La source: L’affaire Gérald Thomassin, l’inconnu de la Poste

Radio France Radio France 3/16/23 - Episode Page - 56m - PDF Transcript

François Sainte-Aire

Aujourd'hui dans InferSensible, un crime non-élucidé, celui de la postière de Montréal Lacluse et un double mystère.

En décembre 2008, Catherine Bureau, 41 ans, est à Coute-Couteau dans la petite poste de ce village de là.

Très vite, un marginal, toxicoman et alcoolique, qui habite en face de l'agence, devient le suspect numéro 1.

Il s'appelle Gérald Thomasin.

N'est-ce pas un paumé comme un autre?

C'est un acteur de cinéma, invrêvé par ami Thomas, d'ailleurs.

Les cinéphiles connaissent son nom.

Il a obtenu en 1991 le César du meilleur espoir masculin pour un film de Jacques Doyon,

un film au titre qui pourrait raisonner tristement avec cette affaire, le petit criminel.

Aucun élément concret ne pèse contre lui.

Mais pendant dix ans, les enquêteurs ne lâchent pas la piste Thomasin.

Il faut dire que le principe à l'intéresser attire les soupçons sur lui avec des comportements et des déclarations troublantes.

Les rôles qu'il a incarnés au cinéma, souvent des délinquants, facilement violents,

entretiennent aussi une certaine ambiguïté dans l'esprit des enquêteurs, alors que ça n'a rien à voir.

Mais tout cela en fait fait sur le papier un coupable idéal.

En tout cas, l'affaire de Montréal Lacluse debait être facile à résoudre.

Or, treize ans après l'effet, le mystère reste entier.

Et un deuxième mystère s'est ajouté au premier.

Depuis août 2019, Gérald Thomasin est porté disparu.

Notre amitié aujourd'hui ferait en sorte qu'un journaliste, grand porteur au journal Le Monde,

autrice de l'Incoli de la Poste, parie aux éditions de l'Olivier,

une enquête au long cours sur ce fait d'hiver, livre dont nous sommes inspirés pour cette émission.

Affaire sensible, émission de France Inter, diffusion directe,

récit documentaire Heloise Rambert, coordination Franconnière,

chargé de programme Rébecca Donante, réalisation Frédéric Milano.

19 décembre 2008, 9h05 du matin.

Nous sommes à Montréal Lacluse, une bourgade de 3500 âmes dans le département de Linn,

coincée entre Bourg-en-Bresse et les forêts de sapin jurassiennes sur une rive du lac de Nanteau.

Ce matin-là, comme tous les autres, la petite poste est ouverte depuis une bonne demi-heure.

Le premier client poussait la porte et était béniste.

Il veut récupérer un paquet, le cadeau de Noël de sa mère.

Mais le bureau de poste est vide, silencieux, pas habituel.

Une deuxième cliente entre alors à son tour.

C'est la secrétaire médicale d'à côté.

Elle salue les bénistes visage familier à Montréal Lacluse.

Les deux lèvent les yeux sur la pendule.

9h07.

Alors ils toussottent poliment comment on fait tous

pour se signaler sans trop vouloir déranger.

Puis ils commencent à parler de plus en plus fort, histoire d'attirer l'attention.

Catherine de Rogaux, la postière, est sans doute dans la petite pièce du fond aménagée en cuisine.

La porte entrebaillée laisse échapper un filet de lumière.

Mais rien ne bouge, non.

Il y a juste le chien de la postière ambigeon blanc qui s'agit tranquillement.

Y a quelqu'un se risque les bénistes?

Silence encore.

Tout de même, il finit par s'approcher et il pousse la porte.

Il découvre alors une scène d'horreur.

Catherine de Rogaux est allongée sur le dos, les jambes désarticulées,

les lunettes en travers du visage, larder le coup de couteau.

Elle git dans une mare de sang.

Sur la table, traite encore sa tasse de café, son paquet de cigarettes, ses mots croisés.

Motif à partant du crime, la recette de l'agence, le coffre en effet a été dévalisé.

Quelque chose comme 2600 euros, un bulletin, mais t'indierisoire pour une telle sauvagerie.

Le maire, Gilles Morosi réagit devant les caméras de la télé.

La matrice profondément, on doit voir que les choses pareilles puissent se faire

compte tenu, si c'est à cause de l'argent, du peu d'argent qu'il y avait dans l'établissement.

C'est quand même horrible d'enlever la vie à cette fille pour de l'argent et si peu d'argent.

Cette fille, elle est née à Montréal-Lacluse.

Elle a toujours fait partie de la vie communale.

Une fille très intéressante, très assilue à son travail, très compétente.

C'est pour ça qu'on est tous atterrés.

Je pense que la population aussi a subi un choc et la population s'interroge.

C'est un peu notre 11 septembre à nous, souffle l'un de ses adjoints.

Parce qu'ici tout le monde connaît Catherine.

Oui, elle est une enfant du pays et elle est la fille de Raymond Burugo,

le secrétaire de mairie, anotable de Montréal-Lacluse.

Au moment du meurtre, elle a 41 ans et elle tient depuis une quinzaine d'années

cette antenne de la poste dans le vieux Montréal-Lacluse, qui fait aussi boutique SNCF.

L'agence ne fait guère plus de 25 mètres carrés et dans le coin on la surnomme la poste de poupée.

Catherine Burgo n'arrive tous les jours à 8h et gare sa mille coupeurs

juste en face de l'agence devant la maison de son père.

