Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Daval : Alexia notre fille, Episode 2 - L'intégrale
Europe 1 8/23/23 - 50m - PDF Transcript
Je vous propose, en deux épisodes, et voici le deuxième, de revivre l'affaire Alexia
Daval, tuée par son mari Jonathan en 2017, à travers le regard de ses parents, Jean-Pierre
et Isabelle Fouillaud.
Récis que je tire de leur livre qui paraît chez Robert la Fond, Alexia, notre fille.
Pour cela, je suis venu chez eux, agré, en haute zone, et, comme dans le premier
épisode, c'est avec eux que je débriefrais cette deuxième partie du récit.
J'ai raconté dans le premier épisode la période qui va de la disparition d'Alexia,
jusqu'au premier doute qui émerge dans l'entourage de ses parents, mais pas encore dans la tête
des parents.
Dans ce deuxième épisode, la suite et la fin de l'histoire, du moment où les parents
acceptent l'idée que Jonathan a tué leurs filles, jusqu'à sa condamnation à
25 ans de prison par la cour d'assises.
J'ai écrit ce deuxième épisode avec Tugnual de Dieu le veut, réalisation Céline Le Bras.
Un week-end, deux mois, environ, après la mort d'Alexia, notre fille Stéphanie et
son mari Grégory viennent passer deux jours chez nous.
Quand ils arrivent, on sent quelque chose d'un peu tendu dans l'atmosphère.
Ils attendent le dîner pour nous parler.
Et ces Grégory qui lancent le débat, nous, on ne s'y attend pas du tout, voilà.
Depuis quelques semaines, en disant qu'on est plusieurs dans la famille, on se posait
des questions sur la mort d'Alexia.
Les premiers jours, on en a beaucoup parlé avec la belle-sœur de Jonathan et elle nous
a mis en garde contre sa mère.
Il y a beaucoup d'incohérences dans l'histoire qu'on nous raconte et qu'on vous raconte.
Par exemple, en droit où on a retrouvé le corps d'Alexia.
C'est en coin que la mère de Jonathan connaissait très bien.
Elle allait le promener là-bas quand il était petit.
Et puis franchement, la mère et le frère de Jonathan, leur comportement le soir du
drame était assez choquant, nous, on les a trouvés bizarres.
Il y a quelque chose qui cloche, sa mère détestée, Alexia.
Et nous, on est persuadés que la mère et le frère sont mouillés dans l'affaire.
Mais vous êtes singlés ?
Enfin, comment vous pouvez imaginer des horreurs pareilles ?
On n'est pas prêts à nous faire bousculer et à entendre la vérité.
Enfin, je pense à Jonathan au dîner, hier soir, il avait l'air encore si bouleversé.
Et quand il est rentré chez lui, il nous a envoyé un message.
« Chère Isabelle, heureusement que vous êtes là pour m'aider à supporter ça.
Je vous aime, maman.
Maman, il m'a appelé maman.
Ça nous a touché.
On le lui dit souvent, tu es comme notre fils Jonathan, tu peux compter sur nous, nous
le protégeons.
Alors nous refusons d'entendre ce que vient de nous dire Crégory.
Quelques jours plus tard, Jonathan nous appelle au téléphone, il est dans tous ses états.
Ça vient de voir sur le site de Las Republicains, un article avec un titre à restation de Jonathan.
Bon, il n'y a que le titre, même l'article n'y a rien de non, mais il veut l'interroger
mon patron.
Ils vont m'accuser du meurtre.
Il me rappelle quelques minutes plus tard.
Bon, c'est bon, l'article a été retiré.
Finalement, ils ne viennent pas voir mon patron.
Tu vois Jonathan, enfin, il n'y a pas besoin de paniquer puisque ça a été retiré.
Le lendemain, Jonathan est interpellé chez lui à six heures du matin pour être mis en
examen pour le meurtre d'Alexien.
Et juste après, les gendarmes viennent nous voir.
Monsieur Madame Fouillot, je dois vous informer que l'histoire est sans doute en train de basculer.
Si nous avons placé votre gendre en carte à vue, dites-vous que c'est que nous avons
des éléments sérieux.
Le choc, on ne peut pas y croire.
Nous sommes convoqués cet après-midi à 16 heures à la gendarmerie pour une audition.
Dans la voiture, je me souviens avoir posé la question.
Tu crois que ça peut être lui ?
Non, enfin, c'est impossible.
Il y a longtemps qu'on le saurait.
Longtemps qu'on s'en serait aperçu.
C'est la première fois que nous osons formuler cette question à voix haute.
À la gendarmerie, nous sommes interrogés chacun séparément.
Isabelle d'abord.
Je n'ai jamais cru que ça pouvait être Jonathan.
Ça peut pas être Jonathan.
C'est comme notre fils.
Vous n'avez pas de pistes, alors vous vous rabattez sur le mari.
Moi, je vous le dis, je soupçonne tout le monde.
Sauf Jonathan.
Et dans le bureau d'à côté, Jean-Pierre dit la même chose.
Moi, je suis absolument persuadé que Jonathan n'a rien fait dans cette histoire.
On est trop proches avec ce qu'il y avait.
On aurait vu quelque chose.
Il est avec nous tous les jours.
Il mange chez nous presque tous les soirs.
Je suis persuadé qu'il n'est pas coupable.
Nous récitons l'un et l'autre presque mot pour mot.
L'histoire que pendant trois mois, Jonathan nous a fait croire.
Son emprise a été très efficace.
