Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Henriette Canaby, arsenic sur ordonnance - Le débrief

Europe 1 Europe 1 3/7/23 - 11m - PDF Transcript

Sinon, Martin, quelque chose d'intelligent à dire sur la liberté?

Eh bien monsieur, c'est Tom à Seattle Ibiza, à partir de 179 euros par mois,

disponible en stock, sans apport et surtout sans engagement.

Euh, Martin...

On peut parler d'Aristote, si vous préférez le même.

Découvrez-la lors des journées portes ouvertes les 11 et 12 mars sur votre distributeur Seattle.

Seattle Ibiza copane, pays 80 chevaux, remise de 5000 euros d'édite.

LLD, 37 mois et 30 000 km sous condition d'acceptation par Volkswagen Bank.

Tout moi, comme on s'est édu.

Offre à particulier sans engagement,

commande jusqu'au 31 mars, livrés avant fin août 2023 selon stock.

Conditions sur Seattle.fr

Pour les trajets courts, privilégiez la marche au lavelo.

Pour commenter son histoire du jour,

Christophe Fondelatte reçoit un invité, acteur direct de son récit.

Je vous ai raconté l'histoire d'enriette Canabie accusée en 1905 à Bordeaux

d'avoir empoisonné son mari Émile

et qui n'est finalement pas condamné.

Histoire écrite en grande partie à partir du livre de l'historienne du Crémanique,

le doujet qui est là avec moi,

deux empoisonneuses bordelaises aux éditions La Geste.

Annick Le Doujet, vous êtes historienne,

plutôt spécialisé dans les histoires criminels de Bretagne,

mais vous vous êtes un peu égaré jusqu'à Bordeaux dans ce livre.

La toute fin est quand même très spectaculaire, c'est-à-dire.

Elle ouvre l'hypothèse que son mari finalement la croit coupable,

mais qui ne l'a pas dit et qui l'a donc contribué à l'innocenté.

C'est vrai. Effectivement,

comment dire, il a servi de bouclier pour que son épouse ne soit pas touchée

par l'infamie et sa famille en particulier,

ses enfants ne souffrent pas de sa culpabilité

et d'une peine de prison trop lourde et même d'une peine capitale,

puisque la peine capitale est encourue pour le crime d'empoisonnement,

même si la victime a survécu.

Pourquoi est-ce qu'elle ne dit pas qu'elle est coupable devant les juges et les jurés?

C'est donc pour que son honneur ne soit pas salée.

Bien sûr, cela fait partie des valeurs de la bourgeoisie bordelaise.

Et d'ailleurs, c'est la question d'honneur, de respectabilité.

Il faut tenir son rang et une peine infamante qui suivrait un procès

et serait un drame pour ses familles-là.

Donc on se tait et on règle son problème entre soi.

Oui, puis il y a la présence des gamines quand même, 14 et 15 ans.

Elles sont là au procès, ce qui est assez rare.

Et évidemment, on ne peut pas dire devant sa fille,

devant ses filles, votre maman a voulu me tuer.

Bien évidemment, ces deux petites-là, comment dire, elles souffrent,

elles voient leur famille détruite déjà

et l'idée de perdre leur mère qui les chérissait doit être insupportable.

Votre sentiment à vous, Annick Le Douger,

c'est après votre travail de recherche, ce qu'elle était coupable?

Oui, oui, oui. Pour moi, elle est coupable.

En fait, elle s'est montée un scénario à posteriori pour se défendre

et elle s'est drôlement bien défendue.

Et avec, à niveau de langage soutenu également, ce qui est assez impressionnant.

Mais non, pour moi, cela ne se fait pas de doute.

Et je pense que le mari, en attendant une procédure de séparation de corps,

il n'avait pas de doute non plus, il ne croyait pas en son innocence.

Et d'ailleurs, c'est lui qui obtient la garde des filles?

Bien sûr. C'est parce qu'en fait, il a pensé dangereuse pour lui, pour ses filles.

Il refuse de reprendre la vie commune avec celle qui a détruit sa famille.

Donc cette séparation qui est prononcée le 4 décembre 1906,

c'est une façon d'exclure de leur vie en rillettes.

Alors si le crime d'empoisonnement a eu lieu, qu'elle pourrait en être le mobile?

Vous savez que j'écoute une de dire dans mes interviews qu'il n'y en a que deux.

L'amour, en général, le sexe ou l'argent? Et là, c'est l'argent.

Alors les juges ont soupçonné que la cupidité est pu être l'un des motifs

pour guider sa main criminelle dans la mesure où elle aurait pu vivre avec son amant.

C'est ce qu'elle espérait. Pierre Habeau pour avoir une vie de grande bourgeoise,

de grande rentière en fait. Mais l'amour est sans doute sa passion amoureuse.

La dépasse, et je pense que c'est peut-être ça, enfin c'est mon intime conviction à moi,

qui lui fait perdre tout sens des réalités et même tout sens moral.

On pourrait presque parler d'anesthésie morale.

Les nouveaux horizons que lui ouvre, son amant la veugle, alors elle veut se libérer de son mari.

