Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Henriette Canaby, arsenic sur ordonnance - Le récit

Europe 1 Europe 1 3/7/23 - 35m - PDF Transcript

Eh mais pousse-toi un peu!

Mais je peux pas, regarde!

Euh, là, t'es sur ma cuisse quand même.

C'est bon, les loulous, là. Vous êtes tous installés?

Je peux démarrer?

Non, non, attends, maman.

Basile, Inax et Léna sont pas encore montées.

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On de l'Âtre raconte.

Christophe On de l'Âtre.

Voici une histoire sans mort, mais pas sans intérêt, loin de là.

Elle se déroule en 1905 à Bordeaux.

Émile Canabie, négociant en vain et tout plus mal.

Sa femme Henriette l'a-t-elle empoisonné?

C'est cette histoire qui a inspiré à l'écrivain François Moriaque

l'un de ses livres les plus fameux, Thérèse Desquérons.

Je lis en grande partie écrit en m'appuyant

sur le livre de l'historien Anith, le doujé,

deux empoisonneuses bordelaises, aux éditions La Geste,

et c'est avec elle que je la débrie frais

dans un deuxième podcast disponible sur votre application.

J'ai écrit cette histoire avec Thomas Odoir,

réalisation Boris Pachinsky.

Européen, Christophe Fondelat.

Nous voilà en 1905 à Bordeaux,

dans le quartier des Chartrons, au bord de la gareuse,

au coeur de ce qu'on appelle à l'époque l'aristocratie du bouchon,

un quartier de marchand de vin,

ou plutôt de négociant en vain.

Le monsieur qui nous intéresse justement

est négociant en vain, Émile Canabien.

Avec sa femme Henriette, il habite au numéro 45 des Chartrons.

Et en ce matin du 4 avril 1905,

il ne va pas bien du tout.

Je ne comprends pas ce qui m'arrive.

Ce matin j'ai pris un chocolat comme d'habitude au petit-déjeuner,

et excusez-moi, depuis je me sens pas trac.

Pardonnez-moi un instant, il faut que je chahille aux toilettes.

Je crois bien que je vais vomir.

Et il dégobille tout son petit-déjeuner.

Et il le dit à sa femme, et à sa mère qui vit avec eux.

Ce midi, il ne mangera pas.

Je suis vraiment disposé, maître Richard.

Faites-moi servir une infusion de tilleux,

de camomille, je crois que c'est tout ce que je peux avoir à valer.

Faites-moi servir.

Parce que les Canabiens ont une boniche.

Et d'ailleurs aussi une femme de chambre.

On est chez les bourgeois.

Et donc Émile Canabien ne va pas bien du tout.

Et la nuit suivante, il vomit plusieurs fois.

Ou la bille.

Il n'a rien mangé depuis le matin.

Je ne sais pas ce que vous en pensez, belle maman.

Mais je crois que nous devrions faire venir le Docteur Guerin.

Ce n'est pas bien normal qu'il vomi ce comme ça.

Vous avez raison Henriette.

Faisons venir le médecin.

Le Docteur Guerin est un ami d'Émile.

Il vient immédiatement.

Je ne sais pas trop ce que j'ai.

Je n'achète pas de vomir.

J'ai encore vomi à 5 minutes.

Vous voyez, vous avez de la fièvre.

Vous avez tous les symptômes de ce qu'on appelle une grippe infectieuse.

Une grippe infectieuse, vous dites.

Bon, d'accord.

C'est grave.

Je dirais que c'est sérieux.

Que vous êtes au tout début de la maladie, mon cher ami.

Attendez-vous à souffrir dans les heures et les jours qui viennent.

La maladie va gagner le reste de votre corps.

Vous vous sentirez faible.

Très faible.

Et vous disposez de médicaments pour ce genre de maladies peut-être?

Malheureusement non, cher Émile.

Les meilleurs médicaments dont nous disposons dans ce genre d'infection,

c'est de la patience.

Et du repos.

Dans les jours qui suivent,

Émile Cannabi vérifie que son médecin n'a pas menti.

Il a mal partout.

Il n'y a guère que sa tête et ses poumons qui fonctionnent à peu près bien.

Heureusement, le bon docteur Guérin vient le voir tous les jours.

C'est rassurant.

Oui, il a un petit doute sur son diagnostic.

Je vous propose, cher Émile, de faire venir un médecin de mes amis.

