Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Laetitia Monnier, la call-girl qui voulait rester vierge - Le récit

Europe 1 Europe 1 4/8/23 - 28m - PDF Transcript

Et toi, quand es-tu ta pinclée qui est le plus amusant?

Pour le breakfast ou contre le petit humain?

Pinclée qui va avant la dormir ou pincée qui va à la travail?

Pincée qui est trop nartiste ou pincée qui est un snag?

Pourquoi s'est-elle décider?

La pincée qui est le plus amusant est toujours un genou.

Voici le récit d'une affaire criminelle de 2009.

Le meurtre de Jean-Jacques Le Pâges à Plougonvlin, près de Brest, en Bretagne.

Un crime qui met en scène une call-girl très mystérieuse, l'Ola,

dont le grand projet était de rester vierge.

J'ai écrit cette histoire avec Thomas Audoire, réalisation Céline Le Bras.

Dans cette histoire, je vous emmène au bout du monde,

dans ce qu'on appelle le pays d'Heroase, la région de Brest,

et précisément dans le village de Plougonvlin,

quartier du Trésir, tout près de la plage.

Le matin du 24 juillet 2009, à 5 heures du matin,

une habitante de ce quartier du Trésir appelle les pompiers.

Elle est un peu confuse.

Je crois qu'il y a le feu dans la maison d'à côté.

C'est une grande maison.

C'est monsieur Le Pâges.

Ça sent la fumée.

Et j'ai vu sa fenêtre de chambre qui est ouvert et allumée en grand.

C'est quelque chose qui a pris feu, certainement.

Vous voyez de la fumée qui se dégage de chez lui, madame?

Ben, ça a dégagé beaucoup tout à l'heure, mais maintenant, il y en a plus.

D'accord.

Vous ne voyez pas de flammes.

Vous ne voyez rien du tout, n'est-ce pas?

Euh, non.

Mais je vous dis, je pense que j'avais vu dans sa chambre, justement,

qu'il y a une grande fenêtre.

Le pompier, on le comprend, veut savoir s'il faut envoyer une équipe ou pas.

Et donc, ça dure un bon moment.

Ah ben, tiens, viens de voir la lumière dans la cuisine s'éteindre.

Quand conclut le pompier, que le propriétaire est chez lui,

qu'il y a peut-être eu un départ de feu, mais que maintenant, tout est sous contrôle.

Écoutez, madame, si il y a de la fumée qui se dégage ou quoi, ben,

à ce moment-là, vous nous rappelez?

Mais pour l'instant, on ne va pas engager les secours.

Et sur son cahier, il enregistre une fausse alerte aux feux.

Il a été mal inspiré, ce pompier.

Parce qu'à 9h du matin, le téléphone de la caserne sonne à nouveau.

Et l'appel est émis du même quartier, le trésir, à Plouconvlin.

C'est un autre voisin de la même maison.

Les flammes sortent de la toiture, c'est très impressionnant, venez vite.

Quand les pompiers arrivent sur place, la maison de Jean-Jacques Lepage est un brasier.

La toiture a commencé à s'effondrer, la jolie ville-là des années 30 est en train de partir en fumée.

Des renforts arrivent de Saint-Renon, de Brest,

et quand les pompiers entrent dans la maison,

ils voient tout de suite que le feu a pris à l'étage, le réchossé est intact.

Ils vont mettre deux heures à éteindre l'incendie.

Et à un moment, à l'étage, dans la grande chambre, ils tombent sur un cadavre calciné.

Celui de Jean-Jacques Lepage, 68 ans, le propriétaire de la ville-là,

audio-prothésiste à la retraite, qui vivait là seul depuis le décès de sa famille il y a deux ans.

Il est mort dans l'incendie.

Vous imaginez la polémique derrière.

Si les pompiers étaient intervenus à cinq heures après le premier appel,

on aurait peut-être pu sauver ce monsieur.

Le commandant des pompiers de Brest est bien obligé de reconnaître une faute,

et il le fait.

Dans le journal, le télégramme de Brest, il ne se cache pas derrière son petit doigt.

...

À part ça, comment s'est déclenché cet incendie?

Le procureur ouvre une enquête.

Il en donne une autopsie, et il missionne des experts.

