La source: Géopolitique du crime 4/5 : Aldo Moro, 55 jours dans la prison du peuple.
Radio France 8/20/23 - Episode Page - 57m - PDF Transcript
France Inter.
Qu'un homme politique de premier plan en France,
quelqu'un que vous voyez si souvent à la télé soit pris en otage,
55 jours, et qu'on le retrouve dans le coffre d'une voiture assassinée en plein cœur de Paris,
et bien voilà, ce qu'ont vécu les Italiens à Rome en 1978.
C'est l'époque dite des années de plomb, ces années de violence,
qui se sont étalées entre les attentats contre les banques à Milan et à Rome en décembre 1969,
jusqu'à celui de la guerre de Bollogne en août 80, une décennie,
durant laquelle 12 690 attentats ont provoqué la mort de 362 personnes.
C'est au cœur de cette tragédie où les kidnappings, les balles dans les jambes, les assassinats,
ont accompagné le bruit des bombes de l'extrême gauche et de l'extrême droite italienne,
que survient l'enlèvement d'Aldo Moro, un drame qui constitue l'acme de ces années de plomb.
Pour cette émission, nous avons fait le choix de rester au cœur de l'événement,
à l'intérieur même de la prison d'Aldo Moro,
grâce au souvenir de Mario Moretti, des brigades rouges, chef de l'opération,
qui racontait son histoire dans de longs entretiens publiés en français par l'édition Amsterdam,
mais surtout grâce au mot du prisonnier, Aldo Moro lui-même, qui, tout au long de sa captivité,
a écrit à sa femme, ses proches et au gouvernement.
Toutes ces lettres que vous entendrez ont été transmises à leur destinataire durant sa captivité.
Elles sont à la fois le reflet de l'homme politique, qui malgré son statut d'otage,
tente de plaider sa cause et de l'intimité d'un homme qui, au fil des jours, voit sa fin arriver.
D'être invité aujourd'hui, le réalisateur Moskolevi Bukko, auteur d'un documentaire sur le sujet,
a intitulé « Ils étaient les brigades rouges ».
Affaire sensible, et l'émission de France Inter en partenariat avec Lina,
préparée aujourd'hui par Jean Bulo, coordination Christophe Barrère,
à réalisation Fabrice Legle.
...
Comme à chaque fois, au presque qu'ils se trouvent à Rome,
Aldo Moro, grand star de la politique italienne,
se rend à l'Église Santa Chiara, le temps d'une messe,
assis au premier rang, alors que l'attende ses agents de sécurité.
Il a quelques mois, par hasard, un homme des brigades rouges
sortant de cette église.
Il a revenu l'homme, puis, jour après jour,
il a relevé les habitudes de président de la démocratie chrétienne.
...
A partir du moment où la décision de l'enlever est prise,
la préparation prend cinq mois.
Cinq mois à noter les horaires du leader politique,
ses différences itinéraires et ses quelques variantes.
Sur cet âge quotidien, un seul endroit est propice au guétapant.
Le carrefour entre via Fanny et via Stressa.
Là, il y a un stop, où les scores s'arrêtent à chaque fois.
Un bar fermé depuis longtemps, un mur,
protégeant les fenêtres de l'immeuble et un trottoir souvent désert.
Seul un floriste pouvait gêner l'opération.
Alors, la veille de l'enlèvement,
on a crevé les pneus de son camion qui lui sert le magasin
pour que lui et ses œillers ne se retrouvent pas dans le feu de l'action,
c'est-à-dire.
...
Le 16 mars 1978, tout est prêt.
Ce jour-là, la Chambre des députés Aldo Moro doit assister
à la présentation du programme du nouveau gouvernement
dirigé par Giulio Andreotti
et auquel, pour la première fois, les communistes apportent leur soutien.
C'est le fameux compromis historique dont Aldo Moro est le principal architecte.
Après avoir été ministre de divers gouvernements,
président du Conseil à deux reprises,
en charge des affaires étrangères pendant de longues années,
il œuvrait au rapprochement entre son parti démocrate chrétien et les communistes.
Depuis des années, les fractures au sein de l'Italie
se faisaient de plus en plus pesantes entre les élus et le peuple,
entre les travailleurs du Nord et ceux du Sud,
entre la gauche des partis et celles de la Révolution armée.
À chaque élection, la démocratie chrétienne
perdait un peu de son régémonie,
tandis que par les urnes, les communistes augmentaient leur influence.
Mais un plafond de verre semble estopé tout rêve de majorité.
Dans la rue à l'inverse, les communistes perdaient la main,
doublés sur leur gauche par de nouveaux mouvements inscrivant la lutte sociale
dans la continuité de l'action des résistants de la seconde guerre mondiale.
Parmi ces mouvements, une organisation prend vite la tête de Cordée,
les Brigades Rouges.
Néolandmain des mouvements de grève de l'année 69,
les Brigades Rouges forgent leur notoriété dans des actions spectaculaires
dont peuvent devenir un cible tout collaborateur
ou représentant du système en place, responsables des usines,
personnels politiques, magistrats.
Et c'est ainsi que, mois après mois,
ils enlèvent menaces, humiliés, mutiles, puis-tu, de plus en plus.
En ce printemps 1978, beaucoup ont été pris dans les filets de la police
d'un certain fondateur,
l'un des hommes à leur tête toujours libre,
s'appelle Mario Moretti.
Et c'est lui ce matin du 16 mars
qui, à bord de sa voiture,
observe le placement des auto de l'escorte d'Aldo Moro
en battu lui signal d'un départ prochain.
Ensuite, Moretti prévient ses camarades en charge de l'ambuscade.
Quatre hommes habillés en uniforme de la compagnie à l'Italia
et une jeune fille bouquée de fleurs à la main,
ils se placent tous à l'endroit prévu.
On l'oublie souvent, cette jeune fille.
Pourtant, elle joue un rôle crucial dans l'opération.
Poster quelques mètres avant la vie à Fanny,
c'est elle qui doit prévenir de l'arrivée d'Aldo Moro
et ainsi permettre à Moretti de placer son véhicule
devant son convoi sans éveiller les soupçons.
À l'approche de celui-ci, comme prévu,
la jeune fille monte sur sa veste pas, puis s'en va.
Moretti lui se positionne.
Arrivé au stop, il met sa voiture en travers,
comme prévu également.
Il est autour de 9 heures, la fusilale commence.
Le conducteur de la première voiture, puis les carabiniers tombent un par un.
Le chauffeur d'Aldo Moro tente de s'enfuir,
mais sa fière de 130 est coincée, pris au piège.
En quelques secondes, les cinq hommes de l'escorte sont neutralisés.
Aldo Moro, lui, est sain et sauf, proscrits à l'arrivée de sa voiture.
On s'empare de lui et on le jette dans une fière de 132.
Aldo Moro ne dit pas un mot à Basourdi,
par les balles et les morts, autour de lui.
