Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Daval : L’enquête - Le récit
Europe 1 8/21/23 - 33m - PDF Transcript
Je n'ai personnellement jamais compris pourquoi l'affaire Daval avait été à ce point médiatisé.
Je vous raconte tous les jours des affaires criminels aussi intéressantes, voire plus.
Mais finalement on peut rapporter ce qui est fait et fait.
Et quoi qu'il en soit, c'est une affaire qui ne manque pas d'intérêt.
Je vais vous raconter l'enquête.
Et pour le débrief je ferai appel à Emmanuel Dupis qui était à l'époque procureur général à Vezoul
et qui a été l'avocat général au procès d'Aval interviewer à retrouver dans un deuxième podcast.
J'ai écrit cette histoire avec Thomas Audoir, réalisation Céline Labras.
Europe 1. Christophe Fondelat
Le samedi 28 octobre 2017, dans l'après-midi, un homme se présente à la gendarmerie de Gré-la-Ville en Hudson.
Il s'appelle Jonathan Daval et il vient signaler la disparition de sa femme, Alexia.
Elle est partie faire un footings ce matin et elle n'est pas revenue.
Et depuis pas de nouvelles.
Il était quelle heure quand elle est partie courir ?
Neuf heures, je dirais. Oui, c'est ça.
Neuf heures. D'accord.
Vous pouvez nous la décrire ?
Oui, elle est blonde avec des cheveux millions, un mètre 70.
Oui, mince.
Les vêtements qu'elle portait pour aller courir, vous en souvenez ?
Oui, un short noir avec un gilet et dessous, je crois, un petit short gris.
C'est tout ?
Non, elle avait aussi des baskets rospétantes et puis des lunettes rouges aussi.
Et vous savez où elle a l'habitude de faire son jogging ?
Oui, bien sûr.
Jusque là, on est dans une affaire de disparition classique.
Et donc Jonathan Daval rentre chez lui et on lui donnera des nouvelles si on en a.
Sauf que d'entrée, une petite lumière rouge s'allume dans la tête des gendarmes.
Il faut qu'on l'aille à l'œil, celui-là.
Ce serait pour le premier à venir nous signaler la disparition de sa femme alors qu'il l'a tué.
Il faut qu'on le revoie cet après-midi, ce gars-là, ok ?
L'après-midi, Jonathan Daval est de retour face aux gendarmes.
Et d'entrée, il y va tout seul.
Il faut quand même que je vous dise quelque chose.
Avec Alexien, ça va pas trop bien ces derniers temps.
D'accord.
Et c'est lié à quoi ?
Au fait, je pense qu'on n'arrive pas à avoir d'enfants.
Elle voit d'ailleurs un gynécologue qui lui a donné un traitement hormonal.
Et puis, vous devez savoir que moi, par ailleurs, j'ai des problèmes d'érection.
D'accord.
Et ça a quel conséquence dans votre couple ?
Puis quelque temps, je sais pas si c'est le traitement,
mais disons qu'elle a des accès de violence.
Avec qui ? Avec vous ?
Oui, oui, avec moi.
Ça lui arrive de me frapper d'ailleurs.
Regardez, je dis pas de bêtises.
Et là, il montre son bras droit au gendarme.
Effectivement, il y a des traces.
Des ématomes, des griffures et une morceur.
Et ça, ce serait pas séquence.
Ces coups qu'elle vous en réportait.
Hier soir, on est allés manger une raclette chez ses parents.
Et en rentrant, on s'est disputés.
Mais pourquoi Diable ?
Est-ce qu'il raconte tout ça au gendarme qui ne lui ont rien demandé ?
Que ça n'allait pas trop entre qu'elle le battait,
qu'ils se sont disputés la veille.
Et que donc, ils bandent le mot.
Le lendemain, les gendarmes sortent le grand jeu.
Ils organisent une grande battue,
avec des chiens, un hélico, des drômes.
Tout le village où presque est là, en randonnions,
à battre la campagne, à refaire, mètre par mètre,
le trajet supposé d'Alexia pendant son fouti.
Et pourquoi tant de monde ?
Eh bien parce que le père d'Alexia, Jean-Pierre,
tient le PMU sur le Ketson.
Et que sa mère est conseillère municipale.
C'est un gros bourgret.
Cinq mille habitants.
Tout le monde où presque connaît Alexia et son mari Jonathan.
