La source: La communauté de Longo Maï
Radio France 9/28/23 - Episode Page - 48m - PDF Transcript
François Sainterre
Aujourd'hui, le référent sensible, en 2023, après Jésus-Christ, toute la gaule est occupée par la pensée capitaliste et la société de consommation.
Toutes, non.
Une communauté peuple et des réductibles militants autonomes résistent à l'envahiseur.
Au pied de la montagne de l'Ur, se dresse ainsi Longomaï, un village de pionniers né en 1972 sur la colline de Longo, d'où son nom.
Là, une centaine d'habitants vivent ensemble depuis 40 ans, loin du salariat, loin du système.
Un phalence-faire du topiste Jean-Soyer-Réaliste demande d'un impossible, qui réussit à créer un réseau de coopératives dans toute l'Europe.
Secte repère le terroriste et autres fantasmes, l'aventure Longomaï les concentre tous, parce qu'elle vit hors des cadres.
Un acte d'émancipation qui perdure, 50 ans plus tard, Longo est en vie et s'organise encore comme une petite société à part entière, fidèle à sa philosophie,
une démarche emprunte également d'une certaine poésie.
Notre invité aujourd'hui, Jade Linguard, journaliste pour Mediapart, elle a rencontré les gens de Longo pour un reportage en 2015, elle y retourne souvent.
Affaire sensible, une émission de France Inter, diffusion directe, récit documentaire, Constance Villanova, rédaction chef Franconia,
chargé de programme Rébecca Donante, réalisation Frédéric Milano.
Fabrice Drouel, affaire sensible, sur France Inter.
Mais 1968, un vent de liberté, une tempête même, déferle dans les rues de Paris de presque toutes les capitales européennes.
Si ce n'est pas une révolution aussi, c'est au moins une révolté, car ils sont des milliers, jeunes, ouvriers, étudiants, à refuser le sacrossein capital
et à se dresser contre le triumvirat métro-boulo-dodo, le patriarcat, la famille traditionnelle petite bourgeoise et ses alliés, la religion, la police, l'armée.
Ces gens ont compris que la liberté, c'est de pouvoir dire non.
Alors les cheveux poussent, les barbes s'allongent, les rêvent également.
Et dans le sillage de ces mois de grève de manif, des communautés indépendantes florissent.
Le concept d'émancipation est fort dans ces années remplies de vie et d'espoir.
Et c'est ainsi que dans les zones rurales, en plein des peuplements, des petits groupes de jeunes ou moins jeunes, c'est ça y aurait votre nom.
Mais par manque d'organisation, chez faillons, voulant s'emparger du pouvoir,
mes connaissances de l'agriculture, ravages de la drogue, trop souvent l'utopie bucolique vire au cauchemar.
Alors, sous l'œil de Gognard, des réagues de Dupois, les des parents inquiets,
ces phalons stères improvisés ne tiennent pas plus que quelques mois et finissent par imploser.
Tous ? Non.
En Autriche, notamment, des jeunes membres du groupe d'Extrême-Gauche Spartacus s'inquiètent face à la montée du néosanisme,
néonacisme dans leur pays annexé par le Reich 40 ans plus tôt.
Virés par l'indéboulonnable parti communiste pour leurs actions trop grandilocantes et pas assez sérieuses,
des Autritiens antifascistes de Spartacus subissent les attaques permanentes des néo-fascistes.
Alors, une poignée d'entre eux s'exilent en Suisse sous la protection du groupe Hydra,
faction d'Extrême-Gauche surveillée par les autorités élevettes.
Contre les étiquettes, les partis politiques et le capitalisme sous toutes ces formes,
Spartacus et Hydra se réunissent à Bale en 1972 lors de leur premier congrès.
Et là, ils décident de vivre la politique autrement et théorie ce qu'ils nomment une base de survie,
une communauté donc qu'ils souhaitent installer dans une région rurale.
Ainsi, en 1972, la fusion Hydra-Spartacus publie ce texte.
Nous respirons des gaz, buvons de la lessive, bercés au champ des marteaux piqueurs.
Notre journée est un horaire, notre rendement est exactement mesuré.
L'usine programme notre rythme de vie, travail productif, loisirs et créatifs.
Dans les trois pièces cuisines, les tensions entre parents et enfants deviennent explosives.
C'est ce que les gens instruent et appellent le conflit des générations.
Faute d'amour, de tendresse, les jeunes sont rejetés de plus en plus nombreux
dans les poubelles et la soi-disant délinquance.
Ils fuient pour chercher une issue, drogue, alcool, suicide.
Leurs émotions, leur tendance, les plus naïves et les plus normales, sont férocement réprimées.
Leurs énergies systématiquement saccagées par des masses médias abrutissantes,
canalisées et régie par toutes sortes de bureaucracies étatiques.
24 d'entre eux se mettent à rêver d'ailleurs et restent bien décidés à éviter l'échec
de ceux qui ont quitté la ville trop rapidement après 68.
Les lents romantiques, 68 d'art et retombées, ces Suisses et ces Autrichiens ont bien les pieds sur terre.
Un Français les a rejoints, Roland Pérot, alias Rémy.
Si Hydra et Spartacus dénoncent toute forme de hiérarchie,
une certaine verticalité se dessine tout de même avec ce Rémy qui devient le théoricien du groupe.
De ce cadre à gemmaire, on sait peu de chose, si ce n'est qu'il est originaire de haute province.
Déserteur de la guerre galgérie, c'est en Suisse qu'il trouve refuge dans les années 50,
puis en Autriche, en 68, car trop surveillé par la police française.
Et la haute province, Pérot, combien il retournait justement ?
Avec l'aide de Pierre Pellerin à berger, ancien compagnon de l'écrivain Jean Giornaud,
l'audio s'intéresse à 300 hectares de maquille à une hors-treinte de marge de Fort-Celquiet.