Il est transféré une première fois de la fière dans une vieille fourgonnette,
où on le place dans une caisse en bois,
longue d'un mètre, 20 sur 80 cm de large.
Le dernier transfert se déroule dans un parking souterrain,
de la communnette, à un vieux break,
qui l'amène à l'appartement du 8, via Montalcine.
D'hors, l'alerté donnée,
l'alerté donnée, l'alerté donnée,
l'alerté donnée, l'alerté donnée,
D'hors, l'alerté donnée,
vers 10 heures, les brigades rouges,
revendiquent l'enlèvement par téléphone à l'agence ANSA.
L'enlèvement fait la une, bien sûr.
Le président Aldo Moro a été enlevé ce matin à Rome.
Ces gardes du corps ont été abattus par un commando.
Via Stresa, il est 9h50.
Nous venons d'arriver sur le lieu de Lassau.
Voici la voiture, avec les cadavres.
Les cadavres des gardes du corps du président Moro.
Il y a quatre morts et un blessé.
En tout président Moro, il a été enlevé.
Vous voyez le sang au sol et un pistolet automatique.
Quatre cadavres via Stresa, à 10h du matin.
Aldo Moro découvre alors ce que ces jolis appellent la prison du peuple.
C'est un long couloir 13 et 3.
Il y a juste un lit, une table, minuscule, un toilett chimique,
un conduit d'aération.
Ce box se situe dans le salon d'un appartement bourgeois
derrière une cloison installée pour l'occasion,
cachée par une bibliothèque qui longe le mur du sol au plafond.
Pour atteindre le box, une partie de la bibliothèque est amovible.
Quand Aldo Moro entre dans sa prison couloir étouffante,
il ne voit que le drapeau rouge avec les toits la 5 branches
accrochées au-dessus du lit.
Il aurait dit alors, ah, c'est vous, je m'en doutais.
Puis, il s'est assis.
La première fois que les Italiens ont découvert ce symbole de drapeau rouge,
c'était en février 1973, à la suite de l'enlèvement éclair
d'un syndicaliste néo-fasciste Bruno Labatté.
L'enlèvement éclair, c'est l'une des actions privilégiées par l'organisation.
En frappé un pour en éduquer sans teller la philosophie.
Quant aux actes, il s'agit, à travers eux,
de montrer la puissance de l'organisation enlevée,
malacée, humiliée pour installer la peur dans l'autre camp.
Peur, terreur, terrorisme, libriels rouges ont très vite annoncé la couleur,
si je puis dire.
Quelque temps après son enlèvement, le 11 février 1973,
Bruno Labatté retrouvait donc du enchaîné à la grille de l'usine fiatte
Mirafiori de Turin,
un carton autour du cou avec les toiles rouges à cinq branches.
Ce jour-là, cet étoile devient le symbole d'un espoir
pour la classe ouvrière et de la peur pour les gens au pouvoir.
Aldo Moro, lui, malgré la situation, ne semble pas inquiet.
Il accepte et ne délivre à ses agresseurs aucun signe de détresse.
Il scrute le box étroit, repère le micro au mur,
puis répond aux premières questions.
Pour l'heure, il s'agit seulement de s'assurer sa bonne santé.
Des brégalistes vérifient qu'il n'est pas blessé.
A-t-il une maladie ?
Un traitement particulier apprend ?
Non, rien.
Comment j'ai-t-il ?
Peu de viande, peu de fromage.
Il aime plutôt les légumes.
Bien, on lui préparera des potages.
La première nuit,
Prospero Galinari, qui sera son joli et tout au long de l'opération,
remarque qu'il transpire beaucoup qu'il a du mal à la respirer.
Des brégalistes s'inquiètent.
Une heure, exceptionnellement, il lui ouvre la porte
et lui demande de rester sur son lit, en silence, ce qu'il fait.
Aldo Moro a 61 ans, son joli et moitié moins.
Alors, tout au long de sa captivité,
Prospero Galinari prendra soin de lui.
Le 18 mars 1978, le quotidien, il messagère,
ainsi que la télévision italienne reçoive une première photo d'otage.
Sur le cliché, Aldo Moro est assis sous le drapeau avec l'étoile rouge.
Il porte une chemise blanche, un peu déboutonnée,
qui laisse deviner un maillot de corps.
Dehors, au même moment,
des milliers de policiers participent à sa recherche.
Une dizaine d'interpellations et une arrestation déjà eu lieu.
Enfin, l'après-midi,
partis politiques et syndicats ont appelé rejoindre
le cortège funéraire des cinq policiers tués pendant l'enlèvement.
L'Italie pleure, manifeste, le pouvoir fait front.
Mais le soir de ses funérailles,
ce sont les mots du premier communiqué des brigadistes
accompagnant la photo qui font l'ouverture des journaux.
Communiqué numéro 1.
La capture d'Aldo Moro
et le procès auquel il sera soumis par un tribunal du peuple
aura pour objet d'exprimer un mot d'ordre
pour le mouvement de résistance offensive qui est en train de se développer
pour le rendre plus fort, plus mur, plus incisif et organisé.
Nous entendons lancer une initiative armée,
vaste et unitaire, pour le développement ultérieur de la guerre de classe,
pour le communisme.
Nous voulons attaquer l'État impérialiste des multinationales.
Désarticuler les structures,
les projets de la bourgeoisie impérialiste
en attaquant le personnel politico-économico-militaire qui en est l'expression.
Unifier le mouvement révolutionnaire en construisant le parti communiste combattant.
Pour chaque communiqué la même méthode,
Moretti écrit le brouillon de la logore et de son groupe.
Il l'aurait dit souvent dans le train qu'il amène au lieu où il retrouve l'exécutif,
c'est-à-dire le rassemblement des personnes représentant les différentes colonnes
du mouvement des périodes rouges.
La rencontre peut parfois s'étaler sur plusieurs jours.
On parle de la situation, des prochaines étapes,
on débat et on planche sur les communiqués.
À chaque fois, l'exécutif lit le brouillon de Moretti, la Mande,
puis lance les copies.
Quatre sont imprimés puis envoyés à Rome tura mille ans et gènes.
Le premier communiqué n'a rien d'exceptionnel,
il n'indique même pas de revendications, de possibles négociations, non,
juste un procès par un tribunal du peuple.
Un procès dont seuls les kidnappers seront les juges et les avocats.
Des interrogatoires se passent toujours de la même façon.
Avant d'entrer dans la pièce, Mario Moretti en file une sorte de passe montagne en coton
puis rejoint le prisonnier.
Le Moro ne voit jamais les visages de ses jolies.
Les discussions sont bien entendu politiques.
Et Moro n'esquive aucune des questions, mais son jugement est déjà connu.
Il est coupable qu'à importe ses mots.
L'interrogatoire et le procès sont symboliques.
L'enlèvement politique doit désorganiser l'État
et constituer un levier de négociations.
Moretti pense que les partis se diviseront sur l'attitude à adopter.
Il se trompe.
Le Parti communiste et le Parti démocrate chrétien
ont passé des années opposés l'un à l'autre.
