Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Jean-Paul Zawadzki, le complot des amants - Le récit

Europe 1 Europe 1 3/6/23 - 32m - PDF Transcript

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On de l'Athe raconte.

Christopher de l'Athe.

Voici l'une des affaires judiciaires les plus intéressantes, je trouve, de l'histoire judiciaire de la fin du XXe siècle.

L'affaire Zavatsky, 1980-18.

Sur l'échelle de Daval, disons, 100 fois plus intéressantes, au moins.

Des femmes comme Nicole Zavatsky, on en trouve pas tous les jours dans les boxes des cours d'assises.

Pour le débrief, maître Christophe Pesme du barreau d'Orléans, dans ce dossier avocate de la Défense,

interview à retrouver dans un deuxième podcast.

J'ai écrit cette histoire avec Thomas Odoir, réalisation Boris Pachinsky.

De cette histoire, je vous le dis d'entrée, il y a deux leçons à tirer.

La première, j'en parle souvent.

Prenez-le comme un conseil d'amis.

Quand vous ne voulez plus de votre femme ou de votre mari, et que vous préférez votre amant ou votre maîtresse,

divorcez.

C'est tellement plus simple.

La deuxième, c'est que si vous n'avez pas résisté, si vous avez négliger la leçon numéro un.

Alors, ne vous achetez pas une mercedesse toute neuf un mois plus tard, avec l'argent de l'assurance vie.

Pas tout de suite, un peu de descense.

Allez, c'est parti.

Ça commence comme ça.

Un jour de mars 1998, à Sougy, près d'Orléans, Jean-Paul Zavotsky meurt dans son lit.

C'est sa femme Nicole qui l'annonce à tout son entourage.

Il est mort des suites d'une maladie tropicale, je pense,

laquelle on ne sait pas vraiment.

Il est rentré d'une mission en Afrique il y a trois mois.

Depuis, il y avait un truc.

Il était fatigué, tout le temps fatigué, puis il toussait aussi beaucoup.

Notre médecin a tout essayé.

Mais on n'est pas arrivés à le sauver.

39 ans.

Tu te rends compte?

39 ans!

Et de quoi est-il mort officiellement, Nicole?

Je t'ai dit, des suites de cette maladie contractées en Afrique, c'est pas trop moi.

C'est notre médecin de famille qui a signé l'acte de décès.

Il a marqué mort naturel.

Comme si c'était naturel, le mot est à 39 ans.

Écoute, Nicole, on pense bien à toi, et à Aurora aussi, hein, dix ans.

C'est pas facile pour elle d'en caisser la mort de son papa.

Bon, voilà, on est avec toi de tout coeur, Manicol.

Vraiment, si tu as besoin de quoi que ce soit, tu nous appelles, d'accord?

Allez, je te laisse, Manicol. Courage.

...

Effectivement, Jean-Paul venait de faire un long séjour en Afrique, au Gabon.

Il était militaire, majeur, dans l'armée de l'air,

plus précisément mécanicien de bord sur Transal.

Il est mort de l'une de ses salles, au prix qu'on attrape là-bas.

Et pourtant, c'était un costaud, hein, Jean-Paul.

Un maître 90, baraqué, une montagne de muscles.

Le médecin de famille a tout fait pour le requinquer,

mais la maladie y a gagné.

Ces fichus virus africains, parfois, bah, il n'y a rien à faire.

...

Parce qu'il était sous officier dans l'armée,

Jean-Paul Zawacki a droit à des funérailles en grande pompe,

avec au mage militaire.

Toute la bazaille rienne d'Orléans, au Gardavou.

...

L'armée, c'était comme pour tous les militaires, sa deuxième famille.

Alors ils sont là, en uniforme, le visage sombre,

entourant sa femme, sa petite fille, ses amis, ses parents, ses voisins.

Douloureux cérémonie.

Très douloureux.

Jean-Paul est inhumé au cimetière de Château-Neuve-sur-Cher.

Et voilà, pour Nicole et la petite Oralie,

va falloir trouver le chemin d'une nouvelle vie.

Une vie sans lui.

...