300 hectares de pâturage à mouton abandonné, accroché à une colline aux abords du village de Liments,
qui se dépeuple grâce à des levées de fonds en Suisse.
Le groupe achète ces domaines 450 000 francs.
C'est ablir dans cette province aride, loin de la carte postale,
aux efflux de pastis et de lavande, est un choix politique.
À quelques kilomètres à vol d'oiseaux, en effet, c'est le compte à dour, la terçaise de Giornaud.
Avec quelques compagnons de route, une pointe de réheur, eux aussi.
L'écrivain s'était essayé au retour à la terre dans la rocaille, avant que le nazisme n'engoutisse l'Europe.
En 1935, dans son essai des vraies richesses, le parisien Giornaud rêvait de province.
De tous ces gens-là qui m'entourent, m'emportent, me heurtent et me poussent,
de cette foule parisienne qui coule me contenant sur les trottoirs devant la Saint-Maritaine,
combien serait capable de recommencer les gestes essentiels de la vie
s'ils se trouvaient demain à l'aube dans un monde nu ?
Qui serait orienté son foyer en plein air et faire du feu ?
Qui serait reconnaitre étrillé parmi les plantes vénéneuses, les nourricières comme l'épinard sauvage,
la carotte sauvage, le navet des montagnes, le chou des pâturages ?
Qui s'aurait écorché un chevro ? Qui s'aurait tanné la peau ? Qui s'aurait vivre ?
Été 1973, il s'appelle Jacob Willi Catti.
Sous la chaleur écrasante de la province, il sont 24 jeunes européens
défrichés le maquis à reconstruire. Le corps de ferme abandonné a retapé trois amours en ruine.
Le lieu s'appellera Longomay, qui signifie que ça dure en provençage.
Et comme on fait les choses avec rigueur, on dote la communauté du statut de scope,
société coopérative de production. Du côté de l'immense,
la méfiance règne chez les habitants du village.
Dans cette zone agricole très pauvre, on observe d'un œil parfois jaloux,
c'est celui qui dispose de moyens financiers conséquents pour se lancer dans l'agriculture.
Ces citadins sans expérience de la terre ne feront pas long feu, vous verrez.
Et bien c'est tout vu. Étonnamment, et très vite,
les nouveaux arrivants de Longo apprivoisent les provinces au Farouche.
Oui, on échange. Aux propriétaires du terrain voisin,
on propose de retaper son toit, de défricher tel parcelle.
Le paysan lui, offre son expertise, donne des conseils pour qu'il tuvait
tellement sans retenir tel troupeau de moutons.
Très vite, l'apprenti électricien à la ville devient un excellent berger dans les collines
et la cohabitation devient une réussite.
En témoigne, cet habitant d'immense qui décrit la communauté
à un journaliste de France Inter pour là-bas si j'y suis.
Longo mai, vous voyez qu'on est longo mai.
Et qu'est-ce que c'est longo mai ?
Bon, c'est un nom d'un défi.
C'est tout menager là-bas, les mains italiennes, français, anglais.
Vous connaissez pas ?
Non, non, non, je connais pas.
Et qu'est-ce qui s'y passe ?
Bon, je parle de là-bas, vous savez.
C'est tout menager comme aller la peine, là-bas.
Comme aller la peine ?
Ils font des petits, ils font des...
Oh, ça c'est délire, c'est comme aller la peine, ça délire.
C'est des révolutionnaires ?
Un petit peu, oui, un petit peu, oui.
Comment ils les perçoivent, les gens ?
Les gens, ils sont...
Non, ils sont très bien, ils sont gentils, très gentils, mais...
Mais après un été de labeur, à l'automne 1973, les choses se gardent.
En octobre, en effet, le préfet des Alpes de Haute-Provence
rejette la demande de quart de séjour formulée par huit membres de la Scope.
Un ordre venu d'en haut dit tôt.
Comprenez, de Raymond Marsella, ministre de l'Intérieur,
connu pour dissoudre les mouvements d'extrême gauche plus vite que son nombre.
Mais on dit que la vraie cause de ce refus
serait la proximité géographique de la communauté
avec la base des missiles du plateau d'Albion,
décidément faire perfide.
Depuis deux ans, ce territoire stratégique
sert aussi de lancement des missiles nucléaires seuls seuls français.
On ne doit pas s'en approcher, et surtout pas des alternatives d'extrême gauche.
Oui dire ou pas, les huit membres fondateurs doivent quitter l'exagone.
Mais c'est une époque où les saillis de droite
n'ont pas la cote qu'elles ont aujourd'hui en France.
Alors, par solidarité,
deux nombres français débarquent sur les collines de Longomay
et deux nouvelles cooperatives se créent.
S. Pézon, en Ardèche et Jolimba,
dans le canton de Neuchâtel en Suisse.
Les huit pionniers suivent les ordres préfectoraux
et partent les autres restes.
En vérité, la couverture médiatique de l'expulsion des huit pionniers
diffuse le rêve Longomay.
Et on voit arriver de nouveaux profils.
Parfois, des mineurs en perte de repères sont accueillis.
D'où rêveur, jeune, paumée, citadin qui veulent changer de vie,
ceux qui voulaient rester brièvement s'installent,
comme cette femme qui se confie.
Que faisais-tu avant de venir ici ?
J'ai... Je suis née à Paris, j'ai fait des études,
je travaillais, j'ai fait plusieurs boulots,
ce n'est pas tellement important de les citer.
Et puis, j'en ai eu vraiment assez, j'ai quitté Paris,
je suis venue en Provence.
Là, je me suis installée dans un petit village, pas très loin d'ici.
Et, bon, j'ai entendu parler de Longomay,
et je suis venue parce que j'étais totalement disponible.
