Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: La disparition du curé de Châtenay - Le récit
Europe 1 4/18/23 - 31m - PDF Transcript
Un œil dans la nuit, c'est le nouveau thriller de Bernard Minier.
Un réalisateur de films d'horreur retiré dans ses montagnes,
un meurtre abominable.
Et si ce crime trouvait sa source dans un film maudit,
pour Martin Cervaz, sans doute la plus grande enquête de sa carrière.
Un œil dans la nuit de Bernard Minier, un livre XO.
C'est une histoire extraordinaire que je vous raconte.
Et vous allez l'adorer, j'en suis sûr.
C'est l'histoire d'un curé qui, au début du XXe siècle,
a châtené dans leur éloi, disparaît toujours au lendemain.
Ce qui lui est arrivé est très drôle.
Et la manière dont on l'a cherché, avec des mages hindous et une carte aux manciennes,
l'est tout autant.
Faites-moi confiance, c'est de l'eau, du très lourd.
Et cette histoire, je la tire du livre d'Alain Denizé aux éditions E.M.,
l'œuvre et roman du curé de Châtenay.
J'ai écrit ce récit avec Thomas Houdoir, réalisation Céline Le Bras.
Avant de dérouler cette histoire,
il faut peut-être que je vous présente le personnage central, Joseph De La Rue,
curé à Châtenay, un petit village de 300 âmes, au cœur de la Bosse.
Au moment où il claque cette affaire, en 1906,
il a 35 ans, le curé, une petite expérience,
puisqu'il est prêtre depuis 1895.
Et pour l'époque, c'est un curé moderne.
Et vous savez pourquoi?
Eh bien parce qu'il roule à vélo.
Ah, il faut pas grand-chose pour être moderne.
Et cette bécane, il lui a donné un petit nom, il l'a baptisé Clément.
Cette histoire de vélogeux, vous le dis, ne plaît pas trop à mon Seigneur l'évêque.
Et pourquoi?
Eh bien parce qu'il porte la soutane, et que pour chevaucher son vélo,
il lui faut remonter sa soutane, au risque de montrer sa culotte, un curé.
À part ça, en 1906, il y a le contexte.
On est quelques mois après la loi de séparation de l'Église et de l'État,
la fameuse loi du 31 juillet 1905.
Et la République ayant coupé les ponts avec la calotte,
les Églises ont tendance à se vider.
Mais pas à châtener, hein, ça, non?
À châtener, le curé à vélo se démène comme un diable pour carter ses oilles.
Et comme les villageois le trouvent sympathiques, parce qu'ils l'aiment bien.
Et même à fois, il y a encore beaucoup de monde le dimanche à l'Église.
Le curé est même parvenu à créer une école privée de filles en 1903.
Il y a trois ans donc, il a mis un peu de son argent et beaucoup de son temps.
Et maintenant, il y a une trentaine de filles dans son école.
À cette époque-là, je peux vous le dire, cet homme n'exploit.
Bah voilà, vous connaissez le bonhomme?
Un matin de juillet 1906, le 22-3 juillet, exactement, au petit matin,
le curé annonce qu'il sort en taparie, à vélo, bien sûr.
Enfin, à vélo jusqu'à E-Temple, et après en train.
Je serai ton retour demain soir, à demain!
Mais le mardi soir, son vélo ne réapparaît pas à l'horizon.
Et le mercredi non plus, ni le jeudi.
Sa soeur Marie de l'Église, elle, elle, elle, elle.
Sa soeur Marie de la rue, qui vit avec lui au presbyterre, s'en inquiète.
Alors elle envoie un télésgramme à Mme le Gendre, qui habite rue de Vogirard, à Paris,
et qui devait l'héberger.
Rébonce de Mme le Gendre, le curé a quitté mon domicile le mardi-midi.
Bon, se dit sa soeur.
Il sera là forcément pour la messe dimanche.
Alors elle attend.
Et les paroissiens aussi.
Et puis arrive le samedi soir, et toujours pas de vélo, ni de curé.
Et le dimanche, pas de messe.
M. Le Maire lui-même s'en inquiète.
Et il se rentre à l'agendarmerie des Tempes.
C'est pour vous le signaler la disparition de notre curé.
La baie de la rue.
Il est parti lundi en vélo pour Paris.