En revanche, je ne suis pas sûr que tout le monde soit au courant
que Jonathan a eu une tric façon Chamalo.
À partir de là, se passe un truc qu'aujourd'hui encore,
je suis incapable d'expliquer.
Les médias fondent sur cette disparition,
comme la V-Roll sur le Baclerger.
Alors qu'à ce stade, Alexia est juste disparue.
Pas encore morte.
Et que son mari Jonathan n'est qu'un marié fondré.
Et pas encore un meurtrier.
Et puis tout ça, se passe à Gré-la-Ville, en Haute-Saune,
un coin de France où les journalistes parisiens
ne fit jamais les pieds.
Le sadrome de la jogueuse disparue, nous dit-on.
Bof, bof, bof.
Quoi qu'il en soit, les baveux ont envahi le village.
À partir de maintenant, ils sont témoins
et aussi un peu acteurs de cette affaire.
D'autant qu'il y a du nouveau,
ils ne vont pas regretter le déplacement.
On vient de retrouver un cadavre dans le bois des moulins,
un cadavre dissimulé sous des branches et sous un drap,
à un kilomètre de la route la plus proche.
Un cadavre de femme, avec des basquettes roses,
couché sur le dos,
calciné sur toute la partie supérieure.
Regarde.
On a des traces de pneus, là, assez nettes.
Hé !
Isolez-moi tout cet endroit-là
et demandez qu'on prenne l'empreinte des pneus.
Et maintenant,
il va falloir le dire au mari et au parent.
Alexia est morte
et tout pour t'accroir qu'elle a été assassinée.
Il ne faut pas traîner parce que les baveux sont déjà sur le cou.
Il ne faudrait pas que la famille l'apprenne par la ratio.
Alors, qu'est-ce qui est arrivé à Alexia ?
De quoi est-elle morte, d'abord ?
Le légiste rend son verdure.
Elle a été asphyxiée.
D'accord.
Par quel moyen ?
Elle a été étranglée.
Vous devez savoir qu'elle a été rouée de cou,
notamment au niveau du visage et dans le dos.
Donc, elle a été battue.
En plus que battue, elle a été massacrée.
La calcination, docteur, est importante ?
Oui, tout l'avant du corps est brûlé.
Notamment au niveau des organes génitaux.
D'accord.
Autre chose, docteur ?
Oui.
Oui, j'ai procédé à l'analyse du contenu de son estomac.
Les feuilles de salade qu'elle a consommées au cours du diner
à clutches et ses parents n'ont pas été digérées.
Intéressant, ça.
Ça veut dire qu'elle est morte juste après la fin du diner.
C'est ça ?
C'est exactement ça.
Donc, ça veut dire qu'elle n'est jamais allée faire de footings.
C'est tout, docteur ?
Non.
On a des traces d'anxiolétiques dans le sang, de somnifères
et aussi un décontractant.
Pas en très grande quantité, mais présent, on est en moins.
Entendu.
Merci, docteur.
J'attends votre rapport.
Bonne journée.
On l'a battu et étouffé.
Et les gendarmes en sont déjà convaincus.
C'est son mari Jonathan qui l'a tué.
À partir de maintenant,
il cherche des preuves à lui coller sous le nez.
En attendant,
il faut des revoirs à Alex et à la suite.
Aux obsèques, Jonathan le mari est au premier an,
à côté des parents, normal.
Il ne sait pas que dans l'église,
des gendarmes un peu particuliers ne manquent aucun de ses gestes.
Ils sont comportementalistes,
chargés de décrypter ses attitudes,
le poids de ses larmes en quelque sorte.
S'ils se tiennent comme un coupable
ou comme un innocent.
Après des obsèques,
les gendarmes places Jonathan Daval se récoutent.
Et c'est très instructif.
Quand il parle avec l'on de ses copains,
ça donne à peu près ça.
Ça va, John ?
On fait aller.
Mais ça va, c'est la vie.
Qu'est-ce que tu veux ?
Et toi, quoi, de neige ?
Mais quand il appelle ses beaux-parents,
c'est beaucoup plus larmes que ça.
Je ne m'en remettrai jamais.
Comment est-ce que je vais vivre sans elle ?
Mais non, Jonathan.
On est là, hein ?
On va faire front ensemble.
Ils chicent et s'entendent.
Il y a autre chose qui titille les gendarmes.
Il dit qu'après la raclette chez ses parents,
Alexia et lui, c'est ça.
C'est ça.
C'est ça.
