Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Hélène Jégado, l’empoisonneuse - Le récit

Europe 1 Europe 1 10/4/23 - 29m - PDF Transcript

Je vais vous raconter une histoire mythique, celle de la plus grande tueuse en série de l'histoire de

France, Hélène Gégado. Là, Gégado, comme on disait à l'époque. Elle a sévi au XIXe siècle,

en Bretagne, et son truc à elle, c'était l'arsenic. Et il a fallu beaucoup, beaucoup de morts jusqu'à

ce qu'elle soit arrêtée, jugée et guillotinée. Certains historiens lui attribuent soixante dix

victimes. La réalisation de ce récit est signée Céline Le Bras.

Europain, Christopher Delat.

Je vous propose de monter dans la machine à remonter le temps. Allez-y, asseyez-vous et de

vous téléporter, Harene, en Bretagne, un matin de juillet 1851, dans le quartier du palais de

justice. Vous voyez les deux messieurs-là qui dodent lignes vers le palais en faisant de grands

gestes. Ce sont des médecins. Le docteur Aristide Guillaume et son distingue et confrère, le docteur

Pino. D'après ce qu'on dit, ils vont voir le procureur. Il paraît que c'est urgent, très urgent. Une

servante de 19 ans qui serait morte dans d'étranges circonstances. Venez, venez, suivons-les

discrètement. Allez savoir si cette histoire n'est pas l'affaire du siècle. Ça vaut la peine de faire

la petite souris dans un coin.

M. le procureur, nous voulons vous voir concernant l'une de nos patientes, Rosalie Sarasin.

Elle était servante chez M. Théophile Billard de la Noël. Vous le connaissez sans doute. Il y a un mois

environ, ça a commencé par des vomissements après un repas et ensuite elle a dû garder l'île.

Et elle est morte. Et elle est morte ce matin même, M. le procureur. D'hommes, d'atroces, souffrances.

Merci de malheurter, docteur, mais en quoi cela me concerne-t-il ? Une maladie sans doute.

Ah, mais ce n'est pas la première, M. le procureur. Il y a quelques mois, dans la même maison,

une autre servante qui s'appelait Rose est mortelle aussi, dans les mêmes circonstances.

Pour tout dire, M. le procureur, nous soupçonnons l'ingestion d'une substance irritante et toxique.

Vous voulez des renampoisonnements ? C'est la même, M. le procureur, un empoisonnement.

Et pourquoi, diable, ne m'avez-vous pas alerté à la première mort ? Eh ben,

parce qu'un monsieur Bidard de la Nouais, qui est professeur de droit à la faculté de Rennes,

qui est un spécialiste de criminologie et qui est ancien substitut du procureur du roi,

on s'est dit, ce n'était pas le genre à empoisonner une servante. Alors nous avions

somgé aussi à la cuisineur, Mme Gégadeau, mais elle est extrêmement dévote. Elle s'est montrée

d'un dévouement sans faille. Elle a assisté le malade jusqu'au dernier instant. Mais là,

voyez-vous, même M. Bidard de la Nouais s'est montré très inquiet. C'est pourquoi,

nous sommes ici, M. le procureur. Eh bien, messieurs, et si nous avions sur place, hein ? Qu'en pensez-vous ?

Le procureur embarque au passage le juge d'instruction et les voilà qui débarquent chez M. Bidard

de la Nouais, qui est château brillant. Et c'est une vieille servante qui le roue. Petite, bien

anche-faire, à Célède, avec un tablier à la propriété disons douteuse et une coiffe sur la tête.

Bonjour, Mme. Nous voudrions voir votre maître, hein ? Dites-les que le procureur est là et aussi un juge.

Oh ben, je suis inocente ! Pardon ? Mais il nous sente de quoi, Mme ? Et d'abord, comment vous

appelez-vous ? Je m'appelle Hélène, Hélène Gégadeau. C'est-elle l'héroïne de notre histoire ? Et surtout,

ne vous fiez pas ses allures de mamie typiaque, hein ? Pirate ! Le juge fait immédiatement fouiller la

chambre de cette Hélène Gégadeau. Dites-moi, Mme, d'où vient tout cela, dont j'observe que les marques

distinctives qui sont en général les initiales du propriétaire ont disparu ? Oh ben, je dirais jusqu'à

la mort que je n'ai point volé, hein ? S'il y en a un qui m'accusent, il m'en, il m'enjolie,

hein ? Tout ça me vient de ma famille !

