Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: David Garcia, j’allais tous les tuer

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Et je pleins! Bling! Les vikings sortent leur épée et BAM! BING! BANG!

Ils attaquent le village! C'était fou, maman!

Ah ouais, super!

Attends, attends! Et là, pfff! T'as un énorme dracar qui sort de l'eau!

Et même que les vikings, ils étaient déjà dessus! BIM! BAM! BING!

Mais euh... T'as vu tout ça avec ton père?

Ouais!

T'exagères pas un tout petit peu, là, mon chéri?

Mais maman...

On va vous prendre pour un fou.

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On de l'âtre à compte.

Christopher Delathe.

En décembre 2018, à Masame, dans le Tarnes,

David Garcia, surveillant une prison, tente d'étrangler ses deux enfants pendant leurs sommets.

Il s'arrête juste à temps.

Il ne supportait pas que sa femme lui ait annoncé qu'elle le quittait,

qu'elle brise ce qu'il avait mis tant d'années à construire une famille.

Explorons ensemble la Côte-B du dossier d'instruction de David Garcia.

Européen.

Christopher Delathe.

Dans le système judiciaire français,

le dossier d'instruction contient un sous-dossier appelé Côte-B.

Il rassemble les rapports des experts psychiatres, psychologues et de l'enquêteur de personnalité.

Ouvrons l'un de ces dossiers.

On de l'âtre à compte.

Côte-B sur Européen.

Le 12 décembre 2018, vers 8 heures du matin,

David Garcia, un père de famille de 37 ans, appelle les pompiers.

J'ai voulu tuer mes enfants.

Je les ai étranglés et je me suis arrêté à temps, je me suis arrêté à temps.

Venez vite.

Côte-B sur Européen.

À l'arrivée des pompiers, David Garcia tente un nouveau geste fou.

Il attrape son épouse et il commence à l'étrangler à son tour.

Les pompiers parviennent à le maîtriser et il lâche.

J'allais tous les tuer, tous!

6 mois plus tard, Pétit Dumoulin, experte psychologue,

rencontre les protagonistes.

David Garcia, sa femme, leur fille de 10 ans et leur fils de 7 ans.

Alors, j'ai d'abord rencontré les enfants et leurs mères.

Le choc, il est double parce qu'il y a le choc de la peur de mourir,

de ces tentatives d'étranglement qui ont été quand même très significatives

et le fait que ce soit le papa qui est commis ces actes.

Donc les enfants sont bien sûr complètement déterminés

à ne plus entendre parler de leur papa.

Je me souviens que la Gavine avait demandé tout de suite, très, très vite,

si elle avait demandé ça aux gendarmes, je crois, dans les auditions,

si elle pouvait changer de nom, ne plus porter le nom de son père.

S'agissant du petit garçon, il ne va pas vouloir arriver auxquels il est fait.

Il va simplement me dire qu'il sait qu'il est là

pour parler de son papa en disant que son papa avait juste essayé de l'étrangler

et que c'était pas bien.

Il n'en dira pas grand-chose et il va se réfugier derrière une amnésie,

enfin, une pseudo-amnésie, bien sûr, en me disant qu'il ne se souvient plus,

mais qu'il pourra dire que c'est vraiment pas bien ce qu'a fait son papa

et qu'il se fiche de ne plus le voir.

Ordonnance de mise en accusation de David Garcia.

Le certificat médical concernant l'enfant de sept ans

permettait de mettre en évidence des troubles psychologiques de type anxiété.

Il était également noté des pétechis au niveau des yeux et des tympans

et un hématome de la conque de l'oreille droite.

A la fin de l'entretien, il me dit c'est bizarre,

on a acheté quatre bols à la maison,

alors qu'on n'est que trois et maintenant on ne restera que trois, toujours trois.

Et je ne veux pas que ma maman ait un autre fiancé.

L'entretien s'était terminé comme ça avec cet enfant de coco

de créer un coco avec sa maman et sa sœur

et qu'il n'y a plus de place pour un homme visiblement et dangereux.

Sa sœur est un petit peu partagée, cette gamine,

parce que bien sûr qu'elle en veut à son père et qu'elle ne veut plus le voir,

qu'elle dit qu'elle ne veut plus le voir.

