Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Francis Heaulme, le tueur sans mobile - Le récit

Europe 1 Europe 1 3/11/23 - 29m - PDF Transcript

Eh mais pousse-toi un peu!

Mais je peux pas, regarde!

Euh, là, t'es sur ma cuisse quand même.

C'est bon, les loulous, là. Vous êtes tous installés?

Je peux démarrer?

Non, non, attends, maman.

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Il fallait bien qu'un jour, je vous parle de Francis Holm.

L'un des plus grands tueurs des années 90.

11 meurtres, sans aucun immobile.

Aucune explication, commis avec une grande sauvagerie.

Holm a tué des hommes, des femmes, des vieux, des jeunes et 3 enfants.

Il ne sait pas pourquoi et vous ne le saurez pas non plus.

Il est un mystère criminel.

J'ai écrit cette histoire avec Thomas Audoir,

réalisation Céline Le Bras.

Le dimanche 14 mai 1989, en milieu d'après-midi,

la section de recherche de l'agendarmerie de Hren

reçoit un appel.

Le cadavre d'une femme, oui.

Une grosse quarantaine d'années.

On l'a retrouvé sur la plage.

Tu es un coup de couteau, oui, je pense.

Le cadavre a été retrouvé sur la plage

de Rélet-Kéron, près de Brest.

Le gendarme de permanence qui s'appelle Jean-François Abgral,

je vous donne son nom parce que c'est l'un des héros de cette histoire.

Fonce sur place.

Et là, sur la plage.

Il découvre le corps de cette femme en maillot de bain,

criblée de coups de couteau.

Aline Pérez, 49 ans, aide-soignante, mère de famille.

D'après un témoin, à 17h, elle était encore vivante.

Bah ouais, prenez le soleil.

On a discuté un peu.

Cinq minutes plus tard, des promeneurs l'ont retrouvée mortes,

mais personne n'a vu le tueur passer à l'acte.

L'autopsie révèle qu'elle a reçu des coups de couteau très ciblés

et très violents.

Bon, alors, on a des coups de couteau ici, là.

Vous voyez, au niveau du coeur.

Et puis, d'autre là, au niveau du rein.

Et puis, enfin, des coups portés ici au niveau de la gorge.

Lequel de ces coups est le coup mortel, docteur?

À mon sens, tous.

Je dirais que chacun de ces coups a pu être mortel.

Et l'arme, docteur?

Un petit couteau.

Genre, au pinel, vous voyez.

Ça ressemble à un crime de rodeur.

Et justement, il y a des bouteilles et des calais de vide,

un peu partout sur le bord de la plage.

En avis, il y a pas mal de SDF qui traînent par ici, hein.

Et voilà qu'un témoin dit qu'il a vu deux hommes mal habillés

aux abords de la plage au moment du meurtre.

Il paraît qu'il y a un centre Emmaus qui accueille des SDF pas loin d'ici.

On devrait aller y faire un tour, non?

Le centre est tout près de la plage.

Bonjour.

Jean-Darmerie.

Dites-moi, on voudrait voir la liste des pensionnaires que vous avez hébergés ces dernières heures.

Oui, bien sûr.

Je vais vous trouver ça alors.

Enfin, la plupart sont partis, hein.

Quand ils ont vu arriver les gendarmes dans le coin,

je peux vous dire qu'ils se sont envolés comme des moineaux.

Enfin voilà la liste.

Cette liste est diffusée dans toute la France.

Un mois et demi plus tard,

une gendarmerie de la Manche appelle.

Dites, on vient d'arrêter un SDF d'une trentaine d'années,

qui voyageait sans billet et on s'aperçoit que son nom figure sur votre liste.

Il s'appelle comment, votre gars?

Holm.

H-E-A-U-L-M-E.

Francis, trente ans.

Ok, on va venir l'interroger, hein.

Et c'est encore le gendarme Abgral qui s'y colle.

Et il tombe sur un homme,

eh ben, un homme qui a une tête de coupable,

stressé, pas très clair dans ses explications

et qui spontanément dit des choses très étranges.

Ah ben, quand je fais mon service,

j'ai appris une méthode qui permet d'immobiliser une sentinelle.

Ouais, ouais, ouais.

Il suffit de trois coups bien placés, hein.

Au coeur, pam, pam.

Pour un, pam.

Et à la gorge.