Il devait rentrer mardi.
Et aujourd'hui, nous sommes dimanche, et il n'a pas pu dire sa messe.
Les gens sont inquiets, vous comprenez?
Dans l'après-midi, la soeur va trouver le curé rebiffé de Baudrovine.
C'est un ami intime de son frère.
Disparu, vous dites?
Voulez-vous que nous appellions cette dame chez qui il devait dormir à Paris?
Bien volontiers, M. Lapé.
Mais le temps est très orageux.
Les communications ne passent pas.
Il faut attendre le lendemain pour joindre M. Le Jean.
Il est parti de chez moi, mardi.
Dans l'après-midi.
Il comptait prendre le train de 2h40 jusqu'à E. Tempe.
Et rejoindre Châtenet à vélo.
Je ne peux rien vous dire d'autre, malheureusement.
On se dit donc qu'il a dû avoir son train.
Et que donc il est arrivé à E. Tempe.
Et que c'est en très Tempe et Châtenet qui lui est arrivé quelque chose.
Mais quoi?
Au village, on commence à parler d'assassinat.
8 jours plus tard, l'histoire fait 2 lignes dans le journal Le Petit Parisien.
Un ecclésiastique a disparu.
Elle est assez vite reprise par l'ensemble de la presse.
Et le 4 août, le juge Léon-Germain d'E. Tempe ordonne l'ouverture d'une enquête.
Il faut absolument savoir qu'elle est inévert.
La baie a emprunté.
Entre Tempe et Châtenet.
Et ça n'est pas une mince affaire.
Il y a nombre d'utinéraires possibles pour effectuer le trajet.
Un chaleau samar, un serrurier dit avoir vu passer un ecclésiastique.
C'était seul coup de 9h du soir.
Mais je l'ai vu que de dos.
Je ne suis pas sûr que c'était lui.
Mais quand même, je pense que c'était lui.
Donc, s'il est passé par chaleau samar.
Alors il a dû passer par chaleau moulinot.
Logique.
Sauf que personne ne l'y a vu.
Et là, le gardien d'un château se manifeste.
J'ai trouvé un chapeau de curée.
Avec un trou et des traces de sang.
Dans le chapeau, il y a une étiquette.
Le compte, grand séminaire, charte.
Et c'est là que la baie s'approvisionnait.
C'est très inquiétant.
On aurait donc tué le curé.
Et d'ailleurs, on vient de retrouver un corps.
Et c'est à partir de là que la machine journalistique s'emballe.
Le journal Lacroix annonce la nouvelle.
Le vicar général s'en empart.
C'est un audieuse assassinat.
Je demande à ce qu'on dise une messe à son intention.
Sauf que ça n'est pas le corps du curé.
Mauvaise pioche.
Enfin, une messe ne peut pas faire de mal.
Le jus germain se décide alors à faire paraître, dans le journal,
le signalement du disparu.
D'une taille d'un maître soixante-deux.
Les cheveux chatins.
La baie portait une soutane peu usagée.
Sans pelerine.
Une ceinture en cashmere.
Un pantalon court.
Des bannoirs.
Et des bottines élastiques.
Tous les journaux la publient.
Souvent avec la photo de la baie.
Et la machine journalistique s'emballe encore plus.
Les journalistes se mettent à gloser sur le mobile de l'assassinat.
On dit que le curé avait sur lui 250 francs quand il a disparu.
Une belle somme.
Deux fois le salaire d'un ouvrier.
Alors on écrit que peut-être des ouvriers agricoles
ont tué le curé pour le voler.
Et d'autres disent que c'est forcément des marginaux
ou des vagabonds.
Mais pour les catholiques, la piste est politique évidemment.
Des anticlericaux forcément.
Des noms sont même cités dans la presse.
Les pisciers peints sont.
Le conseiller municipal gaucher et le docteur Solon.
Ils n'en savent rien du tout ces journalistes.
Mais ça fait vendre du papier.
En attendant, on n'a pas retrouvé son corps.
Alors on ordonne la fouillée marée,
des sablières et des carrières,
tout au long des itinéraires éventuels
qui auraient pu emprunter le curé.
En vain.
Et comme les journaux s'emballent,
le père du curé en profite.
Il promet une récompense de 500 francs
à qui retrouvera son fils.
Et c'est parti pour la surenchère.
