Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Jean-Paul Zawadzki, le complot des amants - Le débrief
Europe 1 3/6/23 - 14m - PDF Transcript
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Pour commenter son histoire du jour,
Christophe Ondelat reçoit un invité, acteur direct de son récit.
Je vous ai raconté l'affaire Zavatsky, 1998.
Une femme, Nicole Zavatsky, qui fait tuer son mari par son amant médecin,
qu'elle remonte comme une pendule en lui disant qu'elle est battue et violée, ce qui est faux.
Et à la fin, elle est plus condamnée que lui, 28 années de réclusion criminelle.
Contre 20 pour le docteur Trouillard Perrault,
dont l'avocat Maître Pesme du Barot d'Orléans est là pour le débrief.
Je me disais en écrivant cette histoire,
qu'il était peut-être plus facile d'être son avocat à lui que son avocat à elle.
Ah ben tout à fait.
Tout à fait, on avait deux personnalités radicalement opposées,
et c'est tout de, j'allais dire, la curiosité, l'intérêt de ce dossier.
Lui était plus facile à défendre, le bonhomme en lui-même.
Oui, ben le docteur avait un profil, si vous voulez,
tout à fait exceptionnel en sens inverse.
C'est-à-dire que c'était quelqu'un qui était extrêmement dévoué,
qui était médecin des pompiers.
Il n'était pas nippant médecin avec sa propre clientèle.
Il faisait un certain nombre de bonnes actions à droite à gauche.
Il n'avait pas du tout ce profil.
Il le connaissait un petit peu avant.
Vous imaginez bien que tout le monde est tombé des nuits.
Vraiment, c'était inconcevable.
Le verdict, donc, établit la responsabilité à deux tiers, un tiers, en vérité.
Il vous paraît juste?
Oui, parce que c'est ce qui a pu être démontré petit à petit
durant toute l'instruction.
C'est la manipulation absolument hors norme de Mme Zawatsky.
Et on a pu mettre en évidence que le médecin
avait été en quelque sorte pris dans sa toile.
C'était une véritable toile qui était tissée méthodiquement
et qui devait aboutir l'issue fatale qu'on connaît.
Votre stratégie à vous opprocer, est-ce que c'est de l'enfoncer elle
pour le soulage et lui?
Non, la stratégie, en fait, dès le début, le docteur a tout avoué, en fait.
Quand je suis arrivé au jaune,
le juge d'instruction m'a tendu la déposition des médecins
qui avait quasiment tout dit dans les moindres détails.
Et donc la stratégie n'a été expliquée.
Lui n'a jamais contesté sa culpabilité.
Il savait qu'il serait condamné et je dirais quelque part,
il l'attendait.
Donc le but, c'était d'expliquer.
Et il est certain que les métiers en psychiatre,
vous vous évoquez le docteur Maçon.
Moi-même, j'avais fait citer comme témoin
Marie-Francierie Zemm qui a écrit un ouvrage
sur les hystériques perverses, bon,
et qui est venu déposer à la cour d'acide.
Il a pu expliquer le mécanisme.
C'est un véritable mécanisme,
une mécanique qui se met en route
et qui a fait perdre pied au médecin.
Lui, il vous dit, allez-y, enfoncez-là.
Ah non, lui,
d'abord, il avait vraiment le souci de comprendre.
Alors, sans miser, encore une fois,
il reconnaissait sa culpabilité,
mais il voulait comprendre parce qu'il est médecin
et puis parce qu'il veut savoir quand même
quels ont été les mécanismes à l'œuvre
pour le conduire jusque-là,
même si, encore une fois, il a sa part de responsabilité,
non, le but c'était, alors, peut-être, oui,
de l'accuser elle parce que...
Non, mais lui, il vous dit quoi?
C'est ça qui m'intéresse.
Ah, mais lui, explique,
si vous voulez, il était dans un contexte...
Non, non, mais c'est pas ça.
Lui, il vous demande de quoi?
De l'enfoncer elle,
pour ça n'est pas une demande qui formule.
Non, lui, il me demande de reconnaître
sa culpabilité
et d'expliquer, de faire comprendre aux jurés
quels ont été, qu'elle a été le mécanisme
et qu'il a conduit jusque-là,
c'est-à-dire les mensonges qui se sont succédés,
c'est ça?
Donc, oui, quelque part l'accuser,
l'accuser en tant que mytho-man,
en tant que manipulatrice,
et essayer de faire comprendre à la cour
que lui, quelque part, a été victime aussi
de cette femme
qui lui a fait perdre totalement pied
et perdre tous les repères,
et puis, je dirais, perdre toute intelligence
en tant que quelque sorte.
Il est encore amoureux au moment du procès?