Ça marche à tous les coups, hein.

À l'intuition,

le gendarme Abgral se dit,

c'est lui.

C'est lui!

Sauf qu'il a un alibi.

Oh ben, sur l'âge,

je pouvais bon être arrêté à Caron,

j'étais à l'hôpital à Camper.

Je vais même faire un malaise cardioque.

On vérifie?

C'est vrai.

Il y a, dans son dossier médical,

un relevé de température à 17h,

c'est-à-dire l'heure du crime.

Et donc, après sa garde à vue,

au revoir, monsieur.

Pardon de vous avoir dérangé.

Mais à l'intuition,

au pif, au terrain,

Abgral se dit,

je suis en train de libérer

un assassin.

Le lendemain,

Abgral va à l'hôpital de Camper.

Dites-moi, je me demandais,

comment est-ce que vous faites

pour relever les températures de vos patients?

Oh ben, ils le font eux-mêmes en général, hein.

Nous, on n'a pas le temps.

Il laisse le thermomètre sur la table de nuit,

on passe plus tard quand on a le temps pour le relever, quoi.

Ça change tout,

d'autant que la femme de ménage

qui a nettoyé la chambre de Holme

raconte qu'elle a trouvé du sable

sous son lit.

Sauf qu'entre temps, il a disparu.

Les gendarmes diffusent à nouveau son signalement.

Et trois mois plus tard,

des gendarmes demeurent et Moselle appelle.

On a votre gars, là?

Ouais.

Moi, il s'est présenté chez nous,

avec des papiers.

Le gendarme à Graal traverse la France

et il se retrouve à nouveau face à Holme.

L'entretien qu'il a avec lui ce jour-là

est sans grand intérêt.

Il n'y est pour rien, il n'était pas sur place.

Sauf qu'à la fin, Holme se lève.

Il regarde à Graal.

Il lui dit

Toi,

je sais que tu sais.

Ça ne fait que renforcer son intuition.

Mais une fois de plus, il doit le relâcher.

Deux ans plus tard,

en décembre 1991,

un SDF surnommé Le Gaulois

est arrêté.

Lui aussi était pensionnaire

au Centre Emmaus de Rêlègue-Caron

le jour du meurtre d'Aline Perez.

Jusque-là, il n'avait rien dit.

Parce qu'il avait peur.

J'étais sur la plage le jour qu'elle morte.

Moi, j'y suis pour rien.

Mais je sais qu'il a tué.

Je l'ai vu faire.

Ah bon, et qui est-ce?

C'est Holme.

C'est Francis Holme.

Le gendarme à Graal

localise Holme à Pilsvilleur

en Alsace.

Il l'interroge à nouveau.

Et dans l'espoir de déclencher quelque chose,

il pose sur la table un album photo

dans lequel il y a, entre autres,

une photo du Gaulois.

Il fait immédiat.

Ah, tu l'as trouvé celui-là?

Oui, Francis.

Et qu'est-ce qu'il t'a dit?

Il m'a dit que c'était toi, Francis.

Il a stupéfiant.

Il déroule.

Il fait un dessin de la plage.

Elle, la femme,

elle te l'a, tu vois.

Puis moi, j'étais là.

Puis le Gaulois, il était là.

Je parles.

Quels sortes de couteaux as-tu été allé.

Un pinot lointain

et le mobile, alors?

D'accord, il n'en a pas.

Il l'a tué, c'est tout.

Jean-François Ablegral a une nouvelle intuition.

Une intuition qu'on n'a pas,

premier crime. Et si ça n'est pas son premier crime? Alors il faut tracer la carte des

endroits par lesquels il est passé ces dernières années. Ce Francissol met en route, il bouge

beaucoup, tout le temps. Et pour se déplacer, il utilise le train. Et on s'aperçoit qu'il ne

paye jamais son billet, il a pris beaucoup de PV ces dernières années. Et ça donne déjà

une idée de son parcours à travers tout le pays. Et puis la gendarmerie elle-même l'a verbalisé

plusieurs fois. Pour Vagabondage, Bagarre, Rix, Yvresse manifeste sur la voie publique. Et ça

aussi, ça complète la carte de ses déplacements. En général, il dort dans des centres Emmaus. Et

eux aussi, on gardait la trace de son passage. Tout comme les mairies, où il est allé retirer des

colliers alimentaires, où les hôpitaux, où il est allé se faire soigner, où les services de

psychiatrie, où il a été interné pour ses délires, où pour tenter de sauver son alcoholisme. Bref,

au bout d'eux, ce travail de fourmis, les gendarmes savent que Francis Holm est passé par au moins

87 départements. Autant de points sur la carte de France. Et en superposant cette carte, avec

celle des crimes non résolues. Bon, ben bien, ça fait 44, hein, les gars. Potentiellement,

nos trois eaux a pu commettre 44 crimes. On a du boulot, hein.