Oui, mais l'enlèvement de Moro ne fait qu'accélérer leur union
et effacer les luttes passées.
Le 23 mars, le Parti communiste italien affirme dans la presse
une opposition de fermeté aucune tractation de l'État
avec les brigades rouges.
Face à cette coalition, Moretti accepte de faire entrer dans la boucle
Aldo Moro lui-même en l'autorisant à écrire.
N'ayant pas table pour poser sa feuille, pas de chaise pour s'asseoir,
il s'allonge sur son lit, le dos collé au mur, puis il écrit.
Ces premières lettres sont envoyées le 29 mars, soit 13 jours après l'enlèvement.
Elles sont transmises à sa femme, à son avocat et à Francesco Cosiga,
le ministre de l'Intérieur.
Je comprends qu'un événement de ce genre, lorsqu'il survient,
puisse être lourd à gérer, mais il faut également envisager
lucidement le pire qui peut advenir.
Ce sont là les péripéties d'une guérilla
qu'il faut évaluer la tête froide, jugulant l'émotion
pour porter la réflexion sur les faits politiques.
Adopter une attitude hostile serait une vision de l'esprit et une erreur.
Que le très haut vous illumine pour le mieux,
vous évitant de vous enliser dans un épisode douloureux
qui pourrait avoir de multiples conséquences.
...
Le style est encore un peu pompeux, officiel,
mais Aldo Moro indique des 7 premières lettres que le pire peut advenir.
Il espère que cette correspondance restera secrète.
Or, m'aurait-il envoyé une copie à la presse ?
Aurait-il lu ? Sans doute pas.
Car, à la suite de ce courrier, la direction de la démocratie chrétienne
annonce en refus de toute tractation.
Et pourtant, dans le passé,
des négociations ou même des accords entre le pouvoir et les brigades rouges
avaient déjà eu lieu.
Quatre ans plus tôt, le 18 avril 1974,
les brigadistes avaient enlevé le magistrat Mario Sorsi.
Une photo du kidnappé sous le drapeau avait été envoyée,
puis décommuniquée.
Un procès s'était tenu,
des négociations s'étaient ouvertes.
Les réalistes avaient demandé la libération d'activistes du groupe 22 octobre.
Les autorités avaient donné leur accord.
L'otage, Sorsi, a été libéré,
mais, finalement, Francesco Cocco,
le substitut du procureur de gêne,
refusa de libérer les membres du groupe 22 octobre comme convenu.
Et bien, deux ans plus tard,
un mois après l'ouverture du procès de certains fondateurs
des brigades rouges, Francesco Cocco était assassiné.
Et le 31 mars 1978,
qu'un jour après l'enlèvement
et de nouvelles lettres d'Aldo Moro
étaient envoyées à Benigno Zacaniini,
secrétaire nationale de la démocratie chrétienne.
Après lui avoir rappelé que c'est lui qui a convaincu
de prendre la présidence de la décès,
que c'est lui qui moralement est à sa place,
il lui demande de prendre ses responsabilités.
Le présent, c'est que je suis soumis
à un difficile procès politique
dans lequel je suis déjà condamné.
Je suis à notage
que votre brusque décision de Claude
s'en appelle toute forme de discussion relative
à un échange de prisonniers
rend inutile et encombrant.
Le temps court vite
et malheureusement fait défaut.
À chaque instant,
il pourrait être trop tard
que la décès
prenne la décision.
Si l'issue devait être différente,
c'est que vous l'aurez voulu
et je le dis sans animosité,
mon sang retombra
sur le parti et sur les personnes.
Puis,
il pensera un autre cycle
plus terrible et pareillement sans issue,
que le très haut vous illumine
et vite il le faut.
Quelques jours plus tard,
Giulio Andreotti réaffirme lors d'un débat parlementaire
la ligne de fermeté de son parti.
Aldo Moro est abandonné.
Seul avec ses feuilles de papier,
il espère encore changer le cours de l'histoire.
De l'autre côté de la cloison,
derrière la porte de cette prison du peuple,
moriti lui,
c'est-il déjà que c'est à lui
que reviendra la tâche d'exécuter l'otage ?
...
...
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...
20 avril 1978,
communiqué numéro 7
des brigades rouges.
La mise en liberté du prisonnier Aldo Moro
ne peut être prise en considération
qu'en rapport avec la libération des prisonniers communistes.
La démocratie chrétienne et son gouvernement
ont 48 heures à partir du 20 avril
à 15 heures pour dire
de manière nette et définitive
si elle entend le faire,
étant clair qu'il n'y a pas d'autre possibilité.
...
5 jours plus tôt, les brigades rouges
avaient déjà envoyé un communiqué le numéro 6
qui avait indiqué que le procès d'Aldo Moro
était clos et qu'il était condamné à mort.
Pourtant, les brigades rouges se refusent
pour l'heure à imaginer l'exécution de la peine
et ils autorisent toujours Aldo Moro
à défendre sa peau auprès de ses anciens compagnons de pouvoir.
Ce 20 avril 1978,
en plus des communiqués des brigades rouges,
deux autres lettres d'Aldo Moro,
l'une pour le pape, l'autre pour Zakanini,
sont transmises à sa femme.
Il ne semble plus avoir confiance qu'en elle
et à Dieu peut-être.
Durant sa captivité,
la foi en effet semble n'avoir jamais quitté Aldo Moro.
Il demande même à son joliet,
Prospero Gallinari, de lui apporter une Bible,
puis exprime son souhait d'entendre la messe.
Alors avec sa femme,
Prospero prend l'habitude d'aller le dimanche à l'église.
Il enregistre la cérémonie,
la réécoute pour vérifier qu'aucun message
caché ne lui est destiné,
puis il remet la cassette.
Aldo Moro l'écoute souvent dans la solitude
et la crainte quand celle-ci se font trop fortes.
Tout au long de ses lettres,
le très haut, comme il l'appelle,
semble être son seul soutien.
Alors naturellement,
c'est vers son premier représentant sur Terre,
le pape, qu'il se tourne.
En ces heures,
si difficiles,
je me permets d'en appeler
avec un grand respect
et une profonde espérance à votre sainteté.
Intercéder auprès
des autorités gouvernementales italiennes
compétentes,
afin que soit recherché
une solution équitable
au problème de l'échange des prisonniers politiques,
que je sois rendu à ma famille.
Votre dévot,
Aldo Moro.
Il reste alors 48 heures
au gouvernement, à la famille, au pape
pour trouver une solution.
Le jour même, Mme Moro publie
un vibrant appel à la démocratie chrétienne
de la vie de son mari.
Elle dit, assumer une attitude réaliste
en se déclarant près
à vérifier ce que sont concrètement
les conditions pour la libération du président.
Dans le même temps,
les dirigeants démocrates chrétiens
s'enferment au deuxième étage
de la place du Jesus autorisant
simplement une pause pour aller à la messe.