Le lendemain, la télévision annonce que Jonathan a avoué.
Le ciel nous tombe sur la tête pour la deuxième fois.
C'est un deuxième de rue.
On vient de perdre notre genre.
Et on l'aime.
On l'aime encore.
Je n'arrive pas à concevoir que ça peut être lui.
Tout au long de la soirée, la maison se remplit comme les premiers jours.
Les frères, les sœurs, les belles sœurs, tout le monde arrive.
On lui a donné Alexia.
On lui a donné notre amour.
On lui a tout donné.
Et lui, il détruit tout.
Tout pour rien.
Nous avons passé trois mois à nous cajoler.
Comme si c'était notre fils.
Alors qu'il était le meurtrier de notre fille.
Je repense au jour de la disparition, à la marche blanche,
à l'enterrement, au costume, à la châte.
Tout ça me revient.
Il s'est vraiment foutu de notre gueule.
Et nous, notre monde s'écroule.
Nous allons devoir nous battre.
Affronter Jonathan et son avocat.
Notre vie est offine d'horreur.
Qui s'arrêtera jamais ?
Mardi 30 janvier 2018,
16h50,
cinquième audition de Jonathan Daval devant le juge.
Monsieur Daval,
vous avez pu vous entretenir avec vos avocats ?
Est-ce que vous avez quelque chose à nous dire ?
J'ai pas voulu ce qui est arrivé.
C'était pas volontaire.
Et bien dites-nous ce qui s'est passé.
Elle a fait une crise extrêmement violente.
J'ai voulu l'assérer dans mes bras pour qu'elle ne me frappe pas.
Et là, c'était vraiment fort.
Je l'ai maintenue.
Je pouvais pas.
On était dans la chambre.
Je l'ai mise sur le lit.
Je l'ai matue contre moi.
Sans le vouloir.
Je l'ai étouffée.
Comment est-ce que vous l'avez étouffée ?
Et puis je l'ai étouffée en l'insérant quand elle était sur le lit.
Au début, je l'inserai avec les deux bras.
Et ensuite, vous avez fait quoi ?
Mais sur le goût, je l'ai mis dans le véhicule du boulot.
Mais je l'ai pas déplacé tout de suite.
J'ai voulu vous appeler les gendarmes.
Mais c'était pas possible.
J'y croyais pas.
Je veux même vous dire, j'ai espéré qu'elle se réveille.
D'ailleurs, par dignité pour elle, je vais prendre un drap qui était en bas.
Et qui correspond d'ailleurs à celui qui a été découvert au-dessus.
Puisque je l'ai recouverte du drap.
Et puis je lui ai mis les lunettes au moment où je l'ai déposé sous les deux branchages.
Mais l'histoire de la brûlée, ça, je n'y suis pas.
Tout cela étant tissu de mensonges.
Enfin, même quand il avoue, il peut pas s'empêcher de mentir.
Ça sera démontré plus tard.
On ne tue pas quelqu'un par hasard en l'encerrant dans ses bras.
Pour tuer, il faut presser le coup de manière continue pendant au moins 5 minutes.
Et puis les crises d'hystérie d'Alexia dont il parle.
Personne n'en a jamais été témoin.
Ni nous, ni les amis d'Alexia, ni ses collègues de travail.
Et puis l'autopsie, dit qu'Alexia a reçu 12 coups de points.
Elle a eu le nez cassé.
Son visage et son corps étaient couverts des mathomes.
Et sur son dos, il y avait des abrasions qu'il essaie d'imaginer qu'il l'avait traîné sur plusieurs mètres.
Rien de ce qu'il dit n'est vrai.
Si ce n'est qu'il est bien le tueur d'Alexia.
Face à ces morceaux, nous devons prendre la parole pour défendre Alexia.
Parce que l'avocat de Jonathan Randall Schwerdorfer,
dit-il maintenant un scénario absolument taudieux.
L'histoire d'une femme qui aurait maltraité son mari au point qu'il l'a tue.
Et ce scénario, tous les médias le reprennent.
Oui, il ne l'affirme pas vraiment, mais il le sous-entend.
Et ce faisant, il jette notre fille en pâture sans même s'en rendre compte.
L'histoire le leur appose en quelque sorte.
Ils n'ont pas le choix.
Dès lors, la prise de position à la radio le lendemain des aveux
de la ministre Marlène Schiappa nous fait un bien fou.
Je pense qu'il faut arrêter de minimiser les violences conjugales.
Il faut arrêter de trouver des excuses.
Il n'y a rien, qui justifie qu'on frappe sa femme ou sa compagne.
Ni la cuisson de tel ou tel plat, ni le fait qu'elle ait une personnalité
entre dimanche et cravante.
Et encore une fois, je dis ça pour le cas général et pas pour cette affaire
en particulier, dont je n'ai pas les tenants et les avocations.
Un jour, j'ai dit à Maître Florent que j'approuvais totalement les propos de la ministre.
Vous savez ce qui m'a répondu ?
Oh, ce n'est qu'une petite arriviste.
Eh bien, nous, c'est devenu notre première avocate.
Et désormais, nous n'avons pas d'autre choix que de parler à notre tour.
Comme si notre vie était devenu le sujet d'une série
qui se déroule chaque jour en direct à la télévision.
Nous choisissons BFMTV et Routelcriv pour nous exprimer pour la première fois.
Je pense que le 18 février, pour moi, c'est vraiment un cap énorme à passer.