La vie en collectif impose qu'on a des exigences entre nous,
et je veux dire, je parle des relations entre les gens
qui sont assez élevées, un niveau d'exigence assez élevée.
Et c'est ça qui est auquel on n'est pas du tout habitué
par la vie qu'on a menée avant.
A Longomay, pas de propriétés privées, pas de salariats.
On attribue des chambres, mais la majorité des biens est mise en commun.
Comme pour les véhicules, par exemple,
une dizaine de voitures sont mises à la disposition de tous.
Les journées sont scandées par de repas en commun
autour de la grande table en bois du corps de ferme.
Et on cuise une tour à tour, et on se partage les tâches à accomplir,
ramasser les jongles étant d'épuration,
cueillir les fruits et s'occuper du troupeau.
Chacun des pionniers doit passer par toutes les activités agricoles
opastorales, et s'y former.
Pas de salariats, donc ni d'aides de l'Etat, évidemment.
Et s'il y a des dépenses personnelles à effectuer,
on peut puiser dans la caisse commune.
Selon les années, les règles peuvent fluctuer,
et parfois, les pionniers ont droit impeculement seul.
De l'argent de poche, quoi.
Chaque dimanche, on échange sur les projets en lien avec la communauté,
et on vote.
Mais ici, pas de drogue.
Le vin, oui, le joint, non.
Et très vite, naissent les premiers bébés longomailles,
sortent de sa bras, la première génération hongou.
Là-haut, sur la colline, si on y toute forme de capitalisme,
on renonce également à la famille traditionnelle.
Ainsi, les gamins de la communauté sont répartis en groupe par tranches d'âge,
et dorment dans un dortoir.
Ils ont peu de contact avec leurs parents.
Mais tous les marmots fréquentent l'école de l'immense,
et permettent ainsi l'ouverture de nouvelles salles de classe.
L'activité économique de la Scope s'étend elle aussi.
En 74, pour centraliser les dons, car les bienfaiteurs sont nombres,
l'association pro-longomailles est créée.
Deux ans plus tard, la communauté achète une file à ture abandonnée à Chante Merle,
près de briller en son, afin de mettre en place une filière de production de laine,
à partir de son troupeau de mérinaus.
Un an plus tard, les pionniers lancent une ferme coopérative dans la région de Carinthine,
en Autriche.
Pantalon large et cheveux milion, l'un des habitants de la communauté,
décrypte le mode de vie défendue par longomailles auprès d'une journaliste.
Nous savons très bien que, pendant plusieurs années,
il faut serrer un peu la ceinture.
Et bon, c'est pas la vie comme dans les villes.
D'ailleurs, nous n'en voulons pas, dans les luxes, avec les frigos pleins.
Nous avons, catégoriquement, pas de salaire.
Nous avons tous le monde qui travaille ici et propriétaire de la coopérative.
Nous avons une caisse ensemble.
Et s'il y a des besoins vraiment importants, alors ils sont satisfaits.
Mais vous ne vendez pas le produit de vos terres à l'extérieur ?
Si, on a commencé cet été avec les frongboises.
Nous sommes allés au marché, ici, il faut calquer.
Et on a vendu, on a vendu pas mal.
Aussi, occasionnellement, on vend de bêtes,
ou on vend des légumes.
Enfin, c'est plutôt sur la base de l'échange.
Mélange Maï va plus loin et soutient les dissidents du monde entier
et organise des campagnes de solidarité internationale
en faveur des résistants en dictature.
Des exiliers chiliens menacés par le Putsch de Pinochet
rejoignent ainsi les différentes scopes après le coup d'état chilien de 1973.
Les pionniers accueillent aussi les opposants du Nicaragua
qui luttent contre le pouvoir de Somosa.
En 1979, la communauté intervient même au Costa Rica
en voyant massivement des médicaments et du matériel de première urgence.
En pleine guerre froide, le soutien aux dissidents rouges
et aux mouvements d'émancipation fait peur.
Alors, pour répondre aux attaques, aux rumeurs et aux fantasmes,
quoi de mieux que de créer son propre média ?
Le 9 novembre 1981, l'État met fin à son monopole sur la bande EFM.
Vive les ongles libres !
À l'immense, en juin de la même année,
les pionniers de Longomai créent un petit studio de radio
dans une cabane abandonnée au sommet d'une colline
entre l'Imasse et Fort-Calquié.
Quand il neige, il faut monter à pied et allumer le poil à bois.
Là-haut se trouvait le jad de la zinzine,
ou jite de la zinzine en provençal.
Le nom, prêt à sourire, il fait penser à Zinzine,
qu'on prenait fou, puisque les braves gens du coin
et d'ailleurs traitent les pionniers de Longomai de fou,
alors le radio s'appellera Radio Zinzine.
À l'ombre des chaînes, à 800 mètres d'altitude,
à Tatton, les itopistes d'eau provencent commettent,
commencent à émettre quelques heures par jour
sans se prendre au sérieux.
Le radio, libre pour le coup.
Et l'ambiance qui va avec ?
Nous sommes en 1990.
A la zinzine, il est midi et demi,
tour de la table pour présenter les informations.
On retrouve Rémi, Alex,
Evangé, Guido et Mathieu.
Et pour commencer ces informations,
je voulais commencer par un coup de gueule.
Un coup de gueule contre cette minorité
qui se croit tout permis,
qui nous prend notage, qui nous empêche de bien vivre
et qui nous les coupe, les vivre,
qui n'hésite pas à faire preuve de violence,
qui n'écoute rien et qui n'en fait qu'à sa tête.
Cette minorité, c'est...
C'est cette minorité de dirigeants
bien confort dans leur hémicycle.
Vous écoutez Radio Zinzine.
Nous sommes lundi 13 novembre 2017.
Il est un peu plus de 19 heures.
Ce sont les infos directs de la Colline
avec Alex Sénic.
Bonjour.
