La source: Doc et Difool
Radio France 8/31/23 - Episode Page - 49m - PDF Transcript
France Inter.
Aujourd'hui, dans Un Faire Sensible, le phénomène diffoule.
Et au-delà, la déferlante des radios dites libres sur les ondes françaises.
Au début des années 90,
l'essor de ces radios débouche sur une véritable guerre commerciale.
Dans l'espace sans foi ni loi de la bande FM,
Funradio dégaine une émission d'un genre nouveau.
Love & Fun.
Une libre enthème
où les jeunes auditeurs s'épanchent sur le problème auprès du doc,
un vrai pédiatre et du jeune écoule diffoule,
au bon mot parfois limite, toujours salace.
Pen d'un cœur, poils et boutons en tout genre,
mais surtout félation, c'est toute une génération.
Celle des millenials qui s'éveillent en direct,
tous les soirs sur Funradio.
Le succès est immense et bientôt tout le monde s'y met.
Sous les UF, arrêt de pouvoir et des parents,
un vent de liberté vient peu à peu enfier vrai la chambre des ados du pays.
Mais comment faire la part des choses ?
Entre l'argument hautement toxique,
selon lequel certaines libertés seraient dangereuses,
et les débordements machistes,
ou de mauvais goûts qu'on entend sur le genre mentaine.
Notre habitat aujourd'hui débourrague,
maîtresse de conférences en sciences de l'information
et de la communication à l'université de Toulouse Jean Jaurès,
chercheuse en études genre
et autrice d'une récente étude universitaire
sur l'émission de Diffoul Radio-Livre paru cette année dans la revue Réseau.
Affaire sensible,
une émission de France Inter diffusée en direct,
récit documentaire Bastien Janss,
rédaction chez Franconnière,
chargé de programme Rebecca Donante,
réalisation Stéphane Combe.
Fabrice Drouëlle,
affaire sensible,
sur France Inter.
Jouin 1996.
Pour Loïc Hamassi, Tom Hautein ou Julien Créteille,
les soirées se ressemblent.
Comme chaque soir de la semaine,
ils s'empressent de dîner avec leurs parents,
détournent le regard en entendant les mots
crise, chômage, divorce ou sida
et quittent bien vite le salon familial,
les soirées télés, très peu pour eux.
Ils ne vont pas non plus retrouver les copains
et les copains de l'université,
ils ne vont pas non plus retrouver les copains
dans la rue, non.
C'est bien dans leur chambre que ces gosses
de banlieues pavionnaires et villages
désertés aux autres centres urbains
pour périser ce précipit.
Né dans les années 80,
ils sont de la génération qui a façonné
ce que le sociologue Hervé Gleva récapèle,
la culture de la chambre.
Non sans une certaine crainte
d'un monde extérieur devenu hostile,
ils ont érigé entre leurs quatre murs
bardés de posters de Nirvana,
des contrôles de leur sociabilité,
comme un confinement dans leur volontaire celui-là.
Et dans le secret de leur refuge,
le rituel est le même pour tous.
Ils n'ont pas encore des smartphones,
dit le laptop, non,
c'est sur leur poste radio qu'ils se connectent au monde,
et les gestes sont précis.
On ajuste l'antenne
et on module la fréquence
pour joindre le bon signal 101.9 à Paris,
la fréquence de fun radio.
Le jingle, tant attendu,
annonce alors des voix familières
et des conversations tout en finesse.
Sex, capote, les rock'n'roll.
Courant.
C'est love in fun.
Eh bon, merci d'être là, c'est tous les soirs
par un certain 18h45 sur fun radio
avec le retour de Philippe, 26 ans, à Moulin.
Oui, salut.
Dans l'allié.
Bien étalé ma culture, parfois.
On dit que c'est ce qui est dans le mois
qu'il étale le plus, je sais pas.
Alors, Philippe.
Voilà, mon copain vu plus de moi,
je suis homosexuel et il veut plus de moi.
Sex, capote, les rock'n'roll.
Courant.
Alors, t'es à Paris, t'as été transfusée
il y a quatre ans, c'est ça ?
Oui.
Et t'es devenu si repositive.
Voilà.
Une dernière chose que j'arriverai à faire,
c'est passer un coup de gueule à la radio
et j'espère que les siens en positif
se battront encore longtemps
pour faire mettre en prison
tous les salauds qu'ils ont encore gagnés.
Sex, capote, les rock'n'roll.
Courant.
Alors, t'es quoi, la technique de branlette
de ton copain, toi ?
Eh ben, il s'écure des nouilles.
Oui.
Il les laisse refroidir.
Oui.