Et au vu de toute la presse, on entend certaines choses qui ne sont pas l'image d'Alexia
et je voudrais qu'on rétablisse la vraie Alexia, telle qu'elle était, telle qu'elle était ma fille.
Quand les caméras se réteignent, nous avons le sentiment d'avoir atteint notre objectif,
freiner l'agression et prendre la défense de notre fille.
Huit mois après le meurtre d'Alexia, nous recevons une convocation au tribunal,
une audition devant le juge d'instruction.
On se dit que c'est une simple information procédure.
Quand nous arrivons dans la cour du palais de justice,
notre avocat descend les marches 4 à 4 pour se diriger vers nous.
Il s'approche, il baisse la tête et il nous dit à voix basse.
Mais voilà ce qui se passe.
Jonathan vous accuse d'un complot familial, vous allez être accusé de meurtre.
Mais qu'est-ce qui est en train de nous tomber de nouveau sur la tête ?
Bien monsieur dame, voilà ce qui se passe.
Nous avons souhaité vous entendre en urgence car nous avons procédé
à l'interrogatoire de monsieur Daval le 27 juin dernier à sa demande.
Et je vous pose la question, est-ce que vous avez été informé des révélations
qu'il a faites à cette occasion ?
Oui, enfin il y a cinq minutes par notre avocat.
Alors nous vous indiquons qu'en substance, monsieur Daval affirme
que vous avez assisté à la mort de votre fille,
que celle-ci a été causée par votre gendre grégorique gay
et que vous avez participé, en particulier vous monsieur Fouillot,
à la dissimulation du corps.
Qu'en pensez-vous ?
C'est apérent.
Ça n'est même risible.
C'est la quatrième dimension, c'est tellement gros.
Le magistrat nous l'est alors les déclarations de Jonathan.
Alors, selon ces dires, lors du dernier dîner avec votre fille,
une altercation violente aurait éclaté entre Alexia et Grégory, votre gendre,
qui n'aurait pas supporté qu'elle bouscule son fils en montant à l'étage.
Pour la raisonner, Grégory l'aurait suivie dans sa chambre,
afin d'avoir une explication avec elle,
mais face à la violence de son comportement,
il l'aurait étranglé et serait redescendu
pour vous annoncer qu'il l'avait tué.
À partir de là, Jonathan Daval dit que vous vous seriez répartis des rôles,
que vous, madame, vous auriez gardé le petit James dans le bureau
au ray de chaussée toute la soirée,
pendant que vous, monsieur, vous auriez déplacé le corps de votre fille chez elle.
Et ensuite, avec Jonathan, vous auriez déplacé le corps dans la fourgonnette blanche
et vous l'auriez amené au petit matin à la lisière du bois Desmola.
Nous comprenons bien que le juge n'a pas d'autre choix que de faire les vérifications qui s'imposent.
Et donc l'enquête redémarre à zéro.
Et nous, on se voit repartir avec les bracelets.
Mais je crois que le juge n'est pas dupe.
Ne vous inquiétez pas, monsieur dame.
Vous allez rentrer chez vous ce soir.
Et par ailleurs, rien de tout cela ne sortira de ce bureau.
C'est le secret de l'instruction.
Mais en sortant du bureau, quand je rallume mon portable,
les journalistes annoncent déjà le bon frère accusé du meurtre d'Alexien.
A l'heure des réseaux sociaux et des chaînes d'information continuent,
il n'est plus nécessaire de prouver.
Il suffit d'accuser.
Et en l'occurrence de dire n'importe quoi,
notre première décision est de changer d'avocat.
Nous voulons un ténor.
Et nous choisissons le bâtonnier Gilles Jean Portejois.
Et pour lui, il n'y a qu'une solution.
Moi, je pense qu'il faut demander une confrontation avec Jonathan Daphne
pour que vous le mettiez en face de ces mensonges.
Et espérer parvenir à le faire craquer.
Nous avions décidé de faire des travaux dans notre maison.
Le salon est vraiment défréchis.
Et on a envie de moderniser notre intérieur.
Ça nous changera un peu les idées.
Nous avons choisi des entreprises.
Les deux vies sont validées.
La date des travaux est arrêtée.
Et là, j'ai comme un flash.
Si on attaque les travaux,
tu penses pas qu'il y aura toujours quelqu'un
pour nous accuser de vouloir, je sais pas, cacher des preuves ?
Alors nous avons tout annulé.
Tout reporté.
Le jour j'ai de la confrontation,
Gregory, notre gendre, est appelé le premier.
Et une heure plus tard, quand il ressort,
il nous fait un petit signe.
Jonathan n'a pas craqué.
Ensuite vient notre fille, Stéphanie.
Devant elle, les yeux dans les yeux,
il continue d'accuser son mari d'avoir tué sa soeur.
Lorsque vient mon tour, notre avocat m'a dit,
maintenant Isabel, tout repose sur vos épaules.
Je pense que vous êtes la seule à pouvoir le faire bouger.
Lorsque j'entre dans le bureau du juge,
je tombe immédiatement sur Jonathan assis sur une chaise,
face au magistrat.
Il ne me regarde pas.
Il fixe le mur devant lui.
Et moi je lui dis,
Bonjour Jonathan.
Mais le juge m'arrête tout de suite.
Nos échanges doivent forcément passer par lui.
Mais moi je remarque maintenant,
il a tourné la tête.
Qu'il me regarde.
Et à partir de maintenant, je veux capter ce regard.
Je ne veux plus le lâcher.
Je veux conserver ce lien
qu'il semble prêt à m'accorder.
