La source: Géopolitique du crime 2/5 : Alexandre Litvinenko, victime d’un permis de tuer
Radio France 8/20/23 - Episode Page - 55m - PDF Transcript
François Sainterre
Aujourd'hui, dans un faire sensible, l'assassinat d'Alexandre Lydinenko.
Le 23 novembre 2006, le monde entier découvre à la télé le visage agonisant d'un individu d'une quarantaine d'années.
L'homme est un ancien agent du KGB, réfugié à Londres, désormais cloué sur Ali d'hôpital.
Son histoire est digne d'un roman d'espionnage.
Il est en effet conscient, mais condamné, empoisonné par une substance radioactive,
dont on ne découvrira le nom qu'après sa mort, le polonium.
Durant sa lente et pénible agonie, l'homme participe à l'enquête de Scott Languayern
pour retrouver ses propres assassins et l'élément qui, évidemment, renforce l'aspect dramatique de l'affaire.
Très vite, un faisceau d'indice oriente la police sur la thèse d'un acte commandité par les services de renseignement russe.
Une opération qui fleure bon les méthodes d'élimination du temps de la guerre froide.
Quelques semaines seulement après l'assassinat de la journaliste Anna Poletovskaya en pleine rue à Moscou,
le nom d'Alexandre Lidvinenko vient s'ajouter à la longue liste de ses dissidents politiques russes
qui ont payé de leur vie leur opposition publique à Vladimir Poutine.
Ce genre d'affaires, le journaliste et producteur Patrick Pénol connaît bien.
Pendant 18 ans, avec l'aide de Monsieur X, il en a décrypté de nombreux, souvent les plus complexes,
tous les samedis, dans son émission rendez-vous avec X sur France Inter.
Il est notre invité aujourd'hui.
Bonjour Patrick.
Bonjour Fabrice.
À tout à l'heure.
À faire sensible, une émission de France Inter en partenariat avec Lina,
préparée par Adrien Cara avec le soutien des documentalistes de Radio France,
attaché de production Léa Dupoulien-Kain et Lucille Valérie,
coordination Christophe Barrère,
réalisation Fabrice Legle, lecture Philippe Pirard,
programmation musicale Marie-Elpérez, la technique aujourd'hui Julien Michel.
Fabrice Drouel, affaire sensible, sur France Inter.
Londres, jeudi 21 janvier 2016, la capitale britannique se réveille.
Dans les rues, passant, bus et taxi reprennent normal et quotidien.
Voilà plusieurs jours, en effet, que règne dans la capitale britannique une certaine agitation,
dans les médias, les émissions spéciales se suivent et toutes se penchent
sur les détails d'une affaire judiciaire très sensible,
le dossier Lydwinenko.
Les faits remontent une décennie et se sont déroulés en plein cœur de Londres.
Au mois novembre 2006, un homme de 43 ans meurt à l'hôpital.
La police découvre vite que la victime n'est pas monsieur tout le monde, loin de là.
Ancien officier des services secrets russes, il bénéficie de l'asile politique en Grande-Bretagne.
Très vite, l'enquête démontre qu'il était empoisonné par une substance radioactive,
le polonium 210.
Très vite aussi, les enquêteurs de Scotlandiaire suspectent deux hommes,
Russes, eux aussi, Andriy Lugovoy et Dimitri Kovtun.
Mais au bout de plusieurs semaines d'investigation,
la police et la justice britannique doivent se rendre à l'évidence,
on leur met des bâtons dans les roues.
Et ces bâtons, ils viennent de Moscou,
où le Kremlin refuse toute audition et extradition des deux suspects que réclame le Royaume-Uni.
L'affaire Livenenko prend alors une tout autre dimension.
Les Anglais soupçonnent les autorités russes d'avoir téléguidé le meurtre.
La machine diplomatique entre Londres et Moscou se crispe et bien sûr, la machine médiatique s'emballe.
Et pour cause, elle tient une bonne histoire dont on pourrait faire un film.
Si dix ans après, l'assassinat d'Alexandre Livenenko refait surface,
c'est parce que pour la première fois,
un juge britannique s'apprête à rendre les conclusions d'un rapport d'enquête
qui, selon plusieurs médias britanniques, accable le Kremlin.
Il est un peu plus de 14h, ce jeudi 21 janvier 2016,
lorsque Sir Robert Owen témoigne à la barre du tribunal spécial de Londres.
L'homme âgé d'une soixantaine d'années est un ancien haut magistrat anglais.
Pour la première traite, il reste consultant pour le ministère de la Justice britannique.
C'est ce même ministère qui, six mois auparavant, lui avait demandé de prendre le relais de l'enquête judiciaire
et de mener sa propre investigation publique et indépendante sur le cas Livenenko.
Résultat de son travail, on aperçoit sur la table devant lui, au tribunal,
trois gros dossiers de près de 338 pages.
À l'intérieur, se trouvent les procès verbaux des auditions de 62 témoins,
des photos de toutes les pièces matérielles de l'enquête,
des notes d'analyse des services secrets britanniques, des relevés d'expertise, rien ne manque.
Le travail est d'une rigueur digne de Sherlock Holmes.
Et quand on lui demande quelles sont ses conclusions sur le dossier,
la réponse de l'ancien juge est sans appel.
Il n'y a aucun doute là-dessus.
Alexandre Livenenko a été empoisonné par M. Lugovoy et Covetoun.
Il n'existe aucune preuve qui prouve que ces hommes aient des raisons personnelles de tuer M. Lugovoy.
Toutes les preuves pointent dans une seule direction.
Quand ils ont tué M. Lugovoy, ils agissaient sur horde de quelqu'un d'autre.
J'en conclue qu'il existe une forte probabilité,
que lorsque M. Lugovoy est empoisonné M. Lugovoy,
il l'a fait sur l'ordre du FSB, l'Agence fédérale de sécurité.
J'en conclue également que cette opération du FSB pour tuer M. Lugovoy a été probablement approuvée par M. Patruchev,
le directeur du FSB, mais aussi par le président Poutine.
Les accusations du Joën sont graves.
