Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: La disparition du curé de Châtenay - Le débrief

Europe 1 Europe 1 4/18/23 - 11m - PDF Transcript

Un œil dans la nuit, c'est le nouveau thriller de Bernard Minier.

Un réalisateur de films d'horreur retiré dans ses montagnes,

un meurtre abominable.

Et si ce crime trouvait sa source dans un film maudit,

pour Martin Servas, sans doute la plus grande enquête de sa carrière.

Un œil dans la nuit de Bernard Minier, un livre XO.

Pour commenter son histoire du jour,

Christophe Fondelatte reçoit un invité, acteur direct de son récit.

« Je ne vous avais pas menti quelle formidable histoire

que je tiens d'Alain Deniset qui est là avec moi

et que je tire de votre livre, Monsieur Deniset,

le roman vrai du curé de Châtenay aux éditions E.N. »

Alors évidemment, j'ai arrêté mon récit à la découverte du Potorose

et à la publication des mémoires,

mais il faut que vous nous racontiez la suite.

L'enfant est né.

Alors l'enfant est effectivement en décembre 1906, la petite jeune.

Sa maman Marie Frémont a été confiée à une institution religieuse

pour jeunes filles qui ont voté,

mais avant l'accoulement de Marie Frémont,

le couple qui comptait se marier

a annoncé sa séparation de façon extrêmement surprenante

à la fin du mois de novembre 1906.

Ils se sont séparés alors qu'ils avaient promis de se marier

parce qu'ils sont hantés par la faute qu'ils ont commise,

et puis il y a l'église, avec un grand eu l'institution église,

qui a tout fait pour les récupérer

pour que les brebis perdus rentrent au bercail

afin que l'église sorte de ce scandale finalement en vainqueur.

Donc au fond, ils ne sont pas aussi libres qu'ils l'espéraient.

Leur histoire les rattrape, et donc le curé, qu'est-ce qu'il devient?

Alors l'histoire effectivement les rattrape,

il ne faut pas oublier que dans leur jeunesse,

l'AB au Séminaire et Marie Frémont,

hausseurs de Saint-Paul-de-Charte,

ont été en quelque sorte dressés à la rédité d'essence.

Ça n'est prouvé aucun néland amoureux envers une personne

et aucun néland charmel.

Alors lorsque le curé décide, l'AB de la rue décide de rompre

avec Marie Frémont,

et d'ailleurs c'est publié par le matin,

qui a publié leur mémoire,

l'AB passe d'abord un mois en Suisse pour se refaire la santé,

et puis ensuite il va expier sa faute,

je mets le mot faute entre guillemets parce que c'est lui qui utilise ce terme,

dans une abeillie qui se trouve dans l'Aveyron,

qui s'appelle l'AB de Bonnecombe, il y part pour 9 mois.

Et à la fin il redevient prêtre?

Alors à la fin non, il ne redevient pas prêtre de façon aussi certaine que ça,

puisque après l'AB de Bonnecombe,

il va finalement partir pour une abeillie espagnole,

à Sanquisidro, pour poursuivre son expiation,

ce consécutif à sa faute,

il faut dire qu'avant de poursuivre plus loin l'intérieur du rue,

lorsque l'AB de la rue est à Bonnecombe entre décembre 1906 et septembre 1907,

il vit un enfer,

parce que j'ai retrouvé des lettres qu'il a écrites à Marie Frémont,

à son directeur de conscience et à d'autres personnes,

où on voit comment, comment il est absolument tiraillé,

écartelé entre les sentiments qu'il porte

à son ancienne campagne Marie Frémont et à sa petite fille Jeanne,

et tiraillé avec les engagements qu'il a pris et vit de l'Église.

Donc c'est un homme qui meurtrit, qui souffre énormément,

parce que son histoire d'amour, elle est finalement broyée par l'Église.

Par le système.

Alors ça se finit mal finalement cette histoire d'amour,

mais est-ce qu'au fond, il ne se croit pas libre,

parce que la loi de 1905,

quelque part, facilite la rupture avec l'Église?