Jonathan,
je suis venu pour comprendre.
Est-ce que tu nous as aimé ?
Est-ce que tu as aimé Alexia ?
Oui.
Alors dis-nous la vérité.
On te pardonnera.
Toi tu pourras en prendre ta vie en main,
tu pourras te reconstruire.
C'est pas en m'entend
que tu vas te reconstruire.
Je lui fais croire au pardon
pour le mettre en confiance uniquement.
Jonathan, comment tu peux vivre avec ça ?
Et là,
là il commence à pleurer.
Et je sens bien qu'il n'est pas insensible
à ce que je lui ai dit.
Je ne sortirai pas de ce bureau
avant qu'il ait craqué.
J'ai apporté une photo d'Alexia
dans mon sac.
Une photo où elle est avec son chat.
Monsieur le juge,
est-ce que je peux
lui montrer la photo ?
Il me fait signe qu'il est d'accord.
Alors je l'attends
à Jonathan.
Il l'apprend.
Il la regarde longuement.
Je lui donne des nouvelles de l'achat.
Je lui dis qu'elle va bien.
Et que désormais,
c'est la seule chose qui nous relie Alexia.
Et là, il se lève.
Et il s'effondre
à mes pieds en larmes.
J'ai menti.
Alors,
je l'attrape par les épaules
pour l'idée à se relever.
On se prend
dans les bras
et on pleure
tous les deux un long moment.
Je ne ressens aucune haine.
Aucun des goûts.
Au moment de quitter le bureau,
le juge s'approche de moi et me dit
ce que vous avez fait, madame,
est extraordinaire.
Vous avez fait avancer
l'enquête d'un pâte géant.
Et vraiment, je vous en remercie.
Nous venons de recevoir une convocation
pour assister à la reconstitution
du meurtre d'Alexia.
Je ne veux pas y aller.
Je ne suis jamais repassé chez elle.
C'est trop difficile.
Mais notre avocat me dit
Isabelle, je compte sur vous
encore une fois.
Il n'y a que vous
qui pouvez le faire craquer.
Alors,
j'ai répondu OK.
Quand nous arrivons devant la maison,
tout est
figé,
comme si le temps s'était arrêté,
et puis il y a l'odeur.
Et là, nous tombons nez à nez avec Jonathan.
Il est affalé sur le canapé,
menotté aux pieds et aux poignées.
La reconstitution commence
dans le salon.
C'est là que la dispute aurait éclaté.
Bien, monsieur Daval,
qu'est-ce qui s'est passé
ici, raconté ?
Et bien, Alexia me demande
un rapport sexuel.
Je le lui refuse.
À partir de là,
ça t'est génère.
Je commence à essayer de partir.
Elle essaye de m'agripper
pour pas que je m'en aille.
Et là, je force mon bras.
Et je pars en direction du garage.
Nous nous déplacons donc tous
vers le garage au sous-sol.
Pour écouter Jonathan,
nous raconter le
martyr de notre fille.
En fait, ça a commencé
dans l'escalier.
Je l'ai plaqué contre le mur.
Je lui donnais des coups de poing
plusieurs fois
avec la main droite et puis la main gauche.
Je voulais qu'elle se taise.
Et c'est là que je l'étrange.
Une jeune gendarme joue le rôle
d'Alexia.
Il maintient ses mains serrées
sur son cou quelques secondes.
Et puis il les relâche.
Ça dure au moins 4 minutes.
Alors vous allez tenir, s'il vous plaît,
4 minutes.
C'est long, 4 minutes.
Ce qu'il raconte ensuite
est encore plus insupportable.
Après, je l'ai laissé tomber
sur les marges.
Et puis je l'ai tiré par les pieds.
Donc d'abord dans l'escalier.
Et puis sur le sol pour la mettre
à l'arrière de la fourgonnette.
La suite se passe dans la forêt
où on a retrouvé le corps.
Jonathan s'avance,
tête baissée, encadré
part au gendarme.
Bien monsieur Daval,
est-ce que vous pouvez reproduire les gestes
de déplacement du cadavre
dans les bois depuis la fourgonnette ?
Allez-y, on vous regarde.
Il s'approche
de la fourgonnette.
À l'intérieur, il y a un mannequin qui simule Alexia.
Et sans hésiter,
il attrape le mannequin par les pieds,
il tire d'un coup sec
pour le faire chuter à terre.
Et par un instant,
il n'exprime le moindre sentiment de honte.
Mais pas, il aurait pu dire, je suis désolé.
Je l'ai tiré comme ça, excusez-moi.
Et là, il tire le mannequin
entre les ronces.
Et donc après, je suis allé chercher le dradon
dans la voiture pour la recouvrir.
Et là,
il prétend qu'il n'a jamais mis le feu
au cadavre.
Le problème, monsieur Daval,
c'est que la combustion spontanée
n'existe pas.
Oui, je comprends.
Et là,
la juge se retourne vers nous
pour nous demander de prendre le relais.
Alors, je me lance.
S'il te plaît, Jonathan,
dis la vérité, va jusqu'au bout.
Reconnais-le si tu l'aimes.
Je sais, Isabelle, mais
je l'ai pas fait.
Mais si c'est pas toi, Jonathan,
c'est que c'est quelqu'un de ta famille.
Tu sais bien que l'enquête va repartir
pour chercher un complice.
Son avocat demande alors une pause.
Et dix minutes plus tard,
Jonathan revient vers nous.
Bon, ben...
c'est moi.
Et ben voilà.