Jusqu'à ce moment, pas sûr, car un quart d'heure plus tard, elle passe aux aveux. Oui,

elle a volé ce lage chez ses différents employeurs. Alors fort de ce premier succès,

le juge ordonne une foule complète de la maison. Et elle est là, la vieille,

et elle les suit dans chaque pièce, et elle les aide tant qu'elle peut. Et à un moment donné,

elle leur tente une petite bouteille à moitié vide. Moi aussi, mais bon messieurs, j'en ai but de

cette bouteille. Le juge la regarde interloqué. Mais but de quoi ? On n'a pas encore parlé de poison.

Alors pourquoi vouloir innocenter cette bouteille ?

L'autopsie du corps de la jeune Rosalie Sarasin a lieu la nuit suivante.

Si j'observe l'inflammation de l'estomac et, par ailleurs, la couleur des rânes,

je dirais sans grand risque de me tromper que cette jeune femme a été empoisonnée.

Entendu, docteur, entendu, mais empoisonné avec quoi ?

Ah, ça, monsieur le juge, pour le savoir, ça va me prendre un peu de temps. Je dirais quelques semaines.

En attendant, le jugeypolis de Vanier poursuit son enquête. Il interroge les voisins.

Oh, bah c'est une saclée méchante ! Il est borné avec ça.

Et il va voir les commerçants du quartier.

Le gégadeau ! Oh, oh ! Fais une bigote ! C'est rien qu'une bigote arriélée !

Rassurez-vous, le juge n'est pas dupes. Il fait la part des choses.

La gégadeau est une paysanne du morbillant. Elle parle mal le français.

Il y a du racisme chez ses citadins de Reine. Une sorte de racisme, tout, ses comérages,

il n'en a rien à faire. Lui, ce qu'il lui faut, c'est du concret.

Et du concret, il finit par en avoir. D'abord, ses vols de linge.

Il en a eu chez tous ses anciens patrons. Donc la gégadeau est une voleuse, doublée d'une ivrogne.

Quand elle était au service d'un monsieur rabot, elle a siphonné quatre-vingt litres de bourgogne.

Sacrée, descente ! Mais il n'y a plus grave. Autour d'elle, il y a eu d'autres mortes.

Outre Rose, Rose Tessier et Rosalie Sarazin. Le juge vient de découvrir l'étrange mort d'une certaine

pérotemassée. Une employée de l'auberge le bout du monde de Reine, où la gégadeau travaillait aussi.

Et de trois.

Faites examiner le corps de ces deux femmes. Et faites pratiquer une autopsie, qu'on sache ce

qu'il aurait arrivé. Résultat empoisonné toutes les deux.

Il devient assez urgent de reconstituer la carrière de la mère gégadeau. Si ça se trouve, il y en a d'autres.

Le juge se rend en personne à l'auberge du bout du monde, sur la place Saint-Michel de Reine.

On l'appelle comme ça parce qu'au Moyen-Âge, on y traînait les criminels pour les torturer et les

exécuter. Leur monde s'arrêtait là.

L'auberge est tenu par un certain Louis Roussel. Mais la patronne, la vraie, c'est sa mère,

Mme Roussel, 70 ans. Vous venez me parler de la gégadeau ? Je l'ai engagé comme cuisinière en 50.

Mais les clients se sont pleins. Elle était sale. Et puis, elle sentait le tabac,

une alcool. Alors, j'avais prévenu que j'allais lui chercher une remplaçante.

Deux jours plus tard, M. le juge, elle m'a fait un potage. Je suis tombé malade comme un chien.

Dévomissement. Les mains et les pieds comme paralysés. Alors, je me suis trouvé, cloué au lit.

Et pour la remplacer, j'ai engagé Pérot Massé. Et tout de suite, ça s'est mal passé avec la gégadeau.

En quelques semaines, elle aussi a été prise de vomissement. Alors le docteur Cressper a venu.