En tout cas, à ce temps d'examen là,

il est hors d'occasion qu'elle voit son père.

Alors à la fois, elle essaye de minimiser un peu les faits en disant

oui, il m'a fait, j'ai eu un peu peur, un peu mal et en même temps,

quand je lui dis, je lui pose la question

du fait que son père est tenté de l'étrangler,

elle me reprend tout de suite et elle me dit

il n'a pas essayé, il m'a étranglé.

Ordonnance de mise en accusation de David Garcia.

La fille de David Garcia déclare

qu'elle avait d'abord cru être comme dans un rêve,

mais n'arrivant pas à s'éveiller,

elle avait compris ce qui était en train de se passer.

La fille est racontée.

J'ai vu des lustres en or comme il y en avait dans les châteaux.

Je pensais que j'étais au paradis.

J'ai même vu Dieu avec un an.

Il y avait une fontaine.

Je l'ai touché.

Je me suis réveillé.

Elle précisait que son père lui avait mis une main sur le cou et sur son nez.

Il s'y était repris trois ou quatre fois.

Elle avait cherché à s'enfuir sans y parvenir,

lui portant un coup de pied puis essayant de le mordre.

Son père lui avait exibé un couteau

car elle avait refusé d'être étranglée.

Je pense qu'elle a besoin effectivement

de mettre un petit peu à distance la gravité des faits

et la terreur qu'elle a dû avoir,

cette gamine d'autant qu'elle a été quand même

celle qui a arrêté son père,

qui était en train d'étrangler son petit frère.

Elle a été très prise à partie.

Elle s'est mise devant de la scène

pour dans cette commission d'effet de son père.

Ordonnance de mise en accusation de David Garcia.

L'épouse de David Garcia déclarée qu'à 7h45,

M. Garcia l'avait contactée.

A son arrivée, elle avait découvert ses enfants pleurants.

Sa fille lui avait dit que leur père essayait de les tuer.

Concernant leur passé,

elle relatait plusieurs épisodes de violences,

de gifs, de m'imposer autour du cou.

Concernant ses enfants, s'il y avait eu des faits cés,

il n'y avait pas eu d'autres formes de violences.

Je rencontre cette femme dans les jours

qui ont suivi l'ouverture de l'information,

donc à quelques semaines d'effets.

C'est une personne qui est profondément meurtrie,

extrêmement affectée par ce qui s'est passé

et qui est envahie par un sentiment de culpabilité assez important,

puisque dans une réaction que l'on peut comprendre,

de la part d'une mère,

elle se sent responsable de ce qui a pu se passer

aux préjudices de ses propres enfants,

alors qu'il n'y a absolument pour rien,

mais c'est un sentiment qui est assez logique

et que l'on rencontre très régulièrement d'ailleurs.

C'est vraiment une personne qui en recherche

une explication et de comprendre ce qui s'est passé.

Au début, dès qu'il a été incarcéré à 6,

il a été placé en quartier isolement.

Il a été placé toute interaction, on va dire,

avec potentiellement des collègues

qui pouvaient connaître,

parce que les surveillance pénitentiaires, ils tournent,

donc ils pouvaient tout à fait en retrouver.

Côte B40, rapport d'expertise psychologique de Betty Dumoulin.

Le vécu carcéral est décrit

comme ayant été particulièrement difficile.

En effet, il convient de noter que M. Garcia

a exercé la profession de surveillance pénitentiaire.

Il a commencé sa carrière en 2006 à la prison des Beaumettes,

où il est resté pendant deux ans et demi,

avant d'être muté en 2009 à Paysier.

M. Garcia, après une première incarcération

à la maison d'arrêt de Seis,

a rapidement été transféré au service de l'UHSA

de l'Hôpital Marchand à Toulouse.

Il évoque le manque de nouvelles de ses enfants.

Les envies suicidaires sont toujours présentes.

C'est un homme qui est de bonne courpulence,

qui mesure 1,76 mètres,

il pèse 80 kilos,

il a un petit peu fourci en maison d'arrêt.

C'est peut-être lié aux médicaments aussi qu'il prenait.

