Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Enora Malagré : vivre avec l’endométriose - Le débrief

Europe 1 Europe 1 3/28/23 - 15m - PDF Transcript

L'assassin est-il au-dessus des lois?

Réponse dans le nouveau thriller de John Grisham,

Le droit au pardon.

L'avocat pénaliste Jack Brigham s'est de retour pour défendre un garçon de 16 ans

accusé du meurtre d'un policier dans le Mississippi des années 90.

Mais l'histoire est souvent plus complexe qu'il n'y paraît.

Parviendra-t-il à lui éviter la peine de mort?

Le droit au pardon.

Un drame judiciaire mené tambour battant par John Grisham,

le plus grand auteur de thriller contemporain, aux éditions La Tesse.

Pour commenter son histoire du jour,

Christophe Ondelat reçoit un invité, acteur direct de son récit.

Histoire tirée de votre livre et n'aura mal agré un cri du ventre

que l'on trouve aujourd'hui chez Gélu.

Je suis très, très ému, pardon.

Merci beaucoup, beaucoup, beaucoup.

Est-ce que ça vous a fait du bien de faire ce livre?

Alors oui, ça a été la fin de ma psychanalyse.

Il y a eu une psychanalyse?

Oh, si longue, si longue.

Donc j'ai fait beaucoup d'économies depuis ce livre.

Oui, oui, ça a été salvateur, bien sûr.

Le nom est assez bien trouvé.

Je me félicite, c'est vraiment un cri du ventre.

J'avais besoin de le crier de cette façon,

avec ces mots-là, que vous avez si bien retranscrits.

C'est cru, hein?

C'est très cru, parce que c'est aussi cru que la maladie l'est.

J'avais, moi, pas vraiment lu d'ouvrage sur cette maladie.

En tout cas, pas d'ouvrage que je me sentais concerné.

Je ne me retrouvais pas dans les récits sur cette maladie.

Alors j'ai évidemment décidé de raconter

ce qui était le quotidien véritable de cette maladie.

Alors d'une part pour aider les jeunes filles

ou les femmes à identifier la maladie.

Et d'autre part aussi pour que les gens se rendent compte

que ce n'est pas une simple douleur de règles.

C'est une maladie chronique, invalidante,

qui empêche réellement de vivre comme tout le monde.

Vous avez eu beaucoup de retours de femmes, j'imagine?

Oui, ça a été au-delà de ce que je pouvais penser.

Je suis très très fière.

Je crois avoir aidé certaines.

Et en tout cas, je suis sûr d'avoir libéré

en tout cas la parole sur le quotidien, cette maladie.

Je suis très content d'avoir Facebook, hein, c'est sûr.

Sans entrer dans votre intimité, si ça vous emmerde,

vous pouvez m'envoyer bouler.

Où en êtes-vous de votre projet d'adoption?

Alors, on attend vraiment avec mon compagnon

le dernier moment pour entamer cette aventure,

c'est-à-dire de vraiment avoir tout tenté, je dirais.

Il vous reste un espoir?

Non.

Comme votre mère?

Oui, il me reste un...

Enfin, ma mère, entre guillemets malheureusement,

nourrit cet espoir, en voyant effectivement...

Même aujourd'hui?

Oui, même aujourd'hui.

Et vous, il essaye encore et non moins?

Voilà, donc je vais le faire jusqu'au bout.

Là, maintenant, j'ai 40 ans.

Donc, il y a vraiment un dernier espoir.

Et ce qui est très compliqué quand on part sur l'adoption,

qu'on ne soit une femme endometriosique,

je ne sais pas si on le dit ou pas,

c'est qu'on quitte quand même un chemin de croix compliqué

pour en trouver un autre.

Parce que l'aventure de l'adoption

n'est pas simple non plus.

Mais je pense que c'est plutôt vers ça que je me dirige

et je ne vais pas tarder en tamer les démarches très concrètement.

Dans cette histoire, vous évoquez votre maman

et votre grand-mère qui sont atteintes de la même maladie.

À partir de quel moment est-ce qu'elle pose le mot d'endometriose

sur ce qui leur arrive?

Alors je crois ma grand-mère jamais.

Pour votre grand-mère, c'est quoi alors?

Nous, on l'a su après.

Elle appelle ça comment à l'époque?

Elle pensait que c'était juste des douleurs de règle.

Des règles douloureuses?

Oui, et c'est lorsque sa fille en a été atteinte,

qu'elle a finalement compris ce qu'elle avait eu pendant tant d'années.

Mais elle était déjà ménoposée, donc elle n'avait plus ces douleurs.

A la ménopose?

La ménopose, voilà.

