Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Daval : Alexia notre fille, Episode 2 - Le récit
Europe 1 8/23/23 - 31m - PDF Transcript
Je vous propose, en deux épisodes, et voici le deuxième, de revivre l'affaire Alexia Daval,
tuée par son mari Jonathan en 2017, à travers le regard de ses parents, Jean-Pierre et
Isabelle Fouillaud.
Récie que je tire de leur livre qui paraît chez Robert Lafont, Alexia, notre fille.
J'ai raconté dans le premier épisode la période qui va de la disparition d'Alexia,
jusqu'au premier doute qui émerge dans l'entourage de ses parents, mais pas encore dans la tête
des parents. Dans ce deuxième épisode, la suite et la fin de l'histoire, du moment où les parents
acceptent l'idée que Jonathan a tué leur fille, jusqu'à sa condamnation à 25 ans de prison par
la cour d'assises. J'ai écrit ce deuxième épisode avec Tuduel de Dieu le veut, réalisation
Céline Lebrun.
Un week-end, deux mois, environ après la mort d'Alexia, notre fille Stéphanie et son mari Grégory
viennent passer deux jours chez nous. Quand ils arrivent, on sent quelque chose d'un peu tendu
dans l'atmosphère. Ils attendent le dîner pour nous parler. Et c'est Grégory qui lance le débat.
Nous, on ne s'y attend pas du tout. Voilà. Depuis quelques semaines, en disant qu'on est plusieurs
dans la famille, on se posait des questions sur la mort d'Alexia. Les premiers jours, on en a beaucoup
parlé avec la belle-sœur de Jonathan et elle nous a mis en garde contre sa mère. Il y a beaucoup
d'incohérences dans l'histoire qu'on nous raconte et qu'on vous raconte. Par exemple,
en droit où on a retrouvé le corps d'Alexia, c'est incroyable que la mère de Jonathan connaissait
très bien. Elle allait le promener là-bas quand il était petit. Et puis franchement, la mère et le
frère de Jonathan, leur comportement le soir du drame était assez choquant. Nous, on les a trouvés
bizarres. Il y a quelque chose qui cloche. Enfin, sa mère détestait Alexia. Et nous, on est persuadés
que la mère et le frère sont mouillés dans l'affaire. Mais vous êtes singlés ? Enfin,
comment vous pouvez imaginer des horreurs pareilles ? On n'est pas prêts à nous faire bousculer et
hors d'entre la vérité. Enfin, je pense à Jonathan au dîner, hier soir, il avait l'air encore si
bouleversé. Et quand il est rentré chez lui, il nous a envoyé un message. « Chère Isabel,
heureusement que vous êtes là pour m'aider à supporter ça. Je vous aime. Maman. Maman. Il m'a
appelé maman. Ça nous a touché. On le lui dit souvent. Tu es comme notre fils Jonathan. Tu peux
compter sur nous. Nous le protégeons. » Alors nous refusons d'entendre ce que vient de nous dire,
Crégorie. Quelques jours plus tard, Jonathan nous appelle au téléphone. Il est dans tous ses états.
Je viens de voir sur le site de la S.R.A. un article avec un titre, « Arrestation de Jonathan ». Bon,
il n'y a que le titre. L'article n'y a rien de non. Mais il veut l'interroger mon patron.
Ils vont m'accuser du meurtre. Il me rappelle quelques minutes plus tard.
Bon, c'est bon, l'article est retiré. Finalement, ils ne viennent pas voir mon patron.
Bah tu vois Jonathan, enfin, il n'y a pas besoin de paniquer puisque ça a été retiré.
Le lendemain, Jonathan est interpellé chez lui à six heures du matin pour être mis en
examen pour le meurtre d'Alexien. Et juste après, les gendarmes viennent nous voir.
Monsieur Mme. Fouillot, je dois vous informer que l'histoire est sans doute en train de basculer.
