Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Gertrude Eog, la pousseuse du métro

Europe 1 Europe 1 10/13/23 - 37m - PDF Transcript

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On de la traquante.

Christopher Delathe.

C'est une peur que tous ceux qui ont pris le train ou le métro connaissent.

La peur de ce qu'on appelle les pousseurs.

Des gens qui vous poussent sur la voie au moment où le train arrive.

C'est ce qui se passe en février 2019 à la station du métro Saint-Lazare à Paris.

Une femme est là sur le quai.

Elle est très agitée, l'air d'une foldagne.

Et soudain, au moment où le métro entre dans la station, elle pousse une femme sur les reins.

Cette pousseuse s'appelle Chertrude et Hog.

Ouvrons ensemble la Côte-B de son dossier d'instruction.

Européen.

Christopher Delathe.

Dans le système judiciaire français, le dossier d'instruction contient un sous-dossier appelé Côte-B.

Il rassemble les rapports des experts psychiatres, psychologues et de l'enquêteur de personnalité.

Ouvrons l'un de ces dossiers.

On de la traquante.

Côte-B sur Europe 1.

27 février 2019, Trésor Saint.

Sur le quai de la station Saint-Lazare à Paris, Chertrude et Hog, 43 ans,

attend la ligne 12 du métro en direction mairie d'ici.

Elle est assise, elle faut s'y faire, elle insulte les entrepassagers qui patientent.

Chertrude et Hog est complètement saoule, défoncé au craque.

Elle a d'un coup, elle bondit et elle pousse une femme sur les reins.

Miraculeusement, le conducteur arrive à stopper la rame à deux mètres de la femme tombée sur la voie.

Chertrude et Hog est accusé de tentative demeure.

Au commissariat, Virginie, la victime de Chertrude et Hog, raconte son agression.

Elle est complètement traumatisée.

J'avais remarqué cette femme, elle était très agitée sur le quai.

Elle parlait toute seule, dans le vide, en regardant droit devant elle.

Et elle devenait de plus en plus agitée.

Alors, instinctivement, je me suis éloigné d'elle.

Je l'ai surveillé, du coin de l'œil.

Et puis j'ai entendu le train qui arriver, donc j'allais dans sa direction.

Et dans mon dos, j'ai senti l'ombre de cette femme, et puis elle a bondi vers moi.

Je me suis retourné, j'étais face à elle.

Et c'est là qu'elle m'a poussé avec ses deux mains sur mon torse.

Elle m'a regardé dans les yeux.

Je suis tombé sur le dos, sur les rails.

Elle m'a regardé comme après d'un tour.

C'est le quai de métro que j'empreinte, moi, tous les jours,

en garde Saint-Lazare, ligne 12, en direction de Méridici, du sud de Paris.

Je prends ce métro tous les jours, donc quand ça sort dans la presse,

je me dis où là, quelqu'un s'est fait pousser sur les rails,

sur le quai de métro que j'empreinte moi-même aujourd'hui.

Donc, quand j'apprend ensuite que je vais la défendre et la rencontrer,

j'ai une forme d'appréhension, nécessairement en me disant,

tiens, ça fait écho à mon vécus, ce qui n'est pas toujours le cas

lorsqu'on intervient dans un dossier.

Je rencontre Gertrud dans les jaunes du tribunal.

Je la rencontre dans un boxe.

Je rencontre une femme qui en impose physiquement,

qui occupe un banc sur lequel elle est affalée et qui a les yeux fermés.

J'essaie d'avoir un échange avec elle qui est compliqué au départ.

Les minutes et dents, elle finit par s'ouvrir un peu.

Elle me parle, elle revient sur ce qui lui est reproché

et elle fixait le sol, mais avec le regard complètement fermé des yeux clos.

Et donc, au bout d'une dizaine ou une quinzaine de minutes,

je me souviens, je lui dis, madame et Hogue,

vous pouvez me regarder lorsque on échange.

Est-ce que vous pouvez le faire ?

Et elle me dit non, parce que si j'ouvre les yeux,

ma tête va exploser et ça risquerait de vous salir.