Alors, il l'était complètement au début
et ce qui s'est passé, c'est que, petit à petit,
par le bien de l'instruction
des commissions ragatoires,
des enquêtes qui ont pu être menées,
il a découvert, peu à peu,
que tout le roman qui avait été monté
par cette dame tombait, peu à peu,
mais il a fallu aller vérifier
chaque point de son roman
de mytho-man, et là,
il s'est aperçu, peut-être à petit,
que, bon, non seulement il avait commis
un geste terrible,
mais en plus, qu'il avait été
totalement manipulé, il ne le croyait pas
au début, et je vous avouerais
que, en tant qu'avocat,
vous écoutez ce que vous dites
le client, il était très difficile
au départ de procévoir
qu'il avait été à ce point manipulé.
Maître, je pense avoir bien compris
la mécanique de ce crime,
la manipulation exercée
par Nikol Zawacki sur votre client,
n'empêche que c'est lui,
quand même, qui prescrit les détails bloquants,
qui injectent le cyanure de potassium,
ensuite l'insuline. Il savait
qu'il allait tuer Jean-Paul Zawacki.
Et que tuer, c'est pas bien.
Le geste est terrible,
évidemment, c'est un médecin,
la victime et son patient. Donc ça,
c'est indéniable. Et ce qui s'est passé
dans la tête
du médecin, c'est difficile
d'écrire avec précision, toujours
n'est-il que celui-ci
s'est peu à peu persuadé
compte tenu de ce que lui racontait
Mme Zawacki, qu'elle était elle-même
victime des choses les pires,
qu'elle était violée, qu'elle subissait
un véritable calvaire
de son mari et des amis de son mari.
Il y avait tout un ensemble
d'un contexte terrible.
Et lui, on est venu
à la décision
absurde et terrible,
que la seule issue, c'était
effectivement de supprimer
le majeur Zawacki.
Mais ne pas atténuer
quand même trop sa responsabilité.
D'abord, il a pris 20 ans,
c'est qu'il en a eu
son métier, ça n'est pas de tuer.
Avec complètement, bien sûr,
bien sûr, sa responsabilité
d'abord, elle est indéniable.
Et je dois dire que depuis le début,
il ne l'a jamais contesté
en vérité, et je dirais même
que heureusement,
même pour son
rétablissement
sorti de prison, heureusement qu'il a
fait l'objet, cette peine, c'était
évidemment nécessaire, c'était normal,
c'était le but, simplement,
si on a abouti à cette peine qui était
sensiblement moins forte
que celle de Mme Zawacki, c'est très
simplement que les jurés ont compris
effectivement que sa responsabilité
était là, certes, mais qu'elle était moindre,
elle était en quelque sorte atténuée
de part la manipulation
dont il avait fait l'objet.
C'est une manipulatrice, on est d'accord.
Mais est-ce que lui n'est pas exceptionnellement manipulable?
C'est sans doute
une des clés de
la compréhension de ce dossier, peut-être.
Effectivement, c'est malgré tout
quelqu'un de tout à fait intelligent,
bien équilibré, bien inséré
dans la société, mais qui
s'est laissé alors, peut-être,
par un sentiment un peu de
non pas toute puissance,
mais de vouloir, vous voyez, aller
soigner, bon, c'est son métier, mais là
quand sa compagne
est censée subir
les violences, les pires,
oui, il s'est laissé sans doute
un peu manipulé
quelque part, c'était là,
oui, enfin, il n'a pas ouvert
les yeux suffisamment tôt, c'est clair.
Il n'a pas ouvert les yeux,
il n'a pas soulevé les pensements, parce qu'elle lui dit
qu'elle est battue, ah, il ne voit pas les coups,
il voit que les pensements, deux, il est médecin,
il ne les soulève pas quand même.
Il y a peut-être un moment donné, si vous voulez,
où le fait
de découvrir la vérité
était peut-être
trop difficile, ou je ne sais
quoi, mais peut-être qu'effectivement
il y a cette part de responsabilité qui est
indéniable, mais ça, encore une fois,
il l'a reconnu, il l'a toujours admis
et ça fait partie, je dirais,
de la sanction qui a été prononcée
à son rencontre.
Et quand la gamine écrit, papa fait du mal à papa,
papa fait du mal à maman,
lui, il n'en parle
jamais avec la gamine,
il aime avec la tente Julie, c'est-à-dire
que
si elle lui envoie des petits mots, elle pourrait lui faire
un clin d'œil quand il la voit.
Ce qui est fantastique, si vous voulez, c'est que la manipulation
est telle que vous parlez de ces deux éléments
essentiels dans le dossier,
la petite fille, effectivement, qui fait
des dessins.
Il faut savoir que la fameuse tante Julie
qui est complètement inventée,
vient corroborer
les violences à tout ça
et cohérence, et ça qui est absolument
hors norme dans ce dossier, c'est que
la manipulatrice présente un roman
qui est cohérent.
