Monde Numérique - Actu Technologies: [DEBRIEF] Réseaux sociaux payants sans pub : bonne ou mauvaise idée ?

Jérôme Colombain Jérôme Colombain 10/9/23 - 11m - PDF Transcript

C'est la suite de mon numérique, c'est la suite de mon carnet, bonjour Jérôme Colombert.

Bonjour Bruno Guilhemignetti, comment vas-tu ?

C'est plus non à dire, hein, Guilhemignetti que Colombert, mais bon, merci.

Oui, chacun des noms à rallonge, hein, toi et moi.

Mais bon, on ne se rend compte pas là pour parler de nos noms,

quoi que ce soit un beau sujet, peut-être une prochaine semaine.

Il y a quelque chose qui a attiré ton attention, qui a attiré également mon attention cette semaine,

et je pense que ça a attiré l'intention de bien des gens.

C'est cette, oh, je ne dirais pas l'obsession,

mais cet intérêt que les méthodes TikTok, X, auparavant,

ont décidé d'avoir par rapport au paiement de leur service.

Et j'aimerais ça te entendre là-dessus.

Bah écoute, oui, c'est vrai que faire payer Facebook, Instagram, TikTok peut-être, etc.

C'est quand même une vraie révolution culturelle, si ça se concrétise.

Et il semble bien que ça va se concrétiser.

J'en parlais un peu plus tôt dans le podcast avec Liza de Bernard.

Voilà, on a déjà des tarifs, en plus, qui sont assez élevés.

Et ça, ce sera principalement en Europe,

puisque ce serait en fait une réponse des plateformes américaines

aux règlements DSA européens,

puisque on leur demande de ne plus faire de publicité ciblée

et de proposer un flux de publicité non ciblé.

Et ils disent, ok, on va même vous faire un truc sans puits,

mais on va vous le faire payer.

C'est un peu la réponse du berger à la berger, comme on dit chez nous.

Mais je trouve ça intéressant, parce que d'habitude,

quand ça vient de l'Europe, c'est toujours des bonnes nouvelles.

On force toujours les gars femmes à mieux travailler,

à être plus sécuritaires, à être plus respectueux.

Avec votre réglementation, vous êtes en train de nous balancer de la merde.

Et là, c'est cette idée.

Comment ? Je t'en prie !

Non, il faut assumer vos actes.

Vous êtes en train de nous balancer une idée que...

Imagine, quand même, il faut le faire.

Si Facebook et Instagram est devenu ce qu'ils sont,

c'est parce qu'au départ, les usagers publient gratuitement,

alimentent gratuitement ces réseaux-là.

Bien sûr.

Et puis aujourd'hui, ils leur demandent...

Ce qu'on appelle l'UGC.

Bah non, mais quand même.

Oui, c'est ça, user generated content.

Mais t'imagines, la prochaine génération,

c'est que ces gens-là qui amènent le contenu

devront payer pour voir celui des autres.

Il faut quand même le faire.

Non, mais attends.

Ça, c'est ta vision nord-américaine, hein.

Bueno.

Je vais un peu tempérer ton jugement radical

contre nos gens, nos bons règlements européens.

Non.

Alors, pour une part, je suis d'accord avec toi.

On est en train de récolter ce qu'on a semé.

Et c'est en train même de nous revenir en pleine figure.

Moi, j'ai fait un étitôt hier,

sur le fil de mon podcast Monde numérique,

pour expliquer un peu ce paradoxe.

On n'arrive pas à réguler les plateformes américaines,

parce que dès qu'on fait un truc,

elle nous renvoie dans la figure quelque chose qu'on attendait pas.

En l'occurrence, là, du paiement.

Il y a aussi une histoire sur Twitter, tu sais,

tu as peut-être vu Elon Musk qui va supprimer

les titres des articles.

Quand on partage un article, on n'aura plus que les photos.

Et c'est déjà commencé dans le Mabel, ouais.

Tout à fait.

Et c'est aussi une réponse à une autre directive européenne.

Donc ça, c'est le problème de fond.

On peut rien faire, on est pris au piège.

Après, si on revient, plus précisément,

l'histoire du paiement des plateformes,

est-ce que, mon cher Bruno,

c'est pas le sens de l'histoire, entre guillemets.

Est-ce que, finalement, ok,

c'est du contenu qui est produit par les utilisateurs,

mais c'est aussi...

Déjà, il y a beaucoup de gens qui ne produisent rien du tout,

qui se contentent de consommer du contenu,

que ce soit sur Instagram, sur Twitter, sur Facebook.

