Les Grosses Têtes: INÉDIT - La blague du mardi 29 août 2023

C'est un brave curé de campagne en Provence qui parle, d'accord donc avec l'accent du

Sud.

Oh monsieur, si vous saviez comme il est beau mon petit village, vous ne le connaissez pas

parce qu'il n'est pas indiqué sur les grandes cartes, à peine sur les cartes d'État

majeur, loin de la Nationale, loin même de la Départementale, un petit chemin vicinal

serpente jusqu'au Vieux-Mepau, du village sous lequel Alanghi coule l'Arab, une bauteste

rivière.

De joli petite maison, quelques commerces, un bistro et sur la place se plantait dormant

les vieux qui jouent au boule, comme tout y respire à la douceur de vivre.

Et mon église au monde dieu, quelle est belle, mon église si vous saviez, c'est une église

du XVe siècle avec des vitres magnifiques.

Quand le soleil se lève le matin, une boule de feu éclaire en la neve et le soir, quand

il se couche, je m'agenouille près de l'hôtel et je sais alors que le Christ est là qui

m'entend.

Ah, je m'en occupe de mon église, deuxième page, ah, je m'en église de mon église,

je l'habite chose, vous pouvez me croire.

Et les jours de mariage et de baptême, comme elle est fleurie, mon église, comme elle

reste plantée.

Et les jours d'enterrement, quel recueillement, quelle sérénité en ce lieu, ah, pour ça

je l'entretiens bien mon église, et mes paroissiens, bonne mère, quelle chance d'avoir des paroissiens

pareils.

Chaque jour ils sont 300, 350 sur les 500 qui comptent le village, à se presser à la

messe du matin.

L'été, quand les jours sont longs, je pars de bon matin pour voir, on dirait une chanson

de Francis Cabret.

L'été, quand les jours sont longs, je pars de bon matin pour voir le soleil se lever

sur la garige.

Et sur les montagnes au loin, pas une âme qui vive, seulement les animaux qui me connaissent

ce bien et qui même.

Attention, dialogue avec les animaux.

Bonjour à la peigne, bonjour monsieur le curé, bonjour le marcasseigne, bonjour le curé,

bonjour la biche, tu vas bien la biche.

Je vais bien monsieur le curé, et tous les oiseaux autour de moi, bonjour au curé,

un poisson qui saute, un poisson qui saute, bonjour au curé, je les connais tous, je

ramasse des marguerites, des chaunettes, du mimeosa, de la lavande de sauvage, et j'en

fleuris mon église pour quel embaume.

Je cueille aussi des plantes du basilic, du serpolé, du teignes, du laurier, quel

merveille, à quelle beauté.

Or, un certain matin, que je cueille de choli fleur, que viges sous une touffe dans la

vende, une petite grenouille.

Mon Dieu, comme elle était belle, cette petite grenouille, je tendis la main pour la ramasser.

Elle était si belle avec son ventre blanc nacreé, ses yeux émeraudes qui me regardaient, son

dos presque bleuâtre, avec des pointes d'odor sur les doigts, de chaque pâte, un vrai bijou

de Fabergé.

Oh mon Dieu, comme votre création est belle, comme vous faites de belles choses, me dis-je.

Monsieur le curé, monsieur le curé, c'était la petite grenouille.

Abbas sourdis, je m'écris, mais grenouille, tu parles.

Monsieur le curé, je ne suis pas une grenouille.

Comment ?

Curé, je te dis, je ne suis pas une grenouille.

Mais qui es-tu alors ?

Un joli petit garçon.

Mon Dieu, mais que fais-tu dans la peau d'une grenouille ?

C'est une méchante sorcière qui m'a jeté un sort.

Oh là là, est-ce que je peux faire quelque chose pour te sortir de là ?

Eh bien, la sorcière m'a dit que si un gentil monsieur me mettait dans un lit bien chaud,

je reviendrai un jour en joli petit garçon.

Et voici, monsieur le juge, pourquoi je me trouve aujourd'hui devant vous.

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