La source: Géopolitique du crime 5/5 : Mathilde Carré alias la Chatte

Radio France Radio France 8/20/23 - Episode Page - 54m - PDF Transcript

François Sainter.

Aujourd'hui, d'un faire sensible, l'énigme Mathilde Carré alias la Châte.

Elle a été institutrice, infirmière, mariée puis veuve, espionne et résistante.

À partir de rien, elle montre l'un des plus importants réseaux de communication du début de la Seconde Guerre mondiale.

Puis, très stress, maîtresse de son joli allemand,

elle fera déporter et tuer des dizaines de personnes avant de retourner de nouvelle fois sa veste en faveur des Anglais.

Et ça, avant ses 35 ans.

Elle est sans l'ombre d'un doute l'un des personnages les plus redoutables et les plus intrigants du monde de l'espionnage entre 1939 et 1945.

Elle a menti, trahi autant qu'elle a aimé et qu'elle s'est engagée.

On l'a appelé Lili, Victoire, Madame de Roche, Michelin de Nadieu,

mais c'est sous le nom de code de la Châte que l'histoire retiendra l'énigmatique personnage Mathilde Carré.

Mais pourquoi une héroïne de la résistance se transforme-t-elle en collabos forcenés ?

À qui est-on fidèle finalement ? Sur quoi repose la loyauté ? Et pourquoi trahit-on ?

Autant question que nous poserons à notre invité, Jean-Christophe Noctat,

auteur du livre Mathilde Carré, alias la Châte de la résistance à la collaboration,

paru en février 2022 aux éditions du seuil.

Affaire sensible, une émission de France Inter, diffusée en direct,

récits documentaires Juliette Proutot, coordination Franconnière, réalisation Frédéric Milano.

Au début de l'année 49, Souverà Paris l'a déprocé les plus attendus de la pré-guerre.

Mathilde Carré, 41 ans, alias la Châte doit répondre de son implication

dans l'arrestation d'une centaine de résistants et la déportation de 35 d'entre eux.

Elle aurait déclaré à son avocat, maître No, je n'ai dénoncé que les plus bêtes.

Enfin, c'est ce qu'il se dit dans la presse,

ce qui piaffe d'impatience d'en faire la traiteresse dont le pays a besoin.

Il est vrai qu'aussi traumatisé qu'embarassé par les années de l'occupation

où chacun dévoile sa personnalité jusqu'au plus sombre d'elle-même,

les Français ont besoin de symbole, de monstres à punir.

Il s'agit d'expier, de purger la culpabilité.

Et qui de mieux que Mathilde Carré

pour incarner la figure du traître pire, de la traiteresse ?

Une femme dangereuse, versatil et volatile, comme de l'essence,

une femme qui a trompé la France et son mari,

voilà le portrait qu'on fait de la personne qui comparait ce lundi 3 janvier 1949.

Elle a trahi la France parce que c'est une amourale,

parce que c'est une femme sans scrupule, parce qu'elle était le chef,

elle porte des responsabilités écrasantes.

Des jeunes gens actuellement à freine ont trahi parce que celles

en qui ils avaient placé leur confiance, leur avaient donné l'exemple.

Ils sont devenus des criminels, rien de ce qu'elle a fait en bien

que peut atténuer la rigueur de votre sanction.

Je vous demande nettement la peine capitale,

parce qu'à mes yeux, cette femme a touché le fond de la trahison.

Mathilde Carré n'avait pas l'intention de faciliter la tâche

de son avocat face à jury largement composée d'anciens résistants.

D'études un tailleur aussi noire que ce cheveux, toujours sa frange courte,

son visage carré, ses yeux vergris, vifs, expressifs,

elle est en colère, et sa force des caractères s'est transformée en argne,

en mépris pour tous ceux qui s'aventureront à la juger, elle qui dit alors,

ne reconnaître que l'autorité d'un tribunal militaire pour apprécier ses actes.

Et quand s'enchaînent les témoins, et avec l'épreuve de sa collaboration

avec l'énialement, elle hausse les épaules, lève les yeux au ciel,

joue avec ses doigts en machant du chungom.

Cette désinvulture et cette borgue agresse, indignent,

publient, les jugent, les jurait, elles s'expliquent,

mais elles ne s'excusent jamais, d'où la férocité

du réquisitoire que vous devez entendre.

Le fond d'attraison.

Mathilde carré ne réagit pas à ce réquisitoire.

On vient de demander sa tête, elle reste de marbre,

par désinvulture, fierté, peut-être, à les savoir.

Même après des jours de procès, cette femme reste une énigme,

ses motivations sont indéchiffrables.

Le délibérer durera à 40, et alors que les juraits

sont en train de décider si la tête de Mathilde carré

doit tomber, remontons un peu le temps

pour tenter de découvrir ce que cache

l'affaire Mathilde carré.

Mathilde Bélar, descendant jeune fille, est né en 1908 au creusot.

Son père, originaire du jurat, est ingénieur,

une famille de classe moyenne de province.

Mathilde est une jeune fille intelligente, dynamique, volontaire.

En grandissant, elle devient une jeune femme

pleine d'assurance ambitieuse, séductrice.

Elle étudie la philosophie et le droit à la sorbonne.

Mais elle s'ennuie, et elle a déjà des rêves d'ailleurs, d'aventure.

Sauf que pour les femmes à cette époque,

l'aventure, ça commence quand on parle chez ses parents.

Et pour ça, il faut se marier,

histoire de passer d'une autorité à l'autre.

Hier, chez Mathilde, quelque chose qui attire le regard,

quelque chose de captivant, un goût du risque,

une audace comme cheville au corps.

Alors, s'il lui faut un mari pour échapper du creusot,

elle le trouvera.

Nous sommes en 1933, à la 25 ans,

et le hasard met sur sa route Maurice carré,

à la jeune professeure.

Elle leur est choisie en tirant à plus loup face, selon la rumeur.

Bah, des rumeurs, s'agissant de Mathilde, il y en a tellement.

Au début, elle est heureuse de ce mariage.

Maurice n'a pas un caractère fort,

il est plutôt de genre gentil, doux, qui s'efface un peu.

Et puis, grâce à lui, elle est enfin partie du creusot.

