Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Daval : Moi, maman de Jonathann - L'intégrale

Europe 1 Europe 1 8/24/23 - 48m - PDF Transcript

Je vous ai raconté l'affaire d'Aval sous plusieurs ans. Le récit brut de l'enquête,

premier podcast. L'affaire vue par les parents d'Alexia Daval, en deux podcasts. Et bien

voici un dernier point de vue sur ce dossier et ça n'est pas le moins intéressant. Car

c'est celui de la mère de Jonathan Daval, Martine Henri. C'est elle d'ailleurs qui

débrifera ce récit. Elle raconte dans un livre paru chez Michelon, moi maman de Jonathan,

comment elle a vécu toute cette affaire. Et c'est un regard intéressant parce qu'il est très rare

que la maman d'un meurtrier écrive son ressenti. J'en ai tiré ce récit avec l'aide de Tuc-dual

de Dieu le veut. Réalisation Céline le Bras.

Europain, Christophe Fondelat.

Moi je suis une maman et j'adore ça. J'ai eu six enfants avec mon ex-marie,

le père de Jonathan, et avec Florent mon nouveau compagnon, un de plus. Pour Jonathan,

le moins qu'on puisse dire, c'est que ça n'a pas été ça. Quand il est né, on a failli

y rester tous les deux. Il est sorti de moi tout noir, le cordon autour du cou. Et moi mon utérine

ça a éclaté. J'ai fait une hémorragie, il a fallu me transfuser et lui a été tout de suite

placé en couveuse. Et après il allait bien. Mais j'ai quand même été dessus de ne pas pouvoir

l'allaiter à cause de la transfusion. Si j'avais su que Jonathan et Alexien ne pouvaient pas

avoir d'enfants, je lui demandais souvent, alors, quand est-ce que vous allez avoir un petit bébé ?

Attends maman, ça va se faire. Aujourd'hui, je regrette bien d'avoir ignoré cette souffrance.

Ça a dû être difficile pour eux. Et moi qu'il est questionné en plus.

Le papa de Jonathan ne s'occupait pas beaucoup des enfants. Il était ouvrier chez John Deere et

en dehors de son travail, il ne jurait que par la chasse. Il n'était pas souvent à la maison,

mais moi, ça ne me dérangait pas. Je m'occupais de personnes âgées, mais auraient été calés

sur ceux de l'école. Donc, c'était plus facile avec les six enfants.

Quand on s'est séparé, Jonathan n'était pas proche de son père. Il n'était allé chez lui qu'une

seule fois. Son père s'est remis avec une femme, il s'ont tué deux filles, elle avait déjà une fille de

son côté. Ça faisait beaucoup de monde. Et Jonathan a été marqué par une scène qu'il m'a souvent

raconté. Mal matin, je me suis levée pour aller prendre mon petit déjeuner et je me suis fait

disputer. Il n'a jamais voulu y retourner. Quand j'ai rencontré Florent, Jonathan avait deux ans.

Je lui ai dit tout de suite que j'avais six enfants et que vivre avec moi impliquait bien sûr de

vivre avec eux. Il n'y a pas eu de problème. Et Jonathan a toujours appelé Florent papa.

En fond, Jonathan a été sourd d'une oreille. On ne s'en est pas aperçu tout de suite. On a compris

alors qu'il avait déjà quatre ou cinq ans et peut-être même un peu plus tard puisqu'il a redoublé

le cours préparatoire. En vérité, Jonathan était asthmatique, remplie de végétation. Et donc,

quand il a été opéré, sa surdité allait mieux. Mais il s'est développé comme ça,

calme, timide, dans sa bulle. C'est devenu son caractère. A l'école, il était très bon élève.

Il avait des copains, des copines, pas de problème. Une vie de son art. Mais à la différence des autres

enfants, il aimait jouer seul dans la cour. L'adolescence a été plus compliquée pour Jonathan,

car il avait le dos bossu. C'est une scolioze, madame, très marquée. Il va donc falloir lui mettre

un corset. Il devrait le porter jour et nuit. Un corset jour et nuit à 14 ans ? Oui madame,

c'est indispensable. Il a dû le garder deux ans. Autant vous dire qu'au collège, les autres se

sont bien moqués de lui. En prison, j'ai vu que ça revenait. Il a une petite bosse.

Quand Jonathan a rencontré Alexien, elle devait avoir 17 ans et lui, à peine 21. Au début,

je crois que c'est elle qui a flâché. Un coup de fou. C'est ce qu'elle a dit. Elle l'a invité à son

anniversaire chez elle dans sa maison avec Piscine. Je crois qu'il a été très surpris quand elle l'a

embrassé. Parce qu'il ne se voyait pas beau. Il ne pensait pas que quelqu'un pouvait s'intéresser

à lui. Et puis un jour, il nous l'a présenté. Papa, maman, je vous présente Alexien.

Je l'ai trouvé super bien. Naturel, poli. On voyait qu'ils étaient amoureux et ils avaient l'air de

bien s'entendre. Mais une fois qu'il s'est retrouvé à la faculté de psychologie, ça a été fini.

J'ai senti qu'on est devenus pas assez bien pour elles. Ils ont d'abord pris un appart à

besançons et puis ils sont allés habiter chez les parents d'Alexien. Et à partir de là,

elle n'a plus voulu mettre les pieds chez nous. On était des petits et elle ne s'est jamais

gênée pour nous le faire ressentir. Moi, je n'ai rien dit. Mais je voyais bien que John

Internet était horté. Je le voyais baisser la tête. Jamais il ne s'opposait à elle. Quand

ils ont loué la maison juste à côté des parents d'Alexien, je ne les voyais plus. C'était très

dur. On l'a fait avec. Je suis resté 8 à 10 mois sans voir Jonathan, sans aucune nouvelle. Pour une

maman, c'est difficile. En 2014, par exemple, ils ne sont pas venus fêter Noël avec nous.

