Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Fratricide chez les Brunel - Le récit

Europe 1 Europe 1 9/25/23 - 32m - PDF Transcript

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Pensez à covoiturer.

Voici une affaire qui rentre dans une catégorie criminelle assez rare, le fratricide, qui consiste à tuer son frère, avec un mobile qui lui, dans ce dossier, est plus courant, vous verrez.

Il s'agit de l'assassinat en octobre 2015 à château neuf du pape d'Anne Vaucluse, de Jean-Marc Brunel.

J'ai invité pour le débrief maître Louis Anna Le Maire, du barreau d'Avignon, qui était l'avocat des parents dans ce dossier douloureux.

Pour l'écouter, vous devrez revenir sur votre application de podcast.

J'ai écrit son récit avec Thomas Audoir, Boris Pachinsky, à la réalisation.

C'est l'histoire d'une femme de ménage qui, un matin d'octobre 2015, à château neuf du pape d'Anne Vaucluse, appelle son patron Jean-Marc Brunel.

Allô ? Oui, bonjour M. Brunel, c'est Fadila à l'appareil.

Oui, bonjour. C'est pas Jean-Marc à l'appareil, c'est son frère Dominique. Jean-Marc vous vous a pas prévenu qu'il partait en vacances et qu'il nous prêtait la maison quelque temps ?

Eh ben non, il ne l'a pas prévenu et c'est pas son Jean à Jean-Marc.

Elle le connaît Fadila, ça fait des années qu'elle s'occupe de son ménage. Il ne vous l'a pas dit ? Eh ben non.

D'habitude, Fadila va chez lui tous les mardi. Le 20 octobre, elle se dit j'y vais ou j'y vais pas. Je vais peut-être déranger le frère.

Oui mais quand même, il faut que la maison soit propre pour le retour de M. Jean-Marc.

Et donc, elle y va. Et la surprise, voilà que le frérot se prend pour son patron.

Fadila, venez voir, nettoyez bien les rideaux, ils en ont bien besoin. Le type se croche chez lui.

Eh, je suis pas ta bonne, Coco. Tu as peut-être le frère de Jean-Marc, mais mon patron c'est lui. Je lui dirais ce que j'en pense quand il rentrera de vacances.

Non mais...

Ce que Fadila ne sait pas à ce moment-là, c'est qu'elle n'est pas la seule à être surprise par ce départ impromptu de Jean-Marc en vacances.

Elle a commencé par sa compagne depuis dix ans, Bernadette.

Je comprends pas, il me donne pas de nouvelles, mais t'inquiète pas, il va finir par t'appeler.

Mais enfin, on se marie l'année prochaine.

Et au même moment, les parents de Jean-Marc aussi s'inquiètent. Ils habitent dans le sud de l'Espagne, au soleil d'Alican.

Normalement, ils les appellent tous les jours, enfin presque. Et là, pas de nouvelles depuis deux semaines.

Alors, qui appellent-ils ? Eh bien, leurs fils aînés, Dominique.

Parce qu'ils savent eux, qu'il est chez son frère, pendant que l'autre est en va-t-rouille.

Je comprends pas, papa. Dimanche, on voulait lui chercher les repas en Marseille.

Bah oui, il était pas. Et depuis, là, j'ai pas de nouvelles. Son téléphone répond pas.

C'est faux, quand même. Il a eu une entreprise qui peut pas prolonger ses vacances sans prévenir ses clients.

Et puis, nous, quand même, c'est parents.

Oui, oui, je suis bien d'accord avec toi, papa.

Dis-moi, toi qui est sur place, Dominique, va voir les gendarmes ? Tu veux bien ? On sait jamais.

C'est pas normal qu'il disparaisse comme ça.

Et donc, Dominique va voir les gendarmes de Château 9 du pape.

Et il se heurte, comme toujours, à la règle intangible, selon laquelle un adulte a bien le droit de prendre la poudre d'esquempête.

Et donc, bah, merci, monsieur. Mais ça n'ira pas plus loin.

Sauf que le père, lui, a Alicante. Ça ne lui va pas. Alors, il l'appelle à son tour les gendarmes.

Vous comprenez ? Mon office est le dirigeant de la société Socopal à Avignon.

Il travaille seul et, dans son métier, il ne peut pas déléguer.

