La source: La lutte des bergers de Cervières ou la fin de la ruée vers l’or blanc

Radio France Radio France 9/27/23 - Episode Page - 54m - PDF Transcript

François-Saint-Aire

Aujourd'hui, dans un faire sensible, la lutte des bergers de servière ou la faim de la rue est vers leur blanc.

Si les noms de tignes, la plagne, les arcs, les menuirs ou autres usinasquies vous évoquent instantanément quelque chose.

Le site de super-servière ne vous dit probablement rien.

Et pour cause, cette méga station, pensée pour être l'une des plus grandes des Alpes,

mêlant béton et poudreuse, surtout béton, n'a jamais existé.

Grâce aux combats de Berger qui s'y sont opposés.

Nous sommes au début des années 70, au moment où le plateau du Larzac devient la première zone à défendre une zade avant l'heure,

et bien le village de Servière, dans les Hautes-Alpes, connaît un soranologue.

En montagne, c'est le temps du plan-mège.

Par ici, la bonne affaire, elle va rapporter à Max.

Mais c'était sans compter sur la résistance d'un village millénaire et l'orgueil de Berger,

refusant de se détourner de leur tradition pour embrasser au choix la carrière de Perchmann ou de Kessier, d'ontacte.

Et il arrive que dans le combat du pot de fer contre le pot de terre, c'est ce dernier qui l'emporte, contre toute attente.

Notre habité aujourd'hui, Frédéric Mignon, gardien de refuge, vice-président de l'association Mountain Wilderness France,

une ONG qui défend la montagne et l'environnement.

Affaire sensible, émission de France Inter, diffusée en direct, récit documentaire, bastien-gence, coordination franco-gnard,

réalisation Frédéric Milano.

11 juin 1957, le ciel est de mauvaises humeurs et des nuages noirs s'amoncèlent autour des cibles du carrasse et du col de lisoire.

Nous sommes au cœur des Hautes Alpes, à la frontière italienne.

Les 150 habitants du village de Servière sentent bien la menace qui pèse au-dessus de leur tête.

La rivière qui traverse la vallée et qui descend jusqu'en bas, abriant son, est déjà prête à déborder.

La cruminace. Mais personne ne peut imaginer qu'elle sera la plus importante du siècle.

Quand le ciel s'éclaircit, les servants n'ont plus que leurs yeux pour pleurer. C'est un désastre.

Le village est détruit. Et avec inquiétude, on regarde vers l'est de la vallée.

Là-bas, au bout de la route qui longe le village et qui est maintenant coupé sur près de 5 km par les coulisses de bois et de roches,

se trouve le trésor des bergers, la pleine du Bourget.

Des dizaines et des dizaines d'hectares de marécages et de champs verdoyants,

comme un jardin d'héden au milieu de la cahiasse, le secret de la prospérité du village.

Raoul Martin, historien et mémoire vivante de la vallée, avait six ans quand il a découvert la splendeur du paysage.

Il me paraît impossible de décrire l'impression ressentie lorsqu'on découvre subitement,

dans une sorte d'extase, la prodigieuse perspective de la pleine du Bourget et de son environnement de hauteur douce, ondoyante,

féminine à la droit, rude, austère, sombre, masculine à Lubac.

Cette révélation de la pleine puis de la haute vallée, avec ses jeux de forme et de couleur avec aussi,

son spectacle d'activité pastorale au cœur de l'été me paraît propre à renouveler en nous l'homme intérieur.

Dans cette pleine d'altitude, les aïeux des habitants ont édifié des chalets d'alpages,

pourraient monter, décaparent les premières fleurs et s'y établir jusqu'au premier neige,

faire pêtre les troupeaux et fâcher du foin pour toute l'année.

Ces chalets, les villageaux étiennent plus que tout.

C'est dans ces hausses terbatistes que les serverins se sont réfugiés à la fin de la guerre quand l'armée a demandé incendier tout.

Une fois encore, les bergers de sérieurs avaient dû reconstruire patiemment leur village millévers.

Alors, la catastrophe de 1957 s'affiche comme une nouvelle épreuve.

Mais les bergers sont en asse.

La route qui mène aux alpages va être dégagée,

les chalets d'altitude réparés.

Le village entièrement rebâti et une impressionnante digue édifiée pour enfin maîtriser la rivière.

Voilà, le site ancestral de la vie peut reprendre.

L'hiver au village, l'été dans les alpages, les hommes au foin et au pâturage,

les femmes assignées à toutes les autres tâches.

Des vies rudes, comme était moi une 7 enfants de la vallée

dans le documentaire de Frédéric Bronkel, la grande saga de nos montagnes.

Les hommes, ils faisaient leur travail, c'est-à-dire le travail des champs, tout ça.

Mais en dehors de ça, ils ne faisaient rien à la maison.

Donc la femme, il fallait qu'elle fasse la cuisine, la vache, s'occuper des enfants,

faire les vaches, faire le beurre.

Elle descendait le mercredi à briançon avec le petit panier en bois pour vendre leurs produits.

Parce qu'il fallait quand même rentrer un peu d'argent pour payer le café, le sel, le sucre,

les produits de première nécessité.

Et puis un petit peu d'économie pour se soigner, parce qu'il n'y avait pas de médecin.

Déjà quand elle tombait enceinte, c'était déjà un pied dans la tombe, on disait.

Parce que quand elle faisait venir le médecin ou qu'elle descendait à l'hôpital, c'était souvent trop tard.

Mais en cette fin des années 50, des hommes sont bien décidés à faire rentrer la montagne de force

dans la modernité, et plus précisément dans la rentabilité.

De l'hélicoptère qui se pose en plein milieu de la splendide pleine de Bourget,

les bergers de serviettes peuvent voir descendre plusieurs hommes.

Ils ont des tranches instruments de mesure et des yeux chimènes pour ce gigantesque paysage de pente douce à invioler.

Parmi ces prédateurs, un certain Maurice Michaud, il saura bientôt connu comme le dictateur des montagnes.

Mais pour comprendre ce qu'il vient faire là, au milieu nul part, il faut remonter un peu en arrière.

...

Été 1942, voilà déjà deux ans que le jeune architecte urbaniste et Savoyard Laurent Chappy

croupit en outriche dans un camp prisonnier.