Et je me souviens très bien, maître Felle, à réflexion à ce moment-là,

de me dire que, non seulement le dossier n'allait pas être facile,

mais que j'avais en face de moi quelqu'un qui, manifestement, était très perturbé.

Côte B135, expertise psychologique de Catherine Legatu.

Gertrud et Hogue, 43 ans,

est incarcéré à la maison d'arrêt de Fleury Mérogiste.

De taille moyenne et de forte corpulente,

elle coopère et présente une grande fatigabilité.

Elle manifeste une détresse, voire un ralentissement psychomotor.

Elle a des difficultés à soutenir le regard.

Elle nous dit, je ne regarde pas,

car c'est plus facile de parler comme ça.

Je me trouve nul, c'est pour ça que je baisse le regard.

Je me sens toujours en-dessous de tout le monde.

En tant qu'avocat, on se demande comment on va pouvoir intervenir

dans ces conditions.

C'est une personne en situation irrégulière,

qui est SDF ou en tout cas un domicile qui change beaucoup

et des faits d'une gravité certaine qui lui surprochait.

Au départ de cette affaire, l'objectif, c'est de lui dire

qu'elle a manifestement besoin de repos,

qu'elle a besoin de soins, d'être prise en charge.

La première défense que nous mettons en place,

c'est celle de dire aux juges d'instruction

qu'il est absolument nécessaire

qu'une expertise psychiatrique intervienne le plus rapidement possible

pour que soit mis des mots médicaux sur ce qui ressort déjà

du dossier et de ma rencontre avec elle.

Elle est méfiant, même si elle est laissée de faire attention aux situations.

Elle nous dit, j'ai été trop déçue, on m'a trop trahi,

je me suis fait avoir.

On relève une immaturité psychique,

des éléments d'abandonnisme, des aspects dépressifs suicidaires

et une dépendance au toxique.

Ce qui fait clairement évoquer un diagnostic de personnalité borderline.

Elle-même, c'est quelqu'un qui se fait du mal.

De toute façon, le diagnostic de personnalité borderline,

il vient rapidement dans ma tête.

C'est-à-dire que c'est quelqu'un d'immature au plan psychoaffectif

qui ont des trajectoires souvent extrêmement difficiles,

qui sont très psychodépendants,

qui ont recours souvent au toxique et à l'alcool

et elle, on voit qu'elle est, je ne dis pas, dans un état de clochardisation,

mais quand même pas très loin, elle a une estime d'elle-même catastrophique

et c'est pour ça qu'elle peut se faire du mal à elle-même,

puisqu'elle ne vaut rien.

Donc, c'est cette personne-là maintenant que je comprends,

que je connais, que je connais un peu mieux et je lui dis,

alors qu'est-ce qui s'est passé ?

Alors, elle me raconte et moi, c'est vrai que j'aime bien me faire raconter les faits.

Je veux voir le film, j'essaie de voir ce qui s'est passé,

je veux voir le déroulement, pour voir le personnage évoluer

et qui me disent, commencer dans sa tête, pour que moi, je comprenne.

Et tant que je n'ai pas compris, je pose les questions.

Docteur, j'étais dans le métro sur le quai,

je commencerais à boire, à boire, puis j'ai vu un pote et on a fumé du craque.

Le problème, c'est que quand je fume, ça me rend paranoïaque.

J'ai vu des bêtes sur moi, je ne sais pas si je voulais me suicider au coin.

Alors, j'ai poussé cette femme, mais je ne voulais pas la tuer.

Je ne me souviens même pas de son visage, la pauvre.

Un jeune homme présent sur le quai va tout de suite réagir,

il va saisir le bras de cette jeune femme qui est tombée sur les rails.

Plusieurs personnes présentes sur le quai vont faire des gestes dans tous les sens

pour signifier au conducteur du métro de s'arrêter.

Et fort heureusement, le métro va s'arrêter à 2 mètres, pas plus, de cette jeune femme.

Le 27 février 2019 à 20h10, la policière qui interroge Gertrudéo

gagne un vu, lui demande si elle se rend compte qu'elle a tenté de tuer quelqu'un.