Après le décès de Jean-Paul,

Nicole se retrouve seule avec sa petite fille de 10 ans

dans le pavillon de Sougi. C'est un tout petit village, 800 habitants.

Et dans les petits villages, entre voisins on s'entraide,

mais on s'espione aussi un peu.

Alors quand le 22 avril, c'est-à-dire un peu plus d'un mois après la mort de son mari,

Nicole rentre chez elle au volant d'une Mercedes-Flambe en heure,

disons que ça fait jaser.

Ah ben dis donc, elle s'embête pas à la Nicole,

elle aura pas porté le deuil longtemps.

Et ça concane aussi quand Nicole se fait livrer dans la foulée des meubles tout neufs.

Un défilé de camion.

Ça fait sacrément causer dans l'Anderno.

Ah ben dis donc, c'est la veuve joyeuse, celle-là.

Elle aurait pu attendre un peu quand même, je sais pas,

6 mois au moins.

6 mois.

Mais moi, pour mon mari, je suis resté en noir pendant 200.

...

D'accord.

Mais c'était une autre époque.

En vérité, ce qui choque les gens.

Sur l'époque, elle est touchée de l'argent à la mort de son mari.

J'acquencée, par exemple, que quand quelqu'un meurt,

les assurances crédies de la maison épongent la part du défaut.

Et qu'il y a les assurances vies.

Rien d'anormal à ça.

À présent d'essai, c'est toujours comme ça.

Il y a de sorties de conséquences financières.

Non, ce qui choque les gens,

c'est qu'elle ne se montre pas plus discrète dans la dépense.

Ce qui les choque, c'est le manque de descense.

...

Et puisqu'on est dans les comérages,

il y a autre chose qui se dissoule manteau

dans le lotissement où vit une école et sa petite fille.

J'ai encore vu le docteur Trouillard Perrault aller chez elle hier soir.

Je me demande ce qui fricote, c'est de là.

Raconte pas n'importe quoi.

Tu sais très bien ce qui fricote.

C'est pas nouveau.

Quand Jean-Paul n'était pas là,

quand il était en Afrique ou ailleurs,

on a déjà vu le docteur arriver chez elle le soir,

même parfois avec un bouquet de fleurs.

Tu veux dire que le docteur serait son lament depuis longtemps?

Tu t'en étais pas aperçu.

Des fois je me demande si t'es pas aveugle.

...

Le pauvre Jean-Paul Zavetski avait des cornes.

Il ne passait plus les portes.

Mais là encore ça arrive.

Mais quand les voisins font l'addition,

le coquillage, la mercedesse, les meubles neufs,

et surtout cette mort bizarre,

disons que ça ouvre des hypothèses.

Et ces hypothèses finissent par arriver aux oreilles de l'armée.

L'armée ou déjà, pour dire les choses franchement,

on se posait des questions.

Moi j'avoue que j'ai pas trop compris pourquoi Jean-Paul

n'avait pas été pris en charge par un médecin militaire.

Les maladies tropicales, c'est pas trop la spécialité d'un généraliste.

Et puis s'il a attrapé cette maladie en mission,

il aurait dû se faire prendre en charge par l'armée.

Il y a un truc qui ne colle pas dans cette histoire.

Sans compter que sa maladie,

on sait toujours pas ce que c'est.

Et que dans tout l'équipage du tronçal,

il n'y en a pas un qui a attrapé quoi que ce soit.

...

Et cette idée qu'il y a quelque chose de pas clair

fait son petit chemin sur la base aérienne.

Et elle finit par arriver aux oreilles du colonel

qui suggère aux gendarmes de réaliser une autopsie.

...

Au même moment, Nicole, elle, ne se doute de rire.

Et pourtant, elle y va à la base aérienne.

Mais c'est pour pleurer nicher sur son soeur.

Avec la mort de Jean-Paul, vous comprenez,

j'ai besoin de travailler.

Vous n'auriez pas quelque chose pour moi?

Bon, ah oui.

Elle est la veuve d'un militaire presque mort en service.

Tout de même.

L'armée pourrait faire ça pour elle.

Non.

Et d'ailleurs, elle demande à son ami, le docteur Trouillard Perrault,

d'appuyer sa candidature.

Et donc, il appelle la base aérienne

et demande à parler à un officier.