Alexien a dit qu'on ne lui avait pas envoyé d'invitation.

Je me souviens d'une scène. C'était en septembre. Jonathan et Alexien étaient venus me voir.

Et dans la cuisine, Jonathan n'arrivait pas à mettre le gaz.

Oh, mon fils, tu es plus fort en informatique pour t'occuper du gaz.

Et Alexien a mal pris. Allez, viens d'au doux, on s'en va. Ta mère dit du mal de toi.

Et ils sont partis sans me dire au revoir. J'en ai pleuré.

J'ai retrouvé récemment, fouillant dans des cartons, un petit carnet où j'avais écrit.

Alexien ne nous aime pas et s'aime la Zizanie, mais on s'en fout.

Quand quelqu'un meurt, on a tendance à ne retenir que le bon et le beau.

Moi, je veux être juste et réaliste. C'est mon caractère, un caractère entier.

Alexien a été quelqu'un de formidable. Ce qui est arrivé est une tragédie.

N'empêche qu'elle n'était pas l'être parfait que ses parents ont voulu dépeindre dans les médias.

Le 28 octobre 2017, Jonathan est passé chez nous vers 9h, 9h15.

Tu vas boire un café, Jonathan ? Non, je ne suis pas bien.

Il avait les yeux tout mouillés. Je voyais bien qu'il n'était pas comme d'habitude, il était février.

Alexien est parti faire un jogging. Ça m'inquiète, elle n'est toujours pas rentrée.

A partir de là, ça se brouille dans ma mémoire. Je vais essayer de me concentrer.

L'hélicoptère a commencé à survoler la zone vers 15 ou 16 heures.

On est restés devant la maison d'Alexien et Jonathan tout l'après-midi, à attendre.

Le lendemain, on a participé à la battue. On voulait tous la retrouver.

Quand on a retrouvé le corps d'Alexien, on est allé chez eux, chez ses parents.

Il y a un truc qui m'a choqué. C'est quand Isabelle Fouillot, la mère,

a dit à la sœur d'Alexien qu'il fallait qu'elle se fasse un brushing,

car elle ne pouvait pas aller à la conférence de presse comme ça.

Dans un moment pareil, ça me dépasse.

La marche blanche, j'y étais, bien sûr, mais en retrait, non exposé.

On ne m'a pas vu. C'est mon caractère. Nous sommes des gens humble, simple,

la lumière médiatique, très peu pour nous.

Aux obsèques, on a beaucoup parlé des larmes de crocodile de Jonathan.

Mais Alexien lui manquait. C'est sûr. C'était très difficile à comprendre.

Mais je sais que c'est la vérité.

Aux obsèques, il y a une scène qui m'a marquée.

A la sortie de la cérémonie, j'ai réussi à coincer Jonathan

pour le forcer à rester un peu près de moi.

Bien Jonathan, on va aller dire au revoir, Alexien.

J'ai mis mes mains sur le cercueil et je l'ai embrassé.

Il était debout à côté de moi. Il semblait chéné.

Mais faisant autant Jonathan sur le coup, j'ai trouvé qu'il a vu beaucoup de mal.

Évidemment, j'ai compris après.

Jonathan n'est pas sorti de chez lui pendant trois semaines.

Et nous, on se relayait pour lui tenir compagné.

Moi, j'y allais souvent le matin et je restais pour déjeuner avec lui.

Il parlait peu ou presque pas. Et quand je l'ai interrogé, il se mettait à pleurer.

J'arrête pas de penser à ce jour où il m'a dit comme ça, comme pour me préparer.

Tu sais maman, je vais peut-être être placé en garde à vue.

Je suis une mari. C'est moi le premier suspect.

Il faut que tu t'attendes à ce qu'il m'emmène.

Mais non, enfin Jonathan, c'est pas possible.

Aujourd'hui, je me dis qu'inconsciemment je m'en doutais, mais que je n'ai pas voulu savoir.

D'ailleurs, dans ma première interview à l'Est République, j'ai dit que ça ne pouvait pas être lui le coupable.

Il faut se mettre à ma place. Jonathan, si douce, si gentil, c'est vertigineux.

J'ai encore du mal aujourd'hui à m'expliquer ça, capacité à tenir sur ses mensonges.

Comment il n'a pas craqué. Je ne lui connaissais pas cette force.

Quand Jonathan a été arrêté et qu'il est parti en prison, j'ai accouru.

Je voulais le voir. Ils ne m'ont jamais laissé passer.

Je suis sa maman. Il reste mon fils point. C'est aussi simple que ça.

C'est un pacte silencieux qui s'élabore au tout départ, alors que l'enfant grandit dans votre vente.

Le protéger, coûte que coûte. Et quand au moment de l'instruction, il s'est mis à accuser sa belle famille,

je pense qu'inconsciemment, il n'a pas voulu me décevoir, moi.

J'ai bien failli ne pas pouvoir assister au procès.

D'abord 15 jours avant, j'ai eu une hernie discale.

Je me suis retrouvé paralysé du bassin jusqu'au pied.

Et deux jours avant, j'étais à l'hôpital et ils m'ont mis sous morphine.

Mais il y a une autre raison pour laquelle j'ai failli ne pas assister au procès de Jonathan.

