc de leur rencontre.

Les deux se connaissent depuis 1974.

Au départ, ça n'est qu'une aventure.

Et puis Yannick tomba enceinte

et naît une petite fille

virginie,

aveugle de naissance.

Car il se marie

et il s'installe dans un petit pavillon

à manier les amours dans la grande banlieue

parisienne.

Et puis deux autres enfants naissent, des garçons.

Côté Boulot,

Philippe est d'abord routier.

Puis il travaille dans une casse automobile.

Et puis il devient exploitant forestier.

Yannick, elle,

est femme au foyer.

Elle s'occupe de leurs trois enfants.

Et les années passent,

la routine.

Il faut pouvoir se déliter

par ne plus se supporter.

Et donc après 22 ans de vie commune,

Philippe prend le large.

Il s'installe dans un mobile-homme

à château fort,

pas très loin de chez sa femme.

Pour pouvoir s'occuper notamment de ces deux fils

qui sont grands maintenant.

...

Depuis toujours,

Philippe a une passion,

la chasse.

Un matin de décembre 1996,

le 15 décembre,

il part à la chasse avec des copains.

Et depuis, pas de nouvelles.

Sa mère essaye d'aller le voir

dans son mobile-homme.

Elle trouve porte-close, pas de Philippe.

Elle s'inquiète.

Alors au bout de deux jours,

elle va voir sa belle fille Yannick.

Vous savez où est Philippe?

Vous avez des nouvelles?

Philippe?

Il est parti.

Je sais pas où il est, mais

en tout cas il a emporté ses affaires.

Et là Yannick ouvre grand les placards

de son mari.

Vide.

Les chiens.

Philippe est parti sans ses chiens.

J'ai moi-même un chien,

vous savez ça.

Et bien si un jour je disparais

sans mon chien,

je vous le dis, inquiétez-vous.

Quand on aime un clé bar,

on ne part pas sans lui.

Alors la mère insiste.

Il a pas pu partir sans les chiens, quand même.

Bah écoutez,

s'ils sont là,

c'est qu'il a pas pu le prendre avec lui.

Peut-être que sa maîtresse en voulait pas.

Sa maîtresse?

Philippe avait une maîtresse?

Une nouvelle femme dans sa vie?

La mère n'était pas au courant.

Mais après tout, il est assez secret.

Une semaine plus tard,

la mère finit par se rendre à la chandarmerie.

Elle réclame l'ouverture d'une enquête.

Réponse habituelle des gendarmes.

Vous savez, madame,

un homme en cours de séparation

qui se fait la malin.

Ça arrive.

Et plus souvent que vous le croyez.

Votre fils est majeur.

Il a le droit de faire à ceux qu'il veut.

On ne pourra pas faire

grand chose pour vous, madame.

Quelques jours plus tard,

début 1997,

Yannick, la femme de Philippe,

se présente elle aussi à la chandarmerie.

Mais pas pour demander

l'ouverture d'une enquête.

Pour déposer une plainte,

pour abandonner de famille.

C'est que mon mari m'a laissé tomber.

Je suis seul.

Et il perd rien pour les enfants.

Et moi,

je trahi pas.

Et à cette occasion,

le portrait qu'elle dresse de son mari

n'est pas très flatteur.

Mais c'était

un homme brutal,

violent,

alcoolique.

Il me battait.

Il battait les enfants.

Ce qui colle assez bien

avec le profil d'un homme

qui disparaît sans explication.

Et dans la foulée de sa plainte,

Yannick se met à raconter la même histoire

à tous ceux qu'elle croise.

Qu'il la battait.

Qu'il battait les enfants.

La plainte,

la pauvre Yannick,

qui se retrouve toute seule,

sans argent.

Quelques semaines plus tard,

Yannick retourne à la gendarmerie.

Je demande le divorce

pour abandon

et pour faute.

Autrement dit,

ce qu'on appelle un divorce part défaut.

Ce qu'elle oublie de dire

à tout le monde,

c'est qu'elle a un autre homme dans sa vie.

Fabrice.

Fabrice Mott.

10 ans plus jeune que Philippe,

officier chez les pompiers,

charismatique avec ça.

15 jours après la disparition de Philippe,

Fabrice s'installe chez Yannick.

C'est bien rapide,

mais à l'époque, personne ne se doute

de quoi que ce soit.

Voilà, tout ce que les policiers

de la pégette Versailles ont réussi

à collecter comme information

sur le contexte de la disparition

il y a 12 ans,

de Philippe Picot.

Pendant tout le temps de ce début d'enquête

pour assassina, Fabrice, qui est incarcérée

à la prison de Bois d'Arcy,

dans l'attente d'un jugement

pour viol et agression sexuelle,

de rien. Il ne sait pas que sa petite sœur

l'a balancé. Il ne sait pas

que les flics de la pégette le soupçonnent

maintenant d'avoir assassiné

Philippe Picot il y a 12 ans.