Oh, je n'ai pas voulu la tuer, cet âme.

Oh, j'aimerais que le juge lui donne une seconde chance.

Je regrette ce que j'ai fait.

Je viens d'être placé dans un centre réinsertion d'urgence.

J'ai fait toutes mes démarches pour avancer.

Je veux pas qu'on me freine.

Je veux aller de l'avant.

Gertrudéo est Camerounès.

Elle vit clandestinement en France depuis ses vingt ans.

Elle n'a jamais été régularisée.

Et sa vie, il marquait par les drames.

J'aime bien, quand je vois arriver la personne,

je mets en gros tout ce qui me passe par la tête de mon ressenti.

Docteur Magalie Baudon-Brusel, experte psychiatre.

J'ai noté, femme obèse, essoufflée, inadaptée, à l'indécolté qui est inadaptée.

Elle dit qu'elle n'était pas bien au moment des fées.

Elle dit ça d'emblée.

Et que mon rapport sera important.

Je ne mets pas bête.

J'ai mis deux fois que la voix est rayée.

Donc ça m'a frappé.

En gros, je ressens abîmée, fatiguée, un peu inadaptée dans sa présentation.

Je trouve d'un contact pas antipathique.

Et donc je commence à lui poser toutes les questions.

Et donc elle se met à me raconter son histoire.

Je suis né à Adwala, au Cameroun.

Ma mère, elle avait 14 ans quand elle a accouché.

Je viens d'un viol.

C'est un type en boîte de nuit qui l'a violée.

Et ma mère, bon finalement, elle est restée avec lui.

Mais après, ses grands-parents paternelles, ils se sont occupés de moi.

Et à 8 ans, je suis arrivé en France pour rejoindre ma mère.

Et c'est là que moi aussi.

Je me suis fait violer par mon père pendant des mois et des mois.

En France, elle va rencontrer pour la première fois de sa vie son père.

Farès Edel, avocat de Gertrudéhoek.

Qu'elle ne connaît pas avec qui elle va être installée, à côté de Châtelet,

dans un appartement constitué par plusieurs chambres de bonnes.

Et très rapidement, ça va être l'enfer,

puisque son père va constater qu'elle est jeune, certes,

mais comme elle le dira, elle est déjà formée.

Et donc, il va la violer à de nombreuses reprises pendant plusieurs mois.

Accompagner ses viols de violence, il va la frapper pour lui d'intimer de se taire

alors qu'il la viol.

Il va la frapper de manière totalement gratuite par ailleurs,

même sans autres violences sexuelles.

Et il va faire subir ce calvaire non seulement à Gertrudé,

mais également à sa mère, qui subira ses coûts,

puisque Gertrudé confiera à plusieurs reprises pendant la procédure

qu'aussi loin qu'elle se souvienne, elle se souvient de sa mère, sans dents,

puisque son père lui avait arraché à coups de poing les unes après les autres.

Code B 164, enquête de personnalité de Justine Maire.

Un jour, une institutrice voit du sang coulé sous la jupe de la petite Gertrudé,

trop jeune pour avoir ses règles.

L'aucle de l'enfant et l'enseignante préviennent de la police.

Le père de Gertrudé est incarcéré et condamné à dix ans de prison pour viol sur une heure.

Elle va immédiatement être protégée, elle va être placée sous la responsabilité

de ce qu'on appelle à l'époque Ladace, et ses parents vont être mis en détention.

Sa mère va être placée en détention provégeoire pendant six mois,

donc elles vont être immédiatement séparées.

Sa mère finira par bénéficier d'un non-lieu dans cette affaire,

mais le mal aura été déjà fait puisque la séparation aura été actée à ce moment-là.

À partir du moment où Gertrudé va dénoncer son père,

le chaos va s'ouvrir dans tous les sens du terme.

Pour elle, la cellule familiale qui n'est pas à grand chose va encore plus exploser à ce moment-là.

Et ce qui est terrible, c'est que c'est quelque chose que ne va jamais se pardonner Gertrudé.

