Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Gabrielle Russier, un amour interdit - Le récit

Europe 1 Europe 1 10/15/23 - 26m - PDF Transcript

Donc si je comprends bien, la Ciat Ibiza est à partir de 99€ par mois, c'est bien ça ?

Voilà.

Signe le contrat.

Quoi ?

Signe, je te dis, il a dû se planter.

Et sinon, la vie, ça va ?

Euh, oui.

Eh ben, super.

On de l'être à compte.

Christopher Delat.

Voici l'histoire très douloureuse de Gabriel Russier.

Gabriel est une jeune prof de Marseille qui, en 1968,

tombe amoureuse de l'homme de ses élèves de 17 ans,

Christian Rossi.

L'éducation nationale et la justice vont la casser,

la briser, la rouler dans la boue jusqu'à l'année entière.

La réalisation est de Céline Lebrasse.

Pour une fois, je vais commencer mon histoire par la fin.

Pour que vous compreniez tout de suite que ça n'est pas une bluette.

Cette histoire est un drame.

C'est un cataclysme.

Et à sa manière, un an après mai 68,

elle a secoué la France.

Elle l'a fait bouger.

Et la France est ressortie de cette histoire.

Moins rigide.

Heureusement.

Voilà donc comment ça se termine.

Un soir de septembre 1969, à Marseille,

les pompiers sont appelés au 11ème étage

d'une tour de la résidence nord.

Une odeur de gaz s'échappe d'un appartement.

Ils entrent.

C'est trop tard.

Elle s'appelait Gabrielle Russier.

Elle avait 32 ans.

Elle s'est suicidée.

Et ce suicide ne passe pas inaperçu au que non.

Parce que cette Gabrielle,

qui vient de se donner la mort en ouvrant le gaz,

tous les Français la connaissent.

Ça fait des mois qu'on ne parle que d'elle

dans les journaux, à la radio.

Des mois qu'elle est au coeur d'un scandale

qui divise la France.

Elle a eu une relation amoureuse

avec l'un de ses anciens élèves.

Un adolescent de 17 ans.

Christian Russier.

Détournement de mineurs.

En 1969, on ne rigole pas avec ça.

On la roule dans la boue.

On l'envoie en prison.

Elle perd son travail.

Et maintenant, elle est morte.

Ses proches, ses amis,

sont sidérés.

Je pense que c'est une bien triste

et bien amontable histoire.

On ne peut pas jeter la pierre

aux parents du jeune homme,

du jeune Christian.

Comme il pensait devoir réagir.

Mais enfin, je trouve

qu'ils sont allés peut-être un peu loin

pour détournements de mineurs.

Ils lâchent le mort des parents

et l'injustice qui a fait appel.

Alors que justement, le juge de Marseille

avait eu un jugement de Clémence

en faveur de Gabrielle.

Que le parquet ait fait appel,

à mon avis, ce n'était pas nécessaire.

Car finalement, être aimé et avoir aimé,

ce n'est pas un grand crime.

Pour vous donner une idée de l'émotion

que suscite ce suicide à l'époque,

même le président de la République,

Georges Pompidou,

qui vient à peine d'être élu,

est sommé de dire quelque chose

lors de sa première conférence de presse.

Je ne vous dirais pas tout ce que j'ai pensé,

d'ailleurs, sur cette affaire.

Ni même

ce que j'ai fait.

Quant à ce que j'ai ressenti,

comme beaucoup,

eh bien,

comprenne qui voudra,

moi, mon remord,

ce fut la victime raisonnable

au regard d'enfants perdus,

celles qui ressemblent aux morts,

qui sont morts pour être aimés.

C'est de l'éluard.

Merci, mesdames et messieurs.

Alors maintenant,

il faut que je vous raconte,

depuis le début.

Et ça nous amène à Marseille,

dans la joie et la bonne humeur

de mai 1968.

Gabriel Russia, 31 ans.

C'est un petit bout de femme

avec des cheveux courts,

une parisienne,

divorcée,

qui vit seule avec ses deux enfants

et qui enseigne le français

au lycée des quartiers nord.

C'est une preuve moderne,

genre qui débat avec ses élèves,

de toutes leurs vies,

de leur éducation,

de l'argent,

de la société.

On est en 1968,

en mai,

sa bouillonne,

et elle aime ça.

Et en mai et juin 1968,

elle est dans toutes les manifs,

avec ses élèves,

entre le vieux port

et la place castellane.