Parmi ses compagnons d'infortune, il se lit d'un métier avec un certain Maurice Michaud.

Gaulliste et Savoyard, comme lui, ce polytechnicien partage sa passion pour l'alpinisme.

Au cours de longues conversations, Chappy et Michaud s'accordent sur leur désespoir

face au débérissement qui frappe leur contrée, reculée, rural.

Quand la guerre sera finie et que De Gaulle prendra le pouvoir, ils travailleront à faire renaître leurs vallées, c'est promis.

Ce long emprisonnement est l'occasion pour Laurent Chappy de préparer sa thèse d'urbanisme.

Son sujet, la montagne, est évidemment, et pas la portacaine, non.

Celle qui forme les trois vallées en Savoyard au milieu de laquelle,

il imagine bâtir des équipements pour le sport d'hiver.

Maurice Michaud est sidéré par les plans d'enneigement des vallées que son ami Chappy réalise deux mémoires.

Quand la guerre sera finie et que De Gaulle prendra le pouvoir,

sur la base de ce gimmick, c'est sûr, ils bâtiront ensemble des stations de ski.

C'est en 1946 que leur rêve devient réalité.

De Gaulle a pris la tangente, mais Maurice Michaud est devenu directeur d'éponses échancées de sa voix.

Et il est missionné par le conseil général pour bâtir une première station de ski moderne dans le département.

Pour cela, évidemment, il fait appel à l'aide de son ami Laurent Chappy.

Et voilà comment ce dernier se retrouve seul à marcher des jours et des jours au milieu des trois vallées.

Sur son chemin, ils notent tout ce qu'ils voient.

L'escarpement dépend, les sapins, les rochers, les couloirs avalanches, les oignons urbanisables.

Dans son esprit, c'est bien El Dorado de la glisse qui prend forme.

De son côté, Michaud s'occupe d'un tout autre problème,

convaincre les villages de ce territoire qu'on nomme la tarentaise de céder leur terre.

Si le conseil municipal de Saint-Martin-Belleville refuse d'entendre par les tourismes,

celui de Saint-Bon Orvanche, à côté, est beaucoup plus ouvert.

Alors, face au refus de certains paysans de vendre et d'abandonner le travail de leurs ancêtres,

Michaud trouve une méthode bien elle-lui,

comme il s'en vendra quelques années plus tard dans les colonnes de l'Express.

Pour transformer un chemin de multier, on a été jusqu'à voler des terrains.

Dès qu'un propriétaire et qu'elle citera envie de tourner, hop!

On a envoyé le bulldozer.

Heureusement, les choses finissaient toujours par s'arranger devant un verre demain.

Moyennant, 5 francs le mètre carré.

L'État achète les terres de la commune de Saint-Bon,

qui le revend un an plus tard à des promoteurs immobiliers pour 1000 francs le mètre carré.

Comme un symbole, le nom de cette commune a aujourd'hui entièrement disparu des registres,

remplacés par celui de la station de ski flambant neuve,

dont l'ONRTF célèbre la création 1952 Courchevel.

Une nouvelle station de grande classe pour amateur de sport d'hiver est née.

C'est Courchevel, situé à 1850 mètres d'altitude dans les Alpes.

Et sur les pistes ensoleillées, face à la frontière italienne,

de la mi-décembre à la mi-mai, on peut descendre, sauter tout à son aise,

car un excellent trempla de saut complète le tableau.

Le tout fera peut-être de Courchevel, la station olympique de l'avenir

et en tout cas, une des premières stations touristiques et sportives de France.

Dans les années 50, l'essor de la station est exponentiel.

A Courchevel, Chaplin invente des principes urbanistiques qui vont faire date dans l'univers du ski.

Une cité de 6 000 dans des immeubles frontneiges sur le modèle des frontmeurs,

mais qui en l'occurrence donne directement sur les remontées mécaniques.

Inspirée des théories du corps buzile,

Chaplin veut construire une station accessible au plus grand nombre.

Oui, ça paraît étrange aujourd'hui,

mais Courchevel fut d'abord pensé comme une station sociale.

Mais Michaud rêve plus grand, plus gros, plus haut et surtout plus cher.

Au grand dame de Chaplin qui n'apprécie guère le tour d'en spéculatif qui se dessine à Courchevel.

Alors il claque la porte.

Des années plus tard, en 96, il reviendra dans les 3 vallées

d'écrire avec des goûts ce que son rêve est devenu.

Monde en chevêtrait, embouteillé, congestionné, déroutant de folklore de pacotilles.

Monde ou la montagne n'est plus qu'un prétexte à faire de l'argent.

Beaucoup, vite et par tous les moyens.

C'est effectivement à ce moment-là que fleurissent les usines Ascii dont rêve Michaud se début des années 60.

Dans les décennies à venir, il y aura de plus en plus de ce cœur,

de demandes et d'embouteillage sur les pistes et surtout de profits.

D'ailleurs, le général de Gaulle est son premier ministre Georges Compuidou,

compris l'enjeu que représente l'industrie du ski pour les Alpes françaises.

Ils veulent saisir cette chance pour réveiller ce désert français,

comme on l'a appelé à l'heure à Paris.

Et Maurice Michaud se retrouve à la tête d'une commission interministérielle

pour l'aménagement de la montagne.

En 1965, un grand plan de planification et d'investissement est signé,

le plan neige.

Et on n'y va pas avec le dos de la cuillère.

157 millions de francs d'investissement publics, soit 220 millions d'euros,

sont ainsi débloqués pour créer des nouvelles roues de l'air les sommets,

acheter les terrains ou modeller les pistes à grands coups de billet de oeuvre,

aider les aventures repromoteurs à bâtir des villes nouvelles sur des sites

à plus de 2000 mètres d'altitude.

Premier objectif, la création de 150 000 lits pour accueillir les touristes.

Accompagner le son équipe d'experts, Michaud parcourt à pied, à ski,

en helicopter, tous les massifs français.

Objectif, cartographier et déceler tous les sites naturels susceptibles d'accueillir

ces méga stations, car il faut tous les exploiter.

Comme on l'explique ici dans un reportage de l'ERTF,

auquel participe Michaud, fier de son oeuvre.