Je ne vous dis pas à quel point j'attends impatientement

cette ménopose contrairement à la seule femme de France

qui attend ce moment comme au pied du sapin.

Donc je pense que pour ma grand-mère du coup,

jamais, et ma mère, grâce à quand même un entourage

déjà un peu plus alerté sur ces questions,

l'a découvert.

Mais pour autant, maman n'en parlait pas.

C'est-à-dire qu'un médecin a posé le mot endométriose

sur la maladie de votre mère?

Oui, mais très...

Vous savez à quelle époque?

Je pense que c'était déjà très tard.

C'était déjà très tard, je crois que ça a été après ma naissance.

Mais jusqu'alors, elle n'avait pas eu de diagnostic.

Et en plus très rapidement, c'est-à-dire après moi,

la maladie était tellement étendue

qu'elle a dû subir une hystérectomie,

c'est-à-dire une ablation de l'utérus.

Qui règle la question?

Qui règle la question.

Sauf que, il faut quand même le dire

pour les femmes qui nous écoutent,

l'hystérectomie n'est pas un remède à l'endométriose.

Mais parfois, effectivement, retirer l'utérus

peut éviter la propagation de l'endométriose.

Mais c'est en aucun cas un remède.

Et c'était une autre époque.

On pensait qu'en retirant l'utérus,

ça soignait l'endométrose.

Vous voyez, c'était un autre temps.

Donc c'est une maladie réditaire?

Alors non.

C'est loisable.

Je vais vous dire, la vérité, Christophe,

on ne sait pas d'où ça vient.

Et surtout, il n'y a toujours pas de traitement.

On ne guérit pas de l'endométriose aujourd'hui en 2021.

C'est pour ça qu'il faut des sous pour la recherche.

Par exemple, il n'y a aucun remède.

On nous accompagne avec cette maladie,

ce qui nous permet de mieux vivre.

Par exemple, la pilule en continue.

Par exemple, certaines interventions chirurgicales.

Mais en aucun cas, on ne guérit aujourd'hui

de cette satanée maladie.

Votre maman vous appelle Enaura

à cause de saint Enaura,

qui a donc été guérit de la stérilité.

Oui, tu parles alors.

C'est faux ce qu'elle vous fait porter

par ce prénom sur les épaules.

C'est ce qu'on se dit maintenant en souriant.

Mais voilà, quel cadeau,

quelle pression pour le merveilleux résultat qu'on connaît.

Donc, on en rit maintenant.

Parce qu'il faut aussi en rire.

Il ne s'agit pas d'être toujours dans la plainte

et être victime, justement.

Ne laissons pas la maladie gagner.

Mais c'est vrai que parfois,

dans les diners familiaux,

c'est une vanne qui revient très souvent.

Ça, c'est sûr.

Mais vraiment, je suppose qu'elle est la première

que vous informez, lorsque à 28 ans,

vous avez votre première crise.

Oui, d'ailleurs, elle m'avait déjà alerté un peu avant,

quand je lui avais déjà fait part

de nouvelles douleurs de règles

que je n'avais pas auparavant

lors de ma puberté ou autre.

Et c'est elle qui m'avait déjà glissé ce mot à l'oreille

que je n'avais évidemment pas

ni écouté ni entendu,

que j'avais vraiment balayé du revers de l'indifférence.

Et puis là, après la deuxième fausse couche,

je l'ai écouté avec un peu plus d'attention.

Entre votre puberté

et ses 28 ans,

à aucun moment, vous n'avez cette hantisme.

Rien. Non, parce que d'une part,

on en parlait quand même que très peu avec ma mère.

Et c'est une maladie qui peut frapper

à tout moment, quand votre fille

aura ses premières règles, ça peut frapper

à ce moment-là. Tout de suite.

Et ça peut frapper à 40 ans.

Ça peut frapper après un premier enfant,

après un deuxième enfant, après un troisième.

C'est ça, le problème avec cette maladie.

Il n'y a pas de règles.

Il y a un parcours de 3 années

chez 5 gynécologues

avant d'avoir le bon diagnostic.

Ça veut dire qu'aujourd'hui,

encore en France,

il y a des gynécologues qui ne savent pas

ce qu'est l'endométriose.

Oui, il y a une vraie hérance à ce niveau-là.

Maintenant, ça va beaucoup mieux,

depuis que, justement, nous faisons

beaucoup de bruit autour de cette maladie,

que des associations se sont constituées.

C'est pas vous qui avez l'air-t-elle les gynécologues, quand même.

J'en ai fait part, j'en ai fait partie.

C'est vrai qu'on les a pas tellement lâchées.

