La source: Juliette et ses sources
Radio France 5/14/23 - Episode Page - 56m - PDF Transcript
France Inter
J'adore écrire des textes, je me régale avec ça, vraiment.
Pour moi, c'est plus un travail, c'est une espèce de passe-temps,
un peu comme des gens qui vont faire des grilles de mon croisé 24h sur 24, c'est un peu ça.
Ça m'amuse autant, en fait.
C'est un jour.
La source, c'est la tannière des écrivains,
la planque des romancières, le lieu où les histoires commencent.
Il y a ce mélange de textes et de musique,
mais il y a aussi quelque chose qu'il ne faut pas enlever de ça,
qui est leur présentation publique.
Et je sais que c'est ça qui m'éclate, quand c'est ça que je veux faire,
comment, de quelle manière, j'en sais rien, mais je serai sur celle.
La source,
Cécile Coulon sur France Inter
Quand on vous parle de littérature,
vous pensez peut-être à Flaubert, Balzac, Rimbaud,
vous pensez livre, librairie, théâtre antique et poème romantique.
Vous pensez sans doute aux pages classiques, peut-être aux livres audio aussi.
Et la chanson.
Je suis certaine que vous connaissez par coeur des chansons entières,
que vous écoutez depuis l'enfance ou l'adolescence,
des chansons qui ont soudé votre famille,
qui vous ont fait rire,
qui vous ont accompagné pendant les ruptures et les grandes joies.
La chanson est littérature, seul le support change.
Aujourd'hui, l'autrice-compositrice interprète Juliette Noredine,
alias Juliette,
occupe la chanson française, comme sa voix occupe cet entretien,
avec force, profondeur et humour.
Bonjour Cécile, c'est Juliette.
Alors comme convenu, je vous attends, mardi,
à mon domicile parisien, à mon pied-tataire parisien.
Vous verrez, c'est pas très difficile à trouver,
je suis juste à quelques numéros de chez le commissaire Maigret.
Voilà.
Sinon, la porte est verte,
il y a un code que je vous donne,
et que je vous donnerai.
C'est au quatrième étage.
Voilà, mardi.
Pendant une heure, bien calée devant son bureau mal rangé,
nous parlons de l'écriture, celles des mots et des notes.
Alors l'endroit où on se trouve actuellement,
c'est mon pied-tataire parisien.
J'ai tendance à dire ma garçonnière,
d'ailleurs je trouve ça plus rigolo.
Ça ressemble plus à une garçonnière.
C'est vrai, c'est un côté garçonnière.
Alors une des choses qui me caractérise,
c'est le bordel.
C'est assez bordelique,
et là encore, c'est rangé.
Mais depuis que j'ai vu le bureau d'Einstein
et cette fameuse déclaration
qui fait en disant que le bureau
c'est le reflet d'une âme,
qu'est-ce que vous pensez d'un bureau vide,
je pense que mon bureau me ressemble beaucoup.
Donc il y a des papiers,
il y a des paquets de clubs,
il y a pas mal de matériel,
il y a déjà deux ordinateurs,
il y en a qui est pour le jeu,
ça c'est pour le travail et les mails,
et puis il y a une tablette aussi ici.
Donc voilà, c'est un peu le bazar,
il y a une bouteille d'eau,
mais ça pourrait très bien être une vieille canette de bière.
Voilà, j'aime bien, c'est mon bureau.
Donc ça veut dire que quand il faut que j'en prie un document,
faut que j'enlève un paquet de papiers
qui est devant l'imprimante,
des mouchoirs en papier,
des vieilles tasques à café,
des lunettes,
des paires de lunettes.
Je suis madame lunette, j'adore les paires de lunettes.
Donc il y a des lunettes ici
qui sont pour regarder justement sur l'ordinateur.
Qui ont été lavées avec des tranches de jambons.
Vous connaissez cette expression, j'adore.
C'est ma mère qui disait ça,
nettoyez ces lunettes au grade jambon.
Non, moi je suis assez en fait là,
c'est parce qu'elles traînent celle-là,
mais sinon je suis très soigneuse pour mes lunettes.
C'est mon passeport pour la vie, les lunettes.
Donc j'en ai plusieurs paires toujours
avec des fonctions différentes.
Celle-là c'est la paire de lunettes
pour regarder donc à 60 cm
l'écran.
Ce qui fait que des fois j'oublie de l'échanger.
Alors ça fait que, ah oui ça c'est les vôtres.
Ce qui fait que
j'oublie de l'échanger des fois je pars dans la rue et je me fais
mais qu'est-ce qui se passe le monde est bizarre aujourd'hui.
Parce que c'est flou.
Et en fait c'est flou parce que je vois un 60 cm
et plus loin plus rien.
Donc voilà des lunettes, du beau malèvre.
Voilà, c'est le petit
bazar sympathique. Ça me rassure le bazar.
Évidemment
dans ce bazar il y a un tout petit objet
le piano. Oui alors il est petit celui
d'un petit piano parce que je suis dans
comme je vous disais dans mon pied de terre parisien
j'ai pas un vrai piano c'est un piano
c'est un piano électrique j'ai acheté il y a
pas très longtemps. J'en suis
fort contente
dans mon frais chez moi qui est
dans le sud-ouest de la France
j'ai un piano qui est
beaucoup plus grand.
Mais ça a été une date
importante dans ma vie le jour où j'ai acheté
un vrai piano.
J'avais un piano droit
j'ai commencé à travailler sur la formatique
donc j'ai eu des claviers dans tous les sens
et il y a eu un moment
j'avais
une quarantaine d'années
où j'ai gagné un peu d'argent
et je me suis dit là je vais m'acheter un vrai piano
et je me suis acheté le piano de mes rêves en plus
ça c'est bien.