Elle est connue pour sa sympathie, son dévouement.

Elle a toujours un mot gentil pour chacun, elle est toujours prête à rendre service.

Elle se rend souvent chez les personnes âgées pour leur apporter de l'argent liquide, par exemple.

C'est aussi une belle femme, du genre qu'on remarque.

On lui trouve de faux air de Sophie Marceau, d'ailleurs.

Un employé de la grande poste, près du lac, plaisant de se voir avec ça.

La moitié des gens qui viennent à la petite agence viennent en fait pour Catherine Burgo.

La jeune femme a fait de sa poste de son petit royaume.

Le matin, entre 8 et 9, sa bande de copines passe boire un café dans la petite salle du fond.

Les rires fousent, les filles se racontent petites et grandes histoires.

Elles sont toutes dans leurs quarantaines et se posent les mêmes questions.

Divorcer, ne pas divorcer.

Catherine, elle, a sauté le pas.

Elle a deux enfants, un garçon de 19 ans et une fille de 9 ans.

Elle s'est récemment séparée de leur père.

La procédure des divorces est en cours.

Elle a rencontré un nouveau compagnon, elle est enceinte de 5 mois.

Et sa vie n'est pas forcément rose, dé haut, dé bas, voire très bas.

Elle a déjà essayé de se suicider et ce n'est un secret pour personne.

Alors, quand la nouvelle de sa mort se réponde en Montréal à Cluz,

certains de ses habitants se disent que, ça y est, elle a réussi, elle a mis fin à ses jours.

Mais très vite, il est évident qu'il ne s'agit pas du tout de cela.

L'effroi est d'autant plus grand que ce matin du 19 décembre.

Ce ne sont pas un mais deux meurtres qui frappent la région.

Oui, une autre femme a été tuée en route sa voix, département voisin.

Les gendarmes s'interrogent, ce meurtre ressemble à une autre affaire,

survenue presque au même moment, à 60 km de là, à la frontière suisse.

Dans cet agence immobilière de Saint-Julien en jeune voix,

c'est le corps d'une suisseesse de 39 ans qui a été retrouvée,

assassinée à l'arme blanche, elle aussi, même mobile apparent,

son sac à main a été dérobé,

des prélèvements d'ADN ont été effectués sur les deux scènes de crime,

la justice s'interroge sur le lien entre les deux affaires.

Elles s'il s'agissait d'un serial killer qui s'en prend à l'arme blanche

aux femmes seules dans les boutiques, l'hypothèse est rapidement écartée.

Les deux meurtres ont eu lieu dans le même créneau horaire,

impossible que le toit aurait pu relier les deux villages dans un temps aussi court.

Les gendarmes nantois se concentrent alors sur le crime de la postière.

À Montréal-la-Cluze, les commerces et administrations ferment brutalement,

un couvre-feu se met spontanément en place.

Alors, qui a bien pu s'en prendre à Catherine Burgo?

Malheureusement, pour les gendarmes dans la poste, il n'y a pas de caméra de surveillance.

Alors, les auditions des proches de la victime commencent.

Le père éplorait les enfants, le compagnon et bien sûr l'ex,

car c'est vers lui que se tournent d'abord les sous-sons.

La séparation était douloureuse et ce qu'il aurait tué sa femme enceinte d'un autre

par jalousie?

Ce n'est pas ce que dit la science.

Des empreintes génétiques sont relevées sur la scène du crime.

Une main laissait sa trace sur le monnaieur où l'argent a été volé.

C'est celle d'un homme, un gros bosomigre qui a pu être isolé.

De l'ADN est également retrouvé sur un sac de sport abandonné sur la table

et les experts sont formels. Il s'agit du même ADN.

Et ce n'est pas celui du mari de Catherine Burgo.

Les perquisitions à son domicile n'ont rien donné et puis de toute façon

il n'a pas bougé de chez lui le matin du beurtre.

Il est donc rapidement mis hors de cause.

Les enquêteurs ne sont pas spécialement inquiets.

Après tout, le meurtre a eu lieu le matin,

à l'heure où les parents vont travailler les enfants à l'école,

des centaines de personnes sont passées par là.

L'agence n'a qu'une porte par laquelle le tour est forcément entré

et sorti et couvert de sang qui plus est.

Dans le vieux village, les rues sont très étroites

et 24 fenêtres donnent directement sur la poste.

Quelqu'un aura forcément noté quelque chose.

Et en effet, on se presse pour rapporter aux gendarmes ce qu'on a vu.

Un 4x4, une mercedesse immatriculée dans le noiré,

un vendeur de calendriers pour SDF,

une 600 sainte grise avec un maghré bain au volant.

Les témoignages partent dans tous les sens.

Et puis il y a ceux qui n'ont rien vu, qui ne se souviennent de rien.

Bref, l'enquête n'avance pas.

Jusqu'au 16 janvier 2009,

presque un mois après le meurtre,

quand l'affaire connaît un tournant.

Comme le rapport d'un journaliste du progrès.

Il y a deux femmes qui rentrent dans le cimetière de Montréal-Lacluse

et qui voient un homme qui assis sur le bord de la tombe de Catherine.

Et il y a une bière à la main, il paraît manifestement,

pas bien dans son état normal.

Il mime plus ou moins la scène, il a dû...

l'assassin, il a dû la prendre comme ça,

par le coup par derrière.

