Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Hélène Jégado, l’empoisonneuse - Le débrief

Europe 1 Europe 1 10/4/23 - 11m - PDF Transcript

Pour commenter son histoire du jour, Christophe Ondelat reçoit un invité, acteur direct de son récit.

Alors Marina Godot, vous êtes historienne, vous êtes historienne vivant dans le Morbillant, pas très loin de Plouinec,

d'ailleurs où est né Hélène Gégadeau, vous avez été amené à travailler sur cette affaire.

Vous y croyez-vous à cette histoire de 70 victimes ? C'est basé sur quoi ?

Alors 70 victimes, c'est surtout basé sur la peu près je veux dire.

On ne connaît pas exactement le nombre de victimes, on est certaine au moins de 27.

D'accord. Sur quels archives on peut travailler ? Sur quels archives avez-vous travaillé vous-même ?

Le problème c'est que les archives, il n'y en a pas beaucoup.

La seule chose que l'on peut vraiment travailler c'est sur le procès d'Hélène qui va effectivement remonter toutes ses accusations et tous ses témoignages.

Par la presse ? Non pas par la presse, par le compte rendu de l'audience.

Est-ce que vous avez eu accès au dossier d'instruction ? Oui tout à fait, j'ai eu le dossier d'instruction via un des descendants de MaGuard Orange.

Dans ce dossier d'instruction, il y a beaucoup d'informations, on apprend beaucoup de choses ou il est assez ténu ?

On apprend quand même pas mal de choses mais il y a bien entendu des vides.

C'est aussi basé sur le témoignage des personnes qui ont connu Hélène Gigado.

On sait qu'elle est méchante, on sait qu'elle boit énormément.

C'est certain qu'elle a empoisonné des gens parce que là où elle est passée dans les familles, il y a bien souvent eu des morts.

Et c'était aussi une très bonne voleuse.

Mais quelle est la qualité des enquêtes à l'époque ? Terrible je suppose.

En tout cas beaucoup moins tenue que à l'heure actuelle.

À l'heure actuelle jamais il y aurait eu autant de morts.

Je pense que déjà la première fois ce serait fait arrêter.

Est-ce que ce qu'on trouve dans le dossier d'instruction ressemble de près ou de loin à ce roman écrit par l'excellente Jean Tulé

qui a donné le film Fleur de Tonnerre après ?

Alors il faut dire que Jean Tulé est parti d'une base réelle tout à fait et le dit lui-même il en a fait un roman.

Donc il a brodé ?

Donc il a brodé.

Brodé beaucoup ?

Non quand même pas mal oui parce qu'à un moment donné il parle qu'elle aurait tué plus de 200 personnes.

Bon ça c'est pas vérifiable.

Également qu'elle aurait empoisonné les personnes de la population en donnant les restes de nourriture ça non plus.

Ce n'est pas plausible.

Il y a plusieurs choses qu'il a vraiment brodé effectivement.

Donc on en vient à cette question qui est la question essentielle qui est la question d'une mobile.

Pourquoi tu tels ? Est-ce que vous avez la réponse ?

Alors bon moi je ne peux émettre qu'une hypothèse.

Au début quand elle a empoisonné je n'ai pas d'hypothèse à donner.

Par contre par la suite dans certaines maisons où elle va aller c'est toujours au moment où les gens vont se rendre compte qu'elle vide les bouteilles de vin ou qu'elle vole le vin etc.

Quand elle est menacée de se faire renvoyer qu'on va retrouver des morts.

Et c'est aussi parce qu'elle est jalouse parfois par exemple Rosalie.

Elle est jalouse qu'elle s'achelit réécrire.

Oui tout à fait parce qu'au départ avant que Rosalie n'arrive,

elle c'était elle qui avait les comptes de la maison puisqu'elle était la seule employée.

Et quand Rosalie va arriver, Monsieur Delanoë va voir qu'elle lit, qu'elle écrit

et il va lui confier à ce moment-là les comptes de la maison.

Ce qui va mettre Elan Gigado dans une purie noire.

Et on peut imaginer que d'ailleurs puisqu'elle faisait la comptabilité peut-être qu'elle tapait un peu dans la caisse non ?

Ça se pourrait. Il faut pas oublier que Elan Gigado est une voleuse quand même aussi.

Alors il y a l'hypothèse de la maladie mentale.

Lorsque quelqu'un tu comme ça des dizaines de personnes, ça semble tenir la route.

On voit bien que c'est un profil qu'on appellerait aujourd'hui schizophrène possiblement.

Oui tout à fait.

Mais ça ne tient sur aucune vérification, aucune expertise à l'époque.

Mais non parce qu'on en est seulement au début de la psychiatrie à cette époque.

Donc mettre un agloire va quand même essayer. Mais bon sans résultat. C'est sûr.

Donc c'est sûr qu'à l'heure actuelle là aussi il y aurait des analyses qui seraient faites de ce côté-là.

Parce que même aujourd'hui la psychiatrie reste une science assez molle.

Mais enfin à l'époque moi j'ai quand même adoré l'expertise du psychiatre.

J'ai observé chez elle les organes de l'hypocrisie et de la ruse.

Je ne sais pas de quel organe il parle.

Je dirais qu'elle n'est pas malade mais que c'est un monstre.

Voilà donc on voit toute la compétence de ce psychiatre.

Voilà tout à fait.