Si nous avons placé votre gendre en carte à vue, dites-vous que c'est que nous avons des éléments
sérieux. Le choc, on ne peut pas y croire. Nous sommes convoqués cet après-midi à
16h à la gendarmerie pour une audition. Dans la voiture, je me souviens avoir
posé la question. Tu crois que ça peut être lui ? Non, enfin, c'est impossible. Il y a longtemps
qu'on le saurait. Longtemps qu'on s'en serait aperçu. C'est la première fois que nous osons
formuler cette question à voix haute. A la gendarmerie, nous sommes interrogés chacun séparément.
Isabelle d'abord. J'ai jamais cru que ça pouvait être Jonathan. Ça peut pas être Jonathan. C'est
comme notre fils. Vous n'avez pas de pistes, alors vous vous en abattez sur le mari. Moi,
je vous le dis, je soupçonne tout le monde, sauf Jonathan. Et dans le bureau d'à côté,
Jean-Pierre dit la même chose. Moi, je suis absolument persuadé que Jonathan n'a rien fait
dans cette histoire. On est trop proches avec ce gamin. Enfin, on aurait vu quelque chose. Il est
avec nous tous les jours. Il mange chez nous presque tous les soirs. Je suis persuadé qu'il est pas
coupable. Nous récitons l'un et l'autre presque mot pour mot, l'histoire que pendant trois mois,
Jonathan nous a fait croire. Son emprison a été très efficace.
Le lendemain, la télévision annonce que Jonathan a avoué. Le ciel nous tombe sur la tête pour
la deuxième fois. C'est un deuxième déri. On vient de perdre notre genre. Et on l'aime. On l'aime
encore. Je n'arrive pas à concevoir que ça peut être lui. Tout au long de la soirée, la maison se
remplit comme les premiers jours. Les frères, les sœurs, les belles sœurs, tout le monde arrive.
Enfin, on lui a donné Alexia. On lui a donné notre amour. On lui a tout donné. Et lui, il détruit
tout. Tout pour rien. Nous l'avons passé trois mois à nous cajoler, comme si c'était notre
fils, alors qu'il était le meurtrier de notre fille. Je repense au jour de la disparition à la
marche blanche, à l'enterrement, au costume, à la châte. Tout ça me revient. Il s'est vraiment
foutu de notre gueule. Et nous, notre monde s'écroule. Nous allons devoir nous battre,
affronter Jonathan et son avocat. Notre vie est off in horror qui s'arrêtera jamais.
Mardi 30 janvier 2018, 16h50, 5e audition de Jonathan Daval devant le juge. M. Daval,
vous avez pu vous entretenir avec vos avocats ? Est-ce que vous avez quelque chose à nous dire ?
J'ai pas voulu ce qui est arrivé. C'était pas volontaire. Et bien dites-nous ce qui s'est
passé. Elle a fait une crise extrêmement violente. J'ai voulu l'assérer dans mes bras pour qu'elle
ne me fera pas. Et là, c'était vraiment fort. Je l'ai maintenu. Je pouvais pas. On était dans la
chambre. Je l'ai mise sur le lit. Je l'ai matue contre moi et sans le vouloir, je l'ai étouffée.
Comment est-ce que vous l'avez étouffée ? Et puis je l'ai étouffée en l'insérant quand elle était
sur le lit. Au début, je l'inserais avec les deux bras. Et ensuite, vous avez fait quoi ? Mais sur le
goût, je l'ai mis dans le véhicule du boulot. Mais je l'ai pas déplacé tout de suite. J'ai voulu vous
appeler les gendarmes, mais c'était pas possible. J'y croyais pas. Je veux me vous dire, j'ai espéré
qu'elle se réveille. D'ailleurs, par dignité pour elle, je vais prendre un drap qui était en bas,
qui correspond d'ailleurs à celui qui a été découvert au-dessus, puisque je l'ai recouvert de
du drap. Et puis je lui ai mis les lunettes au moment où je l'ai déposé sous les deux branchages.
Mais l'histoire de la brûlée, ça, je n'y suis pas en rien.
