Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: L'affaire dite du Grand Bornand - Le récit

Europe 1 Europe 1 8/13/23 - 28m - PDF Transcript

Je vais vous raconter aujourd'hui l'une des affaires criminelles les plus incroyables

du début des années 2000, l'affaire Flactif.

Toute une famille, le père, la mère et les trois enfants assassinés dans leur chalet

de la station de ski du grand bornant en Haut-de-Savoie, il a fallu des mois d'enquête

pour identifier l'assassin David Houtia, un voisin, un voisin jaloux de leur richesse

qui n'a d'ailleurs jamais vraiment livré lui-même la moindre explication sur son geste.

Mais qui pendore des jours et des jours avant son arrestation, a paradé avec sa femme

devant les caméras pour dire « pique pendre des morts, pique pendre des Flactifs » et

je vous ferai entendre d'ailleurs des extraits des nombreux interviews qu'il a accordés

avant d'être interpellés, vous les avez sans doute déjà entendus, mais je vous

jure qu'à les réécouter, on reste absolument stupefait.

Voici cette histoire que j'ai écrite avec Thomas Houdoir, réalisation Céline Lebrunze.

Cette histoire débute par une scène terrible, car elle met en scène un gamin de 14 ans,

Mario.

Un samedi d'avril 2003, Mario, dont les parents sont divorcés, vient passer le week-end

chez sa mère, Gradiela Ortolano.

Elle a refait sa vie et il habite avec son compagnon Xavier, Xavier Flactif, dans une

station de ski de haute-savoie, le grand bornant.

Et voilà donc Mario, le pauvre Mario, qui débarque pour le week-end en taxi vers 10h

du matin.

Le taxi s'arrête devant le chalet familial, il attrape son sac, il descend et il sonne.

Pas de réponse.

C'est bizarre, mais ils ont dû aller faire une course.

Heureusement, le taxi est encore là, il fait froid au mois d'avril, en altitude.

Ça vous embête pas, si j'attends au chaud dans le taxi ? Je pense qu'ils vont pas

tarder.

Les heures passent, le compteur du taxi tourne toujours et maintenant il est 13h.

Mais au restaurant, il n'y a personne, ni Gradiela, ni Xavier, ni aucun des trois

demi-frères et sœurs du petit Mario.

Bon, vient le moment où il faut renvoyer le taxi.

Au revoir monsieur, je suis désolé hein.

Et en début d'après-midi, Mario trouve refuge chez un ami de sa mère et de son

beau-père.

Et comme tout ça n'est pas normal, l'ami finit par aller au chalet.

Et là il s'aperçoit qu'une porte fenêtre est restée ouverte.

Alors il entre.

Ça alors ?

À l'intérieur, c'est rangé nickel-crôme et entre nous, c'est très étonnant.

Les flactifs qui vivent là à 5 sont du genre bordélique.

Mais à part ça, rien de particulier.

Le soir arrive et Mario de plus en plus inquiet appelle sa grand-mère Vincenza.

Oui c'est ça mamie, ils sont pas là, ils ne répondent pas au téléphone, je n'ai

pas de nouvelles.

Et il n'y a personne au chalet depuis ce matin.

T'as raison, c'est très inquiétant Mario, faudrait prévenir les gendarmes non ?

Les gendarmes tout de suite pensent à un accident de la route, d'autant qu'on leur

raconte que Xavier en général conduit très vite, même sur les routes de montagne, il

a peut-être précipité toute sa famille au fond du ravin.

Et donc on envoie des patrouilles fouillées les routes à l'entour, mais ça ne donne

rien.

Le dimanche passe, aucune nouvelle.

Et le lundi matin, les trois enfants, les trois demi-frères et sœurs du petit Mario,

ne sont pas à l'école.

Et là les gendarmes décident de perquisitionner le chalet.

Et un truc leur paraît tout de suite bizarre, il y a une marmite pleine sur la cuisine.

Et ils ouvrent le frigo, il est plein à rapport, et puis les ordinateurs portables

sont là, qui traînent.

Ces gens-là n'avaient pas du tout prévu de partir, tout indique qu'ils avaient l'intention

de passer le week-end là.

Et bizarre aussi, ils manquent deux cohettes sur le lit de Laetitia et sur celui du petit

Grégory.

Tiens, il manquait aussi la voiture, un 4x4 Toyota rouge.

Bon, vous m'envoyez un hélico, balisez tous les abords du Grand-Bornand.

On cherche un véhicule de marque Toyota de couleur rouge.