On est arrivé au bout.
Jonathan est le meurtrier de A à Z.
Nous n'avons pas toute la vérité.
Mais nous avons obtenu
l'essentiel.
Mais il conserve ses secrets.
Il est loin d'avoir tout dit.
Notamment,
les raisons qu'il ont poussées
à devenir un meurtrier.
Pourquoi voulait-il se débarrasser de sa femme
qu'il venait d'épouser ?
Pourquoi est-ce qu'il a pas simplement quitté ?
Est-ce qu'il souhaitait
prendre sa place
comme nous l'avons longtemps pensé
de venir notre fils ?
Nous sommes persuadés que le drame d'Alexia
n'est pas simplement celui d'un couple
qui explose.
Nous pensons
que c'est la folie
d'un enfant
qui n'a jamais été aimé.
Désormais
la Cour d'Assise
doit juger Jonathan.
Et notre hantisme
c'est que ce procès
devienne celui d'un couple et même pire.
Celui de notre fille.
Nous sommes effrayés
à l'idée que l'avocat de Jonathan
déclare une nouvelle fois
la guerre à Alexia.
Mais entre le moment
où Jonathan a été placé en garde à vue
en janvier 2018
et sa condamnation
à 25 ans de réclusion criminelle
en novembre 2020
les choses ont changé.
Et son avocat,
Maître Schwer d'Orphère, aussi.
Avant, il prétendait
avoir des choses à dire.
Il annonçait des révélations
au procès. Le président
de la Cour d'Assise s'en amuse d'ailleurs.
Maître Schwer d'Orphère
vous n'aviez pas
des révélations extraordinaires à nous faire ?
Où sont-elles ?
Mais lui, maintenant
il se contente de défendre.
Il parle de son enfance douloureuse,
de son père absent,
de ses complexes, de ses toques
et de son besoin de s'inventer
une famille de substitution.
Je voudrais dire pour conclure
que Jonathan
était sans doute plus amoureux
de vous,
ses parents,
qu'il ne l'était d'Alexia.
Ça,
on aurait presque
pu le dire nous-mêmes.
Et pas un instant,
il n'a attaqué Alexia.
Pas un seul de ces mots
ne nous a fait bondir
dans la salle d'audience.
Son silence,
au moment fatidique du procès,
c'est notre victoire.
Nous le devions
à notre fille.
Elle ne méritait pas ça.
Pas plus d'être tuée
que d'être insultée.
Et elle nous manque
tellement.
Je vous ai raconté
hier et aujourd'hui
en deux épisodes,
l'affaire d'Aval, Alexia d'Aval,
tuée par son mari Jonathan
en octobre 2017, à travers.
Et c'est passionnant.
Le regard de ses parents, Isabelle
et Jean-Pierre Fouillaud,
qui ont eu la gentillesse
de m'accueillir sur la table
de leur salle à manger,
à Gré, au Hudson, où nous sommes
aujourd'hui.
Paru chez Robert Lafon, Alexia,
notre fille.
Il y a une phrase
qui est très très troublante
à la fin de ce récit, Isabelle.
Nous pensons
que c'est la folie d'un enfant
qui n'a jamais été
aimé.
Est-ce que vous pouvez
tenter d'expliquer ça ?
Je suis sûre que c'est un enfant
qui a des félures.
Ça c'est évident, c'est sûr.
Après, si tous les enfants
qui ont des problèmes
tuent leurs femmes, c'est sûr que c'est
pavillable.
Mais Louis,
oui, je pense que
on n'a pas dû lui
apprendre le bien
le mal.
Je pense qu'il manque
énormément d'amour
de ses parents.
Et je pense qu'il avait
trouvé en notre famille
il recherchait ça
en nous, chez nous.
Je pense que la folie
je pense qu'Alexia allait lui échapper
et que c'était devenu
insupportable pour lui.
Elle a dû voir
qui était ce garçon
et qu'elle voulait s'en aller.
Je suis persuadée de ça.
C'est-à-dire qu'ils allaient aux divorces ?
Bien sûr.
Qu'est-ce qu'il a perdu ?
Il perdait tout.
Parce que je ne sais pas.
Moi, un couple quand ça ne va pas
on divorce.
Et ça, c'est pas la solution
qui voulait.
Est-ce que vous savez
Jean-Pierre,
d'où vous vient
cette forme de générosité,
de compassion et cette capacité
à comprendre,
ou tenter de comprendre quelqu'un
qu'en vérité beaucoup de gens détesteraient
?
Vous avez un truc
que les autres n'ont pas ?
La naïveté ?
C'est ce qu'on nous a dit.
On dit que l'amour rentre à beugle.
Je pense que c'est
une part des choses.
Mais vous aviez de l'amour ?
Bien sûr qu'on avait de l'amour.
Est-ce que ça vient de mon éducation,
de notre éducation ?
Moi, je viens d'une famille
tout ce qui a de plus modeste.
Mon père était cet enfant.
Mon père était un travailleur en entreprise.
Mais on a été aimés.
À la maison,
on a reçu une éducation.
Moi,
j'ai l'impression qu'on a eu une éducation
tout ce qui a de plus normal.
Mais par rapport à notre drame,
on nous a souvent dit
à Isabelle, à moi,
qu'on avait des réactions
que personne n'aurait.
Ces personnes-là auraient
des réactions violentes
par rapport à nous.
Non, pas du tout.
Et vous, Isabelle ?
Moi, la violence, je ne sais pas
ce que c'est. La violence,
je ne l'ai jamais vu, ni vécu.