Le jeune homme est muté en Algérie, pas très loin d'orant,

et emmène donc Mathilde avec lui, qui enseigne à ses côtés.

Mais une fois le dépaysement passé, la routine revient.

Les jours s'assuivent et se ressemblent comme un jour sans fin.

Et rapidement, cette vie l'étouffe.

Elle trouve petite cette vie avec son petit professeur de mari

dans son petit milieu, aucune flamboyance.

Pas pour elle tout ça.

En vérité, ce qui va sauver cette Mme Bovary en puissance,

c'est la guerre.

Annoncé par le président Édouard Daladi au français le 4 septembre 1939.

La France et l'Angleterre ont multiplié leurs efforts

pour sauver la paix.

Elles ont fait ce matin encore une pression d'intervention à Berlin

pour adresser au gouvernement tellement un dernier rappel à la raison

et lui demander l'arrêt des hostilités et l'ouverture de l'association pacifique.

L'Allemagne nous a opposé un refus.

Françaises et français, nous faisons la guerre

par ce qu'on a imposé.

Chacun de nous est à son poste pour le salut de la patrie.

Vive la France !

En 1939, Maurice Carré est appelé au front.

Il part pour la Syrie.

Elle dira, mon mari alors était mort pour moi.

Promesse tenue, il meurt réellement quelques années plus tard

en 1944 en Italie.

Son mari au loin, au début, passé par pertes et profils à la fin,

matilde entrevoit d'autres possibilités.

Parce que sa vie va enfin changer.

Parce que la guerre, c'est terrible, certes.

Mais quand elle est une jeune femme en manque d'aventure,

ça peut avoir ses avantages.

L'orgue sociale est bouleversée,

notamment pour les femmes qui gagnent en indépendance, en autonomie.

En septembre 1969, matilde quitte donc Oran pour s'installer alger.

Là, elle parvient à rencontrer, peut-être par hasard,

peut-être pas aller savoir un officier du deuxième bureau,

le service de renseignement du gouvernement français.

Elle veut s'engager.

Oui, faire quelque chose.

Surpris, l'officier a impressionné probablement

par cette jeune femme à la détermination aussi trempée,

la calme un peu.

Ces cons se provisent pas et se pionnent comme ça,

d'un claquement de doigts.

Mais quand même, elle est persuasive.

Alors, il lui conseille la croix rouge comme infirmière,

on en a besoin.

Et puis, c'est une couverture qui fonctionne bien en temps de guerre.

Alors, c'est-on jamais pour l'espionnage.

Elle s'imaginait plutôt matard,

mais bon, s'il faut commencer par ça, soit.

Alors, elle s'en va faire ses classes d'infirmière à Paris.

L'hôpital, elle reçoit une formation accélérée,

basique même les premiers soins,

gérer les blessures les plus communes et plus urgentes,

apprendre à trier les soldats, etc.

Elle se fait très vite à ce nouveau rythme.

Travailler dans l'urgence, dans l'action,

réfléchir rapidement, réagir, tuer rapidement encore.

C'est pour elle.

Et pour sa première affectation,

c'est en première ligne qu'on l'envoie

sur la fameuse ligne Maginot.

Mathilde Carré voulait se trouver au coeur de l'action,

elle ne va pas être déçue.

Les combats sont terribles,

comme le raconte Henri Amourou sur TF.

Les Allemands ont attaqué depuis quelques jours la ligne Maginot,

mais voulant épargner la vie de leurs soldats,

ils vont agir contre nos fortifications

grâce à des pièces de 150,

placées parfois au moins de 2000 mètres de l'objectif.

Après 70 ou 80 au but,

il arrive bien que nos buts finissent par percer la carapace protectrice,

par crever les cloisons intérieures,

par éclater souvent dans les caisses ammunition,

rendant alors la rédition inévitable.

Mais même lorsque les obus n'arrivent pas à percer

les blocs de béton de plus de 3 mètres,

on imagine l'impression produite par le shop.

Sur le champ bataille,

la jeune femme fait preuve d'un courage remarquable et remarquée.

Et c'est l'une des derniers à quitter le front,

car la débate l'oblige, elle, comme tous les autres, à fuir.

Le hasard, la porte jusqu'à Toulouse.

Son arrivée dans la ville rose marque un tournant dans son destin.

Les rencontres Mathilde Carré a le dong les provoqué.

On l'a vu avec l'officier du renseignement polonais.

Et en septembre 1940, quelque temps à peine,

après son arrivée à Toulouse,

elle se retrouve en tête-à-tête avec Roman Czerplinowski,

nom de code armand, membre du contracipionnage polonais.

Avec lui, la jeune femme découvre le monde de la résistance.

Elle y entre comme elle est,

de la seule façon qu'elle connaisse, entièrement, totalement.

Est-ce parce qu'ils entaminent une liaison

ou simplement en cause du pouvoir de persuasion de Mathilde ?

Toujours est-il carment raconte tout à la jeune fille.

Oui, son rôle en France, les ambitions de son gouvernement,

ses liens avec le renseignement britannique dans la lutte contre les nazis.

Mathilde découvre ainsi qu'après l'invasion allemande,

une partie du gouvernement et des militaires polonaises

se sont enfus en Angleterre pour continuer la lutte.

Or, cette lutte repose principalement et en ce début de conflit

sur la récolte d'information initiée depuis Londres

et en général par des amateurs,

comme l'explique l'historien Sébastien Albertellis en France Culture.

A Londres, le général de Gaulle a eu pour ambition de créer un état

concurrent de celui de Vichy, donc il a créé lui-même extrêmement progressivement.

En 1940, il n'a pas créé des services secrets,

il a créé ce qu'on appelle un deuxième bureau d'état-major, c'est beaucoup plus modeste,

mais le but est bien le même, c'est d'aller chercher des renseignements.

Et cela dès l'armistice ?

Premier juillet 1940, c'est vraiment extrêmement proche.

En fait, c'est essentiellement lié à la disponibilité des hommes,

il n'avait personne qu'il pouvait nommer à la tête du deuxième bureau.

