Les Grosses Têtes: INVITÉ - Amélie Nothomb présente "Psychopompe", son nouveau livre

RTL RTL 9/14/23 - Episode Page - 12m - PDF Transcript

RTL, c'est l'heure de l'invité du jour.

L'invité du jour, c'est quelqu'un que vous connaissez bien.

C'est un rendez-vous chaque année, évidemment, en librairie.

Un rendez-vous avec un livre tous les ans attendu en septembre.

Enfin, généralement, ça sort même mi ou fin août.

Je demande d'accueillir celle qui, cette année, nous propose Psycho-Pompe.

Chez Alba Michel, Psycho-Pompe, c'est le nouveau roman d'Abeline O'Ton.

Après, premier sang, les aérosquins, soif.

Je vais remonter un peu dans le temps higienne de l'assassin,

dont elle parle d'ailleurs dans ce livre.

Les catilinaires, qui reste un de mes préférés,

parce que j'étais en train de regarder la longue liste de tous vos livres,

chère Amélie, je me disais de quand même, j'ai pas tout lu, pas chaque année,

mais j'en ai bien lu plus de la moitié, c'est pas mal déjà.

Bravo Laurent.

Alors celui-ci, qui s'appelle Psycho-Pompe,

et on expliquera dans un instant ce que c'est,

parce que tout le monde ne sait pas forcément ce qui se cache derrière ce mot Psycho-Pompe,

ce livre commence par un compte, franchement on ne dévoie le rien en racontant ce joli compte,

qui ouvre le livre, vous pouvez le faire pour nous.

Donc c'est un compte japonais traditionnel qui s'appelle la grue blanche.

C'est l'histoire d'un marchand de tissu qui voit voler une grue,

et qui se dit, ah c'est tellement beau, si je pouvais créer une étoffe,

qui aurait la blancheur, le brillant de ses plumes de grue,

je serais le plus heureux des hommes.

Le lendemain, quelqu'un frappe à sa porte, c'est une somptueuse jeune fille,

d'une très grande beauté, qui se présente à lui et qui dit, voilà, je veux vous épouser.

Comme ça, sans autre forme de procès, il se dit, je serai idiot de refuser,

donc il épouse la magnifique jeune fille.

Peu de temps plus tard, ils sont très heureux en mariage,

la jeune fille lui dit, je ne vous ai pas apporté de dotes, si vous voulez,

je peux vous confectionner un cadeau de noce pour cette raison,

mettez s'il vous plaît, un atelier à ma disposition, il fait ainsi,

et peu après, la jeune fille lui apporte une étoffe absolument somptueuse,

qui fait furieusement penser à la blancheur et au plumage de la grue.

Le marchand, au lieu de penser que ce que c'était tout simplement l'étoffe de ses rêves,

pense tout de suite, oh mais je vais pouvoir à la vendre un bon prix,

et il va tout de suite la mettre à son magasin et il en tire un prix exorbitant.

Le lendemain, il va retrouver sa femme, il dit, ce serait pas mal d'en refaire,

parce qu'en fait, ça se vend très bien, et chaque fois, l'épouse se retire dans son atelier

et apporte une étoffe toujours aussi somptueuse, mais bon, ça se vend formidablement bien,

les prix doubles tous les jours, le marchand fait des affaires d'or,

mais il voit que son épouse persa sa santé, elle devient peu à peu verdâtre,

elle s'y met à tousser, ça va plus du tout,

mais le marchand se voit bien qu'il abuse un peu, mais il peut pas s'empêcher,

il fait des tellement bonnes affaires, donc il continue à demander à son épouse de refaire

cette étoffe magnifique, et un jour, il peut pas s'empêcher, il va regarder par la trou de la serrure.

Bon, c'est au Japon, donc il n'y a pas vraiment de serrure, donc finalement, il entre ouvre la porte.

C'est assez joli, je peux dire exactement ce que vous écrivez, parce que j'adore ce moment, ce passage.

Si j'entrais dans son atelier, je pourrais peut-être l'aider, pense à-t-il,

s'il avait vu Claire en lui, là, c'est la narratrice qui parle, s'il avait vu Claire en lui,

il aurait su qu'en fait, il voulait découvrir ses secrets de fabrication avant son décès imminent.

C'est terrible !

C'est terrible ! Et en ouvrant donc la porte de l'atelier, qu'est-ce qu'il voit ?

Il voit une superbe grue blanche qui est en train de s'arracher les plumes et qui les glisse dans le métier attissé,

donc en fait, il avait épousé, là, une rue, il avait épousé la grue qui n'avait pas mal d'hommes.