Et après,

ils vont au bistro,

et ils refont le monde

pendant des heures.

Mai 1968, quoi.

Mai 1968.

Et là, dans la banque,

il y a un élève qui sort du lot,

Christian.

Il a 17 ans,

entre nous, l'emparévin.

Grand costaud,

avec une barbe rousse,

des pantalons,

d'œufs.

Et voilà, quoi.

Entre Gabriel, la prof,

et Christian, l'élève.

Il se passe un truc,

qui n'est pas raisonnable,

mais un truc qu'en même.

Un truc qu'en général.

On appelle l'amour.

Et tous les matins,

comme les bus sont en grève,

Gabriel,

pas chercher Christian chez lui,

et elle le ramène le soir.

C'est comme ça que ça commence.

Les manifs, le bistro,

les trajets en voiture.

Dans un peu plus d'un an,

Gabriel ouvrira le gaz.

Et les parents,

de Christian,

ne tardent pas à s'en apercevoir.

Les parents,

je vous le dis tout de suite,

sont des enseignants.

Et pas qu'un peu.

En mai 1968,

ils viennent de quitter

le parti communiste

pour l'extrême-gauche.

Tout ça pour dire qu'ils sont

censés être progressistes,

ceux qui ne va pas sauter aux yeux

dans la suite de cette histoire.

La mère demande au père

venir,

« Tu dois faire quelque chose.

Va la voir.

Il va la voir.

Je vous demande de cesser

de voir mon fils, madame.

Laissez-le tranquille.

Vous allez finir par coucher à lui.

Si ça se trouve.

Ou alors, est-ce que c'est pas déjà fait.

Et donc, ils essayent de rompre.

Ça serait raisonnable de rompre.

Il est mineur.

Elle n'a pas le droit.

Mais ils n'y arrivent pas.

Ils sont amoureux.

Et les grandes vacances approchent.

Et Christian n'imagine pas

passer de moi sans Gabriel.

Et elles n'ont plus d'ailleurs.

Alors ils montent un petit stratagème.

Christian annonce à ses parents

qu'il part en Italie.

On part en stop.

Avec un copain de lycée.

Eh bien, ça te changera les idées,

mon chéri.

Hein ?

Et qui les prend en stop

avec ça, Diane Rouge ?

Gabriel, bien sûr.

Et les voilà donc, partis tous les trois.

Libres comme l'air.

Au coeur de l'été 1968.

Florence.

Rome.

Ils font du camping sauvage.

Ils mangent du proscioto, du fromaggio.

Ils se baignent.

Ils bronsent.

C'est la liberté.

C'est le bonheur.

Le troisième l'arrange, au bout d'un moment,

en a marre de tenir la chandelle,

alors ils rentrent.

Et Christian et Gabriel

vacancent les yeux dans les yeux.

Le retour à Marseille

et la rentrée des classes

signent la fin des festivités,

d'autant que les parents

ont flairé l'embrouille.

Ils demandent à nouveau

à Christian de rompre.

Et le ton monte.

Et ils claquent la porte.

Et il va s'installer chez Gabriel

au 11ème étage de la tournoi.

Mais elle,

elle sait qu'elle va finir

de ne pas avoir des problèmes.

Christian,

il faut qu'on aille voir tes parents.

Il faut leur parler.

Il faut leur dire qu'on s'aime.

Il faut tenter de trouver

un terrain d'entente.

Parce que sinon,

j'ai peur que ça finisse mal.

Non, madame, non.

Non.

On ne veut pas vous parler, madame.

Et toi, Christian, maintenant,

tu rentres

et tu vas dans ta chambre.

La suite est un pugile.

Il refuse.

J'en ai rien à foutre.

Je me barre, puisque c'est comme ça.

Et il remonte avec Gabriel

dans la voiture.

Et là, le père, la mère et le frère

entourent la voiture.

Ils veulent sortir Christian Manu militari,

mais l'autre s'agripe au tableau de bord.

Démarre, Gabriel.

Gabriel passe la première.

Et la voiture s'enfuit

dans les rues de Marseille.

Et c'est comme qui dirait

le début des emmerdes.

Ils ont franchi un point de non-retour.

La suite, vous l'imaginez.

Le 15 octobre,

les parents saisissent le juge pour enfants.

Et quelques jours plus tard,

une assistante sociale

bientôt domicile de Gabriel

est désormais de Christian.