Chaque année, le nombre d'espoirs français augmente de 15%.

A ce pourcentage, il faut ajouter un potentiel de 5 millions d'oskeurs étrangers

n'ayant jamais skié en Europe.

Alors, comme les montagnes européennes sont les plus propices au sport d'hiver,

le ski est devenu l'enjeu d'une lutte farouche entre la Suisse, Autriche, l'Italie et la France.

Cependant, les vieilles stations, saturées, ne peuvent plus faire face à l'accroissement des skieurs.

Il faut donc en créer d'autres et, pour cela,

les spécialistes du service d'études de la Commission interministérielle

pour l'aménagement de la montagne, respectent justement cette montagne.

Ici, près d'Avorias, pour recenser les sites vierges,

vous pourrez s'implanter les stations nouvelles.

Alors là, moi, je pense qu'on pourrait s'arriver sur les cabines.

Au rythme où vont les choses, on peut dire que dans 15 ans,

tout sera ou exploité ou entrepris.

Pouvoir public et promoteur fonctionne main dans la main.

Pour coloniser la montagne sauvage, tout ça sous la supervision de l'intransigeant Michaud.

À Tignes, en Savoie, les paysans eux tentent de lancer leur propre remontée mécanique,

histoire de profiter timidement de l'essor du ski.

Du bricolage, bien loin des ambitions de l'État, ce bulldozer.

C'est au promoteur Pierre Schnebelen,

qui est confié à la mission d'exploiter avec plus d'ambitions cette nouvelle terprevise.

J'ai acheté Tignes pour un franc du conseil général de Savoie.

Je vous ai fonctionné un franc.

Je te le donne.

Tu te démerdes.

J'ai dit bon, ok, je prends le pari,

mais je ne veux pas m'enfoncer dans une aventure sans fin.

Chaque paysan avait son tir face.

Je dis moi, je veux un contrôle foncier total,

une maîtrise de tous les remontées mécaniques, etc.

Donc je vais d'abord faire signer et tous les gens.

C'est fait propriétaire par propriétaire par propriétaire.

Je disais, mais vous allez avoir 3 appartements, 2 appartements,

une boutique pour vos enfants, etc.

J'ai réussi à les coincre.

Voilà comment un intoxiclet berger convaincu au moyen d'un petit baratin de soldés leurs terres.

Et pour ceux qui ne se montrent pas assez naïfs,

Michaud a tout prévu.

En déclarant une zone d'utilisation publique,

le plan neige facilite l'expropriation des paysans,

moyennant le tarif en vigueur pour les terres agricoles,

on l'a dit quelques centimes de francs le maître carré.

Acheter à bâpris ou expropriés,

tel est donc la doctrine Michaud

et le destin qui est réservé au village de Montaigne français.

Dans les Alpes, la rue est vers l'or blanc et lancée.

Printemps 1967.

Dans la vallée de Serviette,

une voiture sillonne la route escarpée slallement entre les troupeaux.

Elle vient de loin, de Belgique,

à son bord de représentant de la Banque Lambert.

Cheveux gominés, costumes feutrés,

dans leur petit attaché case,

ils ont glissé un projet pour l'avenir des terres serverines.

Dans la plainte du Bourget,

on prévoit ainsi la construction de 15 000 lits,

des remontées mécaniques, des terrains de golf,

un lac artificiel, un altiport, et tiens,

pourquoi pas être une aile creusée sous la montagne

pour faciliter l'accès à la station.

Bien sûr, il faudra détruire les cheveux d'alpages.

Leur prix, 74 centimes le maître carré.

Deux habitants de Serviette se souviennent de cette première offensive.

C'est un moment là que les promoteurs sont arrivés

et ils voulaient acheter toute la vallée.

Mais on avait tous la même idée

c'est de rester propriétaire, de nos chalets

et notre outil de travail.

Et le monsieur a fait toutes les maisons.

Il a rendu visite à tous les exploitants agricoles.

Il leur a dit, ben voilà, on vous achète votre terrain,

vous signez une acte de vente,

et puis vous serez payés.

Il n'y en a pas eux, il y a un accepté.

Il est reparti en pleurant,

parce qu'il est reparti sans un maître carré.

Dans les villages de Serviette, les paysans sont forts.

Il y a les forts braques, les forts gignous,

ou encore les forts vincent-ignac des forts.

Tout le monde a un ancêtre commun,

tout le monde se connaît et tout le monde s'entraide.

Gardent la tour de rôle du taureau communal,

entretien collectif des canaux, des chemins et des ponts,

partagés dans les alpages de la pleine du Bourget.

Ici, respire encore ce qu'on a pu appeler la démocratie paysanne.

Et là, est le secret de la résilience du village.

L'union, qui comme chacun sait, fait la force.

La preuve, c'est parce qu'ils se sont serrés les coups

que les paysans ont remporté nos premières batailles.

Mais avec leurs promesses, leurs sentines beufrants,

les promoteurs reviendront très bientôt.

Je manue les loups, manue les loups, loin de chez vous.

Je manue les loups, manue les loups, les sept ans forts.

Je manue les loups, manue les loups, loin de chez vous.

Je ne dirais pas au bord de la rivière,

je ne dirais pas si mon âme n'y est pas.

Je ne dirais pas au bord de la rivière,

je ne dirais pas si mon âme n'y est pas.

Je manue les loups, manue les loups, les sept ans forts.

Je manue les loups, manue les loups, loin de chez vous.

Je manue les loups, manue les loups, les sept ans forts.

Je manue les loups, manue les loups, loin de chez vous.

Les blancs s'en vont, le long de la rivière.

Les blancs s'en vont, les rouges resteront.

Les blancs s'en vont, le long de la rivière.