Elle va dire qu'elle regrette d'avoir dénoncé son père puisqu'elle estime

qu'à partir du moment où elle a dénoncé ses viols, plus rien dans sa vie n'aura fonctionné.

Et que c'est ça qui va être à l'origine de ses placements successifs

et de sa rencontre un peu plus tard avec le monde de la rue.

Après son placement à Ladace, elle va aller de foyer en foyer, de famille d'accueil en famille d'accueil,

qu'elle ne va jamais véritablement y trouver son contenu, y trouver le bonheur,

et que donc, dès lors qu'elle a eu 16-17 ans,

sa première envie a été de fuguer et de prendre une forme d'indépendance.

Le problème, c'est qu'elle va expliquer qu'à 16-17 ans, elle en fait déjà 24-25

et qu'elle va rencontrer des hommes dont l'un avec qui elle va avoir une relation sentimentale

qui est toxicoman, qui est alcoolique, et qui immédiatement va la faire entrer elle

dans cette prise de toxique et ses addictions.

Pendant plusieurs années, sa vie s'est résumée à prison héroïne, prison cocaïne, prison crack,

héroïne, héroïne, héroïne, cocaïne, cocaïne, crack.

Docteur, ma vie elle a été foutue en l'air pour la drogue, c'est un cercle dont on s'en sort jamais,

vous savez, on m'a arrêté pour aux dévoiles, je prenais des sacs pour acheter de la drogue,

du crack, je suis allée quatre fois à la prison, la première fois jamais 16 ans.

Je vais lui poser la question des toxiques et de l'alcool, mais déjà je l'ai pressentie,

elle a la voix éraillée, elle vit chez Emmaus, alors j'ai une idée de ce qu'elle va me sortir,

et évidemment elle me dit qu'elle fume un ou deux paquets par jour, très bien, l'alcool,

elle me dit énormément 15 canettes de bière par jour, tous les jours de la semaine, toutes les semaines,

tous les mois, toutes les années, c'est évidemment catastrophique, et la drogue,

donc le pire, c'est-à-dire du crack, je prends pour 200 euros, je fume tout ça, ça me fait entendre

des voix, quelqu'un me poursuit, je vois le mal partout, donc là j'ai déjà une idée quand même

de ce qu'elle peut vivre au plan psychique, je vois des choses qui se transforment, un être humain

qui se transforme, voilà, elle prend aussi du subutex, c'est un traitement de substitution aux

opiensets, et effectivement elle me dit qu'elle prend de l'héroïne aussi, elle me dit même j'adore

ça, ce qui n'est pas si fréquent de spontanément dire son plaisir à prendre des toxiques.

Côte B243, expertise psychiatrique des docteurs Prosper et Zaguri, Gertrude et Hogues a eu plusieurs

aventures plus ou moins désirées avec des hommes dont son tissu 4 enfants n'est de viol par les

deux pères, elle nous dit j'ai 2 jumeaux et 2 jumelles de 24 et 22 ans, tous ont été placés,

leurs pères les voient, ils sont indépendants aujourd'hui, ça m'arrive de les croiser,

mais c'est trop dur d'en parler, j'arrête.

Elle a des enfants qui sont des majeurs maintenant, elle a peut-être des tas de beaucoup de choses

à dire sur son lien à l'autre et sur la question d'être fille de ses parents et mère de ses enfants,

je le comprends bien au plan psychopathologique que c'est pas simple, puisqu'elle a été violée

par son père donc et qu'elle a réussi à le dénoncer et que donc il a été en prison,

je comprends bien que la question d'être la fille de ses parents n'est pas simple et que la

question d'être mère de ses enfants ne l'est pas non plus, le lien à l'autre est d'emblée

extrêmement difficile à construire puisque c'est un autre qui n'est pas fiable les parents.