Finalement, compte tenu de l'évolution de votre maladie,

je ne suis pas sûr et certain qu'il s'agisse d'une grippe infectieuse.

J'ai besoin de son avis.

Il revient donc avec le docteur Bito.

Je confirme en tout point votre diagnostic, chère confrère.

Il va falloir être patient, monsieur Cannabi.

Il faudra du temps et beaucoup de repos avant d'être dormi.

Et les forces vont venir à vous manquer.

La grippe va vous plonger dans une forte inertie.

Mais rassurez-vous, le temps passant, vous finirez par vous remettre.

Il va falloir être juste patient.

Et ça se passe comme les deux docteurs l'ont prévus.

Très vite, Émile Cannabi ne peut plus bouger ni les jambes, ni les bras.

Il n'a plus la moindre force pour les sauvever,

un calvaire qui dure 40 jours.

Pendant lesquels sa mère et sa femme se relaient à son chevet.

Il n'y a qu'elle qui ont le droit de rentrer dans la chambre.

Elle est un ami du couple, Pierre Rabot.

Ah, Pierre, tu es là.

Comment vas-tu, Émile?

Oh, pas très bien.

Il n'y a donc pas de progrès.

Au contraire, Pierre, j'ai l'impression d'être un peu plus mal tous les jours.

Et le docteur Guérin, lui, continue de venir tous les jours.

J'avoue, ma chère amie, que je ne comprends plus pourquoi son état ne s'améliore pas.

Ça me soucie, vous savez.

Permettez-moi de faire un nouveau appel à l'un de mes confrères, le docteur Vidar.

Comme c'est quelqu'un de très compétent.

Ah, je vous le connais bien.

C'est l'un de nos amis à mon mari et à moi.

Et le docteur Vidar trouve lui aussi que le fait qu'Émile ne se remette pas est inquiétant.

Alors il propose de le prendre dans sa clinique.

Nous avons d'excellents médecins.

Ils se succéderont à s'enchever jusqu'à ce que nous comprenions ce qui lui arrive et qu'il aille bien.

...

Et là, à la clinique, un miracle se produit.

Émile va mieux et même beaucoup mieux.

Les médecins en sont comme deux ronds de canner.

C'est tout de même très étonnant.

Nous ne lui avons administré aucun traitement chez lui, il l'est périssé de jour en jour.

Et depuis qu'il est chez nous, il se remette à une vitesse incroyable.

Cela dit, il faut nous en réjouir.

Et vous encouragez, chers confrères, de ce qui se dit dans le quartier des Chartres-Tron,

qu'il s'agit d'un empoisonnement.

Oui, oui, j'en ai entendu parler.

Mais ce sont des sautises.

Si c'était des sautises, mes amis,

serait-je là à vous raconter cette histoire?

Évidemment que non.

En vérité, il n'y a pas que ces rumeurs

que colportent les langues de vipères du quartier des Chartres-Tron.

Le docteur Guerin lui-même a reçu une lettre anonyme.

Cinq jours après qu'Émile Canabie soit tombé malade.

Une lettre composée de caractère d'imprimerie découpée et collée.

Votre patient, Monsieur Canabie,

n'est nullement victime d'une grippe.

Il a été empoisonné.

Sur le moment, il s'est dit, c'est encore ennuisible.

Alors, il n'en a parlé à personne.

Et surtout Barbara Henriette, la femme des milles,

et pas non plus à sa mère.

Et il a jeté la lettre au panier.

Mais voilà maintenant qu'un pharmacien, le docteur Henri,

veut lui parler.

Je souhaitais vous rencontrer,

au suité de certaines ordonnances,

qu'une domestique de Monsieur Canabie m'ont présentée.

Je les ai trouvées, disons, étonnantes.

Étonnantes. Et pourquoi?

Bien parce qu'il s'agissait de produits

qui ne sont pas, disons, banales.

C'est-à-dire, et bien, par exemple,

de la digitaline et de l'enconitine

et de la liqueur de faugleurs aussi.

Ah bon? Mais ce sont des poisons.

C'est ce que je vous disais.

C'est pour ça que je suis venu vous voir.

Et qui a arrêté ces ordonnances?

Le docteur Cobb.

À chaque fois, il s'agissait d'ordonnance du docteur Cobb.

Et vous avez délivré les médicaments prescrits.

Au début, oui.

Mais à la troisième ordonnance,

j'ai formellement refusé.