J'ai appris il y a
peu de temps que les
au ferrés avaient le même
donc on a le même piano avec
les au ferrés c'est pas mal.
Et qu'est ce que ça a changé
dans votre véritable pédataire
d'avoir ce piano de grande personne ?
Alors dans ma maison
du sud d'avoir un vrai piano
de grande personne ça m'a juste permis
d'avoir un vrai piano de grande personne
c'est bien comme ça je vais me remettre à travailler de piano
ce que je n'ai évidemment pas fait du tout.
Dans un temps j'ai des véléités
dans un temps je ressort des partitions
je me remets des chaupins
sous les doigts des petits trucs comme ça
mais bon après
ça ne va pas très loin donc
je n'ai pas un vrai travail
du coup je ne fais pas de progrès
je suis là aujourd'hui et puis j'avance pas beaucoup plus
mais ça me fait plaisir
et c'est sympa d'avoir un bon piano
quand il y a des copains qui viennent
je sais que mes copains aiment bien
quand je leur chante des chansons
qui font chambres des chansons
quand on écrit
quand on compose
est-ce qu'on cesse de travailler
dans la journée parfois ?
peut-être qu'il y a des gens qui arrivent à faire ça
j'ai beaucoup d'admiration pour les écrivains
qui se donnent comme ça la contrainte
de dire je travaille de telle heure à telle heure
et j'arrête de telle heure à telle heure
ce qui est une bonne chose
ce qu'il faut savoir faire à mon avis
c'est s'arrêter au moment où on sait
par quoi on va commencer le lendemain matin
si on poursuit en disant
généralement on finit par
que ça soit trop
c'est trop nourri donc au bout d'un moment ça ne marche plus
et je crois c'était Ernest Hemingway
qui disait ça
le moment où il fallait arrêter c'est le moment
où on savait par quoi on allait commencer le lendemain matin
et je trouve que ça c'est la seule contrainte
que je me donne quand je suis dans des périodes de travail
c'est de ne pas aller au bout d'un truc en disant
au moins d'un matin quand je me réveille je sais par quoi je commence
donc une nouvelle idée
ou un nouveau truc et tout ça
ça c'est bien pour démarrer
c'est aussi ça qui peut parfois
engendrer la page blanche
le syndrome de la page blanche
c'est qu'on en a trop dit hier
on en a pas gardé pour le jour même
il faut en garder sous la pédale
c'est absolument très nécessaire je pense
vous avez connu Paris
vous connaissez toujours Paris
vous avez vu cette ville se transformer
comment vous la décririez cette ville
à quelqu'un
qui y arrive aujourd'hui
quels sont ces métamorphoses d'après vous
alors moi Paris c'est une ville que j'adore
et puis
d'abord parce que je suis né parisienne
donc voilà il y a
cette vieille
amitié entre nous
d'abord c'est une ville qui a tellement été chantée
voilà et
je sais pas si elle se transforme
ou si simplement elle suit son cours
comme le cours de la scène
et je crois qu'elle suit son cours
en fait il y a cette idée de dire
toujours Paris c'était mieux avant
ou Paris maintenant c'est abîmé
c'est une idée qui date du 15ème siècle
je crois qu'il y a déjà des
j'ai le souvenir comme ça d'avoir
une discussion avec un jour
un chauffeur de taxi où on parlait
des gens qui gueulent à Paris
ou des machins, des bagnoles qui avancent par a etc
et je crois que c'est Clément Gènequins
qui a écrit un truc qui s'appelle écrit de Paris
et c'est exactement déjà ça
oui mais je pense que c'est
vraiment franchement l'idée de Paris
qui tourne mal je crois que c'est un truc qui est vieux comme Paris
en fait donc moi je n'ai pas tellement de problèmes
avec ça en me disant je trouve
c'est ça
l'urbanisme, la ville elle évolue
au gré de ses habitants aussi
je pense que c'est
une espèce d'évolution qui est
on ne peut pas le gérer tout seul je ne sais pas comment dire
c'est un truc collectif en fait
elle suit son cours
la ville elle suit son cours
un chemin buit
sonnier par la rue
les écoles
les thémélocholiques du squire
des bâtignoles
devant l'hôtel de ville
nous péser de doigts non
et Jean Gabin qui gueule
dans la rue Polyvo
dans votre garçonnière
où nous nous trouvons il est quand même un
détail dont on va parler ce sont les livres
je pourrais
difficilement vivre sans avoir des livres
autour de moi d'abord parce que c'est
je pense c'est comme ça
je suis née avec des livres autour de moi
des bibliothèques des machins
alors là c'est un peu particulier parce que c'est pas
c'est pas fondamentalement les livres que j'ai lu
il y a beaucoup de livres qu'on m'en offre
les livres que j'aime
que j'ai lu que je relis etc
ils sont plutôt dans le sud
là je sais même pas ce qu'il y a dans la bibliothèque
mais je peux pas vivre
sans avoir des livres
moi c'est comme ça
c'est les compagnons
en plus ça fait une excellente
barrière acoustique
si vous ne savez pas comment isoler votre appartement
vous mettez des étagères
vous mettez des bouquins, c'est magique
c'est un peu plus joli que les boîtes d'oeufs
on est bien d'accord
et en plus de temps en temps on peut en prendre et lire
c'est un avantage
quand on s'ennuie vraiment
en plus on peut se servir de
son isolation acoustique pour se distraire
depuis si longtemps
tu attends
ce qui ne vient
jamais
chasseur d'ombre
chasseur
d'un fantôme
ce que tu as
sous la main
tu le prends
ce que tu veux
vivre
vivre
le temps t'échappe
le temps court
le temps s'enflue
la chance apparaît
puis
disparaît
ce que tu as
sous la main
tu le prends
tout de suite
dans l'instant
tu vis
depuis toujours
tu ne sais
qu'espérer
la vie
c'est de main
de main
c'est noir
ce que tu as
sous la main