À chaque fois que le sujet de ses enfants est abordé, que ce soit avec moi ou avec les enquêteurs

de personnalité, les magistrats, elle va être extrêmement pudique, elle va même se refuser

d'en parler tout court en disant qu'elle ne veut pas en parler, alors même qu'évidemment c'est

quelque chose forcément de très fort dans sa vie et alors même qu'on sait qu'elle a gardé contact

parfois de près, parfois de loin avec ses jumeaux et que ses naissances ne sont pas anodines pour

elle, mais elle refuse d'en parler et on sait qu'elle a confié rapidement la garde de ses jumeaux

à leur père, estimant qu'il était mieux placé qu'elle pour s'en occuper et que compte tenu de

la vie qui était la sienne dans la rue, elle pensait ne pas pouvoir être une bonne mère et donc

elle avait évidemment peur de reproduire d'une manière ou d'une autre ce qu'elle avait elle même subie.

Docteur Magalie Bodon-Brusel, experte psychiatre, moi mon travail c'est de faire un diagnostic et de

voir si les faits sont en lien avec le trou manteau et lesquels, je vais avoir beaucoup de questions à

lui poser encore, j'ai beaucoup beaucoup de choses à lui dire, je sais pas ce qui s'est passé,

moi en fait je le sais toujours pas moi à ce moment là, je pars à la découverte parce que je

sais pas ce qu'elle va me sortir. Côte B-19, expertise psychiatrique du docteur Magalie Bodon-Brusel.

Au moment des faits, Mme Hoek présentait une intoxication aigu à l'alcooléocra, elle se

trouvait dans un état hallucinatoire et télirant, c'est dans ce contexte qu'elle a bousculé et

poussé une jeune femme sur les rails du métro, une victime qui selon elle l'a chénée, puisqu'elle

cherchait à fuir ses hallucinations et à ne pas les obéir, elle dit j'entendais des voix, elle

disait de me suicider, elle disait tu tois tes méchants, elle disait de tuer les bêtes qui marchaient

sur moi et la dame aussi, elle me gênait, elle avait rien à voir dans tout ça la pauvre, la pauvre,

la pauvre. La pauvre, la pauvre, la pauvre, la pauvre dame, elle me le dit trois fois, je l'ai noté parce

que c'est extrêmement peu fréquent que des auteurs disent des choses comme ça, des mots de gentillesse

comme ça, je vois que j'ai noté que ces larmes coulent de son nez, c'est une fontaine de pleurs,

elle pleure tellement que bon voilà. Et puis elle dit je voulais parler au monsieur pour aider la dame,

donc ça c'est une fois que la victime est tombée, mais je vais attendre la police, j'aurais pu partir,

mais pour moi j'étais responsable, j'avais besoin d'aller à l'hôpital et alors elle m'auronie

comment c'était, elle me dit les voix disaient de tuer les bêtes, quand je prends du craque,

quand elle prend du craque, il y a des bêtes, les voix disent de tuer les bêtes, c'est pas une

schizophrénie, c'est pas des voix qui lui parlent comme dans les processus psychotiques, schizophréniques,

c'est une espèce de pensée d'elle-même, on comprend assez vite qu'elle estime d'elle-même

catastrophique, et les voix sont une espèce de matérialisation psychique de se vécu de soi-même,

c'est d'ailleurs une très grande souffrance, c'est quelqu'un qui souffre énormément.

Côte B132, expertise psychologique de Catherine Legatue, la personnalité de madame Eogue peut

facilement basculer dans des symptômes psychotiques lorsque sa conscience est altérée par les drogues.

Elle décrit un sentiment de persécution délirant, il est difficile de savoir si ses hallucinations

persistent sans les drogues.

À ce moment-là, qu'est-ce que je vois ? Je vois quelqu'un qui n'est pas de maladie mentale,

donc c'est quelqu'un qui est bien situé dans la réalité, normalement, d'accord, mais qui,

avec la défense qu'elle s'est octroyée pendant toute sa vie, et notamment au moment des faits,

elle est pour moi dans un processus psychotique aigu, c'est-à-dire qu'elle est dans un monde

hallucinatoire et délirant franc et complet dans lequel elle n'a pas son libre arbitre,

elle bouscule et elle pousse intentionnellement la victime, mais qui l'a gêné parce qu'elle

cherchait à fuir ses voix, à pas lui obéir, puisque les voix lui disent se suicider,

et c'est assez embrouillé tout ça. Moi je dis, après au magistrat,

qu'au moment des faits, elle a un discernement aboli.