Donc je vous dis c'est vraiment un domaine qui est vraiment assez prémisse.

Vraiment tout à fait le début du début du début.

Et les personnes qui commencent à s'intéresser à ça ne sont pas du tout aptes à pouvoir travailler

comme on le ferait à l'heure actuelle sur une personne.

Et encore même aujourd'hui bon bref.

Il y a aussi l'hypothèse de l'alcoolisme. Parce qu'on a vraiment affaire à une femme terriblement alcoolique.

Oui tout à fait.

Et sans doute elle est perdue avec l'alcool tous ses repères.

Oui tout à fait.

Ça se peut aussi parce que bon elle se fait quand même renvoyer de tous les endroits où elle passe.

C'est souvent pour la cause alcoolique quand même.

Et puis il y a quand même cette réalité sociale qui est toujours plaidable.

C'est que elle a été placée à sept ans comme bonne d'un curé.

C'est-à-dire que je dirais qu'il y a une forme de vengeance sur son enfance de misère.

Je ne vais pas dire qu'il y a une forme de vengeance.

Je ne pense pas parce que à l'époque c'était normal.

C'est-à-dire que les garçons, eh bien soit on essayait de les caser quelque part pour les champs comme agriculteurs etc.

Ou dans la marine.

Et puis on essayait de les mettre dans les maisons bourgeois pour qu'elle apprenne le métier de servante.

Mais si jeune ?

Très jeune. Oui vers sept ans c'était tout à fait normal.

C'est fou.

Et là elle avait la chance de pouvoir rentrer dans un presbyterre.

Les plats c'était vraiment...

Il y en avait vraiment pas beaucoup.

Donc avoir une telle chance c'était aussi pour elle d'être certain que son avenir était assuré, qu'elle n'aurait jamais froid, qu'elle n'aurait jamais faim.

Et qu'elle aurait toujours un toit sur la tête.

Alors elle était aussi très bigote.

Mais ça c'est aussi peu banal je suppose à l'époque dans la campagne Bretonne.

Son père Jean Gégadeau était très catholique.

Royaliste est très catholique et il avait des liens vraiment très forts avec le clergé.

Ce qui pouvait expliquer aussi que Hélène soit devenu aussi bigote qu'elle ne l'était.

Alors elle croit à l'encou.

Qu'est-ce que vous pouvez nous raconter sur l'encou ?

Est-ce que c'est d'ailleurs un truc auquel encore quelques Bretons croient ?

Mais l'encou c'est la mort.

Tout simplement.

Donc quand on entend normalement l'encou, quand on entend sa charrette qui fait cric cric cric,

ça veut dire qu'il va y avoir un mort.

Alors oui l'encou, on en parle encore maintenant mais bon c'était beaucoup plus populaire dans les années du 19e siècle,

dans l'époque où Hélène a vécu qu'à l'heure actuelle.

Je me doute, je me doute.

Et ça lui permet, ça ça m'a saisi parce qu'on ne peut pas tourner autour du pot.

Si on est bigote, on est catholique, si on est catholique c'est assez clair

qu'en même dans les Évangiles qu'on ne doit pas tuer son prochain.

Alors peut-être que du coup l'encou lui permet de, lui sert de part avant finalement vis-à-vis des textes religieux.

Peut-être, peut-être mais ça de toute façon on en a aucune trace.

Donc là on ne peut y mettre aussi que l'hypothèse.

Au fond c'est une histoire merveilleuse parce qu'on ne sait pas grand chose

et on peut broder autant qu'on veut quoi.

Ah oui ça c'est certes un broder, on peut broder.

Mais bon, on vient l'entendu, il y a quand même des faits qui ont été établis lors du procès.

Parce qu'il faut quand même pas oublier une chose quand elle se confie à la B.

Et là vous, c'est crime.

Vous croyez que c'est vrai ou que la B a inventé ?

Non, non, non, non, moi je pense que c'est vrai.

Parce qu'il y a quand même des écrits qui sont restés.

Elle a quand même signé, il y avait deux témoins qui étaient là pour prendre cette déposition

qui ont signé, parce que eux ça va écrire, donc ils ont signé,

elle a signé d'une croix, donc on a ce témoignage.

Et elle a autorisé la bêtire solaire à le diffuser.

Oui donc c'était une vengeance post mortem ?

Je pense oui, parce qu'elle a accusé une autre personne

et cette autre personne il va y avoir bien entendu une enquête qui va être faite sur elle.

Mais on ne va absolument rien trouver.

Et on va bien voir que quand Ellen est arrivée, que les empoisonnements ont eu lieu,

que les décès ont eu lieu, et quand elle est partie qu'il n'y a plus juste décès.

Je vous remercie beaucoup Marina Godot d'avoir éclairé cette histoire

qui effectivement offre toutes les libertés, même si moi j'ai essayé de me tenir au plus près de la vérité.

Je vous rappelle que désormais, on te l'attraconte à sa propre page sur Twitter,

sa propre page sur Facebook, sa propre page sur Instagram

et que je vous incite fortement, fermement, à les suivre toutes les trois.

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L’histoire de la plus grande tueuse en série de l’histoire de France. L’empoisonneuse à l’arsenic a sévi au 19ème siècle en Bretagne. Il a fallu de très nombreuses victimes avant qu’elle ne soit arrêtée, jugée puis guillotinée…