Tout cela est un tissu de mensonge. On va même quand il avoue, il peut pas s'empêcher de m'en
tir. Ça sera démontré plus tard. On ne tue pas quelqu'un par hasard en l'encerrant dans ses bras.
Pour tuer, il faut presser le coup de manière continue pendant au moins cinq minutes. Et puis les
crises d'hystérie d'Alexia dont il parle, personne n'en a jamais été témoin, ni nous,
ni les amis d'Alexia, ni ses collègues de travail. Et puis l'autopsie dit qu'Alexia a reçu 12 coups
de points. Elle a eu le nez cassé. Son visage et son corps étaient couverts des mathomes. Et sur son
dos, il y avait des abrasions qu'il essaie d'imaginer qu'il l'avait traîné sur plusieurs maîtres.
Rien de ce qu'il dit n'est vrai, si ce n'est qu'il est bien le tueur d'Alexia.
Face à ces mensonges, nous devons prendre la parole pour défendre Alexia. Parce que l'avocat de Jonathan
Randall Schwerdorfer, dit-il maintenant un scénario absolument taudieux. L'histoire d'une
femme qui aurait maltraité son mari au point qu'il l'a tue. Et ce scénario, tous les médias le reprennent.
Oui, ne l'affirme pas vraiment, mais ils le sous-entendent. Et ce faisant, ils jettent
notre fille en pâture sans même s'en rendre compte. L'histoire, le leur impose en quelque sorte.
Ils n'ont pas le choix. Dès lors, la prise de position à la radio le lendemain des aveux de
la ministre Marlène Schiappa nous fait un bien fou. Je pense qu'il faut arrêter de minimiser les
violences conjugales, arrêter de trouver des excuses, il n'y a rien, rien qui justifie qu'on frappe
sa femme ou sa compagne, ni la cuisson de tel ou tel plat, ni le fait qu'il y ait une personnalité
entre guillemets écrasant. Et encore une fois, je dis ça pour le cas général et pas pour cette
affaire en particulier, dont je n'ai pas l'étonnant les aboutissants. Un jour, j'ai dit à Maître
Florent que j'approuvais totalement les propos de la ministre. Vous savez ce qui m'a répondu ?
Oh, ce n'est qu'une petite arriviste. Et bien nous, c'est devenu notre premier avocate. Et désormais,
nous n'avons pas d'autre choix que de parler à notre tour. Comme si notre vie était devenue le
sujet d'une série qui se déroule chaque jour en direct à la télévision. Nous choisissons BFM TV
et Routel Crierf pour nous exprimer pour la première fois. Je pense que le 18 février, pour moi, c'est
vraiment un cap énorme à passer. Et au vu de toute la presse, on entend certaines choses qui ne sont
pas l'image d'Alexia et je voudrais qu'on rétablisse la vraie Alexia, telle que l'était, telle que
t'es ma fille. Quand les caméras se réteignent, nous avons le sentiment d'avoir atteint notre
objectif. Freiner l'agression et prendre la défense de notre fille. Huit mois après le meurtre d'Alexia,
nous recevons une convocation au tribunal, une audition devant le juge d'instruction. On se dit que
c'est une simple information procédure. Quand nous arrivons dans la cour du palais de justice,
notre avocat descend les marches 4 à 4 pour se diriger vers nous. Il s'approche, il baisse la tête
et il nous dit à voix basse. Mais voilà ce qui se passe. Jonathan vous accuse d'un complot familial,
vous allez être accusé de meurtre. Mais qu'est-ce qui est en train de nous tomber de nouveau sur la
tête ? Bien monsieur dame, voilà ce qui se passe. Nous avons souhaité vous entendre en urgence car nous
avons procédé à l'interrogatoire de monsieur Daval le 27 juin dernier à sa demande et je vous
pose la question. Est-ce que vous avez été informé des révélations qu'il a faites à cette