Elle avait dû, peut-être qu'elle avait trop parlé,

alors il l'a poignardé et il doit donner des coups par derrière, comme ça.

Cette heure-luber a eu lieu, pas franchement inquiétant,

mais pas franchement rassurant non plus,

et connu des habitants de Montréal-Lacluse.

Cela fait un peu plus d'un an qu'ils ont au village,

avec deux ou trois copains aussi paumés que lui.

Son nom, Gérald Thomasin.

Quand il débarque à l'été 2007,

il pousse la porte de la grande poste de Montréal-Lacluse.

Il veut s'établir ici et ouvrir un livret A.

La conseillère le jauge, bon,

poly, mais marginal, la coussure,

le genre de client pénible qui vient sans arrêt retirer trois sous.

Mais à la casse profession,

la banquier le voit écrire, acteur.

Ah long bon, encore un qui délire, pense-t-elle.

Mais non.

Si tôt son client partit,

elle passe son nom à la moulinette d'un moteur de recherche internet

qui n'en revient pas.

Non seulement Gérald Thomasin est un acteur,

mais il est même russien César au début des années 90.

Cela dit, les gens du coin l'identifient davantage

comme toxicoman et alcoolique comme vedette du cinéma.

Pour les braves gens,

cette énergie humaine n'a pas le profil d'un acteur.

Un acteur, ça fait rêver, pas lui.

Agé de 34 ans au moment du meurtre,

Thomasin est un enfant d'adas.

Petit, sa mère alcoolique ne peut pas s'occuper de lui.

Son enfance est difficile, très difficile.

Avec son frère, plus jeune que lui d'un an,

il connaît les familles d'accueil, les foyers, les maltraitances.

Mais en 89, la vie des jeunes adolescents prend un virage inespérate.

Le réalisateur Jacques Doyon prépare un film

qui va s'appeler Le Petit Criminel.

L'histoire d'un gamin de 14 ans, Marc, qui attaque un magasin,

prend un policier en otage et le force à le conduire

dans une ville voisine où il veut retrouver sa sœur.

C'est l'époque du cinéma vérité et Doyon veut coller au réel.

Donc, par question de caster un petit bourgeois parisien

pour incarner un prolo, non, il cherche son Marc

dans tous les foyers d'Ile-de-France.

Et c'est donc Gérald Thomasin qui est retenu pour le rôle

alors qu'il ne s'était rendu au casting que pour accompagner un ami.

Jacques Doyon est convaincu par l'adolescent,

mais il a aussi à coeur de le protéger,

comme il le raconte en 1990 au micro de France Culture.

Je n'avais en fait qu'une peur.

C'était que, comme il était venu un petit peu par hasard,

qu'il ne souhaitait pas plus que ça à faire un film,

que ça allait frayer terriblement,

j'avais simplement peur qu'il ne tienne pas la distance

et que la pression du début du tournage soit trop violente pour lui.

Donc, voilà, c'était ça le problème.

Mais sinon, je voyais là tout le côté tétu, buté, charmant,

enfin, différents visages de ce garçon,

tous ces visages-là me plaisaient beaucoup

et je pouvais tirer parti de tous ces visages-là, il me semble.

Donc, j'étais ravie quand j'ai vu les premières images.

La mère de Gérald Thomasin est aux anges.

Les faits du cinéma se sont penchés sur son fils.

Il est sauvé.

Ça démarre d'ailleurs comme un conte de fait,

car dès son premier film, Gérald est adoubé par toute une profession.

En 1991, il reçoit le César du meilleur espoir masculin.

Le César est attribué à Gérald Thomasin dans Le Petit Criminel.

Gérald ne s'était pas présenté pour le casting du Petit Criminel.

Doyon a fini par le rencontrer

et la rencontre fut, paraît-il, extraordinaire et déterminante.

Il n'a pas l'intention de continuer à faire du cinéma.

On verra bien.

Merci tout le monde qui est présent ici.

Je me remercie Jacques Doyon.

C'est le Pierre Hamzala qui est son assistant Marc.

Je ne sais plus comment qu'il s'appelle.

C'est tout, je ne sais pas quoi dire.

Ce qu'il faut dire, c'est qu'il est formidable dans Le Petit Criminel.

Sa trajectoire cinématographique semble bien partie

et sa rédemption sociale a assuré.

Il se construit une petite carrière.

D'année en année, Thomasin joue régulièrement.

21 films entre 1991 et 2008, des secondes rôles, mais tout de même.

Et il a comme agent Dominique Besseneard, excusé du peu.

Sur les plateaux, il est agréable, professionnel.

Jamais il ne plante un tournage comme on dit dans le milieu.

Mais l'acteur est plombé par ses addictions.

Entre les projets de cinéma, il disparaît, menut une vie de marginal.

Un pied sur les tapis rouges, l'autre dans la rue grand-somme.

Il ne cherche pas à décrocher des rôles.

L'agence met un mois ou deux à lui mettre la main dessus quand on lui en propose un.

Ça lui en fait rater quelques-uns, bien sûr, et des gros.

On dirait qu'il s'en fiche.

En 2007, il traverse un énième passage à vide.

Alors l'un de ses vieux copains de l'ADAS a eu une idée.

Son frère habite à Montréal la plus.

Pourquoi n'irait-il pas là-bas quelque temps, une histoire de se mettre au verre?

Et c'est comme ça que l'acteur atterrit dans là.