Après sa présentation,

il est satisfaisant que ce soit en termes d'hygiène ou de contact.

Il peut me regarder en face,

il n'esquive pas le regard.

Visiblement, il a un contact qui n'échappe pas au principe de la réalité.

Il sait très bien où il est et pourquoi il est là.

Évidemment qu'au moment où je le vois,

il est dans une culpabilité plus plus,

il évoque des regrets par rapport à ses actes.

Code B40,

rapport d'expertise psychologique de Betty du Moulin.

Monsieur Garcia est né le 14 janvier 1981,

à Masamé.

Il a dit qu'il a été essentiellement élevé par sa mère

et par son oncle paternel, qui est son parent.

Ce dernier prenait le relais du père quand sa mère travaillait.

Il ajoute que son père n'était pas responsable par rapport à ses enfants.

« Un jour, j'étais enfant.

Je me suis sérieusement blessé au bras.

Cela saignait beaucoup.

Mon père était là.

Mais sa réaction a été de se barrer à vélo.

Monsieur Garcia ajoute qu'il n'en veut pas à son père

et considère que ce dernier a eu une enfance très difficile.

C'est pour cela qu'il était alcoolique.

De toute façon, mon père n'était pas un chef de famille.

David Garcia, ce qui marque son enfance,

c'est pas en apparence une enfance qui paraît extrêmement malheureuse

ou qui paraît déconstruite.

Maître Emmanuel Franck, avocate de David Garcia.

Et pourtant, il va y avoir l'image paternelle

qui en réalité est inexistante.

C'est-à-dire que David Garcia, mais c'est confirmé par tout l'entourage,

par la maman, par le frère aîné, par les amis, par la famille.

David Garcia va vivre avec un père qui en réalité est complètement absent,

qui n'assume absolument pas son autorité paternelle et son rôle paternel.

Et des experts psychologues vont venir expliquer

que finalement, il n'y a peut-être rien de pire

que d'être avec un père présent mais indifférent

et qu'il vaut parfois mieux ne pas avoir de père

parce que le père est mort plutôt que parce que le père est inexistant.

Or, David Garcia, lui, va grandir et va vivre avec un père

qui se délaisse complètement de ses enfants,

ne s'intéresse absolument pas à eux,

est décrit comme étant complètement immature.

La maman de David Garcia pourra dire,

en réalité, à la maison, je n'avais pas deux enfants,

j'en avais trois parce que mon mari était un enfant

qui avait les caractéristiques de l'enfant,

c'est-à-dire l'immaturité, l'égocentrisme,

il était complètement autocentré, il ne pensait qu'à lui

et était complètement indifférent à ses enfants.

Et on va comprendre cela dans ce que va dire David Garcia

lorsqu'il va dire, moi, je voulais être un père

à l'opposé de ce qu'avait été le mien

et je voulais être un bon père

et je voulais être un père qui s'investit,

qui s'occupe de ses enfants.

Et la famille, à partir de là, et ses enfants

vont jouer un rôle déterminant dans la vie de David Garcia

qui pourra dire, en parlant de sa femme,

que quand ils se sont rencontrés,

elle était extrêmement amoureuse de lui, mais lui, pas du tout.

Et il dira cette phrase qui a beaucoup de sens

à l'enquêtrice de personnalité,

il lui dira cette compagne

est devenue la femme de ma vie quand elle a mis au monde ma fille.

C'est-à-dire qu'on avait un schéma complètement inverse

alors que normalement, une femme doit être la femme de votre vie

et c'est parce que c'est la femme de votre vie

que vous avez envie d'avoir des enfants avec elle.

Et bien lui, il a fait des choses psychologiquement

complètement à l'inverse.

C'était une femme qui lui plaisait

et dont il avait un attachement mais certainement pas amoureux

et c'est à partir du moment où elle devient mère de ses enfants

que ça devient la femme de sa vie.

Et on retrouve dans son discours, tout au long de la procédure

et c'est complètement inconscient,

exactement cet écho là.

C'est-à-dire qu'il va en permanence dire

mais à partir du moment où ça a été la mère de mes enfants

c'était la femme de ma vie et c'était à la vie à la mort.