occasion ? Oui, enfin il y a cinq minutes par notre avocat. Alors nous vous indiquons qu'en substance
monsieur Daval affirme que vous avez assisté à la mort de votre fille, que celle-ci a été causée
par votre gendre grégorique gay et que vous avez participé, en particulier vous monsieur fouillot,
à la dissimulation du corps. Qu'en pensez-vous ? C'est apérent. Ça n'est même risible. C'est
la quatrième dimension, c'est tellement gros. Le magistrat, nous l'étalore les déclarations
de Jonathan. Alors, selon ces dires, lors du dernier dîner avec votre fille, une altercation
violente aurait éclaté entre Alexia et Grégory, votre gendre, qui n'aurait pas supporté qu'elle
bouscule son fils en montant à l'étage. Pour la raisonner, Grégory l'aurait suivi dans sa chambre,
afin d'avoir une explication avec elle, mais face à la violence de son comportement, il l'aurait
étranglé et serait redescendu pour vous annoncer qu'il l'avait tué. À partir de là, Jonathan
Daval dit que vous vous seriez répartis des rôles. Que vous, madame, vous auriez gardé le petit
James dans le bureau au rez-de-chaussée toute la soirée. Pendant que vous, monsieur, vous auriez
déplacé le corps de votre fille chez elle. Et ensuite, avec Jonathan, vous auriez placé le corps dans
la fourgonnette blanche et vous l'auriez amené au petit matin à la lisière du bois Desmola.
Nous comprenons bien que le juge n'a pas d'autre choix que de faire les vérifications qui s'imposent.
Et donc l'enquête redémarre à zéro. Et nous, on se voit repartir avec les bracelets. Mais je
crois que le juge n'est pas d'hupe. Ne vous inquiétez pas, monsieur dame. Vous allez rentrer chez vous
ce soir. Et par ailleurs, rien de tout cela ne sortira de ce bureau. C'est le secret de l'instruction.
Mais en sortant du bureau, quand je rallume mon portable, les journalistes annoncent déjà le bon
frère accusé du meurtre d'Alexia. À l'heure des réseaux sociaux et des chaînes d'information
continuent, il n'est plus nécessaire de prouver. Il suffit d'accuser et en l'occurrence de dire n'importe
quoi. Notre première décision est de changer d'avocat. Nous voulons un ténor et nous choisissons le
bâtonnier Gilles Jean Portogiois. Et pour lui, il n'y a qu'une solution. Moi, je pense qu'il faut
demander une confrontation avec Jonathan Daff. Pour que vous le mettiez en face de ces mensonges. Et
espérez parvenir à le faire craquer. Nous avions décidé de faire des travaux dans notre maison. Le
salon est vraiment défraîchis et on a envie de moderniser notre intérieur. Ça nous changera un peu
les idées. Nous avons choisi les entreprises, les deux vies sont validées, la date des travaux est
arrêtée. Et là, j'ai comme un flash. Si on attaque les travaux, tu penses pas qu'il y aura
toujours quelqu'un pour nous accuser de vouloir, je ne sais pas, cacher des preuves ? Alors nous
avons tout annulé, tout reporté. Le jour J de la confrontation, Grégory, notre genre est appelé
le premier. Et une heure plus tard, quand il ressort, il nous fait un petit signe. Jonathan n'a pas
craqué. Ensuite vient notre fille, Stéphanie. Devant elle, les yeux dans les yeux, il continue d'accuser
son mari d'avoir tué sa soeur. Lorsque vient mon tour, notre avocat m'a dit, maintenant Isabel,
tout repose sur vos épaules. Je pense que vous êtes la seule à pouvoir le faire bouger. Lorsque
j'entre dans le bureau du juge, je tombe immédiatement sur Jonathan assis sur une chaise, face au magistrat.
Il ne me regarde pas. Il fixe le mur devant lui. Et moi je lui dis, bonjour Jonathan.