Je n'ai vu que de l'amour.
Moi, j'ai été surprotégée.
D'ailleurs, je ne pensais pas
que la vie était aussi difficile.
Je pensais que c'était un long fleuve
tranquille.
Je suis tombée de haut.
Mais voilà,
ça me vient de mon éducation.
Vous êtes bercée de catholicisme
ou pas ?
Moi, ma maman a fait le catéchisme.
On a été...
Oui, je suis allé à la Mestoulée
dimanche étant petite.
Ça compte ? Vous pensez ?
Je pense qu'on m'a appris des valeurs.
Le bien, le mal,
aimer les autres,
donner aux autres.
J'ai des valeurs,
j'ai des amis,
je ne m'en songe.
Pendant trois ans, je ne savais pas
qu'on était autorisés à mentir.
Je ne savais pas qu'un avocat pouvait mentir.
Je ne savais pas qu'à meurtrier,
il y avait le droit de mentir.
C'était même recommandé.
Moi, je tombe de haut avec tout ça.
Je ne reconnais pas
une société
dans laquelle on m'a élevée quand j'étais petite.
Vous êtes cateau ou champion ?
Je fais...
Cateau, c'est péjoratif ?
Non, quand j'ai fait des pétries
d'éducation chrétienne.
Qui implique une recherche de pardon.
On a eu une éducation chrétienne.
Oui.
On n'est pas pratiquants.
On va au mariage, aux enterrements.
Mais on a un respect
à la religion obligatoirement.
Et l'idée du pardon
est un truc qui vous travaille ?
Plus maintenant.
Sur le moment,
quand on a aimé quelqu'un,
sachez que c'est dur de le désaimer.
Manifestement, oui.
Mais là, c'est fait.
Par contre,
avec toutes les horreurs
qu'ont été dites sur nous,
qu'il a dit sur Alexia, sur nous,
mais maintenant,
c'est de la colère que j'ai.
Aujourd'hui, c'est de la colère.
Comme on l'a souvent dit,
en admettant qu'on pardonne,
il y a une personne qui ne nous pardonnerait pas.
Alexia, Alexia, elle ne comprendrait pas
qu'on pardonne
à celui qui lui a enlevé la vie.
Et nous, on page chaque jour sans elle.
Plus le temps passe,
et comme elle nous manque tous les jours,
je veux dire, nous, la perpétuité,
elle est là constamment.
Et ça, c'est un fait réel.
Je veux dire, il a
bousillé nos vies.
Il nous a tout pris,
il nous a pris nos vies.
Alors, on ne parle pas.
On commence cette espèce de délan
pour Marlène Schiappa,
qui est donc à l'époque ministre
des Affaires Féminines,
enfin de la condition féminine.
Et elle vous a touché.
Est-ce que vous pouvez nous expliquer
pourquoi son intervention,
qui lui a beaucoup été reprochée
sur le plan politique, puisqu'elle est intervenue
à chaud sur votre affaire ?
Pourquoi elle vous a touché ?
Parce que ce qu'elle a dit,
c'est notre premier avocat
C'est lui qui aurait dû intervenir pour défendre Alexia devant cette défense.
Qui laissait entendre qu'elle était un peu responsable de sa mort en gros pour réfuser.
Exactement.
Quelle était l'hystérie.
Quelle était oppressante, une personnalité crazante.
J'aurais aimé que ce soit notre premier avocat qui dise ça.
Mais c'est la ministre qui s'occupe de ces affaires-là, qui a parlé
et qui a pris la défense de ma fille.
Pour moi, c'était mon avocate qui prenait la défense d'Alexia
devant cette avocat si obtue et si méchant à l'encontre d'Alexia.
Et ça se fait au bon moment.
Elle le dit pile au moment.
Elle le dit pile...
Quand il faut le dire.
Quand il faut le dire.
Elle m'a fait un bien fou, mais elle aurait été à côté de moi, je l'embrassais.
Vous avez de nouvelles de Marlène Schiappa depuis ?
Oui.
Oui, on l'a rencontré deux fois déjà.
Oui, on l'a rencontré.
Elle nous a invitée donc une fois...
Au ministère ?
Au ministère, oui.
Au ministère.
Donc, une deuxième fois...
Pour parler de nos histoires devant l'agenda armerie.
C'était une conférence inversée sur les violences faites aux femmes.
C'était les familles qui venaient témoigner devant les gendarmes ce qui s'était passé
et ce qu'on pensait de la gendarmerie.
À partir du moment où Jonathan commence à raconter une histoire que vous ne supportez pas
et qui implique votre fille en tant qu'éléments négatifs,
qui pourrait expliquer le fait que, légitimement, d'une certaine manière,
il est étranglé, vous dites qu'il va falloir qu'on parle.
Parce que jusque-là, vous n'aviez pas voulu parler aux journalistes.
J'envoyais vraiment pas l'utilité.
Je veux dire, le meurtrier, c'est le meurtrier.
Après, notre premier avocat n'a pas dit de prendre la parole.
C'était... Non, on n'avait pas à parler.
Il y avait vraiment un point là-dessus.
On ne parle pas.
Vous êtes dans ce salon, là, à cette époque-là.
Il y a des journalistes partout autour.
Il n'attend qu'une chose, c'est de vous faire parler.
Et vous, vous ne voulez pas.
C'est-à-dire qu'on nous a tellement reprochés, au départ,
d'avoir été médiatisés,
qu'à ce moment-là, on avait pris quand même un peu de recul.