Elle est un peu surprise

par la carrure du gamin.

Christian,

je suis venu pour vous chercher.

Et pour vous amener chez le juge.

Et pour vous amener chez le juge.

Et pour vous amener chez le juge.

Et pour vous amener chez le juge.

Et pour vous amener chez le juge.

Un juge ?

Sur eux-mêmes pas, hein ?

Je ne bougerais pas d'ici.

Si.

Si, Christian.

Tu vas y aller.

Il faut que tu ailles.

Dis les choses.

Mais vas-y.

Puisque c'est Gabriel qui le lui demande.

Et le voilà dans le cabinet de juge

qui n'est pas un mauvais homme.

Il cherche en compromis.

Il a fait venir les parents.

Il y aurait une solution.

A mon sens.

L'émancipation.

C'est parfaitement possible.

Ah non.

Ah non, pas question.

On veut conserver l'autorité parentale sur Christian.

Alors vous pourriez peut-être

le loger dans une chambre en ville.

Une chambre en ville.

Mais ça serait la porte ouverte à tous les abus.

Alors...

Un interna peut-être.

Un interna,

les parents sont d'accord.

Un interna, c'est très bien.

Ah, Argelès dans les Pyrénétiens.

Ça sera très bien.

Christian accepte à contrecœur.

À condition que Gabriel lui écrive

et vienne le voir à là tout ça.

Autant vous dire que Argelès,

il se morfond.

Et tous les jours quand on distribue

le courrier au réfectoire,

il espère que les parents

qui ont voyé au réfectoire,

il espère une lettre.

De la pierre.

Tiens.

Garcia.

Voilà.

Le brun.

Sanchez.

Et Exposito.

Tiens.

Voilà, ça sera tout pour aujourd'hui.

Mais pour lui, il n'y a jamais de lettres.

Pourquoi ? Parce que Gabriel l'a oubliée.

Parce qu'elles sont toutes interceptées

par des tôtres.

Les parents ont donné des consignes.

Alors Christian

écrite à Gabriel.

Si ça continue,

je vais me suicider.

Et elle fait quoi, à votre avis,

quand elle reçoit la lettre ?

Elle saute dans sa dienne rouge

et pieds au plancher.

Elle fonce vers Argelès.

Et vous n'allez pas le croire.

Elle est filochée par les gendarmes

qui, entre nous, ne sont pas des acharnés.

Et bien, on nous a fait faire une rôle de boulot, non ?

Tu trouves pas ?

Car ils ont reçu la consigne suivante.

Si le genou l'a rejoint,

vous les embarquez tous les deux.

Et donc, à l'arrivée, au premier baiser,

craque,

il leur tombe dessus.

Flagrant délit d'amour.

Il rédige en rapport,

il l'envoie aux juges.

Repart à l'internat.

Et pour Gabriel, la route de Marseille,

c'est par là.

Mais les deux amoureux n'ont pas dit leur dernier mot.

Un mois plus tard,

Christian fait le mur de son lycée d'Argelès.

Il prend le premier train pour Marseille.

Un copain de lycée le planque dans l'arrière-pays.

Ou bien sûr, il fait venir Gabriel.

Mais après, ça se complique.

Beaucoup.

Parce qu'un jour plus tard,

les parents portent plainte

pour détournement de mineurs.

Et détournement de mineurs,

on change de registre.

On passe un cap.

Le parquet ouvre une enquête préliminaire.

La machine judiciaire est lancée.

Dans dix mois,

Gabriel ouvrira le gaz.

En attendant,

elle est interpellée à Marseille,

en pleine rue,

et traînée d'abord au commissariat,

et puis devant le juge d'instruction,

le juge Palanque,

qui n'a pas la réputation d'être un tendre,

très catholique, très conservateur,

défenseur de l'ordre établi.

Ça n'est pas gagné.

Oui, le jeune Christian aussi, madame.

Pourquoi est-ce que vous me posez la question ?

Vous êtes responsable de sa fuge.

Vous êtes allé le trouver, Argelès.

Je le lui avais promis.

Sans cette promesse, vous savez,

il n'y serait pas allé.

Il ne fallait pas tenir une promesse,

ce que vous n'aviez pas le droit de tenir, madame.

Où est-il ?

Je ne sais pas.

Je ne suis pas sur moi.

Dans la foulée,

perquisition de son appartement.