Ce qui est très important, c'est de voir que tous ceux qui vont structurer le BCRA

sont des amateurs complets, c'est-à-dire que ce ne sont pas des gens

qui ont eu un rôle dans les services de renseignement avant la guerre

et pour beaucoup d'ailleurs, ils n'auront pas de rôle majeur

dans les services de renseignement après la guerre.

Et c'est dans cette dynamique qu'en novembre 1940,

Romain reçoit l'ordre de monter à Paris pour construire un réseau en zone occupé

destiné à informer les services secrets anglais, le SOE,

sur plusieurs points stratégiques concernant les Allemands,

leurs mouvements, leurs dépôts de matériel,

les lieux de stationnement de leur personnel,

le polonais accepte et il emmène Mathilde qui tient la sa chance.

D'autant qu'elle s'avère particulièrement douée pour ce genre de travail.

À E2, avec Armand, il construit ainsi petit à petit

ce qui deviendra l'un des plus gros réseaux de la résistance française au début du conflit,

le réseau interallier ou F2.

Elle dira, le monde entier et la victoire du monde semble être dans nos mains.

Le fonctionnement du réseau repose sur l'utilisation d'un poste de radio-émetteur,

et est rare et recherché donc à l'époque.

Installé dans une villa, la villa Les Andres vers l'habitement Martre.

Les informations récoltées par les membres du réseau sont donc transmises aux anglais

après avoir été codées sous la forme de messages secrets.

Des réponses sont ensuite diffusées sur la BBC,

notamment dans l'émission Les Français partent aux Français ou Messages Personnelles.

La villa est silencieuse.

L'étoile silence repensera.

Le chien du jardinier pleure.

La belle aussitôt la suit.

Nous disons la belle aussitôt la suit.

La dernière heure a sonné.

Gabrielle garde l'anonyme.

Le manchaud la sert dans ses bras.

Nous disons le manchaud la sert dans ses bras deux fois.

Le fantôme n'est pas bavard.

Le gigot est cuis.

La bibliothèque est en feu.

Nous disons la bibliothèque est en feu deux fois.

Il y a du mieux camarade.

A ce petit jeu, la bâtile d'Alias, la châte,

où victoire est particulièrement performante.

On a presque l'impression que plus c'est dangereux, mieux elle s'en sort.

Elle parvient ainsi à récolter des renseignements

aussi courageusement qu'à recruter de nouveaux membres.

Et grâce à son travail, à celui d'Armand, bien sûr,

le réseau interallier prend rapidement de l'ampleur.

Trop rapidement peut-être.

Fin 1941, le réseau compte près de 250 agents dans toutes les régions.

Avec arrivée constante de nouveaux résistants,

peu ou pas vérifiés, peu ou pas formés,

la prise de risque est de plus en plus importante.

Et malheureusement, un soir, un roige de la machine fait tout basculer.

Tout suffocant et blème

quand sonne l'erreur.

Je me souviens

des jours anciens

et je pleure.

Et je m'en vais

au vent mauvais

qui m'emporte

de si de là

pareil

à la feuille morte.

...

...

Cette paisible rumeur-là

vient de la ville.

...

Et je m'en vais

au vent mauvais

qui m'emporte

de si de là

pareil

à la feuille morte.

...

Cherbourg, octobre 1941.

Le réseau interallier possède ici une achat maritéraise

qui récupère des informations capitales

concernant les mouvements de la vie en allemand dans le port.

Elle transmet un rapport à Armand Mathilde

trois fois par mois via un docker et un agent de vision.

Mais le docker récemment intégré au réseau

n'est pas aussi précautionne qu'il devra l'être.

Un soir, dans un bar, après quelques vers, il se met à parler.

Il raconte ce qu'il fait,

les services qui le rend à la résistance.

Peut-être qu'il parle juste un peu trop fort,

juste un peu trop longtemps.

Mais ce qui devait arriver arrive,

un espion allemand présentant le troc

entend notre docker et l'arrête.

...

Et c'est le début de la fin pour le réseau interallier.

Sous l'impulsion d'un jeune et ambitieux militère allemand

prénommé Hugo Bleicher,

une chaîne dramatique s'enclenche.

Arrestation, menace, torture, dénonciation.

Le docker balance un janvier-zon,

qui balance Marie-Thérèse, qui finit par parler d'armes,

et il ne faut pas longtemps aux Allemands

pour remonter jusqu'à la ville à Léandre et les Médoradio.

...

Alors qu'Armand et Mathilde accompagnent de nombreux membres d'interallier

sans réunis dans la ville-là pour fêter bien,

prudemment le premier anniversaire du réseau,

les Allemands encircle la maison et se rapprochent silencieusement.

La scène reprise dans le film de Bère Marblier

sorti en 1960, intitulé la Châte source et griffe,

tirée, bien sûr, de l'histoire de Mathilde Carré.

...

Ah, c'est pas trop tôt.

Depuis le temps qu'il nous l'annonce,

chrysanthème, délice, dédalia,

une vraie boutique de floris, notre réseau.

...

En à peine quelques minutes, tout le monde est arrêté.

Tout le monde sauf Mathilde.

Un hasard,

une sacré chance, en tout cas.

Car si elle était bien ordinée,

elle est partie avant l'arrivée des Allemands.

Pourquoi ?

Par jalousie.

Oui, parce qu'Armand a une nouvelle maîtresse,

Oronne, qui intégré le réseau

et qui s'est installée dans la ville-là.

Pas question donc pour la Châte de traîner plus longtemps.

...

Mais c'est un sursi qui ne dure pas.

Car Hugo Bleichler, le jeune officier de renseignement allemand

à l'origine du coup de filet,

n'en a pas fini avec le réseau résistant.

Certes, il a fait un beau coup,

en capturant et en enfermant Armand.

Mais il sait que le polonais n'était pas seul

à la tête d'un intéralier.

Non.

Il a entendu parler d'une femme,

aussi dangereuse qu'importante pour le réseau,

une femme, aux yeux de chat.

Et il veut mettre la main sur cette nouvelle Marie-Octobre.

Ironie du sort, c'est René,

l'arrival de Mathilde dans le cœur d'Armand,

qui va la dénoncer.

Arrêtez.

Elle acceptait d'aider Hugo Bleichler

à identifier des résistants,

dont Mathilde.

