Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: L’affaire Edgar Boulai - Le récit

Europe 1 Europe 1 8/19/23 - 28m - PDF Transcript

Une affaire criminelle de 1995 aujourd'hui qui se déroule à Volpénie en Sainte-Émarne.

L'assassinat de toute une famille.

Le père, Donald Davila, la mère Stéphanie Sané et leurs deux enfants en bas âge,

que l'on retrouve six pieds sous terre enterrés devant le cabanon où ils vivaient.

Je ne vous en dis pas plus.

Sachez simplement que dans cette affaire, il y a de la magie vaudou,

il y a aussi un voyant, ma foi, assez clair voyant.

Et voici donc cette étrange histoire que j'ai écrite avec Thomas Houdoir,

« Réalisation Céline Le Brase ».

Au début des années 90, en Sainte-Émarne, un jeune couple, Stéphanie Sané et Donald Davila,

pensent avoir trouvé un petit nid d'amour, pour pas cher.

Ils n'ont pas trop de sous, Donald est musicien, guitariste,

et de temps en temps, il joue dans un bar à Volpénie,

une petite ville de 11 000 habitants, pas très loin de Meulen.

Et derrière le bar, il a repéré un terrain,

un grand terrain avec une petite maison en pierre et un cabanon.

L'endroit est inoccupé.

Alors en 1991, Donald et Stéphanie décident de s'y installer, de squatter le cabanon.

On sait pas le pérou, hein, mais c'est déjà à toi.

Et de temps en temps, ils invitent des copains, ils font des soirées,

ça danse le zoo, ça fume le pétard, ça boit du rhum, la belle vie, pour pas cher.

Un jour, bien sûr, ils reçoivent la visite de la mairie.

Le terrain vient d'être vendu, et donc,

on leur conseille de ne pas se faire d'illusion, de ne pas trop s'installer.

Ça ne durera pas.

Ok, mais ce qui est pris est pris.

Et en vérité, ça dure.

En 1991, c'est là que naît leur premier enfant,

Donald Jr.

Et un an plus tard, leur deuxième enfant,

une petite fille donna-t-elle.

Et à chaque fois, ils les baptisent,

et ça donne lieu à de grandes fêtes,

et les années passent.

1991, 1992, 93, 94 et 95.

Et puis, un jour de septembre 1995,

la mère de Stéphanie reçoit un coup de fil de la mère de Donald.

Allô ?

Oui, bonjour.

Dis-moi, est-ce que les enfants sont chez toi ?

Ah non, pourquoi ?

Écoute, Donald aurait dû passer mercredi à la maison.

Il est pas venu.

Et depuis que j'essaye de le joindre, aucune nouvelle.

Je suis inquiète.

Donald, Stéphanie et leurs deux enfants ont disparu.

Et quand la mère de Stéphanie s'en aperçoit,

ça fait au moins dix jours que personne n'a de nouvelles.

Stéphanie est agent de service dans un lycée de melins.

Elle n'est pas allée travailler depuis une semaine.

Qu'est-ce qui se passe ?

Les deux grands-mères sont très inquiets.

Est-ce qu'ils se sont disputés ?

Mais enfin, ça n'est pas une raison pour se cacher.

Et donc la mère de Stéphanie se met à passer des coups de fil

aux copines de sa fille.

Et elle en apprend de belle.

Vous avez bien raison de vous inquiéter.

Elle m'a raconté que Donald, d'une fois,

l'a poursuivi avec un coupe-coupe.

Je sais pas si vous avez remarqué le nion

sur le toit de la voiture, l'alpha Romeo.

C'est un coup de coupe-coupe que Donald a donné.

Pas très rassurant.

La mère commence à se demander si Donald n'a pas tué sa fille.

...

Et donc à un moment, elle se digivait.

Elle habite Montreuil, elle décide d'aller sur place

sur le fameux terrain de Volpénie.

Et comme elle a un peu la trouille,

elle y va avec son fils et sa nièce.

Ils arrivent devant le cabanon

en début d'après-midi.

T'as vu ?

C'est bizarre.

Les voitures sont là.

Le cabanon a l'air vide.

Alors ils forcent une fenêtre, ils entrent.

Il n'y a personne.

Mais tout a l'air en place.

Leurs cartes orange sont là,

leurs médicaments, les couches de la petite,

leurs affaires toutes et là.

Il y a même la guitare de Donald au beau milieu du salon.

C'est bizarre quand même, enfin.

Donald serait jamais parti sans sa guitare.

