La source: Hors-série : Judas Priest ou le procès du heavy-metal
Radio France 3/22/23 - Episode Page - 52m - PDF Transcript
François Sainte-Aire
Aujourd'hui, il en a un faire sensible l'affaire Judas Priest ou le procès du Heavy Metal.
Dans l'Amérique flamboyante des années 80, il n'y a pas de place pour les perdants ou les ratés. C'est comme ça.
A une époque où seul compte la réussite sociale et la taille de son compte en banque,
les looseurs et les sépourgons de la société sont invisibles, comme la poussière que l'on cache sous le tapis.
Et lorsque deux jeunes adultes désoveraient, décident de mettre fin à leur jour hors de question de regarder le problème droit dans les yeux.
Non, face à l'inconcevable, à l'insurmontable, les parents s'en prennent plutôt à la musique que leur fils écoutait ce soir-là.
Oui, pour eux, le groupe Judas Priest a glissé dans ses morceaux des incitations suicides, des messages subliminaux à l'intention de son public.
Ah bon, le Heavy Metal corrompt la jeunesse.
En 1990, ce procès fait couler beaucoup d'encre, car au-delà des poursuites intentées à un genre musical,
se dessinent en filigrane l'affrontement entre deux Amériques, la Puritaine et la Libertére.
Notre invité aujourd'hui, Olivier Bada, journaliste indépendant, spécialiste de musique et notamment Heavy.
A faire sensible une émission de France Inter, récit documentaire Olivier Bada, qui est donc aussi notre invité.
Coordination Franconnière, chargée de programme Rébecca Donante, réalisation Frédéric Milano.
Fabrice de Rouelle, affaire sensible, sur France Inter.
20 janvier 1981, élu à la fin de l'année précédente, le nouveau président américain, Ronald Reagan, près de serment.
Sous la houlette de l'ancien gouverneur de la Californie et ex-acteur de seconde zone, le libéralisme triomphe aux États-Unis.
Oublier les années 70 contestateurs, la guerre du Vietnam, les émeutraciales, les républicains gouvernent pays fidèles à leur valeur.
Leur rêve américain exhalte alors la réussite matérielle. La société de consommation est à son apogée.
Le succès s'affiche à travers la taille des buildings et la longueur des limousines.
Les jeunes ou de la finance et les promoteurs immobiliers, à l'instar d'un certain Donald Trump, font figure de modèle.
Parallèlement, MTV, la chaîne musicale calme du câble créé en 1980, un prospère.
Très populaire auprès des jeunes, elle diffuse des vidéos clips clinquants à longueur des journées et le Heavy Metal s'y taille une place de choix.
Alors que leurs prédécesseurs chantent les ravages de la guerre ou un besoin viscéral de se différencier, une décennie plus tard,
le Heavy Metal se prête au jeu et se fond dans le moule d'une époque hedoniste.
A quelques jours de la nouvelle année 1986, il ne faut presque plus parler de Heavy Metal mais de Hair Metal.
Hair pour chauveux en anglais, en référence aux permanentes stratosphériques arboreux par nombre de ses musiciens,
un détail capillaire qui en dit long sur leur état d'esprit.
La nouvelle capitale de cette scène musicale, c'est Los Angeles. La Côte-Ouest, ce n'est pas innocent non plus.
Là, sous le soleil de la Californie, où les lettres d'Hollywood s'étent à leur grand an haut des collines,
t'es la même hâteau de la suprématie du divertissement sur le monde,
des groupes comme Motley Crew, Rat ou encore Poison disent-ils la bonne parole.
Et leur message se résume à quelques thèmes, argent, plaisir, alcool, fête.
Dans cette décennie tapaleuil, maquillée, arborande et tenue clinquante,
devant une foule en délire, sur fond d'effets pyrotechniques,
les musiciens de Hair Metal sont des sortes de superman des temps modernes.
Les années 80 dans toute leur splendor.
Faut pas te goûrer, je ne parle pas de gens qui gagnent dans l'année 400 000 dollars à Wall Street
et qui sont pas trop mal logés, qui voyagent en première classe, je te parle de liquide.
Être bourré de fric, assez pour avoir ton jet.
Oui, assez pour que tu profites de ta vie.
50 ou 100 millions de dollars, buddy.
Un pro.
Ou un zéro.
Oui, mais voilà, pendant que Wall Street devient la mecke des temps modernes
et que les stars de l'Huehude enchaînent des blockbusters,
toute une partie de la gigantesque population américaine est laissée pour compte.
Cette Amérique d'en bas, comme aurait pu dire un ancien premier ministre français,
c'est celle de ses ouvriers qui vichichent pendant des lotissements sans fin,
quelque part au fond d'une petite vue de Kansas ou de la Iowa.
Des familles de classe moyenne souvent peu éduquées
et dont la vie semble déjà toute tracée avant d'avoir commencé.
Des familles où les enfants adolescentes trompe l'ennui comme ils le peuvent,
rêvant d'une échappatoire que souvent ils ne trouvons pas.
Et bien, c'est assez laissé pour compte, c'est l'ouzer que le heavy metal de l'époque
promet une vie meilleure, synonyme de réussite,
c'est-à-dire dans leur esprit d'argent facile et de conquêtes amoureuses.
Ils adoptent ce genre dénigré par les élites et des critiques crocs qui pour autant leur ressemblent.
Deux de ces déçus de la vie habitent reineaux dans les Nevada.
Deux jeunes hommes, du nom de James Wayne et Ray Belknap,
amies depuis le lycée.
En cette avant veille de Noël 85, les deux des œuvres étendent de tromper l'ennui
comme pratiquement tous les soirs.
Ils sont issus de cette classe moyenne peuplant à perte de vue des lotissements partout dans le pays.
Des banlieues qui se ressemblent toutes,
où la vie semble toute tracée, aussi rectiline que les années de garage
bordant chacun de ces petits pavillons modestes.