Et donc, le docteur Guerin,

un médecin de famille du couple Canabie,

décide d'aller voir ce docteur Cobb

qui exerce dans le centre de Porteau.

Enfin, je n'ai jamais été livré

de telles ordonnances au Canabie.

Jamais. Je n'ai pas voulu l'insurer.

Je les ai-là, ces ordonnances.

Attendez.

Regardez-les, voilà.

Je reconnais que ma signature est bien imitée,

je vous l'affirme. Ce sont des faux.

Des faux.

Mais qui a pu rédiger ces fausses ordonnances?

Alors?

Et pourquoi diable?

Ne jouez pas les imbéciles, docteur Guerin.

Vous savez très bien qui la rumeur désigne

comme ayant empoisonné le pauvre Emile Canabie.

L'élan de pute Deschartron ne parle que d'elle.

Henriette. Henriette Canabie.

La femme d'Emile.

Même s'il y en a qui soupçonne plutôt,

Pierre Rabot, un ami d'Emile.

Mais chez les bouquemakers du bord de la Garonne,

c'est Henriette qui tient le pompon.

Et il y a d'autres pharmaciens

qui se sont vus présenter des ordonnances étranges

par les domestiques des Canabies.

Quoi qu'il en soit,

il y a faux et usage de faux.

Et donc le docteur Gaube,

dont on a imité la signature,

l'a en travers.

Alors, il saisit la justice.

De l'arphénique,

dites-vous docteur.

C'est-à-dire, pas de l'arphénique, elle est à pu.

Précisément de la liqueur de fauleurs.

Ça sert à traiter l'exemple.

Mais ça contient de l'arphénique.

Alors, selon les prescriptions habituelles,

dix gouttes maximum par jour,

ça s'est sans danger.

Et d'ailleurs, c'est en vente libre.

Mais à forte dose,

ça peut être un poison.

Et les deux autres médicaments

la digitaline et la conitine,

sont-ils dangereux?

Ils ne sont tout autant, monsieur le juge.

Et donc ces fausses ordonnances

signées par vous,

ont donc été présentées en pharmacie

par du personnel de maison de M. et M. Canabies.

C'est cela, monsieur le juge.

Et qui aurait pu avoir usage de ces médicaments

dangereux?

Vous mèneriez votre enquête, monsieur le juge.

Mais vous apprendrez qu'il se murmure

que M. Canabies aurait possiblement

empoisonné son mari avec sa substance.

Je ne fais que relier des rumeurs.

Ce qui n'est pas dans mes habitudes,

il n'a n'importe que vous sachiez.

Une information contrix est donc ouverte,

confiée au juge Lossu.

Amissaire, vous allez commencer par

déligenter une perquisition

au domicile des Canabies.

Vous vous concentrerez sur les médicaments

qu'ils détiennent.

Ensuite, vous convocrez M. Canabies en rillettes

et vous l'entendrez au sujet des ordonnances.

La tête d'en rillettes

quand elle voit la police débarquer chez elle

pour une perquisition.

Perquisition qui d'ailleurs ne donne rien.

Et là, voilà donc face au commissaire.

Je vous implique, madame.

Asseyez-vous.

Merci, commissaire.

Depuis, pour vous.

Eh bien, madame,

il s'avère que l'un de vos employés

s'est présenté à quatre reprises

dans des pharmacies de la ville,

avait des ordonnances

pour des produits disons

dangereux,

pour le moins dangereux

dans des quantités disons inhabituelles.

Etiez-vous au courant de cela?

Oui, je le reconnais, M. le juge.

J'étais au courant.

Et je dois dire que dans cette affaire,

j'ai été dupé.

Dupé.

Expliqué.

Voilà.

Quand mon mari était au même âge,

le pauvre,

j'ai trouvé dans son courrier

une enveloppe avait marqué confidentielle.

Elle maturait le membre

puisqu'il ne pouvait pas le faire lui-même.

Je l'ai ouverte.

C'était une lettre du docteur Gaube

que nous connaissons,

accompagné d'une ordonnance.

Il disait qu'il devait faire

des expériences avec ses étudiants

et il demandait un service à mon mari,

c'est-à-dire d'aller prendre pour lui

les médicaments prescrits sur l'ordonnance

qui était jointe à la lettre.

Et j'ai demandé à M. le mystique

de le faire.

Voilà tout.

Et le docteur Gaube,

il est venu chercher les médicaments?