Il les met dans un grand de toilette
et il se fourre le business à l'intérieur, quoi.
Voilà l'objet de crime.
Loving Fun sur Fun Radio.
Sexualité, drogue, sida.
On passe de l'éclate au drame.
Comme depuis quatre ans,
la voix de l'iffoul et du doc
résonnent dans la chambre d'automne,
Julien Hooloïc
et des millions de jeunes auditeurs
à travers la France.
Au duo de Fun Radio,
les ados confient leur plus intime secret
pour se poser les questions les plus tabous
de celles qu'on ne pose pas aux parents,
surtout pas.
Alors, doc et des foules,
c'est comme deuxième famille.
Le doc, c'est Christian Spitz
de son vrai nom.
Il joue au papa de substitution
prodigant des bons conseils,
des foules, lui,
David Massar à la ville
et le grand frère Goyeur,
fait art et un bras macho
qui met à l'aise
tout en ne lésinant pas
sur les vacheries plus grosses que lui.
Dans un article de télérama
datant 1996,
on décrypte le talent d'animateur.
Il respire radio,
mange radio,
dort radio.
A pour unique maîtresse,
la radio.
Au micro,
son bonheur jaillit des mots.
Un plaisir immatériel,
sans passage à l'acte.
Les gamins comprennent la valeur
de son engagement.
Ils l'aiment tout simplement,
surtout les garçons.
Mais en ce début de l'été 96,
ces gamins qui n'ont d'or et que pour Diffoul
n'ont plus que leurs yeux pour pleurer.
Car il n'y a pas que le bonheur
qui a jaillit du parler cru
ou plutôt cul de l'animateur.
C'est des rapages nombreux
l'ombis dans le du cyclone.
Et ce soir de juin,
le couper est tombé.
Diffoul,
arrête Love & Fun.
C'est la Terre des Dères.
C'est Femme Radio et c'est Love & Fun
pour la dernière fois,
du cas avec moi.
Donc voilà,
je voudrais vous remercier
pour tout ce que j'ai vécu grâce à vous.
Je voudrais merci d'un que si pour la...
Bon, tout ce qu'on a fait ensemble, c'est pas fini, Doc.
C'est tout pas fini.
Ça me paraît clair.
Et puis remercier tous les gens
que j'aime, ils sont de courant que je les aime.
Puis vous tous aussi,
parce que c'est un petit peu grâce à vous
qu'on a passé tous ces bons moments.
C'était bien cool.
C'était plutôt sympa.
Et puis on a fait une radio au plus d'eau poule.
Et puis on en est très contents.
Et on n'en est que globalement assez fiers.
Voilà, donc je vous embrasse.
Je vous en trouve un jour.
Et puis j'espère que vous serez là.
Et puis voilà.
L'émotion est palpable.
Les auditeurs protestent.
Certains pleurent même en direct.
Et le mystère reste total.
Pourquoi dis-vous les quittes-t-il?
Le CSA aurait-il raison lui?
Dans sa voix, on peut déceler
l'amertume de l'animateur.
Il a été vincé.
Voilà tout.
L'esprit sexe et rock'n'roll à la fin de radio
s'est terminé.
La direction veut lisser l'antenne.
Elle veut des changements.
Love in Fun
Continuera avec le doc,
mais sans difoules.
Redovenez un discrète oiseau de nuit,
le jeune animateur sauverait de micro-air
des mois durant dans les rues de Paris,
rongeant son frein.
À 27 ans seulement,
est-il déjà Asbin?
A la fin des années 90,
les libres antennes et leurs débordements
n'ont qu'une la cote.
Les radio-commerciales veulent assagir leur antenne,
poussées par les annoncières publicitaires.
Le public adolescent est sympathique,
certes, mais peu fortuné.
Donc, il faut séduire les classes d'âge
plus aisées.
Alors, on coupe la chico-millennials.
Alors et des années 2000,
quelques années avant l'émergence des réseaux sociaux,
les voilà comme radio-silence.
Pour comprendre comment on en arrive là,
il faut remonter une décennie plus tôt.
8 décembre 1984,
la jeune est dans la rue.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes
sont descendues aujourd'hui dans la rue à Paris
pour soutenir l'une des radiolocales privées parisiennes
les plus écoutées, Energy.
Cette radio est menacée de suspensions
pour 30 jours par la haute autorité.
Energy est accusée comme 5 autres radiolocales parisiennes
d'avoir gonflé la puissance de ses émetteurs
80 fois par rapport à ce qui est autorisé par la loi
en ce qui concerne Energy.
Et donc de perturber les coûts d'autres radios
et surtout de gêner certains services de sécurité
comme parfois les pompiers.