Pas sport pour l'ennui.
Sur les photos, ils semblent entre deux âges avec leurs cheveux midlon et leurs petites moustaches juveniles.
Pas encore tout à fait sorti de l'adolescence, pas encore adulte.
Chacun a trouvé en l'autre un compagnon d'infortune.
Pour James, c'est une vie coincée entre un père alcoolique et joueur
et une mère rigoriste religieuse
qui l'a amené après avoir expérimenté toutes les drogues possibles
et imaginables en cure de désintoxication.
Quand Ray, qui racontera plus tard avoir été violé par l'incez beau père durant l'enfance,
il est fasciné par les armes à feu et il a désennuie avec la justice.
D'ailleurs, il doit être entendu après avoir tué gratuitement un ami mal
à l'aide d'un pistolet à fléchettes.
Tout en fumant de la marie roana et en buvant des bières,
les deux amis ruminent des idées noires.
Mal dans leur peau, très mal, ils remagent leurs défaîtes,
entretiennent leur exécration de la vie et parlent de leurs parents détestés.
La bande-son de cette soirée, Stain Class,
un album de Heavy Metal devenu un classique du genre.
Sorti en 1978, il est signé par l'un de leurs groupes favoris, Judas Priest.
Puis, la nuit avance, et plus elle avance, plus la conversation vit remorbide.
Jusqu'à la conclusion, inéluctable, fatale.
En finir, une bonne fois pour toutes.
Ce Lady James n'en est pas à son coup d'essai.
Non, il l'a déjà tenté à deux reprises de se suicider.
Ray peut lui fournir toutes les armes nécessaires à la réussite du plan.
Alors, c'est décidé.
Ce soir, ils mourront ensemble.
Armaine a fait zits de chasse et de quelques balles.
Ils se rendent sur un terrain de jeu déserté, seuls au milieu de la nuit pour en finir.
Ray décide de partir en premier.
Alors, il s'assoit sur un tourniquet rouillé,
plante son fusil sous sa gorge, regarde son ami et lâche un désabusé.
J'ai bien foutu ma vie en l'air et il appuie sur la détente.
Il meurt sur le coup.
Comme il lui a promis, James ramasse l'arme tombée à côté du cadavre de son ami
et tente de se supprimer à son tour.
Mais son sort est encore plus dramatique que celui de son ami, car il se rate
et il est affreusement blessé.
Deux vies détruites et pour les familles, un seul coupable, désigné.
Le seul capable de pousser ces deux adolescents se donnait la mort, le groupe Judas Priest et, à travers lui, la Heavy Metal.
Je viens visiter cet endroit souvent
et je parle à Ray.
Je sais qu'il est mort, je ne m'attend pas à ce qu'il me réponde,
mais je lui dis encore ce que j'ai sur le cœur.
Je voudrais pouvoir dire ouvertement que certaines personnes sont des meurtriers.
Pour moi, ils ont tué Ray.
Cette voix brisée, c'est celle de James Fance, défigurée.
Malgré des longues opérations de chirurgie esthétique, son visage est détruit,
presque comme ses gueules cassées de la première guerre mondiale.
Sa vie elle aussi est brisée, et évidemment.
Et il en veut à ces meurtriers qui ne nomment même pas.
Mais pour lui, pas de doute, les responsables.
Ce sont donc les musiciens de Judas Priest.
Ce drame intervient dans un contexte bien particulier au sein de ce pays continent que sont les États-Unis,
dont l'opulence revendiquait, cachant vérité, un puritanisme de plus en plus envahissant.
Dieu protège l'Amérique, la famille est un noyau idéal,
les enfants doivent obéir et même pourquoi pas prier à l'école,
les assassins doivent passer à la chez électrique,
les américains doivent garder la confiance et l'optimisme de leurs aïeux,
car la société américaine est la meilleure du monde.
Ce ne sont pas les hommes politiques qui font passer leurs messages et leurs idées dans l'opinion,
c'est exactement le contraire.
C'est l'opinion qui guide en gros les députés, les sénateurs ou les présidents.
Par exemple si Reagan a été élu,
c'est parce qu'il a été porté par une vague conservatrice,
ce n'est pas lui qui a créé cette vague.
Prenons l'exemple de la jeunesse et des adultes, disons entre 18 et 44 ans,
à peu près la moitié de la population.
Ce sont eux qui sont les plus favorables aux idées conservatrices.
Il serait faux de croire que la jeunesse par exemple entre 18 et 22 ans
est séduite par des options libérales.
L'Amérique donne dans le puritanisme les valeurs morales, la religion.
Et à ce sujet, il ne faut pas oublier que les États-Unis
sont peut-être le pays le plus religieux du monde.
Tout le monde là-bas appartient à une église
et participent activement à cette vie de l'église.
Oui, l'Amérique de Ronald Reagan, c'est le retour de l'Amérique de l'ordre moral et religieux.
Il faut retenir deux déclarations majeures de ce président-là.
Jean, après cette chiffre molle de carteurs
qui s'est fait balader par les Iraniens fanatiques au pouvoir enterrant,
on va montrer nos muscles.
Et puis cette phrase, le problème c'est l'État
qui annonçait la dictature triomphant de l'ultralibéralisme
plus forte que jamais aujourd'hui.
Et enfin, cet ordre moral qui permet à des télés évangélistes
comme Jimmy Swargaunt ou Jerry Falwell
de répondre la bonne parole
par l'intermédiaire de chaud télévisuel incantatoire
regardé par des millions d'Américains fanatisés.
Pour eux, même si le dieu de l'art veille,
Satan est toujours là pour nous dévier du droit chemin.
Ces armes favorites, les jeux de rôle, les jeux vidéo Hollywood
et le heavy metal, bien sûr.
En 1985, sous l'impulsion de Typer Gore,
femme Dal Gore, futur candidat à la présidence des États-Unis,
pourtant démocrate, écriait le Parents Music Resource Center,
un groupe de lobbying censé dénoncer l'apologie du sexe,
de la drogue et de l'alcool dans la musique contemporaine.