Et puis arrive le moment où

il faut bien lui dire les choses,

et pas qu'à lui, à Yannick

aussi, et au petit frère Lionel,

qui est censé avoir donné un coup

de main à l'époque.

Fin janvier 2009,

la pégette estime qu'elle a assez de biscuits

pour placer le trio en garde à vue.

Ils vont être un peu surpris

12 ans après.

Ils pensaient sans doute avoir commis

le crime parfait.

Lionel Mocch, le frère,

est entendu le premier.

Lui aussi est pompier,

mais pas officier, comme son frère Fabrice.

Bien, dites-moi monsieur Mocch,

est-ce que le nom

de Philippe Picot

vous dit quelque chose?

Philippe Picot?

Non, non.

Je n'ai jamais entendu parler.

Je ne connais pas.

Je vais vous aider monsieur.

C'était le premier mari

de votre belle-sœur Yannick.

Ça vous vient?

Ah ouais!

Maintenant que vous le dites,

j'en ai entendu parler alors,

mais

moi, je ne le connaissais pas, ce tome-là.

Pour l'instant,

rien n'a en tiré.

Alors passons à Yannick,

l'ex-femme de Picot devenu la femme

de Fabrice Mocch.

Elle répète le petit numéro

qu'elle fait depuis tant d'années,

qu'il était alcoolique, qu'il l'a batté, patati, patata,

qu'il est parti et que depuis,

elle ne sait pas où il est.

Mais je suis sûr qu'il a refait sa vie.

Ah ouais!

Il a dû refaire sa vie quelque part.

Sinon,

s'il était mort,

je le sentirai.

Comme c'est mignon,

ce je sentirai s'il était mort.

Un sixième sens, sans doute.

Il en reste un à entendre.

C'est Fabrice lui-même.

Et ce qui est intéressant,

c'est que, complètement par hasard,

le commandant du châtel de la PG,

qui dirige l'enquête, le connaît.

Il l'a entendu peu de temps avant son incarcération

dans une enquête sur l'incendie d'un immeuble

que les pompiers avaient eu du mal à maîtriser.

Et il se souvient que ça s'était

plutôt bien passé entre deux.

Alors il se dit,

je vais en jouer.

Et du coup, il y va sans détour.

Cache! Et c'est très payant.

Monsieur Mocch,

est-ce que vous êtes responsable

de la disparition de Philippe Picot?

Bah...

Oui.

Oui, je l'ai poignardé,

je le fais disparaître.

Du premier coup,

il se couche incroyable, rare,

très rare.

Et après, il balance les deux autres,

c'est-à-dire sa femme et son frère.

J'ai demandé un coup de main à Lionel.

Il m'a aidé.

Yannick était courant.

Il savait que j'allais tuer Philippe.

C'est fou.

Il avoue plus vite que la machine.

Je peux vous dire que des aveux comme ça,

tous les flics en rêve.

Mais il y a une explication.

Écoutez.

De toute façon, aujourd'hui,

il y a prescription.

Il y a prescription depuis deux ans.

Alors, vous ne pouvez pas me poursuivre

dans cette affaire.

Mais...

Du coup, ça me gêne pas

de vous dire que si j'étais à referme,

je le referai.

Oui.

Et il n'a pas tort, Le Bourg.

En 2009, la prescription d'écrime est de 10 ans.

Aujourd'hui, c'est 20.

Mais à l'époque, c'est 10.

Et là, ça fait donc 12 ans.

Donc, dans sa petite tête de moche,

c'est pour ça qu'il avoue si facilement.

Si naïvement.

...

Et donc,

il faut tout de suite prévenir la famille de Philippe.

Il n'est pas en vadrouille.

Il est mort.

Pire que ça.

Il a été assassiné par Yannick,

par Fabrice,

et par le frère de celui-ci.

Double choc.

Et même triple choc, quand on leur dit

que c'est prescrit.

C'était il y a 12 ans,

donc c'est trop tard.

Il faut l'entendre tout ça,

mi bout à bout.

L'onde de choc est tellement violente

que le frère de Philippe

se suicide quelques jours après.

Même si il est toujours hasardeux

de trouver une raison à un suicide.

Il reste les deux sœurs de Philippe.

Et elle,

elle décide de ne pas baisser les bras.

Elle se lance dans une bataille

auprès de la cour de cassation

pour faire sauter la prescription.

Et elles ont bien raison.

...

Car la prescription,

voyez-vous, c'est une science assez fine.

D'abord,

je vous le dis au cas où,

le délai de 10 ans, aujourd'hui de 20 ans,

ne court pas à partir de la date

du meurtre. Il court à partir

du dernier acte de procédure,

le dernier acte d'enquête.

Ici, ça n'est pas le sujet.

Ici, la cour de cassation

est sollicité, et voilà ce qu'elle dit.