De la rivière, les blancs s'en vont

Les rouges resteront

Je m'ennuie les loups, m'ennuie les loups

Laissez-nous faire

Je m'ennuie les loups, m'ennuie les loups

Mande chez vous

Je m'ennuie les loups, m'ennuie les loups

Laissez-nous faire

Je m'ennuie les loups, m'ennuie les loups

Mande chez vous

Je m'ennuie les loups, m'ennuie les loups

Laissez-nous faire

Je m'ennuie les loups, m'ennuie les loups

Mande chez vous

Je m'ennuie les loups, m'ennuie les loups

Pour lesrières

Je m'ennuie les loup, m'ennuie les loups

Si nous n'allons chez pas

Je m'ennuie les loups, m'ennuie les loups

Pour lesrières

Je m'ennuie les loups, m'ennuie les loups

Si nous n'allons chez pas

Je m'ennuie les loups, m'ennuie les loups

Mal réduis- nuevas loups

Laissez-nous faire

Je m'ennuie les loups, m'ennuie les loups

Laissez-nous faire

Je m'ennuie les loups, m'ennuie les loups

Mande chez vous

Je proclame l'ouverture des 10e Jeux olympiques divin de Grenoble.

1968, les Jeux de Grenoble marquent l'apogée du ski français. Jean-Claude Quilly le fabuleux et ses trois médailles d'or devient une star internationale qui fascine toute une génération de jeunes français ne rêvant plus que de ski.

Ça tombe bien ? Maurice Michaud est là pour les satisfaire. Il a fait sortir de terre des villes dans la montagne prête à accueillir des centaines de milliers de vacanciers, avoriases, flènes, laplagnes ou encore les arcs. Rien que dans la vallée de la Tarentaise, c'est près de 400 000 lits qui sont créés en quelques années.

Et dans l'ombre de la Savoie et de l'Isère qui concentrent les plus grands projets, le département des Hautes Alpes, au sud, a louper le train.

Mais l'échec des promoteurs belges dans la vallée de Servier ne fait pas sourire tout le monde. Un homme abriant son suis le dossier de très près. Il s'appelle Paul Dujou. Il est né à Neuilly-sur-Seine et sort tout juste de la promotion montesque de l'Ena.

Parachuté dans les Hautes Alpes, il vient d'être élu député et entretient une foi nébranlable en son glorieux destat.

Pour séduire Paris, il rêve d'édifier de somptueuses stations dans ses montagnes d'adoption. Il fait donc de Servier une affaire personnelle.

À ce propos, le Nadide Park, 1968, marquera durablement les esprits au village. Le jeune effringant député y débarque soudainement, compagnie de promoteurs grand au bois.

Devant une salle comble, le jeune tador de la politique enchaîne les promesses mirobolantes d'emploi et les petits mots rassurants.

Les villageois sortent intrigués de ce nouveau projet.

Mais en privé, dans une conversation avec les membres du Conseil municipal, Dujou se montre beaucoup moins manianine.

Que les conseillers municipaux qui sont propriétaires dans le secteur concerné vendent leur terre, les autres nous les exproprieront du tube.

Les servaires comprennent à qui ils ont affaire.

Alors, ils mettent au point leur riposte.

Et Raoul Marat, l'historien amoureux de la vallée dont nous parlions en ce début de récit,

crée une association de défense qui va attirer dans ses rangs des personnalités venus de tous les horizons, prêt à s'engager pour défendre ce paysage.

Douze dons qui shortent, en quelque sorte, pour dire au berger qu'ils ne sont pas seuls.

Mais Paul Dujou ne compte pas des armées, comme il annonce à la télé.

Servia n'est pas encore lancé, nous avons eu, il faut dire, quelques difficultés.

Mais Servia est un projet qui est particulièrement cher au gouvernement,

puisque le ministre de l'équipement, M. Chalandon, est venu reconnaître lui-même cette station

et qu'il a déclaré qu'il s'agissait d'un des plus beaux sites qu'il ait vu, et on peut lui faire confiance, il s'y connaît.

Servia, eh bien, je crois, doit être lancé en 1972.

Il faut au moins un an d'études à partir de maintenant, et les premiers balbuciments n'ont pas été ce que nous avons espéré.

Néanmoins, dès maintenant, le processus est engagé, et l'État associe un promoteur important contre réaliser Serviaire le plus tôt possible.

Il faut dire que le nouveau projet de station, le 15ème du plan neige, intitulé SuperServieur, a de quoi faire frémir les bergers.

40 000 lits sont envisagés, ainsi qu'une jonction avec la station de Mont-Jeuneuve, dans l'autre vallée, prédifié un immense domaine sciable.

Le projet est présenté lors d'une réunion à laquelle le maire de Serviaire n'est même pas convié.

L'avenir des villageois est débargé ce jour à, sans eux, sans qu'il soit consulté.

Le 29 mai 70, le député Dijoud est gagné de première fois.

Sans en avertir au préalable le Conseil Municipal ou le Conseil Général des Hautes Alpes,

il déclare 6 500 hectares de la commune située dans l'implein du Bourget, zone d'aménagement différent.

Rien ne peut y être entrepris, le territoire est comme gelé.

La main d'œuvre est fourbe, car derrière une mesure de protection du patrimoine,

l'objectif de Dijoud est bien de rendre illégaux taux travaux de rénovation

qu'entreprendraient les bergers sur leur chalet d'altitude.

Or, ceux-ci, datant pour certains du XVIIIe siècle, se dégradent inexorablement, et ils seront bientôt inhabitables.

L'activité agro-pastoral est directement menacée, cette fois l'attaque est frontale.

D'autant que la désignion menace au village, à servir la population vieillissante.

Les hommes ont quasiment tous plus de 45 ans, les célibataires sont nombreux

et les jeunes ne veulent pas rester dans la vallée pour embrasser la profession de leurs ancêtres.

Après tout, un job dans la station ne serait-il pas plus facile qu'une dure vie de la beurre ?

Dijoud sait très bien que cette envie est légitime.

Ils s'engouffrent dans la vrèche, attisent les tensions, fustigeant publiquement, je cite,

le caractère égoïste de l'expression de quelques intérêts privés.

En d'autres mots, sacrifiez vos terres, ou votre pays mourra, ou marche ou crève, comme vous voulez.

L'association de défense à la vallée répond alors en imaginant un autre projet de tourisme,

plus modeste que celui de l'État, moins destructeur et surtout initié par et bénéficiant

aux villageois eux-mêmes.

Invité à la télévision nationale, Dijoud ricane presque contendu aux possés modèles alternatifs.

Les gens qui vivent dans les villages de montagne, ils veulent gagner leur vie dans des conditions

decentes et modernes, particulièrement les jeunes.