Reçu ?

Reçu.

On envoie aussi des plongeurs fouillés le Lac Dansey.

Rien.

Les Flactifs, Xavier, Grasiela et leurs trois enfants, Sarah, 10 ans, Laetitia, 9 ans et

Grégory, 7 ans, ont disparu.

48 heures après leur disparition, le procureur de la République ordonne une deuxième perquisition

du chalet.

Et là, grosse surprise ! Vous vous souvenez des ordinateurs ?

Eh bien ils ne sont plus là, et il manquait aussi des dossiers qui étaient là lors

de la première visite.

Quelqu'un est entré dans le chalet depuis leur dernier passage.

Étonnant !

Est-ce qu'il y avait des choses qu'on promettant dans ces ordinateurs ?

Est-ce que du coup, ils ne sont pas venus les récupérer eux-mêmes ? Est-ce qu'ils

ne se sont pas enfouis ? Et si oui, pourquoi ?

Alors on commence à s'intéresser aux affaires des Flactifs.

Les Flactifs sont des promoteurs immobiliers et on découvre qu'ils ont des dettes.

Et que par ailleurs, ils n'ont pas que des amis au Grand-Bornand.

Les gens racontent que…

Ils sont bénéficiaires de passe droit pour leurs projets de construction à ouai.

Et puis entre nous, ils auraient vendu des chalets sur plan qui n'avaient pas l'autorisation

de construire.

Rago !

Le 17 avril, ça fait six jours que les Flactifs ont disparu.

Les gendarmes reviennent une troisième fois au chalet.

Mais cette fois-ci avec des experts.

Et au bout d'une heure, les experts appellent leurs commandants.

Ça sent pas très bon, hein, chef ? On a trouvé des choses inquiétantes.

Ils ont trouvé des traces entre les lattes du plancher.

Du sang, du sang, et aussi des débris de fer sur le sol, et un morceau dedans, une molère

d'enfant.

Et au pied d'un rideau, une douille de calibre 635, on les a tués, on les a tués.

Et ça se confirme quand on s'aperçoit qu'une partie du tissu sur le mur de l'escalier

a été arrachée récemment, et que la moquette de la chambre de l'une des filles a été

découpée sur une longueur d'un mètre 20.

Si vous ajoutez à ça la disparition des deux couettes, on les a tués, on les a tués

ici chez eux.

Mais pourquoi ?

Les gendarmes se lancent alors dans une enquête de voisinage, et ils ne sont pas déçus du

voyage.

Ils apprennent d'abord que les flactifs ne sont pas de là, ce ne sont pas des savoyards,

ils sont arrivés il y a cinq ans du nord de la France, et du coup les gens du coin

ne sont pas tendres avec eux.

Vous voulez mon avis ? Ils sont enrichis trop vite, hein ? Ils avaient tout, hein, le bateau,

la moto, le 4x4, et vous avez vu le chalet ? Tout est neuf.

Mais en vérité, ce qui les excite beaucoup, les gens, c'est que Xavier Flactif est noir,

enfin métis.

Un noir qui est réussi en haute savoie, c'est pas bien normal, on n'a jamais vu ça.

L'un des voisins les plus féroces à leur endroit s'appelle David, David Houtia.

Il est passé par Xavier Flactif pour louer son appartement.

Je lui payais un loyer en liquide commune, disais tout le temps, à la fin du mot, et

en fait, après au fil du temps, j'ai su que les propriétaires n'avaient jamais

t'immu au courant, nous savions même pas qu'est-ce que, comme moi, je m'appelais,

qu'est-ce que j'avais chié dans le front chalet, ça n'avait rien, en fait.

Et derrière, la femme de ce David, Alexandra.

En bref.

C'est incroyable qu'il puisse y avoir des gens comme ça qui fassent du mal aux autres

parce que lui, il s'en mettait plein les poches, hein ? Je vais dire que le chalet,

où est-ce qu'il habite là-bas, c'est quelque chose, il y a 400 mètres qu'il y a habitable.

À sous-sol, vous pouvez mettre trois bus dedans, tellement c'est immense.

Cette femme, cette Alexandra, en rajoute encore une couche devant les caméras de TF1.

Elle a travaillé pour les flaques-tifs.

Je ne suis pas restée longtemps, je suis restée une semaine, hein ?

Parce que c'est un con.

Déjà, il prend les gens pour des esclaves.

Donc, vous voyez, quand vous êtes en train de laver, lui, il arrive qui répétit tout.