L'enjeu n'est plus désormais
d'offrir le premier pas, mais de répondre
à un ultimatum et d'imaginer
la libération de prisonniers politiques.
A la sortie, personne ne prend la parole.
Ce 20 avril, le président
du conseil des ministres de Julie-Andréoté
reçoit également un secret général
des quatre partis de la majorité.
Si le secretaire national du Parti Socialiste
est favorable à une initiative,
Enrico Berlinguer, le secretaire général
du Parti communiste, reste lui
sur sa position de fermeté.
L'État ne peut déroger au principe
de cet étage, dit-il, où on sauve
la République.
Paul VI le pas plus,
décide de répondre à la demande Aldo Moro.
Le samedi matin du 22 avril,
moins de 5 heures avant l'expiration
de l'ultimatum, il écrit aux brigades
« Hommes des brigades rouges,
restituels de Moro et la liberté
à sa famille, à la vie.
Je ne vous connais pas. Je ne sais pas
comment vous joindre. C'est pour cela
que je vous écris publiquement pour conjurer
la menace de mort proférée contre lui
et je vous supplie à genoux,
libéréale de Moro, simplement
sans condition.
Sans condition, derrière ces mots
du pape, la plume peut-être d'André
Auti, président du conseil du ministère.
Sans condition. Une formule qui en fait
sonne comme une condamnation à mort
car jamais les brigades rouges ne l'accepteront
évidemment.
Les orpas,
l'ultimatum est dépassé
au sein de la famille Moro et dans les couloirs
du pouvoir et de la presse, c'est la tente
et c'est l'angoisse.
Pour 40e jour de sa détention
le 24 avril 1978,
un huitième communiqué des brigades rouges
est transmis à la presse.
À le Moro, il est toujours en vie.
À la formule, sans condition,
les brigadistes opposent leur revendication
et demandent la libération de 13 brigadistes
dont Renato Kurtio, l'un
des fondateurs du mouvement qui a été arrêté
en septembre 1974
et dont le procès a été ajourné à deux
reprises.
Le jour même, Benino Zaccalini,
le secrétaire national de l'ADC, reçoit
une cinquième lettre d'Aldo Moro qui se conclut
par ses mots.
Je n'accepte pas
la sentence injuste et ingrate
émise par l'ADC.
Avec moi, crie ma famille, blessée
à mort, dont j'espère qu'elle pourra
s'exprimer de manière autonome.
Que l'ADC
n'imagine pas avoir résolu
le problème en liquide en Moro.
Je serai
encore là référence irréductible
pour la contestation et l'alternative.
Pour empêcher
que l'on fasse de l'ADC
ce que l'on en fait aujourd'hui.
Pour cette raison,
de part une évidente incompatibilité,
je demande
que ne participe ta méfunéraille
ni les autorités de l'État
ni aucun homme de parti.
Je demande à être suivi
par ceux peu nombreux
qui m'ont véritablement aimé
et sont par conséquence dignes
de m'accompagner de leurs prières
et de leur amour.
Aldo Moro.
Le 30 avril, Mario Moretti
décide d'appeler au domicile d'Aldo Moro.
Toute la largeur de la patine
refuse de baisser la garde,
de lâcher les armes dans la bataille
qui le mène à distance contre son propre parti.
De l'autre côté de la cloison
les brigadistes sont face
à un même mur, et à la même question
que faire.
Le 30 avril, Mario Moretti
décide d'appeler au domicile d'Aldo Moro.
Je suis un de ceux qui détiennent votre père, nous faisons cette démarche par scrupule,
parce que votre père insiste sur le fait qu'on vous berne et que vous raisonnez sur une équivoque.
Vous êtes mal conseillé. On a fait tout ce qu'on pouvait,
mais le gouvernement nous s'est emprisonné. Le problème est politique. La démocratie
chrétienne doit intervenir. C'est la seule voie pour arriver éventuellement à un compromis.
Mario Moretti prend seul la décision de joindre la famille d'Aldo Moro. Il appelle dans une
cabine téléphonique de la gare Termini. Car ton camarade sont là. Ils observent,
les allers venus dépassant. Moro se doute que la ligne téléphonique du domicile du
président de la décision écoute et pourtant il prend ce risque. Mais pourquoi ? Pour éloigner
un instant l'inévitable fin qui se dessine depuis des semaines. Car l'opération est dans l'impasse.
La décision et le PCI sont opposés à toutes idées de négociations. On l'a vu. Le parti
socialiste lui n'est pas entendu, pas plus que le pape, pas plus que les personnalités italiennes et
étrangères. Le sort de l'illustre prisonnier est entre les mains de Moretti et de l'exécutif.
Alors, doivent-ils libérer Aldo Moro ou le tuer ?
Seules deux personnes du commando sont contre l'idée d'ordonner la sentance. Mais pour la
majorité des brigadistes relâcher Aldo Moro, c'est mettre fin au choix de la lutte armée. Comment
l'organisation pourrait-elle se relever après cet échec ? Mais tuer Aldo Moro n'a-t-il pas la même
conséquence ? Car si au début des années 70 les actions des brigadistes sont soutenues dès les
premières heures de l'opération Moro vu de grande partie de la gauche et du monde ouvrier
condamne cette action. Le 5 mai 1978 au 51e jour de détention les brigades transmettent un 9e communiqué.
Nous concluons la bataille commencée le 16 mars en exécutant la sentance à laquelle Aldo Moro
a été condamné. Le même jour, Eolonor Amoro reçoit les deux dernières lettres de son mari. La
première est politique. Aldo Moro y attaque une dernière fois à la démocratie chrétienne.
Je voudrais que demeure clairement établie la responsabilité pleine et entière de la décès
qui s'est comportée de manière absurde et incroyable. Cette responsabilité l'a firmé avec
fermeté, comme il convient de refuser tout éventuel médaille que l'on desserne d'habitude dans ce
genre de situation. Il s'interroge aussi sur les efforts du pape. Tout est inutile quand on ne veut
pas ouvrir la porte. Le pape a fait bien peu. Peut-être en aura-t-il quelques scrupules. Dans la
seconde lettre plus courte peut-être écrit tant premier pour éviter d'être pris par l'autre
temps. Aldo Moro s'adresse une dernière fois à son épouse Eolonora. À l'instant, à l'improviste,
alors que c'est ce qui sait quel qu'espoir tenu est tombé l'incompréhensible ordre d'exécution.