L'information fait la une de tous les journaux télé du soir,
en Grande-Bretagne, mais aussi en Europe,
où Vladimir Poutine n'apparaît pas comme un modèle de dirigeant démocrate et respectueux des droits de l'homme.
Et sa réaction est à l'image de sa mort gabiteuelle.
Par la voix de son porte-parole, Poutine déclare l'enquête britannique
s'apparente à une blague. Visiblement, on peut relier ça à l'élégant humour britannique,
sauf qu'ici, il n'y a personne pour en rire.
Pour les autorités russes, les Anglais donnent une dimension politique à une simple affaire criminelle.
Un avis partagé par le principal suspect du dossier,
André Lugovoy, qui y voit une caricature des positions antirusses de Londres.
Pour une grande majorité de Britannique, la main du Kremlin fait haut.
Pour une grande majorité de Britannique, la main du Kremlin ne fait aucun doute dans cette affaire.
Interrogés sur le plateau Télé, de nombreux experts sont eux aussi formels
sur l'implication des services de renseignement russes dans le mur d'Alexandre Livinenko.
Pourtant, de grandes questions restent en suspens.
Quelles sont les raisons qui ont pu conduire les autorités russes
à prendre la décision d'assassiner cet homme ? Déjà.
Et puis, pourquoi avoir choisi la méthode de l'empoisonnement radioactif ?
Deux surcrois en plein cœur d'une capitale européenne.
Pour le comprendre, il faut comme bien souvent remonter le temps
et revenir 15 ans plus tôt sur les pavés de la Place Rouge à Moscou
à une période où l'histoire du monde bascule en direct à la télévision.
En raison de la situation qui prévaut actuellement,
je mets fin à mes fonctions de président de l'URSS.
Mercredi 25 décembre 1991, depuis son bureau du Kremlin,
Mirail Gorbachev annonce qu'il démissionne,
poussé par Boris Elsin et tous ceux qui font table rase de ses réformes pourtant courageuses,
de son refus de réprimer la volonté émancipatrice des pays d'Europe de l'Est,
de sa capacité à faire basculer l'histoire, y compris à son corps défendant d'ailleurs.
Bref, à bout de souffle, comme son pays Gorbachev jette l'éponge et lui reste à s'effondre.
Sur cette race, la jeune fédération de Russie prend son envol,
mais pour une destination inconnue.
L'impage de l'histoire se tourne,
après les sous-brossos consécutifs à la chute du mur de Berlin,
deux ans plus tôt, sept fois s'en est bel bain fini de la guerre froide.
Pour le nouveau président russe, Boris Elsin, la tâche s'annonce immense.
Alors, débordé sur tous les fronts,
le pouvoir politique à Moscou ferme les yeux sur les rachats des entreprises d'État.
Le pétrole, le gaz, mais aussi le charbon,
secteur florissant bascule dans l'escarcelle du privé.
Une oligarchie fait main bas sur toutes les richesses d'un pays
de l'âge comme une galette des rois, avec comme fèves le contrôle de pouvoir,
dans l'ombre.
Et ce sera la règle dans la Russie des années 90,
toutes portes ouvertes à la corruption.
La chute de l'Union soviétique marque aussi des changements profonds
au niveau de l'administration et des services.
Ainsi, place de la Lubyanka,
Moscou, le célèbre sim organe de renseignement de l'URSS,
le KGB, dissous.
Une partie de ses nombreux agents et officiers sont licenciés
à renvoyer la vie civile.
Sur ces ruines, un nouveau service voit le jour,
le FSB, pour bureau fédéral de sécurité.
Et à son tour, il devient très vite corrompu en proie
à tous les trafics.
Pour 100 $ de l'heure, certains de ses agents louent leur service
à des criminels et à la mafia, oui,
pour des filatures, des écoutes téléphoniques,
enfin, toutes sortes d'opérations d'intimidation.
Autrefois, bras armés du Parti communiste,
la centrale du renseignement FSB
joue désormais le rôle de garde prétarienne
pour un certain nombre de ligarques.
Ces derniers l'utilisent pour arrêter
et placer en détention des rivaux économiques
qui ne sont en rien des ennemis de la Russie.
Ainsi, les années passent
et le FSB verrelait
à l'image de la Russie de M. Elsin.
Au sein de la centrale de renseignement,
un petit groupe d'officiers gradent des s'inquiètent
de cette situation.
Eux qui défendent déjà 10 les intérêts politiques
de l'Union soviétique au KGB
refusent d'être les pantins de billardaires moscovites.
En 1998,
ils demandent à rencontrer leur directeur,
un certain Vladimir Poutine
pour se plaindre de toutes ces dérives.
Crégnant pour leur vie,
ils enregistrent quelques jours plus tôt leur déposition
dans le plus grand secret
face à la caméra d'un journaliste.
Le premier d'entre eux,
le lieutenant Andreine Ponkin,
raconte.
Les gens qui dirigent le FSB
sont en train de créer un système dangereux.
En fait, ils veulent que nous,
qui sommes capables de l'itider
n'importe quel problème,
n'importe quel gêneur,
nous exécutions des ordres illégaux.
Comme par exemple
des kidnappings,
des meurtres
d'hommes d'affaires
ou de personnalités politiques influentes
dans le pays.
Mais aujourd'hui,
comme la direction du FSB
n'arrive pas à contrôler ces gens-là,
ils veulent tout simplement
que nous nous en chargeons.
Ainsi, au côté d'Andreine Ponkin,
il y a 3 autres officiers.
L'un d'eux,
à 35 ans, il a le grade
de lieutenant colonel.
À l'époque, il n'est pas connu.
Il s'appelle Alexandre Lidvinenko.
Ici d'un milieu modeste, Lidvinenko est un pur produit
des services de renseignement de l'époque soviétique.
Patriote, il s'engage dans l'armée
à 17 ans. Formé dans un collège militaire,
il intègre ensuite le service de renseignement
du ministère de l'Intérieur.
Puis, en 1988,
il entre au KGB, où il devient
lieutenant colonel.
A la chute de l'Union soviétique,
l'officier Lidvinenko est incorporé
au siège central UFSB, à Moscou.
Il participe ensuite aux opérations spéciales
en Chechny en 1994.