Voilà ce qu'il va dire.

Et ça permettra à des psychologues et des psychiatres

de venir expliquer que David Garcia n'était pas amoureux de sa femme

mais il était amoureux de sa famille.

Il va être celui sur lequel on va pouvoir compter

celui qu'on va aimer

et dont on va être fier et dont on aura besoin tout le temps

et qu'on ne pourra jamais laisser

parce que c'est lui qui va porter tout ça.

Ça va être le pilier de la famille.

C'est ce qu'il veut en tout cas,

c'est ce qu'il souhaite être totalement à l'opposé de son père.

Et donc il est indiscutable qu'il a été un très bon père.

Il a été un très bon père pour ses enfants

mais certainement aussi un peu pour lui-même

pour réparer quelque chose chez lui.

Côte B24, enquête de personnalité réalisée par Géraldine Rochefort.

À l'âge de 19 ans,

David Garcia se met en couple avec sa victime de 2 ans saccadets.

Il ne s'est pas investi dans le couple

percevant cette idyll comme passagère.

Moi, j'avais encore envie de croquer la vie à pleine dent,

de voir mes copains, je ne l'aimais pas.

J'avais envie de vivre ma jeunesse

et voyer cette relation comme un frein.

Je lui disais de me quitter mais moi-même,

je n'arrivais pas à le faire car elle avait des soucis.

Elle était très jalouse et exclusive

et notre relation commençait mal.

Je ne me projeteais pas avec elle.

En première intention, au début de cette relation,

c'était surtout madame qui était fort amoureuse de monsieur

et on verra au fur et à mesure de leur vie de couple

que les choses vont s'emverser.

Il va finalement construire sa vie avec cette dame

et ils vont avoir deux enfants.

C'est un couple assez classique

parce que l'on sent, chez David Garcia,

la volonté d'être dans un certain conformisme,

c'est-à-dire de remplir les cases.

C'est un couple qui va se marier.

C'est un couple qui va faire des enfants,

qui va faire construire une maison,

habiter un petit pavillon résidentiel,

une maison dans laquelle il y a tout ce qu'il doit y avoir.

On a le sentiment que toutes les cases sont remplies.

Il y a la femme, il y a les enfants, il y a la maison,

il y a la voiture, il y a le travail que l'on va bien investir,

où on va essayer de briller également dans le travail.

C'est un travail qui peut paraître un peu ingrat,

qui, d'un point de vue social,

n'est pas forcément très flamboyant,

mais avec derrière la volonté d'un David Garcia,

aussi de remplir les cases, de gagner de l'argent,

d'effectuer un nombre incalculable d'heures supplémentaires,

de faire des réunions au niveau du service pénitentiaire

pour améliorer les relations entre les détenus et les surveillants,

il y a cette volonté, en tout cas,

c'est comme ça que moi je l'ai perçu,

de remplir en permanence des cases assez conformistes.

Code B45, Expertise psychologique de bêtis du moulin.

Selon M. Garcia,

les prémises de la rupture conjugale

proviennent du changement d'activité professionnelle de madame.

À présent l'issentiment,

elle sort majeur d'une formation financière

et décroche un nouvel emploi.

M. Garcia dit qu'il a commencé à avoir peur de la perne.

Il dit qu'il y avait un déséquilibre entre leurs métiers.

On a le sentiment que chez David Garcia,

ça rond un certain équilibre et une certaine vision

de la famille complètement archaïque,

c'est-à-dire que je ne suis plus le patriarche

et il va d'ailleurs avoir le sentiment permanent,

c'est peut-être vrai ou c'est peut-être que dans sa tête,

que sa femme est désormais méprisante à son égard.

Il va dire que j'étais plus assez bien pour elle,

je voyais bien qu'elle me méprisait,

que j'étais qu'un petit surveillant pénitentiaire de merde.

Alors, est-ce que ce sont des propos que cette femme a tenu

ou est-ce que c'est lui qui les a construits dans sa tête?

L'histoire ne le dit pas,

mais ça ne m'étonnerait pas que ça ne soit que dans sa tête.