Moi, j'ai assisté, par exemple,

à des cours dans une certaine faculté parisienne

renommée que je ne citerai pas

où le cours d'endométriose n'était pas obligatoire.

Et sur un amphithéate de 250 étudiants,

il n'y en avait que 30 qui assistaient à ce cours.

C'est vous dire l'indifférence

autour de cette matière.

Nous sommes un peu en retard

par rapport à nos collègues allemands,

ou nos collègues israéliens, ou nos collègues américains.

On ne parle pas non plus aussi des médecines un peu parallèles,

qui peuvent aussi aider les femmes

donc c'est vrai qu'aujourd'hui,

ça bouge, ça bouge vite, ça bouge fort,

mais il y a encore du boulot

pour que les médecins puissent être un peu plus

spécialisés dans cette maladie.

Ça veut dire qu'il n'y a pas de consensus scientifique

sur la réalité de cette maladie, ou si?

Non. Il n'y en a pas.

Je ne pense pas. Il y a des gynécologues qui sont contre.

Ils ne sont pas contre. Ils n'y croient pas.

Ou alors quand on arrive,

c'est vrai que la première chose,

quand on arrive chez les gynéco,

quand on dit qu'on a des règles abondantes et douloureuses,

on s'entend répondre,

c'est normal. Les règles, ça fait mal.

Alors les règles, c'est un peu douloureux,

mais pas à ce d'année à ce point, pas à s'évanouir,

pas à vomir, pas à en avoir la diarrhée.

Ça, c'est pas normal.

Je vous avoue que moi,

en tant qu'homme,

j'avais vaguement entendu parler de cette maladie,

d'ailleurs essentiellement au moment de la sortie

de votre livre, mais en vérité,

je n'en savais rien.

C'est le cas, je pense, de la plupart des hommes.

Oui, c'est le cas de la plupart des hommes

et la plupart des femmes, d'ailleurs.

Mais c'est vrai que pour les hommes...

Bon, déjà, les règles, c'est un truc qu'on comprend pas bien.

Déjà, ça vous dépasse un peu.

Mais je vous remercie de parler aussi des hommes,

parce que cette maladie,

quand on est en couple avec un homme, on la vit à 3.

Vous le dites toujours?

Là, vous êtes en couple peut-être depuis un moment.

Mais vos hommes précédents, entre 28 et 28...

Certains sont partis à cause de ça.

Il faut le dire. Certains prennent l'argent

à leurs coûts, parce que parfois aussi,

on a mal pendant les rapports sexuels,

le sang aussi peut couler à tout moment.

Et puis c'est très compliqué de rencontrer quelqu'un

et de assez rapidement

lui offrir cette intimité-là

qui est assez peu ragoutante.

Alors certains, et finalement, prennent leur argent

à leurs coûts. Mais pour rassurer

quand même nos auditeurs, la plupart

restent. Il y a beaucoup d'hommes

merveilleux qui se battent à nos côtés.

Et j'aimerais profiter

pour leur faire un petit coucou amical

et pour les remercier de leur patience.

Parce que cette maladie, elle envahit

le couple. Et elle le fragilise.

Alors pour ceux qui restent, à nos côtés,

je voudrais dire merci.

Finalement, c'est un test intéressant pour savoir

si l'homme vous aime.

Si il reste, si il passe par là avec vous...

C'est que c'est le bon.

Vous racontez que l'alcool

à un moment a été

un refuge? Le Rome, ça, ça m'a...

Oui, alors en bonne Bretonne, on aurait

pu penser... C'est du chouchen.

Mais moi, j'ai su aller plutôt vers le Rome.

Non, non, ça a été terrible.

C'était à la fois, vous le racontez très bien,

pour lutter contre les douleurs,

parce que ça anesthésie, et aussi

comme anxiolytique

face à une forme de dépression.

Oui, complètement. Alors je crois que j'avais probablement

un terrain addictif à la base.

On ne tombe pas dans l'addiction par hasard

et je le dis un peu dans le livre,

et vous l'avez très bien exprimé en le récitant.

Je ne sais pas qui est arrivé

en premier, quoi, vous voyez.

C'était à vous êtes animatrice de télé de radio,

donc normalement, vous picolez un peu.

On est tous pareils, quoi.

Qu'est-ce que j'aime votre mété depuis toujours?

C'est sûr qu'on est assez tenté.

Mais là, alors là, évidemment,

j'avais un peu...

On m'attendu un peu le bâton un peu plus.

Non, mais c'est vrai que ça a été un refuge pendant

trop longtemps, et c'est une spirale,

c'est un tel anesthésiant.

Et puis, en plus, quand j'avais pas vraiment de solution

et que je m'éconnaissais encore ma maladie,

et quand les médicaments ne faisaient plus effet,

vers quoi on se tourne?