La beauté sauvera le monde, dit le père Christophe
de Fort Calquis,
citant Macron qui lui-même cite d'Ostoyevsky.
Cette radio anarcho-bicolique,
comme ce pilanime la qualifie,
aimait bien sûr à l'immense, mais aussi à dragnéant.
Et elle devient vite le poil à gratter
des autorités locales et nationales.
En 1991, par exemple,
à l'époque,
le CSA, Instance de Régulation de l'Audiovisuel,
veut réduire de deux tiers
la zone de couverture de Radio Zinzine,
expliquant qu'il faut remettre de l'ordre
dans une bande FM saturée.
Trop de candidatures de radio libre
pour un nombre de fréquences disponibles,
trop restreints.
Mais du côté des autonomes longomailles,
on perçoit cette mise en sursis
comme une tentative de muselage
qui, encore une fois, vient d'en haut.
Les médias de gauche et la presse locale s'emballent.
Et, comme lors de l'expulsion
de 8 pionniers vers un temps plus tôt,
la petite communauté autonome se retrouve
sous les projecteurs.
Alors une pétition pour que Radio Zinzine
continue de mettre, circule
et recueille des centaines de signatures.
Parmi elles, celles du chanteur Renault
ou du dessinateur Capu.
Et ça marche, Zinzine est sauvée.
Je fais toutes mes connaissances intellectuelles
et c'est depuis que je suis
une bande de jeunes
à boire tout seul.
Je suis une bande de jeunes
je me demande la gueule.
Je suis le chef et le sous-chef
je suis Fernand le rigolo
je suis le petit gros à lunettes
je suis Robert le grand costaud
y'a plus de problèmes de hiérarchie
car c'est toujours moi qui commande
c'est toujours moi qui obéit
pour la discipline dans une bande
je suis une bande de jeunes
à boire tout seul
je suis une bande de jeunes
je me demande la gueule.
Quand je débarque au bistro du coin
si qu'un mec veut m'agresser
ben moi aussi tôt, j'interviens
c'est beau la solidarité
quand je croise la bande à pieds rôles
ils sont beaucoup plus nombreux
ça bastonne comme à Chicago
c'est vrai que dans sa bande ils sont deux
je suis une bande de jeunes
à boire tout seul
je suis une bande de jeunes
je me demande la gueule.
Quand dans ma bande y'a du rifi-fi
je me téléphone, je fais une bouffe
je fais un colloque que je me réunis
c'est moi qui parle et c'est moi qui écoute
parfois je m'en gueule pour une soute
ce qui est amoureuse de toute ma bande
alors là c'est que je suis à l'idée de groupe
y'a rien de tel pour qu'on s'entende
je suis une bande de jeunes
à boire tout seul
je suis une bande de jeunes
je me demande la gueule.
Quand je me balade en mobilette
on dirait l'équipe est sauvage
15 décibels c'est la tempête
dans tout le voisinage
et puis si un jour en banlieue
toute ma bande est décimée
par toute une bande de vieux
je me battrai jusqu'au dernier
car je suis une bande de jeunes
à boire tout seul
je suis une bande de jeunes
je me fends la gueule
I'm a poor learn some young band
I feel alone
I'm a poor learn some young band
I break my gueule
aujourd'hui longobai
à l'aube des années 80
longobai se résiste
et ses antennes européennes
à genève balle et on nous triche également
mais les différentes campagnes médiatiques
génèrent de l'inquiétude
les associations antisectes
critiquent cette communauté autonome
qui abolit l'autorité apparentale
et où les enfants sont de plus en plus nombreux
le centre contre les manipulations mentales
Roger Ickor par exemple
dénonce le refus du salariat
et donc le travail gratuit
des membres de la communauté
une formule qui caractériserait
une dérive sectaire
longobai porte plate contre ce centre
dans la presse
d'anciens pionniers des falanstères
dénonce les dérives autoritaires de Rémi
l'un des fondateurs qui décrivent
comme un véritable maître à penser
ce qui ferait penser pour le coup
à Gourou bien sûr
fin 79 c'est la militante
écoféministe Françoise Dubonne
qui accuse Longomaï
dans un article pour le journal
écologiste la gueule ouverte
il y avait eu en 1976
ces deux adolescents qui demandèrent
à me voir et que je reçus devant témoins
les confortants et les nourrissants
après les épreuves qu'ils venaient de vivre
ils me racontèrent comment on avait voulu
les obliger à couper des arbres
sous menaces de baf
j'ai également reçu la visite d'un professeur
échapper lui aussi de ses parages
qui voulu me rencontrer pour souligner
les étés tous les échos que j'avais déjà
entendu depuis 1976
il me fera une description
horrifique de ce petit paradis agricole
des brutalités que les participants
ayant durait, des brimades
comme la privation de sommeil
les autocritiques forcées pendant la nuit
assis dans la cuisine et la lampe dans les yeux
etc. et le pire
c'est qu'il culpabilise à mort
les habitants de Longomaï
dénoncent un discours antisect qui sert
selon eux de support à la pensée unique
au capitalisme et la doxa néolibérale
malgré les démentis dans la presse
ou sur les ondes de radiosinzine
et les plaintes pour diffamation
les rumeurs sur la communauté
ne cessent de se propager
début 83
par exemple le 15 février
peu avant 8h du matin
le corps du lieutenant-colonel Bernard Nutt