Il n'y a que quand on a été accusés de meurtres.
Juste avant.
Juste avant, quand la salie Alexia, la première fois,
là, j'ai dit, mais il faut qu'on bouge.
On ne peut pas laisser dire des choses comme ça sur notre fille.
C'est archifaux.
Tout ça, c'est que du vent.
Tout ça, c'est pour défendre le meurtrier.
Et c'est là qu'on a pris la décision de parler
pour dire qui était Alexia.
Être victime participile comme ça dans un meurtre,
évidemment, ça vous apprend des tas de choses
sur le fonctionnement des médias.
On en a un pris des choses.
Vous n'êtes plus le même homme et la même femme.
Tout à fait.
Non.
On est plus les mêmes.
Vous vous êtes en durci.
Vous connaissez les mécanismes.
Oui.
Et maintenant, je n'ai plus peur de rien au point de vue
s'il faut aller défendre ou dire.
Je serai toujours là pour elle ou pour la cause des femmes.
Je veux dire oui.
On n'est plus les mêmes.
Vous n'êtes plus les mêmes.
Ça fait.
Et pour le coup, parce que pour les coups,
vous vous trouvez comment maintenant ?
Si on écarte, évidemment, la douleur.
Mais vous, ça vous a...
Moi, je dirais...
Améliorer.
Moi, je dirais qu'Isabelle, ça l'a amélioré dans le sens
où avant, elle était toujours en retrait.
Et maintenant, c'est une combattante.
Maintenant, elle hésite plus à prendre la parole
sur un sujet ou un autre.
Alors qu'avant, il y a...
Moi, il y a mon épouse d'il y a 40 ans.
On a 40 ans de mariage.
Mon épouse d'il y a 40 ans n'est plus du tout la même
aujourd'hui qu'il y a 40 ans.
Ça vous a changé ?
Oui, ça m'a changé.
J'ai des peurs en moi, peur qu'y arrive quelque chose
à Stéphanie.
Il y a vraiment des peurs
qui a encore un malheur qui arrive.
Autant, je n'ai plus peur d'être combattante.
S'il faut, je serai toujours là pour elle
ou pour...
Si on me demande de faire quelque chose pour les femmes,
je serai toujours là.
Ce moment terrible, donc,
Jonathan vous implique
à travers Grégory
dans le meurtre d'Alexia
qu'on trouvait devant Luge Instruction
qui vous lit la version que Jonathan vient de livrer.
Est-ce que, sincèrement, vous vous dites,
il va vite comprendre le juge que tout ça est en délire ?
Parce que vous écrivez, on s'imagine,
repartir avec les bracelets,
donc avec les menottes.
Mais c'est vrai, vous l'imaginez vraiment.
Alors, sur le coup, moi, j'ai cru qu'il blagait.
Honnêtement, moi, je souriais,
quand il nous lisait tout ça.
Mais j'ai vu que son visage était quand même impassible
et qu'il prenait ça
pour quelque chose de vrai.
– Il était pro. – Il était pro.
Il faisait son boulot du juge.
Mais là, je me dis, mais c'est pas possible,
qu'est-ce qu'il nous raconte là ?
D'où ça sort ?
J'ai cru que c'était...
C'est une histoire irréelle pour moi,
de toute façon.
– C'est la quatrième dimension. – C'est vraiment, comme je le dis,
la quatrième dimension.
Mais il nous a simplement dit,
pour nous rassurer, parce qu'après, on a changé le visage.
On le voyait impassible.
Donc il nous a dit que ça allait repartir.
Oui, mais que vous dormiriez pas en prison, quand même.
– Voilà. – Mais vous y avez pensé, vraiment ?
Quand il nous a énoncé, donc,
Lady de Jonathan,
au bout d'un moment,
moi, je me suis dit,
là, c'est quand même du sérieux.
On sait pas où on va, là.
Mais de là,
de là, à passer,
à ressortir avec les bracelets,
à passer directement
dans la prison,
à ce moment-là, je pense pas, quand même.
– Moi, j'étais quand même sidéré, à la fin.
– Mais par contre,
il y a eu une peur qu'on a eu,
on a eu une peur énorme.
C'est pour les jeunes, nos deux jeunes.
– Pour Grégorie. – Pour Grégorie,
son nom a été mis...
– Dans la presse. – Dans la presse.
En sortant du bureau,
en plus, le juge nous dit
qu'il y a le secret de l'instruction,
n'ayez pas peur, ça sort pas du bureau.
– Quand je lui ai montré le portable à la sortie,
mais il n'en revenait pas. – Le juge.
– Le juge. – Oui.
– C'est-à-dire que c'était sorti
sans qu'il imagine que ça allait sortir. – Oui.
– Oui. – Bien.
Enfin, c'est terrifiant pour
l'enquête pénale.
Alors, Isabelle, au cours de la confrontation qui suit,
c'est donc vous qui faites craquer
Jolatin qui permet de
refermer cet épisode pitoyable.
Et pourquoi vous ?
Pourquoi vous et pas Jean-Pierre ?
Votre avocat a tout de suite compris
que ça serait vous.
Pourquoi vous ?
Est-ce que c'est parce qu'il vous aime plus
Jolatin ?
– Ah ça, j'en sais rien.
– Isabelle a réussi à faire craquer
Jolatin, c'est parce qu'elle était
comme moi,
exactement la même chose que moi.