Noretta m'a toute douce. Je suis entre les mains de Dieu et les tiennes. Prie pour moi. Rappelle-moi
tendrement à ton souvenir. Caresse aux petits, à nos enfants chiris. Tous que le trého vous assiste
tous. Un baiser rempli d'amour à tous. Aldo. L'exécution d'Aldo Moro a lieu le 9 mai
55 jours après son enlèvement, tôt le matin, entre six heures et sept heures. Le président
de la démocratie chrétienne a enlevé son survêtement puisqu'il a enfilé le costume qu'il
portait le 16 mars, celui qui l'avait prévu pour la séance à l'Assemblée. Le jugement des procès a
fait de prose pépérie. Le joli est d'Aldo Moro, son bourreau. Mon roti affirmera plus tard que c'est
lui en fait qu'il a exécuté. Aldo Moro est retrouvé dans le coffre d'une voiture. 11 balles dans
le corps, neuf avec un silencieux, deux cents. La catrelle, où son corps est abandonné,
garé via Mekangelo, c'est un mi-chemin entre les sièges de la démocratie chrétienne et du
parti communiste italien. Terrible et puissante signature. Mario Moriti l'annonce lui-même par
téléphone au professeur Tritto, un assistant d'Aldo Moro. Professeur Tritto, qui était l'appareil?
Brigade rouge. Suivant les dernières volontés du président Moro, dit à sa famille que son corps
se trouve rucca-etani. Deuxième rue à droite, après la rue des boutiques obscures. Je dois
appeler la famille. Non, allez les voir. Je n'y arriverai pas. Vous devez le faire. Je vous en supplie, non.
Un corps croc villé dans le coffre d'une voiture abandonnée dans une rue de Rome, une foule
al-tente, désordonnée, autour de lui, a Aldo Moro né plus. Mais comme il avait imaginé, son sang
retombe déjà sur ses anciens amis comme sur ses assassins. Le jour de ses fiérins, comme Aldo Moro
l'avait demandé, aucun homme politique n'a le droit d'être là. Alors, il se retrouve entre l'heure
d'une messe célébrée par le pape Paul VI pour honorer la mémoire de celui que les ont abandonnés.
Quelques années plus tard, Mario Moriti sera arrêté plus condamné comme la plupart des membres de l'opération
Moro à la perpétuité ou à de longues peines. Ce neuf, même en 1978, lui et ses camarades sont devenus
des assassins, des criminels, tuant de sang, froid, un homme dans le coffre d'une voiture. Les rêves et
les luts de passé ne pesent plus grand chose au regard du sang qu'ils ont sur les mains. Seule la fille
ou bouquée de fleurs n'a jamais été identifiée. Des fleurs, depuis la découverte du corps d'Aldo Moro,
on en dépose chaque année sur la vie à Miquel Angel Ocaetani, certaines pour honorer la mémoire du
disparu, d'autres pour soulager les consciences.
Je peux ressentir le bloc de chacune et la glace commence à s'arrêter.
L'air est en train d'être thinne avec tout le temps que je prends.
Il n'est pas avant le bruit que vous pourriez entendre le bloc de la peine.
Il n'est pas avant le bruit que vous pourriez entendre le bloc de chacune et la glace commence à s'arrêter.
Il n'est pas avant le bruit que vous pourriez entendre le bloc de chacune et la glace commence à s'arrêter.
Il n'est pas avant le bruit que vous pourriez entendre le bloc de chacune et la glace commence à s'arrêter.
Il n'est pas avant le bruit que vous pourriez entendre le bloc de chacune et la glace commence à s'arrêter.
Il n'est pas avant le bruit que vous pourriez entendre le bloc de chacune et la glace commence à s'arrêter.
Il n'est pas avant le bruit que vous pourriez entendre le bloc de chacune et la glace commence à s'arrêter.
Il n'est pas avant le bruit que vous pourriez entendre le bloc de chacune et la glace commence à s'arrêter.
Il n'est pas avant le bruit que vous pourriez entendre le bloc de chacune et la glace commence à s'arrêter.
Il n'est pas avant le bruit que vous pourriez entendre le bloc de chacune et la glace commence à s'arrêter.
Il n'est pas avant le bruit que vous pourriez entendre le bloc de chacune et la glace commence à s'arrêter.
Il n'est pas avant le bruit que vous pourriez entendre le bloc de chacune et la glace commence à s'arrêter.
Il n'est pas avant le bruit que vous pourriez entendre le bloc de chacune et la glace commence à s'arrêter.
Il n'est pas avant le bruit que vous pourriez entendre le bloc de chacune et la glace commence à s'arrêter.
Il n'est pas avant le bruit que vous pourriez entendre le bloc de chacune et la glace commence à s'arrêter.
Il n'est pas avant le bruit que vous pourriez entendre le bloc de chacune et la glace commence à s'arrêter.
François Inter, affaire sensible, Fabrice Drouel.
Aujourd'hui, l'enlèvement et l'assassinadel d'Al-Domor, à Rome en 1978 par les brigades rouges.
Notre invité, Moscou, Lévis, beaucoup bonjour.
Bonjour.
Merci d'être avec nous.
Je le rappelle aux auditeurs, vous êtes le réalisateur de ce documentaire en 2011,
intitulé « Ils étaient les brigades rouges », un film en deux parties sur l'histoire de l'Italie des années de plomb.
Ça, c'est une histoire collective.
Et puis surtout celle des brigades rouges et de l'enlèvement d'Al-Domor et du témoignage de quatre brigadistes.
Je ne sais pas si c'est la thérapie par la parole, mais ils y vont quand même.
Ils vous disent tout.
Ils vous disent tout.
Comment vous êtes arrivés à les faire parler de cette façon ?
Parce qu'ils parlent aussi beaucoup.
Alors, c'est un an là, on les voit en dormant chez l'un d'entre eux, par exemple.
Puisque j'ai dormi chez Prospero Gallinari, j'y suis resté plusieurs jours,
en allant aussi en prenant rendez-vous avec Mario Moretti pour faire un interview d'un mois.
Mais ça n'a pas été si facile, puisqu'il me suis fâché avec Mario Moretti.
Au bout de quinze jours, il a décidé d'arrêter.
Alors, Mario Moretti, c'est le chef des brigades rouges.
Mais c'est un chef l'alimiste, il est très soucieux de l'image qu'on va laisser des brigades rouges.
C'est son combat, c'est sa vie, en quelque sorte.
A l'époque, il était en prison le soir.
C'est-à-dire qu'il régagnait sa cellule à 23 heures et l'en sortait à 6 heures du matin.
Et donc, nous, on faisait les interviews.
Il s'est arrêté au bout du quinze jours, quand on est arrivé, au premier crime de sens.
C'est-à-dire avant l'assassinat du procureur Coco.
Et il m'a dit, si tu veux le reste, moi je ne le veux pas.
J'ai l'impression que tu es en train de m'encastrer.
Donc, c'était très dur pour moi.
Par la suite, il m'a demandé de ne pas diffuser son intervention et je me suis passé outre.
Et je lui ai écrit une lettre.
Alors il faut que vous sachiez que ces deux documentaires sont passés sur Arte, qui ont été publiés en DVD.
Et il a écrit Arte pour empêcher la diffusion de son intervention.
Et je lui ai répondu, tu n'es pas mon chef, en Italien on dit chef Capo.
Et j'ai écrit Capo, il l'a écrit avec un C, je l'ai écrit avec un K.
Nous avons construit une maison ensemble, nous avons construit le premier étage.
Tu refuses de continuer à construire le second étage.