tu le prends
ce que tu veux
vivre
tu le vies
France Inter
la source
c'est si écoulant
dans l'appartement parisien de Juliette
il y a un piano
des briquets, des ordinateurs
des pertes de lunettes et des livres
mais est ce que la chanteuse
se souvient de la première chanson
entendue pendant l'enfance
alors... je saurais pas me souvenir
de la première chanson que j'ai entendu, ni de la première histoire qu'on m'a raconté,
mais je me souviens de la première fois que j'ai lu un livre. J'étais petite, je commençais à
peine à lire donc j'étais compréparatoire, je commençais à assembler les mots et ça allait bien
et c'est ma mère qui m'a appris à lire parce que comme tous les mots, j'apprenais à lire mais je
les avais à haute forcément et c'est ma mère qui a pris le temps de m'enseigner comment on lisait
dans sa tête comment on lisait ou à voix basse et comment on lisait dans sa tête et je me souviens
vraiment de ça, du premier livre et c'était donc Les Malheurs de Sophie, La Conteste de Ségur et
d'où j'ai gardé une grande passion pour la Conteste de Ségur par ailleurs et qui a façonné
d'ailleurs mon enfant c'est mon goût pour la littérature du 19e siècle fin de la parenthèse
parce qu'effectivement le premier livre que j'ai lu c'était celui là, mais l'histoire qu'on m'a
raconté, non j'ai pas tellement de souvenirs de ça, après j'ai bouffé des bouquins parce que j'ai
adoré ça, là j'ai commencé à mettre dans les livres, les livres pour enfants c'était ça allait
du club des cinq, évidemment La Conteste de Ségur mais j'avais un bouquin qui m'a marqué que j'ai
lu, relu, relu, c'est la Bible raconté aux enfants donc là c'est un roman extraordinaire la Bible
avec les plaies d'Égypte, les trahisons, les maires qui s'ouvrent pour laisser passer les
prophètes enfin c'est génialissime quoi pour un gamin c'était alors c'est évidemment réécrit pour
des enfants mais ça ça m'a marqué, c'est un des bouquins qui m'a le plus marqué donc peut-être
qu'il y a aussi une partie des choses que j'ai écrits après où c'est bénie et là dedans c'est
fait qu'effectivement pour une pour une mécréante notoire j'ai toujours les références religieuses
partout et en fait ça vient et de La Conteste de Ségur qui était quand même assez bénie oui oui
très cateau très machin c'était l'époque et de ce livre que j'avais lu de la Bible raconté
aux enfants moïse dans son berceau lâcher sur le nil, c'était formidable
j'ai un bien étrange pouvoir mais n'est-ce pas une malédiction
cela a commencé un soir j'avais à peine l'âge de raison j'étais plongé dans un roman de la
Bible et j'étais grosse quand j'ai vu qu'il y avait des gens avec moi dans la chambre qui
donc pouvaient être ces gosses cette invasion de petites filles que me voulaient ces carabosses
qui leur tenaient lieu de famille j'évite compris à leur manière à leurs habits d'un autre temps
que ces visiteurs de mystère étaient sortis de mon roman et j'acasse ta voix basse dès que j'ouvre
mon bouquin, je délivre de leurs livres, des roues, des bruyants qui surgissent à mon vaisse,
c'est votre soule mécoçant qui s'éteint le thé des balles, donc je sens les échagrins,
ils me choquent m'interloquent et me parrainent à témoin, de leurs vices, leurs malices,
de leurs drôles, de destin, ma vraie rêve qui s'achève, dès que je lis le mot fin,
vois pas s'ils s'effacent quand je ferme le bouquin, à voix basse, ils s'effacent quand je ferme le bouquin
chez vous, chez vos parents, est-ce qu'il y avait plus de livres ou plus de disques ?
Indédiablement beaucoup plus de livres, indédiablement beaucoup plus de livres et je partage cette
chose avec Colette que quand j'étais petite, dans la bibliothèque, tous les livres qui étaient
à ma hauteur, à partir du moment où j'ai su lire, je pouvais les lire et donc personne ne m'a jamais dit
non ça c'est pas pour toi, c'est pour les adultes, c'est pas pour que tu dise, personne n'a jamais
rien interdit, ce qui fait que je... des fois j'ai pris des livres, alors ça me tombait des mains,
je dis à des bouquins quand on égosse, bon voilà c'est pas l'intérêt de la chose,
mais la couverture me plaisait, alors j'avais envie de le lire, c'est comme ça que je me
suis retrouvée, j'ai dû lire, j'ai le souvenir de ça, je raconte si ça, j'ai dû lire là-bas
de Huismans, je devais avoir 12 ans, je suis pas sûre d'avoir compris grand chose, mais si
il y a quand même un tout un truc qui m'a marqué, c'est l'histoire de, comment il s'appelle Barbe Bleue,
Gilles de Rê, qu'il y a dans la bas de Huismans, il y a quand même tout un truc sur les sorcières,
en fait c'était Rê, et puis sur Gilles de Rê, donc ça m'avait assez passionné tout en maintenant
rétrospectivement disant qu'effectivement c'était peut-être pas une lecture pour une jeune fille de
12 ans, ça va j'ai survécu.
Démancher, presque arrachés des épaules, les bras du Christ paraissaient garoter dans toute
leur longueur par les courrois enroulés des muscles, les selles éclamées craquées,
les mains grandes ouvertes brandissaient des doigts à gare qui bénissaient quand même dans un
geste confus de prière et de reproche. Les pectoraux tremblaient, beurrés par les sueurs,
le torse était rayé de cercles de douves par la cage divulguée des côtes, les chers gonflés,
salpétrés et bleuilles, persillés de morsures de puces, mouchetés comme de coups d'aiguilles par
les pointes des verges qui, brisés sous la peau, l'allardaient encore, ça et là, déchardent.