Il dresse d'abord la liste d'aucun chanson à interdire.
Coincée entre Madonna et Prince,
on retrouve près d'une dizaine de titres de heavy metal.
Le comité militaire obtient aussi la position
d'un band au soi-disant préventif
sur les disques considérés comme offensants
auprès d'une commission hautement médiatisée devant le congrès,
un tribunal de la moralité devant lequel défile Frank Zappa,
Joe Ramon mais aussi D. Snyder,
du groupe de heavy metal, Twist Sister,
histoire de défendre la liberté d'expression.
Je savais qu'il me sous-estimait.
Il me voyait comme une rockstar un peu bête
qui allait passer pour un idiot et qui ferait avancer leur cause.
Il ne pensait même pas que je pouvais construire
une phrase ou même parler anglais couramment.
Donc je me suis pointé avec mes vêtements,
ma veste aux manches coupées, mon jean,
mes bottes et mes cheveux longs lâchés,
hors de question de m'habiller proprement pour qui que ce soit.
Je suis d'une raclure et j'en suis fier.
J'ai ensuite sorti de ma poche arrière
le discours sur lequel j'avais bossé pendant des semaines
comme si je dégaînais une arme nucléaire
et j'ai bien pris le temps de déplier et de le poser sur la table
comme un gentil élève devant son professeur.
Ils me se sont dit d'abord,
voici un doux aignu amené à l'abattoir
et là j'ai commencé à parler.
Etant la seule personne directement visée
par les accusations du soi-disant responsable PMRC,
j'aimerais profiter de cette occasion
pour parler sur une note plus personnelle
et montrer combien le concept d'interprétation des paroles
est injuste.
Deux camps s'affrontent ces gens-là au sénat américain
et tout cela au nom de la vertu et de la sauvegarde
de la jeunesse américaine,
avec déjà, au centre des débats,
de potentiel message caché.
Ils disaient que notre chanson Under the Blade
parlait de sadomasochisme et bondage
alors qu'elle parlait de l'opération de la gorge de mon guitariste.
Mais de mon point de vue,
il n'est pas concevable que l'on ne puisse pas aborder
le vrai sujet de la chanson,
vu que jamais les mots hospitales ou chirurgies
ne sont mentionnés.
Non mais j'ai toujours dit que nos chansons
permettaient aux auditeurs de laisser leur propre imagination
en choisir l'interprétation,
en proche-tant leurs propres expériences
et rêve dans les paroles.
Les gens peuvent l'interpréter comme ils le veulent.
Madame Gore était à la recherche de sadomasochisme
et de bondage et elle les a trouvés.
Celui qui cherchait des références chirurgicales
se trouvait aussi.
Parmi les auteurs de ces 15 chansons
censées pervertir la jeunesse américaine
se trouve Tudus Priest,
groupe en activité depuis 1969
et qui fait donc figure de vétérans.
Première particularité,
le groupe est anglais et non pas américain.
Originaire de Birmingham,
comme leurs copains de Black Sabbath.
Mais surtout,
avant de devenir une machine à vie métal
prête à tout écraser sur son passage,
ces musiciens-là ont pas mal
tâtonné jouant d'abord
une sorte de hard rock vaguement progressif.
Lors de l'une de leurs premières apparitions
télé à la BBC en 1974,
ils ressemblent d'ailleurs
encore à D.I.P.
pas tout à fait sûr de même.
Mais à partir de leur quatrième album
paru en 1978,
Titré et Stain Class,
ils durcissent le ton et abordent
des thématiques plus sombres, plus réalistes.
Mais surtout,
à la fin de leur chanteur Rob Halford,
ils adoptent alors ce qui deviendra
le look heavy metal
plein de cuillères et de clous
à la croisée des chemins entre bikers et SM.
Cela ne les empêche pas de sentir le vent tourné.
À la fin des années 70,
c'est l'écatombe autour d'eux.
Après D.I.P.
cette tour de Led Zeppelin se séparait
suite à la mort de son batteur John Bonham
étouffé par son propre vomi
pour préserver à Valet 40 chante de vodka.
Black Sabbath, lui,
se retrouve au creux de la vague
après s'être séparé de son chanteur Ozzie Osborn
disparu dans un nuage de cocaïne.
Le hard rock de papa avec eux
et il est temps d'adopter un nouveau son
plus poli, c'est plus taillé pour les grandes sales
et surtout, plus marquetté pour le public américain
à vide de decibel.
Genesis Priest négocie
ce virage difficile avec Brio.
Sassile le privilégié
le jeune public américain
le moyen pour les atteindre
un son désormais
plus policier on l'a dit
et plus calibré pour leur permettre
de passer en boucle
sur toutes les puissantes radios
ou traitementiques
le tout cimenté par des tournées incessantes
et ça marche.
Par exemple, rien qu'au
U.S. Festival à San Bernard Nino
le 29 mai 1983
Genesis Priest se produit devant
près de 700 000 personnes.
Au milieu de cette décennie
l'Europe est tout simplement l'un des
plus populaires de la planète et particulièrement
aux Etats-Unis.
Mais ce succès et à travers lui
le succès du Amématol en général
ne plaît pas tout le monde.
Voilà pour le contexte
explosif.
Alors, lorsque James Vance
décide d'écrire à la mère de son ami pour lui dire
que, selon lui, c'est
une expérience combinée de l'alcool
et de la musique métale en général
et de Judas Priest en particulier
qui les a poussés à croire que la réponse à la vie
était la mort,
l'occasion est trop belle pour certains de crucifier
...
...
...
...
...
...
Aujourd'hui, l'islam de Judas Priest
France Inter
à faire son signe.
...
Ah, les messages subimilow et rock,
c'est déjà une vieille histoire.