Extrait des films, la Châte sort ses griffes.

...

C'est elle, la Châte.

C'est cette femme.

Alté.

Enfin, elle est folle, c'est la première fois que je...

Qu'est-ce qu'elle a vu ?

Je n'en avais jamais vu non plus.

T'étais-elle dans la maison dont vous vous êtes enfoui ?

Bien sûr qu'il y était.

Charles, il y était-il aussi ?

Charles !

Distan !

Je suis allouée, Marie-Octobre !

Taisez-vous !

Prends-garrate-moi.

Mathilde est arrêtée à envoyer la prison de la santé.

Son jolié, toujours Hugo Bleichler,

le gourou du réseau.

Et elle craque au bout de quelques heures d'interrogatoire.

Quelques heures seulement.

Mais, si personne n'ose réjuger de la capacité

de chacun à résister à la torture,

la promptitude tout de même avec laquelle

la résistante chevronnée retourne sa veste

et l'application qu'elle met ensuite dans ses dénonciations

sont déroutant.

Mathilde sort de la santé dans la foulée

et s'installe dans une chambre du très chicotel Henri VII.

Hugo Bleichler, son nouveau responsable, devient alors son amant.

Et à partir de ce moment précis,

la châte devient non seulement une française qui couche avec un allemand,

mais une agent double au service de la paire,

l'un des services d'enseignement allemand.

L'intelligence du Hugo Bleichler

sait de comprendre tout de suite tout le potentiel de la jeune femme,

potentiel d'informations pour les renseignements allemands

et surtout de nuisance contre les alliés.

Si son ancien réseau a subi un coût réduire

avec la restation d'armands et du groupe de la villa,

il reste de nombreux agents en liberté.

Et personne ne sait que Mathilde a été retournée.

Alors la méthode est toujours la même.

La châte prend contact avec des résistants qu'elle connaît,

fixe des rendez-vous et emmène Hugo Bleichler avec elle

pour qu'il identifie, arrête ou fasse suivre les personnes en question.

L'allemand lui donne aussi parfois des consignes des pistes à suivre.

Voici comment Bernard Billet représente la scène dans la châte sort de ses drifs.

Il va falloir que des soins très adroites,

très courageuses et que des mouvissantes

se promuient.

Bon.

Demain matin, tu auras de promener du côté des pantins.

Je vais t'expliquer où.

Un convoi a été endommagé

par une explosion.

C'est le sixième.

Tu pourras peut-être trouver une piste.

Dans un deuxième temps, Bleichler décide d'utiliser Mathilde

pour communiquer avec le contra-espionnage anglais

grâce à l'émetteur radio du réseau.

L'idée est autant d'obtenir

de vraies informations que de lui en fournir de fausse.

On dit un toxique dans le jargon.

Or évidemment, la châte connaît les codes d'identification

des messages radio puisque, avec Armand,

elle a participé à leur fabrication.

Ainsi, pendant deux mois, le double jeu de Mathilde continue.

Elle récupère les renseignements en près des alliés,

les transfère à Bleichler,

qui lui donne ensuite de fausse informations

concernant les stratégies allemandes

à transmettre à Londres.

Certes, les anglais sont prudents,

sceptiques même face au message de la châte.

Parce que depuis l'arrestation du groupe de la ville-là

et les dénonciations en chaîne,

tout le monde sait que le réseau interallier a été compromis.

Mais quand même, ils doutent,

la châte n'est pas n'importe quelle agent, elle est importante.

Elle a fait la guerre imaginaux,

a créé un réseau de résistance,

elle a été en couple avec Armand,

un autre grand nom de la résistance.

Elle s'est toujours battue contre les Allemands.

Bref, elle reste crédible.

Suffisamment, en tout cas,

pour induire en erreur les renseignements groupes techniques,

à propos d'élevations de Brest de trois croiseurs allemands,

par exemple.

Ce qui va changer la donne,

c'est la rencontre en décembre 1941 de Mathilde

avec un agent du S.O.E.

parachutier en France quelques temps auparavant,

Pierre de Vomécourt,

nom de code, Luca.

Venez.

Celle.

Tonio a été tué.

Et les autres ?

J'ai pas pu les prévenir.

L'homme avec qui je suis en contact est absent de Paris,

mais vous pourrez venir chez moi en attendant.

Dans le cadre de son réseau,

Togiro, Pierre de Vomécourt,

ou Luca, donc, a besoin d'un emmetteur radio.

Et c'est parce qu'il a appris que la châte

est encore en possession de ce du réseau intérieur,

qu'il a souhaité la rencontrer.

Pour Hugo Bleicher,

l'arrivée de Vomécourt s'est dit bienvenue.

Grâce à Mathilde,

l'officier allemand peut avoir accès

à des renseignements de première main.

Alors Bleicher encourage la relation

entre la châte et Vomécourt,

autrement dit, il aide la jeune femme

à aider l'anglais,

afin d'obtenir en retour

de nouvelles informations en provenance des alliés.

Mais l'ambitieuse officie allemand va faire une erreur,

toute simple et pourtant si évidente.

Il se met à faire confiance à Mathilde,

vraiment confiance.

Il oublie à qui il a affaire,

d'autant que quelques semaines après

leur rencontre et le début de leur liaison,

Vomécourt comprend que la française

ne joue pas frange,

parce qu'elle obtient tout comme ça

très vite, trop vite.

Comme c'est faux passeport

qui lui a demandé pour d'autres agents du réseau

et qu'elle rapporte sans aucune difficulté.

D'ailleurs, ce sont de vrais passeports

et tout ça est trop beau pour être vrai.

Obligé de s'expliquer,

mis au pied du mur.

Mathilde lui avoue alors

être un agent double.

Mais elle le convain de la laisser travailler

pour les renseignements anglais,

elle deviendrait alors un agent triple.

Vomécourt pense qu'elle peut effectivement

apporter des informations importantes au réseau.

Dans la nuit du 27 février 1942,

le couple part pour Londres

avec la belle édiction de Blycheur

qui pense que la française va infiltrer

les services secrets britanniques

pour le compte des Allemands.

La situation se complique encore plus.