L'heure des sannies était venue, l'appelée fluvial du flanc ruisselé plus épaisse,
inondée la hanche d'un sang pareil au jus foncé des murs, des sérosités rosâtres,
des petits laits, des ossemblables à des vins de mausel gris, sointés de la poitrine,
tremper le ventre au-dessous duquel ont du lait le panneau bouillonné d'un linge. Puis les
genoux, rapprochés de force, heurtaient leur rotule et les jambes tordues s'évidaient jusqu'au
pied, qui ramenaient l'un sur l'autre, s'allongaient, poussées en pleine putréfaction,
verdissées dans des flots de sang. Au-dessus de ce cadavre en éruption, la tête apparaissait,
tumultueuse et énorme, cerclée d'une couronne désordonnée d'épines, elle pendait, exténuée,
en trouvrait à peine un œil ave ou frissonnait encore un regard de douleur et des froids. La
face était montueuse, le front démantelait, les joutarries. Tous les traits renversés pleurés,
tandis que la bouche décélée riait avec sa mâchoire contractée par des secous stétaniques
à tronces. Là-bas, j'orisse Carl Huismans.
J'ai fui devant des créatures, recoussé quelques décadents, échappé de peu au morceau d'un
vieux roumain extravagant. J'évite de lire tant qu'à faire les débraver les malades,
les histoires de serial killers, les agres du marquis de sable.
La musique, elle le vient ou elle est chez vous par votre père, qui est musicien. Comment est-ce
que vous vous commencez en plus d'écouter la musique, à la construire, à la jouer, à la créer ?
C'est tout simple, j'ai commencé à faire du piano et puis à partir d'un certain âge,
au départ j'avais un vieux professeur, une vieille professeur de piano, vieille de moiselle,
c'était très classique, c'était très emmerdant, il fallait faire ça, et c'était pas très marrant.
La prise à retraite, j'ai donc continué le piano avec une femme beaucoup plus jeune,
beaucoup plus de son époque en réalité, et qui justement avait cet encouragement là,
justement à se servir de ce qu'on savait, pour improviser, pour écouter autre chose.
C'est un peu venu à la fois par évidemment un pédagogue, mais aussi par le fait de maîtriser
un petit peu aussi, simplement de connaître, de commencer à connaître quelques harmonies,
quelques machins, etc. Au début, on est très copieurs, je pense que les premières choses
que j'ai dû faire, c'était des faux chopins, parce que j'étais en plein là-dedans et que ça me
plaisait, mais voilà, c'est en faisant, en fait, on a envie de s'y mettre, en disant voilà,
je suis un peu d'improvisation, c'est bien d'être encouragé par la pédagogie, évidemment, forcément.
En grandissant à l'adolescence, comment la musique et la passion de la lecture vont ensemble ?
Alors, en l'adolescence, je découvre la chanson, en fait, à l'adolescence,
d'ailleurs, effectivement, ça se mélange un peu, puis les premières chansons que je vais chanter
sont des chansons finalement assez littéraires, parce que les premières chansons que j'ai dû
chanter, c'est Boris Vian, et Boris Vian est aussi bien musicien qu'écrivain, donc on est dans
la problématique complètement, il y a Brel aussi évidemment, Brassin, ça viendra plus tard,
c'est plus dans la maturité, on va dire, mais il y a ce mélange de texte et de musique,
mais il y a aussi quelque chose qu'il ne faut pas enlever de ça, qui est la représentation
publique, c'est-à-dire que ce qui va me fasciner le plus, en fait, dès le départ, c'est de me
dire que chanter des chansons en s'accompagnant en piano, voilà, j'ai de la chance de jouer du
piano, je m'en occupe avec mon oreille, donc je relève des chansons à l'oreille, etc, et je
les chante, c'est un très, très bon moyen de se positionner assez vite comme un personnage,
quand on est ado, c'est vachement important d'avancer. Ah, Juliette, tu es un piano, tu ne
nous chanterais pas une chanson, voilà, ça y est, on a gagné quelques galons, et ça, ça t'est
surtout un rôle social, et puis, la fascination aussi que j'ai eu, je pense à ces jeunes pour,
mais ça semble savoir, c'est-à-dire, je savais qu'avec quelque chose qui me plaisait dans le
théâtre, dans cette représentation, dans celle d'être sur scène, dans le fait de se dire, voilà,
il y a un moment où on est appelé par ça, on ne sait pas très bien pourquoi, la chanson, ça
y répond aussi, c'est-à-dire que dans ce coup, je suis en représentation.
Et je m'aperçois qu'effectivement, là, je commence à prendre mon pied, il n'y a pas d'autre mot,
je commence à avoir une place qui me plaît bien, et puis quelque chose à faire qui me plaît beaucoup,
il y a la fête de fin d'année de l'école, enfin, c'est la fête de fin d'année de l'école,
pour moi, c'est une révélation, c'est la première, j'en ai souvenir, je devais avoir 13 ans,
la première fête de fin d'année de l'école, je vais chanter la chanson des vieux amants de
Jacques Brel, carrément, j'ai 13 ans, ça fait de bon âge, parfait, et je dois jouer une
polonaise de Chopin, enfin, un truc improbable, et je sais que c'est ça qui m'éclate,
quand c'est ça que je veux faire, là, par contre, il n'y a pas de doute. Comment,
de quelle manière, j'en sais rien, mais je serai sur scène.