Mais le juge m'arrête tout de suite. Nos échanges doivent forcément passer par lui. Mais moi je remarque
maintenant, il a tourné la tête, qu'il me regarde. Et à partir de maintenant, je veux capter ce regard,
je ne veux plus le lâcher. Je veux conserver ce lien qu'il semble prêt à m'accorder. Jonathan,
je suis venu pour comprendre. Est-ce que tu nous a aimé? Est-ce que tu as aimé Alexia? Oui. Alors dis-nous
la vérité. On te pardonnera. Toi, tu pourras en prendre ta vie en main, tu pourras te reconstruire.
C'est pas en mentant que tu vas te reconstruire. Je lui fais croire au pardon pour le mettre en
confiance uniquement. Jonathan, comment tu peux vivre avec ça? Et là, là il commence à pleurer.
Et je sens bien qu'il n'est pas insensible à ce que je lui ai dit. Je ne sortirai pas de ce bureau
avant qu'il ait craqué. J'ai apporté une photo d'Alexia dans mon sac, une photo où elle est avec son
chat. Monsieur le juge, est-ce que je peux lui montrer la photo? Il me fait signe qu'il est d'accord.
Alors je l'attends à Jonathan. Il l'apprend, il la regarde longuement. Je lui donne des nouvelles
de l'achat. Je lui dis qu'elle va bien et que désormais c'est la seule chose qui nous relit à
Alexia. Et là il se lève et il sait fondre à mes pieds en larmes. Je l'ai menti.
Alors je l'attrape par les épaules pour les déâts se relever. On se prend dans les bras et on pleure
tous les deux un long moment. Je ne ressens aucune haine, aucun dégoût. Au moment de quitter le bureau,
le juge s'approche de moi et me dit, ce que vous avez fait madame est extraordinaire. Vous avez
fait avancer l'enquête d'un pâte géant. Et vraiment je vous en remercie. Nous venons de recevoir
une convocation pour assister à la reconstitution du meurtre d'Alexia. Je ne veux pas y aller.
Je ne suis jamais repassé chez elle. C'est trop difficile. Mais notre avocat me dit,
Isabelle, je compte sur vous encore une fois. Il n'y a que vous qui pouvez le faire craquer.
Alors j'ai répondu ok. Quand nous arrivons devant la maison, tout est figé. Comme si le temps s'était
arrêté et puis il y a l'odeur. Et là nous tombons nez à nez avec Jonathan. Il est affalé sur le
canapé, menotté aux pieds et aux poignées. La reconstitution commence dans le salon. C'est là
que la dispute aurait éclaté. Bien monsieur Daval, qu'est-ce qui s'est passé ici raconté ? Et bien
Alexia me demande un rapport sexuel. Je le lui refuse. À partir de là, c'est un dégénère. Je commence
à essayer de partir. Elle essaye de m'agriper pour pas que je m'en aille. Et là je force mon
bras et je pars en direction du garage. Nous nous déplacons donc tous vers le garage au sous-sol.
Pour écouter Jonathan nous raconter le martyr de notre fille. En fait ça a commencé dans l'escalier.
Je l'ai plaqué contre le mur. Je lui donnais des coups de poing plusieurs fois avec la main
droite et puis la main gauche. Je voulais qu'elle se taise et c'est là que je l'ai trancé. Une jeune
gendarme joue le rôle d'Alexia. Il maintient ses mains serrées sur son cou quelques secondes. Et puis il les relâche.
Monsieur Daval, un étranglement ça dure au moins quatre minutes. Alors vous allez tenir s'il vous plaît,
quatre minutes. C'est long, quatre minutes. Ce qu'il raconte ensuite est encore plus insupportable.
Après je l'ai laissé tomber sur les marches et puis je les tirais par les pieds. Donc d'abord dans
l'escalier et puis sur le sol pour la mettre à l'arrière de la fourgonnette. La suite se passe
dans la forêt où on a retrouvé le corps. Jonathan s'avance, tête baissée, encadré par deux gendars.