C'est passé qu'il y a plein de traces, vous êtes obligé de recommencer trois fois

parce qu'il n'en a rien à foutre.

Et les gendarmes se mettent à fouiller la comptabilité et la paprasse des flaques-tifs.

Et ils découvrent qu'ils ont 70 comptes bancaires,

dont certains sont en Belgique et d'autres dans des paradis fiscaux.

Et ça se confirme, ils ont des dettes, environ 3 millions d'euros de dettes.

Et surtout, la boîte n'est pas au nom de monsieur.

Elle est au nom de madame.

Xavier est interdit de gérer une entreprise.

A la suite d'une arnaque qui date de 98 dans le nord,

il a vendu des logements qu'il n'a jamais construit.

Si vous ajoutez qu'aux grands bornants, les ouvriers disent qu'ils ont bossé pour lui,

mais qu'ils n'ont jamais été payés,

ça en fait du monde qui pourrait leur en vouloir.

Et donc l'enquête s'oriente vers les gens du coin.

Et là, retour au chalet pour une quatrième visite.

Et cette fois, on fait venir les meilleurs experts,

les techniciens de l'Institut Criminel de la gendarmerie de Ronisoubois.

Ils passent le chalet tout entier, au Bluestar.

C'est un produit qui fait apparaître à la lumière noire,

des taches bleu-fluorescentes, là où il y a du sang.

Et il y a des tâches,

la lumière noire, des taches bleu-fluorescentes,

là où il y a du sang.

Et il y en a partout, partout,

sur le sol, sur les meubles, sur les murs, sur les tissus,

et la forme des taches,

montre qu'on a nettoyé, qu'on a lessivé.

Le Bluestar révèle cinq zones suspectes,

cinq, une par membre de la famille flatif.

C'est un carnage qui a eu lieu ici.

Et autant vous le dire tout de suite,

malgré la présence de cette douille qu'on a retrouvée sur le sol.

Vu la quantité de sang et la forme des taches,

on ne les a pas tués à coups de révolver ou de carabines,

mais sans doute à coups de couteau.

De couteau.

Cinq personnes dont trois enfants.

Et là, scène surréaliste.

Les gendarmes sont en train de ratisser le chalet

centimètre par centimètre, et un voisin est là,

comme au spectacle, qui n'en perd pas une miette.

Ça vous intéresse qu'on fait dans le chalet ?

Ah ben oui, je regarde.

Ça m'attrigue.

Ce voisin, c'est le fameux Davidocia,

qui a taillé un sacré costard aux victimes.

Lui et sa femme Alexandra ont dit beaucoup de mal des flatifs

à toutes les équipes de télévision qui traînent dans la station.

Et il est là au spectacle.

Et du coup, en parlant avec lui,

on s'aperçoit qu'il est peut-être le dernier

à avoir vu les flatifs vivants.

Ah ben oui.

M. Flatif m'avait demandé un service.

Remettre des clés à des touristes qui logeaient dans un de ses chalets.

Et les touristes en question confirment.

C'est bien ce Davidocia qui leur a remis les clés.

Mais il y a un truc qu'on a trouvé étrange.

Ce monsieur-là, Outia,

il nous a pas fait faire d'état des lieux.

Et puis le plus bizarre,

c'est quelques heures plus tard,

il est venu s'installer dans l'appartement d'à côté.

Voilà. C'est tout ce que je peux vous dire.

À force de faire le mariole,

ce Davidocia est en train de devenir suspect.

Il n'y a pas que lui.

Les gendarmes sont arrivés à une liste de 7 suspects.

Mais lui,

lui, c'est le numéro 1.

Là-dessus tombent les analyses génétiques

réalisées sur les prélèvements faits dans le chalet.

Et sans surprise,

dans les différentes tâches de sang,

on a l'ADN des 5 membres de la famille flactif.

Le père, la mère et chacun des 3 enfants.

Ils sont bien morts.

Mais il y a un 6ème ADN.

Un ADN masculin

qu'on retrouve à 22 endroits différents dans le chalet.

C'est sans doute l'ADN du tueur.

Et ça, c'est une excellente nouvelle.

Il n'y aura qu'à faire passer un test ADN

à chacun des suspects.

Et on saura.

Tous les suspects acceptent de passer un coton-tige

dans le creux de leur bouche

pour effectuer un prélèvement ADN.

Tous ?

Sauf un.

Le suspect numéro 1,

évidemment.

David Dautier.

Oh ben non, moi je veux pas.