Opération, on le sait, d'une rare violence,
enlèvement, d'ici dans politique torturée.
Lidvinenko en ressort meurtrie.
A son retour à Moscou,
il intègre l'Unité spéciale anti-criminalité
et découvre l'ampleur
de la corruption dans son pays.
Et que ré, il veut alerter ses responsables.
Sa rencontre en 1998
avec le directeur du UFSB,
Vladimir Poutine,
se solde par un serment plus ou moins menaçant.
Poutine lui conseille
de garder pour lui ses remords et de continuer
à agir en Patriote, un mur.
Conscient qu'il ne pourra pas changer les choses,
Lidvinenko décide, avec quelques-uns
de ses camarades, de médiatiser le combat
et se présente face à la presse
en novembre 1998.
La situation est grave
au FSB.
Le bureau utilise ses ressources
pour des particuliers et ceux
en dehors de tout contrôle politique et constitutionnel.
Ces déclarations provoquent une
nombre de chocs en Russie.
Pour le Kremlin, Lidvinenko est désormais un traître.
Donc, au mois de mars 1999,
la police l'arrête et l'emprisonne
pendant huit mois.
A sa sortie, Lidvinenko assiste
un puissant à la prise de pouvoir par
son ancien chef au fait FSB,
Vladimir Poutine.
Tour à tour, Premier ministre, puis Président
de la Russie, Poutine est aussi
intouchable qu'inquiétant.
Pour Lidvinenko, une seule solution
la fuite à l'étranger.
C'est en novembre 2000, après bien des péripéties,
qu'Alexandre Lidvinenko arrive à Londres
avec sa famille.
Après une tentative d'exil avorté aux États-Unis,
le choix sera battu sur la capitale britannique.
Par par hasard.
Car c'est ici même, en Angleterre,
que vilain des soutiens les plus influents
des Lidvinenko, soutiens et amis
Boris Berezovski.
Ce dernier leur trouve immédiatement une maison
et le versent un confortable salaire d'appoint
à Alexandre et prend en charge
les frais de scolarité de leur enfant.
Berezovski est un milliardaire
ex-soligard, qu'ancien conseiller officieux
du président Helsinki tombait en disgrace
à l'arrivée de Poutine.
Lidvinenko et Berezovski se sont rencontrés
les années plus tôt en 1994
lorsque l'ancien agent du FSB
avait refusé de l'arrêter et l'avait même
averti qu'on cherchait l'éliminer.
Berezovski avait pu prendre la fuite
à Londres, bien conscient qu'il devait la vie
à Lidvinenko.
Une raison qui explique sans doute l'aide
et le soutien que le milliardaire lui fournit
à Londres. Mais pas totalement
désintéressé. Berezovski
a en effet un autre projet en tête.
Il veut nuire à Poutine, il veut le décrit
dibiliser. Conscient
de l'intérêt des informations que possède
Lidvinenko, il lui demande alors d'écrire
un livre. Ainsi sort le pamphlet
Blowing Up Russia
deux ans plus tard, livre dans lequel
Lidvinenko parle de corruption et de trafic
dans la Russie de Poutine.
Mais l'ancien agent du FSB va plus loin,
il affirme que c'est son service
qui se cache derrière la série d'attentats à la bombe
qui a traumatisé la capitale russe
durant l'été 1999.
Une opération montée de toute pièce
pour permettre à Poutine de légitimer son pouvoir
par la force et de partir en croisade
une nouvelle fois en Chichénie.
A sa sortie, l'ouvrage fait grand bruit
en Europe et en Russie,
Alexandre Lidvinenko
vient de signer son arène mort.
A Moscou,
au siège du FSB, on tolère plus
les écarts de l'ex officiel Lidvinenko.
Prévenait, son portrait sert de cible
pour les entraînements de la police.
Dès l'année 2004
et dans le plus grand secret,
un plan est mis en place pour l'éliminer
comme le découvrira bien plus tard
la journaliste Manon Loiseau
dans le cadre de son enquête pour le documentaire
Meurtre en série au pays de Poutine
produit par Kappa.
Durant ses investigations, elle rencontre
Mirail Trépashkin, un ancien agent du FSB.
Il lui révèle alors la conversation qu'il a eu
avec un homme de service secret
au moment où il était lui-même
en prison.
Cet homme m'a dit, arrête tes enquêtes,
réglons son compte à Lidvinenko
et il ne t'arrivera rien.
Pourquoi veux-tu donc enquêter
sur les attentats de Moscou ?
Il m'a dit ouvertement qu'un groupe avait été
spécialement créé pour éliminer
Pérezovsky, Lidvinenko et tout son entourage.
Ce groupe
était constitué d'agents
des services secrets, des anciens
et d'autres encore en activité.
Des gens qui avaient de l'expérience
dans ce domaine et qui avaient un plan
précis, celui d'éliminer
leurs ennemis.
A la même période à Londres, Alexandre
Lidvinenko collabore avec les services secret britanniques
auquel il livre de précieuses informations
sur les réseaux d'espionnage russes en Europe.
Échange de bons procédés,
il obtient le droit d'asile et un passeport anglais.
Un élément qui pense-t-il lui garantit
une certaine protection contre Moscou
et le FSB.
En juillet 2006, tel un signe annonciateur,
l'Assemblée parlementaire russe,
la Duma, vote une loi spéciale proposée
par le Kremlin. Dans les grandes lignes,
elle autorise l'élimination
physique de toute personne considérée
comme terroriste ou extrémiste par les services
spéciaux du FSB.
La loi s'applique sur tout le territoire
de la Fédération de Russie, mais aussi
à l'étranger. Autrement dit,
le Kremlin délivre à ses agents
un permis de tuer.
La nouvelle, boulevers Alexandre Livilenko.
Il est certain d'être sur la liste.
Il le confie à sa famille d'ailleurs.
Et cet épisode renforce ses craintes.
Un sentiment très vite conforté
par un autre événement dramatique
quelques mois plus tard.
Mesdames, messieurs, bonsoir.
Dans l'actualité de ce jour, nous parvient
de l'enquête de Moscou. En effet,
on a retrouvé le corps sans vie de la journaliste
Anna Politavskaya en bas de chez elle.