Il emménage dans une sorte de cave semi-entérée, transformée en studio juste éclairée par un soupirail.

L'endroit est surnommé la grotte par ses copains de galère.

Et cette grotte est juste en face de la poste, à quelques mètres.

Alors, après le meurtre de la postière, son profil et son comportement étrange font de Thomasin coupable idéal.

Et les braves gens ne se gènent pas.

Et comme Thomasin se comporte d'une manière déroutante, voilà de l'eau à leur moulin.

Le père de la victime Raymond Bourgo se souvient en 2013, 5 ans après l'effet.

Je l'avais trouvé à Genoux sur la tombe toute fraîche de ma fille qui venait d'étantérer la veille.

Il a recommencé deux jours après, c'est mon gendre là qui l'a surpris.

Il était à Genoux devant l'entrée du bureau de poste où a eu lieu le crime.

Il avait une rose à la main et il pleurait également.

Le 4 mars 2009, Gérald Thomasin est placé en garde à vue.

Il n'y a voir tuer Catherine Bourgo et aucune preuve ne permet de le confondre.

Son ADN ne correspond pas.

Rien de suspect n'a été noté chez lui, il repart libre.

Pour le moment.

Je vous aime bien mais je vous déteste tous.

Mon nom ne vous dit peut-être rien.

Où vous l'avez déjà eu sur la bouche, mon nom est Gérald Thomasin.

Celui qui ne fallait pas que l'on touche, droguer, délacant et comédien.

Je n'aurais jamais fait de mal à une bouche.

Dans la rue j'étais devenu quelqu'un.

Les autres je les connaissais tous, installés à Montréal, la Cluse.

Dans l'un, un village tout au fond de la Combre, où s'en était souvent une canette.

A la meuf, la vie est dingue quand on l'éclabousse.

Je vous aime bien mais je vous déteste tous.

Je ne suis pas un assassin.

Désormais vous le servez tous.

Mon nom est Gérald Thomasin.

Celui qui ne fallait pas que l'on touche, envolé comme un bandit, comme un saint.

Que l'on vénère, que l'on repousse.

Je vous aime bien mais je vous déteste tous.

Mon nom ne vous dit peut-être rien.

Vous l'avez déjà eu sur la bouche.

Mon nom est Gérald Thomasin.

Celui qui ne fallait pas que l'on touche, droguer, délacant et comédien.

Je n'aurais jamais fait de mal à une bouche.

Aujourd'hui, l'affaire Thomasin.

France Inter, affaire sensible.

Gérald Thomasin est libre mais les soupçons continuent de poser sur lui à Montréal la Cluse.

La famille de Catherine Bourgo est persuadée de sa culpabilité.

Il faut dire qu'il continue à se faire remarquer.

Fin juillet 2009, Raymond Bourgo, le père de la victime, le croise.

Thomasin lui affirme alors spontanément qu'il est innocent.

Mais encore une fois, il s'identifie de manière troublante à l'auteur du crime et à son mode opératoire.

Dans une lettre envoyée aux gendarmes, Raymond Bourgo écrit.

Il a indiqué que s'il avait été l'auteur du crime, il s'y serait pris autrement.

Il aurait mis une cagoule, des gants et aurait dérobé l'argent sans toucher à ma fille.

Il m'a montré un couteau d'immensions inquiétantes.

Le même jour, l'ancien époux de la postière m'a laissé ta base, Gérald Thomasin.

Tu es peut-être comédien mais ton cinéma ne marche pas avec moi.

Tu cherches une vie tranquille, alors déménage, parce que je te tuerai si tu n'aurais pas de nous emmerder.

C'en est trop pour l'acteur qui craint pour sa sécurité.

Il porte plainte, prévient les gendarmes, et il quitte Montréal Lacluse direction Rochefort,

où il espère renouer avec Corinne son ex-fiancez.

Mais ici, comme à Montréal Lacluse, Gérald Thomasin reste omnubilé par le crime.

Il en parle à tout le monde, partout, tout le temps.

Corinne est trop impossible à vivre, violent, et une fois encore, il finit à la rue.

En 2012, il obtient un logement social.

Il est alors fragile, mais de bonne volonté

à en croire la vice-présidente du centre communal d'action sociale de Rochefort.

Depuis qu'il est arrivé, M. Thomasin a toujours été très coopératif et très participatif.

Donc petit à petit, c'est vrai, il a investi le logement.

Bon, et comme c'était quelqu'un qui avait des difficultés à résoudre et à planir,

bon bien sûr, il y avait une certaine contrainte par rapport à cet accompagnement social,

mais il a toujours répondu au présent et il s'est toujours efforcé de suivre les conseils

et préconisations donnés par le travailleur social.

Suivi par les services sociaux, Gérald Thomasin semble retrouver un semblant de stabilité.

Il est même question d'un nouveau projet de film.

Mais à l'autre bout de la France, à Montréal Lacluse,

les gendarmes n'ont pas abandonné sa piste.

Deux de ses anciens compars, avec qui il passait son temps en village, sont interrogés.

Et oui, c'est vrai, ils ne l'ont pas dit jusque là, mais

l'acteur en manque d'argent avait évoqué l'idée de faire une connerie.

Faire une connerie.

Il n'en faut pas plus, c'est pour réveiller l'enquête.

Thomasin reçoit donc une convocation des gendarmes de la section de recherche de Lyon pour le 26 juin 2013.

Il va de nouveau être entendu pour le meurtre de Catherine.