Quant en juillet 1942,

Mathilde l'est arrêtée par les anglais

sur ordre du gouvernement français.

Et ce peut dire qu'elle s'office

que de cette situation.

Comment témoigne une lettre qu'elle envoie alors

directement au gouvernement de sa majesté ?

En quoi suis-je coupable ?

Après plus d'un an de travail acharné

et avec quel résultat ?

J'ai été arrêtée par les Boches

et entre leurs mains,

un vulgaire instrument.

J'ai été lapas composé dans un café,

dans un appartement,

entouré d'un service de la Gestapo.

Où suis-je coupable ?

Qui aurait fait mieux avec la menace

et le chantage quotidien des Boches ?

Je n'ai cru faire que pour le mieux.

Je vous supplie d'y penser un tout petit peu

et de ne pas me laisser en prison.

Oui, calmement.

Je vous dis que j'y mourrai.

Mathilde, car elle est emprisonnée

en Angleterre jusqu'à la fin de la guerre.

Elle est transférée en France

le 1er juin 1945

et reste incarcérée jusqu'à son procès

en janvier 1949.

Accusée d'intelligence avec l'ennemi,

elle conteste les accusations de trahison.

Enfin, comme elle le déclamait déjà

dans ses lettres aux Anglais,

elle a fait au mieux,

au vu des circonstances qui étaient les siennes.

Elle aurait donc essayé de limiter la casse

en quelque sorte et audiable,

ceux qui pensent que ce n'était pas assez.

Une partie de sa défense

repose aussi sur son passé de résistance

remplie de faits d'armes admirables

et incontestables.

Sa personne ne pourra me l'enlever, se dit-elle.

Certains viennent rappeler

en effet ce passé héroïque

ou pas nombreux, mais quand même.

Le commandant Lyon Simonault,

par exemple, des services français,

témoigne dans un courrier aux juges

le 5 novembre 1945, et il dit

« Grâce à Mme Carré,

l'ordre de bataille et ennemis a pu

pour l'ensemble du territoire français occupé

être suivi au jour le jour.

Une synthèse du World Office,

l'Office de la Guerre Britannique,

est aussi présentée aux jurés,

documents dans lequel les rapports

du réseau interallier, cofondés par Mathilde,

constituaient une source inestimable,

la meilleure source d'information

militaire en France.

Après un silence, alors qu'on lui demande

si la Châte a semblé manifester

un désir sincère de se racheter,

pierre à vos mecs lourds,

l'agent du SOE anglais répond,

« Oui, dans l'ensemble, je crois que je le dirais.

»

La plédoarie de la vocale Mathilde, M. No,

vient conclure les débats comme il se doit.

Souvenez-vous-en, M. les jurés.

Quelques-uns de ceux avec qui la Châte a travaillé

ont été assez forts

pour jouer un double jeu avec les Allemands.

C'est parce qu'ils étaient des professionnels

du jeu, de l'espionnage.

Mathilde Carré n'était qu'un amateur

et elle a témoigné des faiblesses

de l'amateur engagés dans un jeu terrible.

Je plaide coupable,

certainement.

Mais je demande pitié pour cette femme

qui s'écrit plus fort qu'elle ne l'était

et qui s'est trouvée placée devant ce dilemme.

Vivre

ou mourir.

Quand elle eut commis sa première erreur,

elle était perdue.

Elle était compromise à tout jamais.

Pourtant, vous ne devez pas oublier

qu'elle fut une des premières héroïnes

de la résistance naissante.

Je vous supplie d'épargner la vie de cette femme

qui, pendant des années d'héroïsme,

n'a connu que deux mois

de faiblesses.

Mais le soi disant

un batterisme de Mathilde

et ses années de résistance

n'y s'enjouent rien.

Non, personne,

ni les jurés,

ni les français,

n'est prêt à pardonner.

Personne ne pourra comprendre.

Alors, la châte est condamnée à la peine de mort.

Sa peine est commu en encroisonnement

à perpétuité, puis réduite à 20 ans.

Le 7 septembre

1954,

après 12 ans

de détention en Angleterre et en France,

elle est libérée pour raison de santé.

Elle passe le reste

de sa vie à Paris

dans l'anonymat

avant de s'éteindre en 2007

à l'âge de 98 ans.

Une très longue vie

que la châte a sûrement trouvé fâde

et ennuyeuse,

elle qui disait voir presque un plaisir sensuel

dans le danger de votre corps

tout entier semble apprendre vie

soudainement, disait-elle.

Voilà peut-être la clé de l'énigme

Mathilde Carré,

un besoin viscéral d'adrénaline

pour se sentir vivante.

Peu importe au profit de qui,

au détriment de qui,

et peu importe les conséquences.

Il faut juste prendre vie

soudainement.

Ma mère,

voici le temps venu

d'aller parier pour mon salut.

Mathilde,

est revenu.

Buenia,

tu peux garder ton vin.

Ce soir, je boirai mon chagrin.

Mathilde,

est revenu.

Toi, la serrante,

toi, la maria,

faudrait peut-être mieux changer nos daras.

Mathilde,

est revenu.

Mes amis, ne me laissez pas.

Ce soir, je repars au combat.

Maudite Mathilde,

plus lisse que ton volat.

Mon cœur, mon cœur,

ne t'emballe pas.

C'est comme si tu ne savais pas

que la Mathilde est revenu.

Mon cœur,

arrête de répéter

qu'elle est plus belle qu'avant l'été.

La Mathilde,

est revenu.

Mon cœur, arrête de pringue baller.

Souviens-toi qu'elle t'a déchiré.

La Mathilde,

qui est revenu.

Mes amis, ne me laissez pas.

Dites-moi, dites-moi qu'ils ne font pas.

Maudite Mathilde,

plus lisse que ton volat.

Et vous, mes mains,

restez tranquilles.

C'est un chien qui nous revient de la ville.

Mathilde, est revenu.

Et vous, mes mains,

ne frappez pas.

Tout ça ne vous regarde pas.

Mathilde, est revenu.

Vous, mes mains,

ne tremblez plus.

Souvenez-vous quand je vous pleurerai dessus.

Mathilde, est revenu.

Vous, mes mains,

ne vous ouvrez pas.