Oui.

Mais vous avez raconté tout le livre, là, du coup ?

Non, pas du tout.

C'est le 2 premières pages.

C'est l'ouverture.

C'est l'ouverture, c'est les 5 premières pages.

J'ai l'impression que vous avez raconté la fin et tout, je dis, mais il faut pas faire ça.

Ce sont les 5 premières pages du livre, et ce livre s'ouvre effectivement par un compte,

un compte qu'on vous racontait vraiment quand vous aviez 4 ans.

Voilà, que ma nounou japonaise me racontait au Japon quand j'ai...

Ah, c'est du plagiat, du coup.

C'est que l'ouverture s'explique pourquoi les oiseaux sont devenus si importants dans votre vie.

Parce que c'est ça, vous parlez beaucoup des oiseaux dans la 1re partie plus particulièrement,

et après, vous allez parler de ce que vous considérez comme le vol d'un oiseau, l'écriture,

puisque vous comparez effectivement le fait d'écrire à voler pour un oiseau.

J'ai toujours rêvé de voler comme un oiseau, ça n'a jamais marché.

Mais, obscurément, je suis devenue écrivain, et au bout d'un certain nombre d'années d'écriture,

je me suis aperçue qu'à certains moments d'écriture, eh bien je volais.

En fait, le but de l'écriture, c'est d'arriver à ce moment où...

Vous savez, quand on écrit, on est dans le vide, c'est très effrayant d'écrire.

Eh bien, on vole, c'est pas grave, on maîtrise la situation, on vole.

Vous écrivez à la plume, vous clavier ?

À la plume, bien sûr.

Mais tout ça ne nous explique pas ce que veut dire le titre psychopompe.

Psychopompe, c'est donc un adjectif qui généralement désigne Hermès,

mais aussi Orphée.

Un psychopompe, c'est un passeur, c'est celui qu'a le pouvoir d'aller chez les morts

et d'en revenir avec éventuellement un mort avec lui.

Bon, vous vous doutez bien que j'ai peu d'espoir de devenir ce genre de psychopompe là,

mais à notre modeste niveau, je pense que être psychopompe,

c'est être capable d'avoir des contacts avec les morts.

Et même continuer à les faire exister, les faire vivre ?

Continuer à les faire vivre, et puis continuer le dialogue.

On s'est tous trouvés dans la situation de perdre un être cher.

Et je suis très loin d'être la seule à qui s'est arrivée

de sentir que l'être cher continue de faire signe.

Alors, c'est évidemment le moment où tout le monde vous dit

« Mais ma pauvre fille, vous êtes dingue,

c'est pas simplement parce que cette personne vous manque tant

que vous avez l'impression de l'écouter ».

Je prétends que non, parce que par exemple dans le cas de la mort de mon père,

il y a eu un tel dialogue qui a commencé avec lui,

qui était tellement saisissant qu'il n'avait pas commencé avant sa mort.

C'est comme si mon père avait attendu d'être mort pour commencer à me parler.

Et je reconnaissais sa voix et il me disait des choses que je ne pouvais pas savoir.

Donc voilà, c'est une expérience psychopompe,

mais je suis très loin d'être la seule en avoir vécu.

– Mais vous avez eu quand même aussi un dernier dialogue,

et ça vous le racontait dans la livre,

et tenant comme si vous saviez que c'était la dernière fois que vous le voyiez.

– Comme si, voilà, pourtant je ne savais même pas,

je ne savais pas du tout qu'il allait partir,

mais la dernière fois que je l'ai vue, c'était à Bruxelles,

et si elle lui dit « Au revoir » et je lui dis « Au revoir papa, je t'aime ».

Et je me suis dit « Pourquoi je lui dis ça ? »

Je ne lui ai jamais dit ça, c'est pas du tout le style de la maison de dire ça,

et il répond « Au revoir Amélie, je t'aime ».

C'est dingue, je lui dis qu'il me répond la même chose,

alors qu'on ne s'est absolument jamais dit ça de notre vie.

Et en fait, je ne savais pas que c'était notre nos adieu.

– Qu'est-ce que c'est que réussir sa mort, ou la rater ?

Alors, selon vous, Amélie, notre…

– Alors, la rater, je n'en sais rien, je n'en ai pas eu d'exemple,

mais je trouve que mon père a extraordinairement bien réussi sa mort.