En 1966, Reign
les Beatles, le plus grand groupe du 20e siècle
est le premier morceau de l'histoire musicale
où une partie de la bande est enregistrée
à l'envers.
Le message, si l'on est, est un couplet supplémentaire
pas d'une incitation suicide.
Moins drôle,
Lazy Plin ou Queen furent accusés
d'avoir utilisé la même technique
pour encourager la consommation de drogue
ou le satanisme, mais sans bien sûr
que jamais personne n'ait réussi à prouver que ce soit
comme d'habitude.
Mais pour les familles de James et de Ray
c'est sûr, c'est ce qui a poussé
leur fils à commettre l'irréparable.
Selon leurs avocats,
le groupe a inséré des messages subimilow
dans l'une des chansons de l'album
Stay In Place, écoutez en boucle
le soir du drame.
Plus précisément, dans la chanson
Better By You, Better Than Me
ou d'après eux, on pourrait
distinctement entendre les mots
do it, fais-le en anglais
si le disque vignit les joues à l'envers.
L'ironie
et l'histoire, c'est que Better By You
Better Than Me
n'est même pas une chanson originale de Julius Priest
mais une reprise d'un obscur groupe
de rock progressif des années 60, Spooky Traff
L'histoire est facécieuse
Mais l'humeur est beaucoup plus sérieuse et sombre
en ce mois de juillet 1990
Le XVI
s'ouvre dans la petite ville de Washoe
le procès intenté par les familles de James
et de Ray
et d'unement chacune plusieurs millions
de dollars de dommages et d'intérêts
dehors, des fans sont là pour
défendre leurs groupes préférés
portant pancartes mais aussi radio cassettes
portatives et diffusant leurs chansons les plus connues
Les quatre membres du groupe
arrivent habillés sobrement
Le chanteur
Rob Halford, portu de chemise noire
une veste et signe à la sauvette
quelques autographes mais sans s'attarder
Une fois dans la salle
il doit faire face à leurs accusateurs
Si le père de James Vance
est installé au fond, sa mère est là
au premier rang, le visage
fermé et entouré d'un vocaliste expert
qui vont défiler les uns par les autres à la barre
L'ambiance est très tendue
et tout le monde sait qu'il y a
beaucoup en jeu
il y a beaucoup plus en jeu que
deux familles endeuillées
et aucun camp ne compte en retenir ses coups
Alors très vite, le ton est donné
James Vance qui a survécu au drame
n'est même plus là
pour faire face à ce qu'il accuse de l'avoir poussé
à tenter de se suicider
Atrocement défiguré
Objet de suivre
à vie, un traitement très lourd
Le tendant totalement le rendant
totalement indépendant de ses parents
qu'il tentait désespérément de fuir
avant de finir hospitalisé pour dépression
et mort d'une overdose de médicaments
en 1988, deux ans avant
libérer de ses souffrances
Comme le lui permet la justice américaine
Judas Priest avait le choix
pour trancher le litige entre
un jury populaire ou un juge professionnel
Mais l'aspect sensationnel
et l'émotion suscité par ce double
suicide le pousse à choisir un juge
Dans le fauteuil
on retrouve donc l'honorable
Jerika Whitehead
En 1986, c'est déjà lui
qui avait mené le procès à tenter
à Ozzy Osbron, également accusé par
des parents d'être responsables
de la suicide de leur fils, acculé
selon eux, à commettre l'irréparable
à cause de l'une de ses chansons
L'ancien chanteur de Black Sabbath
avait alors été acquitté, au nom
du premier amendement, ce fameux texte
protégeant la liberté d'expression aux Etats-Unis
Mais la moca des familles
tente de contourner l'obstacle
en choisissant une approche, disons, plus technique
Non seulement il accuse le groupe
d'avoir dissimulé des messages subliminaux
malveillants, mais il le définit
alors comme un vice caché
En termes juridiques
il s'appuie sur la notion de mise
sur le marché de produits défectueux
causant des dommages aux utilisateurs
L'un des avocats de la partie
adverse rappelle que sur scène
les musiciens portent du cuir
d'oupant des chaînes et des menottes
alors que Rob Alford utilise un fouet
comme accessoire de scène
preuve selon lui de leurs intentions
satanique
Et le concert
compare leur concert à des séances d'hypnose de masse
J'ai entendu les mots féleux
mais je n'ai pas compris le contexte
ou pourquoi ils étaient là
C'est très difficile car c'est un niveau
subliminal
Le témoignage d'aujourd'hui résume
vraiment le coeur de l'affaire
c'est-à-dire les potentiels messages subliminaux
ou cachés dans la musique de Judas Priest
et particulièrement dans l'album
Stain Class
Les partis civils sont arrivés aujourd'hui
avec des ordinateurs et des équipements
de haute technologie pour prouver leurs théories
Le reculant ne vend rien
Les experts convoqués par la procureur
se mettent à diffuser à plein volume
divers extraits de l'album
à l'envers
un disque bourré selon eux de messages
comme chante mon esprit maléfique
ou j'emmerde le seigneur
je vous emmerde tous
L'un de ces experts, sans aucune base scientifique
affirme qu'il y a aussi des messages
sur les billets de banque dans des catalogues
de vente par correspondance
absurde
Surtout que pour la majorité de publics présents dans la salle
cette écoute révèle
surtout un charabia sans connu tête
alors qu'un journaliste éronèse lui
en comparant ses soi-disant preuves
au son d'un dauphin maléfique en train de chanter
Merci
Ce « yeah » que vous faites à la fin
est-ce l'exaltation de votre souffle?
Oui
Est-ce une partie normale
de votre façon de chanter?
J'ai toujours chanté de cette façon
c'est en style
Il y a-t-il des faits le subliminaux
dans la chanson « bet as an you »
« bet as an you »?