La salle est surréaliste et frappe les esprits.
C'est toute une génération prétend découdre
avec cette haute autorité,
cette institution qui menace leur radio préférée.
Derrière ces images d'une jeune est sans révolte,
c'est en vérité un rapport de force
qui est imposé aux autorités par ces radio naissantes
que sont Energy pour nouvelles radiolognes,
mais aussi la voie du Lésard, 95.2,
ou encore Radio-Libertaire.
La décision de François Bitterrand à l'été 84
d'autoriser la publicité sur ses antennes
a changé la donne.
Ces stations encore associatives
et animées par des bénévoles il y a quelques mois
sont en passe de devenir des médias,
voire des médias puissants.
Pour le pouvoir,
l'intention d'engager ces nouvelles stations
sur la voie du libéralisme
et de leur offrir ainsi un véritable poids économique
est assez habile,
car les lois du marché pourraient bien calmer
les agressives et dulcorer les propos.
L'exemple de Carbon 14,
station Libertére,
dont nous avons déjà raconté l'histoire,
dont à faire sensible,
a suffisamment échaudé le pouvoir socialiste.
L'oreille des jeunes devient marcher
les radios libres de véritables machines à cache.
En diffusant des disques toute la journée,
les frais sont limités
et le revenu publicitaire de plus en plus important.
Energy, la plus puissante de ces stations,
et ces quelques 1,2 millions d'auditeurs par jour,
a quitté son minuscule local de Belleville
pour rejoindre le spatieux bureau Bouvaryena.
Les animateurs reçoivent à présent un salaire,
un avocat a pris la direction de l'antenne.
Tandis qu'à Paris,
les techniciens testent les limites de leur émetteur
pour dammer le pion à la concurrence
et des franchises énergies fleurissent un vrai business.
Et c'est ainsi que n'est un groupe médiatique
non sans son lot de conflits et autres coupes bas.
En 1985,
dans les locaux de énergie,
à Montpellier, Bordeaux, Toulouse, Carcassonne,
Grenoble et Nancy, la révolte ronde.
François Lorenz s'en fait l'écho
et donne la parole au fondeur Pierre Lates,
celui qui était précisément responsable
de développer ses franchises énergies en région.
Changer d'énergie sans changer de fréquence,
si vous ne saviez pas encore,
c'est fait depuis le début du mois,
d'enseigner un sur 102,8 FM,
vous êtes à l'écoute de radio fun.
Tout nouveau réseau de radiolocale en FM
nait d'un conflit interne énergie,
doublé de problèmes financiers
et d'un désaccord côté programmation.
Descend les objectifs de fun.
Et bien d'être les meilleurs du monde,
comme tout le monde,
et on va se donner beaucoup de mal pour ça.
Fun s'implantera à Paris ?
Ça fait partie des choses probables.
Et voilà qui présage de quelques belles qu'elles donnent.
Fun radio N.
C'est donc à une guerre des ondes
que se livrent ces jeunes stations
dans l'ongue, prêtes à tout pour séduire
le maximum d'auditeurs.
Et il y a Dacas.
A la fin des années 80,
la plupart de ces stations sont au bord du gouffre financier,
mangés tout cru par les plus gros,
énergies, RFM,
ou la voie du Lésard,
qui devient en 1986 Skyhawk.
L'aventure des entrepreneurs d'ici
dans le fun radio tourne-cours,
perclut d'être qu'ils se font racheter
par le Grand Coupercent dès 1987.
Et une marketing,
prospection à l'étranger,
fun radio devient une entreprise moderne
prête à tout pour vendre la meilleure soupe
et repasser en tête dans cette ruée
vers l'oreille des auditeurs.
Les ondes françaises deviennent
une sorte de faroueste.
Alors, ne manque plus que le sheriff.
Et justement,
en 1988,
le gouvernement Rockard s'engage
dans une grande réforme de l'audiovisuel français.
Corruption, vulgarité,
médiocrité, abrutissement
des téléspectateurs et des auditeurs.
Les mots qui avaient dit
ce paysage audiovisuel en plein essor ne manquent pas.
Dans un tumulte politique,
une nouvelle instance de régulation
est créée. Explication, Cérentaine 2.
La CNCL a vécu
le conseil supérieur de l'audiovisuel,
le CSA la remplace.
Le projet de loi présenté
en Conseil des ministres par Jacques Langue
et Catherine Taska créent une nouvelle
auto-autorité dotée de pouvoir renforcer.
Moyen de contrôle,
possibilité de sanctions accrue,
telles que des pénalités financières
ou interdictions des maîtres.