Et il n'a pas trouvé de remède. Et la Pérotte a failli mourir. Et Mme Gégadeau,

vous l'avez renvoyée ? Parce que vous l'as soupçonné de quelque chose ?

Ah, point du tout, point du tout. J'ai donné son congé parce qu'elle m'a volé du vin.

Et c'est à ce moment-là qu'elle aîne Gégadeau entre au service de M. Bidard de Lanoé.

Sur les conseils de sa femme de chambre, Rose, qui travaillait pour lui depuis 14 ans.

Mais avec Rose aussi, ça se passe mal. La gégadeau ne la supporte pas.

Et un matin, Rose commence à se plaindre de colic et de vomissement.

Le docteur lui prescrit de l'eau de celtes.

Et ce jour-là, vous savez ce qu'elle a dit à l'épicière de la gégadeau ?

Elle a dit, je ne sais pas quelle est l'âne qui soigne la pauvre Rose,

mais ici, qu'on n'est pas. Elle a dit, elle ne s'en relèvera pas.

Et elle a ajouté, j'ai déjà vu mourir tout pareil, une bonne à l'auberge du bout du monde.

Et je joueuse avec ça.

Et donc, à la mort de Rose, M. Bidard de Lanoé doit se chercher une nouvelle femme de chambre.

Et il charge la gégadeau de la choisir.

Mais très vite avec elle non plus, ça ne se passe pas bien du tout.

La gégadeau la trouve bête et effaignante.

Et la nouvelle tombe malade.

Des problèmes digestifs et les mains et les pieds qui enflent.

Alors celle-là, s'en est sortie, mais parce qu'elle a démissionné.

Et c'est là que M. Bidard de Lanoé embauche Rose Allie.

Rose Allie Sarazin, qui ne manque pas de qualité.

D'abord, elle est jeune, elle est très jolie et surtout, elle sait lire et écrire.

Et du coup, Bidard de Lanoé lui confie la liste des courses et la comptabilité.

Et l'autre, la gégadeau, ça la met dans un état de rage, de jalousie.

D'après un témoignage recueillie par le juge, elle aurait dit à une commère du quartier.

Oh, cette vilaine a tourné la tête d'homme-sieur.

Et moi, à supposer que je sois chassé de ma cuisine.

Rose Allie partirait peut-être bien avant moi.

Vomissement, fièvre, la pauvre Rose Allie n'a pas passé la nuit.

Et s'il y en avait eu d'autres.

Fin juillet, le juge reçoit une lettre du procureur de la République de Pontivy dans le Morbillon.

M. le juge, ayant été alerté par des citoyens,

sur une certaine Ellen Gigatou, qui fait actuellement l'objet d'investigation dans votre ville de Rennes,

je voudrais vous signaler certaines affaires de mon arrondissement qui pourraient être liées.

Des faits auxquels s'est trouvée Mellé une domestique,

portant aussi le prénom d'Ellen.

Et il ajoute qu'il ne sait pas son nom,

mais que son Ellen est né à Plouinec près de l'Orient.

Et vérification faite, Ellen Gigatou est bien né en 1803 à Plouinec dans le Morbillon.

Il y en a eu d'autres donc, il y a eu d'autres victimes.

Son confrère du Sud de la Bretagne parle de dizaines de cas.

Mais ces affaires du Morbillon sont toutes prescrites, elles sont trop anciennes,

mais elles ne sont pas inutiles, elles vont permettre d'en apprendre sur cette femme,

et son histoire, vous allez voir, n'est pas un compte de fait.

La petite Ellen perd sa maman toute jeune à 7 ans,

et son papa, qui est un paysan qui loue sa terre, la confie à des tentes dans le béry.

Et les tentes, quand elle a 7 ans, la placent comme bonne chez un curé,

le curé de bubri dans le Morbillon.

À 7 ans, la petite Ellen se trouva récurée, à faire la lessive, à éplucher les pommes de terre,

et c'est pour ça qu'elle ne sait ni lire ni écrire, elle n'est pas allée à l'école,

et ensuite, elle enchaîne les curés.