Je ne veux pas tuer un film pour ça. Tu n'as pas un droit de vie ou de mort.
Donc, c'est-à-dire que ça ne s'est pas si bien passé avec les trois autres.
Si, avec lui, non.
Évidemment, ça s'est assez quand même, vous avez...
Non, il n'a pas fait des recours, si vous voulez.
Mais pourquoi ? Il voulait me faire enlever toutes les archives, les journalistes télévisés.
Il trouvait ça l'ugubre.
Je lui ai dit, d'accord, mais en France, on ne connaît pas ces journaux télévisés.
Et puis, on est arrivé au point crucial, quand Raphaël Fiori dit
« La clandestinité des brigadistes, c'est une chose insupportable ».
Certains d'entre nous...
Raphaël Fiori, il a des quatre.
Un des quatre.
J'ai pris les personnages que j'ai pris sur ceux qui ont participé à l'enlèvement
et à la tuerie de l'escorde Aldo Moro.
Donc Raphaël Fiori dit, on est condamné à la solitude.
On ne peut dire à personne qui on est, ce qu'on a été, etc.
Et il arrivait que certains d'entre nous aillent voir des prostitués
pour compenser ces solitudes.
Moretti m'a dit, ça, tu l'enlèves absolument.
Et je lui ai dit, jamais.
Mais c'est dans le film.
Mais c'est dans le film.
Mais comment dire, c'est la partie la plus belle.
C'était des hommes, c'était pas seulement...
C'était pas des tueurs.
Personne savait tuer.
Comment dire, c'était pas...
Il ne savait pas faire des services militaires.
Et donc, j'ai voulu montrer qu'il y avait une part d'humanité en eux.
Lui, il ne voulait pas que ce message-là passe à la postérité.
Alors, qui sont ces gens ?
Ce ne sont pas des leaders politiques, des intellectuels ?
Parfois, ce sont des gens des usines aussi.
Alors, ce...
Par exemple, Raphaël Fiori, c'est un fils, un orphonin de père.
Il vit à Milan.
Il travaille dans l'usine Bredat.
C'est une usine de sidérogie.
Par contre, un des fondateurs de Brigade Rouge, Renata Courtiot,
est étudiant en sociologie, à l'université 30.
Ça fait un mégalement.
Francesc Iniz, c'est un militant communiste.
Moi, je vous dirais, ce sont tous, au départ, des communistes.
Ce sont des jeunes copains, un prospero-galinari,
fils de paysans, paysan lui-même,
est un communiste.
Je pense que le clivage,
enfin, la chose difficile à avaler pour eux,
ça a été la guerre du Vietnam.
C'est-à-dire qu'ils voulaient en découdre,
alors que le Parti communiste était déjà
sur une ligne, comment dire, d'alliance avec la démocratie chrétienne.
Il ne faut pas heurter les démocrates chrétiens.
Et par exemple, ils organisaient des premiers mai,
où ils demandaient, laissons de côté les drapeaux rouges.
Difficile à accepter pour des jeunes communistes.
C'est possible à accepter pour des militants
qui ont 50 ans, si vous voulez,
qui avaient 25 ans à la fin de la guerre
et qui en ont 5 ans dans les années 70.
Mais eux, voulaient combattre contre la guerre du Vietnam.
Et le Parti communiste disait non, mais c'est pas le moment.
Ou alors, d'autres, par exemple, à Rome,
quand on disait, allez-on faire une manif contre la guerre du Vietnam,
laisse-nous finir notre partie de carte.
Comme on dit, la génération, la résistance, c'était un bourgeoisie.
Arrive une seconde génération qui veut en découdre.
Et on ne les entend pas.
Le Parti communiste n'a pas su entendre ces jeunes communistes-là.
Et ces jeunes communistes qui deviennent,
qui versent dans la lutte armée,
quel est leur dessin finalement ?
Qu'est-ce qu'ils veulent faire ?
Ils déclarent la guerre à l'état italien ?
Ils déclarent la guerre à la démocratie ?
Ils déclarent la guerre à quoi ?
Parce que ce sont des actes de guerre.
On est bien d'accord là-dessus.
Au début, non.
Au début, ils appelaient ça de la justice prolétarienne.
C'est-à-dire qu'ils disent qu'il y a des contre-mètres dans les usines
qui imposent leurs lois.
Par exemple, quand un ouvrier demande d'aller aux toilettes,
on lui dit, bon d'accord, on te retire 5 minutes sur ton temps de travail.
Donc ils essaient de renverser leur rapport de force à l'intérieur de l'usine.
Qu'est-ce qu'il y a dit d'ailleurs en le début de documentaire ?
Et donc, vous l'avez dit également,
si vous voulez, ils ont pris par exemple la syndicaliste, fasciste,
la ratée, ils lui ont rasé la tête, ils l'ont mis.
Les ouvriers sont contents.
N'oubliez pas que le jour de l'enlèvement d'Aldo Moro,
le journal de gauche, la République,
envoie un journaliste le lendemain auprès des ouvriers de la fiat,
mais ils avaient sa belle champagne.
Si vous voulez, les ouvriers sont d'accord.
Quand on tue Aldo Moro, c'est fini.
Mais au départ, si vous voulez,
ils veulent simplement aider la classe ouvrière à se faire respecter.
Et donc, leur bastion, c'est quoi ?
C'est Milan et Turin au départ.
Il n'y a pas de Romain dans cette histoire.
D'ailleurs, je voudrais vous dire que pour l'enlèvement d'Aldo Moro,
mais ils étaient très peu de gens,
ils manquent des personnes,
Montréti avait prévu 10 personnes.
Il a fait venir 2 personnes, l'un de Turin avec une mitraillette,
l'autre de Milan avec une mitraillette,
parce qu'il n'y avait pas 7 personnes à Rome.
Le jour de la décision de tuer Aldo Moro,
Montréti vient les voir, la colonne romaine,
mais ils sont 7, 8.
Et il leur dit, le comité a décidé de tuer.
Lequel de vous, et ce porte volontaire,
tous baissent les yeux.
Et Montréti dit, j'ai compris.
Et c'est lui qui l'exécutera ?
C'est ce qu'il dit, lui, dans la interview qu'il fait avec Rossana Rossin,
dans le livre que vous avez cité,
et il dit que c'est lui.
Galinari, qui est un, pour moi,
je l'avoue, c'est devenu un très grand ami,
il est décédé, malheureusement,
il a assumé la responsabilité de ce tact,
en tant que membre des brigades rouges.
Je vais vous dire aussi une autre chose.
Ils choisissent le terme brigade rouge.
Ils n'ont pas dit colonne ou fraction, etc.
Brigade, ça serait fait au brigade international.
Ça serait fait au brigade de la résistance contre le fascisme.
Donc, cet élément antifasciste est très fort dans leur engagement.
Alors, très bien.
Voilà pour le fond.
Maman, il passe le rubicon, si j'ose dire.
Parce que décider d'enlever Aldo Moro,
là, on passe à l'étage vraiment supérieur.