Pour les jeunes, il est absolument exclu, mais complètement exclu,

qu'ils vivent dans 20 ans ou dans 30 ans, dans les conditions qu'avaient connu leurs ancêtres.

Il faut donc se garder, de vouloir se faire survivre de façon artificielle,

des espèces de musées de la montagne, ou un certain nombre de montanières malheureux,

à travers des expériences momentanées, difficiles, incertaines, très dures à rentabiliser,

un temps très de s'insérer dans une civilisation des loisirs qui n'auraient pas été prévues

pour eux dans des conditions modernes.

En ce début d'année 72, le jeune député pense toucher au but.

Grâce aux soutiens sans farailles de Maurice Michaud,

il obtient du préfet des Hautes-Alpes l'ouverture de cette fameuse enquête dite d'utilité publique.

Du 19 janvier au 3 février, ouverture d'une enquête d'utilité publique préalable

à l'expropriation des terrains privés, bâti ou non, sur 1650 hectares,

nécessaire à la constitution d'une réserve foncière,

en vue de l'aménagement des espaces naturels et de la création d'une station d'autorisme

sur la commune de Servière.

Cette fois, le couper est proche de tomber.

Mais le village de Servière a peut-être un espoir, une vraie motivation pour lutter.

Car, au tournant des années 70, de nouvelles idées politiques viennent s'immiscer

dans les certitudes gaullistes.

En 1969, Schneebelen, le promoteur des tignes, ainsi que Michaud, avait un rêve fou.

En vouloir construire de gigantesques équipements sur les territoires

protégés du parc naturel de Lavadoise, ils ont réveillé le colère que personne ne soussonnait.

Celle des habitants de la tarentaise, dont la vallée, leur vallée,

est devenue en une décennie un véritable disneylanduski.

L'opposition est telle que les autorités reculent.

Et en 1971, le projet se trouve considérablement raboté.

Il se trouve qu'en cette même année, les Français entendent parler d'un petit bout de terre

beaucoup plus à l'ouest que des paysans s'acharnent à protéger face à sa velléité de l'État, le Larzac.

Et la nature devient peu à peu un sujet politique.

Et pour les Cerverins, une fenêtre s'ouvre.

Le conseil municipal et son maire rêment fort bras,

qu'envoient des centaines et des centaines de courriers,

toutes celles et tous ceux qui sont susceptibles de s'intéresser à leur combat.

Une pétition pour la survie de serviette est lancée.

Elle trouve un relais dans la presse nationale.

Aux ratons favoriser une opération immobilière qui ne sert que des intérêts privés

et prétendre qu'une telle station de luxe offrira des loisirs à la majorité des Français,

s'interroge par exemple le journal La Croix.

C'est bien la doctrine Michaud et l'œuvre du plan neige qui est visée.

L'hiver 70 était terrible pour les stations de ski.

Beaucoup connaissent la crise, les promoteurs font faillite

et la ruée vers leur blanc ne sait plus autant les investisseurs.

Némenuir, l'une des dernières stations sortiteurs est déjà au bord de la faillite.

Son architecture lui a valu le surnom de Sarcell des Alpes

et personne n'est très emballé à l'idée d'y acheter un appartement.

Oui, le vent tourne et les équipes de télé débarquent alors à servir.

Le maire fort bras qu'avec son bâton de berger, son beret et son accent chantant

devient le visage de cette drôle de contestation au Saignard.

C'est ce que c'est.

Ces 3 dernières années, avant, servir, ça tournait biéron.

Mais maintenant, depuis ce truc là, servir, pour moi c'était infernal.

Si demain on vous met au pied du mur, comme vous dit, c'est 30 centimes ou c'est rien, qu'est-ce que vous faites ?

Eh bien, on verra. Mais je ne pense pas.

On est là, on est là, poussé, on ira jusqu'au bout.

C'est-à-dire ?

Nous irons, nous irons conseiller des tas si le faut.

La pétition des serveurs récoltent 20 000 signatures dont celles du prix Nobel Luinelle et Darmtasieff,

explorateur et volcanologue mondialement célèbre.

La préfecture de Léozalpe reçoit près de 1000 courriers de protestation.

Alors le préfet prend peur et renonce au processus d'expropriation.

Ce n'est qu'un sourcil.

Au passage, le combat contre super-servière a conféré au village une notoriété,

improbable.

Paris Mach, exposant une levisage et le sourire ravageur de Raymond Farbrac.

Quand l'État et les producteurs se coalescent pour liquider nos communes de montagne,

alertent-on dans le nouvel observateur.

Super Fiasco écrit le canard enchaîné.

Quand Arachiri lui ironise sur le mépris et la condescendance des élites pour ses montagnards.

À l'usine, les ploucs, mais les ploucs, pas conscients du tout d'y aller à contreprogrès, résistent.

Ils veulent rester arriérés, écrit le journal satirique.

L'Ortf également consacre plusieurs émissions au serveur à un devenu des figures de gardiens de la nature.

Et les Français se passionnent pour ce monde comme issus d'un autre siècle.

Oui, on vit avec nos bêtes, comme on vivait tout le temps, quand on était jeune.

Serviaire, ça aurait pu devenir une grande station ?

Peut-être, je ne sais pas.

On ne sait pas ce que ça aurait donné.

Mais il y en a déjà tellement des stations, il y en a bien ainsi.

Vous ne croyez pas ?

Vous êtes contre les skis ou ?

Non.

Mais je trouve qu'il y en a déjà pas mal et que après, ça ne continuera pas tout le temps.

Vous pensez qu'elle pourra continuer l'agriculture ici ?

On ne sait pas.

C'est jeune.

Ça dépend de tous les jeunes.

Oui, mais s'il n'y en a plus, s'ils s'en vont.

S'ils s'en vont.

Ça restera comme ça.

Et nous, on s'en ira aussi.

Au bout du compte, et comme par miracle, le projet de super-serviaire,

sans que cela ne soit jamais vraiment dit et peu à peu abandonné.

Quant aux opinions de Paul Dijoux, elle change du tout au tout.

Le voilà maintenant défenseur de l'agriculture de Haute-Montagne.