C'est ça.
C'est ça.
Alexia et lui sont entrés à la maison à 23h30
et qui, non plus, bougeaient.
Sauf qu'un voisin a entendu un bruit très caractéristique
environ deux heures plus tard.
Ils ont une plaque de fer devant chez eux.
Et à chaque fois qu'il roule dessus,
ça fait du bruit, quoi.
Et cette nuit-là, ça m'a réveillé.
Il était quel heure ?
Je peux vous le dire précisément,
j'ai regardé mon réveil.
Il était 1h26.
Là, il y a un bleu.
Un gros bleu.
Les gendarmes continuent leur travail de fournir.
Ils s'aperçoivent que la voiture de Jonathan
est un véhicule professionnel
fourni par l'entreprise informatique
pour laquelle ils travaillent.
Alors ils vont voir le patron.
Le véhicule ne serait pas équipé d'un tracker,
par hasard.
Oui, bien sûr, comme toute votre voiture.
Vous pouvez me dire,
si le véhicule s'est déplacé
dans la nuit du samedi 27 au 28.
La réponse est oui.
La voiture a bougé cette nuit-là.
Elle a quitté le domicile des Davals
à 1h26.
Le voisin n'a pas menti.
Et elle l'est allée jusqu'au bois
où on a découvert le corps.
Les gendarmes n'avaient pas beaucoup d'autres.
Les gendarmes n'avaient pas beaucoup d'autres.
Ils n'en ont plus aucun.
Un autre élément à charge
vient s'ajouter aux autres.
Les pneus de la voiture de fonction de Jonathan
collent pile-poil
avec les emprunts retrouvés près du cadard.
Ça commence à faire beaucoup.
Les gendarmes pourraient le placer tout de suite en gardez-vous
et lui coller tous à soulner.
Ils ne le font pas.
Ils veulent bétonner au maximum leurs dossiers.
Et pour ça, ils font venir des experts en criminologie
à qui ils demandent de décrypter la scène de crime.
Il y a deux choses qui nous surprendent.
Quand on retrouve son cœur,
la jeune femme a des lunettes
qui sont correctement positionnées sur son nez.
Donc, c'est pas un corps qui a été jeté là.
On l'a déposé avec précaution.
Avec peut-être une forme de tendresse.
Vous voyez ?
Si on peut employer cette expression dans le contexte.
La deuxième chose,
c'est que le corps a été recouvert d'un drap.
Comme si le tueur en quelque sorte
ne pouvait pas assumer le regard de la victime.
Tout ça
nous orientent indubitablement
vers un proche.
Le samedi qui suit la mort d'Alexien
a un grand jogging
et organisé un gré en sa mémoire.
Et son mari Jonathan est là,
en tête du rassemblement.
Et le lendemain, il est là aussi
au premier rond de la Marche Blanche.
Il est en lame.
Maratsu Bratsu avec son beau-père et sa belle-mère.
Et quand ils montent tous les trois à la tribune,
eux sont dignes, droits,
alors que lui,
il nomme les strates de l'art.
Il est touchant,
bouleversant même.
Il aurait peut-être pas dû dire
qu'elle était son oxygène,
puisqu'il l'a étouffé.
Pour l'instant,
les journalistes ne savent rien
des preuves réunies par les gendarmes.
Eux aussi, les journalistes ont en tête
que le mari est bizarre.
Ils trouvent qu'il en fait un peu trop.
Mais ils ne savent pas que le fruit est mur,
que les gendarmes ont réunis assez de preuves
pour le faire tomber.
Entre nous, c'est l'avantage des gendarmes.
C'est mué comme une carpe,
un gendarmes.
Ça ne bavasse pas.
Les gendarmes, justement,
viennent de tomber sur un nouvel élément achereur.
La meilleure amie d'Alexia
a gardé des SMS
envoyés par sa copine.
Il m'énerve.
C'est un cas désespéré qui ne comprend rien aux femmes.
Et à moi.
Quand j'essaie d'être tactile,
il me repousse,
car il ne veut pas faire l'amour.
Autrement dit,
Jonathan n'est pas un homme.
Un vrai.
Et au passage,
le mobile pointe le bout de son nez.
Jonathan n'aime pas les filles.
Et peut-être leur préfère-t-il les garçons.
Il s'est marié.
Il a cru qu'il arriverait à faire semblant.
Mais sa bistouquette, elle,
n'arrive pas à faire semblant.