Mais restriction imposée par l'épidémie de Covid, madame, on qui n'aura pas assez de place. Je suis désolé.

Heureusement, la justice a fini par nous trouver une place.

Et donc je suis arrivé au palais de justice de Vezoul en fauteuil roulant.

Moi qui voulais être discrète et éviter les journalistes, c'était pas idéal pour rester incognito.

Bonjour madame. Vous pouvez nous présenter une pièce d'identité, s'il vous plaît, avant d'entrer dans la salle ?

Merci. Allez-y.

Moi, à ce moment-là, mon esprit est ailleurs.

Je pense à Jonathan, à sa vie ratée.

Et Alexia, bien sûr, à sa vie brisée.

Faites entrer et l'accuser.

Assises dans la salle d'audience. Je ne l'ai pas lâché.

Je l'ai regardé tout le temps. J'étais fixé sur lui.

Même si, le plus souvent, il avait la tête baissée.

Mais je sais qu'il sentait mon regard.

Tout au long des débats, j'ai souvent été chéné.

Par exemple, quand il a été mis sur la place publique, que mon fils était impuissant.

Je me suis dit que ça ne regardait pas la France entière.

Et quand la merde Alexia a dit à la barre que mon fils n'était pas un homme devant tout le monde,

avec les journalistes, la caisse de résonance était énorme.

L'audience est reprise. Vous pouvez vous asseoir.

Personnellement, je m'étais dit que Jonathan ne bougerait pas.

Je ne m'attendais à rien de spécial de sa part.

Mais je savais qu'il allait être écrasé par tout ça.

Lui, il voulait juste dire ce qu'il avait fait.

C'est-à-dire le meurtre et connaître la peine à laquelle il allait être condamné.

On savait que la famille d'Alexia allait nous accuser avec de mauvaises paroles.

Mais entendre les méchancetés comme on les a entendu, c'est très dur.

Parfois, je ferme les yeux et je les entend encore.

Eux, ils ont perdu leur fille et ils ne la reverront jamais.

Nous, Jonathan est là. Alexia, elle n'est plus là.

Ça n'est pas comparable.

Mais nous aussi, on est sidérés et dans une immense peine.

L'audience est levée. Elle reprendra demain matin à 9h00.

J'écoute la justice décortiquée la vie et la vie secrète de mon fils.

Et j'abrends beaucoup de choses.

Même si nous étions très proches, Jonathan et moi,

un fils ne dit pas tout à sa maman.

Par exemple, pour le bébé, la fausse couche d'Alexia en 2015,

qui a tant marqué de ses enfants.

Il a dit qu'il n'y avait pas d'autres enfants.

Mais pour le bébé, la fausse couche d'Alexia en 2015,

qui a tant marqué de Jonathan.

J'étais pas au courant avant le crime.

J'ai aussi appris que quand il vivait à Besançon,

Alexia l'a mis dehors et qu'elle a rencontré un cuisinier

avant qu'il ne décide de se remettre en sang.

Je me rends compte que mon fils a toujours cherché

à me mettre de côté pour ne pas me faire de mal.

On croit connaître ceux qui y sont les plus proches.

Et en fait, ils ont parfois un immense jardin secret.

Et puis, lorsque Jonathan a eu une côte cassée,

à la suite d'une altercation avec Alexia en 2016,

il m'a dit qu'il était tombé dans la baignoire.

Là-bas, je l'ai cru. Alexia, toute menue,

toute blonde et mignonne.

Je la voyais pas du tout tapé Jonathan.

J'ai appris au tribunal, par les experts,

que mon fils avait deux personnalités.

C'est très étrange, ça, pour une maman.

Je me dis qu'il y a encore beaucoup de choses qu'on ne sait pas.

C'est très bizarre d'être spectatrice d'une scène

où l'on disait que votre vie,

comme quand l'experte psychologue dit...

Jonathan Aral, voyez-vous, est quelqu'un de très immature,

qui est passé d'une relation sabiotique à la mer,

a eu une dépendance affective envers ses beaux parents et sa femme.

L'expert psychiatraux aussi a parlé de moi.

Il voit sa mère comme quelqu'un d'assez costaud,

assez dur et forte.

Dure ? Bon.

...

J'ai très mal vécu l'audition d'Isabelle Fouillaud,

la mère d'Alexia.

Madame, vous n'avez pas à juré de dire la vérité,

puisque vous êtes la mère de la victime ?

Nous vous écoutons.

Elle a dit à mon fils dans le boxe

qu'il n'était en somme pas un homme

et qu'il n'avait qu'à retourner chez sa mère.

Je restitue, mais c'est comme ça que je l'ai ressenti.

Il faut le dire, un truc pareil, à son genre.

...

Au procès, c'était étrange,

parce que ça faisait deux clans.

La famille d'Alexia et notre famille.

Ils ne nous disaient jamais bonjour.

Ils nous croyaient complices dans l'affaire ou quoi.

Comme si le meurtre ne suffisait pas.

Comme si ça n'était pas déjà assez horrible.

...

Madame Henry, nous vous écoutons.

Lors de mon audition, à la barre,

j'ai été sacrément chahuté par les avocats de la partie civile.

Je me suis senti traité,

comme si j'étais en quelque sorte complice,

comme si j'étais dans le boxe aux côtés de mon fils.

Alors que je n'irai pas jusqu'à dire que je suis victime.

Je ne veux pas me mettre sur le même plan que les parents d'Alexia.

Mais je la subis, cette situation.

Jonathan, je l'ai mis au monde.

Je l'ai élevée.

Et je l'aime.

Mais c'est tout.

...