Non.

C'est un homme qui est venu les récupérer pour lui,

un homme que je ne connaissais pas.

Et l'opération s'est répétée

trois fois.

Je n'aurais pas dû

faire cela pour rendre service au docteur Gaube.

Je me rends compte que

je suis mis dans la difficulté.

Le commissaire lui demande

si elle a conservé les lettres.

Malheureusement, elle les a déchirées

et jetées.

Bien, maintenant, il faut aller vérifier ça

auprès du docteur Gaube.

Mais enfin, vous voyez bien

que ces ordonnances sont des fausses.

Que ça n'est pas mon écriture.

Enfin, vous voyez bien que M.

Cannabi les a rédigérées même,

ces ordonnances.

Et elle veut me faire porter le chapeau.

Alors que je n'y suis pas rien.

Et pourquoi

aurait-elle fait cela?

Mais enfin, au même moment,

son mari était gravement malade.

Sa bras réclaire.

Elle a empoisonné

avec les substances obtenues

par une fausse ordonnance en mon nom.

Et pourquoi

vous accuse-t-elle vous?

Et bien, je pense que c'est une manipulatrice.

A ce moment-là, le juge décide

de s'intéresser à Pierre Rabot.

Vous savez, l'ami des mille,

la seule qui outre sa femme et sa mère

était autorisée à entrer dans la chambre.

Henriette dit

que c'est l'un de ses amis d'enfants

et que son mari l'apprécie beaucoup.

Lui aussi,

peut-être l'empoisonneur.

Ou alors,

accomplisse Henriette.

Quelle est la vraie nature

de vos relations

avec M. Cannabi, M. Rabot?

De la sympathie,

une infection, je dirais, quasi

fraternelle,

mais j'ai aussi

une grande amitié pour Émile.

Et de vous, certain que vous n'avez pas

une liaison

avec M. Cannabi.

Ah, mais totalement!

Qu'est-ce que vous allez imaginer?

Ils m'ont, sans doute.

Tout un tas de personnes affirment

qu'ils sont amants.

Et le concernant, l'un des médecins

venus voir Émile pendant sa maladie

raconte une scène

étonnante.

Quand je suis en retrait dans la chambre,

ce monsieur tenait la main de M. Cannabi

et lui prenait le pou.

Un peu comme quelqu'un

qui s'intéresse au phénomène de la maladie.

Alors qu'il n'est pas médecin.

Vérifia-t-il

que le poison faisait son effet?

Pour lui-même?

Ou pour le compte de son ami

Henriette.

Quoi qu'il en soit dans sa clinique,

Émile Cannabi va beaucoup mieux.

Il est peut-être temps de l'interroger.

Soupçonne-t-il quelqu'un

d'avoir voulu l'empoisonner?

Sa femme Henriette, par exemple.

Ce sont des calomnés.

Henriette n'y est pour rien.

Et notre ami Pierre Rabaud non plus

puisque j'ai appris que vous le soupçonnez.

Il n'y a pas de problème

entre vous et votre épouse.

Enfin, nous sommes mariés

depuis 18 ans.

Je peux vous dire que la harmonie

règne dans notre ménage

et que notre vie commune

est sa nuage.

Là-dessus,

le père d'Henriette

reçoit une lettre anonyme

et une deuxième, deux jours plus tard,

un corbeau

qui s'accusent d'avoir envoyé

un accord.

Je m'excuse pour les désagréments

engendrés auprès de Mme Henriette Canabie

et affirme avoir agi

dans le seul but de compromettre

le docteur Gaube

avec lequel j'avais un compte

à régler.

Il rend bien service à Henriette

ce corbeau.

Il lui rend plus service

en tout cas

que Julie Lalanne,

l'une de ses bonnes.

Je peux dire

que quand Mme a servi son chocolat

le matin où il est tombé malade,

M. a dit

que le chocolat avait un goût détestable

et il s'approuvait bien qu'il avait été

emboisonné.

Et combien de temps après avoir

bu ce chocolat,

M. Canabie a-t-il commencé

à se sentir mal?

Il est juste après

et là j'ai pas bien compris

parce que plutôt que d'appeler tout de suite le docteur,

Mme a fait venir M. Rabot.

Pourquoi qu'elle a pas fait venir le docteur

d'abord?

Je sais pas.