Et vous noterez qu'à l'âge de 20 ans, en 1833 déjà,

elle se fait renvoyer par le curé de Séglien, toujours dans le Morbillon,

qui lui reproche de se livrer à la boisson de façon immodérée.

Et je peux vous dire qu'immodérée dans la Bretagne de l'époque, c'est beaucoup, c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup.

Qu'importe, elle trouve un autre curé, à guerre, à 13 kilomètres, l'abbé le drogo.

Quand elle arrive chez lui en juin 1833, 4 personnes vivent au presbyterre.

L'abbé, son père, sa mère et la servante.

Plus de autres femmes qui viennent travailler et manger, mais qui n'habitent pas là.

4 mois plus tard, il n'y a plus qu'un seul survivant.

Hélène, tous les autres sont morts, tous, y compris le curé.

20 ans.

Du coup, l'agégado doit se trouver un autre curé, et la nouvelle est qu'à tombe,

partout où elle passe, à orer, à l'octminer, à pontiver, les gens meurent dans d'attroces souffrances.

Et à chaque fois que commencent les douleurs, elle est vomissement.

Elle est là, elle est dans l'autre avec un dévouement sans limite.

C'est pour ça que jamais on ne l'incrimine.

Il se trouve même un docteur Toussaint, qui pourtant a voulu mourir sous ses yeux toute une famille,

pour la conseiller à ses beaux parents très riches.

Et quelques temps plus tard, Badaboom, les beaux parents sont morts, et ils éritent.

Mais comment se fait-il que personne ne se soit étonné, qu'à chaque fois les autres meurent,

mais pas elles ? Eh ben, parce qu'on a une explication.

Sa foi, c'est sa foi qui la sauve.

C'est une bigote, elle ne manque jamais la messe, et du matin au soir, elle tient dans la main un chapeau liant au bois,

qu'elle égrène au fil de la journée.

Elle croit, en notre Seigneur Jésus-Christ, mais pas que.

Comme beaucoup de paysans bretons à cette époque, elle croit aussi à l'encoût.

A personnage de la mythologie populaire, le serviteur de la mort, qui se met à l'encoût.

A personnage de la mythologie populaire, le serviteur de la mort, qui se déplace de village en village avec sa charrette,

et qui vient chercher les âmes.

Quand on entend grincer la charrette de l'encoût, c'est que quelqu'un va mourir.

Et elle l'entend grincer souvent, Helen.

Bon, ça y est, le Jujipoli de Vanier vient de recevoir le résultat des analyses réalisées par le professeur de chimie Fausta Malaguti,

sur le contenu de l'estomac, des trois dernières bonnes qui ont passé l'armée à gauche.

Et il est formel.

C'est de l'arsenic.

Elle les a empoisonnées avec de l'arsenic.

Mais où se l'était-elle procurée ?

On n'en a jamais retrouvé, ni sur elle, ni dans sa chambre.

Alors pour l'écrim ancien du morbillant, on peut imaginer qu'elle en est trouvée chez les curés,

chez qui elle travaillait.

Car à l'époque, à la campagne, c'est souvent le curé qui conservait les stocks de Morora,

et qui les donnait aux paysans quand ils en avaient besoin.

Et la Morora contient de l'arsenic.

Mais arène en ville.

C'est différent.

Ce sont les pharmaciens qui gèrent les stocks.

Et aucun des pharmaciens interrogés ne lui en a fourni.

Aucun.

Et puis dernière chose à l'approche du procès.

Parce qu'on va la juger, bien sûr.

Quel aurait pu être son mobile pour tuer tous ces gens ?

A l'époque, on appelle l'arsenic la poudre à héritage.

Mais là, elle n'hérite de rien, jamais.

Donc, pas de mobile.

Et pas d'aveu, non plus.

Et des expertises, mais qui valent ce qu'elles valent.

En cette moitié du XIXe siècle, les experts font ce qu'ils peuvent.

Mais ils n'ont aucune certitude.

Il sera toujours possible à la défense de dire que tous ces brave gens sont morts.

Je sais pas du choléra, ou de la fièvre typhoïde, ou de péritonite.

Les symptômes sont les mêmes.

Bref, à la veille du procès,

disons que le dossier du juge vanier est un peu boiteux.