Ils sont là pour lire.

Surtout que Shakespeare aurait appelé des lurkers.

C'est magnifique.

Si t'es Shakespeare dans une chronique high-tech,

c'est grandiose.

Mais l'argument du contenu généré par les utilisateurs

pour dire que ça doit rester gratuit,

je ne suis pas sûr,

parce que, de toute façon,

ça reste des entreprises commerciales

qui rapportent de l'argent aux plateformes.

Et il y a un service à l'arrivée,

c'est-à-dire que Twitter, c'est un média,

c'est par lequel on s'informe,

Facebook aussi, c'est des plateformes

de divertissement, Instagram, etc.

Donc c'est quand même pas simple.

Ce sujet, d'ailleurs, c'est plein de contradictions.

Mais quand tu vois le montant de 17 dollars américains,

je ne sais pas comment ça fait en euro.

On parle de 10 euros sur la version sur ordinateur,

pour un compte, 13 euros sur mobile,

parce qu'il faut payer la dim à Google et à Apple.

Et puis ensuite, 6 euros de plus par compte.

Donc c'est à peu près les chiffres que tu donnes.

Oui, mais ça veut dire que, dans le fond,

s'il demande 17 dollars par mois,

c'est qu'à quelque part,

c'est ce qu'on génère pour eux comme profit.

C'est ce que je comprends, moi aussi.

Moi aussi, j'ai essayé de faire ce calcul-là.

Mais attention, 100% des utilisateurs ne vont pas payer.

Il n'y a qu'une petite fraction des gens qui vont payer.

Les super utilisateurs, on s'entend.

Exactement.

Donc en fait, c'est aussi une manière de compenser

pour eux ce qu'ils vont perdre

sur les utilisateurs qui resteront gratuits,

mais qui utiliseront le flux sans publicité ciblée.

Typiquement les jeunes, les plus jeunes qui choisiront,

enfin qui pourront avoir de la pub, mais non ciblés.

Et ça, ça rapportera moins aux plateformes.

Et c'est ça qui sera compensé par les abonnés payants.

Mais les abonnés payants, c'est toujours qu'une petite majorité.

Tu prends une petite minorité plutôt.

Tu prends un Spotify.

Il y a beaucoup de gens qui écoutent Spotify gratuitement,

avec de la pub au milieu.

Là, on analyse les choses du point de vue un peu métal.

Au sens en prenant du recul,

en tant que la mécanique économique qui est derrière, etc.

Maintenant, si on se passe du point de vue de l'utilisateur

et qu'il se demande, ah oui, mais alors est-ce que je vais payer ?

Comment ça va me coûter ?

Est-ce que je suis prêt à payer ?

Est-ce que ça vaudra le coup, etc.

Moi, j'ai fait un petit sondage sur X.

Très simple.

On demandant, serait-il vous prêt à payer jusqu'à 13 euros

pour les plateformes, etc.

Pour Instagram, Facebook.

La réponse, 95% à plus de 95%, c'est non.

Bien sûr.

Les gens ne veulent pas payer.

Parce qu'il y a une réalité.

Il y a la question de principe.

Ah bah non, on s'est gratuits.

Moi, je ne veux pas payer.

Et puis, il y a aussi la réalité budgétaire.

C'est-à-dire qu'aujourd'hui, tout est devenu payant.

Si tu veux des plateformes de musique,

enfin, c'est payant.

Les plateformes de vidéo, c'est payant.

Avant, tu n'avais que Netflix aujourd'hui.

On aime bien avoir du choix.

Donc, on n'hésite pas.

Ou parfois, on se saigne un peu

pour en prendre 2, 3, 4, etc.

Ça vient s'ajouter.

Et ça commence à faire un budget

qui est quand même très conséquent.

Surtout qu'on s'est habitué à la gratuité.

Ce qui est une très mauvaise chose.

Parce qu'on croit que tout est gratuit sur Internet.

Et on est en train de basculer

dans l'Internet payant,

ou en partie payant.

Et c'est là,

où je reviens au début de ce que je disais.

C'est un petit peu, peut-être,

malgré tout, le sens de l'histoire, entre guillemets.

Toi, j'apprécie la sagesse de tes propos.

Et je te reconnais, Jérôme.

A mes pendants qu'on parle de paiement de services,

je dois te confesser quelque chose.

Ça veut-tu que maintenant,

mon abonnement de certification à Twitter

ne me coûte plus rien par mois?

Ah bon?

Et comment fais-tu cela?