Parce que cette vision complètement archaïque

et patriarchale de la famille qui était la sienne

était en train de s'effondrer dans les mois qui précèdent le drame,

parce qu'effectivement, elle prenait de l'autonomie

et elle avait accédé à un travail qui était d'ailleurs extrêmement valorisant

sur le plan économique et social.

Et donc ça a commencé à créer chez David Garcia

déjà une première blessure narcissique et une première faille.

Et c'est là qu'il me dit qu'il a commencé à avoir peur de la perdre.

Parce qu'il a senti un déséquilibre entre son travail et celui de madame,

son travail qui lui est un travail où il est toujours dans le même...

Voilà, avec des hommes, toujours au même endroit.

Et le travail de madame qui fait qu'elle rencontre plein de personnes différentes au quotidien.

C'est un milieu qui est aussi bien masculin que féminin,

donc elle rencontre d'autres hommes.

Il commence à devenir jaloux,

parce qu'il me dit qu'elle était toujours en train de réseauter.

Le réseau sortait le soir, elle était toujours au parent, au téléphone.

On ne pouvait plus parler, elle était toujours occupée.

Donc ça commence à l'agacer.

Il considère qu'à ce moment-là, son épouse,

voilà, que s'agissant de ses priorités,

il considère que sa priorité ce n'est plus à famille mais son travail.

Et pendant ce temps, lui il dit,

et moi je continuais à me saigner comme un fou

pour faire je faisais des erreurs supplémentaires.

Je travaillais aussi la nuit pour être présent pour les enfants,

pour m'occuper des enfants pendant la journée

parce que son épouse était moins présente.

Et que finalement, il m'a dit, mais moi je me suis retrouvée

à gérer l'essentiel du quotidien des gammes.

Alors autant M. Garcia est conscient

qu'il y a des choses qui ne fonctionnent plus,

qu'il y a des choses qui ne vont pas, qu'il y a des équilibres,

autant il est dans un déni complet

de l'hypothèse que ce couple puisse se séparer.

Ça, ce n'est pas possible, ce n'est pas...

Il n'en parle pas, il ne s'en va pas, il critique sa femme,

elle fait ci, elle fait ça, elle ne fait pas ça.

Mais pour lui, il n'y a pas de...

Le fait qu'il puisse y avoir une séparation

ne peut pas venir à son esprit, ce n'est pas possible,

ce n'est pas entendable.

Et quand cette femme va ensuite,

peut-être parce qu'elle l'a connu à l'âge de 17 ans

et qu'arriver à un certain âge, elle a aussi envie

peut-être de découvrir la vie

et que malheureusement c'est la vie tout simplement,

et qu'elle va décider de se séparer de lui,

la faille narcissique va s'agrandir

et les choses vont lui devenir insupportables.

Il va s'imaginer qu'un autre homme est dans sa vie,

il va s'imaginer que cet homme est mieux que lui,

que cet homme mieux que lui va s'occuper de ses enfants,

qu'il va perdre ses enfants,

ne plus être un père, ne plus être un mari.

Et à partir de là, cet homme qui ne s'est construit

que sur cette base-là, que sur je suis un bon père,

je suis un bon mari, j'ai une famille,

va complètement s'effondrer d'un point de vue psychologique

et ça va lui devenir insupportable d'imaginer

que ce petit monde, c'est-à-dire ses enfants

et sa femme, c'est-à-dire son monde,

peut continuer à tourner sans lui.

Son monde s'écroule et il me dit

mais moi, ma vie, c'était ma famille.

Pour moi, on était unis pour toujours.

Plus le temps passait, plus je l'aimais.

Monsieur Garcia, c'est pas de ces gens que l'on quitte.

C'est des gens que eux, s'ils le souhaitent, quittent

mais ils se laissent pas faire autrement.

Maître Jean-Baptiste Alarie, avocat de l'ex-femme de David Garcia.

Il y a un fonctionnement extrêmement patriarchal

et ce fonctionnement patriarchal

basé sur un prétendu code d'honneur,

sur la famille, sur ma femme,

c'est ma femme, mes enfants

et lorsqu'elle lui dit qu'elle le quitte

et que cette cellule familiale-là

qui lui est si chère va exploser,

il a beaucoup de mal à le supporter

parce que ce sont toutes ces valeurs

qui sont emportées avec ce départ-là.