Et donc il ressorte.

Et ils vont rendre visite à l'un des meilleurs amis de Donald

qui habite le coin, Roland,

qui semble avoir sa petite idée

sur les raisons de leur départ.

Et d'après ce que j'ai compris,

Donald était soupçonné dans une affaire de drogue.

Il a dû vouloir mettre sa famille à l'abri.

La mère de Stéphanie est un peu surprise.

Elle sait que Donald fume un petit pétard de temps en temps.

C'est un musicien qui plus est guitariste de Zouk,

sa carbure au bédo, tout ça.

Mais un trafic de cam,

ça ne lui ressemble pas.

Et là, elle se dit,

tant pis, j'y retourne.

Je retourne au cabanon.

Et regarde,

il y a de la lumière.

Ils sont peut-être entrés.

Ils vont frapper à la porte.

Un grand noir le roue.

Il se présente.

Il s'appelle Edgar Boulet.

Il est martiniqué, il dit qu'elle est un ami de Donald

et le parrain de l'un des deux gamins.

Ah d'accord, monsieur Boulet.

On cherche Donald et Stéphanie.

Vous ne savez pas où ils sont.

Donald et Stéphanie ?

Ils sont partis, avec les enfants,

dans un camion blanc qui est venu les chercher.

Et avant de partir,

Donald m'a demandé de garder la maison

et ses instruments de musique, c'est ce que je fais.

Je n'en sais pas plus.

Le gars prétend que, mi-septembre,

ils sont rentrés de la fête de l'humanité,

qu'ils se sont disputés

et que, précipitamment,

ils sont partis dans une camionnette blanche

et qu'ils ont emporté d'ailleurs un matelas avec eux.

La mère remarque la présence

dans le cabanon d'une jeune femme,

blonde, la quarantaine,

qui ne se présente pas,

mais qui a l'air d'acquiécer à tout ce qu'il raconte.

Et puis à un moment, la discussion tourne court.

Le Edgar s'énerve.

Bon, maintenant, faut nous laisser.

Vous n'avez rien à faire là.

Je suis chez moi maintenant.

Et repassez pas comme ça sans prévenir.

En quittant le cabanon,

la mère, son fils et sa nièce

ont comme un mauvais pressentiment.

Ils ne croient pas un mot

de ce que cet Edgar vient de leur raconter.

Enfin,

Stéphanie venait tout juste de trouver du travail.

Elle ne serait pas partie comme ça.

Et puis, elle a vu les médicaments

contre l'exhéma de la petite Donatella

mais non, il ne serait pas partisan.

Et donc, tracassé par tout ça,

la mère file tout droit

au commissariat de Melin,

où on l'accueille par le traditionnel.

Ah, mais madame,

vos enfants sont majeurs.

Ils ont le droit de circuler librement,

de partir où ils veulent.

On ne peut rien faire pour vous.

La mère ne baisse pas les bras.

Elle écrite au procureur de la République.

Je viens solliciter votre haute

bienveillance au sujet de ma fille.

Si je n'ai pas de nouvelles, c'est qu'elle est en danger.

N'y a-t-il pas un autre moyen

pour que des recherches sérieuses soient faites

avant qu'il ne soit trop tard,

que tout bascule dans l'horreur.

Mais ça va être

classé sans suite par le parquet de Melin.

La mère n'aura jamais de réponse.

Et donc, la mère retourne régulièrement

sur le terrain.

Vous avez des nouvelles de Donald

Stéphanie ?

Ah non, aucune !

Et ce qui choque la mère,

c'est que c'était garboulé.

Il se comporte comme s'il était chez lui.

Il s'est permis de faire installer

une arrivée d'eau sur le terrain.

Il nourrit les poules.

Et surtout, il a mis son nom

sur la boîte aux lettres.

La mère se rancarde.

Elle s'affile et de son gendre.

Vous le connaissez, cet être garboulé, là ?

Il était vraiment intime

avec Donald Stéphanie ?

Ah non.

Non intime, je dirais pas.

D'ailleurs, Stéphanie ne l'aimait pas beaucoup.

Dans mon souvenir,

elle avait même un peu peur de lui.

Les copains racontent

que cet être garboulé est alcoolique,

qu'il est bagarreur,

qu'il a mauvaise réputation.

Et la mère commence à trouver de plus en plus étrange

que la fille et son gendre

lui aient donné leur cabanon.

Mais la police de Melin

refuse toujours de bouger.