44 crimes. C'est un coup à se noyer. Alors il faut faire un tri. Et les gendarmes décident

de privilégier les meurtres sauvages, sans mobiles, comme celui d'Aline Pérez. Et la liste se réduit

un peu. Et elle a de quoi laisser perplexe. Des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards.

Si c'est lui qui a tué tous ces gens-là, ces victimes n'ont pas de profil. Il semble tuer au hasard.

Cette enquête titanesque est impossible à raconter dans le détail. Je m'y perdrai et vous avec moi.

À ce jour, Francis Seul m'a été condamné pour 11 meurtres. Son premier meurtre. Il le

commet à l'âge de 25 ans dans sa région, l'Est. Et je vous raconterai tout à l'heure son histoire

personnelle et intime. Ce premier meurtre. Il le commet 3 semaines après la mort de sa maman.

Dans la forêt de Pluvenel, aux environs de Pontamousson, le 6 novembre

1984, un gare de forestier découvre un corps. Une jeune fille dans les 16 17 ans nus,

face contre terre. Elle a été étranglée et porte trois coups de couteau au niveau de la

gorge. Elle s'appelait Lionel Gineste. Elle avait en vérité 17 ans. Et elle était belle comme un coeur.

L'autopsie a lieu le lendemain. Mon première chose, elle a été violée.

Ou alors elle a eu un rapport sexuel juste avant, mais pour moi c'est plus spécialement un violin.

Et puis ça, ça va vous intéresser. Je pense qu'ils étaient deux. Je vous explique. L'un d'entre eux

l'est d'abord étranglé, avec une cordelette en tirant d'une main de chaque côté. Vous voyez

le sillon là et là. Elle a essayé de se sauver en mettant sa main sous la gorge. Vous voyez là,

on voit clairement la trace de sa bague sous son menton. Et là où je dis qu'ils étaient deux,

c'est qu'en parallèle, elle a aussi été égorgée avec un couteau. Or celui qu'il

étranglait avait les deux mains prises. Donc ils étaient forcément deux. Cette enquête va durer

dix ans, sans la moindre piste, jusqu'en 1994. Cette année-là, un aspecteur de la police judiciaire

de Nancy découvrant, lisant le journal, l'existence de ce Francis Holm, qui vient d'être jugé à

Brest pour le meurtre d'Aline Pérez. Et il s'aperçoit que le gars est du coin. Holm est de messes.

Alors il appelle le gendarme abgrâle en Bretagne. Dites-moi, je me demande s'il n'est pas appliqué

dans une affaire que j'ai sur les bras d'à depuis dix ans. Une affaire de novembre 84. Vous savez

s'il était dans la région à l'époque? Attendez, décembre 84 vous dites? Bah oui, ouais, ouais.

A l'époque, Francis Holm travaillait dans une entreprise de travaux publics à Pantamouson.

L'inspecteur le fait extraire de sa prison. Il le place en garde à vue. Et là, il découvre le bonhomme

avec son menton en galoche, son drôle de visage immobile. Il n'y a que la bouche qui bouge. Et

ses yeux, ses yeux capables de vous fixer, sans jamais s'iller, jamais. Monsieur Holm, dites-moi,

est-ce que vous connaissez la forêt de Pluvenel à Montauvine? Vous connaissez? Si je connais?

Oh! Bah oui, je connais. Bien sûr, j'ai fait du vélo là-bas. Il vient de faire un premier pas.

À la deuxième audition, Holm en fait tant de plus. Bon, cette fille-là, on l'a pris en stop.

Mais on l'a déposé chez elle en preuve. Et c'est à la troisième audition qu'il dit tout.

Bah, elle a monté dans notre voiture. Et puis quand le conducteur a tourné à gauche,

bah, elle a crié, c'est pas là. Moi, je l'ai maintenu pour qu'elle ne sort pas, quoi.

