Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Daval : Alexia notre fille, Episode 1 - Le récit

Europe 1 Europe 1 8/22/23 - 35m - PDF Transcript

Je vous propose en deux épisodes, et voici le premier, une expérience tout à fait

particulière, et je vous le dis absolument passionnante.

Revivre l'affaire Alexia Daval à travers le récit de ses parents Isabelle et Jean-Pierre

Fouillon.

Et pour ce récit, je suis venu les voir chez eux, agré, en haute sonne, et j'ai tiré

même en histoire de livres qu'il publie chez Robert Lafon, Alexia Notre-Fille.

Alexia Daval, je vous rappelle, qu'elle a été tuée en octobre 2017 par son mari,

Jonathan, qui a été condamné à 25 ans de réclusion criminelle.

Il est extrêmement rare que des partis civils racontent une affaire de leur point de vue,

qu'ils racontent leur souffrance, leur aveuglement à l'égard de leur gendre Jonathan, leur

regard aussi sur les journalistes qui ont médiatisé cette affaire à Outrance, et surtout leur

combats pour que leur fille ne soit jamais considérée comme un peu responsable de sa

mort.

Voici donc le premier épisode de la mort d'Alexia, jusqu'au premier doute de sa famille

concernant Jonathan.

Je l'ai écrit avec Tuguel de Dieu le veut, réalisation Céline Le Bras.

Quand je me lève, ce matin du vendredi 27 octobre 2017, je ne pense pas vivre ma dernière

journée avec ma fille Alexia.

C'est le week-end de la Toussaint, notre fille née Stéphanie et son mari Grégory

arrivent de Paris dans l'après-midi avec leur petit James qui vient d'avoir deux

ans.

Je n'ai pas trop le temps de préparer un repas pour le soir, alors on a prévu une

raclette.

Alexia m'appelle vers midi et je perçois tout de suite au son de sa voix, quel est pas

dans son assiette.

Tu me rassures, dis-moi Alexia, t'avais prévu de préparer le dessert pour ce soir,

ça tient toujours ?

Oui, oui t'occupe de rien, j'ai fait une salade de fruits, ça fera plaisir à papa

et puis j'ai fait du riz au cacao, tu sais comme tu nous en faisais quand on était

petites.

Stéphanie et son mari arrivent vers 17h et Alexia très vite après, elle sort juste

de la piscine où elle est allée faire ses longueurs habituelles et l'a encore les

cheveux mouillés.

Le temps de lancer la cuisson des pommes notaires arrive mon mari, Jean-Pierre, fatigué

par sa journée mais heureux.

Dis-moi Alexia, Jonathan n'est pas là ? Si, s'il va arriver, il devait passer à la

maison prendre les desserts.

Jonathan arrive quand on commence à trinquer, il salue tout le monde et il se précipite

vers Alexia pour l'embrasser.

Ça va ma chérie ? Oui, ça va mieux.

Et il l'embrasse à nouveau.

Une soirée normale, en famille comme on en a fait des dizaines, à ce détail près

que Jonathan, qui ne renonce jamais d'habitude à finir une bouteille de vin, ce soir-là

refuse.

Non, c'est bon ça ira, mais qu'est-ce que tu as ce soir Jonathan ? T'es malade ?

On discute jusqu'à 23h, minuit, et puis Alexia et Jonathan enfilent leur manteau,

nous douze embrassons, en partant, elles se retournent, elles m'envoient un pésé de

la main.

C'est la dernière fois que je lui souhaite bonne nuit.

Le lendemain matin, un peu avant 11h, on sonne à la porte.

C'est Jonathan, il est en larmes.

Mais qu'est-ce qu'il y a Jonathan ? Pourquoi tu pleurs ? C'est Alexia.

Elle est partie courir vers 9h30, elle n'est toujours pas rentrée.

Je sais pas, j'ai peur, je sens qu'il lui arrive quelque chose de grave.

Mon fin Jonathan, mais pourquoi tu te mets dans un état pareil, enfin, elle vient de

partir courir, elle a peut-être rencontré une copine.

Stéphanie, la sœur d'Alexia, vient de se lever, elle nous rejoint dans la cuisine

un peu au radar, et là son téléphone se met à vibrer, c'est un SMS d'Alexia.

Je suis parti courir, je passerai peut-être si j'en ai la force, à tout à l'heure.

Mais comment, comment a-t-il eu le cran d'envoyer ce SMS pour faire croire que sa femme était

encore en vie ?

Il n'a pas pu l'approviser, ça.

Il avait un plan, et il venait de nous embarquer dedans.

À table, Jonathan n'arrête pas de répéter.

Je suis sûr qu'il lui ait arrivé quelque chose de pas dans la main.

J'en suis sûr.

Alors Gregory, notre gendre, lui dit bah on y va, on va la chercher.

Ils font le tour du quartier, et puis ils vont chez eux.

Jonathan monte à l'étage.

Alexia ? Alexia ? Alexia, tu es là ?

Après, ils vont aux urgences, au cas où.

Et puis Jonathan va voir les gendarmes, qui prennent tout de suite l'affaire au sérieux.

Ils arrivent avec des chiens.

En cinq minutes, toute notre vie vient de basculer.

Les gendarmes ont emmené Jonathan, et il n'est toujours pas rentré.

Et nous, on attend dans leur maison.