Deux jours avant son audition, il craque.

Il appelle d'abord le major de Gendarmerie sur son portable pour clammer son innocence.

Puis, plus tard, dans la nuit, il appelle son frère, qui raconte en 2022.

Au bout du fil, Gérald est particulièrement confus.

Et il continue.

Si, c'est moi qui l'ai tué, t'as pas compris?

J'ai traversé en face de chez moi.

J'ai pris 3000 euros, je l'ai tué, je suis rentré chez moi.

J'ai regardé Magnum à la télé.

Mon esprit était dans la poste.

Non, mon esprit était chez moi et mon corps était dans la poste, je veux dire.

Enfin, c'est moi qui l'ai fait.

Gérald Thomasin ne croit pas...

Jérôme Thomasin ne croit pas aux élicuberations de son frère et lui conseille d'aller se coucher.

Le lendemain, Gérald le rappelle pour s'expliquer.

J'ai dit, mais qu'est-ce que tu avais pu?

Est-ce que tu t'étais troqué? T'avais pu?

Qu'est-ce que tu avais pu?

Jérôme, j'en ai tellement marre, il fait comme ça.

J'ai pris de l'alcool à 70 avec de l'exo 1000, puis voilà, le meilleur, j'avais été prêt.

Ce que Thomasin ne sait pas, c'est que ses proches et lui sont placés sur écoute depuis des mois.

Alors, quand ils se retrouvent devant les enquêteurs et les cuisinés pendant des réconfrontés plusieurs fois,

ce qui ressemble à des aveux.

Pourquoi a-t-il tué Catherine Biorgo?

Pour l'argent? Gérald Thomasin n'y.

Non, s'il a dit tout ça, c'est qu'il était à bout et que ça n'allait pas bien dans sa tête.

Mais ce n'est pas lui qui a fait le coup.

Les gendarmes tiennent les bizarreries de Thomasin comme des indices.

Et puis il y a cette filmographie qui se retourne contre le petit criminel de Doyon.

Un enquêteur remarque son personnage dans son dernier film, le premier venu de Doyon toujours.

Lui aussi se livre à une scène tragique où il agresse un homme avec un couteau.

Mélange en fiction et réalité, l'officier de PG fait un rapprochement avec le meurtre de Catherine Biorgo.

Et puis Thomasin est acteur, c'est son métier d'être à la fois lui-même et un autre.

Il a très bien pu tenir le rôle du meurtrier, puis quitter ce rôle et se persuader que ce n'est pas lui qui a agi.

La police a parfois plus d'imagination que le cinéaste ou les romanciers.

Le 29 juin 2013, Gérald Thomasin est interpellé,

mis en examen pour vol avec armes et meurtre sur personne chargée d'une mission de service public.

Ben en couru, la perpétuité.

Et puis l'appréciement, l'incompétence et l'inconscience en bondoulière.

Une erreur factuelle se glisse entre les lignes de certains quotidiens et hebdomadaires qui rapportent la nouvelle.

L'ADN de Thomasin match avec celui retrouvé sur la scène de crime.

Ce qui est faux, il n'existe aucune preuve génétique contre lui,

pas plus qu'il y a cinq ans quand il a été relâché, faute de preuve.

Et Thomasin passe deux ans en prison,

deux ans durant lesquels il ne cesse de répéter qu'il est innocent.

Désormais, il a représenté par le cabinet des rigues du Pomboretti.

Beatriz Dal, ex-collect des plateaux de cinéma, a fait jouer ses relations.

La suite est une succession de rebondissements procéduriers.

En mai 2015, il a remis en liberté,

placé sous contrôle judiciaire avec assignations à résidence et brasses l'électrobique,

puis renvoyé devant la Cour d'assises de Bourg-en-Bresse.

Mais alors que la tenue du procès semble un détail de calendrier,

la justice le reporte et l'ordonne un supplément d'information

avant de trancher sur un éventuel renvoi d'accusé devant les assises.

Parce qu'elle veut notamment passer au pain de fin l'ensemble des écoutes téléphoniques.

Un coup dure pour Raymond Burgo, pour qui Thomas Sein ne peut pas avoir tenu les propos qu'il a tenu sans fondement.

Ce n'est pas moi qui a inventé le mot, c'est lui.

C'est moi qui l'ai tué, et je l'ai tué.

Ça arrive à tout le monde d'être un petit peu alcoolisé par fois lors d'une fête, etc.

Est-ce que pour autant vous allez décrocher le téléphone en disant

la voisine qui est morte, c'est moi qui l'ai tué, quand même.

Et on a beau dire qu'on est complètement bourré quand on a dit ça.

Vous connaissez la citation latide, une vidéo véritable du vin sur la vérité.

En mars 2016, contre toute attente, le procès est annulé par la Chambre d'instruction pour manque de preuve.

Et fait encore plus inattendu, le tribunal de Bourg-en-Bresse est décési au profit de 2 juges d'instruction lyonnais

chargés de mener une enquête complémentaire.

En clair, on reprend tout à zéro.

Le 3 juin, Gérald Thomas Sain, toujours mis en examen et remis en liberté,

car en France, on ne peut pas maintenir plus de 3 ans une personne en détention provisoire.

D'autant que, en 2017, soit 9 ans après la mort de Catherine, l'affaire connaît un coup de théâtre.

Tout commence par une banale histoire d'usage frauduleux de carte bancaire.