La psychiatre conclut qu'au moment des faits, le discernement de Gertrud et Haug

était aboli, ça signifie qu'il n'y aura pas de procès, mais l'avocat de la jeune femme poussée

sur les rails du métro demande une contre-expertise.

Il y a deux nouveaux experts qui sont désignés.

Farès Edel, avocat de Gertrud et Haug, qui vont rencontrer Gertrud et qui vont avoir un avis

différent puisqu'ils vont conclure non pas en l'abolition de son discernement,

mais en l'altération de ce discernement, notamment en estimant que son discernement,

l'état psychologique psychiatrique dans lequel elle se trouvait à ce moment-là,

était dépendant de la prise de toxique qu'elle avait volontairement ingérée,

et donc sur la base de ce constat-là, estimait qu'on était plutôt dans une

altération qu'une abolition, et ça change beaucoup de choses.

Côte B243, expertise psychiatrique des docteurs Prosper et Zaguré.

Gertrud et Haug avaient de multiples expériences de son mode de réactivité agressif liée à

l'alcool et aux drogues. Elles ne pouvaient donc ignorer le risque auquel elles exposaient les

personnes qu'elles rencontraient. Elles admaient clairement son agressivité. Si Gertrud et Haug

s'en aient rendu coupables, on retiendra au moment des faits un trouble psychique qui a altéré son discernement.

Les docteurs Zaguré et Prosper ont estimé que l'état dans lequel elle se trouvait était

induit était la conséquence d'une prise de toxique volontaire. Il se trouve que cette

expertise intervient dans un temps proche des débats qui étaient déjà intervenus dans une affaire

tristement célèbre qui est l'affaire Sarah Alimi dans laquelle le docteur Zaguré avait déjà

conclu à l'altération du discernement et que manifestement ce qu'on comprenait déjà dans

cette première affaire c'est que la prise de toxique volontaire induit le fait que l'étape

psychotique qui en découle ne peut pas être considérée comme abolie puisqu'il découle

de quelque chose qui est volontaire. C'est la grande différence que je perçois entre ces deux

expertises. Cette conclusion s'appliquerait également à Gertrud et Haug. Lorsque je repense

à cette première rencontre qui est quelques heures après l'effet qui lui se reprochait je

reconstruis un puzzle dans lequel je comprends qu'au moment d'effet elle était ce que nous on

appelle parfois rapidement dans un état psychotique. L'homme de la rue dit parfois bouffer

délirante alors que ça n'est pas forcément le terme psychiatrique approprié mais c'est à ça

que ça ressemble et en fait ça fait écho à quelque chose que l'on a déjà tous et tous

vu en prenant les transports en commun de quelqu'un qui est sur un quai de métro ou de RER et qui

divague, qui nous paraît totalement insensé, qui parle tout seul, qui veut aussi faire, qui est

injurieux avec lui-même et avec les autres sans qu'on comprenne pourquoi. C'est comme ça,

c'est en état de folie que l'on perçut les gens qui se sont approchés d'elles ce jour-là et c'est

en état de folie que moi je les perçus lorsque je les rencontrais pour la première fois.

La dernière expertise psychiatrique conclut à l'inverse de la première que le discernement

de Gertrudéogne n'était pas abolie et donc elle sera jugée. Trois ans après avoir poussé une

femme sur l'éraille du métro, Gertrudéogne comparé devant la cour d'assise de Paris pour

tentative de meurre. Premier moment fort du procès, la cour visionne les images de vidéos

surveillances de l'aérotéclé. Je me souviens très bien avoir entendu une déjurée au moment où

en quelques secondes Gertrudéogne va pousser cette jeune femme, une déjurée s'exclamée, oh putain.

Farès Edel, avocat de Gertrudéogne. Et ça c'est rare dans une cour d'assise parce que les

jurés sont tenus, on leur explique, ils sont tenus à une neutralité, une apparence d'impartialité.