C'est ma liberté.

Les gendarmes parlementent avec lui

et il finit par accepter

de fourrer le coton-tige dans sa bouche.

Le temps d'analyser tout ça.

Et on saura.

Mais en attendant,

croyez-vous que cet autia se tienne à carreau ?

Pas du tout.

Il continue de faire le mariole devant les caméras.

Ici celle de l'émission 7 à 8 sur TF1.

La séquence est absolument surréaliste.

Il est filmé devant le chalet déflactif.

Toute la longueur, c'est toute la salle ces jours.

Ça veut dire, je ne sais plus comment c'est fait.

Frigo américain, grand gazinière,

un grand table,

une table aux mains de 20 personnes,

de Louis, je ne sais pas quoi.

Là-bas, c'est des fauteuils en cuir,

je ne sais pas combien,

grand écran.

Après, c'est l'escalier,

ou c'est les chambres,

je n'ai jamais trouvé de ces traînés dans les chambres.

Il est jaloux,

il est jaloux qu'il soit riche

et pas lui, poing.

Les résultats des analyses

tombent le 15 juillet.

L'ADN

retrouvait en 22 endroits

dans le chalet.

C'est lui.

C'est David, au tien.

Le salaud, il paraît devant les caméras,

sourire au lèvres,

ça serait donc lui, l'assassin.

Les gendarmes pourraient l'interpoler tout de suite.

Avec l'ADN, ils ont la reine des preuves.

Mais le but maintenant,

c'est un de retrouver les corps,

deux d'identifier des complices,

parce qu'on ne déménage pas

cinq cadavres tout seuls comme ça.

Et donc, il le laisse libre,

mais il le place sur écoute.

Et il commence à se rencarder

sur le personnage.

Ce David, au tien,

vient d'une orpade calée, lui aussi,

comme les flactifs.

Son métier d'origine, c'est des panneurs,

ils seraient très travailleurs.

Et puisqu'on cherche d'éventuels complices,

il semble qu'aux grands-bornants,

lui et sa femme,

sont très proches d'un autre couple.

Les Haaremsa,

Stéphane et Isabelle Haaremsa,

des Ch'tis, eux aussi.

Et en fouillant dans les fichiers,

on s'aperçoit que David Hautea et Stéphane Haaremsa

ont un joli passé commun.

Voil de voiture, cambriolage,

siphonnage de réservoir d'essence.

Alors, est-ce que Stéphane Haaremsa

n'est pas dans le cou lui aussi ?

Les gendarmes le placent,

s'y récoutent,

avec sa femme.

Et un jour au téléphone,

ils entendent Alexandra la compagne

de David Hautea dire.

Je ne suis pas bien depuis ce qui s'est passé

au mois d'avril.

Et là, ils comprennent que le couple Hautea se délite.

Alexandra sort de plus en plus,

seule, et David est fou de jalousie.

Une autre fois toujours au téléphone,

Alexandra met en garde

son compagnon au sujet d'Isabelle Haaremsa.

David, il faut faire attention à Isabelle, hein.

Avec ce qui s'est passé au mois d'avril.

Ils sont murs, comme on dit.

Alors, le 16 septembre 2003,

cinq mois après la disparition

de toute la famille flactif,

ils s'y mettent à quatre vingt gendarmes

pour aller interpeller le couple Hautea

et le couple Haaremsa.

Au passage,

leurs appartements respectifs

sont perquisitionnés.

Et Bingo, chez David Hautea et sa femme,

on trouve 156 DVD

qui appartiennent au flactif.

Et deux téléphones portables

qui leur appartiennent aussi.

Et des skis d'enfants qui sont ceux

des petits flactifs.

Misérable, misérable.

En garde à vue,

David Hautea, qui a compris qu'il était coincé,

se couche tout de suite.

Je vais vous parler.

Je vais soulager ma conscience.

Allez-y.

Je suis arrivé vers cinq heures et demie.

J'avais sûrement un petit révolvert,

un 635,

que j'avais pris au rempère de ma compagne.

Je voulais pas les tuer.

C'était au cas ou quoi ?

Je voulais pas les tuer.

C'était au cas ou quoi ?

Quand je suis arrivé, il y avait que les enfants.

Grasiela est arrivé 20 minutes plus tard.

Et puis après,

Xavier est arrivé.

J'avais un problème avec lui.

Un problème de logement.

Il me promettait un chalet depuis des années.

Et il me trouvait des studios à me louer.

Je lui dis ce que j'en pensais.