Et il demande aux gendarmes d'entendre le fils de la victime.

Est-ce que votre père fumeait, monsieur?

Oui.

Moi, c'était même un assez gros fumeur.

Est-ce que vous pensez qu'il a pu s'endormir dans son lit avec sa cigarette?

Oui, je pense que c'est possible, oui.

Ça serait donc l'histoire d'un fumeur qui met le feu à son plumard.

Si c'était le cas, vous pensez qu'on serait là, vous et moi.

Évidemment que non, on serait à la pêche.

Si on est là, c'est que cet homme meurtre.

...

Le rapport des experts en incendie vient de tomber.

Il n'y a pas eu un, mais plusieurs, départs de feu.

Donc c'est un incendie volontaire.

Et le rapport d'autopsie tombe dans la foulée, et là il n'y a plus aucun doute.

Jean-Jacques Le Page a reçu quinze coups de couteau.

C'est de ça qu'il est mort.

Le coup fatal a été porté au niveau de la cache thoracique, et c'est après qu'on

a mis le feu.

Il n'y a pas de résidus de fumeur dans ses poumons.

Et puis le cadavre présente aussi une blessure à l'œil, une blessure dans laquelle le

légiste a trouvé de la limaille de fer.

Il pense que ça pourrait venir d'un pistolet à grenet.

Voilà.

Il n'y a plus de doute.

C'est un meurtre, et c'est même un meurtre barbare, quinze coups de couteau, plus un

coup de pistolet à grenet dans l'œil, et après le feu.

Dites-moi docteur, à quelle heure a eu lieu le meurtre selon vous?

Ecoutez, je suis arrivé à une fenêtre assez précise, hein, entre 23h et minuit.

Donc, plusieurs heures avant le début de l'incendie.

Les gendarmes convoquent à nouveau le fils.

Bien, monsieur, je dois vous informer que votre père n'est pas mort, comme on le pensait

jusqu'ici, dans un incendie accidentel, il a été tué, monsieur, de un meurtre, un meurtre

à l'arme blanche.

Alors nous ne savons pas encore qu'il l'a commis, mais on va tout mettre en œuvre

pour le retrouver.

Vous pouvez compter sur nous, monsieur.

La première chose que font les gendarmes, c'est de retourner à la villa.

Vous vous souvenez que le rez-de-chaussée est intacte.

Eh bien, dans le salon, sur la table basse, il y a une bouteille de champagne, vide, et

deux coupes.

Il n'était donc pas seul la nuit du meurtre.

Et puis, dans les toilettes du rez-de-chaussée, la fenêtre est ouverte.

Et sur le rebord de la cuvette, il y a une trace de pas, une chaussure de taille 44.

Ça n'est pas la pointure de Jean-Jacques Le Page, le tueur a dû s'enfuir par là.

Qu'est-ce qu'on sait sur ce Jean-Jacques Le Page, qui pourrait nous mener à son meurtrier?

Tout le monde parle d'un homme brillant, charmant, intelligent, qui a démarré sa carrière

comme opticien, et puis qui s'est reconverti avec succès dans la prothèse auditive.

Il avait sa propre entreprise, Le Page Audition.

Et comme il avait la bosse du commerce, ma foi, ça a marché.

Et puis, il y a deux ans, sa femme est morte, un tournant.

Il s'est retrouvé tout seul dans cette belle ville-là qu'il avait hérité de son père.

Enfin tout seul, pas longtemps.

Les gendarmes apprennent assez vite qu'il s'est consolé.

Dans les semaines qui précèdent sa mort, il a beaucoup fréquenté le club 46 à Brest.

Et le club 46, ça n'est pas un bistro comme les autres.

Ça n'est pas non plus une boîte de nuit.

C'est un bar à hautesse.

Vous voyez ce que c'est qu'un bar à hautesse? Normalement, ça n'a rien à voir avec

un bordel.

Rien.

Disons que c'est un endroit où, pour prendre un verre avec une jolie fille, légèrement

défaitu, eh ben faut râquer.

Si possible, du champagne.

Dans les bars à hautesse, les filles adorent le champagne.

Mais est-ce qu'après elles couchent? Eh ben normalement non.