Alors, normalement, même en vacances, il reste joignable tout le temps.

Qu'il s'absente de son entreprise sans rien dire. C'est absolument impensable.

Avec l'argument de l'entreprise, le père a touché l'accord de sensibles des gendarmes.

Et c'est quoi comme entreprise, monsieur, la Socopal ?

C'est une entreprise que j'ai, moi-même, créé à Avignon et que mon fils Jean-Paul a repris il y a 12 ans de cela.

Nous commercialisons, enfin, ils commercialisent des fromages industriels.

Et convaincu par le père, les gendarmes finissent par se rendre sur place.

Chez Jean-Marc, on va voir si vous avez bien suivi, habite en ce moment, son frère Dominique.

Bravo.

C'est Dominique qui leur où.

Les gendarmes le connaissent déjà, puisqu'il est venu signaler la disparition de son frère quelques heures plus tôt.

Question, avez-vous la moindre idée de où pourrait être votre frère ?

Bah, je vous ai dit ce que je sais. Il est porté en vacances en Ukraine.

Il devait rentrer dimanche et il n'y a pas rentré. Il n'y a plus aucune nouvelle.

Vous savez où ? En Ukraine ?

Oui, oui. J'ai regardé dans ce papier. Il est allé en haut des soins.

D'accord. Il y allait souvent, hein, au dessin ?

Bah, je crois qu'il y allait au mois de juillet dernier.

Pourquoi faire ? Vous en avez une idée ?

Oui, enfin. Mon frère, il aime bien les femmes de l'Est.

Je crois qu'il allait là-bas pour les filles, quoi.

Il avait quelqu'un en Ukraine à votre connaissance ?

Quelqu'un ? Peut-être plus, hein, je pense.

Vous savez, dans ces pays, quand on paye, on a tout ce qu'on veut.

Je comprends pas, monsieur.

Votre père nous a dit qu'il allait se marier l'année prochaine

avec une fille qui s'appelle Bernadette.

Oui, voilà, c'est ça.

Bah, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?

On peut se marier et, je veux dire, faire des trucs à côté.

J'en sais rien. Je sais pas toute sa vie, non plus.

Et là, j'appuie sur poste de seconde.

En Ukraine, en 2015, c'est déjà la guerre.

Les ruscaux font annexer la Crimée un an plus tôt.

Ça n'est donc pas l'endroit idéal pour conduire une enquête

sur la disparition d'un Français vendeur de fromages souvides

qui a un penchant pour les souris des pays de l'Est.

Mais l'idée qu'il est tout lâché pour une jolie Ukraine

tient la route.

Qui peut dire, je ne mangerai pas de ce pain-là.

Hein ?

En rentrant à la brigade,

les gendarmes auront la présence d'esprit de se faire envoyer

les relevés bancaires de Jean-Marc Brunel.

Et bien, voilà.

C'est bien ce que j'utilisais.

Regarde, 16 octobre, il ferme son PEL,

il ferme son assurant de celui.

Il ramasse aux amis, il se casse pour une ukrainienne.

Il n'est rien personne, ni à ses parents, ni à son frère,

ni bien sûr à sa copine, mais en année.

Bon, c'est pas glorieux, c'est lâche, mais c'est humain.

Cela dit, il faudrait quand même vérifier

qu'il a bien pris cet avion pour rôder ça.

Alors, nous avons vérifié auprès des compagnies aériennes

et des aéroports.

Aucun Jean-Marc Brunel n'a voyagé ces dernières semaines

ni vers au DSA, ni d'ailleurs vers aucune destination.

Voilà. Désolé.

Ah bon ?

Mais là, ça n'est plus du tout la même histoire.

Jean-Marc n'est pas allé jouer à Sizi Pampan en ukraine.

Il a disparu. Il a vraiment disparu.

D'autant qu'il y a quelque chose de très inquiétant

sur son compte en banque.

Il a fermé son PEL.

Il a fermé son assurance vie.

Il a tout mis sur son compte courant.

Et depuis, ah bah il n'a pas prélevé un centime.

Donc, il n'est pas en ukraine.

Et donc, c'est inquiétant.

Il y a que les morts qui ne dépensent pas d'argent.

L'enquête change de braquet.