Dans la foulée, le journal le matin
promet 1000 francs.
Et comment dire?
Ah bah ça crée des vocations.
Une pareille somme en pleine campagne.
Il y a des paysans qui quittent leurs champs
pour se lancer dans des battus.
Mais ils ne sont pas les seuls à chercher le curé.
Le parquet vient de mobiliser 30 gens d'armes
pour les recherches.
Et le temps passe.
Ça fait trois semaines maintenant
et on n'a pas retrouvé le cadavre du curé.
Aux alentours du 12 août,
c'est-à-dire trois semaines après la disparition du curé,
une autre hypothèse apparaît dans la presse.
Reprise comme des moutons
par tous les journaux.
Et si le curé avait fugué?
Fugué pour une femme.
On l'évoque une certaine madame
Valot, une divorcée de nevers
qui aurait été la maîtresse d'un général.
Et qui, deux mois par an,
venait passer du temps dans les environs de Châtenay.
Le curé aurait-il
succombé au péché de la chair?
Sa sœur Marie est outrée.
Enfin, c'est en tout de penser ça.
Mon frère était certain en relation cordiale avec cette dame
et ça n'était qu'une relation cordiale,
simplement cordiale.
Allez dire ça aux journalistes.
Ils se mettent à chercher la dame de nevers
et ils la trouvent.
Mais tout ça est insensé.
Enfin, je n'ai pas vu la paix depuis longtemps.
Et je vous prie de croire qu'il ne s'est jamais rien passé
de répréhensible entre lui et moi.
La sœur est le père du curé
en dont assez des ragots qui viennent salir la baie,
à partir de maintenant,
ils ne parleront plus aux journalistes.
Sauf ceux de la croix,
de la patrie et du gaulois
et du journal de Chartres.
Les autres ne sont que des bonimenteurs.
L'épisode qui suit
est absolument surréaliste.
Le 15 août,
un mage Hadoo,
nommé Deva,
débarque à Châtenay.
Il a été embauché par un journaliste parisien
et il est pris et de mettre son art des sciences occultes
au service de la recherche du curé.
Et là,
le mage Hadoo se met à refaire
le chemin emprunté par le curé
avec sa photo à la main.
Et soudain,
entre chalo et temple,
j'ai voir quelque chose.
Il avance dans un bois
et sous les feuillages,
il découvre le vélo du curé,
véridique.
Un mage Hadoo vient de faire
faire un bon en avant à l'enquête.
Vous savez que je ne crois rien de tout ça.
Mais là,
là,
cela dit, il y a un truc bizarre.
L'endroit où le mage a retrouvé le vélo,
a déjà fait l'objet d'une battue il y a quelques jours
et le vélo n'y était pas.
On lui aurait mis depuis?
Bizarre,
en attendant le mage Deva
fait une promesse.
Je trouvais corde du curé
dans les sains de jour.
Ah s'il le retrouve,
je mange mon chapeau.
Et c'est reparti.
Le mage se met à explorer
les deux kilomètres qui vont de chalo
à étang.
Et à un moment au bout de l'extase,
il se met à décrire le tueur.
Il évate,
petit moustache,
main hausseuse,
porté casquette de drap
et vêtement sombre.
Déjà eu des ennuis avec la justice.
Il a frappé curé
avec couteau.
Tout ça, bien sûr,
il reprit par les journaux.
Et ça fait un carton.
Et c'est parti pour le grand n'importe quoi.
Parce que le journal La Patrie
engage lui une carte au mancienne,
Madame Flaubert,
qui débarque avec l'un de ses amis qui est un
nadou lui aussi.
Un nadou qui se lance dans ses recherches
avec une canne en argent.
Et quand il les voit débarquer tous les deux,
le mage devint leur propose d'unir leur force.
Il commence par hypnotiser la carte au mancienne.
Et la voilà qui se met à avoir des visions.
Je vois, je vois
la paix de la rue a été assassinée,
non loin de chalot.
Je vois qu'il a été attiré dans une maison
sous prétexte de voir un malade.
Je vois que pendant qu'il buvait une tasse de lait,
on l'a assommé.
Je vois que les assassins
ont roulé le corps dans de la chauveive.
Je vois qu'ils l'ont placé
à l'intérieur de la cheminée.
Je vois qu'il y est encore.