responsable sur la côte d'Azur
de la DGSE
le Contres espionnage français
sort devant son véhicule de service
aux abords de la route nationale
202 une balle dans la tête
aucune piste
mais au printemps
alors que l'enquête s'enlise
les médias français s'achitent
quelques temps avant sa mort
l'espion se sert à intéresser
à une communauté voisine du plateau d'Albion
Longomaï
la preuve
sur les dernières pages de son agenda
écrite en pâtes de mouches
une indication sur le village de Pionnier
dans les pages
du journal d'extrême droite Milut
les plumitifs affirment que derrière
le sourire des babacoules de la colline de l'immense
se cacherait d'affreux terroristes
la communauté
détiendrie de flottilles d'avions légers
recevrait des pontes du KGB
n'ont-ils pas accueillis à bras ouvert
le concil soviétique de Marseille
il y a peu
le 23 avril
dans la théorie du complot
l'hebdomadaire titrant une secte
ou d'idespion
de son côté
la police découvre la fameuse piste Longomaï
dans la presse
elle ne l'avait jamais envisagée
une pure invention donc
mais qui fait du grabuge
d'autant que François Bouchardot
le président de l'association coopérative européenne
Longomaï
n'est autre que le fils de la secrétaire d'État
l'environnement Huguet Bouchardot
il est remarquable d'intelligence et de complexion
en avril 1983
il réagit face aux journalistes de France 3
d'habitude
on répond
par la dérision à ce genre d'attaque
mais ça va devenir dur
d'en rajouter encore
parce qu'une fois qu'on est financé par les libiens
qu'on a la dioxyne dans la cave et le cadavre de nut
pas de notre terrain
ça devient compliqué
c'est donc en 83
que le relation entre les médias et Longomaï
se détériore, y compris avec les journaux de gauche
jusqu'au point de non-retour
en mai de cette année là
Michel Serre et Isabel Bernhard
de journaliste du Figaro magazine
journal de droite pour le coup
se rendent en sommet de la colline pour un reportage
après un entretien
corsé, Michel Serre est retenu pendant 12 heures
et son matériel de photo cassé
un passage à tabac
dont il ressort avec un traumacranien
une fracture du nez et une main à moitié cassé
dans les pages du magazine
il raconte que la gendarmerie du village
n'a même pas voulu prendre sa plainte
France Inter
l'interroge ainsi que Rémy
l'un des fondateurs de la communauté
ils me sont tombés dessus
Monsieur Perrault m'a donné un ou deux coups
et puis Nicolas Furet
qui était sur ma gauche m'a sauté dessus aussi
pour m'arracher des appareils photos
que j'avais autour du coup
je me suis mis à saigner du nez
à partir de ce moment là
j'ai été toute la nuit
baloté à droite à gauche
donc avec des répits de 10 minutes un quart d'heure
et puis on me reprenait en main
voilà donc les faits telles que les racontes la victime
Michel Serre journaliste au Figaro magazine
écoutez maintenant la réponse du fondateur
de la communauté Longomaille
Roland Lempérot
à force de recevoir des dissidents
du Bloc de l'Est
et d'accueillir des exilés
qui ont dit non aux dictatures
d'Amérique du Sud
le village pionnier
est mis au surveillance
28 novembre 1989
une nuit glacée s'abat sur l'immense
des éclats de rire
percent les murs de la cabane de pierre
perche et qui sert de studio
à Radio Zinzine
le poil à bois a chauffé toujours le studio
une fortune
le matin même la presse régionale
dévoilait qu'une perquisition allait avoir lieu
dans la communauté de Longomaille
trois terroristes responsables
d'un trip assassina donc celui
du secrétaire général du parti démocratique
du Kurdistan iranien
se planteraient dans l'une des fermes de la communauté
alors là haut
face au micro comme d'habitude
on balaille la rumeur
le lendemain matin
le jour n'est même pas levé
dans le silence et la nuit noire
se distingue des dizaines de phares
au loin sur la route à l'asset qui monte vers Longomaille
il est 7h
c'est l'armée d'arrêt pressif qui arrive
200 hommes armés jusqu'au dent
en cercle la ferme de haute province
des ambulances stationnent
le dispositif est impressionnant
un escadron de gendarmerie mobile
une compagnie de CRS
des gendarmes départementaux
des policiers d'Apégine Marseille et de Paris
des agents d'ADST
des maîtres chiens et au loin le vrombissement d'un hélicoptère
rien que ça
le secteur est bouclé c'est moins qu'on puisse dire
les 200 hommes pénètrent dans les 3 fermes
et s'emparent du studio de la radiosinzine
l'occasion
pour les habitants de la communauté
et pour tous les auditeurs de la station
d'assister en direct
aux 20 premières minutes de la perquisition
les gendarmes
désemparés ne parviennent pas à couper
les micros alors là aussi à Longomaille
on se marre
à l'origine des investigations policières
la séquestration d'une militante cure
dans Saint-Saint-Nique quelques mois plus tôt
et l'assassinat de l'un de ses compatriotes
à Paris
mais sur place
les policiers et les gendarmes ne retrouvent qu'à ressortir
sans cure qu'ils emmènent vers Marseille
ou le sera entendu comme témoin
cet avocat de nationalité turque