En 1974, il est même nommé ministre de l'Environnement.

Mieux encore, il choisit serviaire pour tester une nouvelle politique de l'aménagement du territoire.

Arémond Forbrach reçoit alors une aide massive de 5 millions de francs

pour soutenir ses administrés et leur agriculture singulière de Haute-Montagne.

Maurice Michaud, lui, meurt en 1973.

Alors, de son œuvre colossale bâtisseur, qu'aviendra-t-il ?

En 1977, à Valouize, non loin de Serviaire,

l'hélicoptère du président Valéry Giscard d'Estaise se pose au milieu de la Plaine

et le président lâche une bombe.

Il y a le tourisme.

Un tourisme bénéficiant au maximum à la population locale.

Un tourisme accessible au plus grand nombre.

Un tourisme respectueux des sites et des paysages.

L'objectif du gouvernement est de permettre un meilleur entretien

et une meilleure protection de ce patrimoine naturel.

C'est toute la montagne qu'il faut protéger pour lui permettre de mieux vivre.

Voilà, le plan neige est arrêté.

Une nouvelle air s'ouvre pour la montagne française.

Jamais aucune remontée mécanique ne sera construite dans la vallée de Serviaire,

où vivent toujours 100 personnes.

Et si on dépasse le petit village par la droite

et qu'on s'aventure sur le chemin qui mène au fond de la vallée,

on débouche toujours sur une immense pleine verdoyante.

Là, posée depuis des siècles, tronent encore les vieux chalets débergés.

Non, ici à Serviaire, on ne passera pas de vacances

au vent plus cher qu'un voyage sur un autre continent.

On ne verra pas le spectacle des fils d'attente longs

comme les bras devant les remontées mécaniques,

des vacanciers qui se percutent sur les pistes et qui parfois se tuent.

Des supermarchés boréens et bondés,

des restaurants de montagne,

qui en guise doraclette vous servent 3 bouts de fromage

et une demi tranche de jambon à des prix exorbitants.

C'est déjà ça. Et ce n'est pas rien.

...

...

...

...

...

On ne fera pas de ski à Serviaire.

Nous en parlons avec notre invité Freddie Ménian. Bonjour.

Bonjour Fabrice, bonjour tout le monde.

Bonjour gardien de refuge et vice-président

de l'association Mountain Wilderness France,

une ONG qui défend la montagne et l'environnement.

Vous êtes dans les studios de France Bleueser,

que nous remercions pour leur accueil.

D'abord, pouvez-vous nous expliquer la différence

entre les différents types de stations de ski

telles qu'on les trouve en France

et notamment quand on tombe par stations de ski intégrés ?

Alors, en deux mots, parce qu'on a effectivement

ce qu'on appelle des grosses stations,

très grandes stations, très grands domaines,

qui sont complètement hors sol, on va dire,

c'est-à-dire qu'ils ne s'appuient pas sur des villages,

voire où les villages d'origine ont été gommées et facées.

Et puis, il y a des stations qui sont plus intégrées

dans les massifs, dans les vallées,

plus qui s'appuient les plus petites stations,

souvent des stations moyennes,

qui s'appuient sur des villages et donc sur une vie de village.

Et c'est vrai qu'il y a un écart assez important

entre ces grosses stations très urbanisées

et ces villages qui se sont développées.

Alors, les stations de ski intégrés,

donc plutôt des villages, on peut citer...

Quelles stations on peut citer pour donner des exemples

qu'on se fasse une image bien précise ?

Vous allez dans les petits massifs,

voyez que ça soit la chartreuse, le verre-corps,

ou même dans les Arabies,

on a des stations, quelque part,

même dans les Hautes Alpes,

parce qu'on a des stations qui ont été créées toutes pièces,

mais il y en a quelques-uns dans la vallée de Cerchevallier

qui s'appuient quand même sur des villages existants.

Comme Saint-Véran, par exemple ?

Saint-Véran aussi, c'est une petite station, bien sûr.

C'est une petite.

Je crois que c'est le village le plus haut d'Europe,

c'est ça, pour être 2000 mètres le plus haut d'Europe.

C'est bien ça.

Et donc on a attiré vraiment des bénéfices

de ces stations intégrées,

c'est une autre approche économique,

écologique, sociale, vraiment ?

Oui, on commence...

Paradoxalement, c'est maintenant qu'on commence

à en sortir un peu l'effet,

c'est-à-dire qu'au moment où les préoccupations

environnementales, les préoccupations sur le mode de vie,

les préoccupations sur le rapport à la nature

que nous avons fait que, par exemple,

cet été, pour ne citer qu'un exemple très très récent,

clairement, autant il y a eu du monde en montagne,

autant il y a eu plus de monde, clairement,

dans les endroits qui sont plus nature,

qui ne sont pas urbanisés,

ou qui sont peu urbanisés.

C'est l'air du temps.

Voilà, c'est l'air du temps, mais c'est un retour,

quelque part, peut-être, à quelque chose d'essentiel.

C'est sûr.

C'est qu'est-ce que la montagne a de particulier,

qu'est-ce que la montagne peut nous apporter ?

Alors certes, cette histoire des bergers est géniale,

quand je la réécoute, c'est mouvant,

c'est même bouleversant, c'est vraiment chouette,

mais bon, certes, beaucoup d'autres ailleurs ont été séduits

ou obligés, on va dire, dans certains cas.

Maintenant, on est dans une situation un peu nouvelle,

c'est qu'il y a eu quelques décennies

où clairement les dollars sont arrivés,

mais maintenant, on remonte très fort la question

de quel rapport on a à cette nature

qui fait l'ancrage des bergers de l'origine.

Les bergers d'origine, ils ne voulaient pas simplement vivre

dans une certaine pauvreté, ils voulaient surtout vivre

en contact avec la nature, en contact avec la montagne,

quelque chose de fort, de très inspirant

et qui, à mon avis, avec du recul maintenant en 2022,

est assez fondamental.

Frédéric, vous parliez justement d'écoutant ce récit

d'une sorte de poésie, c'est le pot de terre

qui gagne contre le pot de fer, effectivement,

c'est mouvant comme histoire,

et il y a une voix qui se trouve illustre

ce combat, celle de Raoul Marat.