Vous, mes bras, ne vous tendez pas.

Sa cœur est Mathilde,

plus lisse que ton volat.

Merde, arrête tes prières.

Ton jaque retourne en enfer.

Mathilde,

mais revenu.

Où n'y a-t-il apportes-nous du reine?

Celui des noces et des festins.

Mathilde,

mais revenu.

Voila serbante,

voila maria,

pas tendre mon enlis de bras.

Mathilde,

mais revenu.

Amis,

ne comptez plus sur moi.

Qu'elle encore une fois,

n'appelle Mathilde.

Puisque tu relas,

tu relas.

France Inter.

Affaire sensible.

Fabrice Drouel.

Aujourd'hui, l'histoire de Mathilde Carré

surnommée La Chatte.

Notre amitié, Jean-Christophe Notin.

Bonjour.

Mathilde Carré, alias La Chatte.

De la résistance à la collaboration

et retour.

Livre paru en février dernier

aux éditions du seuil d'abord.

Peut-être que les auditeurs

et les auditrices se sont posés la question

tout au long du récit.

Mais pourquoi se surnomment La Chatte?

Au-delà des Iotshars.

On n'a pas vraiment l'origine exacte,

mais tout le monde s'est retrouvé.

Ce sont des Américains qui l'auraient vu à Vichy,

où il était passé avec les services de renseignement français.

Et elle a eu une manière de se louver

dans les canapés, une manière de se tenir,

ses yeux également, comme vous avez dit.

Et donc le surnom est resté et il a été repris

par tous les services allemands, anglais.

Tout le monde l'a appelé La Chatte.

Alors pourquoi se livre, déjà,

qu'est-ce qui dans cette histoire vous interpelle?

Parce qu'après tout des histoires de résistance

et de résistance, il y en a beaucoup. Pourquoi celle-là?

Alors on atteint quand même avec elle le son môme

à la fois de la résistance, de la trahison

et de la lire-tour. C'est ça qui est fantastique.

Ça a été un très grand agent de la résistance,

un très grand agent triple, voire donc

quadruple avec Vichy. Donc c'est quand même

un des stades uniques et il se trouve

que les archives se sont ouvertes assez récemment,

que ce soit en Angleterre, en France,

ce qui permet vraiment d'avoir un point de vue

tout à fait complet et d'enlever à peu près

tous les mystères sur Matilde de Carré.

Les archives anglaises, vous avez plus les

consultés sans problème?

Donc le MI5, MI6, tout le SRE bien entendu,

et les services français,

que ce soit les services secrets français,

la justice, très gros dossier

de justice bien entendu du procès

avec de très belles pièces.

C'est assez complexe d'arriver

à dire pourquoi elle a

trahi encore

qu'est-ce

qui d'après vous a motivé ces actions?

C'est le coeur de l'histoire,

le coeur du problème.

C'est à dire l'énigme principal

de Matilde de Carré, mais vous l'avez fort bien résumé

en conclusion, c'est un égo énorme.

Elle a besoin d'exister et elle existe

dans le regard des autres. Donc ça a commencé

très jeune, ses parents, la laissent en fait

en pension, elle a très mal vécu d'être très loin

de ses parents, et manifestement

elle a toujours cherché, comment dire,

à se grandir dans leurs yeux, donc elle a voulu

être une très grande pianiste, ça a raté,

elle a voulu être une très grande écrivaine, ça a raté.

Arrive la guerre comme vous le dites,

elle se dit, ça y est, c'est mon dessin, arrive,

je vais être une grande espionne. Elle arrive

grâce aux polonais à devenir cette grande

espionne, c'est vrai, elle est une très grande

agent de résistance, mais arrive donc

cette arrestation pour laquelle elle n'est

pas la chute du réseau, elle se dit là

qu'est-ce que je vais devenir, et Bleicher

lui sert sur un plateau, mais écoutez madame

vous allez devenir une très grande agent double.

Et là vraiment, c'est une bascule,

c'est la manipulation dans les services,

chercher le point faible dans la personnalité

de Bleicher à cette intelligence

noire, de détecter cette faille

de l'égo, de l'orgueil,

et il se dit avec elle, je vais atteindre

mon maximum, mais donc en fait il n'a pas torturé.

C'est une torture un peu, sans doute psychologique,

il a sans doute dit, bon vous n'allez pas

aller, vous allez y passer, mais

on l'a parlé ici elle-même de Mathieu

de Carré, elle dit, j'étais très bien reçu,

ils m'ont donné à manger en prison, j'étais

très bien traité, et donc

Bleicher va jouer sur cette corde

et donc elle va devenir

un agent double, et de la même façon, quand vos

mi-cours arrivent, en fait elle arrive au bout

du rouleau, si je veux dire, de l'agent double,

vos mi-cours lui sert sur un plateau, et bien écoutez,

vous allez redevenir une grande agent au service des alliés,

et hop, ça rebasque de la même façon.

Ça veut dire que c'est une aventurière qui

n'a pas de préoccupation idéologique.

On dirait Saint-Foigny-Lois.

Si ce n'est qu'après en prison,

elle va lui tomber dessus le mysticisme,

elle va là aussi vouloir devenir une très grande convertie,

c'est toujours très grand avec Mathieu de Carré,

donc elle va écrire une biographie de Marie,

elle va entrer dans les ordres, elle va être chassée

des ordres, parce que justement

cette question d'orgueil,

et donc terminer sa vie tout seul,

c'est le destin

de cette faille d'orgueil maximale.

Heureusement qu'elle n'a pas travaillé dans les médias.

Ah ouais, peut-être une opportunité.

Alors, finalement

ils sont amants avec Bleicher.

Parce que voilà,

c'est une femme

libre ou elle se dit, ça va me

rendre service ?

Alors, elle, c'est ce qu'elle a dit. Elle a toujours dit, elle a même

à vrai dire, dès le premier soir,

bon, dire les choses cruement, elle couche avec

Hugo Bleicher, et elle dit, il m'a violé.

Dans mon interprétation,

je ne pense pas, évidemment, elle

cherche à se dédouaner, c'est tout à fait compréhensible.