Le CSA, examiné dans les prochaines semaines
par le Parlement, sera composé de 9 membres.
3 nommés par le président de la République,
3 par le président de l'Assemblée,
3 par celui du Sénat.
Les neuf sages du CSA
sont vite mis à contribution.
Oui, car une voie oubliée depuis
quelques années fait son retour sur les ondes
françaises, celle des anonymes.
Et c'est là tout le paradoxe.
L'essor des radio-commerciaux,
pour l'instant, en tout cas,
ce stade de leur histoire n'a pas favorisé
la libre expression des auditeurs.
Pourtant, c'était l'une des raisons d'être,
des radio-audites libres dont elles sont héritières.
Avant leur apparition, à la fin des années 70,
le Mélis Grégoire, à 13 heures,
sur RTL, les mâches à béranger,
à minuit, sans France Inter,
conversent en direct avec des auditeurs,
des ménagères et ceux-les,
ou des noctambules.
Même cette parole reste marginale.
Depuis au moins la Seconde Guerre mondiale,
la radio française érégie par une idée fixe,
ceux qui n'ont pas le pouvoir,
n'ont pas assez exprimé.
En d'autres termes,
tant un micro ou un anonyme a toujours fait peur
au pouvoir politique.
Alors, les radiopirates ouvrent une brèche.
Tes moyens, confessions,
coups de gueule, canulards, mais surtout opinions,
ces ondes-là imposent le principe
de l'antenne dite ouverte.
Alors, on s'exprime,
loin des carcans du pouvoir politique,
économique ou culturel.
La radio tant un fin,
un miroir au français.
Certes, les sortes des stations, strictement musicales,
après la libération des ondes de 82,
affraînaient cet élan.
Mais pas pour longtemps, car la guerre des ondes
impose à chacun de se diversifier.
En décembre 1991,
briser le silence des anonymes
devient un argument commercial.
Cairoc est la première station à dégâner
en décembre une émission de pure libre antenne.
Le soir, à 20h,
Malheur, André Petit, de son vrai nom,
ouvre son standard dans Bonsoir la planète.
Et chaque vendredi,
la séquence que tout le monde attend,
c'est le défouloir.
15 secondes, durant lesquelles
un auditeur peut insulter en direct,
son prof, son patron,
son collègue, sa femme.
Ici, c'est l'animateur de Radio Artur
qui en prend pour son grade.
Pas forcément un hasard,
quand on sait que cet étoile montant de Skyrock
a trahi quelques mois plus tôt pour rejoindre
la concurrence, en l'occurrence,
Fun Radio.
Voilà, merci Vincent, ça va mieux ?
Oui, bonne soirée.
En dépit de voir son talent reconnu
par cet auditeur de Skyrock enragé,
Artur devient la première popstar
de la radio. Il faut dire que
sa matinée à la fin de radio,
dépoussir le genre et écraser la concurrence.
Canulaire téléphonique, séance
d'organismes simulés avec des auditrices.
L'auto proclamé animateur le plus con
d'abandon des femmes, se permet tout.
Comme à l'époque de 14,
où il a fait ses classes.
Avec ce tombe de bonheur et son goût
pour la transgression, Fun Radio
prend ainsi la tête des audiences.
Mais stipper,
après seulement une saison, Artur
décidément intelable et débauché
par une vieille institution,
Europea, qui lui offre un pont d'or.
Bel Ossiar,
directeur général de Fun Radio,
se retrouve le bec dans l'eau pour la rentrée
1992.
Désabusé, il se rend à Los Angeles
pour chercher de nouvelles idées.
C'est ainsi que dans une salle
surchauffue de Burbank,
il se glisse dans le public de
une émission diffusée en direct.
Traduction, David
22 ans de Long Beach a eu
des rapports non protégés avec
une jeune femme atteinte du VIH.
Shannon, 17 ans
de Fullerstone, est accroie à la cible.
Michel, 16 ans
de Garden Globe, est enceinte
et a peur.
En direct sur Croc FM,
dans Le Show Love Line,
un animateur de 39 ans
les rassurent comme un grand frère
et un jeune pédiatre de 32 ans les conseille.
Le ton est décomplexé,
les blagues fuzent
et surtout l'émotion de cette adolescence
à fleurs de peau crèvent les ondes.
Alors, bonne nocière
à les oreilles qui frétirent,
car il vient de trouver la voie.
V.O.I.E. en l'occurrence,
la voie qui va déchaîner ses ondes,
celle des ados.
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Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.
durée :00:48:23 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle - Aujourd’hui dans Affaires Sensibles, le phénomène Difool et au-delà, la déferlante des libres antennes sur les ondes françaises.