– Non, je ne crois pas, parce que l'abbé de la rue,

lorsqu'il rédive les mémoires,

c'est le premier mot, c'est pour dire qu'il est lié à l'Église,

qu'il croit au dôme, qu'il obéit au pape,

et il demeurera d'ailleurs un catholique fervent pendant toute sa vie.

Si jamais il est revenu dans le giron de l'Église,

c'est qu'il a été conditionné pour cela au séminaire

et pendant toute sa vie de prêtre,

il n'a pas pu se libérer l'esprit de cela.

Et c'est pour ça qu'il est revenu dans l'Église.

En revanche, Marie-Frémon qui n'avait pas prononcé ses voeux,

elle n'a été que novice au sœur de saint Paul de Chartres,

elle sait, je dirais, d'une certaine manière,

émanciper de ces règles-là, puisque dans les mémoires,

c'est elle qui raconte qu'elle est tombée amoureuse du prêtre tout de suite,

et que pendant trois ans,

elle a fait tout ce qu'elle a pu pour le séduire, pour le conduire à l'amour.

– Qu'est-ce que vous pensez de cet argument qu'il évoque dans ces mémoires,

selon lequel le fait de devoir solliciter ses paroissiens

pour faire vivre l'Église a été l'un des grands déclencheurs de sa fuite?

– Alors je dirais que c'est effectivement une grosse goutte d'eau,

de grosses gouttes d'eau qui ont fait déborder le vave.

Effectivement, l'évêque de Chartres, comme vous l'avez souligné,

avait demandé à ses paroissiens de donner un petit peu d'argent au curé,

c'était un petit peu le début du donnier du culte,

qui ne portait pas encore ce nom-là,

et l'abbé de la rue, comme d'autres prêtres de France, subit des rebuffades.

On lui a dit, puisque l'Église ne pouvait plus, l'État ne pouvait plus avoir besoin,

vous avez qu'à travailler.

Donc il y a eu ça, puis il y a eu d'autres petits éléments de la mise en place

de la séparation d'Église et de l'État qui ont été des mesures vexatoires,

avec le Conseil municipal par exemple.

Donc vous avez ce contexte-là, et là-dessus, vous avez quand même à la base

cette histoire d'amour, une vie avec Marie-Fremont, elle est enceinte,

il ne voit qu'une issue, la suite.

Donc oui, moi je pense, c'est le sentiment que l'histoire d'amour

pèse plus que le donnier du culte, on est d'accord?

Tout à fait, tout à fait, oui bien.

Alors là, sur le gâteau de cette histoire, évidemment,

c'est le défilé de ces magins d'eau, de cette carte aux moins anciennes,

et la venue de la haïenne, je suppose que tout ça correspond au moeurs de l'époque,

c'est-à-dire ces gens-là sont dans le décor.

Oui, alors il y a d'autres histoires criminelles où on a fait appel à des magins indiens,

il y a des devins comme l'affaire Gouffet, par exemple, que vous connaissez,

mais dans le cas de l'affaire de la rue quand même, si je puis dire,

les journaux y ont été très, très forts.

Moi, je n'ai pas rencontré d'histoire criminelle,

je m'intéresse beaucoup au fait d'hiver,

où il y a autant d'implications de devins, de mages, de cartes anciens,

il y a aussi l'hypnotiseur Pikman, qui est venu tout exprès de Nantes,

et puis cette fameuse affaire de Laine,

moi, je n'ai jamais rencontré ça dans aucune autre affaire criminelle.

Et j'en profite pour vous dire, vous l'avez très bien dit dans votre émission,

que finalement, cette affaire de la rue, c'est une construction médiatique.

Normalement, voilà, c'est presque un non-événement,

qui est quelques entrechilés qui soient consacrés à l'affaire, soit,

mais qu'elle fasse la une, pratiquement pendant 6 mois de suite,

voilà quand même qui est fort.

– Mais les mages hindous sont dans le décor, à Paris,

c'est un signe d'exotisme que de faire venir des mages hindous au début du XXe siècle?