Je vous l'avais dit, on change de braquets.

Pendant six heures,

les policiers retournent ses armoires

. Où sont ces lettres, madame ?

Ces dernières lettres.

Je ne les ai pas.

Ils reniflent aussi le sucrier,

la salière, le pot d'herbe de Provence,

des fois qui auraient du chichon.

Mais chez la prof de français,

il n'y a que des livres.

Il n'y a pas de lettres, il n'y a pas de hat-kick.

Ce qui n'empêche pas, le juge Palanque,

d'un culpé Gabriel

pour détournement de mineurs.

Et tenez-vous bien.

Il la place sous mandat de dépôt.

Si, si !

Il l'envoie à la prison des Beaumettes.

Gabriel se retrouve en cellule

avec deux expertes comptables

qui ont détourné de l'argent.

Quand il apprend quel est en prison,

Christian se présente de lui-même au juge.

Et deux jours après,

Gabriel est libéré.

Et Christian échoue dans un centre éducatif.

Et après, dans une clinique psychiatrique,

les Meurode,

il refuse le traitement chimique,

il fait le mur,

retour au centre éducatif.

Là, le juge pour enfants, lui,

dégoûte un foyer jeune où il est plus libre.

Et comme il est plus libre,

il revoit Gabriel,

retour à la clinique psychiatrique.

Mais cette fois,

dans l'aile des malades mentaux les plus agités,

enfermés au fond d'une cellule

capitonnée,

il va subir une cure de sommet

pendant deux mois

jusqu'à ce qu'il cale,

jusqu'à ce qu'il cède,

jusqu'à ce qu'il capitule.

Au bout de deux mois,

il demande à voir le médecin.

Ok, docteur,

je ne la reverrai plus.

Et le psychiatre annonce au père.

Votre fils est Guéry, monsieur.

Guéry,

tu parles.

Christian va se reposer chez sa grand-mère

à Montpellier. Et assez vite, il fuge.

Et bien sûr, il retourne à Marseille.

Et bien sûr, il retrouve Gabriel.

Il se planque à nouveau.

Et pour le juge, c'est encore la faute de Gabriel.

Et donc, il la renvoie

en prison.

Il la renvoie en tol

alors que je rappelle qu'elle est maman

de deux enfants.

Mais dans la tête du juge, ça ne pèse pas.

Elle va passer

deux mois au Beaumètre.

Deux mois, parce que pendant ce temps,

Christian refuse de rentrer chez ses parents.

Deux fois, elle demande

la liberté provisoire.

Et deux fois,

la Chambre d'accusation refuse.

Attendu que les faits reprochés

à Russier Gabriel sont graves ?

Attendu que la détention

est nécessaire à la manifestation de la vérité ?

Attendu que si le rôle de madame

Russier dans la nouvelle fuc

du mineur Rossi n'est pas actuellement établi,

il n'en demeure pas moins que la culpée

depuis s'en mise en liberté provisoire,

a repris ses relations avec Christian

Rossi,

la mesure de détention

est confirmée.

Quand elle sort

au bout de deux mois,

Gabriel n'est plus que l'ombre d'elle-même.

Et pour ne rien arranger,

elle apprend que l'éducation nationale

ne veut plus d'elle.

Elle avait demandé un poste d'assistant

à la fac, c'est non.

Et elle doit rembourser les deux mois

reçus pendant qu'elle était en prison.

Ils sont en train de la détruire,

lentement,

mais sûrement.

Le juge

a bouclé son dossier.

Il la renvoie devant le tribunal correctionnel

pour enlèvement

et détournement de mineurs.

Le procès

Le procès de Gabriel

s'ouvre le 10 juillet 1969

devant la 7e

chambre du tribunal correctionnel de Marseille.

Juste avant les vacances

pour que tout soit réglé avant la rentrée.

Le Président prononce

l'entrée « le huis clos ». Il n'y a pas de public,

il n'y a pas de journaliste.

On a donc assez peu d'informations sur ce procès.

Mais ce qu'on sait,

le Christian n'est même pas convoqué.

Les juges ne verront donc pas qu'il a l'air

plus d'un adulte que d'un adolescent.

Et le procureur requiert

un an de prison ferme.

Le jugement

est rendu le jour même.