Les adultes ont le droit de disparaître.

Les adultes ouaient.

Mais les enfants.

La mère qui habite Montreuil,

en banlieue nord de Paris,

décide d'aller à la brigade des mineurs de Montreuil

pour signaler la disparition

de ces petits enfants.

Et là encore,

on est dans un jeu de qui ?

Écoutez, madame, cessez de revenir.

Enfin, vous êtes une emmerdeuse.

Enfin, j'ai le droit de voir mes petits enfants.

Je sais que c'est mon droit.

C'est la loi.

J'ai le droit de les voir.

Je veux savoir où ils sont.

Mais votre loi, madame,

elle existe qu'au cinéma.

Bon.

Ok, la mère se dit.

Je réalertais la presse.

Alors elle prend rendez-vous

Bonjour monsieur.

Merci de me recevoir.

Voilà.

Ma fille me donne plus de nouvelles

depuis des semaines.

Elle a disparu.

Et surtout, il y a un homme qui occupe son logement.

Il se passe quelque chose de grave.

Vous pouvez m'aider.

Mais le journaliste

s'aligne sur la police.

Il n'y a pas d'enquête.

Donc il n'y a pas d'affaires.

Et donc ça ne le concerne pas.

Le sentiment d'être abandonné de tous.

La mère se met alors à coller des affichettes

partout dans Mologne.

Et les amis de Donald et Stéphanie

commencent à se remuer eux aussi.

Sylvie, par exemple,

va voir un voyant.

Alors vous connaissez ma position sur les voyants.

Je n'y crois pas.

N'empêche que la copine pose une photo du couple sur la table.

Je vois

un terrain.

Un terrain vague.

Je vois une maison

comme une cabane.

Voilà.

Je vois un grand homme noir.

Oh bah celui-là,

sa mère aurait mieux fait pas le mettre au monde.

Attendez.

Oh quelque chose de terrible s'est passé.

Je vois du sang sur les murs.

Je vous l'ai dit.

Je ne crois pas du tout à tout ça.

Mais c'est trou blanc.

La copine, en tout cas, a l'air d'y croire.

Elle emmène le voyant sur place

sur le terrain de Volpénie.

Et là, il tombe néané avec Edgar.

Bonjour.

Des nouvelles de Stéphanie, monsieur Boulet.

Ah non.

Pas de nouvelles.

De toute façon, je crois pas qu'ils reviendront.

Et là, le voyant

fait de grands signes à la copine.

Venez. Venez, partons vite.

Cette personne-là

elle a déjà tué.

Et nous voilà

fin juin 1996.

9 mois que la petite famille a disparu.

Et une fois de plus,

la mère de Stéphanie va sur place.

Et là, grosse surprise.

La voiture de Donald

et celle de Stéphanie

ne sont plus là.

La mère demande des explications à Edgar Boulet.

Les voitures.

Bah elles pourrissaient.

Donc je les ai vendues à la casse.

Vous les avez vendues ?

Mais on rêve, enfin.

Vous n'avez pas le droit.

Mais moi, la mère, j'ai pas le droit de vendre les voitures.

Enfin, ça peut pas se passer comme ça.

Et elle remarque au passage

qu'Edgar Boulet est ivre.

Qu'il a les yeux rouges.

Qu'il est défoncé.

Alors elle retourne à sa voiture.

Elle s'effondre.

Stéphanie est morte.

J'en suis sûr.

Je suis sûr qu'elle est enterrée sur le terrain.

Et elle file au tribunal de grande instance de Bobigny.

On ne veut pas s'occuper de la disparition de sa fille.

Ok. Elle porte plainte pour le vol des voitures

et pour la disparition des petits enfants

directement auprès du procureur.

Et c'est grâce au vol des voitures

qu'une enquête est enfin ouverte.

Neuf mois après la disparition du couple et de leurs deux enfants.

Que de temps perdu.

Et les policiers se mettent à interroger

tous ceux qui sont passés sur le terrain

depuis neuf mois.

Et là, ils s'aperçoivent que le fameux Edgar

a donné à chacun une version différente à chaque fois.

Un coup, il a parlé d'une camionnette blanche

et puis une autre fois d'une voiture blanche.

A certains, il a parlé d'une dispute juste avant

et à d'autres, non.

Alors discrétose, il commence à se rencarder

sur cette aide garboulée.

C'est un martiniqué, il a 40 ans.

Après une scolarité chaotique, il a vécu de petits boulots

maçons, plombiers, ouvriers, agricoles.