Sur place, on a également retrouvé un pistolet
et quatre doux.
Anna Politavskaya était une des journalistes
les plus intrépides de Russie.
Une des rares qui n'avait pas peur de critiquer le pouvoir
pour défendre ses idées.
Les révélations qu'elle avait faites dans ses livres
et ses nombreux articles sur la guerre en Chechnya
avaient fait couler beaucoup d'encre et avaient
provoqué un début de scandale en Russie.
En octobre 2006,
la journaliste de Novaya Gazeta Anna Politavskaya
meurt dans des circonstances
que la police russe elle-même qualifiera
plus tard d'exécution.
Celle qui osait porter la critique contre
Vladimir Kutine et la guerre en Chechnya disparaît.
Lydvidenko
connaissait Anna. Il partageait son combat.
Sa mort, l'affect, profondément.
Quelques jours plus tard,
à Londres, lors d'une cérémonie
en son hommage, il prend la parole
et il accuse.
Comment est Alexandre Lydvidenko ?
Je suis un ancien officier du KGB et du FSB.
Je crois que parce que je suis ici
je dois vraiment parler et vous dire
les choses. Je ne veux rien cacher
et je suis content que les médias couvrent
cela. A celui qui demande
qui est le responsable de la Mordana,
je peux lui répondre directement qu'il s'agit
de M. Kutine, le président de la fédération
de Russie.
Ces accusations brutales font sensation.
Lydvidenko dit tout ce que tout le monde
en Europe pense, évidemment tout bas.
Vladimir Kutine est prêt à tuer
les dissidents et opposants politiques
pour se maintenir au pouvoir.
En rentrant chez lui, ce soir-là,
Alexandre Lydvidenko confie à sa femme
je suis sûr d'être au prochain sur la liste.
L'histoire va lui donner raison.
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Vous écoutez à faire sensible sur France Inter
aujourd'hui le dossier Lydvidenko.
Nous sommes à Londres le 1er novembre 2006
dans le quartier du Meillefer.
Il est un peu plus de 17h.
Alexandre Lydvidenko
marche le long de la place de Gorona Square
à sa gauche
l'imposante ambassade des États-Unis
avec ses caméras, ses barrières anti-intrusions
et ses marines armées de fusil M16
à sa droite, une statue hommage
au président américain Franklin Roosevelt.
Depuis les attentats du 11 septembre
ce quartier a devenu une zone sensible
de l'agglomération londonienne
un grand nombre de policiers patrouillant
permanence.
Un signe rassurant pour Lydvidenko
personne ne tentera de l'assassiner ici.
...
Aujourd'hui, il a rendez-vous
au bar du luxieux Milinium Hotel
avec deux hommes, deux russes
Andrei Lugovoy et Dimitri Kovtun.
L'objet de leur rencontre
les affaires.
Depuis plusieurs mois en effet,
Lydvidenko s'est reconverti dans leur enseignement
pour décabiner de détectives londonien.
Pour eux, il active ou réactive ses contacts
dans les services de renseignement.
Il obtient de précieuses informations
sur des dirigeants d'entreprises russes
qui commercent en Angleterre.
Pour l'ex officier du FSB
d'ailleurs, les deux hommes qu'il doit voir
se présentent eux aussi
comme des ex-agents du bureau fédéral de sécurité.
Ils se sont rencontrés là
et se sont revus récemment
lors d'une soirée de galâches et leurs amis communs
Boris Berezovsk.
...
A 17h15, les trois hommes s'assoient
autour d'une table. C'est la troisième fois
que se rencontrent en trois mois.
La tradition russe veut que
l'on ne discute pas sans avoir trinqué.
Alexandre, qui ne boit jamais d'alcool,
accepte un thé vert au miel
et au citron.
Une en bois qu'une petite gorgée, puis
à la fin de la réunion, il rentre chez lui en taxi.
Le soir même,
il est pris de terribles douleurs
à l'estomac et se métavomire à plusieurs reprises.
Ce qu'il recrache
est de couleurs grisâtres.
Il y a aussi beaucoup de sang.
Son épouse, Mariana, témoigne.
Quand il est devenu
malade, dès la première nuit,
il m'a dit, tu sais, Mariana,
j'ai pu manger quelque chose d'empoisonné.
Peut-être un poison chimique.
Pendant sa formation militaire,
il avait étudié les symptômes d'un empoisonnement chimique.
Et il m'a dit, ça y ressemble.
Moi, je ne pouvais pas comprendre.
Je ne pouvais pas croire que ça puisse arriver
en Angleterre, à Londres.
Mais pour lui, c'était vraiment évident.
Au bout de deux jours, Alexandre Lidvinenko
n'arrive plus à se tenir debout
et se plaint de quelque chose qui, à l'entendre,
est à l'intérieur de lui qui lui déchire l'abdomen.
On décide de l'hospitaliser.
Mais son état ne s'améliore pas.
Lui qui est pourtant si athlétique,
sombre, jour après jour,
dans un mal inconnu.
Les analyses de sang ne donnent rien.
Alors, on lui fait plusieurs scanners
qui révèlent, eux, de graves émoragies internes.
Il est condamné.
Comment témoigne l'un de ses plus proches amis,
Alex Goldford.
Il est en très mauvais état.
Il a l'air d'un fantôme.
Il n'a pas mangé depuis 18 jours
et il est nourri par intravéneuse.
Convaincu qu'il a été empoisonné,
Lidvinenko donne alors aux policiers
tous les renseignements nécessaires
pour reconstituer son emploi du temps.
Et très vite, le soupçon s'oriente
vers la piste ruse et vers le FSB.
De tant plus, qu'on retrouve Italium
dans le corps d'Alexandre, substance
dont les effets sont comparables aux mercures.
La piste de l'empoisonnement est donc prouvée.
Pendant ce temps,
cloîtré sur son lit d'hôpital,
Lidvinenko, avalide, souffre le martyr.
Allongé là,
j'entends distinctement battre
les ailes de l'ange de la mort.
Je réussirai peut-être à lui échapper,
mais je dois avouer que mes jambes
ne courent pas aussi vite que je le souhaiterais.