Ah!
Elle travaille sec du chapeau,
la carte au mancienne.
Elle a dit une maison.
Mais quelle maison?
On se dit que c'est peut-être chez l'épicier Pinçon
qui est notoirement bouffeur de curée.
Alors les dommages hindous
et la carte au mancienne
débarquent chez lui.
Je vous laisse imaginer la tronche de l'épicier.
Mais ils ne trouvent rien dans la cheminée.
Qu'importe.
Voilà que débarquent un troisième majeur hindou,
Ramana.
Et ils débarquent à Chatteney
avec un turban en mousseline blanc sur la tête.
On se fait causer, je vous le dis.
Et ensuite,
il va dans une ferme
entre Tempe et Chalot.
Portez-moi,
portez-moi quatre poules.
Là,
il arrose les quatre poulets de Rome,
de Rome.
Et au moment où il va pour les tuer,
les volatiles s'échappent.
Alors il renonce au sacrifice
et il rentre à son hôtel
où il se lance dans deux savants calculs.
Selon lui,
la baie a été tuée à 1h12,
pas 11, pas 13, 12.
Après son départ des Tempes,
et son corps a été dépessé et brûlé.
C'est pour ça qu'on ne le retrouve pas.
Mais quel cirque.
Quel cirque.
Il est peut-être temps que tous ces givrées
du ciboulo rentrent chez eux.
Non.
Qu'est-ce que vous en pensez?
On l'a bien rigolé.
Mais on n'a toujours pas retrouvé le curé.
Et pourtant, la pantalonate continue.
Le 18 août 1906.
Voilà qu'on amène
une hyène à Châtenay.
Oui, l'animal.
Il paraît que ça renifle les cadavres.
La bête s'appelle Carlos.
Et on l'emmène
là où on a retrouvé le vélo du curé.
Puis dans le marée.
Rien.
Puis à la sablillère.
Encore rien.
Et ça dure comme ça pendant 4 jours.
Et le juge laisse faire.
Au point d'ailleurs que les journaux
fokus se mettent à se moquer de lui.
Pour rire, il suggère
qu'on fasse plutôt venir en chacal.
Mais quelle pantalonade.
Et pendant ce temps,
on n'a toujours pas retrouvé le curé.
Un mois après,
dans l'église de Châtenay,
on célèbre une messe
une mémoire du curé.
Et le même jour,
à la même heure,
un homme se présente
dans un bureau de police de Bruxelles
en Belgique.
Et c'est un sacré rebondissement.
Bonjour.
Je m'appelle Dolary.
Joseph Alfred.
Je suis né à Immonville
en 1871.
Et je suis ancien curé
de Châtenay.
J'ai quitté la France
en compagnie d'une des nommées frémons, Marie.
Un institutrice.
Et nous habitons Saint Gilo,
73 de la rue de Constantinople.
Ça, alors?
Le curé est en Belgique.
Il est à la col avec une femme.
Et pas n'importe quelle femme, les amis.
C'est l'institutrice de l'école catholique
pour jeune fille
qui l'a lui-même créée à Châtenay.
Quel rebondissement.
On le croyait mort.
Il est tombé dans la luxure.
Et depuis des semaines en Belgique,
il se fait appeler Drogour.
Le curé n'est pas mort.
Il baisse.
La nouvelle n'est pas encore arrivée jusqu'à Châtenay.
Mais elle est arrivée à Paris.
Et des dizaines de journalistes français
débarquent à Bruxelles.
Ils veulent photographier le curé
et si possible avec sa femme.
D'après la rumeur,
il l'appellerait Poupoul.
C'est mignon, hein.
Poupoul.
Mais en attendant, le curé ne peut plus sortir de chez lui.
D'autant plus que les journalistes
tentent de soudoyer la gardienne.
Madame, madame,
est-ce que vous savez si la baie de la rue
est encore chez lui?
J'en sais rien, moi.
Faut témoin, Alcan.
La gardienne de lui-même est catholique.
Malgré tout,
elle aime bien son curé défroqué
et sa gentille femme.
Alors à la demande du curé, elle accepte de mentir.
Ils ne sont plus là.
Ils ont déménagé.
Vous les trouverez dans les environs
de forêt les Bruxelles.
Et puis, la nouvelle
finit par arriver
à Châtenet.