Parce que je génère tellement

de publications et de trafics

que maintenant,

j'ai l'équivalent de mon prix d'abonnement

qui m'est retourné par Twitter

dans leur formule de partage

de publication, quand même.

De partage de revenus.

Ah ben, c'est intéressant.

Tu vois?

Donc, finalement, tu te retrouves.

Oui, tout fait.

Oui, puis même,

je pense que je fais un dollar

ou deux dollars de plus,

mais quand même...

Un dollar ou deux dollars

de bénéfices par mois.

Mais c'est énorme.

Mais c'est dingue.

Tu vas pouvoir t'acheter cette ville-là

au bord des lacs,

au bord du Grand Lac,

là dont tu parlais.

Non, mais je pensais changer

la dernière Tesla que vous avez acheté.

Oui, bien évidemment.

Que ça reste dans le groupe.

Mais plus sérieusement,

au moins, ça prouve que

cela aussi,

ça fait partie du changement de paradigme.

Les producteurs de contenu

aussi peuvent tirer un bénéfice.

Moi, je me méfie beaucoup aussi

de cela dit de ces bénéfices-là

parce qu'attention,

il faut pas que ça devienne

trop important.

Donc, fais attention

aux fortunes que tu vas

engranger avec Twitter.

Oui, je sais.

Parce que,

tu sais très bien,

je vais pas t'apprendre

que quand une plateforme

change tout d'un coup ses règles,

si tout ton business repose là-dessus,

on l'a vu avec plein de gens

sur YouTube, sur Twitch, etc.

On se retrouve vite très embêté

quand ça peut véritablement

d'un seul coup filer un coup

à un modèle économique.

Mais Jérôme,

je te rassure,

je remercie encore

mes commentaires d'itaires

d'être fidèles

et puis je reste avec eux.

Je n'apporte pas les gens AX,

mais quand même,

ça veut dire que

certains utilisateurs

maintenant arrivent

à avoir le service

certifié gratuitement

par leur nombre de publications.

Répidement,

parce que je vois le temps filé,

ça ressemble à quoi le reste

du podcast ?

Moi, je parle de start-up

et je parle de FrenchTech

cette semaine.

Dans un instant,

là, on va écouter

la patronne de la mission

FrenchTech.

Je suis allé à Station F,

tu sais, cette grande

concentration de...

La start-up.

Cette édifice des Nations unies

de la start-up.

C'est un peu ça,

exactement.

Et on fait le point

sur 10 ans de FrenchTech,

parce que le label FrenchTech

a 10 ans,

donc il se passe pas mal de choses.

Et toi,

de quoi on parle

dans mon carnet ?

Dans mon côté,

j'ai la grande patronne

de Alexa au Canada,

qui va nous parler

de cette nouvelle génération

d'Alexa,

qui carbure

à la mission artificielle.

Et moi,

je vais essayer

d'aller lui chercher

à quel moment ça va sortir

au Canada

et en France,

en français.

Et puis aussi,

on parle

avec l'organisateur

de l'immense AcFest,

qui se tient très

prochainement à Québec.

Alors ça,

c'est vraiment fascinant

parce que eux,

c'est vraiment la communauté

des hackers,

bon et mauvais,

qui se retrouvent

dans la région de Québec.

Et une de leur activité,

on voit ça

aux États-Unis,

mais là,

c'est de le voir chez nous,

sur scène,

il y a des hackers

professionnels

qui sont dans une bulle

envers

et qui tentent

de hacker des gens,

du hacking social,

passant par le téléphone,

pour obtenir

des bonnes informations,

pour entrer dans le système.

Et ça se fait

devant le public.

C'est vraiment fascinant.

Alors je parle

avec l'organisateur

de ce truc.

C'est terrible,

c'est fascinant,

mais c'est dégueulasse.

La plupart du temps,

c'est des escroqueries.

Oui, tout à fait.

Mais il y a énormément

d'apprentissage que je fais

lors de ces rencontres-là.

Alors j'en parle

et puis,

évidemment,

ceux qui seront intéressés

pour en aller se rendre là.

De plus en plus,

il y a des gens

des forces constabulaires

et du gouvernement

qui y vont,

parce qu'ils ont beaucoup à

apprendre,

des nouvelles techniques.

Et puis sinon,

j'ai d'autres invités,

notamment Marie-France Bazot.

Alors bien,

des choses encore

pour les gens

qui restent avec moi

pour écouter le podcast.

Je vous invite

à vous abonner

sur mon carnet

et également

à ceux qui continuent

à me suivre

sur Monde Numérique.

À la prochaine, Bruno.

À la prochaine.

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