Je pense donc
que le temps est venu de dire
une ou deux choses de ma maladie actuelle.
Vous réussirez sans doute
à me réduire au silence,
mais ce silence
aura un prix.
Après trois semaines de calvaire,
Lidvinenko s'éteint le 23 novembre 2006.
Les proches qui viennent voir
sa dépouille à l'hôpital témoignent
de l'état tragique dans lequel il le trouve.
Le cadavre de Lidvinenko
est celui d'un vieillard de 70 ans
chauve, décharné, la peau sur les eaux.
Au même moment,
les résultats de tests d'un échantillon du rin reviennent.
Ils sont positifs à une substance
radioactive extrêmement rare,
le polonium.
Un isotope qui sert dans l'industrie
l'armement nucléaire.
Les traces retrouvées sont certains films,
mais elles sont précieuses pour l'enquête,
car elles confirment que les services secrets russes
n'ont pas l'intention d'y aller.
Parce que la Russie fabrique
87% du polonium dans une usine
de recherche ultra secrète.
Les traces de polonium,
on en retrouve aussi à Londres.
Scott Landyard passe désormais au peigne fin
l'hôtel Millenium et surtout son bar,
qui pourrait bien être le lieu du crime.
Les médias affirment en effet savoir
de sources policières que les niveaux de radiation
ils sont extrêmement élevés,
et il est vrai que la chaîne d'événements
qui sont rencontrés le 1er novembre,
Alexandre Lidlienko est mort.
Andrei Lugovoi, également ex-agent des services
spéciorus, a semé partout où il est passé
des traces de polonium.
Dimitri Kovtun a lui aussi été contaminé.
L'agence de presse russe Interfax a en effet annoncé
qu'il souffrait d'un empoisonnement aigu par radiation
et était dans un état critique,
ce qui a été démenti plus tard.
Scott Landyard s'intéresse donc de très près
au déplacement de Kovtun et Lugovoi,
qui sont venus à Londres à 3 reprises en octobre.
Des enquêteurs néanmoins très frustrés
qui voient leurs interrogatoires entravés
par l'hospitalisation des deux hommes
et la supervision tatillonne des autorités russes.
Dans les jours qui suivent, on découvre également
des traces de polonium dans des avions
d'un compagnie british Airways.
Cela même dans lesquels on voyagit Andrei Lugovoi
et Dimitri Kovtun.
Alors que l'enquête avant, c'est que la piste russe
semble plus sérieuse que jamais,
Moscou refuse d'auditionner les deux suspects rapatriés.
Nos objectifs sont clairs.
D'abord faire progresser le processus judiciaire,
ensuite faire en sorte que le gouvernement russe
assume les conséquences de son refus
de coopérer,
enfin nous engager à assurer la sécurité
des citoyens britanniques et des visiteurs.
Pour cela, premièrement, nous allons expulser
quatre diplomates de l'ambassade russe
à Londres,
et ensuite, nous allons assurer
la sécurité des citoyens britanniques
et des visiteurs.
Pour cela premièrement, nous allons expulser
quatre diplomates de l'ambassade russe à Londres.
Deuxièmement, nous allons réexaminer
notre coopération avec la Russie sur plusieurs sujets
et pour commencer, nous allons suspendre
la délivrance des visas aux Russes
et nous allons changer notre mode d'attribution
de ces vies.
Troisièmement, les accords internationaux
signifieront que Monsieur Lugovoi
pourra être extradé si le voyage a l'étranger.
Nous discuterons aussi avec le Parlement
des besoins d'un engagement de l'Union Européenne
face à la Russie pour qu'elle prenne en compte
nos préoccupations en ce qui concerne
les besoins de l'Union Européenne.
Dans les mois et les années qui suivent,
l'affaire Lidvilenko s'enlise dans des demandes d'audition,
d'extradition, d'expertise,
de procédures stériles.
Il faut attendre janvier 2016 pour qu'enfin
par l'intermédiaire du juge Owen,
on n'est plus beaucoup de doute sur cette affaire
et qu'on attribue l'assassinat au FSB.
A bien des égards,
la mort d'Alexandre Lidvilenko
épouse tous les standards de la guerre froide
offrant à cette histoire un scénario solide
mais qui semble s'être trompé d'époque.
Les premières lueurs
aux jeux sombres
Il me parait bien loin l'été
je ne l'ai pas oublié
mais j'ai perdu la raison
et le temps peut bien s'arrêter
peut bien me confisquer toutes les notions
des les premières lueurs
de la torreur
en tout bien tout de même
aux jeux sombres
J'ai encore une odeur de lice
mes muscles se détissaient
j'attends la floraison
mais qui a-t-il pu bien arriver
entre septembre et mai
j'en ai oublié mon nom
Les premières lueurs
d'octobre
en tout bien tout de même
aux jeux sombres
en tout bien tout de même
Oh le temps a tourné
je compte les pouces
d'autres pleurs de septembre
Je ne sors qu'il n'est pas encore de la pouce
A plus qu'une autre pleure de septembre
Oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh,
oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh.
Oh, oh, oh, oh
Oh, oh
oh, oh, oh
« Je suis sureту. «
Alors vous ne rêvez pas …
C'est bien mercredi n'est-ce pas ?
Bon alors en ce cas-là, en classmates de tant es pa,
La voix que vous entendez, celle de...
C'est même émouvant, n'est-ce pas ?
Je vous liais.
Bon, bah écoutez, nous sommes heureux de vous recevoir. Faites comme chez vous.
C'est, je puis dire, on vous connaît depuis 18 ans pour la fameuse émission Rendez-vous avec X,
qui reviendra cet été d'ailleurs en diffusion.
Oui, en diffusion.
Très bien.
Nous sommes ravis.
Et puis, j'ai entre les mains votre dernier livre, Patrick Peineau,
qui s'appelle « Les maîtres de la terreur ».
Alors, ce sont, c'est une galerie de portraits d'affreux Jojo.
Ça commence par Fred Desgon.
Ça, c'est la cruauté des mérovingiens.
Ça passe par Attila, Yvan le Terrible, qui faisait dévorer ses victimes dans les arènes par des ours.