Absolument pas
La contre-attaque ne se fait pas attendre
Les vues de famille des évins et des belles naps
sont disséquées en public
Leur côté dysfonctionnel s'étalera au grand jour
Le père alcoolique de James
et joueur maladif n'hésitez pas
à dilapider son salairement seul
La sœur de Ray Ann McKenna
n'a jamais écouté de la vie metal de sa vie
Mais cela n'empêche pas, elle aussi
de faire deux tentatives de suicide
Lors de sa cure de désintoxication
James a dû remplir une grille d'évaluation
A la question, au cours des 5 dernières années
combien de temps as-tu été sobre?
Le jeune adulte répond
« 2 semaines »
A la question, quelle est ton activité favorite?
Il écrit
« Prendre la drogue »
Prenant au mot ses accusateurs
le guitariste Glenn Timpton
décide d'enregistrer l'intégralité
de l'album Stain Class à l'envers
et de faire goûter à la cour le résultat
Le public a alors l'impression
d'entendre distinctement des phrases
aussi farfelues que
« maman ma chaise est cassée »
ou « donnez-moi un bon bon à la menthe »
et ça sonne bien souvent de joyeux accidents
Roy Balford, lui, se prétend
avec un phlegme typiquement britannique
que s'il avait vraiment eu le pouvoir
d'imposer sa volonté à ses fans
via des messages cachés
la chose la plus sensible à faire
aurait dû leur intimer l'ordre
d'acheter encore plus de disques
pas de se supprimer
un trait d'humour qui suscite quelque rire
dans l'assemblée mais qui n'arrache pas
un sourire à l'impasse si peu juge
pendant tous les débats
Dans un document de 108 pages
remise aux parties civiles présentes
ce jour-là
Le juge Whitehead conclut que Judas Priest
et son label CBS
ne sont pas responsables d'avoir causé la mort
de James Vance et Raymond Belknap
Les mots fêleux
sont présents plusieurs fois sur l'album
Stain Class et sont bien subliminaux
mais c'est le résultat d'une combinaison fortuite
de son et ne sont pas intentionnelles
Il n'y a aucune preuve de messages cachés
et aucune preuve scientifique
que ces derniers puissent être compris
ou même influencer le comportement
Le 24 août 90
après trois semaines d'audience rock en bolesque
Le juge Whitehead rend son verdict
Judas Priest est acquitté
Bien que la tactique de la défense
visait à prouver que le contexte familial
hautement dysfonctionnel était dans
la grande partie responsable du drame
il rappelle que c'est avant tout le groupe
qui était dans le box des accusés
et il reconnaît l'existence
de messages subliminaux
mais ces derniers seraient accidentels
et donc dénuaient d'éléments intentionnels
Reste un influence
des dix messages sur James et Ray
La réponse sur ce point de Whitehead
est disons plus nuancé
estimant ne pas avoir assez d'éléments
lui prouvant que le groupe aurait poussé
les deux jeunes hommes au suicide
c'est donc une victoire à la pyrus
Dans son autobiographie paru en 2020
Confess, Robert Ford
avoue que le jugement lui a toujours laissé
un goût à mer dans la bouche
le juge ayant bien souligné les avoirs
inocentés à défauts de preuves
substantielles de leur cul de pabilité
laissant ainsi planer un doute
jusqu'à ce jour
Quant aux familles andoyées
elles font toutes les deux appels
mais il est rejeté
Le 3 septembre 1990
dix jours seulement après ce jugement
Judas Priest sort son 13ème album
Pain Killer
qui se vendra plus de 2 millions
d'exemplaires dans le monde
2 ans plus tard
suite à des tensions internes
Robert Ford quitte le groupe pour suivre
des carrières solos
et après des années à le cacher
il fait son commune à haute en 1998
premier plan de la scène métal
ainsi assumé son homosexualité
expliquant qu'il en avait assez
de se cacher et dit mal être que c'est
la suscité avec les excès
qui suivaient
Peut-être que si James Manson
et Ray Belknap avaient réussi
à faire face à leurs propres démons
s'ils avaient su eux aussi
parler du mal qui les rongait de l'intérieur
Peut-être aurait-il pu sauver leur vie
enfin, ou pas
cette question restera sans réponse
Mais au milieu de leur désert
affectif, la musique en général
et le groupe Judas Priest
avec ses chansons exaltantes et à la lure
de super héros en particulier
faisaient partie de leurs rares sources
de joie
et pourtant, en leur nom
leurs familles ont tenté de leur faire porter
la responsabilité du drame
un bouc émissaire en somme
Mais ce qui était alors en jeu ici
n'était pas le destin tragique
de deux losers de l'Amérique profonde
mais bien la peur de certains adultes
de voir leur jeunesse leur échapper
Déjà au IVe siècle avant notre ère
le philosophe Socrates avait été accusé
puis recodit coupable de corrompre la jeunesse
un crime qu'il avait payé de sa vie
parce que de tout temps
les libres penseurs et les artistes
ont été mis à l'index et accusés de tous les mots
à tort bien sûr
C'était le cas il y a plus de 2000 ans
cela s'est reproduit en 1990
et le phénomène ne va pas s'arrêter
Judas Priest a été inocenté
certes
mais il est encore aujourd'hui
certains qui ne sont pas d'accord
avec ce verdict
et ils n'ont pas fini de faire entendre
...
...
...
...
...
...
...
...
...
...