Vers l'alcool. Voilà.

Parfois.

Plusieurs fois, bien sûr. Non, non, mais plusieurs fois.

J'aime votre franchise aussi.

Alors, parfois avec délice,

et puis parfois avec honte.

Mais là, malheureusement, je ne peux plus boire, du coup.

J'ai été trop loin.

Les antidouleurs aussi sont addictives,

parce que vous parlez de la lame-aline.

C'est un opioids, la lame-aline.

Il y a de la morphine dans la lame-aline.

Absolument. Alors là, pour le coup,

évidemment, je suis tombé aussi accro à ces saloperies.

Alors là, c'est la médecine,

mais bien sûr, mais le truc,

c'est que ce n'est pas le bon médicament.

C'est-à-dire qu'on nous bourre d'antalgiques.

Enfin, moins maintenant, je sais que les médecins

ont fait des efforts, mais moi, je fais partie de cette génération.

C'était vraiment un cachet et au lit.

Bon, le problème, c'est qu'un cachet, puis deux,

puisqu'on ne s'en fait plus d'effet.

Tant la crise, en plus, grossit avec le temps,

puisque la maladie s'étend.

Elle s'étend.

Alors, pas pour tout le monde, mais moi, en l'occurrence,

je n'en ai pas que dans l'utérus,

j'en ai dans la vessie, dans les jambes.

4 de cette maladie, le dernier stade.

Donc, du coup,

plus elle s'étendait, plus je me prenais de cachet.

Et on arrive à en décrocher facilement?

Non, non, c'est très dur.

Il faut être très solide psychologiquement.

Il faut être accompagné.

Moi, je n'ai pas fait ça toute seule, évidemment.

J'ai été accompagné dans ma vie personnelle

par un entourage bienveillant et un petit ami fabuleux.

Mais évidemment, un psy.

Et j'ai fait ce qu'il fallait faire.

Je me voyais partir, je me voyais vraiment partir

dans ces addictions-là.

Il y a la pression sociale

pour avoir un enfant

qui est une pression que toutes les femmes

ont à peu près connu, toutes celles qui n'ont pas trouvé

un copain à 17 ans et qui n'ont pas épousé à 23.

Elles ont connu ça.

Vous avez coiffé Sainte Catherine à plusieurs reprises,

comme on dit.

Et vous vous répondez, évidemment,

ce n'est pas fait pour moi.

Le problème, c'est que vous avez une envie profonde.

A côté de ça, parce qu'il y a aussi des femmes

qui n'ont pas envie d'avoir d'un enfant.

Mais complètement, et je crois que c'est très important aussi

que notre utérus appartient à tout le monde.

On ne pose jamais la question à un homme.

Nous, qu'on ait envie d'avoir des enfants

ou pas, il y a forcément un moment

où notre utérus fait l'objet d'une discussion.

C'est quand même hallucinant. Pardonnez-moi.

Les testicules des garçons ne font pas l'objet de discussion à table.

Dommage.

Dommage.

Oui, ce serait peut-être un peu réjuissance.

C'est vrai, vous avez raison. Non mais c'est complètement dingue.

Et donc effectivement, moi, par honte et par pudeur,

je préférais dire que je n'en voulais pas.

Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, c'était un peu bizarre.

Mais en tout cas, il se trouve que moi,

personnellement, j'en ai envie.

Mais alors, c'est chevillé au corps

et c'est un drame absolu pour moi.

Il n'y a pas un jour encore, aujourd'hui,

au moment où je vous parle,

où je ne me réveille pas le matin,

en espérant que ça va m'arriver.

C'est le drame de ma vie.

Et vous avez la certitude,

parce que c'est une vraie question, ça qui n'est jamais posé,

qu'un enfant adopté sera votre enfant.

Parce qu'on a le droit de dire non, ça aussi.

Il y a des tas de femmes qui ont adopté

et qui n'ont pas osé reconnaître

que c'était plus difficile.

C'est vrai que c'est un sujet tabou

qui mériterait une longue émission.

Je suis d'accord avec vous.

Ça ne m'étonne pas de vous.

Et bien bravo, parce que c'est un immense tabou pour ma part.

Vous avez cette certitude.

Oh mon Dieu, elle est dans mon ventre,

alors que je ne vais pas le porter.

Je suis très heureux d'avoir porté votre récit

et nous ramalagrer, tirer de ce livre

un cri du ventre

aux éditions gélues désormais.

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Issue d'une lignée de femmes atteintes d'endométriose, Enora est confrontée, chaque mois, à des douleurs insupportables. Alors qu'elle rêve d'un enfant, les fausses couches se multiplient.