C'est un voyage dans l'horreur.
La voyage dans l'horreur.
Paul Pot.
Voilà.
Donc, c'est tout à fait passionnant.
Alors, je vous voyais réagir.
Pendant le récit, vous avez fait partie de ceux qui, dès le début,
ont pointé du doigt la responsabilité des services secrets russes dans cette affaire.
Vous vous êtes intéressé à cette affaire.
Quand vous l'avez découverte, vous vous êtes dit,
« Oula, là, il y a tous les ingrédients d'un polar guerre froide, en fait, post-guerre froide ».
Exactement.
Oui, parce que l'il-vien-co est un personnage bizarre.
Alors, on le présente comme la victime.
Oui, mais d'accord, c'est la victime.
La victime est toujours un peu héroïsée, mais dites-moi.
Oui, oui, parce que, déjà, son apparentement,
son amitié, entre guillemets, avec Berezovski,
qui était quand même un des dépasseurs de l'URSS,
il faut pas le lire,
moi, moi, c'est toujours semblé.
Mais enfin, bon, on peut être aussi un honnête homme
et être parfois à Coquine avec des gens pas très propres.
Je crois qu'il y a eu deux ou trois félures chez ce type.
La première félure, vous l'avez évoqué vous-même,
c'est la première guerre de Checheny,
où manifestement, il a vu des erreurs.
Donc, il revient à Moscou,
il va y avoir une deuxième félure.
Et, celle-là, on en a pas beaucoup parlé,
mais il découvre, à l'intérieur du FSB,
donc le service héritier du KGB,
il découvre qu'il existe une véritable bande de tour.
Et ça va tellement loin
qu'un policier honnête, à l'intérieur du FSB,
Tsai, va le payer de sa vie.
Et il va mourir un peu au fond, comme Evidenko,
ce type qui ne voit pas, qui ne fume pas,
qui a une vie parfaitement réglée.
En deux mois, il est liquidé, il meurt.
Si rose du foie, ton prétendu, moi, j'y crois pas.
Et ça, à mon avis, ça a frappé, c'est en 97.
Ça a frappé, Evidenko.
Et ça, sans doute, élargit la félure
qui avait déjà en lui.
Et puis, il y a Berezovski.
Alors là, c'est étonnant, Berezovski.
Parce que Berezovski, qui va devenir
son, comment dirais-je, son mentor,
au moins de façon...
Protecteur et mentor.
Au moins politique.
Berezovski, c'est quand même un curieux personnage.
Il va jouer un rôle, pour le moins,
très trouble, en Chechny.
Alors, je vous explique en deux mots, ça va pas être long.
Mais en Chechny,
sur laquelle Berezovski a des vues,
parce qu'il voudrait bien...
De faire des affaires là-bas ?
Oui, se faire des affaires là-bas,
prendre, avoir la maîtrise du pipeline
qui passe à travers la Chechny.
Enfin, bref, Berezovski,
qui a été nommé un haut poste
dans le domaine de la sécurité,
et en particulier, il a la charge de la Chechny,
va faire en sorte que la Chechny
devienne l'épine plantée
dans le dos de la Russie,
la fédération de Russie.
Et il va pousser, lui,
pour que l'épine rentre le plus loin,
la plus loin possible.
Par exemple, financer un chef Chechny islamiste
qui va à deux reprises faire des incursions
sur le territoire de la fédération de Russie,
au Dagestan,
et ça va alimenter la haine anti-Chechny en Russie.
Et puis après, ces deux incursions,
qui sont suivies d'ailleurs de bombardement
de la Chechny par l'aviation russe,
il va y avoir ces fameux attentats
qu'on a évoqués tout à l'heure.
Alors, d'abord, deux attentats à Moscou,
deux attentats énormes.
On va compter dans le premier,
je crois, une centaine de morts,
et dans le deuxième, ça va être pareil.
C'est une machination
des services secrets russes pour le pouvoir russe
pour qu'ils puissent intervenir en Chechny
en toute légitimité, c'est ça.
Exactement, parce que si il ferait un trou blanc,
si vous voulez, après,
il y en aura un autre à côté de Rostov.
Mais c'est très étonnant,
là, on est en août, septembre 1999,
Poutine, qui a largement été aidé
par Berezovsky, est devenu premier ministre
avec un président de la Russie
qui est en très mauvaise posture,
non seulement parce que toutes ces scandales
de sa présidence vont éclater,
mais aussi parce qu'il est malade.
C'est un homme ruiné, alcohol,
enfin bref, donc Poutine est en place,
il est premier ministre,
et il a été placé là par son ami Berezovsky.
Arrivent les attentats
qui déclenchent dans toute la fédération de Russie
une haine du coccasien, du noir,
comme ils les appellent.
D'où cette guerre terrible,
une violence épouvantante,
enfin, toutes les guerres en violente,
mais des exceptions, des crimes de guerre,
et pour mater cette chèche,
et pour venir à bout de ces voyous et de ces sauvages,
il y a un homme providentiel,
c'est Poutine,
et Poutine qui va obtenir la démission
fin de l'année 1999 de Helsinki.
Et là, il a gagné.
Le verre est en fruit,
on voit la façon de gouverner,
la façon d'agir,
avec une violence qui apparaît pour eux,
en tout cas, naturelle,
entrenemée, comme un outil.
Donc voilà.
Livvinenko est quand même choqué par ça,
même si c'est un drôle de bonhomme aussi.
Oui, oui, oui, il apparaît.
Avec son amitié avec Berazowski,
pas clair, mais enfin bon.
Bon, enfin, quand même.
Alors, maintenant, il y a les méthodes.
Alors, la méthode, la substance radioactive,
polonium 210,
j'imagine que c'est pas la première fois
que le FSB l'emploie,
et vous disiez qu'il était héritier du KGB,
poison KGB,
le KGB était réputé
pour avoir un laboratoire
des poisons particulièrement efficaces.
Mais non, on n'a pas le temps,
mais si on faisait la liste
de tous les morts violentes
des années 90,
on retrouverait sans doute la main
du FSB dans pas mal de ces morts violentes.
Et donc, oui, pourquoi pas,
le polonium 210,
quand même, une chose méthode, moi.