Le Heavy Metal
premier épisode d'une série que nous vous proposons
sur cette culture-là
dont nous allons parler avec notre invité Olivier Badin
Bonjour
Olivier Badin vous êtes l'auteur de ce texte
et vous êtes journaliste indépendant
spécialiste musique
du Heavy Metal en France
alors peut-être qu'avant de revenir sur le fond d'affaires
on peut faire un peu d'histoire sur ce genre musical
comment on définit le Heavy
et quelle différence avec le Hard Rock
Alors le Heavy Metal
il y a plusieurs théories autour de sa naissance
l'une d'entre elles
ça vient des Beatles
tout vient des Beatles
et plus particulièrement du chanson qui s'appelle
Helter Skelter
qui a priori c'est une chanson que Paul McCartney
a année en studio
mais j'en ai marre que nous traite quand même
de gentils garçons qui faisons de la pop
on va leur montrer ce que c'est du rock'n'roll
et bon, pourtant la chanson elle-même
a priori parle d'un toboggan géant
c'est ce qu'ils ont à vous après
c'est pas très Heavy Metal mais le son des guitars
la lourdeur des guitars
et puis surtout le côté très exalté du chant
la batterie très lourde
d'ailleurs à la toute fin du morceau
si vous écoutez bien vous entendez Ringo Starr qui dit
j'ai des ampoules
sur les doigts
pour beaucoup de gens c'est le premier morceau
de Heavy Metal
pour d'autres c'est Steppenwolf
Born to be wild
qui n'est pas forcément un morceau Heavy Metal
en lui-même mais c'est la première fois qu'on entend
les mots Heavy Metal prononcés dans une chanson
il parle de Heavy Metal Thunder
mais à l'époque le tonnerre Heavy Metal
mais à l'époque il parle plus du bruit des motos
en fait pour mettre tout le monde d'accord
on peut aller vraiment
à la source même
en 1970 le premier album
de Black Sabbath, la chanson Black Sabbath
que vous l'album ça pour tout le monde
tout le monde est d'accord
et la différence musicale entre le Hard Rock et le Heavy Metal
elle qui a un quoi?
alors cette différence c'est vrai que pendant longtemps
on a confondu les deux
pour faire simple on pourrait dire que le Hard Rock
vient du rock qui vient lui-même du blues
donc il y a vraiment une source musicale qui vient du blues
le Heavy Metal lui
laisse volontairement de côté les sonorités blues
pour accentuer le côté accent mineur
les accords mineurs pardon
et ce côté sinistre
sont très très lourds
c'est là où on fait vraiment la différence entre le Hard Rock et le Heavy Metal
alors parfois on peut les confondre
pour le riff qui sont lourds
tous les deux? tout à fait c'est ça
de toute façon le riff ça reste
pour le rock même pour tout ça reste
l'architecture principale et c'est encore plus dans le Heavy Metal
c'est pas pour rien que le Hard Rock
c'est pas pour rien que les guitare héros on vienne tous du Hard Rock
c'est la guitare
qui sublime dans tout ce qu'elle a
de plus fantastique
de plus exaltante
et donc forcément ça passe par un son
un volume très très fort
et des riffs très très fort
comme Gunn & Rosies qui a fait le riff
de Michael Jackson ailleurs
c'est Slash le guitariste Slash
qui est lui
bidit c'était Eddie Van Allen
qui était le guitariste du groupe Van Allen
voilà tout à fait
et c'était Michael Jackson qui avait demandé à Eddie Van Allen
de venir jouer sur bidit
et il a une nouvelle fois quelques années après
dans Black & White il a demandé à Slash
de Gunn & Rosies cette fois-ci d'apparaître
aussi bien sur la chanson que dans le clip
alors on a parlé des parents du Heavy Metal
a-t-il des héritiers
ou est-ce qu'il ne faut pas parler d'héritiers
parce que le Heavy Metal est aussi contemporain
le Heavy Metal est très contemporain
la différence je dirais aujourd'hui
c'est ce qui s'est extrêmement diversifié
autant
à toute fin de l'année 70
notamment lorsque cet album de Judas Priest
est sorti c'était une glace
vraiment une catégorie bien précise
une sonorité bien précise
maintenant le Heavy Metal se décline
sous plein de formes différentes
des sonorités différentes
plus ou moins avec des ajouts folques
syphoniques
ou contraires plus rapides
plus brutales en fait maintenant le Heavy Metal
a engendré quantité de sous-familles
et il y en a constamment de nouvelles qui apparaissent
ça critique un peu
ça critique le musical
maintenant on peut dire que le Heavy Metal
on parle plus vraiment de Heavy Metal
on parle de Metal en tant que
non seulement de genre musical
mais de mentalité, de famille musicale
avec un certain nombre de valeurs, de looks
et d'affinités mais qui abritent en fait plein de choses différentes
alors est-ce que le procès dont on a parlé
l'affaire
est une date importante
un marqueur dans l'histoire du
de Metal alors je ne parle pas artistique
je parle des constructions sociétales
est-ce que c'était un marqueur
et quelle trace a-t-il laissé ce procès
on peut dire que c'était un marqueur
parce que ce n'est pas le premier
il y a eu plusieurs procès qui ont été
tentés contre des musiciens de Heavy Metal
notamment Ozzy Osbourne en 1986
mais à chaque fois
ça n'a pas abouti
mais de tous les procès
c'est sûrement celui qui à l'époque
a été le plus médiatisé
qui a fait le plus parler de lui
et ce qui a beaucoup joué aussi
c'est le fait que sur les deux adolescents
il y en a un qui est là ce n'était plus envie
au moment du procès
mais qui était encore envie de deux ans après
qui est apparu dans des talk shows
il y a un documentaire qui a été fait
sur toute l'affaire où on voit son visage
complètement détruit qu'ils ont essayé de reconstruire
avec la chirurgie esthétique mais d'une manière très maladroite
donc c'est un peu elefantman
sa vie est foutue
sa vie est complètement foutue, sa diction
on le sent complètement perdu
donc ça a beaucoup marqué les esprits pour ça
et on avait vraiment en plus
on a vraiment vu sous les
caméras des télé américaines
deux américains vraiment s'affronter
une américaine puritaine
très religieuse
et ces musiciens de rock, de métal
qui essaient de venir un peu en chemise comme au costard
mais avec ses coupes de cheveux
cette terre un petit peu je suis là mais je ne suis pas là
et leurs fans d'or on avait l'impression que c'était vraiment de société
qui vivait sous le même toit
mais qui n'arrivait pas à s'entendre
donc ça a vraiment été un procès important
parce que de son issue
si le groupe avait été gondamné
on en gendrait d'autres poursuites
ah oui, donc ça fait jurisprudence
dans le bon sens, dans le sens de la liberté d'expression
voilà, dans le sens où effectivement
là on a les... comment on s'est dit
dans le texte, dans le récit
les messages subliminaux, c'est une vieille histoire du rock