...

Je peux vous dire que l'officier le trouve conflé, ce médecin,

compte tenu de ce qui se murmure.

Oui.

Conflé.

Du travail dans l'armée.

Et puis quoi encore?

Elle veut pas une médaille, non plus.

...

L'insuite est logique.

Le colonel voulait une autopsie,

à vos ordres, mon colonel.

Trois mois après la mort de Jean-Paul,

les gendarmes d'Orléans débarquent au cimetière de Château 9 sur chair.

Ils ont un mandat du juge

pour exhumer le cercueil du major Zavadsky.

L'accès au cimetière, naturellement, est bouclé.

Mais voilà qu'une femme avec un gros bouquet de fleurs

fait tout un cinéma pour entrer.

Je suis Mme Nicole Zavadsky.

Je veux aller me recueillir sur la tombe de mon mari.

Laissez-moi passer.

Désolé, Mme.

Une opération de gendarmerie est en cours.

Faudra revenir plus tard.

Elle ne savait pas

qu'on allait déterrer son mari en vue d'une autopsie.

Elle tombe là, par hasard,

pile au moment où ça se complique pour elle.

Et donc un officier vient lui expliquer

Nous sommes en train d'exhumer le corps de votre mari, Mme.

Vous ne pouvez pas entrer.

Le corps de mon mari?

Vous l'exumez?

Et là, elle se met à vomir.

Elle dégobéie sur les pieds de l'officier de gendarmerie qu'il lui fait face.

Immédiatement, l'un des gendarmes présents

appelle discrètement le juge d'instruction.

Bon, elle est au courant, maintenant.

On espérait être discret, c'est raté.

On ne pouvait pas savoir qu'elle allait arriver pile à ce moment-là.

Oui, le problème, c'est qu'elle risque d'en parler à son ami docteur.

Écoutez, je craque que nous n'ayons plus d'autre choix

que de les placer tous les deux en garde à vue.

Quand, M. le juge?

Le plus vite possible.

Et le plus vite possible, c'est maintenant.

Bien sûr, il aurait mieux valu attendre les résultats de l'autopsie.

Le cercueil a été emmené à l'Institut Médico-Légal de Paris.

Si tout va bien, on aura le rapport dans 48 heures.

Et une garde à vue, ça dure 48 heures.

Et le plus vite possible, c'est maintenant.

Bien sûr, il aurait mieux valu attendre les résultats de l'autopsie.

Le cercueil a été emmené à l'Institut Médico-Légal de Paris.

Dans 48 heures. Et une garde à vue, ça dure 48 heures.

Va falloir jouer finement, très finement.

Nicole Zavadsky est entendue la première.

Et ça commence mal.

Le docteur Trouillard Perrault, mon amant.

Non mais ça va pas.

Vous dites n'importe quoi.

C'est mon médecin de famille, rien de plus, je vous assure.

Et concernant la mort de son mari,

elle ne comprend pas.

Le matin même, dit-elle, il était en pleine santé.

Et il lui a préparé un copieux petit déjeuner.

Copieux.

Il l'a mangé, dit-elle, avec un pétit.

Pensez donc.

Et après, il est mort d'un coup.

Qu'est-ce que vous voulez lui opposer?

Sans les résultats de l'autopsie, impossible de la contredire.

...

Le docteur Trouillard Perrault, qui n'est donc pas son amant,

mon oeil, est interrogé dans le bureau d'à côté.

Et lui, il comprend très vite

qu'il est inutile de chercher à gagner du temps.

Il sait tout ce que va révéler l'autopsie.

Il est médecin.

Alors il se met à table.

D'abord, oui, oui, il est l'amant de Nicole Zavatsky.

Et c'est avec elle qu'on a monté tout ça.

Tous les deux.

Cette idée de l'empoisonner à petit feu,

on l'a pensé à deux.

On s'était donné un mois pour y arriver.

Quand Jean-Paul Zavatsky est rentré du Gabron,

il était un peu fatigué.

Alors, je lui ai prescrit du magnésium.

Et puis, Nicole a remplacé discrètement le magnésium

par de l'hypoglycaimion.

C'est comme ça que ça commençait.