Je pense qu'il est en perdition complète

pendant toute la nuit

et qu'il fourmente dans sa tête

un espèce de scénario quasi-chevalorais

que théâtral au possible

qui consistera à dire

soit à la famille, soit le néon.

Ordonnance de mise en accusation de David Garcia.

Monsieur Garcia a indiqué

s'être attaqué à la fille aînée

vers 7h30 du matin.

Il avait serré son cou

et il l'avait laissé pour morte.

Ensuite, il avait étranglé son fils.

Selon lui, ses enfants

étaient nés sous une bonne étoile.

Il ne sait pas pourquoi

il a stoppé ces étranglements.

Sur ses actes.

David Garcia n'avait pour autre explication

que le fait qu'il s'opposait à l'idée

d'une rupture avec sa femme

et que quelqu'un d'autre

puisse élever ses enfants.

Toute la nuit, il dort extrêmement peu,

voire pas du tout.

Il est totalement envahi par

la perte de cette famille-là,

la souffrance que ça génère,

la paranoïa,

son côté un peu mal dominant

et ça lui est totalement insupportable.

Et c'est dans ce contexte-là

qu'il écrira une lettre

dans la nuit des faits

où il explique, de toute façon,

c'est la famille à la vie et à la mort.

Cette famille, elle ne vivra pas

sans moi et elle ne vivra pas tout court

et personne ne vivra dans cette famille.

Et c'est pour ça qu'il

fomente le plan de tuer ses enfants,

de tuer sa femme

et derrière de se tuer.

C'est tous ensemble ou alors plus personne.

L'être manuscrit de David Garcia

retrouvé sur la table

de sa cuisine

le 12 décembre 2018

à Masamé,

1h40.

C'est le lettre pour l'honneur

de mes enfants,

mon honneur.

Jamais je n'aurais pensé

pouvoir commettre de tels actes.

Il était de mon devoir

de laver cet honneur bafoué

par cette relation

extra-conjugale.

Ma compagne a exécuté

cela en son âme et conscience

pour cela, elle doit

répondre de ses actes

et assumer

ses conséquences.

David Garcia.

Son côté narcissique est tellement

violenté par la séparation

annoncée

qu'il arrive le plus à réfléchir

en réalité et il a essayé de les tuer

et c'est certainement pas par amour

mais par fierté.

Arriver

à un geste aussi fou

sur un individu

qui est tout sauf fou

parce que l'acte est monstrueux

mais monsieur n'est pas un monstre

c'est que

il n'a pas d'autre solution

il n'a pas d'autre option

son appareil psychique

et son

tous ces débordements

de narcissisme

défaillant

il n'arrive pas à les réguler

il n'arrive pas à les gérer

il n'est pas pensable

que sa femme puisse aimer quelqu'un d'autre

c'est insupportable que

l'autre puisse être heureux ailleurs

que sans moi

et donc

il faut que ça disparaisse tout ça

tout ça disparaisse

au moment des faits

qui n'est pas anodin

nous sommes en plein

début de la manifestation

des gilets jaunes

et monsieur García est très

très partie prenante

et il est vraiment

il organise

il est très présent

sur le rond-point

je ne sais où

et il est hyper excité

avec ces manifestations

qu'il organise

qui gère

il est très très très très très excité

mais vraiment

au moment

des faits

on a quand même pas mal

d'ingrédients

qui vont être

des facilitateurs et aussi du passage

...