oui et on va y revenir parce qu'il y a d'autres exemples
qui sont frappants, par exemple
peut-être le plus dramatique
l'assassinat de Sharon Tait le massacre
dans la maison
à Hollywood
dont Charles Manson et sa bande d'illumine
arrivent, massacrent tout le monde
et laissent en lettres de sang
ils ont trempé le doigt dans le sang de leurs victimes
sur les murs, Elter Skelter
Piggies
et Blackbird
trois chansons des Beatles
donc là il y a de quoi se poser la question
les Beatles ont dit évidemment bah on n'y est pour rien
est-ce que les messages subliminaux
on ne trouve dans les messages subliminaux
que ce qu'on veut trouver finalement
ce cas est partiement dramatique, ça a marqué
oui il est paroxystique
c'est la fin pour beaucoup de gens
c'est la fin des hippies, c'est vraiment cet événement
Quentin Tarantino on a fait tout un film
où il a retransformé, il a retravé l'histoire
mais c'est aussi le cas le plus absurde
c'est-à-dire que pour Charles Manson
la chanson particulièrement Elter Skelter
était selon lui
porteuse d'un message
annonçant l'apocalypse à venir
et une guerre raciale
je rappelle que cette chanson
à la base était sur un toboggan
géant, Charles Manson lui il voit
la troisième guerre mondiale
donc là on est vraiment dans un cas extrême
on voit à quel point l'interprétation
des uns et des autres peut parfois être délirante
alors justement sur Judas Priest
est-ce qu'il existait des messages subliminaux
ou alors est-ce qu'il faut se retrancher
comme d'habitude et c'est normal peut-être
en disant on trouve les messages
que les messages qu'on veut bien trouver
ben Rob Alphand l'a dit, le chanteur Judas Priest
l'a dit lui-même, il a dit si j'avais eu le pouvoir
si j'avais vraiment voulu mettre des messages subliminaux
si avec je pouvais donner des ordres
à mes fans, il aurait été beaucoup plus intelligent
de leur dire d'acheter encore plus
de 10, d'acheter tous mes t-shirts
et d'acheter 15 places de concerts à chaque fois
bref de ne me rendre riche
si j'ai à aucun moment
il leur informait que je leur demande de supprimer
donc le groupe a toujours
complètement renié ces théories
en plus pareillement absurde parce que là encore
on parle d'écouter la musique sur un vinyl
donc il faut poser le disque vinyl sur une platine
s'amuser à le tourner
à l'envers manuellement pour éventuellement
chercher au milieu d'un charabia
2-3 mots qui d'un seul coup vous intimerait
de changer complètement de vie ou d'acheter un fusil
d'aller tuer tout le monde, c'est complètement absurde
oui, parfois on va
très loin vous parler de disques passés
à l'envers, sur Strawberry Fields
des Beatles, on entend
i-Buried, Paul, Géantère et Paul
à d'autres on disait à l'époque que c'était un sosie
donc c'est vrai que tourner
les disques à l'envers, c'était
une mode à cette époque-là et on y trouvait un tas de choses
on y trouvait un tas de choses, c'est le groupe
Pink Floyd, notamment
c'est amusé à le faire
et a priori, ce message quand on réussissait
à le trouver, parce qu'il fallait le trouver en plus
il fallait s'amuser à parcours à tous les disques
lorsqu'on réussissait à le trouver, à part mon message
c'était
la voix de Roger Waters qui disait félicitation
vous avez réussi à découvrir le message
que nous avons caché dans ce disque
donc c'était quand même la preuve que
certains groupes s'est donné tellement un cliché du rock & roll
que certains groupes s'en sont amusés
après si on est dans la facetie amusante, c'est bien
on n'est pas là-dedans, puisque avec Joseph Priest
même s'il est innocent
les conséquences de ce qu'on veut bien trouver
dans une chanson sont effectivement dramatiques
au-delà du fait d'hiver
ce procès nous dit aussi quelque chose, me semble-t-il
de la société américaine de la fin des années 80
de ses préoccupations
de son état, êtes-vous d'accord avec ça?
si oui, pourquoi?
complètement, parce que en 1990
au moment des procès
Ronald Reagan n'est plus de pouvoir
mais c'est George Bush qui a pris sa suite
ce n'est pas très différent, ce qui n'est pas très différent
c'était quand même son ancien vice-président
donc on est toujours dans la même lignée
et c'est toujours effectivement
c'est les années
très ultra libérables des États-Unis
libérales des États-Unis où tout ce qui compte
c'est la réussite sociale
c'est l'argent, c'est le paraître
c'est l'image qu'on projette
et l'image, une bonne image aux États-Unis
ça passe par une dentition parfaite
un brushing parfait, une grande maison
et surtout une famille parfaite, où rien ne dépasse
une importance et un affichage
assumé
d'être religieux, d'aller à l'église
tous les dimanches, de surtout ne pas dire de gros mots
et de regarder les bonnes choses
à la télévision et tous les soirs, de faire sa prière
avant de se coucher
et cet États-Unis là
on n'est pas encore tout à fait dans la génération X
les années grunge, on va dire ça, qui vont arriver après
notamment avec la guerre
au couette et tout ce qui s'est passé
mais on est
on sent une partie de l'establishment américain
sans que, petit à petit, sa jeunesse
est en train de lui échapper
qu'on est que finalement, en cette toute fin
des années 80, ce rêve
qu'on a vendu aux gens en disant
mais travailler plus pour gagner plus, comme on pourrait dire
tout ça, c'est limite
que finalement, cette réussite, cet argent
c'est finalement limiter un certain nombre de personnes
et de plus en plus
cette image
elle est fondillée et de plus en plus
plus cette image est fondillée, plus ces conservateurs
ressentent le besoin de la retenir
de faire ensemble
voilà, de deux deux, non non mais tout est en place
tout va très bien, nous sommes parfaits ces gens-là
ce sont eux qui ne sont pas normaux, nous nous tenons
nos enfants sont propres, sont polis
ils respectent Dieu et les règles, ils ne sont pas comme ça
et donc il y a vraiment cette espèce de fuite
en avant
qui atteint un paroxysme
mais c'est vrai que nous en France, on n'a pas connu ça
mais il fallait voir effectivement le phénomène
des télé-évangélistes avec
des gens sur la télévision qui s'avançaient
au milieu d'une allée, au milieu de fidèles
des vangélistes qui s'avançaient, je t'appose la main de Dieu
et tu es libéré du démon
et les gens qui étaient secoués de convulsions
ils en s'attendent et quittent
c'est la société du spectacle américaine
elle est présente, encore très très présente
même quand il s'agit
de combattre ce qu'on considère comme étant
l'incarnation absolue du mal
alors est-ce que de ce point de vue le heavy metal
constitue le bouc émissaire parfait?