Il est arrivé en métropole à 19 ans, il y est resté.

Il s'est marié deux fois et il a eu deux enfants.

Et alors, il a un casier judiciaire,

épais comme un bottin.

Violence conjugale,

une de ses femmes est passée par la fenêtre,

trouble de voisinage,

bagarre à coups de tesson de bouteilles,

vol, recèle,

accident avec délut de fuite,

outrage, rébellion, violence, insulte

et même attentat à la pudeur avec violence.

Et d'ailleurs, il vient d'être condamné

pour conduite en état d'ivresse

et fin juin 1996,

un fil en prison.

Mais un jour, les policiers

qui veulent perquisitionner sur le terrain

vont l'extraire de sa cellule

et l'amènent sur place.

Et il remarque tout de suite,

sur le bord de la fenêtre du cabanon,

des petits pots pour bébés,

moisis,

étgards,

n'a pas d'enfants en basse,

que font ces petits pots de bébés

là.

Ensuite, ils font le tour du cabanon avec lui.

À un moment, il a l'air très stressé.

Ensuite, ils examinent le plancher.

Et dis-donc,

t'as vu la tâche là ?

On dirait du sang, non ?

C'est quoi cette tâche, monsieur Boulet ?

Bah oui, c'est du sang.

C'est moi.

Je me suis coupé.

Les policiers remarquent aussi

qu'il manque un morceau de la moquette

et qu'une partie du mur a été repeinte

et tapissée.

Ça sent le camouflage.

Et puis, les policiers font le tour du voisinage.

Et ils en apprennent une bien bonne.

Edgar Boulet est à la colle.

Il a une maîtresse.

Et savez-vous,

quel est le métier de sa maîtresse ?

Lui, vous avez compris que c'est un bonarien,

que c'est un bras cassé,

qu'il n'y a rien à en tirer.

Et bien sa maîtresse est médecin.

Figurez-vous.

Quel couple bizarre.

Et donc, les policiers la convoquent.

Madame,

étiez-vous avec monsieur Boulet

les 16 et 17 septembre 1995,

c'est-à-dire le jour où disparaît la famille d'Avila ?

Bah oui, j'étais là.

Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui s'est passé ?

Mais oui,

ils sont rentrés.

Ils sont arrêtés.

Ils sont arrêtés.

Ils sont arrêtés.

Ils sont arrêtés.

Ils sont arrêtés.

Ils sont arrêtés.

Ils sont rentrés de la fête de l'humanité.

Puis là, ils sont partis dans son camion blanc.

Ils ont laissé les clés de la maison à Edgar.

Incroyable.

Elles racontent les mêmes sornettes que lui.

Alors, les policiers la poussent gentiment dans ses retranchements.

Et assez vite, elles craquent.

Ce matin, j'ai reçu une lettre d'Edgar.

Depuis sa prison,

il m'a demandé de vous dire la même version que lui.

Et qu'avez-vous fait de cette lettre, madame ?

Je l'ai déchiré.

Où ?

Je l'ai jeté dans une poubelle devant une boulangerie.

Les policiers retrouvent la poubelle.

Et dedans, la lettre déchirée.

Ils refont le puzzle.

La lettre fait trois pages.

Je vous épargne les petits mots d'amour au début.

La suite est très intéressante.

Les policiers pensent que je sais quelque chose

et je ne veux rien dire.

Ils cherchent des cadavres.

Ils m'ont posé plein de questions auxquelles j'ai répondu.

Mais il y en a une qui me chagrine.

Celle du matelas.

Tu vas leur dire que j'ai passé le week-end avec toi

dans la maison de Donald.

Qui n'y avait pas de matelas, évidemment,

puisque Donald était parti avec le dimanche.

On a donc dormi sur le sommier.

Et tu vas dire aux policiers que c'est après seulement

que j'ai pris mon matelas

et que je l'ai mis sur le sommier.

À juste titre, Edgar Boulet conclut sa lettre par ses mots.

Cette histoire me fait peur.

Peur.

Ah bon.

Et pourquoi donc, monsieur Boulet,

auriez-vous quelque chose sur la conscience ?

Et après l'épisode de la lettre,

les policiers la placent en garde à vue.

Alors madame, reprenons.

Où étiez-vous dans la nuit du 16

au 17 septembre 1995 ?

Elle était là.

Et elle dit qu'il l'a séquestrée dans le cabanon.

Qu'elle s'est assoupie.

Mais c'est la suite qui est bien intéressante.