Mais elles sont majeures, elles font ce qu'elles veulent.

Les gendarmes vont donc au club 46.

Et on leur raconte que Jean-Jacques le page, on pincé pour une fille.

Oh ben Jean-Jacques, il venait pour Lola? Moi, je pense qu'il était amoureux d'elle.

Vous savez, c'était un monsieur très gentil, très raffiné, très attentionné.

Il couchait avec elle, d'après vous? Je ne sais pas.

Pour moi, c'était de la tendresse, rien de plus.

Tout en que vous devez savoir que Lola est un peu particulière.

Ah bon? Et encore est-elle particulière?

Elle prétend qu'elle est vierge, figurez-vous.

Moi je suis jamais à l'air vérifié.

Mais j'ai longtemps pensé que c'est ça qui faisait fantasmer les clients.

Elle leur dit toujours qu'elle attend de trouver un homme de confiance pour avoir son premier

rapport sexuel.

Bon, donc Jean-Jacques était amoureux de cette Lola, ça paraît clair.

Et ils se sont vus à l'extérieur, ça c'est à peu près certain.

D'après les copains de Jean-Jacques, il envisageait même de l'épouser.

Oh nous pour être honnête, on trouvait ça un peu ridicule, à 68 ans, ça m'a racheté

d'une gamine de 20 ans, mais bon, si ça le rendait heureux.

Enseignement pris, cette Lola n'a pas 20 ans mais 24 ans.

D'après le patron du Club 46, son vrai nom, c'est Laeticia Monier.

Elle viendrait de la région de Saint-Etienne et serait arrivée en Bretagne très récemment.

On a envie de l'entendre, cette Lola, non?

Les gendarmes la convoquent et, sans problème, elles reconnaient qu'elle a fréquenté Jean-Jacques

le Page.

Et vous étiez avec lui le 23 juillet au soir?

Bah oui, j'étais avec lui.

On a mangé chez Flunch.

Et vous avez poursuivi la soirée après le dîner?

Bah oui.

Oui, on est allés chez lui pour boire du champagne.

Vous avez passé la nuit avec lui?

Ah non.

Je suis parti après le champagne, vers 23h30, et bien sûr, quand elle part, il est vivant.

Et où êtes-vous après, mademoiselle?

Bah en sortant, j'ai rencontré des garçons, des jeunes, ils m'ont proposé d'aller une

fête.

Bah je l'ai suivi.

Les gendarmes retrouvent ces garçons, et ils confirment.

Ils l'ont rencontré vers minuit et l'a passé la soirée chez l'un d'entre eux.

Bon, quand on l'a rencontré, elle était déjà sous, là, et comment plus elle a continué

à picoler toute la soirée, je peux vous dire, elle était complètement cuite.

Elle parlait avec tout le monde.

Et ce soir-là, elle a fait des avances à un des garçons, elle lui a proposé de prendre

une douche ensemble et de le tripoter, mais pas plus.

Mais de toute façon, quand on a pris la douche, elle est restée habillée, confirmation

qu'elle défendait sa virginité.

Mais il y a un truc que je peux vous dire.

Elle avait posé son sac à main sur un tabouret dans la salle de bain, et puis à un moment

il est tombé, dans ce sac qu'il y avait un couteau, et sur la lame, il y avait des

traces rouges.

L'arme du crime.

Et après, disent les gamins qui ont participé à cette fête, on a continué dans le bizarre,

car plus tard dans la soirée, Lola a repris un bain, tout habillé, et puis elle s'est

endormie dans un coin de la fête, et le lendemain matin, rebelote, elle se baigne

dans la mer, cette fois-ci, sur la plage du trésir, juste à côté de la villa de

Jean-Jacques Lepage, et une fois de plus, elle garde ses vêtements.

Et après, elle va se coucher dans le sable, et à ce moment-là, des plagistes, ou avoir

eux aussi, dans son sac à main, un manche de couteau qui dépasse.

Cette greluche est complètement zinzin.

Et donc, les gendarmes l'interrogent à nouveau.

« Madame, vous ne nous avez pas tout dit.

Alors je vous repose la question, étiez-vous chez M. Lepage lorsqu'il a été tué?