oui, bien sûr, regardez
le heavy metal, quelles sont
les valeurs du heavy metal, surtout
c'est le heavy metal des années 80
c'est, on s'habille comme on veut
on a les cheveux longs, on porte des vêtements
provocateurs, dans nos clips
qui étaient très puissants, qui étaient très diffusés à l'époque
sur la petite vie, donc l'imagerie était très forte
on est sur des grosses motos, des voitures
des capotables, souvent entourées
de jeunes femmes
pas tout le temps beaucoup vêtues
on est dans des grandes belles grandes maisons
c'est la réussite
le heavy metal c'est l'exaltation
d'un hédonisme total
hors de tout terrain
on n'est pas du tout dans les valeurs
patrie, famille, travail
on est dans, viens t'amuser avec nous
viens faire la fête, viens au bord de la piscine
viens, fais comme moi, prends la voiture
elle va rouler le long de Sunset Boulevard
et ensuite on va aller à la plage
on n'a qu'une vie, profitons-en
et puis surtout, c'est pas pour rien
que toute cette culture là, c'était
le Sanchez, c'était la Californie
c'était le soleil 9 mois sur 12
c'était quand même la Californie des années 80
c'était le surf
c'était le culte du corps aussi
il fallait être bronzé, il fallait être beau
et le heavy metal participe à ça
le heavy metal en plus, fonctionnait très bien
dans le sens où il y avait toujours ces chansons
exaltantes, tout ce plaisir de faire la fête
pour les garçons
mais tous les groupes de vie metal aussi
avaient sur chaque album, une ou deux ballades
pour un peu, en quelque sorte montrer
en disant, regardez on est un peu sensible quand même
regardez ma copine et moi on s'est
arrêté hier, j'ai écrit une chanson là-dessus
ouais, nous aussi on peut être romantiques, amoureux
sous ces herbes de grandeur
je suis un romantique aussi, un petit coeur qui bat
alors les problèmes
de la justice
on les trouve aussi aujourd'hui
dans le rap, associé près qu'il y a
moins de messages buminaux dans le rap
finalement, le rap dit les choses
clairement
oui, le rap dit les choses et en plus
le rap parle beaucoup plus vrai
si je puis dire
et c'est beaucoup plus sociétal
et là potentiellement
ça pourrait plus déranger, mais au contraire
le rap parle beaucoup plus à la jeunesse
parce qu'il parle de son quotidien, il parle
de ce qu'il voit en bas de la rue, des violences policières
des problèmes sociaux
de la difficulté de garder sa famille en sang
métaux etc
donc potentiellement on pourrait dire que le rap
pourrait être plus facilement victime de ce genre
d'attaque de la part de conservateur que le métal
aujourd'hui bien sûr
le métal aujourd'hui on finira avec ça
les artistiques qui sont les groupes
de la scène métal
alors il y a le plus grand
il y a un énorme groupe
de métal qui va faire l'événement
cette année aussi, c'est Metallica
qui va faire deux stades de France
mais écoutez le métal il se porte très bien
il se porte très bien, c'est déjà bien
c'est un bon départ, la meilleure
évidemment le meilleur exemple, surtout notamment
en France qui a boudé pendant de longues années
ce style musical, c'est le succès
d'un festival comme l'ELFES qui est aujourd'hui
le festival de France en termes d'affluences
derrière les vieilles chérie
et c'est surtout une scène qui sont plantistiques
est extrêmement vivace, il existe
des centaines de milliers de groupes
et part de seulement ce qui a été
la grande difficulté du métal
dans les années 80 et 90
vers 7, ce manque d'accès
aux médias grands publics, le fait qu'il n'y ait pas de diffusion radio
aucune diffusion en télévision
et bien le métal en a fait une force
le métal a appris à fonctionner
avec les moyens du bord en s'adressant directement
à ses fans, il a créé ses propres réseaux
de distribution, son propre rapport
à son public et aujourd'hui
en fait le métal c'est
aussi l'un des derniers bastions à une heure
à une époque où les gens n'achètent plus de disques
et bien le public
métal lui reste très fidèle à ses groupes
et surtout reste très fidèle à ses concerts
donc ce n'est pas une niche, c'est un bastion
alors on finira là-dessus
ça sera le mot de la face si vous êtes d'accord
je suis d'accord, tout à fait
bon bah parfait, merci, merci infiniment
Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.
durée :00:51:49 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle - Noël 85, deux jeunes gans de la banlieue de Reno dans le Nevada tentent de se suicider. Le premier réussit, le second est affreusement défiguré. Pour leurs parents, un seul coupable possible : le groupe de heavy-metal Judas Priest.