Laquelle ?
C'est que c'est pas...
C'est un peu voyant.
C'est un peu voyant comme...
Il y a eu des précédents.
On sait que, dans certains empoisonnements politiques,
on s'est trompés sur la dose.
Mais lesquelles, par exemple ?
Il y a un exemple français.
Nos services secrets,
c'était le SDEC à l'époque,
ont eu aussi usé de poissons.
De poissons, il y a la fameuse histoire
de l'assassinat de Félix Moumier.
C'est un sketch extraordinaire,
sauf qu'il s'est terminé malheureusement
par la mort de ce malheureux cabonnais.
Mais, un agent français,
Dean Agenève avec Félix Moumier,
on prend l'apéro,
on lui verse dans son pastis
un peu de talium.
Moumier, qui est très bavard,
parle tant qu'il oublie de boire son pastis.
Alors, l'agent secret français
se débrouille pour verser
une deuxième dose de talium dans son vin.
Et ça y est,
il s'est calculé
pour faire en sorte que Moumier
meurt en Afrique.
Et pas tout de suite.
Mais, à la fin du repas,
Moumier avale l'apéritif
et il avale le vin, double dose.
Quelles années ça, à peu près ?
Ça doit être 60 et 40.
Double dose,
c'est la catastrophe parce que Moumier
va mourir en Suisse et les Suisses
n'aiment pas ce genre d'affaires.
Tout porte à croire
qu'effectivement, c'est une opération commandité
organisée par le FSB
et commandité par Vladimir Poutine.
Je vous pose la question, c'est votre sentiment aussi ?
Oui, non, non.
Moi, j'ai jamais eu de doutes là-dessus.
J'ai eu des doutes sur la personnalité.
Il devienne con, j'ai eu des doutes, bien sûr,
sur Berezovsky.
Mais ça me paraît signé.
Et ce qui m'étonne, alors, vraiment,
c'est que toutes ces affaires,
et je sais, s'il y en a eu
quelques années, toutes ces affaires
qui criminalisent
l'action de Poutine,
passent sur lui
comme s'il était couvert d'huile,
rien ne se passe jamais.
Et je vais vous dire une chose, moi je suis persuadé,
il n'en a rien à faire.
Bon, enfin quand il sait que ça peut se retourner contre lui
diplomatiquement, il n'y a rien à faire.
Il n'y a rien de se passe.
Regardez récemment, on a parlé de sa fortune immense.
Bien sûr, c'est pas son propre nom.
Mais qui a-t-il eu une réaction ?
Il a rigolé, Poutine.
Comme il a rigolé, d'ailleurs, quand on a accusé
le FSB
d'avoir empoisonné Yelvin Ko.
Bon.
Il est immunisé.
Enfin quand même, le 21 janvier 2016.
Si tu ressens, en fait, le jugeau Wenz,
on l'a rendu dans le récit, conclu
devant un tribunal de l'onde, que derrière cette affaire
on retrouve le président russe.
Mais quand même, on imagine,
il se passe quelque chose comme ça, on imagine
deux chefs d'État, le premier ministre britannique
et le président russe, il doit y avoir une explication
à un moment.
Après, on négocie, on dit bon, on tutte.
Je crois qu'il a rigolé.
En ce moment, il ne faut pas oublier que Poutine,
en particulier à cause de la Syrie,
est en position de force.
On a toujours eu l'impression qu'il est
toujours en position de force.
Regardez sur l'Ukraine, il n'a pas cédé d'un pouce.
Il a toujours nié
contre l'évidence qu'il...
la présence de soldats russes
en Ukraine.
Il n'a pas laissé
de nier
ce dont on l'accuse
et malheureusement, ça passe
à chaque fois.
Alors, on va écouter ensemble une archive.
Patrick Pendo, on va écouter Marina,
Linenko, la veuve, Alexandre.
Alors, elle est les personnes avec la bord
de son mari, plus complexes que ce qu'on avance.
Bon, on l'écoutait.
Lugovoi n'avait pas de raison de tuer Sacha.
Ce n'était pas une vengeance personnelle, rien de tout ça.
Il a simplement été l'arme
que quelqu'un a utilisé.
Et là, est la question
qui a utilisé Lugovoi pour tuer mon mari.
Et le polonium rend tous les scénarios
possibles. On peut imaginer n'importe quelle conspiration.
Bon, voilà, dit que l'explication
est trop simple
ou trop compliquée d'ailleurs, en fait, elle sa pas.
Est-ce qu'elle a d'autres hypothèses et
qu'est-ce sont-elles ?
Non, moi, je pense que...
Pour venir
l'Idvinenko
avait accumulé des preuves
contre le FSB
donc contre le Poutine
dans la
commission des attentats
de Moscou et
de Rostov.
Il avait retrouvé en particulier un homme
qui était
compromis, malgré lui, dans ses affaires.
C'était l'homme qui louait
les caves dans lesquels
ont été placés les explosifs.
Pas n'importe les explosifs, de l'exogène
et du tente, c'est-à-dire des explosifs
qui sont utilisés par l'armée.
Autre signe, enfin bon.
Et ce type
avait été
approché par un ancien camarade
de classe qui s'est révélé être
un agent
du FSB.
Cet homme lui en dit, j'ai des marchandises
à entreposer, est-ce que je peux faire ça
dans les caves, des immeubles
que tu loues ?
Ce type était un témoin privilégié
et qu'il a tellement privilégié
qu'il a compris très vite
quand il a appris
où s'étaient passés
les attentats, qu'il a
préféré prendre la file de l'air
le plus vite possible.
Et il est passé en géorgie et,
à mon avis, là,
Ilvinko l'a retrouvé
et a sans doute recueilli
un témoignage capital pour l'enquête
sur les attentats.
Il aurait mis sa vie
en danger.
Peut-être encore plus que ces déclarations.
Moi, je crois que c'est quand même grave
quand on accuse quand même un service
auquel on a appartenu
d'avoir causé la mort
de dizaines et de dizaines de russes.
Là,
on court un sacré danger quand même.
On prend des risques.
Alors, le parallèle,
les résolences de cette histoire
sont toutes récentes
à l'histoire de la Guerre Froide.