Côte B-47

expertise psychologique

de Bétis du Moulin

David Garcia dit

c'était vers 7h du matin

j'avais pas dormi de la nuit

car j'étais certain que ma femme

me trompait avec enrémie

que ma vie était en échec

ma vie dormait

j'ai serré

serré son cou

puis je l'ai relâché

j'étais en larmes

je suis allé dans la chambre de son frère

et lui aussi je l'ai étranglé

j'ai appelé ma femme

qui dormait chez sa mère

je lui ai dit de venir que la petite

pleurait

quand elle est arrivée

je lui ai demandé si elle me trompait

elle dit qu'elle ne connaissait pas de rémie

et qu'elle ne me trompait pas

j'étais furieux

j'ai pris un couteau

et je lui ai dit de venir voir

les enfants qui pleuraient

que tout ça

c'était sa faute

David Garcia raconte qu'il a lui-même

appelé les pompiers

et à leur arrivée

Monsieur Garcia a attrapé sa compagne

en lui mettant les bras autour de son cou

pour la saisir par le col

pour lui montrer jusqu'où leur couple

était arrivé

il affirme qu'il n'avait pas l'intention

de la tuer

puisque les pompiers étaient présents

dans la maison

ce monsieur moi ce que j'ai retenu

c'est qu'il y avait

une vulnérabilité plus plus

à l'angoisse de séparation

et il y avait cette vulnérabilité

parce qu'il y avait une précarité narcissique

ce narcissisme est mal

construit alors pourquoi il est mal construit

après

on peut pas non plus faire des raccourcis

en me disant bah oui

parce que son père

il n'a pas été

très très présent

je pense qu'on se construit aussi seul

la personnalité on la construit aussi

avec ce que l'on est

ce que le...