soumis à la torture dans son pays
est sorti de prison grâce à la ministre
internationale
ces journées depuis quelques jours avec le Longo
trois jeunes maliens en situation irrégulière
sont aussi transférés à l'agent de l'armorie
de Forkalkier ainsi que deux responsables
de la communauté
les habitants de Longomaille réagissent
il y a eu quelques brutalités
aussi on croit que c'était d'une autre époque
des copains qui ont pris des bafes
qui a pris des coups de matraques
on est quelques-uns à avoir passé aussi
une demi-heure, trois quarts d'heure
allongé dans l'herbe gelée
on a l'impression que les polices françaises
sont en manque d'ennemis depuis la détente estoueste
il n'empêche que 50 ans après leur premier congrès
à Baal, les uns uns de Longo
ont pris racine
un demi-siècle sans salariat
sans propriété et sans aide de l'état
et toujours avec des financements extérieurs
des levaux de fonds
il est revenu de leurs cultures étroupes
dix coopératives
fonctionnent en réseau
cinq dans l'exagone avec celle de l'immense
de centaines d'habitants
une ferme en Allemagne, à Mecklenburg
une coopérative en Autriche
en Suisse
un projet collectif en Roumanie
et un projet agricole depuis 1992
en Ukraine
que le 24 février 2022
poutine en veille
à Ninjie Selicier
village où se situe l'une des coopératives
la communauté accueille aujourd'hui ceux qui fuient la guerre
comme pour le Chili
cinq ans plus tôt Longomaï
active son réseau de solidarité
en fournissant une aide humanitaire
en soutien à divers mouvements politiques
les collines de l'immense attirent toujours aujourd'hui
parfois trop même
les documentaires sonores
ou articles diffusés et publiés récemment
ont attiré beaucoup de curieux
mais malgré les rumeurs
Longomaï
perdue, oui
elle est l'une des rares communautés post-68
à avoir subsisté
Romain né à Longomaï
en 1978
qui a quitté la communauté pour y revenir
plusieurs années plus tard, l'explique
par ces quelques mots
on avait pas accès
quand on voulait à nos parents forcément
parce qu'il y avait cette espèce de théorie
qui disait que
les enfants s'y sont trop avec leurs parents
quelque part ils sont corrompus
il a tendresse maternelle
c'était pas quelque chose
de bien
vu
qu'il n'y a jamais été libre
il n'y a jamais personne qui a été obligé
de rester ici
et nous les enfants
on a été à l'école
ce que moi je pense avoir été hyper important
l'école à l'extérieur du lieu
où on a grandi
vos enfants ne sont pas élevés à Longomaï
comme vous l'avez été
déjà moi je suis leur père
il n'y a pas question qu'il y ait qui que ce soit
qui s'occupe de sans que ça passe par moi
ce qui est bien c'est qu'aujourd'hui
c'est la ligne générale du parti
aujourd'hui Longomaï
notre invité Jad Lingard
bonjour
vous êtes journaliste pour Mediapart
spécialiste en environnement
et vous vous êtes rendu sur les collines immenses
à la rencontre de Longomaï
et vous avez gardé un lien fort
avec ces habitants quelle est la nature de ce lien
c'est un lien
d'abord de curiosité
dans un premier temps et qui est devenu au fil des années
un lien d'entrée d'amitié
racontez-nous
votre premier reportage là-bas
oui donc c'était en 2015 ou 2014
en 2015
et on m'avait fait passer
j'étais déjà à Mediapart
on m'avait fait passer le message
à Longomaï
en tout cas le lieu de vie
à Liman était ouvert
vous dites Liman
il dit quoi Liman
alors on va dire Liman
alors mais je le dis à la parisienne
c'est une raison d'autre approcher
toujours est-il qu'on a fait passer le message
qui s'était ouvert à la venue
de journaliste
en l'occurrence de moi parce que
à ce moment là il se sentait
dans le besoin de nouveau
dans le sujet précédent
dans le besoin d'expliquer
qui ils étaient et ce qu'ils faisaient
car ils se trouvent qu'à ce moment-là
ils venaient de subir la fermeture
non volontaire
de deux de leurs comptes en banque
ils ont eu peur que recommence
une suspicion de l'état vis-à-vis de
comme c'est un lieu où
tout est réfléchi, tout est discuté, tout est débattu
ils avaient considéré
qu'une manière de se défendre
était d'expliquer
un peu comme on a entendu là aujourd'hui
qu'ils sont ce qu'ils font
et pourquoi ils se mobilisent
et continuent à vouloir vivre de cette manière
Alors quelle communauté avez-vous
découvert ?
Déjà vous vous disiez ils ont débattu
il y avait une vraie démocratie
il y a une vraie démocratie qui est mise en place
et si oui comment ça fonctionne ?
Alors si vous voulez ça ressemble un peu
à ce qui est devenu ensuite la ZAD
c'est-à-dire que ce sont des lieux auto-gestionnaires
des lieux d'horizontalité
donc tout est discuté
et donc par exemple dans mon petit cas
mon petit exemple personnel quand je suis venue
à l'époque en 2015 comme je vous disais
on m'avait fait passer le message que j'étais presque
invité, néanmoins
j'ai dû le soir de mon arrivée expliquer
à l'assemblée dans la salle commune
du amour principal de Grange-Neuve
expliquer à toutes les personnes qui étaient là
qui j'étais, pourquoi j'étais là
qu'est-ce que je cherchais à savoir ?