Une information est ouverte pour enlèvement et séquestration.

Retour chez Jean-Marc Brunet.

Toc toc toc.

Pas de réponse.

Le frère a l'air d'être parti.

Et il n'y avait pas la voiture de son frère

quand tu n'es venu l'autre jour.

Ah ouais, t'as raison.

Le feu gris, je crois.

Et elle est passée où cette voiture ?

Les gendarmes passent les matriculations au fichier.

Tiens !

La golfe a été flashée par un radar.

Mieux que ça.

On vient de la retrouver abandonnée

sur le parking de l'aéroport de Madrid.

Oui, Madrid en Espagne.

On est donc assez loin d'au-dessas.

C'est le moins qu'on puisse dire.

Et donc, les gendarmes demandent à leurs homologues espagnols

de leur envoyer les images

prises par les caméras du parking de l'aéroport.

Et qui s'étit qu'on voit à l'aéroport

des centres de voitures avec une valise à la main ?

Et qui s'étit dans la foulée

qu'on voit prendre un avion pour Panama ?

Une hypothèse dans votre petite tête

de criminologue en air ?

Dominique, le frérot.

Alors qu'il n'y a pas la main, c'est normal.

Il habite là-bas depuis 15 ans.

Mais qu'il a, il y a l'aéroport

avec la voiture de son frère

et qu'il l'abandonne sur place.

Ça, ça n'est pas normal.

C'est...

suspicious.

Enfin, je trouve.

À peu près au même moment,

à Château 9 du Pape,

le ménage de Jean-Marc Brunel,

Fadila, fait face aux gendarmes.

Vous auriez vu comment il me parlait

quand il était chez M. Jean-Marc.

Il me donnait des ordres.

Comme si c'était lui le patron.

Et puis il n'y a pas que ça.

Moi, je l'ai vu fouiller dans un tiroir.

Enfin, dans les papiers.

Et puis il faut que je vous dise,

pendant que le frère était chez Jean-Marc,

il y a des choses qui ont disparu.

Ah bon ?

Quoi, par exemple ?

Il a déplacé les meubles aussi.

Il faisait comme chez lui.

Et puis il y a autre chose.

Faisant la poussière sur le bureau de M. Jean-Marc,

j'ai vu qu'il y avait 3 cartes de crédit

qui étaient posées et qui étaient à son nom.

Et il y en a eu, là.

Elle était toute neuve.

Et comment vous savez qu'elle était neuve ?

Et bien, elle était collée au courrier de la banque.

Et il n'y a pas que ça.

La moto de Jean-Marc Brunel aussi a disparu.

Une moto toute neuve,

qui était rangée dans le cabaneau.

Tout ça est, de plus en plus,

suspicious.

On est d'accord ?

Un beau matin,

les gendarmes de la scientifique

déboule dans la maison de Jean-Marc Brunel.

Et si vous êtes fidèles,

vous connaissez la suite.

Pchit, pchit, pchit, pchit.

Les experts balancent du blowstart

en tous les coins.

C'est le produit qui ressuscite les tâches de sang.

Et là, c'est comme au machine à sou.

Chaque pote,

il y a du sang partout.

Alors, est-ce que c'est le sang

de Jean-Marc Brunel ?

Probable.

Mais prudence,

on va attendre les résultats des analyses.

Et en attendant,

un mandat d'arrêt international est lancé

contre le frais haut.

Et les gendarmes convoquent

tous ceux qui pourraient faire avancer

l'enquête,

à commencer par les parents de Jean-Marc.

Et aussi un jeune garçon

qui travaille en ce moment dans la maison

d'à côté, et qui a peut-être

vu quelque chose.

Le hasard fait que ces trois-là

se retrouvent dans la salle d'attente

de la gendarmerie au même moment.

Pure hasard.

Le gars ne sait pas pourquoi il est là.

Les parents, oui.

Bien sûr.

C'est notre fils.

Il a disparu.

D'accord.

Mais qu'est-ce que je vais avoir moi-là dedans ?

Ben, nous, on ne sait pas trop.

Il s'appelle comment, votre fils ?

Jean-Marc Brunel.

Ah oui, je le connais.

Jean-Marc.

Je fais des travaux chez lui l'autre jour.

Ah bon ?