Ils s'en fichaient.

Je me suis énervé.

Je l'ai bousculé.

On a commencé à s'empoigner.

J'ai sorti de révolver.

Le cran de sûreté n'était pas mis.

C'est parti tout seul.

Il est tombé.

Je l'avais touché à la tête.

Les deux gosses étaient là. Ils se sont levés.

Ils ont pas crié. Mais j'étais affolé.

J'ai tiré.

J'ai pas combien de fois.

Et ensuite, je suis descendu.

Et puis j'ai tiré sur Grasiela.

Elle a pas eu le temps de crier.

Et puis il restait la petite laéticia en haut.

Je suis monté.

Et j'ai tiré.

Après, je me suis mis assis sur l'escalier.

Pour reprendre mes esprits.

Ensuite, il aurait enveloppé les 5 corps dans les couettes.

Et il les aurait mis dans le 4x4.

Et il serait allé jusqu'à la forêt du Roi du Mont pour les brûler.

Vous pouvez nous conduire sur place ?

Oui.

Sans problème.

Les gendarmes le conduisent sur place.

Et au bout d'un sentier cailluteux,

il tombe sur un tout petit tas de cendres.

Rien de plus.

Dans lequel il trouve une douille de 635

et une branche de lunettes.

C'est tout.

Voilà ce qu'il reste de la famille flactif.

5 petits sachets de cendres

que les gendarmes

rendront à la famille.

David Hautea réitère ses aveux

presque mot pour mot devant la juge d'instruction.

Froid, détaché,

sans jamais exprimer un seul regret.

Aucun.

Donc si on veut le croire,

c'était un coup de folie.

Il a perdu pied,

il a pété les plans,

c'était presque un accident.

Ah bon ?

Ca n'est pas ce que disent ses amis à Reimsat

qui sont en garde à vue en même temps que lui.

Eux, ils racontent une autre histoire.

David Hautea, dis-t-il,

avait les flactifs dans le nez

depuis longtemps.

Et ce qu'il disait complètement dingue.

Hautea aurait eu l'idée de tuer les flactifs

en regardant un documentaire

consacré à une affaire célèbre.

L'affaire Stranierie.

Alfredo Stranierie est un tueur en série

qui, à la fin des années 90,

commettait des meurtres

selon un scénario absolument unique.

Il regardait les petites annonces.

Il allait visiter une maison

et il tuait les propriétaires.

Il les enterrait au fond du jardin

et il s'installait dans la maison

à leur place.

On l'appelait le coucou,

parce que le coucou vole le nid des autres.

Et on a donc le mobile

du meurtre de la famille flactif.

Il les a tués tous les 5

pour s'installer dans l'un de leurs chalets.

Il les a tués

pour avoir un logement.

Ding, ding, ding.

Les hares Reimsat racontent au gendarme

qu'au début, ils l'ont suivi dans son délire.

Et puis qu'au dernier moment,

deux jours avant, ils se sont dégonflés.

Est-ce qu'on doit les croire ?

Parce qu'ils ont quand même donné un coup de main.

Ils avouent qu'ils ont participé

au pillage du chalet après les meurtres.

C'est pas très joli.

Et c'est pas tout.

C'est Alexandre Alephèvre qui a déplacé le 4x4

la nuit qui a suivi les meurtres.

Et c'est Stéphane Reimsat

qui aurait fourni le gazole pour brûler les corps.

De bons amis.

Vraiment.

Et donc on met tout ce petit monde en examen

et on envoie tout le monde

derrière les barreaux.

Mais quelques temps plus tard,

David Autia, qui a assumé les 5 meurtres,

fait marche arrière.

Devant la juge d'instruction,

il se met à raconter une histoire

à dormir debout.

Ah ben en fait, c'est pas vrai ce que je vous ai dit l'autre jour.

En vrai, le 11 avril, j'étais dans le chalet de Flactif, chez eux.

Et là, deux hommes sont arrivés.

Ils m'ont assommé.

J'ai perdu connaissance.

Et quand je me suis réveillé,

il y avait 5 cadavres autour de moi.

Et vous avez fait quoi ?

Ben j'ai fait disparaître les corps

en les brûlant dans la forêt,

mais c'est eux qui me l'ont demandé,

ils m'ont forcé à le faire.

Qui, ils ?

Ben, deux hommes.

Je connais pas leur identité.

Je suis même pas capable de les décrire.

Mais croyez-moi, j'ai eu peur des représailles.

Balivern.