Attendu que Gabriel le Russier

s'est abstenu de rassurer les parents

alors qu'elle savait

où se trouvait le jeune rossi après sa fugue d'Argelès,

le rencontrer fréquemment

et subvenait même à ses dépenses,

attendu qu'il émanifeste

que l'a prévenu à abuser de la samba

qu'elle a pris sur le jeune homme.

Il convient d'infliger

à Russier Gabriel une sanction sévère

tout en rappelant

qu'elle a été incarcérée à deux reprises

dont la deuxième fois pendant

plus d'un mois et demi.

Le tribunal la condamne

à un an d'emprisonnement

avait sursi et

500 francs d'amandes,

plus un franc de dommages

et intérêts pour les parents.

Je vous remercie.

Du sursi donc, ouf !

Gabriel est soulagé

d'autant plus qu'elle va être amnistière, c'est sûr.

Un nouveau président de la République

vient d'être élu, Georges Pompidou

et à l'époque, époque béni

le nouveau président a pour habitude

d'effacer l'ardoise des peines légères.

Mais le parquet de Marseille

fait appel

Oh non, avec sursi c'est pas assez

il veut de la prison ferme

alors même que les parents de Christian

se seraient contentés de sursi

Mais non, il faut la briser

il faut la néantir

et le temps d'examiner l'appel

eh bien il ne sera plus question d'amnistie

et si elle n'est pas amnistière

eh bien elle aura un casier

et si elle a un casier

alors elle perdra son poste de prof

est-ce que c'est le but ?

ça se dit

en tout cas pour elle

c'est le coup de grâce

elle s'enfonce dans la dépression

on la place

dans une maison de repos

à tard

la situation est très grave pour moi

et pour les enfants

si je suis viré de l'éducation nationale

je ne comprends plus rien

de ce que j'entends ou de ce que je lis

je suis tout abîmé

intellectuellement

et physiquement

je vais faire tout mon possible

pour tenir jusqu'à l'appel

pour ce procès en appel qui s'annonce

son père, le père de Gabriel

engage un ténor du barreau de Paris

maître No

mais elle ne tiendra pas

jusqu'au procès

en août elle avale des barbituriques

c'est sa deuxième tentative de suicide

le médecin prescrit une cure de sommeil

après sa cure quand Gabriel revient

à Marseille

il n'y a personne pour l'attendre

à la gare Saint-Charles

personne, elle se sent

tellement seule

alors le 1er septembre

elle avait à la nouveau des barbituriques

et cette fois elle ouvre le gaz

dans son appartement du 11ème étage

de la tour nord

elle ne laisse pas de l'être d'adieu

rien, le commissaire

qui vient constater son décès

remarque qu'il y a deux bols

dans les vieilles de la cuisine

est-ce qu'elle a revu Christian

une dernière fois

on ne le saura jamais

le commissaire à la délicatesse

de ne pas relever les emprunts

le suicide de Gabriel

fait beaucoup de bruit

dans une France qui est censée avoir basculé

dans la modernité en mai 68

l'acharnement

rétrograde de la justice a choqué

a commencé par le nouveau président

Pompidou qui ordonne une enquête

pour établir la responsabilité

des décisions judiciaires et universitaires

qui ont conduit

au suicide de Gabriel russier

il veut savoir pourquoi

elle n'a pas bénéficié de l'amnistie que lui

président

avait promulgué

et Christian

il attend

ses 21 ans

sa majorité

pour donner une interview

au nouvel observateur

le 1 mars 1971

c'est sa seule

et unique interview

ça n'était pas une passion

c'était l'amour

la passion c'est pas lucide

c'était lucide

les deux ans de souvenirs qu'elle m'a laissé

elle me les a laissé à moi

je n'ai pas les raconté

je les sens

je les ai vécu moi seul

le reste

les gens le savent

c'est une femme qui s'appelait Gabriel russier

on s'aimait

on la mise en prison

elle s'est tuée

c'est simple non ?

la même année

André Caillat réalisant un film inspiré

de l'histoire de Gabriel

mourir d'aimer

c'est Annie Girardot qui joue le rôle

de la jeune prof

et ce film va inspirer une chanson

magnifique

à Charles Asselineau

lentement

vers ma destinée

mourir d'aimer

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En 1968 à Marseille, la professeure de français, Gabrielle Russier, tombe amoureuse de son élève, Christian Rossi, 17 ans. Elle est incarcérée à deux reprises. Elle est brisée par l’Education nationale et la Justice jusqu’à ce qu’elle se suicide.