Quand Jonathan a été condamné à 25 ans de prison,

son avocat à Randall faire d'or fer m'a appelé.

En votre connaissance, il voulait te faire un peu ?

Non.

Non, non, je ne pense pas Randall.

Je ne pense pas qu'il supportera de revivre une semaine comme celle-là.

Jonathan a préféré retourner dans le confort du silence.

...

Quand Jonathan est allé en prison après son arrestation,

ça tout de suite était une évidence.

Il fallait que j'aille le voir au Parlois.

Enfin, quel genre de mère serait-je si j'abandonnais mon fils ?

Je condamne son acte, mais il reste mon fils.

On a mis plusieurs mois à nous accorder un permis de visite.

Et en avril 2018, on a pu enfin aller le voir à la maison d'arrêt de Dijon.

Il a fallu qu'il mette en place un dispositif spécial

pour que ces parloirs ne soient pas en même temps que les autres.

Pas parce qu'il était dangereux,

mais parce qu'il était le détenu le plus médiatisé de la prison.

La première fois qu'on est allé le voir,

les surveillance nous ont mis en condition.

On vous prévient, madame.

Jonathan, pas celui que vous avez connu quand il est porté en prison.

Vaut mieux que vous le sachiez.

Il nous en donnait un mouchoir et un verre d'eau.

Et on a eu l'impression d'entrer dans une arrêt.

Heureusement qu'il nous avait prévenu.

On a eu très peur.

Un squelette.

Il ne pesait plus que 30 kilos.

Il nous a dit qu'il avait pensé qu'on ne viendrait jamais le voir,

qu'on allait le laisser tomber.

Et il nous a fait comprendre qu'il s'était laissé mourir.

Papa, maman, vous allez revenir ?

Cette question, on ne se l'ait jamais posé.

C'était une évidence.

Quoi qu'il ait fait, on sera toujours là pour lui.

Quand il était à Dijon, on allait le voir plusieurs fois par semaine.

Tous les mardi et tous les jundis.

C'était étrange à dire.

Mais la prison, c'est une ambiance assez familiale.

On finit par connaître les surveillants.

Et on a tout de suite senti qu'il le protégeait.

Vous savez, Jonathan, je pense qu'il n'a pas sa place ici.

On prend du tout le profil d'un criminel, même pas d'un hélico.

Et j'ai trouvé très délicat de leur part, qu'il trie son courrier.

Pour ne lui mettre que le bon, c'est-à-dire les lettres de soutien,

mettre de côté le mauvais, c'est-à-dire les lettres de menace ou d'insulte.

Dans notre malheur, on a vécu de bons moments en prison.

Et on a fait de belles rencontres.

Je ne pensais pas dire ça un jour.

Mais là aussi, il y a du positif.

Là, a sorti la fin de la peine.

Pour Jonathan, c'est trop tôt.

Il ne se projette pas du tout.

Avant le procès d'ailleurs, ces avocats étaient étonnés.

Il n'a jamais cherché à savoir combien de temps il allait passer en prison.

Il a toujours pensé qu'il méritait ça par rapport à ce qu'il avait fait à Alexia et à sa famille.

Mais moi, je m'en ai parlé de sa vie future, de sa deuxième vie quand il saurait dehors.

Il faudra avoir moi de secret, Jonathan.

Essayez de parler davantage, comme te le dit ta psychologue.

Tu sais maman, j'en suis pas encore là.

J'ai encore plein d'années à passer ici.

Les remises de peine, il ne veut même pas en entendre parler.

Mais moi, j'ai calculé.

Il a encore au moins 11 ans à faire, 8 au minimum.

Aussi insupportable que ce soit pour les proches d'Alexia.

Jonathan aura une vie après.

Aujourd'hui, Jonathan est incarcéré à NCSYME en Alsace.

Et c'est qu'aux détenus sont des célébrités, un patrice à l'aigre, Guy George.

Il paraît d'ailleurs que Guy George est très sympa.

Vous vous rendez compte.

Je n'aurais jamais pensé un jour prononcer cette phrase.

Guy George est très sympa.

Mais au vu de ce qui s'est passé,

j'ai plus du tout les mêmes frontières.

Je vois l'homme d'une part et l'acte d'autre part.

Je vous ai raconté l'affaire d'Aval à travers le regard de sa mère,

Martine Henri, à qui j'ai en quelque sorte prêté ma voix.

Sans trahir ces mots.

Et donc, j'ai tiré ce récit du livre qu'elle publie aux éditions Michelon.

Moi, maman de Jonathan,

livre qui a été co-écrit avec une journaliste du journal de dimanche

qui s'appelle Plana Radénovic.

Pourquoi est-ce que vous avez ressenti le besoin ?

Parce que j'ai l'impression que c'est un besoin d'écrire ce livre.

C'est ça, c'était un besoin.

J'avais comme une boule, j'avais quelque chose qui sort.

Donc, j'ai vu avec les avocats qui m'ont conseillé Plana.

Et puis, ça m'a fait une thérapie.

Du bien.

Du bien, oui.

Mais vous écrivez ce livre, cette boule-là.

Elle vient du fait que les parents d'Alexia ont fait un livre aussi ?

Pas du tout, ça n'a rien à voir avec...

Non, non, ça n'a rien à voir avec les parents d'Alexia qu'on fait un livre.

Vous l'avez lu, le livre d'ailleurs ?

Oui, je l'ai lu.

Les parents d'Alexia ?

Oui.

C'est pas très sympathique, envers moi.

Parce qu'on sent que vous avez des comptes à régler.