Résonance, FSB, KGB.
Vous avez beaucoup travaillé
sur ces histoires de KGB.
Et eux aussi, FSB,
ce serait quoi, le portrait
des parallèles et des différences entre les deux ?
Le KGB a eu
la chance,
si on peut l'appliquer comme ça,
d'avoir un patron
génial
dans les années 70-80.
C'était Yuri Onropov.
Yuri Onropov
voyait très loin,
beaucoup plus loin que
ces personnages
embaumés comme
Brezhnev
et Tchanenko.
Yuri Onropov avait compris
que l'URSS
serait tout tard
et mais irrémédiablement
dépassé par l'Ouest.
Donc, il a préparé
à sa manière, la suite,
l'avenir.
Et
Poutine est un de ses
disciples, ses poulins.
Le premier, c'est Gorbachev.
Onropov est le pigmalion
de Gorbachev.
Mais
Poutine est arrivé un peu par hasard,
mais il appartenait
à l'école Andropov.
Sachons que
l'URSS
tout tard serait dépassé
et l'Ouest avait envisagé
justement la suite.
Et la suite c'était
la prise du pouvoir
une fois
les événements tassés après 1990.
C'était la prise du pouvoir
en Russie,
dans la fédération de Russie,
la prise du pouvoir par des gens du KGB.
Et quand on regarde
la sanction de Poutine
l'arrivée
à la présidence
de la principale compagnie
de gens directement issus
du KGB,
on se dit que Andropov avait plutôt du flair.
L'homme était intelligent, de toute façon.
Un contraire savant, c'était un des plus intelligents.
Il n'est pas resté longtemps au pouvoir.
Non, parce qu'il est mort.
Il est mort.
C'est intéressant. La mort
d'Andropov.
D'une façon
générale, la mort
dans cet ancien empire
soviétique
est toujours un peu problématique.
Alors, avait-il vraiment
des problèmes reineaux
ou a-t-on un peu accéléré
sa maladie ? Tout est possible
dans cet ancien empire soviétique.
Quand on est au pouvoir
à Moscou, on meurt rarement de mort naturel,
c'est ça ? Ben oui,
on regardait dans les années 1990
on tombe de l'assence
ou de sa fenêtre.
On est empoisonnés en prenant
de son téléphone, enfin, il y a plein de...
Les exemples sont multiples.
Alors, les services secrets
donc KGB encore, sous
Mirail Gorbachev
où il y a quand même un infléchissement
du grand
de fer, du pouvoir.
Ça continue à fonctionner comme ça, malgré la présence
de Gorbachev.
Bien sûr, parce qu'on oublie
un facteur
encore plus important.
C'est l'existence de la mafia rouge.
Oui. La mafia rouge, bon.
C'est des gangsters mais
des gangsters
qui sont communistes. C'est-à-dire
c'est un système mafieux
qui a exactement épousé
le système communiste
et à chaque strat
du pouvoir communiste
il y a un mafieux.
Au fond, il y a deux pouvoirs.
Il y a le pouvoir du parti communiste
et le pouvoir de la mafia rouge.
Et à chaque échelon correspond
un mafieux, voilà.
Et sous
le signe pour le coup, parce que
on est là sous Poutine
depuis un certain nombre d'années, même s'il m'a devu
de pouvoir, on sait très bien que celui qui tenait
le vrai pouvoir, c'était Poutine, évidemment.
Alors comment ça a fonctionné
pendant cette période intermédiaire
qui est celle de Bruxelles-Signe, les services secrets
on a. On est entre deux,
on est à la fois dans la tradition et ce qui
va se passer, c'est quoi ?
J'ai mon avis.
Fsb, donc héritier du KGB
prépare
son retour
au pouvoir.
Pendant que
du KGB
selon la méthode
déjà
théorisé par Andropov
et pendant cette première décennie
90
que se passe-t-il au Kremlin ?
Au Kremlin règne ce qu'on a appelé la famille.
La famille
c'est la famille Yelchin
et ils s'en mettent tous plein les poches.
Plein les poches.
Ils sont fous du gouvernement
de la politique etc.
C'est
un essai de dépeusement
gigantesque
de l'URSS
enfin de feu de l'URSS
Avec la complicité des signes.
Bien sûr, c'est la famille qui s'en met plein les poches.
Donc c'est comme ça que
Berezovski
va surgir
Berezovski, Konorkovski
Abramovich
et les autres.
Et alors facteur aggravant
si j'ose dire
en tout cas pour l'opinion public russe
beaucoup de ces oligarques
qui vont rafler la mise
sont d'origine juive.
Et ça va
provoquer des réactions
violentes
dans l'opinion parce qu'une fois de plus
ce sont les juifs
qui mettent la main sur une richesse.
Ce qu'on avait dit
autant de saline.
Bien sûr. Alors toute dernière chose
le FSB est-il considéré
aujourd'hui comme un
un service secret, un ensemble de services secrets
efficaces, parce que
plus ou moins efficaces, parce qu'il fait peur
mais il y a des bavures
mais est-ce que c'est un service qui fonctionne bien ?
Oui. Oui mais c'est plutôt
à mon avis
il y a des
il y a des franc-bassonneries
des réseaux.
Parce que là aussi
chacun est 700 mètres plein les poches
c'est le système
russe actuel.
Donc le FSB
attention le FSB
c'est un service aussi de police
c'est non seulement un service de renseignement
c'est un service de police.
Merci infiniment Patrick Pénot
nous avoir apporté
vos lumières et à nourris
par votre expérience d'avoir gratté plein d'affaires
comme ça pendant 18 ans. Merci
Au revoir. Merci.
C'était Affaire sensible aujourd'hui le dossier
Lead Villain Co, une émission que vous pouvez réécouter
en podcast sur franceinter.fr
Rendez-vous également sur la page facebook
d'affaires sensibles demain. Nous évoquerons le livre
d'Hitler Mein Kampf tombé dans le domaine public
en janvier dernier.
Sous-titres réalisés par les
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durée :00:54:21 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle - Aujourd’hui dans Affaires sensibles, l’assassinat d’Alexandre Litvinenko.