Et quel genre de travaux ?

Ben, il avait besoin de nos bétonnes

pour consolider un puits.

Comme je l'avais sur le chantier,

à côté, je l'en ai donné.

La mère,

font-on-là.

Elle a compris que c'est son fils dominique

qui a fait faire ses travaux.

On se faisant passer pour son frère, Jean-Marc.

Elle a compris surtout que

le puits, le béton,

enfin, vous voyez quoi,

c'est bouleversant,

je trouve.

Cette femme âgée,

qui vient de réaliser que possiblement

son fils est né dominique

a tué Jean-Marc, son petit frère.

Il faut encaisser ça

quand on est une maman

ou un papa.

Ils sont tous les deux ravagés

par cette hypothèse

qui vient de s'ouvrir.

Et donc on fouille

un tractopèle s'attaque au puits

et soulève délicatement

la dalle de béton qui sert de couverte.

Et là, poing,

une odeur.

Il y a un cadavre

au fond du puits

et on finit par le remonter.

Il est emballé dans une hausse

mortuaire, blanc.

Et dedans,

il y a le corps d'un homme.

Ses poignées sont liées dans le dos

avec du cerflex

et sa tête est dans un sac poubelle.

Voilà.

Là encore, il va falloir attendre

les résultats de l'autopsie,

mais bien zéro doute.

Jean-Marc n'est pas en train

de bâtiffoler en Ukraine.

Jean-Marc a été assassiné

possiblement par son grand frère,

Dominique.

Comment ?

Ben venez assister à l'autopsie.

Vous allez voir, c'est plein

de délicatesse fraternelle.

À l'heure en premier lieu,

la victime a reçu des coups

sur la tête, mais ça n'est pas

cela qui l'a tué.

Et qu'est-ce qu'il a tué alors, docteur ?

Il est mort asphyxié.

Asphyxié par le sac poubelle

qui recouvrait sa tête.

Et les cerflex, sans doute,

c'est pour qu'il ne puisse pas arracher

ce fichu sac qui l'a amené

droit vers la mort.

Et l'hypothèse est que son grand frère

Dominique a fait tout ça

dans l'or.

Bam, bam, puis les cerflex,

puis le sac plastique,

jusqu'à ce que son petit frère

ne puisse plus respirer.

Ça met combien de temps,

un frère, à mourir

avec un sac plastique sur la tête ?

...

L'autopsie révèle aussi

qu'il y a de la melatonine

dans son sang.

Vous savez ce que c'est, je suppose ?

On l'appelle l'hormone du sommeil.

C'est naturel, c'est en ventes

libres, et ça ne vous

casse pas comme un somme d'hyphère.

Sauf que le taux de melatonine dans le sang

de Jean-Marc dépasse

tous les dosages habituels.

On lui a sans doute glissé ça dans le gaugier

à son insu.

Donc il s'endorme

avant les coups et avant le sac poubelle.

...

À part ça, comment on fait

de temps pour obtenir du panama

l'arrestation et l'extradition

d'un petit français

qui a étouffé son frère ?

Comment vous dire ?

C'est pas gagné.

Et ça nous laisse le temps

de nous intéresser au mobile.

Pourquoi Diable Dominique

aurait-il tué son petit frère ?

Quel est le moteur

de cette folie ?

...

Ce sont les parents,

bien sûr, qui ont la clé

du mobile.

On les a

élevés pareilles

Dominique et Jean-Marc, mais bon

il ne ressemblait pas

du tout, du tout.

Vous aviez quel genre de relation

avec Jean-Marc ?

La réponse est fusionnelle.

Il était très lié

à sa mère, notamment.

Il a d'ailleurs joué les tanguiches

et ses parents jusqu'à ses 30 ans.

Et après il venait déjeuner souvent

chez le papa-maman.

Et alors votre fils est né, Dominique.

Ça se passait comment avec lui ?

Depuis l'adolescence

de cette épreuve

lématique.

Et ça ne s'est pas arrêté.

Pour vous donner un exemple,

à 15 ans,

Dominique s'est mis à tout casser

dans la maison.

Il a fallu qu'on appelle

les gendarmes.

Et puis il y avait aussi la moto.

Dominique a eu tout un tas

d'accidents avec.