Je me suis réveillé.

En sursaut.

Là, j'ai entendu comme des hurlements de bêtes.

Des bêtes qu'on égorgait.

C'était décrit.

Oh oui, oh oui.

Elle dit les choses sans le dire.

Elle laisse entendre qu'Edgar, cette nuit-là,

a tué Donald, Stéphanie et les deux enfants.

Et au dernier moment, elle rajoute...

Je pense qu'ils les ont enterrés.

Sur le terrain.

Les policiers réquisitionnent une pêleteuse.

Et ils lui donnent l'ordre de creuser derrière le cabanon.

Puis, là, l'endroit où Edgar Boulet avait blémi

lors de la perquisition.

La pêleteuse dégage d'abord un matelas.

Et puis des eaux et des pattes de poulet.

Et soudain...

Stop !

Un petit bijou doré vient d'apparaître.

C'est une chaîne.

C'est une chaîne d'enfants.

Et dans le godet de la pêleteuse,

les policiers découvrent ce qui semble bien être

les restes d'un bébé.

Sans doute, la petite Donald est là.

Alors on creuse encore, délicatement,

et apparaît le corps d'un petit garçon,

le petit Donald Jr.

Et puis deux corps d'adulte,

Donald et Stéphanie.

Les quatre corps étaient enterrés derrière le cabanon,

depuis le premier jour.

Depuis un an.

Stéphanie avait raison.

Pendant des mois, personne ne l'a écouté.

Mais elle avait raison.

Les corps, un an plus tard, sont méconnésables.

Mais on lui montre le bijou.

Oui. C'est la médaille de Donald et là.

On lui montre aussi un bracelet de tissu avec des permes.

C'est celui que Stéphanie avait au pied droit.

Et puis on le présente des bagues.

On les connaît.

Ce sont les bagues de Donald.

Edgar Boulet est mis en examen

pour l'assassinat de Donald Davila,

de Stéphanie Sané,

et de leurs deux enfants.

Mais quand on lui demande de s'expliquer,

il n'y a rien à en tirer.

Ce n'est pas lui qui les a tués.

Les médecins légistes réalisent

l'autopsie des quatre corps.

Ils trouvent du sang dans les poumons de Donald Davila.

C'est le signe qu'il est mort en position couchée,

sans doute dans son lit,

dans la chambre,

ce qui expliquerait que Boulet

est découpé la moquette de la chambre.

Alors que ça compagne, Stéphanie,

serait mortelle en position verticale.

Elle présente des plaies aux coups et aux flancs.

Le légiste pense qu'elle a tenté de se défendre.

Et l'arme, alors ?

Et bien d'après le légiste,

ça serait une arme tranchante et massive.

On pense tout de suite à un coupe-coupe,

emblématique désentie.

Et la maîtresse d'ailleurs confirme

Edgar Boulet possédait bien un coupe-coupe,

dont la lame faisait au moins 30 cm.

On le cherche partout.

On ne le trouve pas.

Et je vous le dis tout de suite,

on ne le retrouvera jamais.

En l'absence d'aveux,

l'instruction cherche donc

avait le meurtre en recoupant des témoignages.

Parce que finalement, vous allez voir,

des tas de gens ont vu des choses.

Le samedi 16 septembre, en fin de journée,

des voisins entendant Edgar et Donal

se disputer.

Le lendemain,

l'un de leurs amis communs, un certain Roland,

passe sur le terrain vers 14 heures.

Il tombe sur Edgar Boulet qui lui aurait dit

j'ai fait une grosse connerie.

Et qui lui aurait formulé une drôle de demande.

Il m'a dit, est-ce que tu connais quelqu'un

qui sait faire du vaudou ?

Le vaudou.

Le vaudou est un culte pratiqué entre autres

aux Antilles.

Et ça pourrait expliquer la présence

des pattes de poulet au-dessus des cadavres.

Vous vous souvenez ?

Quand on a creusé, on est tombé d'abord

sur des eaux de poulet et sur des pattes.

Le sacrifice de volailles est un classique

des pratiques vaudou.

Et le vaudou d'ailleurs pourrait aussi expliquer

un petit pot de bébé sur le bord de la fenêtre

du cabanon, juste au-dessus des cadavres.

Car dans le vaudou,

il faut nourrir l'âme des défins,

histoire que leurs esprits ne viennent pas vous

importuner, vous persécuter.

Edgar Boulet est un adepte

de la magie noire.