On rappelle aux auditeurs que Aldo Moro, c'est une star de la politique,
ce n'est pas un second couteau,
c'est vraiment une star de la politique italienne quand même.
Avant ça, déjà, il tue le procureur, comme vous l'avez cité Francesco,
parce que paroles n'ont tenu.
Ensuite, il commence à, en italien dit, gambe bizarre.
Il s'est retire dans les jambes des journalistes,
de tout ce qu'il considère comme le pouvoir.
Ils ont tué un, et pas n'importe qui.
Comment dire, le journaliste de la Stampa qui tue,
c'est un homme qui avait un passé de résistance.
Si vous voulez, c'est un homme de gauche qui meurt de ses blessures.
Alors, où aller après ?
Il décide d'attaquer à Rome, de faire quelque chose à Rome.
Et de s'en prendre, il pensait prendre d'abord Giulio Andreotti.
Ils sont allés jusque dans les restaurants,
ou manger les gardes du corps d'Andreaotti.
Ils ont vérifié que sa voiture était malheureusement avec des vitres blindées.
Enfin, je dis malheureusement, parce qu'en fait compte,
au départ, ils avaient choisi Andreotti.
Et puis, un jour, celui que vous avez cité, Franco Bonisoli,
il est dans un bus, il voit Aldemoro sortir de l'église Santacar.
Ils envisagent, à ce moment-là, de l'enlever dans l'église.
Sauf que la voie de secours passe par une école maternelle,
et ils se disent qu'il y aura peut-être un échange de coups de feu, et que c'est risqué.
C'est là où ils cherchent.
C'est pour ça que je dis que Mario Moretti,
s'il avait agi pendant la guerre, la seconde guerre mondiale,
aurait été un très très grand chef résistant, parce qu'il savait organiser les choses.
Donc, il va sur le parcours, il décide de le faire,
il répète un petit peu, il se réunisse à la campagne pour répéter, etc.
Mais le jour de l'enlèvement d'Aldemoro,
les mitraillettes s'enraillent, et ça ne marche pas comme ils voudraient que ça marche.
Ils sont obligés de prendre leur pistolet.
Et je voudrais vous dire une chose, parce qu'on dit souvent,
mais ça a été, il y a les services secrets qui sont derrière.
Si ce jour-là, Aldemoro avait décidé d'aller voir le dentiste,
où il ne prenait pas cette voie-là, il n'aurait pas pu le faire.
Il n'y a pas d'enlèvement, parce que si vous voulez,
ils avaient effectivement percé les roues du floriste,
pour éviter que le floriste soit dans la ligne de tir,
ils ne pouvaient pas le refaire le lendemain,
ils ne pouvaient pas l'empêcher le lendemain de devenir un nouveau, si vous voulez.
Ils décident de prendre Aldemoro,
parce qu'ils veulent être reconnus comme une force d'opposition.
Alors c'est forcément une aventure extrêmement dangereuse, périlleuse,
et ça tourne pas comme ils l'imaginaient,
parce qu'il n'y a pas de, à la fois la démocratie chrétienne,
et le Parti communiste refuse toute la tractation.
Les socialistes de Bethenotrax, si on ne les voit pas, ils ne sauront pas un peu.
Si, il propose à un moment donné,
de libérer deux brigatistes malades, c'est-à-dire de faire un geste humanitaire.
Et s'ils l'avaient fait, peut-être que...
On les a pas entendus en tout cas, on n'a pas voulu les entendre.
Ils sont intervenus à un moment donné, dans la tractation,
ils ont fait cette proposition-là, il n'a pas été retenu.
Ce qui est étrange, c'est que la démocratie chrétienne, par essence,
c'est un parti de compromis, c'est un parti de négociation.
Un parti centriste, complètement, sans trop droit.
Ils ne reconnaient pas, d'habitude, vous négociez toujours,
vous trouvez toujours des compromis, et pour moi, non.
Je pense qu'il y a la présence du Parti communiste,
qui leur dit, vous devez avoir le respect de l'Etat.
Si on cède, nous, Parti communiste, on perdra de notre crédibilité.
Et je pense qu'il y a une épreuve de force
entre le Parti communiste et la démocratie chrétienne.
Vous voulez notre soutien, ne cèdez pas.
Au-delà de la décès démocratie chrétienne,
il y a quand même une force de la démocratie italienne,
qui est assez incroyable, parce qu'il faut que la démocratie soit forte
pour arriver à passer ces années de plomb,
ces 10 ans de troubles, de chaos, presque.
L'Italie montre que son système démocratique est fort.
C'est ça, en fait, le but ultime du combat entre les terroristes,
et la démocratie montrer que la démocratie est plus forte
et que le terrorisme est une impasse.
Disons que la magistrature italienne, la police italienne,
a réussi à, comment dire, juguler la menace terroriste.
Mais là où elle est grande, la démocratie italienne,
c'est par, comment dire, par sa justice.
Par exemple, Mario Moretti peut travailler dans la journée.
Donc, ils le auront proposé une seconde vie.
J'en ai connu un autre qui a participé à un enlèvement du juge Saussi.
Aujourd'hui, il dirige une coopérative à Pietschenza.
Il fait travailler 100 personnes, 100 toxicomanes prisonniers.
C'est-à-dire qu'ils sont utiles à la société.
Quand, par exemple, en France, Pétrella a arrêté,
vous savez, cette jeune femme qui est allée
pour prendre une nouvelle carte de gris, etc.
Elle travaillait comme assistante sociale.
Comment dire, ces gens sont bris, enfin,
certains sont très brillants, sont utiles à la société.
Et la justice leur a proposé,
si vous décidez de rompre,
on vous accorde une remise de peine.
Si vous décidez simplement de vous excuser,
de vous excuser, d'écrire une lettre d'excuse,
vous pouvez retrouver la liberté.
Raphaël Fioré a fait une lettre dans laquelle il dit
je reconnais la douleur que j'ai causée.
Raphaël Fioré, aujourd'hui, est un homme libre.
Et il ne fait de mal à personne, comment dire.
Alors, l'autre question lourde et grave que pose cette affaire,
c'est le lâchage d'Aldo Moro par ses compagnons
de la démocratie chrétienne.
Alors, du Parti communiste, oui, mais surtout ses compagnons,
même parti dont il est une figure.
On va écouter une archive, on va écouter le fils d'Aldo Moro,
un enregistrement qui date de 1998
au micro des manettes Laurentains de France Culture.
Et le fils de Moro parle de l'abandon de son père,
justement, par sa famille politique
et de son incompréhension face au choix de gouvernement
de ne pas avoir négocié.
Il y a beaucoup de gens en Italie qui pensent
que les choses ne sont pas passées comme elles ont été racontées
et que Aldo Moro a été éliminé
à cause de ce qu'il était en train de faire.
Giovanni Moro, fils d'Aldo Moro.
Parce que c'était un danger pour de nombreux pouvoirs
interne et externe à notre pays.