Alexia lui balance tout ça
à la figure.
Il pète les plombs et il la tue.
Mais n'allons pas trop vite.
Il nous reste du chemin à faire.
Un dernier élément
tombe dans l'escarcelle des gendarmes.
Un SMS Alexia
a adressé le samedi matin
à 9h15 à sa soeur.
À l'heure où on le sait désormais,
elle était déjà morte.
Je vais aller courir en coup.
Je passerai peut-être vous voir
si je suis motivé.
Je passerai peut-être vous faire un coup-coup.
Ça correspond pas du tout
à la manière d'écrire de ma soeur.
Ma soeur, elle écrivait toujours
en abrégé.
Et là, c'est super bien écrit.
Ce n'est pas elle qui a envoyé
ce SMS en Suisse.
D'accord, mais qui,
selon vous ?
Ah ça, j'en ai
strictement aucune idée.
Celui qui l'a tué sans doute
qui a voulu faire croire
qu'elle était toujours vivante.
Eh oui,
à ce stade, la soeur n'applique pas
Jonathan.
Pas plus d'ailleurs que ses parents.
Les semaines ont passé
depuis le meurtre d'Alexia
et Jonathan vient toujours déjeuner
chez eux tous les midis.
Et ils le sertent en les bras
et ils pleurent ensemble.
Ils n'ont aucun soupçon
à son endroit.
Pas le quart de la moitié
du début d'un soupçon.
Ils ne vont pas tarder à tomber
de haut.
De très haut.
Le 23 mai 2018,
3 mois après le meurtre
d'Alexia,
les gens d'homme considèrent qu'ils ont
assez d'éléments pour placer
Jonathan Daval en garde à vue.
Alors ils vont l'interpeller chez lui.
M. Daval,
je vous informe qu'à dater de cet instant
vous êtes placés en garde à vue
pour une durée de 24 heures renouvelables
une fois dans le cadre
d'une enquête pour omicide volontaire
sur conjoint.
Dans l'immédiat, nous allons procéder
à la perquisition de votre domicile
en votre présence.
On y va.
Ces avocats viennent d'arriver.
Ceux qui l'avaient choisi en tant que
participe et qui se retrouvent
maintenant, avocats de la Défense.
Leur tête,
quand ils réalisent que l'autre les a
complètement baladés.
Le premier s'appelle Randall Schwerkdorfer.
Physique à la Dupont-Boréthie,
la clopobèque,
massif, cronion.
Il était jusque la ténor du barreau
de Besançon.
Cette affaire va lui offrir un destin
national.
Son associé est là aussi
Ornelas patafora.
Elle c'est tout l'inverse, tout en finesse,
tout en douceur.
L'orel est hardi, quoi.
Le duo, parfait.
Hé chef,
venez voir.
Les gendarmes viennent de tomber
sur une bombe à ire au sol,
à laquelle il manque un capuchon.
Capuchon qu'on a retrouvé
sous le cadavre d'Alexia.
Hé,
il y a ça aussi.
Un drap.
Un drap avec les mêmes motifs
que le drap qui recouvrait le cadavre.
Voilà donc Jonathan Daval,
dans les locaux de la section de recherche
de Besançon.
Toute petite salle d'interrogatoire.
Deux gendarmes face à lui,
un homme et une femme.
Le premier interrogatoire
ne donne rien.
Pas plus que le deuxième,
ni le troisième,
ni le quatrième.
Face aux preuves posées sur la table,
ils se contentent de dire
« Je comprends pas.
Je comprends pas. »
Au soir du premier jour de Gardinvue,
la situation est bloquée.
Le lendemain matin,
ces avocats demandent à lui parler
en tête à tête.
En pleine Gardinvue,
c'est une entorse à la procédure.
Mais au point où on en est,
je crois qu'il faut dire les choses Jonathan.
Ce qui s'est vraiment passé,
le fait que votre voiture
était localisée sur les lieux du crime en pleine nuit
laisse peu de doute sur votre culpabilité.
Vous l'avez compris ça.
Réfléchissez.
Ce que je vous dis, moi,
c'est que vous avez tout intérêt
à dire la vérité.
Je sais que
tous les éléments sont contre moi,
mais je n'ai pas d'explication
à donner.
Dites la vérité Jonathan.
Croyez-moi.
Hein?
C'est ce que vous avez de mieux à faire.
Jonathan Daval revient sa soir
face aux gendarmes.