Comment vous, parce que vous êtes sur scène, vous chantez, ça marche, enfin,
en tout cas, vous avez envie de le faire, vous dites que vous avez envie de le faire,
mais comment on découvre sa voix ? Alors, ça aussi, c'est quelque chose qui est, c'est pas iné,
c'est pas ça que je veux dire, mais c'est, j'ai baigné dedans, ma mère, elle chanteait très bien,
ma mère, elle avait une très jolie voix, elle chanteait tout le temps, et sa mère,
à elle aussi, chanteait des chansons. Alors, c'est marrant, parce que ma mère vient d'un milieu
très, pour le coup, très paysan, pour les terrains, c'est vraiment des petites gens.
Du limousin, du limousin, absolument. Et sa mère, à la fin des repas de mariage,
on chantait dans les mariages, et ma grand-mère, elle avait un répertoire, et apparemment,
elle chantait assez bien pour qu'il y ait des types dans le pays qui se fassent inviter à tous les
mariages où il y avait ma grand-mère, pour pouvoir l'entendre chanter. Donc, elle avait déjà des
fans, et c'était sa seule représentation, c'était à la fin des mariages, mais elle avait,
elle avait comme ça, des gens qui... Elle avait son public. Elle avait son public. Donc, il y a
quelque chose comme ça, dans l'histoire de chanter, d'avoir une voix, de chanter facilement,
et de pas être freinée par ça, que j'ai toujours connu, en fait, en réalité. Je pense que les
premières chansons j'ai chantées quand j'étais petite, c'était Joe Dassin et Claude François,
mais j'aime bien ça, mais comme ça. T'as gada, t'as gada. Voilà les Dalton. T'as gada,
t'as gada. J'ai le souvenir de cette chanson. J'étais très fan de Joe Dassin, parce que j'étais
petite, ouais. Donc, la voix, je l'ai un peu trouvé comme ça, puis il se trouve qu'après, bon,
bon, en ayant fait du piano, ça fait que voilà, j'avais la chance de chanter juste, naturellement,
donc voilà, je me suis un peu... Après, j'ai travaillé ma voix, parce qu'une fois qu'elle se
confronte au métier, là, c'est autre chose, c'est-à-dire quand il faut chanter tous les jours,
si on ne l'utilise pas bien, si on ne la travaille pas à un minimum, on va la fatiguer très vite
et on va finir par avoir des emmerdes, donc ça, je l'ai travaillé après, en fait.
C'est la petite chanson des assassin sans couteau. C'est la petite chanson des assassin sans couteau.
C'est la petite chanson des assassin sans couteau.
C'est la petite chanson des assassin sans couteau.
Ce que le pouvoir en y vrai compte, les petits chefs à coups d'humiliation s'en servent sur tous les dons.
Le menton plein d'arrogance, des versants là et naplos.
Nazis la vole remence, des assassin sans couteau.
Nazis la vole remence, des assassin sans couteau.
Nazis la vole remence, des assassin sans couteau.
Nazis la vole remence, des assassin sans couteau.
Toi qui la connais pour l'avoir chanté, 1000 fois déjà sans être inquiété,
mais fit toi le vent retourner.
Sussurer à mon choisi et te planter dans le dos, la lue du brevet lundi, des assassin sans couteau.
Sussurer à mon choisi et te planter dans le dos, la lue du brevet lundi, des assassin sans couteau.
France Inter, la source.
A Paris dans le 12e arrondissement, entre un piano et trois pertes de lunettes,
Juliette parle des livres et des chansons qui l'ont construite.
Se souvient-elle de la première chanson composée ?
Je pense que c'est difficile de pas s'en souvenir, je m'en souviens très bien de la première chanson que j'ai écrite et composée,
c'est une chanson rigolote qui disait, ça s'appelait Fantasme.
C'était une chanson qui parlait d'une femme qui s'ennuyait, qui avait trouvé la solution à ses problèmes de solitude
et elle se tapait dans ses fantasmes, donc tous les compositeurs, donc il y avait Chopin, Schuman.
Il y avait eu un problème avec Tchaikovsky, ça n'avait pas trop bien marché, je demande pourquoi.
Et puis à la fin, elle disait, quand j'aurais fait le tour des compositeurs, après il me reste justement tous les écrivains.
Et donc tu as prévu de te rugger, etc. Et ça se terminait par genre, je le sens évidemment,
pour faire une chute à la chanson et que ça soit un peu rigolo.
Voilà, c'était ma première chanson, ça s'appelait Fantasme.
Qu'est-ce que ça change dans une vie d'écrire sa première chanson ?
Alors je ne sais pas ce que ça change dans une vie d'écrire sa première chanson,
à mesure que j'ai écrit celle-là, puis après je me suis bien calmée,
parce que je me suis dit, je n'ai pas d'idées particulièrement,
je ne sais pas si j'en ai écrit beaucoup en fait à cette époque-là.
Après, je me rappelle de la première, je me souviens de la première,
mais par contre je ne me souviens pas des autres derrière.
Donc ça veut dire que je n'ai pas dû en écrire beaucoup.
Et puis assez rapidement, je me suis dit, les textes, c'est pas mon truc,
je ne vais pas écrire des textes, je vais laisser ça aux autres.
Donc j'ai travaillé avec des auteurs.
Et jusqu'à ce que j'y revienne, en me disant, en fait je suis complètement,
je suis vraiment infégnante.
Parce que ça m'éclate complètement, j'adore.
Maintenant, j'adore écrire des textes, je me régale avec ça, vraiment.
Pour moi, ce n'est plus un travail, c'est une espèce de passe-temps
un peu comme des gens qui vont faire des grilles de mots croisés 24 heures sur 24.
C'est un peu ça, ça m'amuse autant en fait, c'est un jeu.
– Et vous avez quel âge quand vous avez écrit cette première chanson
et vous avez quel âge quand vous vous êtes remise à écrire vos propres chansons ?
– J'avais 15 ans quand j'ai écrit la première
et j'avais 30 ans quand j'ai réécrit après,
donc j'ai laissé 15 ans et 15 ans, c'est bien, ça fait un contrône.