Elle avait préparé
ses questions sur le
sentiment, sur le vécu,
sur les sentiments, sur l'amour,
exactement la même chose que j'avais préparé
moi de mon côté,
qui devait passer en quatrième position.
– Ouais. – Chose que les jeunes
Grégory et Stéphanie
n'étaient pas du tout sur le même
– Ils ne sont pas partis sur l'affect. – Ils sont partis, voilà.
Ils sont partis sur l'effet.
Et ça, ça n'a pas du tout
déstabilisé
Jolatin.
– Donc comme vous êtes passé après Isabelle,
on peut envisager que vous,
il aurait aussi craqué devant vous, sur les mêmes arguments.
Mais je pense que la photo a fait aussi beaucoup.
– C'était en commenté, ça.
Je n'ai pas pu tout raconter, mais
vous êtes partis avec cette photo de chez vous
dans l'idée
de l'utiliser. – Tout à fait.
– Et d'ailleurs, vous avez prévenu le juge avant. – Oui.
J'avais prévenu le juge
en lui disant, j'ai une photo, est-ce que je pourrais
lui montrer.
Donc il m'a dit, on est là.
– Il finit donc par reconnaître
qu'il a menti
que ni vous, ni Grégory
vous n'êtes impliqués dans le meurtre
de votre fille. – Il dit encore que c'est
un accident. – Mais
il y a une scène-là qui se déroule, qui est
hallucinante et que strictement personne
ne peut comprendre, et peut-être même vous
aujourd'hui, vous écrivez, alors
je l'attrape par les épaules pour l'aider
à se relever, on se prend dans les bras
et on pleure un long
moment, je ne ressens
aucune haine, aucun
dégoût. Vous n'allez pas je coubou,
mais vous pourriez dire, je ressens de la compassion
pour ce garçon. – Moi, j'étais
juste
soulagé
que ce mensonge soit enlevé
sur la tête de Grégory
de Stéphanie et de nous.
Vous ne savez pas
ce que c'est que de vivre 6 mois
avec une rumeur
sur les épaules.
Comment aurait pu réagir
Grégory, il aurait pu se suicider
? Comment aurait pu
réagir Stéphanie et les profs
des écoles ? Ils ont un petit garçon
de 2 ans, et nous
dans notre commerce, la rumeur
elle était là, il y en a plein qui ont dû
dire, mais pourquoi pas eux
il n'y a pas de fumée sans feu
– Vous étiez cafetier à l'époque
à Grégory, vous n'avez plus le café
aujourd'hui. – Imaginez vous vivre
avec ça sur le dos
en disant, mais ce sont les
meurtriers de leurs filles. – Mais
vous êtes capables à ce moment-là de le
prendre dans vos prins.
– C'est pas au coeur que vous n'êtes
qu'en au coeur. – C'était un remerciement
c'était pour le remercier
d'avoir
– D'avoir
d'être sorti de ce mensonge pour mes jeunes
– C'est-à-dire que quand même
on est 8 mois après la mort
d'Alexien, n'est-ce pas, à ce moment-là
et vous avez encore ce jour-là des larmes
de Jonathan sur votre épaule
– Tout à fait, non
mais je veux pas ronner ce que j'ai fait
je l'ai fait naturellement, moi
vraiment j'étais soulagé
– C'est le bol qui est plein qui se
– Ouais
– Vous dites à la fin du livre
nous n'avons pas toute la vérité
Qu'est-ce qui vous manque ? – Le pourquoi
– Hypothèse
– Hypothèse
Alexia s'était rendu con
de qui l'était
et qu'elle voulait partir
ce soir-là
– Il perdait quoi si elle partait ?
– Eh bien il perdait qu'elle allait
divorcer – Oui
– Il fallait vendre la maison
– Déjà il perdait Alexia
– Parlez-nous
– Je pense que quelque part il nous perdait nous
et c'était pas moindre
– Parlez la maison, il allait
se retrouver à sa condition
de petit garçon auprès de sa maman
je pense qu'il perdait beaucoup
– En vaillissant sa maman
– Oui
– Est-ce que dans cette idée
qu'on ne sait pas tout
l'esprit de l'idée qu'il y avait peut-être quelqu'un
d'autre au moment
du meurtre
et plus encore au moment de l'évacuation
du corps
– Il y a beaucoup somgé
– Parce qu'on se rend
toujours comme un homme tout seul peut porter
– Exactement
– Mais après il nous a montré
qu'il était capable de le faire tout seul
– Avec le mannequin
– Avec le mannequin
donc ça évacue la complicité
– Depuis qu'il a été condamné
il ne vous a pas écrit
– Non
– Il ne vous a pas fait passer de messages
– Non, non pas du tout
– Et de toute façon je ne le croirais plus
– Parce qu'il pourrait répondre
il ne finait à la question du pourquoi
– Oui, il pourrait
mais est-ce que je vais le croire ?
– Ça sera une énième version
– Il avait changé six fois de version
– En version officielle
– Comment voulez-vous
qu'il sort de sa bouche maintenant ?
– Je vous remercie infiniment
de m'avoir reçu à cette table
familiale
qui a vu tant de fêtes
et aussi tant de douleurs
Je rappelle le titre de votre livre
magnifique, passionnant
que je conseille à tous de lire
Isabelle et Jean-Pierre Fouillaud
Alexia, notre fille
aux éditions Robert Lafond, livre co-écrit
avec Thomas Chagnot
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3 mois après le meurtre d'Alexia, Jonathann Daval est placé en garde à vue et avoue. Le regard des parents d’Alexia.