Une jeune femme dépose plainte, un garçon qu'elle a rencontré sur internet lui a subtilisé sa carte bancaire

et lui a volé 600 euros par le cas du siècle.

Mais les gendarmes prélèvent tout de même son ADN, la routine.

Et là, c'est la stupéfaction.

Une fois rentré dans le fichier national des empreintes génétiques,

la trace correspond à celle retrouvée à 2 endroits sur la scène de crime de Montréal-Lacluse.

Une nouvelle enquête commence alors dans la plus grande discrétion

sur un nénommé Mamadou Diallo.

Presque 6 ans d'investigation, des centaines de personnes entendues, une valet pas séocraible, jamais son nom n'était sorti.

Au moment des faits, Mamadou a 19 ans.

Il est lycéen, vit chez sa mère à 5 km de Montréal-Lacluse

et travaille comme stagiaire préparateur de commande dans une entreprise d'un village voisin.

Quand les gendarmes l'interpellent au mai 2018, il est en violoncier en CBI.

En garde à vue, Mamadou Diallo commence par nier,

avoir mineuse, reste qu'à un pied dans la petite agence postale.

Et puis il part.

Et il explique pourquoi il s'est tué jusque-là,

comme le rapporteur d'un avocate, Sylvie Nojovic.

Il s'est rendu dans l'agence postale parce qu'il devait acheter des billets SNCF

et il ne trouvait personne à l'accueil.

Il s'est rendu dans l'enversal et il a découvert avec les froids cette horrible scène.

Il réflexe, alors qu'il n'a pas besoin d'argent, de prendre une hiège de billet qu'il a vue traîner près d'elle.

Il s'est dit que c'était la seule famille d'idéennes du village

et il s'est dit, on va tout de suite m'accuser, on va tout de suite dire que c'est moi,

alors que je n'ai pas commis le crime, je n'ai rien fait.

Donc il n'a pas osé, effectivement, se dénoncer. Il a eu peur.

Le jeune ambulancier est mis en examen pour meurtre et viol avec arme.

Mais Gérald Thomasin n'est pas disculpé pour autant.

Les deux suspects sont donc mis en examen pour les mêmes faits.

Pourtant, il ne semble y avoir aucun lien entre eux.

Ils ont 15 ans d'écart, évoluent dans des mondes très différents.

Ils ne se connaissent pas, ils ne se sont jamais croisés.

Alors, qui sera renvoyé devant une cour d'assises?

L'instruction touche à sa fin.

Et les deux gilgillonnés organisent une dernière confrontation entre les suspects.

La date est fixée au 29 foudre 2019.

À en croire ses proches, Gérald Thomasin est confiant.

Il est même impatient. Oui, il espère mettre un terme à l'affaire de la poste

et surtout éviter un procès.

Le jour du rendez-vous à Lyon,

Camille Rados, un avocate du cabinet du Pomporetti,

tourne en rond devant le bureau du juge en regardant sa montre.

Car son client ne se présente pas.

Il a pourtant bien pris le train.

Il a même été verbalisé entre la roche élénante pour non-présentation de billets.

À Nantes, des portiques l'empêchent de prendre sa correspondance pour Lyon.

Une femme le reconnaît et le voit sortir de la gare.

Son téléphone de géo qualise une dernière fois en banlieue de Nantes,

une ville où il ne connaît personne et où il n'a aucune raison de s'attarder.

Depuis ce jour, Gérald Thomasin n'est jamais réapparu.

Fin janvier 2020, les juges prononcent un non-lieu pour Thomasin

et maintiennent l'accusesse contre Diallo.

En avril 2022, l'ambulance y est acquittée au bénéfice du doute.

Le parquet avait requis 30 ans de prison.

Il est en revanche condamné à deux ans pour le vol d'un yace de billet.

La peine étant déjà couverte par sa détention provisoire,

à l'énoncer des verdicts,

Maman vous dit à l'eau pouce un soupir de soulagement,

embrasse les mains de son avocate et s'adresse aux caméras, soeur et souriant.

C'est un soulagement.

J'ai quand même de la peine pour la famille de la victime.

Il ne faut pas oublier qu'il y a quand même une femme qui est morte, sauvagement.

Mais depuis le début, je clamais mon innocence.

Aujourd'hui, la justice m'a entendue, donc je les remercie pour ça.

Et je vais essayer de me reconstruire petit à petit.

Une fois de plus, la famille de Catherine Burgo reste sans réponse.

Quelques semaines après le verdict de la cour d'assises,

Raymond, son père, qui disait ne vivre que pour un procès,

décède à l'âge de 81 ans sans avoir pu connaître la vérité.

Quand à Gérald Thomasin, on ne sait toujours pas où il est,

s'il est en vie ou non, et on ne sait toujours pas qui a tué Catherine Burgo.

Double mystère.

Trier les pages de mon passé.

Prendre un bassin ou même un fleuve

pour abonder le peur que j'ai.

Je pourrais bien embrouiller les pistes,

changer cent mille fois de visages,

rier nos noms de toutes les listes

et m'effacer des paysages

ouvertes,

à présent,

clignages.

Mamie-moi,

souris-moi,

tu cherches tellement à me suivre.

Mon travers,

mon travers.

Je pourrais bien changer de cible

de chaque nuit dans les apes,

me rendre au flot,

mon visible,

être inconnue à cette adresse.

Je pourrais bien me compromettre

de ne me souvenir de rien

et ne plus jamais reconnaître

d'avoir que je connais si bien

ou veille.