Balivern, à laquelle il s'accroche

au moment de la reconstitution,

de refaire le geste des cinq meurtres,

puisque ça n'est pas lui,

puisque ce sont deux hommes qui passaient par là.

La juge organise aussi

une reconstitution de la création

des cinq corps.

Je vous rappelle qu'on a retrouvé que

cinq petits sachets de cendres.

Ça ne brûle pas comme ça,

des corps.

Les gendarmes font brûler 5 cadavres de cochons

pour en faire la démonstration.

Il leur faut 800 kilos de bois

pour les réduire ensemble.

800 kilos.

Presque une tonne de bois.

Et David hauti a dit qu'il a fait ça tout seul.

Tout seul.

Et que ça a pris une heure.

Impossible, impossible.

Il avait forcément quelqu'un avec lui.

Est-ce que c'est sa femme ?

Est-ce que c'est les haremsas ?

Ça sera à la cour d'assises de le dire.

Leur procès s'ouvre le 12 juin 2006

à Annecy.

Le tribunal est en travaux.

La cour d'assises s'installe dans une sale défaite.

Mario, vous vous souvenez de Mario ?

C'est le seul survivant de sa famille.

Sa mère, son beau-père et ses trois demi-frères et soeurs

ont été assassinés.

Eh bien il est là, au procès.

Il est au premier rang, du haut de ses 17 ans.

Il fait face.

Et David hauti a entre dans le box.

Vouté.

La tête baissée.

Vous vous souvenez que pendant l'instruction,

il n'aura voué et puis qu'il s'est rétracté.

Eh bien pendant tout ce procès,

il va s'en tenir à sa dernière version.

Celle des deux hommes

qui entrent dans le chalet, qui l'assomment

et quand ils se réveillent, tout le monde est mort.

Sa seule erreur

serait d'avoir brûlé les cadavres

à l'heure de monde.

Il ne bougera pas là-dessus.

Même si personne n'y croit, personne,

et il oblige ses avocats

à plaider qu'il est innocent

et qu'il faut l'acquitter.

Il est dans le déni.

Les experts psychiatres viennent dire à la barre

qu'on appelle ça un clivage.

Quand on ne peut pas assumer

ce qu'on a fait, on s'invente une histoire.

Et entre nous, c'est le signe

d'une dangerosité extrême.

Mais est-ce que pour autant

il est fou ?

Pour les psy, non.

Pour les psy, il est normal.

Et donc au total, on assiste

à un procès très frustrant.

Enfermé dans son déni,

Otia ne peut rien expliquer.

On veut comprendre et on n'a pas de réponse

et on n'en aura pas.

À un moment donné,

on pense qu'Otia va craquer.

Son ami Stefana Ramza, au bord des larmes,

le prend directement à partie.

Mais putain, David !

Dis-le, quoi !

Dis que c'est toi qui a fait ça !

Tu dois le dire !

Assis à côté de lui dans le box.

Otia ne le regarde pas.

On se dit, il va craquer !

Mais il ne craque pas.

La position des avocats de David

Otia est très difficile.

Leurs clients leur demandent de plaider l'acquitement.

Mais ils voient bien que ça ne tient pas de bout.

Alors ils plaident sur une côte

maltaillée, ils plaident qu'au minimum

il n'y avait pas de préméditation

qui n'est pas venu au chalet

avec l'intention de tuer.

C'est pas facile, hein !

De défendre un lâche.

D'autant que le verdict ne fait

aucun doute, aucun.

David Otia est condamné

à perpétuiter

avec une peine de sûreté de 22 ans.

Sa compagne Alexandra apprend 10 ans,

l'ami Stefana Ramza

prend 15 ans pour complicité

et sa femme Isabelle, 7 ans.

Dans la foulée, Otia fait appel.

Seuls.

Les autres acceptent leur peine.

Mais au début du deuxième procès,

Otia fait marche arrière.

Monsieur le Président,

j'ai décidé de renoncer

à mon appel.

Il a compris qu'on ne le croirait pas plus

la deuxième fois que la première.

Entre nous, c'est presque un aveu.

Et là, la famille Flactif demande.

Est-ce qu'au moins, il pourrait nous dire

ici, maintenant,

qu'il les a tués ?

Dans le box, Otia répond

par un sourire.

Il n'a rien à ajouter.

Sous-titrage ST' 501

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En 2003, le promoteur immobilier Xavier Flactif est assassiné avec sa femme et ses trois enfants dans leur chalet de la station de ski du Grand Bornand en Haute-Savoie.