Dans la psychologie de Bleicher, une fois tout,

il joue sur son orgueil, il n'a pas du tout intérêt à la violenté,

il a besoin d'elle d'en tirer le maximum,

mais au contraire, en fait, en couchant avec elle,

il veut lui prouver que c'est une grande séductrice, une grande femme,

et ça joue à merveille.

Mathilde Carré va le croire jusqu'à la fin de sa vie

que Hugo Bleicher était complètement tombé à mon rodel.

Alors qu'en fait, parallèlement, il a une aventure

avec une française, et il lui fait croire, pendant

x mois, que pour Mathilde Carré,

il a lâché sa française,

il ne va plus l'avoir, il a organisé

tout un tas de scènes dans Paris de rupture, etc.

Il croit, alors que c'est complètement faux.

Il est resté avec cette française jusqu'à 45.

Là aussi, il y a une manipulation fantastique.

Des formations professionnelles.

Ils fusionnent les deux, en fait.

Les conditions de son arrestation

en Angleterre, enfin,

d'arrêter en Angleterre, c'est la France

qui ordonne son emprisonnement.

Pourquoi ? C'est pas clair.

Alors là aussi, c'est ce qu'elle a dit,

parce qu'on lui a pas expliqué la vérité,

elle est persuadée que ce sont les gaulistes qui lui en veulent,

parce qu'elle n'est pas du tout gauliste.

Dans les réseaux, il y a eu tout un tas de tendances,

donc il n'y a rien de très important.

En fait, non, non, c'est les anglais qui l'arrêtent,

parce que d'abord, ils savent, ils ont compris

que c'est une agenda double,

enfin, qui a été agenda double.

Vous avez mis quoi, alors ?

Mais il se trouve que vous avez mis cours, lui repart en mission.

Ça a été d'ailleurs le grand drame de Mathilde Le Carré,

il ne comprend pas pourquoi d'Angleterre

elle n'est pas renvoyée en France.

Donc vous avez mis cours, retourne faire son travail,

les anglais disent, tant qu'il y retourne,

on ne peut pas la laisser en circulation,

Zerneski lui-même, qui a été arrêté parallèlement

par les Allemands, a été relâché.

Parlement.

Et lui aussi, en fait, est agenda double.

Il est relâché par les Allemands,

en disant, oui, je vais travailler avec vous,

sauf qu'il va à Londres, il dit aux anglais,

bon, ça y est, moi aussi, je suis agenda double.

Et Zerneski est un des pièces essentielles

de fortitude.

Faire croire au débarquement,

donc c'est une pièce essentielle.

Donc tant que fortitude, tant que le débarquement n'a pas eu lieu,

Mathilde Carré devait rester en prison.

Notamment, c'est extraordinaire, absolument extraordinaire.

On se retrouve dans 3 minutes,

on va écouter 4 heures, these days.

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Aujourd'hui, l'histoire de Mathilde Carré

dit la châte dont nous parlons

avec Jean-Christophe Dottin,

puisque vous avez écrit la bio

de Mathilde Carré, alias,

la châte de la résistance à la collaboration

et Retour, un livre par Jean-Féry

du seuil, y a-t-il une possibilité

selon laquelle, finalement,

tout au long de la guerre, et avec ses alertours,

elle n'est travaillée que pour Vichy ?

Alors, ce qui est certain, c'est qu'elle,

en fait, donc elle a bien été agent quadru,

puisqu'elle a travaillé avec le polonais,

dans les services polonais,

en alimentant Vichy,

ce qui, maintenant, ne se fait pas au travail

dans un service, elle n'est pas alimentée l'autre.

Donc c'est certain qu'elle a travaillé pour Vichy.

Est-ce qu'ensuite, ce lien a été maintenu ?

Non. A partir du moment où elle a été

ce lien est rompu, et

comment dire, elle a aussi, on voit,

les officiers de Vichy qui, au procès, sont très

gênés parce qu'elle a rendu des services incontestables

à la résistance, mais incontestablement,

elle est passée de l'autre côté.

Puisque vous parlez du procès, justement,

j'imagine que dans l'Assemblée,

beaucoup doivent être assis sur une punaise.

C'est-à-dire pas à l'aise, quoi.

Quel que soit le camp.

Qu'est-ce qu'il faut retenir de ce procès ?

Qu'est-ce que vous avez retenu, vous ?

De manière anecdotique, son attitude.

C'est quand même extraordinaire.

Parce qu'elle a alimenté un mensonge

pendant 7 ans,

de 42 à 49,

dix ans, j'étais à Jandôme,

mais en fait, j'ai préservé la résistance.

Évidemment, ça, c'est le drame de ceux

qui ont choisi la collaboration.

La guerre se termine,

évidemment, c'est pas son camp qui ont gagné.

Ce qu'elle a envoyé dans les camps reviennent.

Elle témoigne, elle nous a trahi,

c'est scandaleux, elle a une attitude,

elle a des arrestations qui étaient assez scandaleuses.

Et elle envoie Mathilde Carré

avec un détachement complet,

ce mot qui est de mangeant,

mâchouillant son chewing-gum,

avec donc une absence absolue

d'aucun remord, aucun regret.

Ces gens-là,

c'est grossement de ce qu'elle a dit,

il méritait leur sort, elle a même dit à certains,

mais finalement, je vous ai envoyé dans les camps,

vous avez passé quelques temps en prison,

comme vous vous plaignez.

C'est quand même extraordinaire.

Après, sur le fonctionnement des services,

le procès n'a pas grand-chose,

parce qu'en plus tout ça est couvert par le secret,

il y a encore l'affaire de fortitude,

les anglais ne veulent pas tout dire,

ils veulent pas dire que c'est Arnazki.

Finalement, ça a été un dérombondissement du procès

sur lequel a essayé l'avocat Alberto,

disant, mais c'est Arnazki aussi,

regardez, ça a été un agent double.

Justement, on a le sentiment que

c'est fait d'armes du bon côté,

ne pèsent pas aider le début.

Ça, c'est la fatalité quand même,

mais là, parce qu'une fois de plus,

que quelqu'un trahisse,

ça peut se comprendre, c'est une pression,

une torture, mais il faut voir comment elle a trahi.

Oui, avec promptitude.