La même domestique

fait part de ses doutes concernant

des multiples ordonnances de liquide

folleur qu'elle a été amenée

à aller retirer en pharmacie

pour le compte de sa maîtresse.

Une fois je lui ai dit

comment ça se fait qu'il faut

que je cherche notre flaconte de liquide

folleur alors que je vous en ai déjà pris

il y a quelques jours.

Elle m'a dit

que c'est Mme Canabie mère

qu'il avait renversé.

Je l'ai pas cru.

Et en plus elle m'a demandé de pas me parler

de Mme Canabie mère.

Moi,

je crois que la vérité

c'est qu'elle a tellement utilisé

de liquide pour empoisonner M. Canabie

qu'elle en avait plus.

Bref, la domestique pense que sa maîtresse

a empoisonné son mari.

En attendant peut-être plus

après 4 mois d'instruction

Henri et Canabie est mis en examen

pour faux et usage de faux

autrement dit pour les ordonnances.

Pour l'empoisonnement

le juge manque encore de preuves

mais il a demandé

une expertise chimique à un spécialiste.

Il espère que l'expert

va l'aider à prouver l'empoisonnement

et

il est un peu déçu.

Nous avons

procédé à des analyses chimiques

à partir des prélèvements

effectués sur M. Canabie

d'ongles, de poils de barbe

de cheveux

et d'urine.

Nous n'avons trouvé aucune trace

de digitaline

ni d'agonitine.

Ce qui en soi n'est pas étonnant

ce sont des substances

qui sont quasi indétectables.

Ça ne nous aide pas beaucoup

ça docteur.

Attendez, en revanche

nous avons trouvé

un taux relativement élevé

d'arsenic dans les cheveux

et dans les ongles.

Ce qui à notre sens

pourrait résulter

de l'absorption à forte dose

de l'icard de Fowler.

Donc l'hypothèse de l'empoisonnement

à l'arsenic reste ouvert.

À côté de ça, le juge a missionné

un médecin légiste, le docteur Land

qui est allé voir

Emile Canabie à la clinique

où il est en train de se remettre.

Oh, il souffre actuellement

de polynédrite.

Ce qui peut se revenir

après certains empoisonnements

mais aussi

après une maladie infectieuse.

Donc vous ne pouvez pas

conclure qu'il y a eu

un empoisonnement.

Et de même concernant l'arsenic

on a cette détectée

d'étoiles normalement élevées d'arsenic

40 mg par kilo

dans les cheveux

et 25 mg par kilo dans la barbe.

Mais

sachant que M. Canabie avait pour habitude

de consommer régulièrement

de l'icard de Fowler à petite dose

et on peut pas assurer qu'il a été victime

de l'intoxication à l'arsenic

et pour la digitaline

et la conitine.

Je ne pense pas que M. Canabie en est ingéré

l'empoisonnement de ces médicaments

principalement la conitine

aurait conduit à la mort

à coupsus.

Autrement dit docteur

vous concluez que nous n'avons pas

de preuves de l'empoisonnement.

En notre âme et conscience

M. le juge

effectivement

nous ne pouvons pas conclure cela.

Le juge est bien arbitré

ou oui Henriette a fait

de fausses ordonnances

des experts en écriture

viennent de dire que c'est elle qui les a écrits

comme c'était la coussure

qui a écrit les lettres du corbeau

mais pour l'instant

il n'a aucune preuve qu'elle a empoisonné

son mari.

Si ça continue

il ne va pas pouvoir l'inculper pour

empoisonnement. D'autant que face à lui

Henriette ne lâche à rien

ni sur les fausses ordonnances

ni encore moins sur l'empoisonnement.