Avec les parents d'Alexia, non pas parce que vous niez leurs souffrances.

Vous répétez à plusieurs reprises que vous avez de la compassion,

énormément de compassion pour eux.

Mais parce que vous a l'air de considérer qu'ils ne se sont pas bien comportés.

Non, pas du tout.

Je n'ai pas fait le livre pour rendre des comptes aux parents d'Alexia.

J'ai dit, moi, que j'avais en vérité.

Parce que vous avez l'impression qu'on n'a pas raconté cette vérité-là ?

Tout n'avait pas été raconté correctement, oui.

Par exemple ?

Et bien, pour la coute cassée, qu'est-ce qu'il y avait encore ?

Vous savez, j'ai dit tout le temps.

Je ne sais plus.

Pendant les trois mois qui mènent à l'arrestation de Jonathan,

quel type de rapport est-ce que vous avez avec les fouillots ?

On ne parlait plus du tout.

Du tout ?

Non, je n'ai plus jamais revu.

C'est-à-dire que de la découverte du corps d'Alexia ?

C'était fini.

Vous les avez plus revu jusqu'au procès ?

Oui, c'est ça, c'est exact.

Pour quelle raison ?

Parce que le malheur vous unit en l'occurrence,

à ce moment-là, avant l'arrestation de Jonathan ?

Oui, mais Jonathan, le meurtrier de leur fille.

Ils ne le savent pas encore.

On ne peut pas dire qu'ils ont soupçonné quoi que ce soit,

avant l'arrestation de Jonathan.

Non, parce qu'ils adoraient Jonathan.

Là-dessus, je ne le dis pas. Ils adoraient Jonathan.

J'ai été aller voir un coup à leur bar.

Et puis, je lui ai dit, je ne sais pas ce qui peut se passer,

si Jonathan peut venir être accusé.

Oui, il faudrait au moins que je sache.

Je voulais me prendre un avocat pour me porter en partie civile.

Et Mme Fouillot, c'est...

Il m'a crié dessus en disant,

il faut arrêter ces infuppalations-là.

Il ne faut pas psychoter, puis elle est partie.

Puis je suis restée en pleurant avec Jean-Pierre.

Cette scène veut dire deux choses.

Que vous, alors même que Jonathan n'a pas été encore arrêté,

ni soupçonné de quoi que ce soit.

Vous, vous avez déjà un doute ?

Vous pensez, je ne m'en ai pas ressenti comme ça.

J'ai jamais eu aucun doute.

Vous allez quand même les voir en disant,

si jamais Jonathan...

Oui, parce que lui, il me disait tout le temps

qu'il pouvait être emmené à tout moment.

Il y a aussi un conflit social entre votre famille et la leur.

Vous parlez, par exemple, de leur maison avec piscine.

J'ai une maison, une piscine aussi.

Alors, vous voyez, ce n'est pas la maison.

Vous dites en parlant d'Alexia, on n'était pas assez bien pour elle.

Oui, mais vestimentaire et argent.

Ils ont plus d'argent que vous.

Oui, on est des travailleurs.

Mais aussi, ils sont des travailleurs.

Ils ont un peu ému à Gré-la-Ville, c'est pas Versailles non plus.

Non, c'est pas Versailles, mais...

La maman d'Alexia vient d'une famille aisé.

Et vous trouvez que ça a pesé ?

Moi, ça m'a pas pesé, mais...

Alexia nous avait fait ressentir ça.

Vous pensez qu'elle vous prenait pour des ondouilles ?

Je ne sais pas pourquoi elle nous a jamais rien dit,

mais elle nous a fait voir qu'on n'était pas de la même classe.

Est-ce que d'une certaine manière, Alexia et ses parents,

vous ont enlevé Jonathan ?

Ils me l'ont enlevé un petit peu quand même,

puisqu'il n'avait plus le droit de venir à la maison.

Et puis, Alexia ne voulait plus du tout qu'ils mettent les pieds chez nous.

Et puis, les parents l'ont pris Jonathan comme un fils,

mais ça, ça m'a pas fait de mal du tout.

Au contraire, ils adoraient Jonathan.

Ça lui a peut-être fait du bien ?

Jonathan, sûrement, je ne sais pas.

Mais eux, ils adoraient Jonathan comme leur fils.

Là-dessus, j'ai rien à dire.

Mais vous, de ne pas le voir, ça vous blessait ?

De ne pas le voir, oui.

Il y avait quelque chose de bizarre dans cette relation quand même.

Dans un fils qui est aimé par sa mère,

on a zéro doute quand on a lu votre livre.

Mais qui, et puis qui a trouvé un père de substitution,

et qui est votre compagnon,

mais qui a investi ses beaux-parents d'une manière irraisonnable,

trop affective.

Ben, eux l'ont pris, je vous dis, comme je viens de vous dire,

comme leur fils, ils formaient un beau couple avec Alexia,

donc ils l'ont bien aimé.

Après, ça, il faut leur demander à eux,

pourquoi, moi, je ne peux pas vous répondre à ça ?

L'hyper-médiatisation de cette histoire.

Bon, moi, c'est un truc que je n'avais toujours pas à comprendre,

et je crois que je connais bien le milieu criminel.

Est-ce que vous, vous avez une explication ?

Ah, bonne question.

Qui sait qu'il les a fait venir ?

Je ne sais pas.

Ben, moi non plus.

Bonne question.

Pourquoi est-ce que BFMTV décide du jour au lendemain

que cette affaire devrait être feuilletonnée

d'un bout à l'autre ?