Bien monsieur Daval, est-ce que vous pouvez reproduire les gestes de déplacement du cadavre dans les bois
depuis la fourgonnette ? Allez-y on vous regarde. Il s'approche de la fourgonnette. À l'intérieur
il y a un mannequin qui simule Alexia. Et sans hésiter, il attrape le mannequin par les pieds,
il tire d'un coup sec pour le faire chuter à terre. Et par un instant, il n'exprime le moindre
sentiment de honte. Je ne sais pas, il aurait pu dire, je suis désolé. Je les tirais comme ça,
excusez-moi. Et là il tire le mannequin entre les ronces. Et donc après je suis allé chercher
l'autre adam dans la voiture pour la recouvrer. Et là, il prétend qu'il n'a jamais mis le feu
au cadavre. Le problème monsieur Daval, c'est que la combustion spontanée n'existe pas.
Ouais, je comprends. Et là, la juge se retourne vers nous pour nous demander de prendre le relais.
Alors je me lance. S'il te plaît Jonathan, dit la vérité va jusqu'au bout. Reconnais-le si tu l'aimes.
Je sais Isabelle, mais je l'ai pas fait. Mais si c'est pas toi Jonathan, c'est que c'est quelqu'un de
ta famille. Tu sais bien que l'enquête va repartir pour chercher un complice. Son avocat demande
alors une pause. Et dix minutes plus tard, Jonathan revient vers nous. Bon ben, c'est moi.
Et ben voilà. On est arrivé au bout. Jonathan est le meurtrier de A à Z. Nous n'avons pas toute
la vérité, mais nous avons obtenu l'essentiel. Mais il conserve ses secrets. Il est loin d'avoir
tout dit, notamment les raisons qu'il ont poussé à devenir un meurtrier. Pourquoi voulait-il se
débarrasser de sa femme, qu'il venait d'épouser ? Pourquoi est-ce qu'il n'a pas simplement quitté ? Est-ce
qu'il souhaitait prendre sa place, comme nous l'avons longtemps pensé, de venir notre fils ? Nous,
nous sommes persuadés que le drame d'Alexia n'est pas simplement celui d'un couple qui explose. Nous
pensons que c'est la folie d'un enfant qui n'a jamais été aimé. Désormais, la cour d'assises doit
juger Jonathan. Et notre hantisme, c'est que ce procès devienne celui d'un couple et même
pire, celui de notre fille. Nous sommes effrayés à l'idée que l'avocat de Jonathan déclare une
nouvelle fois la guerre à Alexia. Mais entre le moment où Jonathan a été placé en garde à vue,
en janvier 2018, et sa condamnation à 25 ans de réclusion criminelle en novembre 2020,
les choses ont changé. Et son avocat, maître Schwer d'Orphère, aussi. Avant, il prétendait
avoir des choses à dire. Il annonçait des révélations au procès. Le président de la cour d'assises
s'en amuse d'ailleurs. Maître Schwer d'Orphère, vous n'aviez pas des révélations extraordinaires
à nous faire ? Où sont-elles ? Mais lui, maintenant, il se contente de défendre. Il parle de son
enfance douloureuse, de son père absent, de ses complexes, de ses talks et de son besoin de s'inventer
une famille de substitution. J'oserai dire pour conclure que Jonathan était sans doute plus amoureux
de vous, ses parents, qu'il ne l'était d'Alexia. Ça, on aurait presque pu le dire nous-mêmes. Et pas
un instant, il n'a attaqué Alexia. Pas un seul de ces mots ne nous a fait bondir dans la salle d'audience.
Son silence, au moment fatidique du procès, c'est notre victoire. Nous le devions à notre fille,
elle ne méritait pas ça. Pas plus d'être tué que d'être insulté. Et elle nous manque tellement.
Let her go, let her go, God help her, wherever she may be.
They can search the white world over. But they'll never find a man like me.
Le premier épisode de cette histoire est disponible sur toutes les plateformes de podcast.
J'ai tiré ce récit en deux épisodes du livre d'Isabelle et Jean-Pierre Fouillot,
Alexia, notre fille, aux éditions Robert Lafond.
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3 mois après le meurtre d'Alexia, Jonathann Daval est placé en garde à vue et avoue. Le regard des parents d’Alexia.