Châtenet,
ou on le croit mort.
Et donc les gens n'y croient pas.
Pas une minute.
Oh ben au tapis, il est bien mort.
Il n'a pas pu comme ça
ressusciter un Belgique.
Pour mettre fin au doute,
l'évêque de Chartres décide
d'envoyer à Bruxelles
deux hommes qui le connaissent bien.
Après être la baie chaudouée
et le restaurateur duguet
qui est un ami du curé depuis 20 ans.
À Bruxelles,
il rencontre la baie de la rue
dans l'appartement de la rue de Constantinople.
Marie Frémont est priée de patienter
dans la chambre.
Mon cher ami, que vous étiez l'arrivée?
J'ai fait une faute en aimant cette jeune fille.
Sur laquelle mes voeux
mon devoir
me défendait jeter les yeux.
Voilà tout.
Il paraît que la baie chaudouée
en a les yeux mouillés.
Le Seigneur vous pardonnera
de la rue.
Il vous permet de faire
rentrer dans votre paroisse.
Ah non, monsieur la baie.
Il n'en est pas question.
Et en sortant,
le restaurateur duguet dit aux journalistes
qui font le pied-gru devant les meubles
que c'est bien lui.
C'est lui, mais j'avoue
que je ne l'ai pas connu.
Il est déboussolé
et il m'a confessé que cette femme
qui est avec lui
n'ait pas connu.
Et il m'a confessé que cette femme
qui est avec lui
est enceinte.
Enceinte de six mois.
Et que dès lors, il ne peut pas rentrer
à Chotteney.
Il est que quand il a appris qu'elle était enceinte,
il a perdu la tête.
Et que c'est pour cela qu'il a fuit.
Savez-vous s'il a l'intention
de s'exprimer publiquement?
Sans doute pas.
Mais il m'a dit que pour rétablir
la vérité,
il a l'intention de publier ses mémoires.
Voilà, je vous remercie.
Et voilà.
Quand le restaurateur du guerre
rentra et tente, il va voir tout droit
le juge Germain
pour lui confirmer la chose.
Il est absolument inutile de continuer
à le chercher.
Je l'ai vu et il est bien vivant,
Monsieur le juge.
Il a quitté son ministère pour une femme.
Le garde des sauts est aussitôt informé
et le 27 septembre
l'évêque nomme un nouveau curé
à Châtenay.
Les parents,
le frère et la sœur de la B, eux,
ont beaucoup de mal à encaisser la chose.
Défroqué.
Mais enfin,
nous avons gratté la terre,
un homme saigné au 80
pour faire de lui rappraître.
Je ne lui pardonnerai jamais.
Et pourtant,
de la rue écrit une lettre à sa famille
pour s'excuser.
Quant à ses oilles,
elles ont le sentiment que ce curé moderne
les a roulés dans la farine.
Son vélo,
c'était pour aller courir le joupon
de cette femme.
Quand on le voyait partir 4 ou 5 jours par semaine,
c'était pour ça.
Je m'attends pour la messe.
Il nous a bien eu le diable.
Là où je lui en veux moins.
C'est pas avoir écrit
à mon Seigneur l'évêque une simple lettre
disant qu'il renonçait à son sacerdose.
Voilà tout.
Et les journaux
lui reprochent d'avoir laissé
la justice ridiculisée.
Ils sont gonflés, les baveux.
Parce que qui a fait venir
les mages et la haïenne?
Eux?
Qui a ridiculisé la justice?
Eux?
Et maintenant ils jouent les donneurs de morale.
Tout est bon dans le cochon,
comme on dit.
Si de la rue
a dit à son ami le restaurateur Duguet
qu'il allait publier ses mémoires,
c'est qu'il a un contrat
avec un éditeur.
C'est un journaliste du matin
qui a décroché le pompon.
Tout est bon dans le cochon, je vous dis.
De la rue et sa donzel
devront écrire 4000 lignes
et ils recevront 5000 francs.
C'est comme maintenant qu'il est défroqué
l'abri doit s'uvenir
à ses besoins et à ceux de son ménage.
Dans une entrevue
au journal de Parisien,
il assume
c'est qu'il faut que je me fasse
à la situation.
J'ai compris en quittant la soutane
qu'il fallait être un homme
pratique.