Allez savoir si la vieille ne va pas s'en sortir.

Le procès de la Gégadeau s'ouvre le 6 décembre 1851 devant la cour d'assise de Rennes.

La salle est pleine à craquer.

Les journaux du coin ont augmenté leur tirage.

Et certains ont même augmenté leur prix.

Et si on faisait un sondage dans la salle, je vous le dis.

Ils sont tous certains qu'elle est coupable.

Même si, en vérité, ils ont la tête ailleurs.

Parce que figurez-vous qu'il y a deux jours,

ils ont eu de l'argent,

même si, en vérité, ils ont la tête ailleurs.

Parce que figurez-vous qu'il y a deux jours, deux jours,

on vient de changer de régime en France.

Louis-Napoléon Bonaparte vient de mettre fin,

par un coup d'État, à la 2e République.

Ce qui veut dire que tous les protagonistes de ce procès qui commencent,

sont en train de se demander comment ils vont retourner leur veste ou leur robe.

Ils ont donc la tête un peu ailleurs.

Dans ce procès, c'est l'avocat-général Guyou du Bouddhan,

qui est ancien député et président du conseil général du Morbillan,

qui porte l'accusation.

Et voyez-vous, c'est un fin-létré.

Il a une passion pour le passé simple,

ce qui nous offre des dialogues savoureux avec l'agé-gadeau.

Ne joue à de vous pas chez le docteur Toussaint,

une comédie indécentre, madame.

Pour donner le change, ne mit-vous pas au lit,

et n'appelade-vous pas votre confesseur ?

L'agé-gadeau, qui n'a pas tout compris, ouvre grand les yeux.

Mas, c'est que j'étais pas malade !

Pendant trois jours, le président de la cour d'assises fait défiler les témoins,

les témoins de les catombes autour de l'agé-gadeau.

Et puis il fait venir à la barre le professeur de chimie Fausta Malaguti,

de la faculté des sciences de reine, celui qui a identifié le poison, l'Arsenic.

Quel méthode avez-vous utilisé, monsieur le professeur, pour détecter le poison ?

Eh bien j'ai utilisé un nouvel appareil, venu d'Angleterre.

L'appareil de Marf, qui permet de détecter la présence d'Arsenic dans les corps.

Et c'est ce qui me permet de vous dire avec certitude que les trois femmes

ont été empoisonnées à l'Arsenic.

Son témoignage fait forte impression.

Pour sa défense, Hélène Gégado a enrôlé un jeune avocat,

maître ma gloire d'orange, 24 ans, aucune expérience.

Un puceau de la cour d'assises, et qui plus est républicain,

et dont beaucoup plus préoccupé par ce qui se passe à Paris,

par le coup d'État de Bonaparte, que par cette histoire d'empoisonnès.

D'autant que, pas de chance, son principal témoin, le docteur Baudin,

qui était censé remettre en cause les expertises,

est mort il y a trois jours dans une maricane,

et que le chimiste Raspay, qu'il comptait faire venir pour contester lui aussi les expertises,

vient d'être jeté en prison après le coup d'État.

Bref, il ne lui reste plus que deux témoins, deux médecins,

qui sont censés l'aider à plaider la folie.

Sauf que le premier à comparer à la barre ne l'aide finalement pas beaucoup.

J'ai observé chez elle

que les organes de l'hypocrisie et de la ruse sont extrêmement développés.

Je dirais qu'elle n'est pas malade mentale, non ?

Je dirais que c'est un monstre.

Il n'aide pas à sa défense, il l'enfonce,

et le second médecin témoin n'est pas meilleur.

Il commence par expliquer qu'il n'a pas eu le temps d'examiner l'accusé.

Mais néanmoins si je m'en remporte au fait qu'ils me sont connus,

je tiens cette femme pour intelligente,

mais disons totalement dénuée de sens moral.

Celui-là non plus ne sert pas beaucoup la cause de l'agé cadeau.

Arrive le moment du réquisitoire de l'avocat général.

Placé entre l'avertu et le vice,

Hélène a librement choisi le vice et le crime,

alors qu'elle subisse la responsabilité de son déplorable choix.