Si vous voulez c'est un lieu qui met en discussion
tout rapport avec l'extérieur
et vous met dans la situation
de devoir expliquer mais du coup réfléchir
et donc tout de suite il y a presque une forme
de coproduction collective qui a commencé
de l'article et donc ça donne
une idée du mode
de fonctionnement qui est basée
dans le sens
démocratie directe parce qu'il n'y a pas de vote
les décisions se prennent au consensus
et sont discutées
tout ce qui traite à la vie
importante de la collectivité
donc ça va être
l'acquisition d'un moyen de production
parce que c'est des coopératives de travail longomai
là on a parlé beaucoup d'un lieu
à côté de Fort-Calquié
mais comme vous l'avez dit
c'est important d'avoir en tête que c'est un réseau
de lieu et parle d'archipel
il y a un côté constellation
avec différents collectifs en France
en Europe
mais des liens aussi avec plein d'autres collectifs
donc c'est pourquoi l'idée de communauté
à la fois d'écribiens d'où ils viennent
cette idée de communauté
d'une campagne autogérée
venue des années 68
mais je dirais aujourd'hui
il me semble moins une communauté
que le cœur d'un réseau
qui est un réseau militant très actif
et donc une des choses qui m'avait surprise
à l'époque et qui continue à me surprendre
quand j'y vais c'est que par exemple
il y a beaucoup de jeunes
donc c'est un endroit qui se renouvelle
y compris dans les personnes qui viennent et habiter
on n'est pas du tout dans
si vous voulez le petit village de anciens 68h
qui continue à tout seul
vivre en fidélité
à leurs idéaux
oui il y a aussi ça mais c'est un lieu
qui s'est complètement renouvelé
qui s'est aussi qui a su
s'impliquer dans les luttes de son époque
donc par exemple aujourd'hui c'est un endroit
où il y a beaucoup de militantisme
autour de la reprise des terres
la défense des terres agricoles
la question de l'écologie en fait était peu présente
au début de Longomaï ce qui peut surprendre
à ses années 70 finalement
de la critique de l'état
de la critique de l'autoritarisme
de l'antifachisme
de la critique des abus policiers
et du néolibéralisme
et anticapitaliste et ça c'est fondamental
un lieu sans salariat et qui n'est pas organisé
autour de l'argent bien sûr
vous avez parlé de Notre-Dame-des-Landres
il y a eu l'Arzac aussi qui ressemble beaucoup
parce que finalement ce sont les mêmes forces sociales
qui se mobilisent
ça a mieux tenu que l'Arzac finalement
oui en fait ce qui est très intéressant
c'est que quand on regarde le pâteau du l'Arzac
c'est la grande lutte écolo
en France dans toutes les années 70
et donc le pâteau du l'Arzac
est arraché on peut dire
par le mouvement paysan et écologiste
à l'état qui voulait y aménager
son campement militaire
et aujourd'hui sur le pâteau du l'Arzac
on a une paysanerie qui continue à exister
qui est une paysanerie alternative
et bio
et très importante
mais je dirais qu'il est assez classique
alors que Longoma et qui finalement
est partie de l'acquisition de ces 300 hectares
qui ont été achetés
donc Longo c'est d'emblée un lieu légal de ce point de vue là
et bien
à par son histoire
sa culture politique et
ce réseau international
réussi à créer un lieu qui est devenu
beaucoup plus contestataire
malgré cette structure capitaliste
malgré le fait qu'il y a
une forme de paradoxe qui est intéressant à regarder
c'est que
d'un côté le l'Arzac
réussit à se maintenir
comme plateau de paysanerie alternative
grâce à un accord avec l'état
en 1981
qui va accepter de concéder à ce mouvement paysan
une forme de gestion collective des terres
Longoma et qui
lui se passe complètement en dehors
de toute interaction avec l'état
et bien réussi à créer un système
qui 50 ans après est toujours radicalement
anticapitaliste et horizontal
et forcément plus autogéré puisqu'il n'y a pas de lien avec l'état
explique-nous
le lieu de vie
comment ça se passe à Liment
par exemple ils habitent tout
dans le même terrain
quelle est la part d'intimité comment ça se passe
il faut imaginer un mot
provençal assez classique
avec des fermes
il y a à la fois les anciennes fermes en pierre
qui ont été retapées au fil des années
il y a les habitats que les gens se sont construits
au fur et à mesure des années
que ce soit en pierre parce qu'il y a des tailleurs de pierre à Longoma
ou soit en bois
parce que dans les coopératives qui font vivre Longoma
il y a de la production de bois
donc il y a toute une connaissance forestière
qui est à la fois forestière et menusière etc
et autour
les différentes activités
donc le garage
les champs, champs de céréales
les sœurs de légumes
il y a les curies avec les chevaux
qui sont utilisés
pour le bardage du bois
et vous continuez il y a la radio
si vous montez sur la colline
la station de radiosinzine
et autour
comme des espèces de tout petits quartiers
qui sont plus comme des mini amos
qui sont
des lieux de vie
ce qui s'est passé quand même
la décision qui a été prise assez rapidement dans leur histoire
dans les années 70
a été de maintenir un système de lieux collectifs
pour les repas, les fêtes
les agées, les réunions
mais d'avoir des lieux d'intimité
pour dormir
et qui est quand même une décision qui a été salutaire
pour permettre à ce collectif de vivre
sauf pour les enfants qui sont réunis eux
alors plus aujourd'hui
à cette époque-là au départ
dans ce moment vraiment très
de critiques de la famille
comme forme d'oppression
il y avait ces dortoirs communs
aujourd'hui il y a des dortoirs pour les gens qui passent
parce que c'est un lieu qui est très visité
mais sinon chacun est dans son espace de vie propre
et privé
il y a aussi de protéger
une intimité qui est quand même importante
pour vivre même pour tourner en collectivité
France Inter
Affaire sensible
Jadlingard
parlez-nous de radiosensines
parce que c'est important dans la communauté
c'est quoi cette radio aujourd'hui
qui l'écoute
donc c'est quand même une radio libre
c'est une des survivantes
une des radio libres survivantes des mouvements
des radio libres du début des années 80
alors c'est assez incroyable
parce que c'est une radio complètement alternative
comme on a pu entendre un peu
dans le sujet donc complètement autogéré
c'est-à-dire que toute personne qui vit à Longoma
peut participer à la radio
fabriquer des émissions
aider à réaliser donc voilà c'est déjà un lieu
de formation
et c'est devenu au fil des années