Et la violence de cette scène qui ressortait dans ce, oh putain, me faisait très peur en tant qu'avocat

parce que je me disais finalement les jurés vont jamais passer outre.

Madame Eogne, veuillez-vous lever, je vous prie.

Qu'avez-vous à dire à la cour sur votre geste ?

Je voulais demander pardon à la victime, j'ai honte de ce que j'ai fait et je voulais lire une

lettre à l'attention de cette femme. Je lui ai fait trop mal et j'ai des choses à lui dire.

Malheureusement, c'est quelque chose que je regrette, même si je le comprends. La victime

n'était pas présente à l'audience. Elle était représentée par un avocat qui a expliqué

les raisons pour laquelle elle ne pouvait pas faire face à cette audience, qu'elle n'était pas

prête, qu'elle était trop traumatisée par ce qui lui était arrivé et c'est quelque chose

que j'ai regretté et que Gertrud également a regretté parce qu'elle avait des choses à lui dire,

elle avait préparé une lettre qu'elle voulait lui lire, lui présenter ses excuses pour le mal

qu'elle lui avait fait et qu'elle considérait qu'elle avait traumatisé, qu'elle même ayant

subi des traumatismes, elle savait à quel point cette traumatisme pouvait poursuivre quelqu'un et

qu'elle le regrettait profondément. Elle avait des choses à lui dire mais malheureusement ça n'a pas

pu intervenir durant l'audience.

Elle est touchante parce qu'il y a des aspects d'altruisme, c'est quelqu'un qui est capable de se

mettre à la place de quelqu'un d'autre. Elle n'est pas égocentrée, j'ai eu ça,

j'ai été violée et c'est normal, j'en ai marre, la société fait rien pour moi et blablablablablabla,

elle aurait pu se structurer de cette façon-là, elle se structure autrement avec plus de souffrance

parce que du coup c'est toute sa faute à elle, donc elle a dû intérioriser le viol par exemple

de son père de manière catastrophique en disant c'est ma faute, enfin j'en suis persuadée,

tout ça je ne l'ai pas fait parler tout ça mais j'en suis persuadée et à la raison de dire qu'il

faut une prise en charge psychiatrique, qu'il faut qu'elle parle et qu'il faut qu'elle a un traitement,

à la raison, à la besoin. Là la prison l'aide parce que d'abord elle arrête de prendre des toxiques

et de l'alcool, même s'il y a des joints qui circulent, bon moi quand je l'ai vu elle était

objectivement pas du tout défoncée, donc là c'est arrêté, son cerveau peut un peu refaire

surface si on peut dire et elle a besoin de d'arriver à dénouer les normes nœuds de sa

trajectoire et de sa vie pour essayer d'un peu comprendre ce qui s'est passé, elle a besoin de se

reposer, elle a besoin d'avoir une estime d'elle-même qui remonte mais ça elle ne pourra

le faire qu'en thérapie et elle a besoin de traitement. Côte B191, expertise psychiatrique du

docteur Magalie Baudon-Brusel. L'addiction de Gertrudéo Gautoxi qui est à l'alcool est curable,

elle doit faire l'objet d'une prise en charge addictologique spécialisée, son troupe de personnalité

est également réaménageable et notamment dans le cadre d'un suivi psychiatrique.

Mme Auguste réadaptable si les prises en charge se pérennissent notamment lorsqu'elle sera libérée.

Gertrud est touchante aussi parce qu'on la sent animée d'un regard sur sa vie qui est effectivement

entremêlée de désillusions, de rages contre son père dont elle estime qu'il est le premier

responsable, contre elle-même puisqu'elle estime régulièrement qu'elle n'aurait pas dû dénoncer

les viols infligés par son père. Aussi une rage contre ce qu'elle appelle parfois le système,

qui est en fait précisément le système de prise en charge des mineurs à l'époque la Das,

ensuite la The, elle expliquera pendant la procédure avoir été prise en charge de foyers

enfoyés et de familles d'accueil en famille d'accueil par des gens qui n'étaient pas toujours

intéressés par la comprendre. Elle est aussi en rage parce qu'elle estime que la justice ne l'a