L'hypoglycaimion, c'est un médicament

qu'on donne d'habitude aux diabétiques

pour faire baisser leur taux de sucre.

Mais c'est un médoque à manier avec précaution.

Mais à lui seul, l'hypoglycaimion

ne peut pas expliquer la mort de Jean-Paul.

Il ne mourrait pas.

Alors, j'ai fini par lui faire une injection

de chlorure de potassure.

Mais là, encore, il résistait.

C'était incroyable.

Alors, je lui ai donné un cocktail

de métal bloquant et d'antiarrhythmique

et aussi de la digitaline.

Et quand Nicole, le lendemain,

m'a dit qu'avec tout ça,

il était encore vivant,

je ne revenais pas, quoi.

Alors, le matin, je suis venu lui faire

une piqueur d'insuline.

Voilà.

Voilà!

Le docteur Michel Trouillard Perrault

vient de vider son sate d'un coup.

Il a parlé toute la nuit,

sans s'arrêter.

Mais il manque un bout de l'histoire.

Maintenant qu'il a soulagé sa conscience,

le bon docteur Trouillard Perrault

doit expliquer aux gendarmes

pourquoi lui,

brave médecin de campagne,

les pompiers volontaires à ses heures

et devenu soudain un assassin,

un homme qui a méthodiquement empoisonné

et achevé son rival amoureux.

Je reconnais que je suis fou,

fou amoureux de Nicole, fou.

Ça fait 8 ans qu'on est amants.

J'ai même quitté ma femme pour elle.

Si j'ai fait ça,

c'est pour la sauver,

c'est pour la protéger de son mari.

Mais quoi parlez-vous, monsieur?

Je comprends pas.

Il l'a batté, il l'a violé.

Il l'a faisait violer par d'autres,

notamment ses amis militaires.

Le gendarmes qui mènent l'interrogatoire

en reste bouche-pais.

Parce que ça, lui et ses collègues,

ne le savaient pas.

Elle me racontait tout.

Tout ce qu'elle subissait au fur et à mesure.

Et moi, j'ai eu peur.

J'ai eu peur qu'il arrive quelque chose.

À elle.

Et aussi à Aurora, sa petite fille.

Vous savez, on s'entend bien avec Aurora.

Elle m'appelle Toutouille.

Je crois qu'elle m'aime bien.

En tout cas, moi, je l'aime beaucoup.

Et elle aussi, elle souffrait des violences de son père.

Elle m'a envoyé des petits mots, des dessins,

pour me le dire, c'était touchant.

Et d'ailleurs, je les ai gardés, ce petit mot.

Je pourrais vous le montrer.

Elle m'a appelé à l'aide.

Et il n'y a pas qu'elle qui m'a appelé à l'aide.

Il y avait aussi la tente de Nicole, Julie.

Elle me disait souvent qu'il fallait faire quelque chose.

Alors je sais que ce que j'ai fait,

c'est un pardonnable.

Mais j'ai fait tout ça pour protéger

Nicole et Aurora.

Voilà donc les explications du docteur Trouillard Perrault.

S'il a empoisonné Jean-Paul à petit feu,

c'est parce que Nicole, sa petite fille Aurora,

et l'attente Julie lui demandait de faire quelque chose.

Quand dans le bureau d'à côté,

le gendarme qui interroge Nicole,

lui apprend que le docteur a tout avoué,

elle ne tombe pas dans le panneau.

La diablesse.

Mais si Michel a avoué le meurtre de mon mari,

c'est son problème.

De toute façon, celui-là, je voulais le quitter.

C'est sans doute pour ça, d'ailleurs, qu'il a empoisonné Jean-Paul.

Mais moi, j'y suis pour rien.

Vous entendez?

Rien.

Mais alors, si vous étiez sur le point de le quitter,

madame,

pourquoi est-ce que vous continuez à l'appeler

40 fois par nuit?

40 fois.

Les gendarmes ont le relevé de téléphonique sous les yeux.

40 fois.

C'est du harcèlement, ça.

Cela dit,

il faut vérifier si Nicole vivait vraiment un calvaire.

Si son mari l'a batté, la violée,

et la prostituait auprès de ses collègues militaires.

