Monde Numérique - Actu Technologies: [EDITO] Quand la régulation numérique se retourne contre les utilisateurs

Jérôme Colombain Jérôme Colombain 10/6/23 - 3m - PDF Transcript

Toutes nos tentatives pour nous protéger contre les excès des géants du net ne risquent-elles

pas de se retourner contre nous ?

On va parler de quelque chose qui fâche un peu, c'est cette idée que quand l'Europe

se dresse contre les géants du numérique, et bien en fait c'est un peu nous les utilisateurs

qui finissons par encaisser les coûts.

Prenons par exemple le DSA, ce fameux texte européen qui vient d'entrer en vigueur et

qui est censé nous donner plus de contrôle sur nos données, sur ce que l'on voit ou

que l'on ne voit pas sur nos écrans et tout le tout team.

L'un des objectifs du DSA, c'est de dire non à la pub qui nous traque du petit déjeuner

jusqu'au soir, et surtout à la publicité ciblée, notamment pour les mineurs.

Alors sur le papier bien sûr, c'est un grand oui, on est tous d'accord.

Mais voilà, les plateformes, elles n'ont pas dit leurs derniers mots.

Ainsi, Facebook, Instagram, TikTok, oui, elles vont nous proposer des versions sans pub,

mais il s'agira de version payante.

Et voilà, les réseaux sociaux qui deviennent payants, on parle même de 10 à 13 euros par mois.

Vous imaginez le dilemme, tranquillité ou porte-monnaie, il faudra bientôt choisir.

Dans le même genre, une deuxième bonne intention semblait être en train de nous revenir en

pleine figure.

Ça se passe sur Xlex Twitter.

Elon Musk vient de décider que, désormais, lorsque l'on voudrait partager un article

en collant un lien dans un poste, et bien seul l'image d'illustration de l'article

apparaîtra, il n'y aura plus de titre, juste l'image.

Résultat, des postes qui ne ressemblent plus à rien, et on est obligé d'indiquer soi-même

de quoi ça parle, et avec un effet pervers non écligeable, le risque que certains détournent

ces images au profit de fake news et ce serait la porte ouverte à la désinformation, à

partir même d'articles venant pourtant de médias très sérieux.

Du coup, tout le monde s'indigne depuis quelques jours contre cette nouvelle bizarrerie

du milliardaire américain.

C'est haro sur le masque, comme d'habitude, sauf que cette décision, et bien là encore,

a visiblement une raison économique.

En fait, il s'agirait de la réponse de X à une directive européenne de 2019 sur

les droits d'auteur, une directive qui veut que les plateformes rémunèrent les médias

lorsque des contenus provenant de ces médias sont partagés.

Voilà, c'est un peu le serpent qui se mord la queue.

On essaie de réguler ces plateformes, de poser des limites à ces mastodontes, et au

final, on se retrouve à devoir assumer les conséquences, avec tout un paysage qui

est en train de changer et pas forcément en bien.

On veut protéger nos données, notre vie privée, et on va devoir faire des choix pas évidents.

Ça pose en creux une douloureuse question jusqu'où aller dans cette fameuse régulation.

Comment faire en sorte qu'elle ne se retourne pas contre nous face à des groupes décidément

hyper puissants ? Un véritable casse-tête, et le chemin semble encore long avant que

l'on puisse trouver un équilibre où l'utilisateur ne sera pas le perdant de l'histoire.

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Et si toutes les tentatives pour nous protéger contre les géants du Net risquaient finalement de se retourner contre nous ?   

Deux affaires récentes le prouvent. 

D'abord, le Digital Services Act (DSA) dont une disposition vise à limiter la publicité ciblée. Face à cela, Facebook, Instagram ou TikTok ont trouvé une réponse : proposer des versions payantes. Un vrai petit coup de tonnerre dans le monde des réseaux sociaux. 

Autre exemple, cette directive de 2019 obligeant les plateformes à rémunérer les médias pour le partage de contenus. Là encore, la plateforme X a trouvé une réponse perverse : ne plus afficher que les images des articles, sans les titres, lors des partages de liens. 

Deux exemples qui illustrent le dilemme auquel sont confrontées les régulations : dans tous les cas, c'est l'utilisateur final qui risque d'en faire les frais.