Les mémoires du curé de Châtenay
et de sa femme
paraissent en feuilleton
dans le journal le matin.
Elles sont reprises avec délectation
en Allemagne, en Italie,
en Espagne.
Sous le titre pourquoi j'effuis
le feuilleton dure plus d'un mois.
D'abord en première page
et puis en deuxième page.
Et d'abord les confessions
de l'excuré
et ensuite celle de sa femme.
C'est un succès
de presse phénoménale
car le curé
des froquets ne mâche pas ces mots.
Il faut quand même que je vous lise
quelques extraits de ces confessions.
Ils commencent par expliquer
que quand il est parti le 24 juillet
c'est parce que Marie Frémont
était enceinte de quatre mois.
Joseph de la rue écrit
« Ne voulant pas être un prêtre hypocrite
j'ai préféré fuir.
Que me reprochent-on
de n'avoir pas fait connaître
mes sentiments et d'être partis?
Vous auriez voulu que j'expliquasse
à mon père, ma sœur et au dévot
mes tourments.
Allons donc.
J'aurais perdu mon temps.
On ne m'aurait pas compris.
Et plus loin dans ces mémoires
l'excuré explique
qu'il a tout fait pour éviter le scandale
et qu'il n'avait pas du tout envisagé
qu'un tel déferlement médiatique
s'abatte sur sa disparition.
J'en avais tant vu
qui provoquait à peine
quelques jours de recherche
et quelques lignes dans les journaux,
puis le silence
et puis l'oubli.
Il explique aussi
au-delà de ce coup de foudre
pour Marie Frémont
qu'une partie de son malaise
est de la loi de séparation
de l'Église et de l'État.
Parce qu'une fois l'État désengagé
il s'est trouvé obligé de faire appel
à la générosité de ses paroissiens.
Comme l'évêque de Chartres
le lui avait demandé
et il explique qu'il a essuyé
de nombreux refus et que ça l'a blessé
et qu'un jour un paroissien lui a dit
si vous pouvez plus vite
de votre métier de prêtre
faites un autre métier.
Vous êtes jeune.
Il a beaucoup troublé, découragé
et humilié
et que c'est là qu'il a décidé
de fixer la date de son évasion
au 24 juillet.
Et il dit aussi qu'un évènement
a achevé de le convaincre.
Il raconte que les paroissiens
l'ont insulté à son passage.
Croix, croix
à Balcorbo.
Dans ses mémoires il écrit
dans l'état de dégoût où j'étais
il ne me fire que confirmer
ma résolution.
Il donne aussi
les détails de sa fuite.
Le 24 soir,
il a récupéré son vélo
à la consigne de la gare des Tempes.
Il l'a planqué avec son chapeau
près du château de Valnet.
Il a troqué sa soutane
contre un costume neuf acheté à Paris.
Il a couru à la gare de chaleau Saint-Marre
pour attraper le train pour Paris.
Et pendant cela, Marie
s'est toujours achatnée.
Le premier jour, elle a joué les surprises.
Elle a faim ensuite d'apprendre
la mort de la baie.
Et puis son ventre a commencé à s'arrondir.
Et donc elle la rejoint
le 10 août à Paris.
Et ils sont partis pour Bruxelles.
La baie écrit dans ses mémoires.
Nous étions enfin réunis.
Serait l'un contre l'autre
dépourvu de toute expérience
du siècle.
Nous allions entreprendre notre voyage
à travers la vie.
Toutes les souffrances passées,
les humiliations,
ça n'était plus rien.
On pouvait nous chercher maintenant
gloser sur notre compte
que nous importe désormais.
Et il ajoute plus loin
mon seul désir
puisque j'ai failli
et de vivre obscurément
auprès de celles que j'aime
comme un simple pêcheur
ou bien-être des miens.
Nous entendons être traités
comme le doivent être les êtres libres
ayant droit au soleil,
à l'amour
et à la vie.
J'ai tiré cette histoire de livre d'Alain
Donizet aux éditions E.M.
Le vrai roman
du curé de Châtenay
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Christophe Fondolat, vous propose
de la débriefer avec un invité
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L’histoire extraordinaire d’un curé, qui au début du 20ème siècle, disparaît à Châtenay dans l’Eure-et-Loir. Dans cette affaire, des mages hindous et une cartomancienne participent aux recherches.