Avec promptitude en quelques heures,

et puis, contrairement à ce qu'elle a dit,

avec volonté, c'est-à-dire que des fois,

arrivé dans des scènes, elle disait,

il faut l'embarquer.

Pousse au crime.

Oui, c'est quand même une sans-vergogne,

un personnage comme ça.

Alors, c'est comme, c'est ce que vous disiez,

Forbes, également, en introduction,

l'incarnation de la femme, de la traiteresse,

du mal absolu.

Parlons-en de son statut de femme.

Est-ce que ça a changé quelque chose

dans le jugement

de la cour d'assises,

des jurés, des jurés, à votre avis ?

Si ça avait été un homme,

le verdict aurait été le même,

parce que certains, on voit dans les recensions de la presse

que ça a beaucoup joué.

Ils ont évidemment beaucoup joué là-dessus,

il y a des coucheries, toutes ces aventures.

La femme libre, en 49,

ça ne passe pas du tout.

Pauline Dubusson, c'est très bien.

Il y a un fait d'hiver

qui met en scène une femme, effectivement,

qui a eu une relation avec un allemand, peut-être plusieurs,

qui prend perpétuité pour un crime passionnel,

qu'elle commet plus tard,

parce qu'elle horreur, elle a osé vivre sa vie

comme elle l'entendait.

Et ça, ça ne passe pas du tout.

Une fois de plus, elle couche avec Hugo Bleicher,

Pierre de Vaux-Mécourt est aussi son allemand.

Zernersky est vrai, semblablement,

son allemand, malgré ce que les deux ont dit.

Donc évidemment, ça a joué forcément

contre elle.

À quoi ressemblait...

Alors, avant cela,

elle passe quand même de la peine de mort,

puisqu'elle est condamnée à mort,

à la perpétuité.

Finalement, à 20 ans, elle en fait 12,

plus les années, quand même, qui sont comptabilisées,

les années anglaises.

Qu'est-ce qui fait que finalement,

je ne veux pas dire qu'elle se met encore en vie,

de très longtemps finalement.

Autant les années,

de l'immédiate après-guerre sont,

à la répression, il faut châtier

tous ceux qui ont trahi.

Autant les années, c'est ce passant,

on voit de manière générale, c'est pas que pour Mathilde Carré,

nombre de ceux qui ont pu collaborer

ont bénéficié de remises de peine, de grâce.

Déjà, on n'exéquitait plus les femmes,

je crois que la dernière, c'est en 49.

Et donc, ça rentre dans un processus, logique.

Bon, contraire, alors là, ça a alimenté

toute la fantasme, on a dit, oui,

parce qu'elle avait justement été un agent,

toujours au service des alliés,

non pas du tout, c'est dans l'air du temps.

Et donc, elle est libérée

dans le milieu des années 50.

On connaît beaucoup l'histoire de Matharie,

tout le monde ne connaît pas Mathilde Carré,

pourquoi, votre avis ?

Alors, ça, c'est une bonne question.

Je vous remercie.

Bon, Matharie déjà est morte

pendant de ses faits, je dirais.

Après, il y a le personnage

de Matharie aussi, qui s'est feuillé

dans les cabarets parisiens,

parce que d'ailleurs, il lui reprochait fortement

Mathilde Carré, elle disait, moi, je veux bien être

une Matharie, mais hors de question que je m'éfeuille,

je veux être une super Matharie.

Vous allez voir, je vais duper tout mon monde.

Et donc, ça, c'est...

Il y a l'aspect tout à fait néfaste,

de plus que quand même trahi, une centaine de personnes.

Et l'air du temps,

une fois plus, ce n'est pas du tout en censé

mettre au pinac ce genre de personnage,

bien qu'elle ait été l'objet de 3 films.

À ce propos,

on a vu nous le film

de Berlard Blier.

Quel regard vous portez artistique

sur ce film ?

On s'est compris ?

Alors, le premier se laisse voir.

Avec d'ailleurs la scène finale

où Mathilde Carré meurt fusillé,

qu'on peut en fait retrouver dans l'armée des ombres.

Mais manifestement, 2 coins, c'était inspiré

de Kessel, qui est à l'origine de l'armée des ombres.

Bon, picturalement,

scénaristiquement,

c'est assez, comment dire,

enfantin.

Il y a-t-il beaucoup de femmes

comme ça aussi importantes

que Mathilde Carré à cette époque

en collaboration

ou en résistance ?

En résistance, il y a des figures magnifiques

Marie-Hemmelen-Fourcade,

Mali-sur-Brac, il y a des très grands noms

de résistants de française.

Mais alors,

dès qu'il en a,

dans ce volume de méfait,

je n'ai pas trouvé

dans ce caractère, une fois de plus.

Des projets de

créer un autre livre

autour de la résistance ?

De la résistance vraisemblablement,

être un grand résistant

formé connu,

qui a été à l'origine

d'un certain nombre de techniques de clandestinité

pendant la Seconde Guerre,

et qui est mort, hélas,

et me fusillé. Enfin, fusillé,

il a été coincé par les Allemands, exécuté,

beaucoup fantastique, et très, très, très m'occupte.

Donc, ça va être l'occasion de lui rendre hommage.

Je voulais vous spécialiser dans les

récits de guerre, de la Seconde Guerre,

qui sont passionnants.

On en raconte beaucoup, justement.

Plutôt le domaine des services secrets, de manière générale.

Plutôt les services secrets.

D'accord. Bien,

je vous remercie Jean-Christophe Dottin.

Je rappelle

votre livre, Mathilde Carré,

Alias la Châte de la Résistance,

à la collaboration

au retour, donc il est paru en février,

de cette année aux éditions du seuil.

Voilà. Merci. Merci à vous.

Au revoir.

C'était Affercensible, aujourd'hui Mathilde Carré,

sur le Mets la Châte.

Une émission que vous pouvez réécouter en podcast,

bien sûr. Merci à Clément Berman,

qui était à la technique aujourd'hui.

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durée :00:53:53 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle, Franck COGNARD - Aujourd’hui dans Affaires Sensibles, l’énigme Mathilde Carré, alias La Chatte… - réalisé par : Frédéric Milano