Alors, à 90 ans, il est l'un des derniers survivants

de la lutte menée à Serviette,

il fut, je le rappelle, le fondateur de l'association

pour la sauvegarde et l'étude de la vallée,

fondée en 1969 pour faire face au projet de station de ski.

Alors, il se souvient de tout cet épisode

qui nous éclaire, à travers ce qu'il va dire

et qu'on va entendre ensemble,

sur la place de l'écologie à l'époque

dans le discours des décisors publics.

Au printemps 1968,

le député Dijoux Merd-Briençon,

qui s'intéressait beaucoup

aux choses d'ordre financière,

est venu à Serviette annoncer qu'il y avait un projet

et que cela entraînerait

une modification profonde du paysage

sous la forme d'une station de très grande ampleur.

Une réunion publique a eu lieu,

j'assistais à cette réunion.

J'ai pris à partie M. Dijoux pour lui faire remarquer

que dans la vallée, il n'y avait pas que des problèmes

de rendement économique,

il y avait aussi des problèmes de protection,

de richesse naturelle.

Et M. Dijoux a traité ça,

a rebondu avec une facilité ironique.

Alors, jusqu'à me dire,

eh bien, pour vous faire plaisir,

quand la station sera construite,

on dressera une autour-effet avec au sommet

une petite prairie

pour conserver vos espèces animales et végétales.

C'est vous dire le temps

de M. Dijoux à l'époque.

C'est un projet de 15 000 lulis,

s'il vous plaît,

dans une véritable ville,

plus grande que Montréal-en-Saint,

avec disparition de toutes les terres

dévolues au fourrage,

dévolues à la fenélaison.

Donc, on éplive de la travail

et on le propose,

éventuellement, des emplois

serviles dans une superstation

d'amplaires absolument délirantes.

Et s'il avait été appliqué,

les serviles avaient qu'à s'en aller.

Ils ne pouvaient pas rester dans ces conditions-là.

Il faut noter que la population

strictement paysane a augmenté

après avoir déménué

dans des proportions catastrophiques

comme dans beaucoup d'autres régions.

Elle a remonté le nombre d'agriculteurs

les plus importants aujourd'hui

qu'il y a 30 ans, par exemple.

Bien, tout cela est très vertueux

et vrai, cela dit,

les stations de ski ont-elles quand même

sauvé les vallées alpines

parce qu'on les critique facilement ?

Évidemment que surtout face à

un combat paysan.

Mais on y va quand même, parce que les pistes

sont larges. Est-ce que les stations de ski

ont sauvé les vallées alpines ?

Pour une part, oui.

C'est le paradoxe de cette situation-là.

C'est que, pour une part,

c'est vrai que ça a créé de l'emploi,

c'est vrai que ça a fait venir

et des touristes et de l'argent.

Ceci étant dit, est-ce que le mot

sauvé est adapté ?

Il a permis de faire vivre

pendant quelques décennies et maintenant

ça fait partie de notre histoire.

Incontestablement, c'est notre patrimoine, quelque part.

Il y a eu de l'engagement quand même,

au-delà de la bétonnisation,

il y a des gens qui ont bossé, qui ont créé,

il y a des défis. Il y a quand même, ça fait

50 ans d'histoire dans la montagne. Mais maintenant,

on s'aperçoit clairement

que ce modèle-là est sans doute

à la fois inadapté, voire en fin de vie

à cause des conditions climatiques,

mais voire même plus fundamentalement,

inadapté, parce que maintenant,

il paraît inadapté.

Parce que je recitue comme ça,

moi, sur le plan presque philosophique, c'est-à-dire que

le genre humain au 20e siècle,

il s'est éloigné de la vie de la terre.

On s'est créé une bulle au-dessus

et tout ce qui était un vierge,

c'était à aménager, pas qu'en montagne,

en montagne et ailleurs.

Aujourd'hui, en 2022,

la richesse, c'est quoi ?

Est-ce que c'est à aménager,

urbaniser la montagne, ou au contraire,

de pouvoir

voir la spécificité

du territoire de montagne ? Vous savez, j'aime bien

prendre cet exemple-là. Vous prenez le continent européen.

Partout, il y a des routes,

des habitations. Il y a un endroit.

Les seuls endroits

où il y a les dernières

maisons habitées. Les seuls endroits

où les routes s'arrêtent,

où donc il y a un terrain qui n'est pas habité

par l'homme, ce sont les montagnes.

Est-ce que c'est pas une ressource essentielle

aujourd'hui, avec toutes les crises

que nous avons qui nous tombent sur la tronche

pour justement reprendre contact

avec la vie terrestre ?

Réatérir. Moi, je trouve que les montagnes

ont un bel avenir à condition qu'on mesure

ce qu'elles peuvent représenter

dans l'équilibre de chacun d'entre nous

qui nous sommes sur Terre, est-ce qu'on est

dans une bulle d'extraterrestre,

ou est-ce qu'on fait partie de la vie terrestre ?

Je dis ça parce que la question est importante

en montagne. En montagne, on essaye

de vivre avec, on essaye pas de vivre

en domination sur la montagne.

Et c'est pour moi, peut-être

fondamental. Bien, on retient

cette morelle. On écoute

BB Club le matin et on se retrouve

dans 2 minutes et demie.

Elle se le nait pas bebé

J'entends le bois

Nus dans le livre et par en haut

Et je t'oublie dans mon sable

J'aurais voulu

Que tu m'embrasses en sortant

Sous l'eau pas lente

dans la nuit s'effacent

Nous marchons

sans trop vraiment savoir

quelle heure il est

Tout le monde rouge comme la fin

dans le refroid

A ta mi-bourre nous a blessés

Le matin, si le déloyre

j'aurais voulu

J'aurais voulu

Que tu m'embrasses

Que tu m'embrasses

Nous marchons

sans trop vraiment savoir

La lumière se pousse

sur ton visage

Tu prends mon moment

Et il s'en siffle

Et il s'en fiche

Tu es la lumière

Et il s'en fiche

Tu es la lumière

Et il s'en fiche

Tu es la lumière

Et l'eau dans l'eau

France Inter

Très bienvenue à une dernière question spécifique

Voilà qui était d'affaire sensible effectivement

Une dernière question spécifique aussi de Servière

Est-ce que le refus d'une construction de la station

a vraiment permis le maintien d'une activité paysanne dans la vallée ?