Parce que si c'est le cas,

ça change tout.

Dans un procédat 6,

c'est une circonstance atténuante majeure.

Avec un bon avocat,

les deux torturaux peuvent sentir avec une peine beaucoup plus légère,

qu'ils peuvent même rêver d'un acquittement.

Ça s'est déjà vu.

C'est sérieux, donc,

cette affaire de maltraitance.

Il faut vérifier d'ardar.

Alors les gendarmes font venir la petite heure.

C'est toujours délicat d'interroger

une gamine de 10 ans,

sur sa mère, sur son père.

Mais les gendarmes savent faire.

Ils ont un bureau pour ça,

avec des jouets d'enfants.

Alors, dis-moi au revoir.

Est-ce que ton papa

faisait du mal à ta maman?

Non.

J'ai jamais vu papa faire du mal à maman.

Tu l'as jamais vu, l'a frappé.

Mais non, jamais.

Ta maman dit que ton papa l'a batté.

Mais maman, elle ment tout le temps.

Et ça,

les gendarmes vont vite le comprendre.

Nikol Zavatsky est une mythomane

de première bourg,

une papèce de la mythomanie.

Exemple,

elle travaille dans une maison de retraite

où elle est secrétaire.

Ces collègues disent qu'un jour,

elle leur a raconté que son mari

avait coupé la tête d'un âne,

et que la scène s'était déroulée

dans leur maison de vacances du chair.

La vérification ne prend pas beaucoup de temps.

Les Zavatsky n'ont jamais eu

de résidence secondaire dans le chair.

Jamais.

Une autre de ces collègues raconte qu'un matin,

elle est arrivée en disant

qu'elle souffrait d'un cancer du sein,

et qu'elle devait suivre des séances de radiothérapie.

Et ça aussi, ça n'est pas difficile à vérifier.

Nikol n'a jamais eu le moindre cancer.

Moi, un jour, elle m'a dit que sa mère

était morte dans un cancer du sein.

Mais en vérité, sa mère est vivante,

et en pleine santé.

Un jour, elle m'a dit que son père s'était suicidé.

En vérité, il se porte comme un charme.

Et après, c'est son frère,

un inspecteur de police en Italie

au cours d'une enquête sur la mafia.

Il va bien, le frérot.

Merci.

Et évidemment, à chaque fois,

Nikol prend des arrêts maladies,

et elle s'absente pour les funérailles.

Mointeuse en série.

Et en plus manipulatrice, comme pas de moi.

Au cabinet du docteur,

les gendarmes retrouvent les petits mots

qu'on aura adressés à Toutouille

pour le supplier des déçavaments.

Des petits mots qui ont remonté le docteur

comme une pendule au point de le transformer

en assassin.

Ces petits mots ont les soumets

à un expert en écriture.

Bon, alors j'ai procédé

à la comparaison entre

l'écriture de la jeune fille

dans ses cahiers de classe,

et parallèlement, l'écriture de sa mère.

Il apparaît sans aucun doute possible

que c'est la mère qui écrivait les petits mots.

En falsifiant l'écriture de sa fille.

Ces monstrueux!

La mère utilisait sa fille

pour manipuler son amant

et la mener à tuer son mari,

c'est-à-dire le père d'or.

Cette femme est une manipulatrice de haut vol.

Cela dit, faut-il pour autant

discuter entièrement le docteur.

Est-ce que vous avez constaté

des bleus ou des traces de cou

sur le corps de M. Savatski, docteur?

Est-ce que j'ai vu?

Est-ce qu'elle mettait des pansements?

Et vous est-il arrivé de les retirer?

Ces pansements?

Non.

Non, j'avoue que non.

Il était aveuglé.

Un jour, Nicole lui a même raconté

qu'elle s'était fait tirer dessus

par des amis de son mari.

Il l'a gobé,

comme il l'a gobé les appels de la Tante Julie,

car vérification faite auprès des parents de Nicole.

Les appels de la Tante Julie au docteur

pour la convaincre de la souffrance de Nicole.

C'était Nicole elle-même.

Et lui, ne l'a pas reconnu au téléphone.

Il était en foutée.