on ne se construit pas

que parce qu'on a

une enfance qui est comme ça

on a aussi notre libre arbitre

dans nos choix et dans ce qu'on peut faire

de notre parcours de vie

c'est quelqu'un qui

a besoin d'être

valorisé c'est quelqu'un

qui a peur d'être désaimé

donc tout ça c'est quelqu'un qui n'a pas confiance en lui

alors il a confiance en lui parce que

je me souviens que lors de l'entretien

il m'avait dit

à un moment en parlant de son père

que quand même son père était fier qu'il soit

surveillance pénitentiaire donc

il a probablement été enquête

pour le carnet, peut-être toute sa vie

peut-être que cette reconnaissance

le fait d'avoir fondé cette famille

et d'avoir fait tellement mieux

que son papa qui est en vie quand même

mais au moment où tout ça se passe

voilà c'était pour lui sa fierté

boum tout ça, sa volanne est claire

donc c'est là que

ce narcissisme qui était déjà très précaire

et fragile

ça s'effondre parce que

eh ben non, eh ben non

c'est un échec sa vie familiale

les machins est un échec

parce que sa femme le quitte

parce qu'il n'est pas assez bien

parce qu'elle a trouvé mieux

donc tout ça c'est du domaine

de l'impensable

pour monsieur Garcia, c'est pas tolérable

c'est vraiment pas tolérable

Trois ans après

les tentatives d'étranglement sur sa compagne

ces deux enfants

David Garcia est jugé devant la cour d'assise

du Tarné-Garonne et dans le box

son comportement

n'est pas vraiment ses avocats

il est encore à dire

j'ai été un bon père

alors bien sûr que c'est le cas

Maître Emmanuel Franck

avocate de David Garcia

mais c'est vrai que ça fait grincer quand on sait

ce qui s'est passé ensuite

et il ne veut pas qu'on lui enlève

alors c'est agaçant

et parfois c'en est touchant

parce qu'on est face à quelqu'un qui

a ce qu'il a fait de bien dans la vie

il a raison aussi on ne peut pas lui enlever

tout n'est pas mauvais chez David Garcia

et en fait rien n'est mauvais

à part ce qu'il a fait

mais il est en permanence au procès

à vouloir se rattacher à ça

et je lui ai payé des quantités de chaussures

et de sac amens

et mes enfants je les amenais à l'école

et il est dans la revendication

de ce bon père qu'il a été

il a raison en quelque part

mais en même temps on ne peut pas s'empêcher

qu'il avait été un bon père

mais enfin un moment donné quand vous étranglez

vos gamins là vous arrêtez d'être un bon père

et ça il ne peut pas entendre

de la même manière qu'il ne supportait pas

que puisse être évoqué

la faille narcissique qui est la sienne

il explique qu'il n'est pas narcissique

il va au procès nous faire toute

l'étymologie du mot narcissique

avec le personnage de Narcisse

il va nous en faire toute une leçon

pour nous dire que non il n'est pas narcissique

alors qu'il est évident

que par une blessure narcissique

immense au moment où sa femme

décide de partir

quand vous imaginez que vos enfants

n'ont pas le droit de vie s'ils ne sont pas

age 24 avec vous

c'est que vous êtes éminemment narcissique évidemment

alors vous êtes narcissique parce qu'en fait

il y a une faille narcissique

pas parce que vous êtes quelqu'un de mauvais

mais c'est évident qu'on est sur ce registre là

et ce sont des choses que même au procès

il n'a pas encore intégré et donc ça lui fait avoir

au procès un comportement

éminemment agaçant pour tout le monde

y compris pour ses avocats parfois

j'ai le souvenir d'un homme qui

a eu beaucoup de mal

à faire son introspection

j'ai le souvenir d'un homme qui conservait

et c'est ce qui lui a pu nous inquiéter

énormément

qui conservait une rancœur

tenace à rencontre

de son ex-compagne

et pour la petite anecdote

d'un conteneur

dont j'ai fait les frais puisque

j'ai souvenir d'un moment d'audience

où après lui avoir posé une question

il avait planté

un regard glacial et extrêmement

agressif dans mes yeux

à ce point même que

c'est lui qui est audience

qui lui a dit monsieur mais

arrêtez de regarder l'avocat de la sorte

il me fusillait du regard ring

et que le procureur aussi

alertait de se rencontrer

et que vous arrêtez tout de suite

et effectivement il avait

ce côté omnipotent

et on sentait

qu'il y avait encore une

que tout n'était pas digéré et il va falloir

que pendant le temps de sa détention

puis le suivi psychologique dont j'espère

il fait l'objet aujourd'hui

que cet homme comprenne que madame n'a rien fait

de bien particulier

autrement que de

mettre fin à une relation qui s'était épuisée

avec le nombre des années

que c'était son droit le plus strict

il faut qu'il arrive à admettre ça

il était indiscutable

que le chemin psychologique

de cet homme n'était pas abouti

au moment de son procès et donc

il aurait été ridicule que ses propres avocats

feignent de l'ignorer

et je me souviens de prise de bec

assez importante avec lui

j'ai essayé de lui expliquer que cette femme

c'était juste une femme

qui avait évolué dans sa vie

et qui à un moment donné comme ça arrive

à des milliers de gens avait considéré que sa vie

n'était plus auprès de son mari

et que c'était tout simplement

la vie que c'était la faute de personne

et que rien n'aurait empêché

qu'il accepte le divorce

et qu'il voit ses enfants peut-être la moitié du temps

et je lui expliquais

qu'il y avait d'autres possibilités que heureusement

toutes les personnes qui se faisaient larguer

par leur femme ou leur mari

par ce qu'il avait fait

Le comportement qu'il a à l'audience

est finalement rassurant

dans le sens où c'est le comportement

d'un homme qui ne peut pas se confronter

aux actes qu'il a commis parce qu'inconsciemment

il sait très bien que c'est abominable

et qui préfère être dans l'évitement

et dans le déni alors c'est à la fois

rassurant parce que ça veut dire que c'est un homme

qui a intégré les valeurs qui sont les nôtres

et c'est à la fois un peu inquiétant

et on me dit et je lui ai dit

que à l'évidence le travail psychologique

n'était pas terminé

David Garcia

est condamné à 20 ans

de prison

En mars 2019, 3 mois

après que son père est tenté de l'étrangler

la fille aînée de David Garcia

avait dit à l'experte psychologue

maintenant je ne veux plus revoir mon père

peut-être plus tard

quand je serai plus grande

C'était dron de la traconte

Côte B

rédaction en chef Guillaume Maury

réalisation Mathieu Fret

Le podcast de ce programme est disponible

tous les vendredis des 6h du matin

Retrouvez, on de la traconte

Côte B

tous les vendredis de 14h à 15h

sur Europe 1

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Ecoutez Christophe Hondelatte décrypter la personnalité de David Garcia, 37 ans. En décembre 2018, ce surveillant de prison ne supporte pas que sa femme le quitte : il étrangle ses deux enfants dans leur sommeil.Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ? >> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr ainsi que sur vos plateformes d’écoute habituelles.