Je n'ai pas fait de fausses ordonnances

quoi qu'en disent vos experts

je ne connaissais pas

l'écriture du docteur Gaube

ni sa signature

je pouvais pas chercher à limiter

mais enfin madame

nous avons trouvé chez vous des cartes postales

que le docteur Gaube vous a envoyé

une fois qu'il était en vacances

vous connaissiez donc son écriture

mais ces cartes n'ont fait que passer

sous mes yeux

je ne me suis pas intéressé à l'écriture

il n'empêche

que je suis fondé à penser

que vous avez rédigé

ces ordonnances

d'un but

criminel madame

mais il me semble que mon passé plaide

pour moi

je suis une honnête femme

la liqueur de folheur

vous dites qu'il vous arrive

à consommer vous-même

et votre mari aussi a des doses

infinitesimales

je vais demander à un expert

de procéder à des analyses

sur vos propres cheveux

l'expert lui prélève donc

une mèche de cheveux

et ses conclusions pour le coup

réjouissent de cheveux

on ne trouve dans les cheveux de madame

canabi

qu'une dose extrêmement faible d'arsenic

de l'ordre de

100g par kilo

son mari, en revanche

présente un taux d'arsenic

40 fois supérieur au sien

est-ce que ça n'est pas la preuve

qu'elle a fait absorber à son mari

des flacons entiers de liqueur

sur cette base

le juge la met en examen

pour empoisonnement

et il en voit en prison

madame canabi

une bourgeoise et charton

il est courageux

ce juge

mais va-t-il être suivi

par la cour d'assises?

le procès d'Henriette canabi

s'ouvre en mai 1906

devant la cour d'assises de Chiron

comme toujours dans ces années-là

il y a beaucoup de monde sur les bancs

et notamment l'illustre écrivain

bordelé François Montriac

qui va tirer de cette histoire

l'un de ses livres les plus célèbres

Thérèse Desquéo

Henriette entre dans le box sans larmes

couvrant son visage dans Mouchois

il y a aussi des journalistes parisiens

l'affaire est intéressante

une bourgeoise de 39 ans

mariée depuis 20 ans

excellente mère de famille

accusée d'avoir tenté

d'empoisonner son mari

Émile Canabi leur a escapé

s'avance à la barre

il est venu avec leurs deux filles

de 14 et 15 ans

n'avez-vous pas pris ce matin-là

un chocolat dont vous vous êtes plein

à la bonne

non

je ne me suis pas plein

la bonne a menti

alors de quoi résulte

la paralysie qui vous a affecté

pendant des mois

une simple fatigue

et l'arsenic

trouvé dans vos cheveux

une conséquence de mon habitude

à prendre de la liqueur de folie

il est victime

et il dédouane sa femme

tout comme sa mère d'ailleurs

mes accusations

portaient contre ma belle fille

sont tout à fait fausses

ils aiment dans la bouche

du père d'Henrienne

les lettres et les fausses ordonnances

n'ont rien de l'écriture de ma fille

puis viennent les médecins

qui ont soigné Émile Canabi

on attend beaucoup de...

je ne peux rien dire

au regard du secret professionnel

je vous demande

docteur

de lever le secret

je ne peux pas le faire

enfin c'est un secret absolu

mais peu importe

le président maintient

qu'Henriette a empoisonné

Émile

il n'y a certes pas de digitalin

et d'inconitine dans le corps de M. Canabi

mais enfin il a vomi

c'est une explication

je crois madame

que vous avez empoisonné votre mari d'abord

avec la liqueur de folie

et que sans résultat

vous lui avez fait agérer les autres médicaments

dont il serait mort

si il n'avait pas vomé

c'est ce qu'on appelle

un président neutre

le procureur se lève

M. Canabi nous dit que sa femme

n'est coupable de rien

car il ne veut pas que ses enfants

soient les filles

d'une âme poisonneuse

mais il y a

ces énormes quantités

d'un cynique

relevé par les experts

et les ordonnances

qui ont permis l'acquisition des poiseaux

sont la preuve

absolue d'un crime

prémédité

un verdict

d'Akitma

ce serait un verdict

de défaillance

et enfin

mettre pire en cave

l'avocat d'enriette solaire

quand un chef de famille

nous présente comme la victime d'un crime

vient vous dire qu'il ne croit pas au crime

et que sa femme

est innocente

est-ce votre droit d'avoir

une autre conception

de son intérêt

il va de soi

quitterait

ma cliente

et elle est

acquittée

de l'empoisonnement

elle n'est condamnée qu'à 15 mois de prison

et sans fondament

pour les fausses ordonnances

un détail intéressant

juste après sa sortie

de prison

elle et son mari

est-ce que ça n'est pas le signe

qu'il la croit finalement

ou pas

j'ai tiré cette histoire du livre

d'Anique le Douger

deux empoisonneuses bordelaises

aux éditions La Geste

et le lauteur d'autres livres

que vous trouverez sur son site

www.europeint.fr

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

En avril 1905 à Bordeaux, Émile Canaby, négociant en vin tombe malade. D’abord pris de vomissements, il devient totalement apathique, incapable de bouger ni les jambes ni les bras.  Son médecin lui diagnostique une grippe infectieuse.