Peut-être parce que Stéphanie habitait en face,

le même palier en face de M. Dominique Rizet,

ils étaient très amis, peut-être qu'elle les a appelés,

mais je dis bien, peut-être, je n'accuse personne.

Qui est Stéphanie ?

La sœur à Alexia.

Elle habitait en face de chez Dominique Rizet ?

Oui.

Qui est donc le spécialiste-justiste de BFMTV

et mon vieux compère.

Vous, vous tenez quelle position face à ces journalistes

qui sont là par dizaine ?

Vous savez, moi et les journalistes,

j'avais jamais eu affaire à des journalistes.

Donc moi, je restais dans mon coin.

Mais ils viennent sonner chez vous ?

Oui, ils viennent sonner, mais je leur disais

que je ne voulais pas parler.

Vous parlez à l'aise républicaine ?

Ah, mais ça, c'est beaucoup plus tard.

Beaucoup plus tard ?

Ah oui.

Au début, rien.

Rien.

Pas un mot.

Les parents d'Alexia, eux, parlent.

Ils font des conférences de presse tout de suite.

Oui, mais bon, c'est leur choix.

Et en même temps,

ce sont les parents de la victime, c'est-à-dire.

Oui, aussi.

Ça les positionne différemment.

C'est ça.

Vous répétez à plusieurs reprises

que vous êtes sa mère

et que votre rôle est de le protéger.

Vous racontez d'ailleurs avec des très jolies mots

que c'est un pacte

qui, ce, nous, au moment où vous l'avez eue dans le ventre

et je me demandais si vous avez pensé

à un moment que les gens ne pouvaient pas comprendre ça.

Parce que moi, je pense que les gens peuvent comprendre ça.

C'est normal.

Une maman protège ses enfants.

Pour moi, c'est normal.

Mais vous pensez que pour les gens, c'est pas normal ?

Ah, mais moi, les gens, ils pensent à ce qu'ils veulent.

Je sais pas.

Autour de vous, vous avez senti, par exemple,

que les gens disaient quand même

pourquoi ils le protègent comme ça.

Il a quand même tué.

Je n'ai jamais eu

ni entendu une réflexion comme ça.

De tout mon entourage.

Tout le monde a compris

que vous vouliez le voir en prison.

Ah ben oui.

Tout le monde a compris.

Moi, je n'ai jamais rien dit du tout.

J'ai toujours été protégé là-dessus.

Enfin protégé, je sais pas.

Mais on n'a jamais rien dit.

On a continué à me parler.

Comme de rien.

Comme de rien.

Donc personne ne vous a jugés là-dessus ?

Non.

Et c'est normal.

Chaque maman peut comprendre

que quoi que fasse son enfant

ou chaque papa aussi d'ailleurs,

que quoi que fasse son enfant,

on le protégera jusqu'au bout.

C'est normal pour moi.

Petite parenthèse sur la hernie discale.

Moi, j'ai eu la même chose.

C'est la troisième.

Ah ben moi, j'en ai fait deux.

Vous avez gagné le concours.

Et un médecin m'a dit un jour

quand on a mal au dos,

c'est qu'on en a plein de dos.

Oui, ça, on le dit.

Oui, j'ai déjà entendu ça.

Quand arrive le procès,

vous êtes dans un état de tension.

Sans m'en rendre compte,

parce que je vous assure,

je me sentais pas...

Je me sentais pas plus se stresser que ça,

mais après, plus loin,

j'ai compris que c'était mon corps

qui avait réagi.

En plus, je m'occupais

de ma maman qui n'allait pas bien tout le temps.

Ça me faisait beaucoup de choses en même temps.

Alors, il faut qu'on parle,

il vous le dit dans le livre

pour vous, c'est très délicat,

parce que normalement,

une maman doit pas parler de ça,

mais tout ça est public

au-delà de ce que vous vouliez.

Il faut qu'on parle de cette capacité

de votre fils à contenter

sexuellement Alexien,

dont il parle lui-même

dès le premier jour.

Il nous parle lui,

enfin, il parle au gendarme

de problèmes de direction.

Mais est-ce que la vérité,

ça n'est pas que Jonathan

n'est pas du tout attiré par les femmes

et qui s'est mis en se mariant

avec Alexien

dans une impasse ?

Est-ce que c'est une idée

qui vous a traversé l'esprit ?

Pas du tout.

Et aujourd'hui non plus ?

Oh bah non.

Non, parce qu'il avait bien

un problème de direction.

Il avait bien un problème de direction ?

Ah oui, il a été soigné pour ça.

Ça s'est dit au procès.

Mais ce que dit Alexia,

y compris dans l'ASMS,

qu'elle envoie

à ses copines, etc.

Elle dit,

j'ai voulu qu'on fasse l'amour,

en gros, et il s'est retourné

dans le lit.

C'est donc le signe de quelqu'un

qui est gêné par la sexualité,

peut-être avec les femmes,

ou avec elle.

Ça là-dessus, j'étais pas

dans leur maison,

je ne peux pas rentrer

dans tout ça,

je ne peux pas vous répondre

à tout ça.

S'il était homosexuel,

ça serait un problème pour vous ?

Oh bah pas du tout.

J'ai toujours dit,

si on veut garder nos enfants,

il faut les accepter

comme ils sont.

Donc si vous l'avez dit avant,

maman, excuse-moi,

je suis gay,

il n'y aurait pas eu de soucis ?

Bah non.

Alors peut-être qu'il s'est collé

des blocages lui-même.

Mais cette piste,

vous n'intéresse pas,

vous n'y croyez pas.

Non, pas du tout, non.

Parce que vous en avez parlé

avec lui ?