— Ah oui, j'y étais. Mais j'étais pas seul, et c'est pas moi qui l'ai tué.

— Qui était avec vous, madame? — William.

— William qui? — William Roland.

— Encore un de ces soupirrandes, après ce qu'on doit comprendre.

Un jeune de vingt-deux ans qu'elle aurait rencontré dans la rue quelque temps plus

tôt, et qui serait tombé amoureux d'elle.

— Mais en fait, on avait décidé de cambrioler Jean-Jacques tous les deux.

— Très bien. Racontez-moi ce qui s'est passé.

— Bon. D'accord. D'abord, soir-là, Jean-Jacques m'avait vécu chez lui pour, disons, une faveur

sexuelle, quoi. Il voulait que je prenne un bas avec lui, et donc il a commencé par

faire couler l'eau du bain. Elle dit que, pendant ce temps-là, elle est allée ouvrir

à ce William. Mais cet idiot, il a fait du bruit.

Alors Jean-Jacques est descendu, il l'a surpris. Là où William, il a sorti un couteau, et

puis il l'a fait monter dans sa chambre. — Et vous, vous faites quoi, pendant ce temps-là?

— Moi, on était venus pour voler. Moi, j'ai commencé à voler le raie de chaussée.

J'ai fait le tour. J'ai ramassé un billet de cinq cents.

Puis là, j'ai entendu un hurlement à l'étage.

Je suis monté, il l'avait tué. Et après, qu'avait-vous fait? Mais après, on est

parti. Et moi, je l'ai pas revu, quoi. — Oui. Il faut donc retrouver ce William

Roland. Il n'est pas chez lui, et donc un mandat de recherche et délivré.

Et la petite coup de pouce du destin, un jour, les gendarmes reçoivent un appel du commissariat

de Marseille. — Votre gars, William Roland, il s'est

présenté chez nous pour déclarer la perte de ses papiers d'identité. Donc, on l'a

interpellé. On le tient à votre disposition. — Le garçon est aussi tout transféré

à Brest. Et le voilà face aux gendarmes. — Bien, monsieur. Je vous informe qu'à

dater de cet instant, vous êtes placé en garde à vue dans le cadre d'une information

ouverte pour incendie volontaire d'une maison à Pluronvlin dans le Finistère.

Suivez d'un meurtre. — Qu'est-ce que j'ai à voir avec ça, moi?

— Eh bien, vous avez été désignés comme étant l'auteur de ce meurtre par l'une

de vos amis, semble-t-il. — Mademoiselle Laétitia Monier.

— Mais c'est n'importe quoi. Je la connais, Laétitia, mais je suis jamais allé dans

cette maison. — D'accord.

— Mais qu'est-ce qu'il a fait le 23 juillet, jour du meurtre? Est-ce qu'il a vu, Laétitia?

— Eh ouais. On a passé une partie de la journée ensemble? Toute la journée? Non? Non,

à un moment, elle m'a dit qu'elle devait s'absenter pour un rendez-vous avec un client.

— Qui? Elle vous l'a dit? Non. Mais en partant, elle m'a dit qu'on devait se retrouver

plus tard. Et puis je l'ai pas revu. Je l'ai attendu toute la soirée. Je m'ai envoyé

des messages. À un moment, elle m'a dit que j'arrive et puis elle n'est pas venue.

— Qu'est-ce que vous faisiez à Marseille, monsieur? Avouez que ça ressemble à une

fuite? Pas du tout. C'était des vacances qui étaient prévues depuis très longtemps.

Les gendarmes vont perquisitionner chez lui. Et ils tombent sur une paire de chaussures

en taille 44. Comme l'empreinte retrouvée chez Jean-Jacques Le Pâche sur la lunette

des toilettes. On soumet les pompes à un expert. Est-ce que ce sont ces pompes-là

qui ont laissé cette trace-là? L'expert dit que ça pourrait. Pourrait au conditionnel.

Autre chose. Les gendarmes ont remarqué que ce William Roland a sur le corps des marques

suspectes. Et donc il le présente à un médecin légiste. Moi, je pense que ça pourrait être

des brûlures. Disons que c'est compatible avec un incendie.