J'attendais d'avoir des idées.
Je n'étais pas du genre à me dire les idées, on les trouve.
Si on les cherche, franchement, c'est un boulot aussi de trouver une idée.
Et moi j'attendais que ça me tombe dessus.
Donc quand j'avais une idée, j'écrivais un truc, j'étais contente,
mais c'était rare, parce que j'avais tellement occupé à faire autre chose.
Je n'avais pas le temps de chercher.
J'avais pas encore compris qu'il fallait chercher les idées.
Où l'on en voudrait plein.
Ainsi lorsqu'il s'agit, sans espoir de rescousse,
de fourrer une coête, au-dedans d'une hausse.
Cette année, pas douté la beurre digne d'hercules,
à l'exemple de qui n'avance pas recul.
On espère, on déchante, on pleure, on suit,
on tous est tout fait dans la coête ébouffée par la hausse.
Y a-t-il seulement de stratégies qui vaillent
sous le fond et l'enfer des chambres de bataille.
L'ennemi tente encore une sortie qu'on repousse,
mais à revers la coête vient délivrer la hausse.
Ajoutant le pilou comme une mouletta,
dans la reine où je vime au tout dernier combat,
à cinq heures du soir, torré Roam Dalos.
Encore né par la coête et j'ai zang sur la hausse.
Comment on cherche une idée ?
Où est-ce qu'on les débusque ?
Partout. Je suis vraiment persuadée qu'on peut le faire partout.
Il faut juste prendre un peu de temps de méditation.
C'est presque de la méditation.
Voyons, je suis en train de regarder mon briquet.
Qu'est-ce qu'il y a dessous ?
Est-ce que je fais trouver une idée avec ça ?
Est-ce que j'ai une histoire à raconter
avec un simple briquet, une boîte d'allumettes,
ou quelque chose comme ça ?
C'est un exercice.
C'est l'imagination qui travaille surtout là-dessus.
C'est pourquoi il est là,
à qui appartient-il, de quelle couleur il est
et qu'est-ce qu'il me raconte.
La vie est faite d'escalier de toute sorte
pour aller de cave en grenier de porte en porte
et qu'ils soient droits, qu'ils soient tordus,
on les affronte.
Quand on les a bien descendus,
on les remonte.
On sait bien que les escaliers
font le cœur battre
comme ceux qu'on grimpe à la volée
et quatre à quatre.
Ainsi nos amours de bohème
de quelques heures
s'abritent toutes aux sixièmes
sans ascenseur.
Pourtant, on retourne au premier
se mettre en ménage.
Il y a toujours un escalier
pour chaque étage.
D'où le titre de l'album
du dernier, l'heure du vient de sortir,
qui est vraiment chanson
de là où là il se pose.
En fait, j'ai toujours fait ça.
J'ai toujours posé mon oeil en disant
voyons, est-ce qu'il y a une chanson
à faire avec ça ?
C'est un peu ce qui me semble
être le bon travail à faire
au départ, c'est-à-dire les idées.
On peut en avoir et puis elle s'agrège.
C'est très rigolo comme
parfois on a une idée en se disant
ça c'est bien, ça pourrait faire une chanson.
Puis non, en fait, non.
Alors on la met de côté,
c'est pour ça que j'écris, je barre,
je ne l'efface pas, je raye
ce que j'écris parce que je me dis
sous la rayure je peux relire
ce que j'écris.
Donc cette idée n'est pas bonne maintenant
mais peut-être qu'elle va s'agriger
à une autre et puis se dire
tiens, ça colle avec ça
et tiens ça, ça pourrait faire un...
Ah mais je vais me reserver
en tout cas, je n'avais pas écrit
un truc là-dessus.
Ah si j'avais écrit un truc là-dessus
boum boum, on regarde des carnets
et puis on retrouve des trucs
et puis on se dit bah voilà c'est ça
c'est bien, ça va marcher.
Est-ce que vous écrivez en jouant
est-ce que la mélodie vient après
est-ce qu'elle vient avant
comment les mots et les notes
décident ou non de s'asseoir à table
ensemble ?