Oui.

Pas facile ça.

Bah non, mais on en a parlé.

Ah peut-être qu'il est

encore fermé comme une huître,

sur le sujet.

Non.

Plus maintenant.

Oh non.

Alors l'expert psychologue

vous donne

une petite part

de responsabilité.

Il parle d'une relation

symbiotique.

Qu'est-ce que vous avez

à dire là-dessus ?

Vous avez été une mère

envahissante

à l'égard de votre fils ?

Bah envahissante, non,

pas plus qu'avec

mes autres enfants.

Oui, vous en avez six autres,

quand même.

Je les couvrais peut-être

un peu plus

comme me disent mes enfants

parce que

comme il était sourd,

qu'il ne nous entendait pas

donc j'ai bousculé.

Après il est devenu,

il était asthmatique,

il a eu plein de problèmes.

Je l'ai peut-être couvé

un peu plus.

Mais je n'ai jamais été...

Mais c'est pas un fils unique.

Ah non, c'est pas un fils unique.

J'y avais déjà cinq avant lui.

Il y a un après.

Puis il y en a eu un après.

Oui.

Donc non.

Et les relations

avec vos autres enfants ?

Ils sont fréresseurs,

ça va très bien.

Nickel.

Oui, même avec...

On ne dit pas le mot

demi-frère.

Avec le dernier,

ils sont tous fréresseurs.

Mais tout, j'ai toujours très bien passé.

Alors pour vous,

Martin Henry,

comment se passe le crime ?

On a évidemment

pleine version

qui sont des interprétations.

Jonathan dit,

ça a dérapé.

On s'est engueulé,

ça a dérapé.

Jean ne pouvait plus.

Il m'a dit que j'étais pas un homme.

Je lui ai frappé la tête

contre le mur,

et puis je l'ai étranglé.

Le procureur, Emmanuel Dupich,

dit,

il voulait la tuer.

Il voulait la tuer.

Il avait un plan pour la tuer.

C'était dans sa tête.

C'est pas un assassinat,

ou son sourire n'a pas.

Préméditer le crime,

je vais la tuer ce soir-là,

à tell heure.

Mais il avait l'idée

dans sa tête.

Qu'est-ce qui s'est passé

selon vous ?

J'y étais pas.

Donc moi,

qu'est-ce que vous voulez

que je vous dise

ce qui s'est passé ?

Pour moi, il a eu

un rat de bol.

Oui.

Pétage de plomb.

Oui.

L'idée que

qu'il est prémédité quelque chose,

vous paraît impossible.

Oh ben oui.

Mais est-ce qu'il faut pour autant

salir la mémoire d'Alexien ?

J'ai sali la mémoire d'Alexien ?

Non.

Mais

dire qu'elle le frappe et...

D'ailleurs, c'est la vérité.

Moi, j'ai dit la vérité.

Je vais pas te dire de mensonge.

C'est sa vérité.

Est-ce que c'est la vérité ?

Je dirais pas de nom,

mais

dans la famille,

quand ils ont fait un Noël,

non, un nouvel an,

chez eux,

Alexia a quand même avoué

qu'elle avait tapé Jonathan,

celle qui a cassé les côtes.

C'est pas moi qui l'ai inventée.

Donc vous, vous restez convaincu

que c'est un couple

qui, par en sucette,

une femme violente ?

Je dirais pas une femme violente,

je ne l'ai jamais vu,

la taper.

Le taper.

Mais il y a des choses,

quand même, qu'elle a dit.

Et que cette dame-là devait dire au tribunal,

mais elle s'est mise à pleurer,

elle n'a pas pu.

Il y a un passage très fort

vers la fin du livre

et vers la fin de mon récit.

C'est ce passage,

vous n'osez pas dire que vous êtes victime,

et vous dites à juste titre,

je ne peux pas me dire victime,

en comparaison avec ce qu'on véhicule

et les parents d'Alexia,

mais vous dites quand même

j'ai subi tout ça.

Oui, on a subi

l'amour d'Alexia,

on a subi Alexia,

elle faisait partie de nous quand même.

Donc on a subi quand même.

Et puis vous avez subi,

la responsabilité de votre fils.

Voilà.

Mais j'en suis aucunement responsable.

Mais ça vous met du coup,

et vous voulez que ce soit reconnu,

dans une souffrance

qui vous paraît

recevable,

normal.

Oui.

Sauf qu'on ne vous le reconnaît pas.

On ne reconnaît pas votre souffrance.

Non.

Non.

Je suis la maman d'un meurtrier.

La maman d'un meurtrier,

elle n'est pas reconnue en rien.

Elle doit subir, c'est tout.

Ça a beaucoup changé votre vie.

Oui, bien sûr.

Familial ?

Non, pas familial.

Nos projets, ceci, cela,

on vit d'une autre façon.

Plus recroquevillé ?

Non, je dirais pas recroquevillé,

parce qu'on sort quand même.

Non.

Mais tout a changé.

On ne fait plus de projets.

Nos week-ends qu'on doit aller voir

Jonathan, bon, ils sont réservés à lui.

Oui, parce qu'il faut que vous alliez

voir si ça, c'est pas la porte à côté.

On a 2h15.

2h15 de route.

Et vous y allez tous les week-ends ?

Non, pas tous les week-ends.

Parce que moi, je travaille un week-end sur deux.

Vous travaillez toujours ?

Moi, je travaille toujours.

Les gens dont vous vous occupez,

les personnes âgées.

Vous n'avez pas des personnes âgées,

c'est des enfants.

Ah oui, y a longtemps.