Notez une fois de plus le conditionnel. Ça pourrait être des brûlures. Mais lui dit

qu'il s'est fait ça en faisant du skate il y a 2-3 mois. Les gendarmes ne le crois

pas et donc ils le mettent sur le grill. Une fois. Deux fois. Trois fois. Et au quatrième

interrogatoire. William Roland craque. Il avoue. C'est lui. C'est lui qui, au cours

d'un cambriolage, élaborait avec la fameuse Lola à tuer Jean-Jacques Le Pâche et ensuite

mit le feu à la maison. Et il signe son procès verbal.

Quelques heures après, il se rétracte. Il écrit au juge. En garde à vue. J'étais

affaibli mentalement et physiquement. J'aurais tout fait pour que ce cauchemar s'arrête.

Je n'ai jamais tué personne. Je ne suis pas coupable.

Ca arrive. On sait que des policiers et des gendarmes qui jouent sur les nerfs d'un

gardé à vue peuvent lui faire dire et signer n'importe quoi. Même s'il l'a honnêtement,

ses aveux sont bourrés de détails qui collent avec la scène de crime. Mais on lui a montré

des photos. On lui a montré des extraits de l'interrogatoire de l'éthichia monnier.

Il a pu bâtir des aveux sur ce que les gendarmes lui ont dit du crime et de la scène de crime.

N'empêche qu'il est mis en examen pour le meurtre et l'incendie de la maison est placée

en détention provisoire, de même évidemment que l'éthichia monnier.

Mais William Roland a un bon avocat qui est persuadé que les aveux lui ont été extorqués.

Et cet avocat retrouve des photos prises quelques semaines avant le meurtre sur lesquelles

il a déjà ses marques sur le bras. Il se les est bien faites en skateboard. Et donc

au bout de deux mois William Roland est libéré. Mais il reste sous contrôle judiciaire.

Un an après le meurtre, l'éthichia monnier dit avoir des révélations à faire. Très

bien. La juge la fait revenir. J'ai pas tout dit en fait. En fait on était trois. Vous

étiez trois. L'identité de cette troisième personne mademoiselle, s'il vous plaît.

Elle désigne un certain Habib. Un petit zonnoir bresse-toi de son entourage. Sauf que

cet Habib a un alibi en béton. Il ne pouvait pas être là. Cette fille dit n'importe

quoi. Là-dessus, une lettre anonyme arrive sur le bureau de la juge. Je sais où sont

les couteaux qui ont servi au meurtre de Jean-Jacques Le Page. Le courrier désigne une cachette

dans un mur en pierre. Les gendarmes y vont. Et effectivement ils trouvent un sac à main

avec deux couteaux à l'intérieur. Sauf que ces couteaux ne portent aucune trace de

sang. Rien ne prouve que ce soit les armes du crime. La juge demande alors une analyse

graphologique de la lettre anonyme. Surprise. Elle a été écrite par le fameux Habib. Qui

a-vous? C'est possible que ce soit moi qui l'ai faite cette lettre. On se souvient

pas trop parce que je piquole pas mal. Mais c'est vrai que j'étais en colère contre

elle. Si j'ai pu avoir envie de me venger. Mais quelle bande de bras cassé!

Bon. Résumons-nous. L'éticier amogné était là, c'est sûr. Si c'est elle qui a tué

Jean-Jacques Le Page, on butte tout de même sur le mobile. Il était gentil avec elle,

il était amoureux. Il rêvait de l'épouser. Ce n'est pas un mobile pour tuer ça. L'arme

du crime. On ne l'a pas. Des gens ont vu un couteau dans un sac à main, mais on ne

a jamais retrouvé. Et on n'a pas non plus retrouvé le pistolet à gronailles. Et pourtant

le légiste est formel. On a retrouvé de la gronaille dans l'œil de Jean-Jacques Le

Page. Et sur le corps. Autre mystère. Les jeunes qui ont passé la fin de soirée

avec Lola disent qu'elle s'est endormie. Yvre morte dans un coin de la fête. Or, dans

son appel au pompier à 5 heures du matin, la voisine dit qu'elle voit de la lumière

qui s'allume et qui s'éteint à 7 heures là. William Roland peut-être, mais pas sûr.