Nous avons de l'amertume
par rapport à l'État.
Tous les enlèvements en Italie politiques et criminels
se sont toujours conclus avec une libération
ou une négociation,
même avec des personnages qui jouaient des rôles
moins importants que celui que jouait mon père.
Et ça a été le seul et l'unique cas en Italie
en 30 ou 40 ans
dans lequel on n'a pas adopté la négociation
ou la libération.
Je dois retenir qu'il y a une part
de responsabilité de l'État
et bien sûr des terroristes.
Après on se demande comment
des gens comme Andreotti,
Berlinguer, ont pu continuer
de vivre avec leur conscience.
Qu'est-ce qui s'est passé ?
Ils l'ont lâché, moraux, ils l'ont lâché,
ils l'ont laissé se faire tuer.
Au nom de la défense de la démocratie face au terrorisme,
j'entends bien.
C'est difficile à juger.
Parce que dans ce cas-là,
si vous prenez un autre domaine, celui de la mafia,
le juge Falcon, le juge Borcellino, eux aussi...
Tu as pas l'herbe.
On a décidé de ne pas négocier avec la mafia.
Ils ont fait le choix de ne pas négocier.
Je voudrais quand même redire ce que vous avez dit
dans votre histoire.
Les brigades rouges ne voulaient pas tuer à l'amour.
J'allais revenir, notamment le coup de fil de Moriti
à la gare terminée.
Il ne demande plus la libération des prisonniers
dans ce coup de fil. Il dit simplement
que Zacanini, c'est-à-dire le secrétaire
de la démocratie chrétienne,
face à un discours dans lequel il dit
oui, il y a une partie adverse.
Il n'a pas pu le faire.
C'est difficile à dire qu'ils l'ont lâché.
Moi je ne saurais pas vous le dire,
je pense que si vous voulez,
un parti communiste ne négocie pas
avec des gens qui sont à sa gauche.
La démocratie chrétienne négocie,
cherche des compromis.
Mais pas là.
Non, pas là.
Je regrette parce que Aldo Moro,
c'était une grande et belle figure.
Aldo Moro avait un programme
pour sortir l'Italie de l'impasse,
la dichotomie gauche-droite.
Et ce que c'est à faire montre aussi,
c'est une affaire à trois en fait.
Il y a les ravisseurs, les beguets de rouge,
il y a la victime, Aldo Moro,
et puis il y a cet appareil politique.
Et on voit bien un moment,
et dans votre documentaire on le sent,
d'ailleurs, à travers les interviews,
ce glissement d'une action terroriste
vers une autre thématique,
c'est-à-dire que les terroristes
en veulent la démocratie chrétienne.
On a vraiment l'impression,
mais je pense que c'est l'impression juste
que finalement leur adversaire
s'est devenu la démocratie chrétienne.
Mais bon sang, mais libére-le,
libérer nos prisonniers,
ce qu'on demande.
C'est étrange de l'arrivée,
cette situation-là.
Les libérias disent à ce moment-là,
reconnaissez notre révolte,
reconnaissez notre combat,
reconnaissez qu'il y a une partie de l'autre côté
et que nous la représentons.
Ce n'est pas le Parti communiste qui la représente,
puisqu'il est réformiste.
Nous sommes une alternative qui décide
de défendre la classe ouvrière.
Mais heureusement, je pense que le 9 mai,
ça a été l'acte
qui va les séparer de la classe ouvrière
à jamais, parce que la classe ouvrière
ne se soutiendra pas.
Je pense que leur chute vient de là.
Si ils avaient libéré alors,
comme par exemple, c'est le final du film
Bonjour Non Nonté, que par ailleurs...
Je vais vous poser la question.
Quel est votre regard sur ce film ?
Qui raconte, on dit aux auditeurs quand même,
le Wicclaw, un film de cinéma ?
Très grand accueil.
C'est un grand cinéaste,
donc je ne peux pas, moi, me permettre de juger un grand cinéaste.
Mais ça me gêne de voir
des brigatistes considérés comme
des imbéciles qui, devant la télévision,
lèvent le point et chantent l'intentionnal.
Je pense que ce n'était pas des crétins pareil.
Donc si vous voulez, il y a une volonté,
un peu de les crédibiliser.
Mais si les brigades rouges,
si les brigades rouges avaient libéré
elle-demain, mais ils auraient gagné.
Ils auraient gagné un estime.
Ils auraient gagné un grandeur.
Alors, je vais vous dire,
lorsqu'il y a eu cette réunion pour savoir on le tue,
on ne le tue pas, deux personnes,
Valerio Morucci, qui est celui qui téléphone
pour dire le corps se trouve
via Grey Dany,
était contre. On ne tue pas
un prisonnière de guerre, dit-il.
Comment dire, cet imaginaire
militaire, l'honneur militaire,
on ne tue pas un prisonnière de guerre.
Donc, il était contre.
Je pense que quand ils l'ont tué, ça a été effectivement
la fin.
Mais au moins d'une minute, quelle trace
ont laissé ces années de plomb en Italie,
parce qu'il faut quand même rappeler
qu'il y avait les terrorismes des brigades rouges,
celui des groupes d'extrême droite néo-fasciste,
l'attentat de la guerre de Bologna, 85 morts,
la mafia qui s'y mettaient
plus ou moins les services secrets.
Et puis après, il y a eu l'opération main-prope en 1992
où les Italiens sont aperçus que leurs dirigeants historiques
parfois étaient corrompus.
Donc, crise morale.
Il faut s'en remettre quand même de ça.
Je pense que c'est une blessure qui est toujours ouverte,
dans les repas, c'est comme un peu l'affaire Dreyfus.
Si vous voulez, ça revient régulièrement encore aujourd'hui.
Si vous voulez, on parle toujours des brigades rouges,
de ce qu'ils ont fait, de oui ou non, on n'a participé pas.
Et je ne pense pas que les services secrets
étaient derrière. Je pense vraiment que c'est un combat
autonome, au début,
commence dans les usines, et puis après,
il y a un effet boule de neige.
Merci infiniment,
parce que j'encourage vraiment
tous nos auditeurs à regarder
ce documentaire qui est le vôtre et qui s'appelle
Les Brigades Rouges. Merci beaucoup.
Au revoir.
C'était Affaire Sensible, aujourd'hui, l'enlèvement.
Elle s'assine à Aldo Moro par les Brigades Rouges,
une émission que vous pouvez réécouter.
En podcast sur franceinter.fr, rendez-vous également
sur la page Facebook d'Affaire Sensible.
Merci à Arnaud Caillé qui était à la technique aujourd'hui.
Demain, nous évoquerons la vie et l'œuvre.
D'infocère, je n'ai pas le temps de vous en dire plus.
Vous écoutez France Intérie les 16h.
Sous-titrage ST' 501
Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.
durée :00:56:53 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle - Un traumatisme majeur de l'histoire italienne, en plein coeur des années de plomb. - réalisé par : Fabrice Laigle, Jérôme BOULET