Et les collègues qui vous en parlent,

comment ça se passe ?

Les gens, ils osent.

Ils connaissent Jonathan.

Les parents des enfants que j'ai

ont été à l'école

depuis le début avec Jonathan.

Alors vous écrivez,

c'est la fin de votre livre,

c'est la fin du récit,

que Jonathan vous a dit

Guy Georges, il est sympa.

Mais c'est moi qui le dis aussi.

Il me dit bonjour.

Guy Georges vous dit bonjour.

Oui, il vient nous tendre la main,

il nous dit bonjour,

il nous demande comment on va.

Le respect à la politesse,

c'est de lui répondre.

Moi, il m'a rien fait,

il était jugé.

Il se passe quoi dans votre tête ?

Parce que vous dites vous-même,

je ne pensais jamais.

Mais je ne le connaissais pas du tout.

Vous saviez qu'il avait tué cette femme ?

Mais non.

Il a fallu qu'il y ait une sissame

pour savoir qu'il avait fait ça.

Je ne m'intéresse pas tout ça.

J'ai dû en entendre parler,

ça c'est sûr.

Ah ça je confie.

Ou alors vous étiez sourd.

Mais je l'ai oublié ça moi.

Mais ce qui est intéressant,

c'est que vous arrivez quand même

à un point qui est peut-être,

je ne sais pas,

d'être un progrès dans votre vie,

c'est-à-dire de pouvoir formuler

que l'homme a commis des horreurs

et que l'homme n'est pas un salaud

pour autant profondément.

Oui c'est un peu ça.

Et vous voudriez...

Ça dépend,

il ne faut pas s'attaquer à des enfants par contre.

Ah non, là il ne faut pas toucher aux enfants.

Quelqu'un qui touche aux enfants,

j'aurais plus de mal.

Les femmes c'est bien pareil que les enfants,

comme les hommes.

Les personnes âgées c'est pareil.

Oui mais je veux dire,

quelqu'un qui tue des enfants,

là-dessus j'ai du mal.

Et en prison,

vous savez que ceux qui tue des enfants,

et qui sont à N6A,

Oui il y en a.

Il y en a.

Oui, il y a de tout à N6A.

Et ils se font sacrément

maltraités par les autres détenus.

Ça je ne sais pas.

On n'en parle pas,

on n'entend pas parler.

Alors vous osiez parler

de la sortie de prison de Jonathan,

qui va...

Non, là-dessus j'ai toujours dit

que je ne me projetais pas

dans sa sortie.

Si vous avez calculé

au mieux huit ans au pirons.

Non, je ne sais pas

d'où vous sortez ça,

mais j'ai jamais calculé

combien de temps.

C'est écrit dans le livre.

Je n'ai rien inventé du tout.

Je n'ai pas le livre

sous les yeux,

mais moi dans mon texte

je tirais tout du livre.

On ne va pas les vérifier maintenant.

Non, je ne projetais pas

dans sa sortie.

On ne sait pas encore

pour combien de temps

il en a.

Donc on ne se projette pas

dans sa sortie.

25?

Il a 25 ans.

On enlève 5 d'entrée.

On dévisse par 2,

ça fait 10.

Ça fait...

Ben, moment, je...

Et peut-être 8.

Effectivement.

Je ne vais pas me projeter

là-dedans.

Vous savez pourquoi

je ne vais pas me projeter?

Parce que admettons,

comme vous me dites,

peut-être 8.

Et s'il sort dans 12 ans,

eh ben, ça fait du mal.

Parce que vous,

vous n'attendez qu'une chose

qui sorte.

Oui, mais dans le temps

qui sera,

qui sera.

Je ne vais pas me prolonger.

Je ne vais pas me mettre

dans la tête

qui va sortir plus tôt.

Parce que s'il ne sort pas,

ça fera du mal.

Ça nous fera du mal.

Donc non.

J'ai fait comme pour le procès.

Le procès.

On s'était mis la tête

dans la tête 30 ans.

Oui.

Il a eu 25.

On était contents.

Sans peine de surter.

Oui.

Donc là,

s'il sort

dans 8 ans,

dans 9 ans,

dans 10 ans,

dans 12 ans,

ça, je ne le sais pas.

Et je préfère me mettre

sur 12 ans et demi,

mais jusqu'à 13 ans,

que de me dire dans ma tête,

non, il sortira 8 ans.

Non.

Il en aura de questions.

Quand vous avez dit,

c'est normal.

C'est sa peine qui était

demandé.

On fait avec.

Il a demandé perpétuité,

l'avocat génie.

Oui, mais il a eu 25.

Nous,

on s'attendait à 30.

On était partis là-dessus.

Il a eu 25.

C'est normal.

C'est normal.

C'est le juste prix

de ce qu'il a fait.

Écoutez,

il a quand même fait un meurtre.

Vous aurez voulu

qu'il est combien, vous?

A moi, rien du tout.

Je ne veux jamais rien.

Je vous remercie beaucoup.

Martin Henry,

d'avoir raconté comme nul,

ne l'avez jamais fait avant vous.

Ce que c'est que d'être la maman

d'un meurtrier.

Et je rappelle le titre de

ce livre qui s'appelle

Moins Maman de Jonathan,

qui paraît aux éditions Michelon

et qui a été coécrit

avec Plana Radénovic.

Des centaines d'histoires disponibles

sur vos plateformes d'écoute

et sur europein.fr.

Sous-titres réalisés par la communauté Amara.org

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Un dernier point de vue sur ce dossier et ça n’est pas le moins intéressant. Celui de la mère de Jonathann Daval, Martine Henry.