Il raconte qu'un jour,

elle a voulu lui présenter cette Tante Julie,

mais que malheureusement, elle n'a pas pu venir.

Et pourquoi?

Il la croira même.

Lui, le docteur en médecine,

quand elle lui dira un jour

qu'elle est enceinte de lui,

il lui signe un congé maternité.

L'amour rend aveugle, dit-on.

Cette affaire, on est la parfaite illustration.

Le procès du duo approche.

Sur le papier,

l'assassin principal, c'est lui.

C'est le docteur.

C'est lui qui prescrit les médicaments.

Et c'est lui aussi qui pratique

les deux injections successives et mortelles.

Parce qu'il faut que vous sachiez

que la piqûre de chlorure de potassium

qui aurait dû être l'étale et qui ne l'a pas été,

c'est le produit qu'on utilise

pour l'exécution des condamnés à mort aux États-Unis.

Et c'est encore lui

qui pratique la dernière injection d'insuline.

Piqûre qu'il fait

parce que le major a résisté au chlorure de potassium,

ce qui arrive aussi parfois aux États-Unis.

Et Nicole, certes elle a administré les médicaments,

mais techniquement elle est moins impliquée.

Techniquement.

Mais si on retient qu'elle a manipulé son amant

avec des mensonges,

alors c'est elle l'acteur principal de cette assassina.

Le procès de Nicole Zavatsky et du docteur Trouillard Perrault

s'ouvre le 20 juin 2001 à Orléans.

Il est prévu pour durer 3 jours.

Ce n'est pas beaucoup 3 jours

pour démêler les responsabilités

des uns et des autres dans cette affaire.

Pour Nicole, ça part mal.

Elle reste accrochée à ses mensonges.

Madame, nous savons par le témoignage de votre famille

que vous n'avez pas de tente

qui se prénomme gelée.

Mais ce n'est pas vrai ça.

Elle existe bel et bien, m'attend Julie.

Tout comme elle maintient

qu'au moment de la mort de son mari,

elle avait quitté son amant.

Alors qu'il y a au dossier la trace

de 373 appels de son téléphone

vers le téléphone du docteur Trouillard Perrault

pour le seul mois de mars,

le mois du crime.

Elle s'enferre dans ses mensonges.

Elle en est comme prisonnière.

Évidemment, dans ce procès express,

on attend beaucoup de l'expert psychiatre,

le docteur Masson.

Nous avons détecté chez elle

des traits de toute évidence manipulateur,

hystérique et pervers.

En revanche, chez Michel Trouillard Perrault,

le médecin n'a trouvé aucune déviance.

Au bout de trois jours,

le vert digue tombe.

Et comme on s'y attendait,

elle prend plus que lui.

Lui qui a donné la mort

et condamnait moins durement qu'elle

qui l'a manipulé d'un bout à l'autre.

Nicole Zabatsky est condamnée

à 25 ans de réclusion criminelle

et Michel Trouillard Perrault a 20 ans.

L'avocat général fait appel.

Ça ne lui va pas.

Pour lui, elle n'a pas pris à ses chers.

25 ans, c'est trop peu.

Nouveau procès donc à Tour Verdi.

28 ans pour Nicole Zabatsky.

Trois ans de plus.

Et toujours 20 ans pour Michel Trouillard Perrault.

J'en reviens aux deux leçons

à tirer de cette histoire.

La première,

mieux vaut divorcer que tuer.

C'est ce que Nicole Zabatsky aurait dû faire.

Mais sans doute, son esprit tournu

n'aurait pas pu s'en contenter.

La deuxième leçon,

c'est que quand on a tué,

il faut se faire discrer,

ne pas acheter de Mercedes dans la foulée.

Parce que si elle n'avait pas joué

les veuves joyeuses,

mais savoir si elle n'aurait pas commis

le crime parfait.

Merci d'avoir regardé.

Merci beaucoup.

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En mars 1998, près d’Orléans, le major Jean-Paul Zawadzki, mécanicien dans l’armée de l’air, décède à l’âge de 39 ans d’une maladie qu’il aurait contractée lors d’une mission en Afrique. Intriguée, 3 mois plus tard l’armée obtient une autopsie. Il a été empoisonné.