Elle dit que le procureur

ne pouvait pas ouvrir une enquête

pour meurtre, puisqu'il n'y avait pas

de meurtre. Pour lui, c'était

une disparition. Et donc,

le délai de prescription commence

à partir du moment où il a

connaissance

du meurtre. C'est-à-dire du jour

où la sœur Valérie

en parle pour la première fois.

En avril 2008,

il y a quelques mois,

on va pouvoir les juger

et on va pouvoir les condamner.

...

Là-dessus, sans surprise,

les enfants pico se mettent

à raconter que eux aussi

ont été violés par Fabrice,

leur beau-père, qui, assez logiquement,

ne s'en prenait pas qu'aux jeunes

sapeurs pompiers. D'abord, le fils

aîné, et puis le fils cadet.

Deux victimes de plus

dans le procès pour Viol.

Un procès qui a lieu en mai

2010. Pour le viol

des jeunes pompiers et des fils de sa

femme, Fabrice Mottche

prend une première condamnation à 15 ans

de réclusion criminelle.

Ça n'est que le début.

Il faut maintenant boucler l'enquête

sur le meurtre de Philippe Pico.

...

Après avoir interrogé

un par un et plusieurs fois

les membres du trio,

voilà le scénario qui se dégage.

Il est terrible.

...

Au début,

il pensait simuler un accident

de chasse.

Et puis, c'est Yannick, la femme

qui a suggéré un autre plan.

Depuis leur séparation, depuis que

Philippe vit dans son mobilhomme,

tous les dimanchoires après sa journée

de chasse, Philippe vient voir les enfants.

Et au passage, il en profite

pour déposer ses fusils.

Il ne veut pas les garder dans son cabanon.

C'est à ce moment-là,

le 15 décembre 1995,

que le trio passe à l'action.

...

Philippe arrive avec ses fusils

et il embrasse les gamins.

Tu restes digne avec nous, Philippe?

Il accepte.

Yannick glisse alors des somnifères

dans son repas et ses boissons.

Et assez vite,

Philippe se sent mal.

Je peux aller m'allonger un peu

dans une chambre là, je me sens pas bien.

Eh ben oui,

puisque c'était le but.

Et il s'endort.

Et là, arrivent les deux frères moches

par la porte de derrière.

Ils ont un sac de sport

et à l'intérieur, tout ce qu'il faut.

C'est-à-dire des couteaux,

des cis, des sacs poubelles

et du film plastique.

...

Fabrice,

poignard de Philippe Picot en plein cœur,

il tire le corps dans la salle de bain.

Les deux frères moches le traînent

au-dessus de l'avènement

et il les gorge

et il le vit de son sang.

Il faut un sacré sang-froid

pour faire un truc pareil.

Il le saigne comme un mouton.

Et après, il descend

le cadavre sur la table de la cuisine

et il se met à le découper

conscientieusement.

Et là, Yannick est en appui logistique.

Tu veux un peu de sel au frais?

Tiens,

tiens, je l'ai un sac poubelle.

Et de temps en temps,

si ces gamins dorment toujours.

Et ensuite,

elle nettoie, d'abord la salle de bain

et puis après la cuisine.

Les morceaux sont mis dans des sacs poubelles

et les sacs poubelles, à la benne.

Enfin, sauf le tronc et la tête.

Lionel va les jeter dans la scène.

Et le lendemain matin,

quand les gamins se lèvent,

Yannick leur sert le petit

déjeuner sur la table de la cuisine.

Véridique!

...

...

D'après vous,

combien est-ce que ça vaut

une telle barbarie devant la cour d'assises?

Le procès s'ouvre en septembre 2017

devant la cour d'assises de Versailles.

Fabrice Mott se retrouve

seul dans le box,

son frère et sa chérie Yannick

comparer cela.

Pour sa défense,

Fabrice s'entient au scénario du salaud.

C'est un alcoolique, hein?

Il t'a passé Yannick?

C'était un parasite, quoi?

Yannick, elle,

a pris un sacré coup de vieux.

Elle arrive à la barre le dos courbé

et elle joue parfaitement son rôle

de femme battue, brimée,

qu'il n'en pouvait plus.

Que voulez-vous?

C'est la seule partition qu'elle puisse jouer.

...

A la fin,

l'addition est très salée pour tout le monde.

Tous les trois sont condamnés

pour assassiner.

Fabrice Mott prend perpétuité.

Yannick est condamnée

à 25 ans de réclusion criminelle.

Et Lionel Mott, dont

les jurés ont bien vu qu'il était

sous l'autorité de son frère

et condamnée à la peine la moins lourde,

17 ans de réclusion criminelle,

tout de même.

On n'a jamais retrouvé le moindre morceau

du cadavre de Philippe Picot.

...

Vous avez aimé cette histoire?

Christophe Fondelat,

vous propose de la débriefer

avec un invité dans un podcast

d'ores et déjà disponibles

...

...

...

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L'enquête débute par une affaire de viol dans une caserne de pompiers des Yvelines. Et se termine par une boucherie sur une table de cuisine avec l’assassinat, en 1996, de Philippe Pico.