Et même les experts, et même le juge d'instruction
et tout ceux qui ont participé à ce dossier
ont eu cette difficulté
à un moment donné, on se dit
effectivement, on a trouvé les
mythomanes, souvent on arrive à les pointer
parce que bon, à fort de dire des mensonges, on se contredit.
Mais quand on arrive à ce degré
là de mythomanie, qui est extraordinaire,
c'est que tout est cohérent.
Sauf évidemment,
heureusement, l'enquête dans le cas
d'une instruction permet d'aller tout vérifier
et c'est là que le château de carte s'effondre
et que la vérité surgit.
Dernière chose là-dessus, il connaissait
Jean-Paul, c'était son passion
depuis longtemps.
Avec un minimum de pif, il aurait quand même pu
voir que c'est pas le genre de bonhomme
susceptible de livrer sa femme un des violeurs.
C'est clair qu'il avait eu toute sa raison,
oui, objectifement, vous avez raison.
Oui. Et il aurait pu s'en apercevoir.
C'est là qu'on se dit, bon, oui,
non, son discernement, alors
il a été sans doute
quelque peu altéré.
L'amour.
L'amour, l'amour.
Parlez-nous un peu de Nicole, vous l'avez vu
pendant deux procès.
Vous avez compris, en la voyant,
en l'écoutant, comment elle pouvait en bobiner
un homme à ce point-là?
Oui, alors je dois vous dire que Nicole,
je ne la connaissais dans un premier temps
que par les dire de mon client et donc
je m'imaginais qu'une femme
absolument extraordinaire et avant.
Je dois dire que
en fait, lorsque l'enquête
a commencé et qu'on l'a vu
en suivant au procès,
le personnage qu'elle avait pu être
s'était totalement écroulé.
Elle avait plus du tout,
lors de l'audience, elle avait plus du tout
cette capacité
d'embaubiner en quelque sorte son auditoire
et bon, c'était quelqu'un de très assez billé.
Et dès lors qu'on a découvert
le poteau rose et l'ensemble
des mensonges qu'elle a bien voulu
faire, bon, le personnage est un peu
écroulé, mais
il est certain que même
certains médecins psychiatres
chevronnaient, je pense
c'est le professeur Poutonso
notamment,
certains avaient, on dit,
qui n'avaient jamais vu, enfin eux-mêmes,
se sont fait manipuler, c'est quand même extraordinaire.
Et quant au graphologue
qui avait regardé
les dessins imitées, donc
Nicole Zawacki limitait
les dessins pour faire croire que c'était des dessins d'enfants.
Une graphologue m'a confié
qu'imiter des dessins d'enfants
c'est extrêmement difficile, donc vraiment
à niveau de manipulation
tout à fait extraordinaire.
Je vais dire quelque chose qui va peut-être choquer
mais la mythomanie c'est une maladie
dont elle est
victime.
Oui, alors je crois que
sans hasard sur le terrain
de mon confrère qui la défendait, bon ça
ça a été une des stratégies effectivement
à la fin de essayer, alors
non pas pour la faire passer irresponsable
mais essayer
d'aller jusqu'à dire que cette mythomanie
quelque part effectivement était pathologique.
Bon alors là c'est le domaine des experts
mais ils ne l'ont pas considéré ainsi
ils ont considéré que certes elle était mythoman
mais manifestement
ça ne rentre pas dans le cadre
des pathologies qui auraient été
susceptible de la disculper
en tout ou tout partie en tout cas.
En tout cas vous avez utilisé tout à l'heure le mot
victime pour parler de votre
client alors que c'est pas le mort.
Non alors il
faut choquer personne et que les choses
soient claires, la victime c'est la victime
c'est le majeur Zawatki. Non je dis
quelque part victime collatéral
mais ça ne diminue rien
sa responsabilité encore une fois mais victime collatéral
parce que il est clair
que s'il avait pas eu sur sa route
cette mythole Zawatki
il n'aurait pas sombré comme il
l'a fait.
Une fois quand les enquêteurs
ont décrit sa personnalité
en remontant loin c'est quelqu'un
qui n'avait d'abord n'est jamais
séparé de lui mais bien au contraire
avait enfin été
en quelque sorte
dévoué
engagé comme je disais tout à l'heure
chez les médecins des pompiers
qui avaient ce souci
d'aider les autres donc l'inverse
de ce qu'il a fait c'est ça qui est terrible.
Merci beaucoup Maître Pesme d'avoir réveillé
et de me dire parce que c'est pas d'hier
mais c'est pas d'hier.
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En mars 1998, près d’Orléans, le major Jean-Paul Zawadzki, mécanicien dans l’armée de l’air, décède à l’âge de 39 ans d’une maladie qu’il aurait contractée lors d’une mission en Afrique. Intriguée, 3 mois plus tard l’armée obtient une autopsie. Il a été empoisonné.