pas toujours traité à la hauteur de ce qu'elle méritait. Par exemple, il se trouve que quand

moi je la rencontre en 2019, elle est accusée, mais j'aurais pu la rencontrer un peu plus tôt

en tant que victime puisqu'elle avait dénoncé un an auparavant des faits de viols commis par

un dealer de subitex et ce viol, cette enquête va traîner sur le bureau d'officier de police

judiciaire débordé mais qui vont s'abstenir de faire un acte d'investigation qui probablement

aurait été fait pour un autre type de victime qu'elle puisque jamais ne va d'être effectué

un rapprochement ADN qui en fait est la base d'investigation qui aurait dû être conduite et

donc tout ça va alimenter la rage de Gertrud contre son père, contre elle-même, contre

celles et ceux qu'elle estime en partie responsable de sa situation actuelle.

Code B131. Expertise psychologique de Mme Catherine Légature. Nous renovons chez Mme

et Hogg une colère à l'égard des institutions dont le soin thérapeutique social et médical lui

aurait fait défaut. Elle nous indique si on m'avait aidé je n'en serais pas là, si j'avais vu des

psychologues, si j'avais eu des traitements je ne serais pas là où je suis. La cour !

Et on en vient du coup à la déposition de la mère de Gertrud qui dépose en larmes et qui dans un

premier temps peut pas regarder sa fille qui elle-même ne la regarde pas. Il y a des questions qui vont

être posées par les partis, par l'avocat général, par le président puis au fur et à mesure elles vont

se regarder. Elles vont pleurer l'une en face de l'autre et elles vont non pas se tomber dans les

bras l'une de l'autre au moment de l'audience mais se dire à chacune qu'elle s'aime. Gertrud va être

noyé par les larmes et va répéter comme une petite fille je t'aime maman, je t'aime maman,

je t'aime maman. Et là après que la cour a étudié l'ensemble du parcours de vie de Gertrud,

quand vous regardez les jurés vous voyez bien qu'il y en a plusieurs qui ont des larmes dans les

yeux qui probablement repensent peut-être à des choses qui louèlent ont vécu à leur propre

parent et je me dis en tant qu'avocat on a réussi à aller au-delà grâce à cette déposition,

grâce à ce moment d'humanité, aller au-delà de la violence de la scène.

Je me souviens avoir terminé ma plédoirie, elle avait les yeux baissés une fois de plus,

en lui demandant de me regarder contrairement à ce qui s'était passé lors de notre première

rencontre et en lui disant de lever les yeux et en demandant aux juges et aux jurés de constater

qu'elle en était capable, elle était capable de regarder vers le haut, elle était capable de

regarder vers l'avenir. Et c'était ma première victoire entre guillemets pendant ce process et

qu'elle l'a fait et je voulais clôturer ce procès par ce geste symbolique et je l'ai confié aux

juges et aux jurés en leur demandant de prendre en compte le fait qu'elle était capable aussi de

regarder devant et de regarder vers l'avenir et pas seulement vers son passé, même physiquement.

Le 11 mars 2022, la condassiste de Paris condamne Gertrud Eog à 5 ans de réclusion

criminelle pour tentative de meurtre. Elle n'a retenu qu'une alteration de son discernement.

Sa sortie de prison, Gertrud Eog devra respecter un suivi psychologique pendant 5 ans.

Sans définit, avec cette version code B, nous on de l'attraconte, Vincent Duby a réalisé

cette enquête Guillaume Maury et son rédacteur en chef, réalisation signée Guillaume Vasso.

Retrouvez on de l'attraconte code B, tous les vendredi et samedi des 6h,

sur votre plateforme de podcast.

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Ecoutez Christophe Hondelatte dévoiler la personnalité de Gertrude Eog. En février 2019 sur le quai du métro Saint-Lazare à Paris, Gertrude Eog vocifère et insulte les passagers qui patientent. Elle paraît folle… Subitement, Gertrude Eog pousse une femme sur les rails du métro…Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ? >> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr ainsi que sur vos plateformes d’écoute habituelles.