Et à présent,

clignages.

Mamie-moi,

souris-moi,

tu cherches tellement à me suivre.

Et à présent,

clignages.

Je pourrais bien me moyer de pistes,

changer sans l'elfra de usage,

réellement,

toutes les listes

et m'effacer des paysages.

France Inter,

affaire sensible,

Fabrice Drouel.

Aujourd'hui, l'affaire Gérald,

Thomasin, notre évité Florence Obna, bonjour.

Journaliste, grand reporter, journal Le Monde Autriste,

de l'Inconnu de la Poste,

ce livre paru aux éditions de l'Olivier,

c'est une enquête au long cours sur cette histoire,

un livre dont nous sommes largement inspirés

pour cette émission,

parce qu'il y a tout dans ce livre.

Il y a aussi votre oeil déjà,

quand vous commencez à vous intéresser

à cette affaire et pourquoi,

qu'est-ce qui vous a interpellé dans ce fait d'hiver?

La première chose est assez simple.

C'est une amie de Gérald Thomasin

qui l'avait justement casté pour le petit criminel,

ce film pour lequel il avait eu son césar.

M'appelle et dit voilà,

j'ai travaillé avec Gérald Thomasin

au moment où il était très jeune

et là il est mis en examen

pour une affaire criminelle terrible

et je suis persuadée qu'il est innocent.

Alors vous connaissez certainement

le mot terrible de Maître Florio,

qui était un des grands avocats du 20e siècle,

qui est de dire, en termes d'erreurs judiciaires,

je ne connais que les acquittements.

Et donc des personnes qui nous appellent

dans un « je suis innocent, sauvez-moi »,

il y en a beaucoup et c'est

parfois vrai et parfois non.

Et donc je ne savais pas

quoi en penser. Et donc on était au mois d'août,

je n'avais pas grand chose à faire

pour ne rien vous cacher.

Quand on est de permanence au mois d'août,

dans un quotidien, c'est pas le moment le plus trépidant,

forcément. Et donc je suis partie

à Montréal la Cluse, voir ce qu'il en était.

Et à l'époque, Gérald Thomasin était

emprisonné, était incarcéré.

C'est ce moment-là où il y avait eu

ces fausses aveux au téléphone.

Et donc je ne l'ai pas rencontré au début.

Et donc j'ai fait toute l'enquête à Montréal la Cluse.

Et c'était très intéressant

parce que ce que j'avais trouvé

très fort, et c'est pour ça que je m'y suis intéressé

ensuite et au long cours,

c'était le choc de ces deux mondes.

C'est-à-dire qu'un jeune acteur

qui boit trop de canette,

qui a un grand chien, qui fait du bruit

sur un banc public, à Paris,

je ne sais pas dire que ça ne choque pas,

on connaît cette image-là.

À Montréal la Cluse, non.

Et donc

il y avait le choc de ce monde

ouvrier, paysan,

resté dans une forme de ruralité,

à un endroit

où, pour vous dire, il n'y a en effet

pas de caméras de surveillance à la poste,

c'est vous dire si la tranquillité règne,

on ne voit pas pourquoi on en aurait mis.

Est-ce que ce que j'appelais

les « brave gens », il n'y a rien de péjoratif,

mais ça peut renvoyer

des pressions sociales

qui peuvent déboucher sur les affaires terribles.

Je pense à l'affaire Richard Romand,

cet homme qui venait de Paris,

qui est venu se retirer

dans un village des Alpes de Haute Provence

et il y a eu un crime terrible,

parce qu'il ne vivait pas comme les autres.

Il était accusé, à tort, il est allé en prison,

il s'en est parmi, il s'est suicidé.

Cette pression sociale

d'un village, ça a du poids

sur une enquête, et ça a eu du poids

dans cette affaire-là.

C'est justement

cette confrontation que je trouvais intéressante,

c'est-à-dire Catherine Burgault,

qui était donc

une jeune femme très appréciée dans le village,

qui était la fille d'un autre table,

son père Raymond Burgault, qu'on entendait plusieurs fois,

était secrétaire de mairie.

C'est un rôle important,

c'est la personne qui va vous donner le permis de construire.

On est là

dans cette organisation

d'une bourgade française

et surgit

ce Thomas Saint, et c'est vrai

que l'un des

voisins, donc tous ne sont pas comme ça,

mais là, en tout cas,

dit, pour nommer l'immeuble

dans lequel vit Thomas Saint, il dit

c'est l'immeuble des cas sociaux,

c'est l'immeuble des catastrophes.

Donc c'était en effet

un habitat social.

Donc c'est sûr

qu'on se trouve dans ce petit village,

dans cette petite poste,

où, si vous voulez, pour vous dire

que c'est une poste,

le grand chef

des services postaux de la région

ne savait pas qu'elle existait tellement les petites.

Donc c'était vraiment un endroit très confidentiel

sans caméras de surveillance,

avec juste deux employés.

C'est vraiment la petite poste de village.

Et donc pour savoir

qu'il y a quelqu'un de seul,

pour savoir qu'il n'y a pas de caméras de surveillance,

pour savoir qu'il y a un peu d'argent

qui est là dans un coffre, etc.,

il faut être du village.

C'est la première chose qui se passe,

la première dénonciation qui se passe.

C'est-à-dire que c'est l'un d'entre nous.

L'un d'entre nous seul pouvait savoir

que là, il y a cette situation-là.