Et on va s'en apercevoir, il a fini par entrer

en contact avec un prêtre vaudou

qu'il avait rencontré en prison.

On aimerait bien qu'il s'explique là-dessus.

Et sur le reste,

mais à chaque interrogatoire,

il se tait.

Reste à lever un mystère.

Et la maîtresse.

Le docteur.

Quel est son rôle ?

Elle dit qu'elle a entendu des cris,

qu'elle était séquestrée dans le cabanon.

Mais est-ce qu'elle n'aurait pas un rôle plus actif ?

Est-ce qu'elle n'était pas présente

au moment des meurtres ?

Le juge d'instruction en tout cas,

n'a pas l'intention de lui donner un rôle secondaire.

Il l'aimait en examen pour non dénonciation

et destruction de preuves.

Ça, c'est la lettre.

Et il l'envoie en prison.

Mais, je vous le dis tout de suite,

le juge est convaincu que la maîtresse

a joué un rôle plus important qu'elle ne le dit.

Mais il ne pourra jamais le prouver.

Après un mois et demi passé en prison,

il est obligé de la remettre en liberté.

Et à la fin de l'instruction,

elle bénéficie d'un non lieu.

La mère de Stéphanie est furieuse.

Mais c'est comme ça.

Edgar Boulet est donc seul,

le 6 juin 2000,

dans le box de la cour d'assises de Melin.

Un colosse,

avec quelque chose d'assez fort,

d'assez magnétique dans le regard.

Mais la maîtresse médecin

est évidemment appelée à témoigner.

Quand elle entre dans la salle d'assises,

elle ne le regarde pas.

Et trop content de ne pas se retrouver

sur le banc désaccusé,

elle n'assume rien.

Je sais rien à moi.

Je me souviens plus.

Je suppose, enfin.

Mais enfin, madame,

vous avez quand même dit

que vous aviez été réveillé

par des cris horribles.

Je le lis sur votre procès verbal.

J'ai prononcé cette phrase, moi.

Ce ne sera pas plutôt les policiers

qui me l'auraient suggéré.

Amnésique,

comme c'est commode.

Au procès d'Edgar Boulez,

on tente de comprendre le mobile

sans pouvoir compter sur lui,

puisqu'il nie.

Pourquoi a-t-il tué une famille entière ?

Pour récupérer ce bout de terrain

et ce cabanon

qui n'appartenait même pas

à Donald Davila ?

Eh ben, c'est probable.

Parce qu'on apprend que juste avant le meurtre,

en juin 1995,

Edgar Boulez, qui habitait en HLM,

à Damarie-Lélisse, a été expulsée.

Il ne payait plus son loyer.

Et il s'est retrouvé donc sans logement.

Et sa maîtresse,

aurait alors menacé de le quitter

s'il ne trouvait pas un appartement.

Et vite. Alors il aurait cherché.

Il n'aurait finalement trouvé que cette solution.

Tuer Donald, sa femme et ses gosses

pour récupérer leur squad

et garder sa maîtresse.

À part ça dans le dossier,

en l'absence d'aveu.

Il n'y a pas de preuves.

Il n'y a pas d'ADN.

Il n'y a pas d'armes du crime.

Il n'y a pas de témoins directs.

Et Boulez le sait.

Et il en joue.

À un moment, le père de Donald,

qui est aveugle,

se tourne vers Boulez.

Boulez.

Libère-toi.

Ton péché n'est pas couvert.

Boulez.

N'oublie pas le sixième commandement.

Mais quant à la fin du procès,

on demande à Edgar Boulez

s'il a quelque chose à ajouter.

Il dit.

J'affirme que je n'ai pas tué Donald et sa famille.

Et donc au moment du verdict,

les jurés ne peuvent compter

que sur leur intime conviction.

Au terme de huit jours d'audience,

l'avocat général requiert

la perpétuité pour Edgar Boulez.

Et il obtient gain de cause.

Boulez et condamné à perpét.

Sans peine de sûreté.

Le bout de terrain de Volpénie

a fini par être vendu 1,50€ du m².

Aujourd'hui, c'est un lotissement.

Sous-titrage ST' 501

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Une affaire criminelle qui mêle « magie vaudou » et « voyance ». En 1995, l’assassinat de « toute une famille » : le père, Donald Davilla, la mère Stéphanie Sanet et leurs deux enfants en bas âge que l’on retrouve enterrés devant le cabanon ou ils vivaient… à Vaulx-le-Pénil, en Seine-et-Marne.