Ça dépend des fois,
il y a des fois,
il y a des textes qui vont venir d'abord
une formule qui va bien me plaire
un truc comme ça,
où je me dis tiens,
j'écris bien une chanson comme ça
là là là ça marche
et puis après je vais chercher
la mélodie
et en général,
quand ça marche dans ce sens-là
je me oblige toujours
à chercher la mélodie
très simple
parce d'évidence en fait
il faut que ça soit très simple
je vais compliquer les choses
après en harmonisant
en arrangant
mais voilà c'est parce que
j'aime bien que les phrases
elles chandent toutes seules
en réalité souvent
et de la même manière
on peut faire l'inverse
ça m'arrive de faire l'inverse
d'avoir une mélodie
me disant ça c'est joli
ça marche très bien pour un truc
et puis oui mais qu'est-ce que
je vais mettre dessus
donc qu'est-ce qu'elle m'évoque
cette mélodie-là
de quoi elle me parle
alors là je fais la même chose
qu'avec mon briquet
je regarde derrière
c'est une chanson triste
oui mais sauf que parfois
une mélodie triste
c'est bien que ça soit pas
forcément une chanson triste
qui raconte des choses tristes
donc voilà on bricole
les trucs un peu
selon les circonstances
il y a des choses
on fait exprès
par exemple je me souviens
quand j'ai écrit Météo Marine
j'ai écrit le texte d'abord
et puis je me suis dit
bon ben voyons c'est un spline
comment est-ce qu'on fait ça
en musique donc j'ai
convoqué absolument
toutes les choses que je sais
parce que maintenant
je commence à connaître
deux-trois trucs
voilà une simplicité harmonique
et en même temps
de jamais terminer les phrases
de jamais les résoudre
vraiment de les laisser
tout en suspens
et ça marche très très bien
pour le côté
c'est un peu triste
enfin c'est pas triste
c'est
ça met une ambiance
mélancolique
oui c'est encore un peu
plus autre chose
que la mélancolie
c'est vraiment
moi il y a une suspension
il y a un truc qui ne se résout pas
il y a un truc qui ne se règle pas
on ne règle pas le problème
on n'arrive pas
on entend la mélodie
devrait tomber là
puisque l'harmonie y amène
et on ne le fait pas
donc il y a un côté
ça ne finira jamais
et c'est ça qui est agréable
oui et c'est ça qui
là pour le coup c'est fait exprès
je dis je décide
que je vais pas
je vais pas me laisser aller
à une inspiration comme ça
comme elle vient
vraiment je le fais exprès
ce n'est qu'un jour
un jour comme ça
on dit ça va
mais ça va pas
un jour à rien
un jour à Spline
un jour à Météo Marine
et j'attends là
où l'est le grain
en allant pêcher du chagrin
viking utsir
échromartie
dans le flot des rues de Paris
à vie devant fort
en cours prévu
ce n'est pas la mort
mais c'est sans salut
si on pleure encore
si on est perdu
à vie devant fort
en cours
ou prévu
vous avez parlé tout à l'heure
des auteurs avec qui
vous avez travaillé
pour vos chansons
est-ce que pour vous
que ce soit les musiciens
musiciennes, auteurs
ou autrices
est-ce qu'une chanson
c'est d'abord un élan collectif
ou est-ce que c'est une émotion
qui vient d'un coeur simple
comme dirait le bon flot vert
vous êtes en train de parler
dans des pages de littérature
que j'adore
j'adore un coeur simple
c'est merveilleux
est-ce que ça vient de là
ou est-ce que c'est un élan collectif
j'ai envie de dire
ça dépend
mon général
en fait ça dépend vraiment
parce que des fois
des choses qu'on peut faire ensemble
qui sont fondamentalement enthousiasmantes
parce que justement
on n'a pas toutes les idées
et que celles qui viennent des autres
sont souvent meilleures
que les siennes propres
mais il se trouve que moi
pour l'écriture de chansons
j'aime bien mon côté
un peu travail solitaire
j'aime bien
voilà je veux dire
on prend une planche de bois
on met quatre pieds
on a fait une table
mais si on s'entourne
un petit peu les pieds
si on les travaille un peu
ça va être plus joli
et puis c'est un peu
mon oeil et ma main
qui vont décider
c'est pas mal aussi
tendance à travailler
un peu seul quand même
mon oeil dans ton oeil
est un vendeur
d'opium
cette lueur
dans mon oeil
en épingle
vaut doux
plus sûrement que tout
à mon amour
de clou
maniant les sordis
lèges
et bravo les taboues
mon oeil dans ton oeil
est un peu marabou
cette lueur
dans mon oeil
qui te suit à la trace
tous les sens auzaqués
et la griffe rapace
fait patte de velours
rejoue
et puis s'il lasse
mon oeil dans ton oeil
est un félin qui chasse
cette lueur
dans mon oeil
raconte des histoires
de tigres, de sorciers
de fumées qui égarent
mettant l'œil impassible
un différent miroir
ton oeil dans mon oeil
ne semble pas les voir
cette lueur
dans mon oeil
ont le plaisir qui dure
dessinote et contour
entre pleins et obscur
collo des soupires
part de son murmure
mon oeil dans ton oeil
est un artiste sûr
cette lueur
dans mon oeil
mêle feu à tes joues
malmêle ton sein nu
te serre un peu le goût
et ta douce sur ta peau
un douvre bijou
mon oeil dans ton oeil
se comporte en voyous
cette lueur
dans mon oeil
à ton corps
qu'elle n'est rien
un flic
je l'ai vertige
de la mort
et qui s'en vient
qui, encore un truc
et ton souffle s'éteint
mon oeil dans ton oeil
est un bel assassin
...
cette lueur
dans mon oeil
retourne sa nuit noire
ce n'était qu'une lueur
dans ton oeil
sans mémoire
une lueur mouette
et que l'on voit s'en voir
mon oeil dans ton oeil
n'était rien
qu'un regard
Juliette, pour habiller cette émission
je vous ai demandé de choisir
des chansons françaises
importantes pour vous
quelle chanson avez-vous choisi ?
alors
les chansons importantes pour moi
déjà je vais regretter mon choix
des 5 minutes après qu'on aura parlé
parce qu'il y en a trop
il y en a trop que j'aime bien
il y aura forcément
Jaurès de Brelle
...
donc voilà Jaurès de Brelle
parce que tout est dit
avec une pudeur magnifique
et sans être trop
pas premier degré
mais voilà
si quand même c'est ça
c'est pas premier degré
d'une façade de façon
de dire une situation
sans être vindicatif
15h par jour
le corps en laisse
laisse au visage
un teint de cendre
souvenez-vous belge nas
pourquoi on dit de tuer Jaurès ?