Puis on a roulé dans la forêt. C'est pour moi qu'il est tué, c'est l'autre.

Moi, je suis resté dans la voiture. J'écoutais la radio jusqu'à ce qu'il revienne. Au bout d'un

quart d'heure, je l'ai entendu. Il a crié, « casse-toi, salope! » Puis on l'a reporté.

Il donne le nom de son complice au juge d'instruction. Il l'a connu sur un chantier.

Il s'appelle Joseph Molins. Ce Molins est arrêté. Il reconnaît les faits.

Mais pas du tout le scénario. « Mais moi, j'ai fait que la violée.

Bah, c'est lui qui l'a tué. » C'est son premier meurtre. Il ne pourra jamais plus s'arrêter de tuer.

Son deuxième meurtre chronologiquement. Vous le connaissez plus que les autres.

C'est le double meurtre de Montigny-Némès, toujours dans l'Est. Le meurtre pour lequel

Patrick Dills a passé 15 ans en prison pour rien. Le 28 septembre 1986, vers 17h,

deux petits garçons de 8 ans, Cyril Benning et Alexandre Bécriche, vont jouer sur un talu qui

borde une voie de la SNCF, près de chez eux. On les retrouve un peu après 19h,

le crâne fracassé à coups de pierre. On a cru que c'était Dills, c'était Francis Holm.

Holm commet son troisième crime sept mois plus tard, en avril 1987, près de Messe, à Augie.

Il est avec deux compères qu'il a rencontrés dans un centre de désintoxication. Il est

4h45 du matin, ils sont bourrés comme des coins. Et là, il croise la roue d'Anique Maurice qui

travaille au supermarché de Wapi et qui va embaucher. Holm et les deux autres l'attendent à la

sortie d'un petit tunnel. Et on retrouve le cadavre d'Anique, six mois plus tard,

au bord de la National 3. Il l'a frappé à la tête et finalement étranglé.

Holm récidive 14 mois plus tard, à Charleville-Mézière. Il poignarde Guylaine Ponsard,

61 ans, et Georgette Manes, 86 ans, qui le surprennent en train de cambrioler leurs maisons.

10 mois plus tard, en avril 1989, Holm est à Port-Crimaud, sur la côte d'Azur,

en hôpital psychiatrique. Devant un camping, il est avec un complice, on n'a jamais su qui.

Il croise un petit belge de 10 ans, Maurice Vivine. Et dis-moi gamin, quelle heure qu'il est là?

Mais le gamin est belge, il est flamant, il ne comprend pas la question. Holm l'emmène,

il l'étrangle et il le frappe 83 fois, à coup de tournevis. Trois semaines plus tard,

il tue Aline Pérez sur la plage près de Brest. Et encore deux mois plus tard,

Sylvia aussi, près de Rince, à coup de pied et de poing.

Deux ans plus tard, en mai 1991, le routard est rentré chez lui près de Messe.

Il croise la route d'une gamine de 14 ans, Laurence Guillaume, qui rentre chez elle à

la scooter. Holm est avec le cousin de cette gamine, c'est le cousin qui la viole, et c'est Holm qui la tue.

Son dernier meurtre, Holm le commet 7 mois plus tard, à Boulogne-sur-Mer.

Jean Rémi, 65 ans, il le poignarde et il le pousse du haut d'une falaisse.

Pardon, pour cet uns, insupportable litanie de meurtre.

Mais qui est ce routard qui tue avec une sauvagerie sans limite?

Des hommes, des femmes, des vieux, des jeunes, sans mobile, jamais,

sans les violer lui-même. Qu'est-ce qui se passe dans sa tête?

A la recherche du pourquoi, on commence par solliciter des psychiatres.

Et à côté de ça, on mène une enquête approfondie dite de personnalité.

Comment s'est fabriqué cet homme qui n'est pas fou?

En face à ce que disent les psy. Mais qui tue comment respire?

Commençons par ses parents. Les parents façonnent leur enfant.

Francis Holm, né en 1959, est le fils aîné de Nicole et Marcel Holm.

Elle est femme de ménage, il est électricien et alcoolique, et violent.

Il est très dur avec Francis et avec Christine, qui n'est tracé tant plus tard.