Et le poison, c'est en fait l'arme d'une femme calculatrice qui veut se défaire de son mari

pour épouser son richement, pour lui ouvrir de nouvelles perspectives dans sa vie.

Voilà, c'est mon idée.

L'amour est riche, mais en revanche, Émile Cannabine n'est pas riche.

En revanche, il a pris une assurance sur la vie.

Oui, mais donc les sommes qu'elle pourrait récupérer sont relativement importantes, bien sûr,

mais qui serait quand même...

Un peu court pour être rentière.

Elle pourrait en fait, elle aurait certainement plus à gagner avec Pierre Habeau,

qui est riche et non seulement qui est riche, qui a une vie culturelle, très riche,

une vie mondaine qui fascine Henriette.

Et ça, ça compte autant que l'argent pourrait, je pense.

D'autant qu'elle n'est pas fauchée non plus.

Et là, un petit pécule quand même.

Oui, elle a un petit pécule.

De toute façon, l'ornigosse de vin était une affaire rentable.

Elle a du bien, mais elle voudrait peut-être en avoir encore plus,

mais surtout, elle voudrait avoir une vie de rentière.

Alors cet acquittement, quand même, est aussi le résultat des difficultés,

des expertises scientifiques au début du XXe siècle.

C'est un recondement d'un des experts de répondre à des questions

auxquelles, finalement, ils ne peuvent pas répondre.

Oui, c'est vrai que cela traduit bien toutes les difficultés du temps,

mais il faut savoir également qu'à l'époque,

il y avait un grand nombre d'acquittements.

On en compte à peu près un tiers sur cette période,

un tiers des procès qui se terminent par un acquittement.

Vous voyez, c'est énorme.

Et quand il s'agit d'une femme accusée, alors là,

on arrive à 60% d'acquitter dans ces années-là,

début du XXe siècle.

Oui, donc il y a plus de...

On se sent plus porté à pardonner une femme qu'un homme.

Oui, oui, et ça, c'est général.

Au cours du XIXe et même au cours du XXe siècle,

ici, Henriette avait su jouer de ses larmes,

de ses malaises, sans doute,

dont on peut penser qu'une partie d'entre eux était faim.

Mais cela a suffi à convaincre le Jury,

un Jury composé de 12 hommes.

Les femmes n'avaient pas accès au tâche de jouer à cette période.

Alors donc, c'est cette histoire qui inspire

à François Moria, qui assiste au procès,

son livre Thérèse d'Esquéroux.

Et donc, lui, il imagine la suite.

C'est-à-dire qu'elle est accusée, elle est coupable,

il le pense comme vous.

Et donc, il imagine qu'elle va, en quelque sorte,

confesser son crime à son mari.

Oui, effectivement.

C'est la trame du livre de Moria.

Il va sublimer le crime de son héroïne empoisonneuse.

Il va le purifier de toute bassesse, de toute calcul.

Or, les préoccupations d'Henriette, on le voit,

sont autres.

Elle est engbourbée dans un triangle amoureux.

Et elle est un milieu de cette aspiration à la pureté

que fait valoir François Moriaque.

Oui, en gros, Moriaque envisage

qu'elle lui révèle le crime,

pas pour qu'il lui pardonne,

mais pour qu'il s'intéresse enfin à elle.

Oui, c'est vrai, c'est vrai.

Mais ici, on n'est pas du tout dans ce même processus,

avec l'affaire Canabien,

mais c'est pas le cas d'Henriette.

Mais tout de même, est-ce que Henriette

est une femme qui est aimée par son mari?

Sans doute pas.

On sent bien la bourgeoise qui s'ennuie,

probablement parce que son mari travaille beaucoup

et qu'elle a d'autres aspirations.

Oui, effectivement, il se déplace beaucoup.

Il est peut-être attaché plus

à l'aspect matériel de la vie

que ne l'est Henriette. Henriette, c'est une femme

une intellectuelle brillante

dans les salons du tout Bordeaux.

C'est une femme qui est en même temps

une grande artiste.

Elle peint, elle chante

et ces moments de loisir sont consacrés

à la poésie et la littérature, vous voyez.

Elle n'a pas du tout le même profil

que son mari.

Mais le couple a tenu quand même

18 ans sans en bûche de moi,

sans en bûche connu.

Merci pour ce livre.

En tout cas,

Annick Le Douget

qui comprend, je conseille vraiment

à tous ceux qui s'intéressent

à ce genre d'histoire de le lire.

Il s'appelle

« Deux empoisonneuses bordelaises

aux éditions Lagesse ».

Parce qu'il y a dedans,

vous avez repris la totalité des articles

écrits à l'époque

et notamment par un journaliste du Figaro.

Il y a des moments absolument délicieux

et notamment un dans lequel

le journaliste du Figaro

dit que cette femme est l'aide

et que d'une certaine manière,

elle ferait bien d'être condamnée

pour sa lettre.

Merci beaucoup, Annick Le Douget,

« Deux empoisonneuses bordelaises éditions Lagesse ».

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

En avril 1905 à Bordeaux, Émile Canaby, négociant en vin tombe malade. D’abord pris de vomissements, il devient totalement apathique, incapable de bouger ni les jambes ni les bras.  Son médecin lui diagnostique une grippe infectieuse.