Apparemment oui

Alors avec des limites

Parce qu'il y a

la ces dernières décennies encore une fois

On n'a pas fait grand chose pour vraiment développer

l'agriculture locale

Dans le grand bassin briançonné

à ma connaissance

on a aujourd'hui que 2%

des productions de l'alimentation

des habitants de la vallée

qui vient du grand briançonné

le reste 98% vient en camion

Donc quelque part c'est colossal aujourd'hui

qu'on voit les dégâts et les conséquences

alors qu'il y a moyen de faire là bas

Donc Servière il y a encore des agriculteurs

des éleveurs c'est une certitude

qui est besoin de faire beaucoup plus

et de repenser ce rapport

à l'agriculture, à l'élevage

ce rapport à la vie locale

Je crois que Servière peut peut-être

être un point d'appui, pas un modèle

mais en tout cas un point d'appui

Alors vous avez été longtemps gardien de refuge

dans les Hautes Alpes

et la place s'occupe le cas spécifique

de Servière dans la mémoire locale

quelle trace combat il laissait

s'il en a laissé

Il a laissé des traces

honnêtement un peu

un peu légèrement

enfin ça a laissé des traces dans l'histoire

chez nos anciens et tout ça

mais ça a été un peu gommé

quand même par toute la vie, la modernité

le développement récent

et je crois que de le réactualiser

comme vous le faites aujourd'hui

sur France Inter je pense c'est important

qu'on parle de notre histoire et qui doit

faire réfléchir, qui peut nous faire réfléchir

aujourd'hui, sur

au moment où on est dans des changements culturels

nécessaire, indispensable dans ce rapport

à la nature, à la montagne, à la vie

aux productions locales

je crois que la Servière peut être

oui, peut être un point de référence

un point d'appui important

notamment en termes de zone à défendre

même si on n'appelait pas ça des ades à l'époque

et le LARZA c'est la même démarche

notre LAMDELANCE c'est aussi la même démarche

ce sont des forces sociales

qui pensent la même chose et qui se

soulèvent

des grands projets d'État

il y a un lien je trouve entre ces histoires

oui alors on est un peu

c'est là, en écoutant le reportage

tout à l'heure on disait

à la fois à quelques similitudes et quelques

différences importantes

les différences très importantes c'est qu'à l'époque

l'État fonçait

aujourd'hui c'était vécu comme la modernité

ou du moins véhiculé comme la modernité

aujourd'hui on est un problème un peu différent

sur l'aménagement de la montagne

c'est que l'idée qu'il faut arrêter

de grignoter

l'espace naturel est forte

et beaucoup plus forte

et généralisé dans une bonne partie

de la population

par contre on a encore quelques aménageurs

qui effectivement continuent à foncer

les têtes baissées et quand j'entends ZAD

il se trouve que dans les Alpes en ce moment

notamment je pense à la Clusa

il y a effectivement des gens qui sont

en train de faire les arbres pour empêcher

l'extension

notamment la création d'un bassin de 150 000 m3

en dehors même de la station

voilà des choses qui aujourd'hui

paraissent aberrantes

qu'on justifie encore au nom de

l'économie mais qui

véritablement si on y allait

nous amène dans le précipice

vous savez en haute montagne

moi j'ai un petit mot parce que j'ai vécu

10 ans à 3100 mètres

le réchauffement climatique

j'allais venir

qu'est ce qu'on se dit entre professionnels

de la montagne sur

l'enneigement

ça a un vrai problème

la neige continue à tomber bien sûr

mais peut-être moins bas

alors il y a ça

c'est à dire que dans les altitudes moyennes

là où il n'y avait que de la neige avant l'hiver

maintenant il y a de la neige et de la pluie

donc la neige ne tient pas

elle disparaît

en haute montagne il y a encore de la neige

en 2005-3000

il y en aura encore dans un paquet d'années mais c'est pas que la neige

le réchauffement

encore une fois j'ai vécu

sur une paroi rocheuse

entre 3000 et 4000 mètres

refuge du promontoir

et dans toutes ces zones de haute montagne

il y a une accélération

mais vraiment

mais marquante

c'est à dire que

je crois que je n'exagère pas en disant

que les professionnels de la montagne sont un peu traumatisés

parce qu'il se passe notamment ces dernières années

on assiste à une vraie accélération

c'est à dire en haute montagne

bien sûr les classiques qui reculent

mais

mais des parois qui s'écroulent

moi je l'ai vécu, je l'ai eu sur mon refuge

l'équivalent d'immeuble

de 3-4 étages qui sont tombés sur 600 mètres

à côté du refuge

c'est des éléments

des événements traumatiques

qui font vraiment réfléchir sur ce qu'on appelle

l'ouragan climatique qui arrive

et que nous en haute montagne on sent

oui il y a besoin qu'on arrive à changer nos modes de vie

ça devient

incontournable clairement pour les professionnels de la montagne

bien sûr

Trédimeignon vous êtes toujours gardien de refuge ?

non j'ai arrêté en 2018

et maintenant j'ai

un jit resto dans le massif de Beldon

au dessus du Grenoble plus bas

à 1100 mètres

mais c'est quand même en montagne et c'est quand même génial

parce qu'on a ce rapport

à la nature

vous savez quand on est en montagne

on se sent tout petit

ça sera le mot de la fin c'est un peu brutal

c'est comme une piste très escarpée

vous arrête là en pleine de sortes

merci en tout cas pour tous ces éclairages

que vous avez apportés sur cette montagne

que vous connaissez si bien

merci au revoir

c'était Affaire sensible aujourd'hui

il n'y aura pas de station de ski à serveur

une émission que vous pouvez réécouter en podcast bien sûr

à la technique aujourd'hui il y avait Julien Dumont

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

durée :00:53:59 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle, Franck COGNARD - Début des années 70, c'est le temps du Plan Neige, des pionniers de l’or blanc et de leur croyance folle en une croissance continue et infinie : la montagne doit rapporter un maximum. C’était sans compter la résistance d’un petit village millénaire... - réalisé par : Frédéric Milano