Ils n'ont pas le droit d'avoir des amis, par exemple.

En revanche, Holm dit que sa maman est une sainte.

Ce qu'elle n'est pas, elle l'aime. Mais elle n'est pas une bonne mère.

D'abord, elle picole, elle aussi. Et surtout, elle le néglige.

Et elle est absente, il est livré à lui-même tout le temps.

Il y a une scène terrible dans le rapport de l'enquêteur de personnalité.

Quand il a faim, le petit Francis va chez l'épicier.

Et vous savez ce qu'il achète avec ses petites pièces jaunes volées de ci de là?

Du rond rond, de la pâtée pour chat.

Du coup, tout le monde l'appelle Félix, le chat, ou Félix tout court.

Et ce surnom Félix, il l'a adopté et même revendiqué.

Et d'ailleurs, quand on l'arrête, beaucoup de gens ne savent pas qu'il se prénomme Francis.

Pour eux, c'est Félix.

À côté de ça, assez petit, on détecte chez lui un retard intellectuel.

Et une tendance à s'isoler à l'école, dans la cour.

Il est toujours tout seul.

Il passe ses récrets à appuyer contre un mur.

Il ne parle pas aux autres.

Sa grande passion, ce sont les maquettes.

Un truc qu'on fait tout seul dans sa chambre.

Et puis régulièrement, il fait des crises de nerfs.

Comme ça qu'on appelle ça à l'époque.

Et il s'automutile.

Il se tailla de l'ajout.

Ou il se scisaille le bras avec un couteau.

Et puis, il se met à boire de la bière, des litres de bière.

Ce qui va l'amener plusieurs fois à l'hôpital psychiatrique.

À part ça, il est miro.

Il voit mal.

Mais enfant chez lui, personne ne s'en est aperçu.

C'est l'un de ses employés, un jour, qui lui a conseillé d'aller voir un off-talmo.

Et là, il a chaussé des lunettes pour la première fois.

Et il a découvert que le monde était plus net qu'il ne l'imaginait.

Francis Sol m'a 25 ans, quand sa maman meurt dans le cancer, à l'âge de 44 ans.

C'est sa sœur qui le lui annonce.

On sait, sa maman est morte.

Et là, il s'empare d'une soupière.

Il la brise.

Sa sate mère est morte.

Son monde s'effondre.

Et quand au funérarium, on veut fermer le cercueil.

Il ne veut pas.

Et quand au cimetière, on descend le cercueil dans le cavo.

Il veut se jeter dedans.

Il faut le retenir.

Et dans la foulée, il fait deux tentatives de suicide.

Il faut l'interner à l'hôpital psychiatrique.

Et trois semaines après la mort de sa maman,

il commet son premier meurtre.

Donc, entre un père violent et sa mère qui l'aimait mais ne savait pas faire,

il avait un sac à dos, comme on dit.

Une histoire difficile à porter.

Mais est-ce qu'il a par ailleurs un handicap psychiatrique?

Le psychiatre expert qui l'examine, le docteur Jean-Michel Masson,

l'un des meilleurs de l'époque,

va trouver quelque chose d'inattendu.

Quand il le voit arriver, en prison,

il est très surpris par sa morphologie.

Son corps d'adolescent, son torse très plat,

ses anges très larges.

Alors il prend une initiative qui est assez rare chez un psychiatre.

Venez là, monsieur Holm, venez.

Je vais vous examiner.

Vous pouvez enlever votre pantalon?

Ne vous inquiétez pas, je vais juste baisser votre slip.

Voilà.

Et là, le docteur Masson constate qu'il a de tout petits testicules,

des testicules atrophiés.

Et ça, plus le corps d'adolescent,

c'est le signe d'une maladie génétique

qui s'appelle la maladie de Kleinfelter

et qui se traduit par un excès de féminité.

Sur le plan génétique, Holm n'est pas totalement un homme.

Il a deux chromosomes X pour un chromosome Y.

Il est intersexe et probablement par ailleurs homosexuel refoulé.

La maladie de Kleinfelter dont il souffre

explique son drôle de physique,

son retard intellectuel dans l'enfance,

ses problèmes de vue aussi,

son manque de maturité

et son impulsivité, ses fameuses crises de nerfs.

Il a fait le tour des hôpitaux psychiatriques

pour leur toute sa vie.

Personne n'a jamais détecté sa maladie.