Mais justement, est-ce que c'est pas rassurant

pour les gens de la bourgade

de savoir que c'est quelqu'un qui n'est pas d'ici,

ce type-là, qui vient...

Comme ça, le crime n'est pas endogène.

Sans doute,

sans doute.

En tout cas, il y a cette impression,

c'est l'un entre nous, et donc tout le monde,

les uns les autres.

Moi, quand j'y suis allée, même des années plus tard,

où Thomas a été déjà incarcéré,

on continue à se regarder un petit peu

comme ça, travers, ceux qui pensaient

que c'était pas lui, disaient, mais alors c'est qui.

Donc il y avait cette ambiance un peu comme ça.

Et donc, les regards se portent

tout naturellement, et vous avez raison,

vers celui qui ne ressemble pas aux autres,

et qui n'est pas l'enfant du pays.

Alors justement, celui qui ne ressemble pas aux autres,

vous le connaissez,

parce que vous l'avez rencontré plusieurs fois,

je crois que sur les bons publics, vous parliez,

il vous a montré les films dans lesquels

il jouait, je crois aussi.

Oui, oui, c'est vrai.

Je ne voulais faire le livre

quand en ayant accès

justement au village,

mais aussi à Gérald Thomasin.

Quand il a accepté que je fasse ce livre,

et que les gens du village

auraient mon burgo en particulier,

à accepter de me recevoir,

je me suis lancée dans cette aventure,

d'en écrire un livre.

J'ai rencontré dans un hôpital psychiatrique,

il sort de prison,

et il avait un peu mis la tête à l'envers,

ce que je comprends,

et donc il crée son innocence,

il sort, il met à l'hôpital psychiatrique,

et lui, il a été élevé en institution,

et donc il y avait une familiarité avec les institutions,

il disait, alors je vais voir ce qu'on mange à la cantine,

donc il y avait cet endroit

où tout le monde aurait été assez gêné

d'être rencontré, lui, en hétéravie,

et donc on s'est assis sur un banc public

de cette hôpital psychiatrique,

et il m'a montré sur le téléphone portable,

en effet, ses films,

il m'a raconté ses arts,

donc oui, on a entamé

une forme de...

je dirais pas d'amitié,

mais en tout cas, on s'appréhait...

de proximité.

Et qu'est-ce qui leur sort

de la personnalité de ce garçon?

Gérald Thomasin, c'est quelqu'un

de vraiment particulier,

c'est-à-dire qu'il est tout à fait

dans ce qu'il fait,

quand il joue au cinéma,

il est absolument au cinéma,

et c'est ce que disent ceux

qui ont tourné avec lui, c'est-à-dire,

c'est quelqu'un, pourquoi est-ce

qu'on va chercher quelqu'un

d'errant en dire, tiens, c'est absolument lui

qui me faut pour faire tel rôle dans tel film?

C'est qu'il a quelque chose de très précieux,

c'est-à-dire qu'il rentre dans le rôle

qu'on lui assigne,

et il devient cette personne.

Et donc les réalisateurs, vraiment, se l'arrachaient,

et il y a beaucoup de rôles qu'on lui a demandé

qu'il la refusait

par laisser aller, je dirais,

et donc qu'il n'a pas fait,

il avait cette très grande force

de jouer. Certains

ne juraient que par lui, ils ne voulaient faire des films

que pour lui, enfin c'était vraiment

quelqu'un de très particulier.

En revanche, quand il était dans la rue,

il était tout à fait dans la rue aussi.

C'est-à-dire qu'il ne faisait pas semblant.

Il comptait les sous

au fond de ses poches,

il donnait tout son argent à ses copains,

c'était vraiment

un SDF.

Alors justement, il est devenu SDF.

Bon, apparemment, il y a des thérémiquismes socials

des valises à portes qui sont lourdes,

une histoire familiale.

Et puis la drogue, manifestement,

c'est bien ce qui le précipite

dans le néant et dans le malheur.

Oui, c'est vrai que

il est toxicoman.

Il le racontait très simplement,

d'ailleurs, quand c'était ça,

j'ai fait ça, j'ai fait des cures de désintoxication,

j'en ai pas fait.

Donc c'est vrai que la drogue et les addictions

jouent un très grand rôle.

Sa mère était elle-même

il le racontait aussi

était elle-même alcoolique,

c'est pour ça d'ailleurs que ses enfants

avaient été placés.

Et lui est né

avec sa mère était alcoolisée quand elle a accouché,

lui est né

avec de l'alcool dans le sang.

Cet héritage là, on s'en fait dit.

On en reparle dans 3 minutes, Florence.

C'est le gaz comme place.

C'est tout.

Ici,

ou chez moi

j'ai pas de noeuds.

I feel it always, you turn my world around

Don't say it's your world

Dream on, what a fool

I hide the words, I hide it all with time

I'm not sure I'm sure

But I'm not sure

You're a fool

You're a fool

You're a fool

You're a fool

You're a fool

You're a fool

You're a fool

You're a fool

You're a fool

Waiting for the light

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

Qu'est-ce qu'il y a?

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durée :00:55:25 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle, Franck COGNARD - Aujourd’hui dans Affaires Sensibles, un crime non élucidé. Celui de la postière de Montréal-la-Cluse. - invités : Florence Aubenas - Florence Aubenas : Grand reporter pour "Le Monde" et essayiste - réalisé par : Frédéric Milano