c'est vraiment fondamentalement
la question de la chanson
pourquoi ont-ils tué
Jaurès
c'est pas trop
quel beau moment de vraie politique
pour moi c'est ça
le politique
ça peut être quelque chose de très noble
et très porteur
on peut pas dire qu'il fure
t'esclaves
et son chapelle
je pense pas que
Jacques Brelle était un dangereux bochiste
par exemple
c'est pas ferré de ce côté-là
il n'est pas un chanteur engagé
Jacques Brelle au terme ou en l'entend
et qu'est-ce que cette chanson dit
et pourtant
l'espoir florissait
dans les rêves
qui montaient aux yeux
desquels que ceux
qui refusaient
de ramper jusqu'à la vieillesse
oui notre bon maître
oui notre monsieur
pourquoi ont-ils tué
Jaurès
pourquoi ont-ils tué
Jaurès
quelle autre chanson avez-vous choisi
alors j'ai choisi une chanson qui va
comment dirais-je allier deux de mes patients
c'est Victor Hugo et Georges Brassin
c'est à dire que j'aurais pu choisir un texte de Brassin
c'est mon dieu qui l'a écrit
de chanson merveilleuse cet homme-là
et des textes d'une intelligence
d'une sensibilité
d'une grande clairvoyance
et de beaucoup de qualités
pour lesquelles on ne trouvera jamais assez de qualificatifs
mais celle-là elle m'amuse
c'est la légende de l'annonne
donc voilà
oui mais c'est tellement beau
Georges Brassin se fait partie des
me détestrent de dire ça je suis sûr
mais c'est un des grands monuments de notre littérature
de notre langue tout simplement
la langue française quoi
quelle façon de la maîtriser
c'est même pas la tordre
il la tordre pas au contraire
il la magnifie là
il est un auteur extraordinaire
indépendamment
simplement le fait que ce soit que des chansons
et le fait qu'il rencontre Victor Hugo
et que bien Victor Hugo n'aimait pas trop pour mettre
ces textes en musique
ce qui a quand même été fait y compris son vivant
mais j'ai trouvé formidable que dans
d'abord parce que Victor Hugo a écrit
des chansons finalement
les chansons des rues et des bois
ou quelques textes des orientales
sont déjà des chansons
et là en l'occurrence
la légende de l'annonne c'est une chanson
il y a un refrain
d'enfants aussi épaulés
ce que je vais vous tablier
et puis il y a Stibelsa
le Malacarabine aussi
c'est une chanson
Victor Hugo écrit des chansons
donc en musique
il passe derrière
et finit le travail
et puis il se trouve que c'est brasseur
donc c'est parfait
les télé
les trésostères
la main plus rue de Plegant
la main plus rue de Plegant
waouh
mais l'amour a bien des mystères
et l'annonne est mal brigant
on voit les biches qui remplacent
leurs beaux serfs par des sangliers
enfants voici des beaux qui passent
cachez vos rouges tablier
et une dernière pour la route
alors une dernière pour la route
ça va être
évidemment ça va être Nougarro
j'ai dit évidemment parce que
mais Nougarro il y en a plein
j'aime absolument Nougarro
il y a des choses merveilleuses
j'hésite même en parlant encore
bien que j'ai arrêté mon choix
sur l'une des plus connues mais
tant pis parce que elle est merveilleuse
je vais envoyer Toulouse
parce que d'abord évidemment
le souvenir que j'ai de cette chanson est tellement merveilleuse
c'est-à-dire que je connaissais la chanson
quand je suis réunie à Toulouse
je suis pas née à Toulouse moi
j'ai grandi à Toulouse
et il y a quelque chose d'extraordinaire
c'est que la première fois que j'ai commencé
à visiter Toulouse
enfin à y habiter donc
à traverser Toulouse le matin
et puis à connaître la vie
des Toulousins
et là
elle m'a même l'aimé
elle me la castagne
et elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
elle m'a même l'aimé
et ça marche encore aujourd'hui
c'est-à-dire que cette ville est encore ça
c'est un très joli souvenir avec Nougarron d'ailleurs
il se trouve qu'on était dans le même avion
qu'il nous ramenait sur Toulouse
et ce qu'il y a eu une merveilleuse
c'est que le commandant de bord
il a pris la parole pour dire
on va atterrir dans quelques instants
et il a dit le temps est gris
désolé pour la pincée de tuiles
j'avais les poils au garde à vous
je me suis dit c'est trop beau
le jour où on écrit quelque chose
et que même le commandant de bord
et le site est au courant
c'est tellement merveilleux
ça m'avait beaucoup touché
donc Toulouse parce que c'est tout le chanson parfait
c'est tout le chanson parfait
c'est de Toulouse
Juliette ça fait une heure que nous parlons
de vos chansons et des chansons des autres
on sait un peu d'où elles viennent
vos chansons
mais où vont-elles ?
est-ce qu'elles s'adressent à quelqu'un ?
est-ce qu'elles ont une destination ?
ouais alors ça je sais pas trop
moi j'aime bien dire que ma destination
c'est la postérité
parce que je pense que quand on écrit
ou quand on fait quelque chose
on se dit que ça va nous survivre
c'est un peu, j'imagine aussi
une façon de se prolonger
dans un futur improbable
donc j'écris peut-être pour ça
pour la postérité
je sais pas où elles vont
je sais que de toute façon
elles sont faites, je les ai faites le mieux
que je pouvais et tant mieux
si ça rencontre quelques échos
chez d'autres personnes
ça me fait plaisir
ça nous fait un point commun
car au fond je sais bien
de quoi sera fait demain
il n'y a pas de mystère
pas de présage
pas de sorcière
il n'y a que le hasard
de la vie qui s'égare
comme elle peut, même mal
et rien dans les boules de cristal
mais nous sommes ainsi faits
un puissant et distrait
qu'il faut nous contenter
des seuls espoirs
qu'on fait danser
dans le marre de café
c'était La Source
une émission préparée par Fanny Le Roi
réalisée par Anne Van Feld
à la technique Pierre-Henri
la semaine prochaine
je suis dans le gare
avec une autrice qui interroge les animaux
Sous-titres par Fanny Le Roi
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durée :00:55:27 - La source - par : Cécile COULON - Amoureuse des mots, Juliette jette des ponts entre littérature et musique. Pendant une heure, elle évoque ses lectures d'hier à aujourd'hui, et le plaisir que lui donne l'écriture des chansons. - Juliette : Chanteuse française - réalisé par : Anne WEINFELD