C'est son cinquième interrogatoire.
Et il se met à pleurer.
Vous avez pu vous entretenir
avec vos avocats, Monsieur Daval?
Qu'est-ce que vous avez à nous dire?
Je n'ai pas voulu ce qui est arrivé.
Ce n'était pas volontaire.
Vous pouvez nous dire ce qui s'est passé.
Elle avait une crise.
Comme souvent.
J'ai voulu l'assérer dans mes bras
pour qu'elle ne frappe pas.
Et je l'ai tout fait.
À partir de maintenant,
c'est au juge d'instruction
d'obtenir plus d'explications.
Maître Schfer d'Orfer sort devant
les grilles de l'agenda armerie.
La meute de journaliste est la qui attend.
Jonathan a tenu
à s'exprimer
et à dire ce qui s'était
réellement passé.
Il explique qu'il avait
une relation de couple
avec de très fortes tensions.
Alexia avait une personnalité
écrasante
qu'il se sentait
rabaissez.
Et qu'à un moment,
il y a eu des mots de trop,
une crise de trop
qu'il n'a pas su gérer.
Et ça a débordé.
Je le dis ici,
Jonathan Daval
n'est pas un meurtrier.
Il a occasionné
la mort de son épouse
de manière
accidentelle.
Ce sera donc ça la stratégie
de défense de Jonathan Daval.
Une femme avec un gros caractère,
un mari sans cesse rabaissez
et une dispute qui finit mal.
À ce stade,
ni vous, ni moi, ni les gendarmes,
ni le juge d'instruction
ne savent si c'est le vrai scénario du crime.
Et bien peu à porte.
La secrétaire d'État,
l'égalité femme-homme, Marlène Chiappa
sort la mitrailleuse lourde.
Je veux dire,
elle a une personnalité écrasante
et c'est pour ça qu'elle aurait été affinée.
Je ne trouve pas proprement scandaleux.
Moi, je ne m'invite pas dans ce dossier
encore une fois.
Là, il s'agit de déclarations
qui ont été faites uniquement et de déclarations
médiatiques et qui sont reléguées
dans des articles.
Et moi, je trouve que c'est extrêmement dangereux
de reléguer ça.
Mais je crois que les médias également
ont une responsabilité
dans la manière dont ils présentent
les féminicides et les violences conjugales.
Ça n'est pas passionnel.
Ça n'est pas une dispute.
Ça n'est pas un drame passionnel.
C'est un assassinat.
Énorme bourde.
Le ministre n'a pas à exprimer son opinion
sur une enquête en cours.
Bref.
Un mois plus tard,
rebondissement.
Dans le bureau du juge,
Jonathan Daval revient sur ses aveux.
Il livre une toute autre version.
Comment d'ayant ?
Très, très sulfureuse.
En fait,
j'en ai pas parlé jusqu'ici,
parce que
jusqu'ici, je voulais les protéger.
Mais c'est mon beau frère,
Grégory qui a étranglé Alexia.
Et c'est mon beau père
qui l'a aidé à se débarrasser du corps.
D'accord.
Allez-y, racontez.
Ce soir-là,
le repas chez mes beaux parents,
c'est mal passé.
On s'est disputé
avec Alexia.
Et là, Grégory s'en est mêlé.
Et c'est lui qui a
qui a tué Alexia.
Le juge, je vous le dis tout de suite,
n'en croit pas
un mot, mais il est bien obligé
d'explorer cette piste. Il n'a pas le choix.
Et donc en descend,
il décide de mettre dans son bureau
Jonathan et sa belle famille.
Un par un.
Vous imaginez la tension
à ce moment-là.
Ils sont à 1,50 m de lui.
Devant son beau frère,
Jonathan maintient sa version.
Tu sais que c'est toi qui l'a tué Alexia.
Il a tué Alexia.
Il aime ensuite
devant la sorte Alexia.
Et puis vient le moment du face-à-face
avec sa belle-mère,
Isabelle Fouillon.
Elle, elle a une idée dans la tête.
Elle veut le toucher au coeur.
Elle est venue avec une photo d'Alexia
tenant dans ses bras son chat
à pied.
Leur chat, à tous les deux.
Elle entre dans le bureau et lui dit
Bonjour Jonathan.
Bonjour Isabelle.
Elle a eu bien raison de lui dire
bonjour. Il était branlé.
Ça se voit.
Et là, elle lui tend la photo.
Le juge la laisse faire.