Un jour il a même renversé un piéton

qui traversait dans les clous.

Et il fait quoi, comme était

notre fils ?

Mais d'où est-il ?

Il a fait ses études à l'école

Camondo, à Paris.

C'est une grande école.

Mais le problème,

c'est qu'après,

il est revenu s'installer ici,

il s'est installé à son compte

et ça n'a pas marché,

quoi.

Il s'est planté plusieurs fois.

Il ne savait pas gérer.

Il en était absolument incapable.

...

Les parents

qui ont un joli patrimoine

ont donné de l'argent

à leurs deux fils, à égalité.

Et Dominique a tout cramé.

...

C'est là, il y avait un temps

qu'il est allé s'installer

en Amérique centrale

d'abord au Venezuela

et depuis 15 ans

au Panama.

Au passage, il a perdu sa femme

qui n'a pas supporté

cette vie.

Il a aussi perdu ses enfants

parce que c'est elle qui a obtenu la garde

et elle est rentrée en France

avec nos petits enfants.

Il vit de quoi, là-bas, au Panama,

vous le savez ?

C'est un architecte, mais

au Panama ou ailleurs,

c'est pareil.

Il ne s'est pas géré.

Alors il nous appelait

pour nous demander 1 000 euros par si

de 1 000 euros par là

et nous, on lui a donné

à chaque fois.

Parce que c'était notre fils.

Malgré tout.

Évidemment, quand le père a pris sa retraite

et qu'il s'est agi de passer la main

dans son entreprise,

j'en bats.

Et pas Dominique.

Normal.

Et l'autre a continué

à leur demander de l'argent, de l'argent,

de l'argent.

Un jour, le père lui a envoyé

un mail pour lui dire

Stop !

Un mail assez raide

dans lequel il vous voyait son fils.

Bizarre.

Je vous en lis un extrait.

À force de tirer sur la corde,

elle se casse.

Bravo !

Vous avez été incapable

de travailler pour gagner votre vie.

Vous avez truandé vos parents.

Par contre, vous êtes brillants

pour dilapider votre fortune.

Vous avez signé l'arrêt

de toute relation avec vos parents.

Il y a des limites

à ne pas franchir.

Alors,

à Dieu.

Et depuis,

on avait plus

trop de rapports.

Alors quand on a appris

qui débarquait chez Jean-Marc,

il y a quelques semaines,

on a dit à Jean-Marc,

mais fit toi quand même.

Mais fit toi de lui.

Mais bon,

Dominique lui avait dit qu'il avait

des problèmes de santé, que c'est pour ça

qu'il rentrait en France.

Il a eu pitié de son grand-frère.

Et voilà.

Maintenant, il est mort.

Si seulement

il nous avait écouté.

Et si vous aviez encore

des doutes

sur la responsabilité de Dominique

dans la mort de son frère,

sachez que deux mois plus tôt au Panama,

il a acheté

trois housses mortuaires

et de la melatonin.

Ce qui veut dire au passage

que c'est un assassinat.

Il est venu en France,

chez son frère,

dans l'idée de le tuer.

Je vous ai dit que ça serait long

avec le Panama.

Pour l'instant,

il refuse d'arrêter Dominique

et de l'extrader vers la France.

Alors, un an après la mort

de Jean-Marc,

les parents décident de donner

une conférence de presse

à Avignon.

Nous demandons

à notre fils Dominique

de se rendre aux autorités du Panama

et de demander lui-même

son extradition vers la France

afin d'y être jugé

pour ce qu'il a commis.

Mais finalement,

fin octobre 2016,

un peu plus d'un an après la mort,

le Panama accepte d'exécuter

le mandat d'arrêt international.

Dominique Brunel est arrêté chez lui

et il est un carcéré.

Et 15 jours plus tard,

il est extradé vers la France

et le voilà en garde à vue.

Le soir du 13 octobre,

je voulais m'expliquer

avec mon frère.

Ça faisait plusieurs jours

que j'étais chez lui.

J'avais envie d'aller voir mes enfants, c'est normal.

Lui, il a pas voulu me prêter sa bagnole.

On est là quoi ?

C'est pas bien.

Je vis très loin de mes enfants.

C'est quand même normal que je vais y aller voir.

Et lui, non, débrouille-toi.