un lieu même de formation
de personnes qui écoutent
c'est-à-dire qu'on est dans ce coin-là
donc du Luberon autour de Fort-Calquié
donc c'est une radio de campagne
donc c'est à la fois une radio en passe de la musique
mais où il peut y avoir des débats
hyper élaborés
sur le rapport à l'État
la question des migrations
la guerre en Ukraine
le mouvement des soulèvements de la Terre
c'est pas uniquement une radio de studio
c'est aussi beaucoup une radio de reportage
et donc si vous vous rendez
sur des actions militantes
ou des manifs en France aujourd'hui
très souvent vous allez voir quelqu'un
de Radio-Zenzine qui fait des sons
et qui les ramène
ce qui est très intéressant dans sa dimension
très collaborative et participative
encore une fois, horizontal et autogéré
c'est que ces émissions sont mises en discussion
par exemple
l'émission du vendredi soir
animée par Alex et Nick
qu'on a entendu tout à l'heure il y a quelques années
qui sont toujours à Radio-Zenzine aujourd'hui
ils font l'émission, c'est diffusé
et après ils reprennent la voiture
ils redescendent parce que c'est en haut de la colline
pour que ça puisse bien diffuser
ils redescendent ensuite dans la salle commune
et c'est mis en discussion
mais on n'aura pu mettre ça
et la prochaine fois il faudrait inviter un tel et un tel
donc ça fait à la fois partie de la vie de Longo
mais c'est aussi un outil incroyable
de diffusion je dirais de leurs idées
en fait il y a que des rédacteurs en chef
en fait c'est exactement ça
et des rédacteurs en chef
c'était induit évidemment
on en arrive au point sensible
de cet affaire
le côté
c'est que là il n'y a rien
mais absolument rien
de nous permettre d'affirmer que c'est une secte
mais il y a eu
quand même
des protestations, des plans
des accusations
ça a été très lourd
et donc ça a été vraiment
ça a été
des accusations qui ont été
devant la justice
ça a duré des années
parce que c'est en 1996
que Longomaille a fait condamner
le livre de ce groupe antissect
qui les avait accusés d'être une secte
donc ça a duré quand même toute une partie
des années 80 alors on voit bien
c'était lié à leur forme de vie
c'est à dire de vivre
comme ça de manière communautaire
et collective
avec
un lieu à la fois
hospitalier accessible mais charmé
à l'extérieur ça a suscité beaucoup de fantasmes
ce qu'il faut avoir en tête je pense
à la fois il y a eu ce mouvement
il y a eu des sectes
oui il y a des sectes qui ont existé
où il y a eu des abus
et des emprises sur des personnes qui étaient venus vivre
comme ça en collectivité
ça a existé pas du tout Longomaille
non pas du tout mais ce que je pense qu'on est dans ce contexte
des années 80 où oui bien sûr il y a eu
un problème d'emprise
qui est à Castelan pas loin
par exemple donc je veux dire
c'était pas complètement un fantasme
simplement du côté de Longomaille qui n'avait absolument rien à voir
puisque c'était
un lieu de vie
anarchiste auto-gérée
très attentif justement à détruire
les rapports de pouvoir et de domination
en même temps ça a été un lieu assez dur
assez dur parce que
comme on a entendu dans le sujet
au départ dans ces années 70-80-90
il fallait travailler
il y avait beaucoup de travail à accomplir
il y avait beaucoup de tâches
agricoles de construction
et il y avait cet homme
Roland Perrault
qui se faisait appeler Rény
qui était beaucoup plus âgé en fait
que les jeunes qui venaient vivre
à Longomaille et qui a eu
vraiment ce rôle de figure
tutelère
et sans doute avec
une forme de hiérarchie
il n'y a qu'un part justement entre cette figure tutelère
oui alors c'est là où la notion
Gourou elle est très chargée
elle est hyper négative et elle va
avec la notion d'emprise
et par ailleurs elle est criminalisée
moi de ce que j'ai entendu
des personnes qui vivent encore à Longo
aujourd'hui et qui vivaient à Longo
à l'époque
de ce qu'ils disent
aujourd'hui de ce Rémy
de ce Roland Perrault
c'est un peu ça c'est-à-dire
c'était le chef
voilà donc ça aujourd'hui
il faut qu'on revienne sur cette histoire
il faut tirer au clair ce qui s'est passé
avec Roland Perrault dans le sens où c'était
une contradiction vis-à-vis de leurs idéaux
autogérés, autogestionnaires
et libertaires
et en même temps c'était
une figure charismatique
et en même temps c'était un formateur
et en même temps c'est quelqu'un qui a
porté ce tout début
de lieu qui au départ était fait
de brique et de broc ce qui n'est pas du tout
une fabrication pour avoir comme ça un rapport hiérarchique
mais qui est finalement
qui correspond aussi à la manière dont beaucoup
des communautés de cette époque se sont construites
mais peut-être ce qu'on peut dire par rapport à ça
c'est qu'il y a aujourd'hui à Longomaille
un travail assez profond
d'introspection
et de retours critiques sur leur histoire
que ce soit sur cette figure de Roland Perrault
que ce soit aussi sur les rapports de genre
justement les rapports de genre
il ne reste 30 secondes la place des femmes
la place des femmes elle est importante
les féministes sont présentes à Longomaille
depuis le début et en même temps
il y a eu comme partout ailleurs
des rapports de domination
Patrick Yarko
et ce qui est très intéressant c'est que la nouvelle génération
de Longomaille aujourd'hui
que ce soit des femmes, que ce soit des hommes
que ce soit des personnes non binaires
demande aujourd'hui à
réinterroger cette histoire
et que c'est un processus partagé par l'ensemble des habitants
et ça je trouve que c'est suffisamment rare
pour être signalé
Merci infiniment pour votre reconnaissance
du sujet et surtout votre témoignage
puisque je rappelle que vous y êtes
allé plusieurs fois vous dire que t'en aurez
Oui oui, si il va bien
le crier
Merci infiniment, au revoir
C'était Affaire Sensible
aujourd'hui Longomaille
une émission que vous pouvez réécouter en podcast
bien sûr, à la technique qu'aujourd'hui
il y avait Mathieu Berini
Sous-titres réalisés par la communauté Amara.org
Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.
durée :00:47:41 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle - Nous sommes en 2023 après Jésus Christ. Toute la Gaule est occupée par la pensée capitaliste et la société de consommation.. Toute ? Non ! Une communauté peuplée d’irréductibles militants autonomes résiste toujours à l’envahisseur. Au pied de la montagne de Lure se dresse Longo Maï.