Non seulement parce qu'on a réussi à se dire « Je t'aime » juste avant,

ben c'est quand même pas mal,

mais parce qu'ensuite, il a commencé,

juste quand il est mort, il a commencé à me parler,

à me dire des choses absolument extraordinaires,

lui qui était un tézeux.

J'avais une belle relation avec lui,

mais il y avait beaucoup de manque dans cette relation.

Et il a commencé à avoir avec moi un dialogue extraordinaire

qui s'est conclu par ce livre qui s'appelle « Premier sang »

où je fais un petit peu le portrait de la voix de mon père.

– Voilà ce que vous racontez dans « Picopon, pas écrire ses volets ».

Voilà pourquoi on parle beaucoup de oiseaux.

Et c'est vrai qu'après tout c'est joli cette idée de la plume pour écrire,

parce que Gazan voulait en présenter au fond et au cœur du sujet.

– Il est au cœur du sujet et puis dans toutes les religions,

dans toutes les mythologies, il y a des psychopompes

et dans très très souvent le psychopompe est représenté par un oiseau.

C'est vrai aussi chez nous avec le Saint-Esprit qui est le psychopompe des chrétiens

où le Saint-Esprit est représenté par une colombe.

– Est-ce que vous savez imiter les oiseaux ?

– Malheureusement non, mais puis de toute façon il y a des tellement grands champions

qui sont les chanteurs d'oiseaux, qui sont ces formidables artistes

qui imitent incroyablement le chant des oiseaux.

– On en a eu, il n'y a pas longtemps, on apprend des noms d'oiseaux, c'est-à-dire,

dans votre livre, comment s'appelle cet oiseau crépusculaire ?

– L'engoulevant oreillard, ça c'est l'oiseau auquel je rêverais d'm'identifier.

C'est une espèce de petit dragon comme ça qui a un vol incroyable.

Et en plus qui fait peur, moi j'ai toujours rêvé de faire peur,

malheureusement je n'ai jamais fait peur à personne.

– Et il y a quelqu'un qui ne fait pas peur ici et qui n'imite pas les oiseaux,

mais en quoi que parfois, il y a drôle d'oiseaux dans ceux qui l'imitent.

Aujourd'hui c'est un plaisir que de vous avoir au Grosse-Tête, Abeline Noto,

mais j'espère que vous avez été invité à la Grande Librairie, vous l'avez faite déjà ?

– J'ai déjà fait la Grande Librairie.

– Avec Augustin Trapna.

– Avec Augustin Trapna.

– Le voici.

– Bonjour et bienvenue dans la Grande Librairie,

une émission où j'invite des gens plus talentueux que moi pour qu'il m'écoute parler.

– Alors Amélie, une question motaroide.

Est-ce que pour vous écrire est une catharsis animée par le désir linéaire

d'une pulsion freudienne hétéroclite et néanmoins absconde d'une pensée

moderne et un tantinet surfait ?

Ou alors vous vous êtes dit, avec tous ces acteurs belges,

il me reste plus qu'à écrire pour prendre de l'oseil au français ?

C'est la fin de l'émission, la semaine prochaine je recevrai Philippe Croison

pour son autobiographie intitulée « J'avoue, j'ai dû prendre un agre ».

– Amélie Noton, Franck Ferrand avait envie de vous rencontrer.

– Oui, oyez, oyez, jante d'âme et jante à lui, vraiment.

On est aux grosses têtes.

Alors, voici le moment de vous narrer l'histoire de la romancière Amélie Noton,

qui, je le précise, pour nos jeunes auditeurs, n'est pas mercredi dans la famille Adams.

Fabienne Claire Noton, n'est, au sein d'une famille de la noblesse belge noblesse.

Oh, j'ai chaud !

Oh, fille !

D'un père diplomate, elle grandit entre le Japon, la Chine, New York et l'Asie du Sud-Est,

ce qui lui donne l'énorme avantage de ne pas se taper l'accent belge.

Amélie passe l'agrégation et envisage une carrière d'enseignante

avant de se rappeler qu'elle aime bien manger tous les jours et aussi qu'elle tient à la vie.

Amélie sort son premier roman en 1992

et enchaîne alors au rythme d'une sortie par an telle Jack Lang pour faire la fête de la musique.

En 2005, la romancière intègre même le musée Grévin

et se transforme donc en cire telle Jack Lang encore une fois.

Vous pouvez appretenir Marc-Antoine Lebré.

Je vous retrouverai tout à l'heure.

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Invitée d'honneur des Grosses Têtes ce 14 septembre, Amélie Nothomb est venue présenter son nouveau livre "Psychopompe".

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