– Oui, oui, alors bien sûr, il y a des mages hindous,

il y a des représentations hindouistes qui se font dans certains théâtres,

il y a des journalistes qui vont en un d'étudier,

justement, les pouvoirs surnaturels des mages hindous,

donc effectivement, il y a un air du temps qui met en relief l'indouisme, les pouvoirs,

et évidemment, donc il y a des journaux qui veulent se servir de cela

pour faire mousser un petit peu l'affaire de la rue.

– Alors là, presse, vous en avez dit en mot,

on a l'impression, pour les journalistes, c'est un jeu, cette histoire,

c'est-à-dire que le réel ne les intéresse pas.

– Alors je n'irai pas jusque là, parce que dans mon livre,

je montre quand même qu'il y a eu des enquêtes extrêmement sérieuses

qui ont été faits par les journalistes,

notamment pour déterminer quelle a été l'emploi du temps de l'abbé

le 23 juillet, le 24, le jour de sa disparition.

Et puis ensuite, il y a eu, comme je m'excuse pour l'anachronisme,

il y a eu un tas de fake news énormes qui ont été montés,

des rumeurs avec Madame Valot, d'autres rumeurs avec des femmes,

on a crevoire l'abbé en tenue de légionnaire en oran,

l'a vu à Bordeaux, l'a vu à Paris, on l'a vu partout,

les cadavres a été retrouvés à Bruxelles,

enfin bon, il y a eu plein de choses qui ont circulé

et qui sont communiquées par la presse,

qui a un pouvoir absolument extraordinaire à l'époque,

puisque tous journaux cofondus ont tir en France,

à cette époque-là, 10 millions d'exemplaires.

Et les principaux journaux que vous avez cités,

le matin, le petit parisien et le petit journal,

à E3 font 2,5 millions d'exemplaires de quoi faire rêver les quotidiens actuels.

– Oui, c'est à peu près le poids du journal de 20h de téléphone aujourd'hui,

c'est-à-dire, ça touche la masque.

– Exactement, exactement.

– Est-ce que les journalistes se sentent plus limes,

parce qu'au fond, avec la loi de séparation de l'Église et de l'État,

désormais, on peut bouffer du curé?

– Alors, j'allais dire que du curé, on en bouffe,

on n'en donnera l'expression depuis le début de la IIIe République,

aussi bien dans la presse, que dans les romans,

je pense aux romans de Zola, aux romans de Mopassant, aux romans de Goudau,

le froc, à un moment qu'ils appellent le froc,

dans les romans de Crévin, les feuilletons,

dans les journaux anticléricaux, ça intéresse beaucoup au curé,

qu'ils présentent comme habite d'argent, affamé de sexe.

Il y a un journal qui s'appelle La Lantaine,

qui est un journal radical socialiste, qui a une rubrique,

qui toutes ces semaines, s'intitule « Les Monstres en Soutagne ».

Vous voyez, l'anticléricalisme, et le bouffé du curé,

c'est, je vais dire, parce qu'une tradition de la IIIe République,

en tout cas, des partis, qu'on dirait aujourd'hui de Gauff,

les socialistes, les radicalistes, les socialistes.

– Une dernière chose, la passion du reste de l'Europe

pour cette histoire parait étonnante.

– Alors ça, c'est le jeu des agences de presse.

Vous savez, quand il y a un fait d'hiver qui embrasse la France,

eh bien il est répercuté à l'étranger.

Et la photographie de La Lantaine,

car avant que La Lantaine Carlos ne travaille de nuit,

il y a un journaliste de l'illustration,

c'était le pari-match de l'époque, si vous voulez,

qui prend photo La Lantaine, et la photographie fait le tour de l'Europe,

elle est publiée en Angleterre, elle est publiée aux États-Unis,

elle est publiée dans un journal au Sprongrois, en une.

Ça fait rigoler la planète entière.

– Je vous remercie infiniment à l'Indoniser.

Vous ne savez pas à quel point vous êtes historien,

et vous avez fait ce formidable travail d'exhumation de cette histoire.

Le roman vrai du curé de Châtenay, c'est votre livre qui paraît aux éditions EM.

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L’histoire extraordinaire d’un curé, qui au début du 20ème siècle, disparaît à Châtenay dans l’Eure-et-Loir. Dans cette affaire, des mages hindous et une cartomancienne participent aux recherches.