Il faut mettre fin à ce désordre et protéger la société,

et donc mettre fin définitivement à sa capacité de nuit.

Il réclame la mort, et dans la foulée,

l'applédoirie de maître d'oranger, assez mauvaise.

Elle est brillante, mais en pratique, elle est totalement inutile.

Il ne cherche même pas à démontrer qu'il peut y avoir un doute.

Il plaît seulement contre la peine de mort.

C'est un très beau geste, plein des belles idées chrétiennes et humanistes.

Mais pour l'agé cadeau, c'est un peu sans effet.

Le président s'adresse ensuite au juré.

Si vous la jugez coupable, remplissez votre devoir avec fermeté.

Et souvenez-vous que pour qu'il y ait justice,

il faut que le châtiment soit proportionné à la faute.

Le 14 décembre 1851, après une récarte de délibération,

Hélène Gégadeau est condamné à mort.

Quand on la sort du palais, il faut faire charger les gendarmes

pour éviter qu'elle ne soit lâchée par la foule.

Son avocat demande une grâce à Napoléon III, rejeté.

Et en soi, le directeur de la prison vient lui annoncer

que son exécution est prévue pour le lendemain.

Il demande au gardien-chef de lui lire le décret.

Elle n'y comprend rien.

Et bah que serait-ce signifiant ?

Que le veut-on encore maintenant ?

Mon Dieu, Hélène,

ça veut dire qu'il faut vous préparer à la mort.

Dans les 24 heures,

l'homogné de la prison la bêtire cela écrit.

Hélène a passé toute la nuit entière à prier.

À 4h30 du matin,

elle a souhaité assister à la sainte-messe.

À 6h30, elle a dû subir la fatale toilette

qui consiste à couper les cheveux, le col et tout ce qui gêne

pour dégager le cou.

Puis, nous nous sommes jacheminés vers le lieu de l'exécution,

arrivés au pied de l'échafaud.

Hélène s'est agenouillée.

Elle m'a remercié des soins que je lui avais donnés.

Elle a prié.

Elle a franchi les degrés de l'escalier fatal

en pleine confiance dans la miséricorde de Dieu.

L'exécution a lieu sur le champ de Mars, Hélène,

devant des milliers de personnes.

Le cou prétend à 7h du matin.

Mais son histoire n'est pas tout à fait finie.

Comme souvent à l'époque,

le corps de la Gégado est immédiatement livré

à la faculté de médecine de Rennes.

On commence par faire un moulage de sa tête en plâtre.

Selon une idée sogrenue qui court à l'époque,

on peut déduire le caractère des gens de la forme de leur crâne.

Et sur le reste de son corps,

les étudiants pratiquent des expériences.

Par exemple, ils envoient des décharges électriques dans son cœur.

Et ils le font battre pendant deux heures.

Véridique, hein, tous les détails sont dans le journal.

Le journal qui fait aussi une sacrée révélation.

La bigote n'était pas vierge, la belle affaire.

Mais enfin, souvenez-vous qu'elle a travaillé pour décurer.

Elle s'étend.

Et puisqu'on parle d'écurer, tiens,

figurez-vous que la bêtière solaire qui a recueilli

ses dernières confidences avant la guillotine,

ça soit dans les jours qui suivent sur le secret de la confession.

Ils prétendent qu'elle lui a tout avoué.

En confession, elle m'a dit ceci, je la cite.

La justice n'a pas connu tous mes crimes.

C'est ce qu'elle m'a dit.

J'ai porté le deuil et la désolation dans de nombreuses familles.

Des jeunes enfants, elle a dit ça.

Des mères qui ont perdu la fille.

Mes crimes sont grands et nombreux.

Je demande à Dieu pardon et miséricorde.

C'est cela qu'elle m'a dit.

Au point où en excurer,

qui s'assoit quand même sur une règle cardinale de l'église catholique,

le secret absolu de la confession,

ma foi, vous êtes libres de le croire ou pas.

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L’histoire de la plus grande tueuse en série de l’histoire de France. L’empoisonneuse à l’arsenic a sévi au 19ème siècle en Bretagne. Il a fallu de très nombreuses victimes avant qu’elle ne soit arrêtée, jugée puis guillotinée…