Regarde cette photo
Jonathan.
Ça te fait plaisir
de y avoir.
Ça te fait plaisir de voir le chat.
Tu l'aimais beaucoup, hein,
ce chat.
Jonathan.
Arrête de refuser la vérité.
Arrête.
Je t'en supplie.
À un maître de sa belle-mère,
Jonathan est maintenant
en là.
Et d'un coup, il se jette
à ses genoux.
C'est moi qui l'ai tué.
Je suis un part de l'art.
Et là,
elle le relève elle-même.
Et elle le sert dans ses bras.
Merci d'avoir parlé.
Jonathan.
Merci.
Sacré bonne femme.
Vraiment.
Avant de boucler son dossier,
le juge organise une reconstitution
dans la maison de Jonathan et Alexia.
Bien.
Elle est très normale.
racontez-nous ce qui s'est passé ce soir-là.
Eh bien quand on est
rentré du dîner chez mes beaux parents,
Alexia exigeait qu'on fasse l'amour.
Et moi, je ne voulais pas.
Je lui ai dit que j'allais partir.
Elle a voulu m'en empêcher.
Elle était
hystérique.
Elle m'a insultée en disant
que je n'étais pas un homme.
Elle m'a griffé.
Elle m'a mordu aux bras.
Et là,
je lui ai frappé la tête
contre le mur.
Je voulais la faire taire.
Ok.
Vous prenez le mannequin,
M. Daval, et vous refaites les gestes.
D'accord.
Et maintenant, l'étranglement.
Allez-y. Allez-y. Faites le geste.
Non, M. Daval.
Pas 30 secondes.
M. Daval, ça a duré 4
ou 5 minutes.
Allez-y. Continuez.
Et il va au bout.
Et c'est...
Terrible à regarder.
Le procès de M. Daval
s'ouvre en novembre 2020
devant la cour d'assises de Hudson.
Je ne rentrerai pas
dans les détails de l'audience.
Mais, j'ai bien envie de vous faire entendre
l'expert psychiatre.
L'accusé, dirais-je,
est une personne
normale.
Il a eu une enfance heureuse
jusqu'au décès de son père
quand il avait 13 ans.
Et à partir de ce moment-là,
on a vu se manifester
chez lui des toques, principalement
liées à l'hygiène.
Et donc, c'est une personnalité
que nous appelons
toquée.
C'est parfaitement compatible, je dirais,
avec le fait
qu'il ait pu éclater
le soir des faits.
L'avocat général Emmanuel Dupich
requiert une peine
très sévère.
La réclusion criminelle
a perpétuité.
Je réfuge
la thèse
de la dispute de Tro.
Je crois qu'en réalité,
il l'a tué, Alexia,
parce qu'elle voulait le quitter.
Jonathan Daval
est un manipulateur.
Un simulateur.
Et un menteur.
Il avait préparé
son scénario.
Celui
d'un crime parfait.
Et là,
maître-je-croire d'Orfeur
se lève pour plaider.
Voilà, perpétuité.
C'est une peine qu'on prononce
pour les criminels les plus dangereux
de la société.
Pour Francis Seulme, du Heur d'enfant.
Pour Michel Fourniret,
pour Marc Dutroux, pour Guy Georges.
Quel est
le point commun
avec Jonathan Daval ?
Aucun.
Si, si, la médiatisation.
Ce qu'on nous réclame,
c'est une vengeance
à cause des médias.
À cause des mensons.
Parce qu'il a trahi ses beaux parents.
L'avocat général,
un requis dans le cadre d'un réquisitoire
fait pour plaire à la France entière.
Ce n'est pas mon problème.
Ce meurtre n'était pas prémédité.
Il n'était pas réfléchie.
C'est ce qu'on appelle un coup de sang.
Le coup de sang
d'un homme normal.
Le président donne
une dernière fois la parole
à Jonathan Daval.
La main sur le cœur,
il demande pardon
à la famille d'Alexia.
Au terme d'un délibéré de 2h30,
il est condamné à la peine
de 25 ans de réclusion criminelle.
Et il décide
de ne pas faire appel.
Sous-titrage ST' 501
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En octobre 2017, à Gray-la -Ville en Haute-Saône, on retrouve le corps supplicié d’Alexia Daval. Elle a été battue, puis étranglée. Les gendarmes qui mènent l’enquête sont d’emblée convaincus qu’elle a été tuée par son mari, Jonathann.