Tout ça explique que cette instruction va durer 8 ans. Et pendant 8 ans, l'éthiciammonier

va livrer 14 versions différentes du meurtre. 14! La mise est une embrouilleuse professionnelle.

Et ça sera donc finalement à la cour d'assise de tenter d'y voir clair. C'est pas un cadeau

pour une cour d'assise, un dossier comme ça. C'est vraiment pas un cadeau.

Les voilà donc tous les deux devant la cour d'assise de Quimper, le 1er mars 2017.

William Roland comparait l'hymne, tandis que l'éthiciammonier est en prison depuis

8 ans. Elle, personne n'a de doute sur sa présence sur les lieux du crime. Mais lui,

ça reste à démontrer. Et son avocat, malgré les aveux, fait un joli travail de démontage.

Mon client, William Roland, est chez lui à Brest le soir du crime. Il passe un dernier

appel à Laetitia à 22h30. Et ensuite, on sait que son voisin le rejoint chez lui vers

minuit à Brest. S'il commet le crime, c'est donc dans ce créneau d'une heure et demi

entre 22h30 et minuit. Or, il n'a pas de voiture. Il n'a pas non plus de scooter.

Le seul moyen pour lui d'aller à Plougonvlin, c'est le stop. Les gendarmes ont mesuré,

c'est dans la procédure qu'il faut au minimum une heure pour aller de Brest à Plougonvlin

et en revenir. Il reste donc à mon client 30 minutes pour pénétrer dans la maison,

pour tuer Jean-Jacques LePage de 15 coups de couteau, pour mettre le feu et pour rentrer

chez lui où il retrouve son ami. C'est impossible. C'est impossible.

A côté de ça, Laetitia Monnier sert au cours du procès 4 nouvelles versions des

faits. Vous vous souvenez qu'elle a déjà donné pendant l'instruction 14 versions

différentes, plus 4, ça fait 18. C'est une mytho. Comme prévu, on bute sur la question

du mobile. Ces avocats tentent une hypothèse.

Un moment dans la soirée, Jean-Jacques LePage ne vient insistant. Elle tient à sa virginité,

elle panie, elle le tue. Mais elle ne confirme pas. Et puis comme prévu, on bute aussi sur

l'incendie, puisqu'à l'heure où la voisine voit la lumière s'allumer et s'éteindre,

Laetitia est ivre morte dans cette soirée chez des jeunes. Quelqu'un d'autre aurait

donc mis le feu. Mais qui? Au moment où sa mère vient témoigner, les avocats de la

partie civile tentent un coup. « Madame Monnier, comment expliquez-vous que votre téléphone

portable borne à proximité du domicile de Monsieur LePage, le 24 juillet 2009, à

9h00 du matin? C'est parce que ce matin-là, je suis allé me promener au Conquet. L'avocat

de la partie civile se tourne alors vers Laetitia Monnier.

« Je vous pose la question, mademoiselle. Votre mère, vous a-t-elle aidé à commettre

le crime d'une façon ou d'une autre? D'habitude, Laetitia Monnier répond à toutes

les questions du tac au tac. Mais là, tout le monde remarque un long silence, une éternité,

au moins 30 secondes. Et puis finalement, non. » Après neuf jours de procès, voici

venue l'heure du verdict. Laetitia Monnier est condamnée à vingt années de réclusion

criminelle à sortie d'une peine de sûreté de dix ans. Mais en revanche, William Roland

est acquitté. Elle fait appel et est réjoujée seule en octobre 2018 devant la condassise

de Saint-Brieux. Elle en reprend pour vingt ans, mais sans peine de sûreté. En revanche,

elle devra s'astreindre à un suivi socio-judiciaire dix ans après sa sortie de prison. Et nous,

eh bien nous, on ne saura jamais vraiment ce qui s'est passé cette nuit-là dans cette

maison au bord de la plage. Ni pourquoi elle a tué Jean-Jacques Le Page.

Vous avez aimé cette histoire? Christophe Fondolat vous propose de la débriefer avec

un invité dans un podcast d'ores et déjà disponibles sur votre application.

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

En 2009 à Plougonvelin dans le Finistère, le crime de Jean-Jacques Lepage est étrange car il n’y a pas de mobile.