Je te prête pas ma voiture.

Et là, il m'a dit, si t'es pas content,

bah, tu sortes chez moi.

Et on a commencé à se bagarrer.

Puis avant d'en donner,

j'ai attrapé une barre de fer qui était là,

dans le canapé.

Je l'ai frappé et puis j'ai pris son poux.

J'ai vu qu'il était mort,

je roule pas le tuer.

C'est une bagarre, elle a mal tourné, c'est tout.

Sauf que ça ne tient pas debout, tout ça.

Tu es venu du Panama

avec des ours mortuaires.

T'en connais beaucoup, Dominique,

des gens qui voyagent avec des ours mortuaires.

Et ton mobile,

c'est l'argent.

Son argent.

Car c'est toi qui as siphonné

les comptes en banque de ton petit frère.

La décision de fermer le PEL

et l'assurance-vie.

C'est toi. C'est toi aussi qui as souscrit

un crédit de 9000 euros

en te faisant passer pour Jean-Marx

auprès de son banquier.

Et c'est toi encore qui as vendu sa moto

11000 euros

sur le bon coin.

Et à la fin, c'est toi, Dominique,

qui as viré sur ton compte

la totalité de l'argent de ton frère.

Tu l'as tué pour son poignon.

Dans un décor de rivalité

et de jalousie

qui existe depuis l'enfance.

Et donc Dominique Brunel est mis en examen

pour assassiner,

direction la prison,

peine encourue,

la réclusion criminelle a perpétuité.

Dans la perspective du procès qui s'annonce,

elle est pas facile,

c'est la transition des parents.

Leurs enfants

a tué leurs autres enfants.

Dans quel camp vont-ils se ranger ?

Vont-ils essayer de sauver un peu

de ce qu'il reste de leur relation

avec Dominique ?

C'est le seul fils qui leur reste.

Pour nous,

c'est extrêmement dur.

Mais nous considérons que Dominique

doit être condamné très sévèrement.

Même à perpétuité.

C'est le faux.

Nous ne pourrons jamais lui pardonner.

Jamais.

Le procès de Dominique Brunel

s'ouvre en mai 2019

devant la cour d'assises d'Avignon.

Les parents,

qui ont tous les deux plus de 90 ans,

sont là, sur le banc

des parties civiles,

droits, rêves, dignes.

Dominique lui maintient son scénario,

celui de la bagarre

qui a mal tourné.

Des lores, M. Brunel,

pourquoi avez-vous placé

son cadavre dans le puits

et coulé dessus ce couvercle de béton ?

Vous savez,

moi, je suis adepte de la religion japonaises

chantoïste.

Je savais que

son âme avait quitté son corps

et donc le corps ne représentait plus rien.

Et puis, les parents

viennent à la barre.

La mère, notamment.

J'ai élevé deux garçons.

Sur les deux,

il ne reste plus

personne.

Sur mes deux fils,

j'avais un ange

et j'avais un démon.

Un démon

qui n'avait

jamais assez d'argent.

Et le vernis tourne.

Dominique Brunel est condamné

à 30 années de réclusion criminelle.

C'est moins que la peine maximale

encore eue.

Et pourtant, il fait appel.

Il semble avoir lâché

le chantoïsme japonais.

Pour quelle raison avoir placé

le cadavre de votre frère

au fond d'un appui

que vous avez refermé au moyen d'une dalle de béton ?

M. Brunel.

Je suis chrétien.

Je voulais offrir

une sépulture descente

à mon frère.

Je trouve que l'argument

du chantoïsme fonctionnait mieux.

Vous ne trouvez pas ?

A part ça, il est eu bien tort de faire appel.

Parce que ce coup-là,

il prend perpète.

Et il est privé de ses droits civiques,

civils et familiaux

pendant dix ans.

Autrement dit, il est privé de ses enfants.

Et pour votre histoire,

Christophe Ondelat

vous propose de la débriefer

avec un invité dans un podcast

d'ores et déjà disponibles

sans votre application.

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

En octobre 2015, à Châteauneuf-du-Pape dans le Vaucluse, Jean Marc Brunel est retrouvé mort au fond du puit de son jardin. Il a été étouffé avec un sac poubelle. Les gendarmes soupçonnent son propre frère.