Mais attention, ça ne fait pas de lui un irresponsable pénal.

Ça ne va pas empêcher de le juger pour si on se meurt.

Ça n'entre pas dans la catégorie des maladies

qui dispensent de la cour d'assise.

Maintenant qu'on sait qui il est et ce qu'il a fait,

un tour de France commence, un autre tour de France.

Le tour de France des tribunaux.

Il va falloir près de 23 années

pour juger Holm complètement.

Premier procès en 1994 à Quimper.

L'affaire par laquelle tout a commencé.

Le meurtre d'Aline Perez sur cette plage près de Brest.

C'est la première fois que le public

pour qui il est devenu le tueur en série français

peut le voir de ses yeux.

Quand il entre dans le box désaccusé,

la salle qui est pleine à craquer

se fiche comme fasciné.

Quel étrange bonhomme,

ce grand corps d'y forme, maigre,

et puis ce tic qui lui déforme la bouche,

on ne voit pas ses lèvres, on dirait qu'il les aspire.

Et puis ce menton en galoche-là,

quel humain physiquement étonnant.

À la fin,

l'avocat général requiert 20 années de réclusion criminelle.

Et c'est à ça qu'il est condamné,

20 ans, pour le meurtre d'Aline Perez.

L'année suivante,

le marathon judiciaire se poursuit

devant la cour d'assises de Messe

pour le meurtre de Laurence Guillaume.

Un procès marqué par un « nétonnant réquisitoire ».

L'avocat général

s'adresse directement à Holm.

Je vais demander pour vous, M. Holm,

l'enfermement à vie.

Il n'y a pas d'autre solution.

Votre place est peut-être en psychiatrie,

mais on n'a pas la méthode pour l'instant.

Alors faute de pouvoir vous soigner,

ce sera un l'enfermement.

Holm prend sa première condamnation à perpétuité.

En 1997,

il est jugé à Périgueux avec son complice ditey et gentime

pour le meurtre de Laurent Bureau.

Ça, je ne vous en ai pas parlé,

parce qu'il est acquitté, faute de preuve.

Et ça fait, je vous le dis, un sacré barouf à l'époque.

Tout le monde aurait bien aimé qu'il soit coupable.

La même année,

il est à nouveau condamné à perpétuité à Draguignan

pour le meurtre du petit juriste vivile.

Il prend ensuite 15 ans pour le meurtre de Jean Rémi,

puis 30 ans en 1999 pour le viol et le meurtre de Lionel Gineste,

puis à nouveau 30 ans en 2001 pour le meurtre d'Anique Maurice,

et encore 30 ans en 2004 pour le meurtre de Sylvire Aussi,

Guylaine Ponsard et Georgette Manet.

À ce moment-là, on pense que c'est fini.

Et puis non, il lui reste l'affaire de Montigny les messes,

les deux petits garçons tués à coups de pierre,

pour laquelle en 2018, après avoir fait appel,

il prend perpétuité.

Ne perdez pas votre temps à faire l'addition

de toutes ces peines de prison en droit français.

Les peines ne s'additionnent pas,

la plus lourde absorbe toutes les autres.

Francis Solm est donc condamné à perpétuité.

Il mourra en prison.

N'ayez pas de doute là-dessus.

Alors, Francis Solm est-il à proprement parlé?

Un tueur en série.

Si on s'en tient en nombre de ses victimes, oui.

Mais ça n'est pas ça un tueur en série.

D'ailleurs, qu'est-ce que c'est?

C'est un concept américain,

un type qui a des petites manies,

qui fait toute une mise en scène, toujours la même.

Un type qui ne tue que des blondes

ou que des femmes qui ressemblent à sa mère.

Il n'y a rien de tout ça chez Francis Solm.

Rien.

C'est un sale type.

Et aussi un peu un pauvre type.

Qui tue?

C'est un tueur fou.

Mais qui n'est pas fou.

Vous avez aimé cette histoire?

Dans le fond de l'âte, vous propose de la débriefer

avec un invité dans un podcast d'ores et déjà disponibles

pour votre application.

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L’un des grands tueurs des années 1990. 11 meurtres commis avec une grande sauvagerie et sans aucune explication. Francis Heaulme a tué des hommes, des femmes, des vieux, des jeunes et 3 enfants mais il est un mystère criminel.