Sa famille, à lui, est là.

Sa soeur, ses deux frères, son beau-père et sa mère.

Sa mère qui prend beaucoup de place.

Qui mange, qui boit, qui parle fort.

Je me souviens pas qu'elle est venue nous voir.

Oh, c'est ça l'autre gendarmes.

Ils sont en train de le presser comme un citron.

Mais qu'ils lui foutent la paix, putain.

Et puis, la porte s'ouvre.

Et la Jonathan apparaît.

Et on entend sa mère lui dire.

Bah vas-y, montre-leur, montre-leur la morsure que tu as sur le bras.

La morsure ? Mais quelle morsure ?

Mais qu'est-ce que ça veut dire ?

Bah dis-leur, Jonathan, enfin, ce qu'elle t'a fait subir.

Raconte ce qu'elle te faisait ?

Oui.

Maman raison, Alexia, elle pouvait être violente avec moi.

C'est vrai.

Depuis qu'elle prenait des médicaments, elle faisait des crises.

On n'a jamais entendu parler de ça.

On ne comprend plus rien.

Quel est le lien avec sa disparition ?

Ça fait deux jours et deux nuits qu'Alexia a disparu.

La ville a organisé une nouvelle battue.

Quand on arrive sur le parvis de l'Hôtel de Ville, il y a plus de 400 personnes.

Et nous partons donc à repenter les champs, les sous bois, les forêts.

Et BFMTV nous suit à la trace.

Au bout de quelques heures, mon téléphone sonne.

Mon téléphone sonne.

Allô ? Isabel ?

Il y a un homme qui cherche à te voir.

Il déclé les médiums.

Elle me donne son numéro ?

Je l'appelle.

J'habite dans le midi.

C'est vrai que je suis médium.

Je ne connais pas du tout votre région.

Mais je sais où elle est, votre fille.

Je la vois dans un secteur poisé.

Dans une cabane, près d'un village qui s'appelle Esmoulin.

Esmoulin ?

Mais c'est justement là qu'on se trouve.

Et là on entend une voix puissante qui hurle.

On arrête.

On arrête tout.

Ce sont les journalistes autour de moi qui me le disent.

On vient de retrouver un corps.

Nous sommes convoqués à la gendarmerie à 19h.

Le procureur est là.

On a retrouvé un corps.

Messieurs dames,

pour l'instant il est impossible de dire s'il s'agit d'un homme ou d'une femme.

Le corps est très dégradé.

Il a été brûlé.

Il va donc falloir attendre les analyses adhéennes.

Nous apprenons seulement le lendemain qu'il s'agit bien d'Alexia.

Toutes les chaînes d'information viennent d'annoncer la nouvelle.

Et à partir de là, les journalistes nous devanceront tout le temps.

Le procureur nous a conseillé de prendre un avocat.

Mais nous n'en connaissons aucun.

Alors nous a donné une petite liste.

Et nous choisissons la proximité.

Maître Florent qui a acquis sa réputation dans les années 2000

en rendant la liberté à Patrick Dill.

Alors nous prenons rendez-vous.

Et nous y allons tous les cinq.

Avec Stéphanie, Grégory et Jonathan.

Ils se lèvent pour nous accueillir.

Il fait un peu penser à un ministre de la IIIe République.

Une affaire comme ça, dans un mois elle est bouclée.

Et on aura le coupable.

Ça ne peut pas être autrement.

Il n'y a qu'une chose qui peut tout bloquer.

C'est que l'assassin se suicide.

Et qu'on ne sache jamais que c'est lui.

On sent qu'il connaît bien son métier.

Et par ailleurs, il faut que je vous dise que déontologiquement

je ne peux pas défendre en même temps vos intérêts à vous

par ordre d'Alexien.

Et à vous, Monsieur Marie d'Alexien.

Parce qu'au cours de la procédure,

vos intérêts peuvent parfaitement évoluer.

Je pense à la succession, à la maison, à l'argent, etc.

Vous, Monsieur Daval, vous n'avez rien à vous reprocher ?

Ah ben non.

Eh bien très bien, je connais des confrères.

Je vais vous trouver quelqu'un tout de suite.

Maître Florent nous demande de lui verser en la compte de 12 000 euros.

C'est une somme énorme pour nous.

Quand les gendarmes nous convoquent,

ils nous demandent de venir avec lui.

Oh mais non, vous n'avez absolument pas besoin de moi.

Je vous rappelle que nous sommes partis civils.

Mais ça ne sert à rien que je sois là.

Pas une seconde.

Ils ne se demandent ce que ça représente pour nous

d'être entendus par des gendarmes

alors qu'on vient de retrouver quelques jours plus tôt

le corps de notre fille dans un sous- bois.

Mais nous avons payé d'avance.

On peut plus reculer.

Quant à l'avocat de Jonathan,

en tant que partis civil,

ce sera donc Randall Schwerdorfer.

Et le plus incroyable,

c'est que nous accompagnons Jonathan,

le tueur de notre fille,

à ce premier rendez-vous avec son avocat.

Il n'y a aucun moment.

Nous ne pouvons penser qu'un jour,

nous l'aurons face à nous.

À côté du dramatique,

il y a aussi la pression de l'extérieur

et notamment des médias.

Depuis la découverte du corps d'Alexien,

la ville est envahie de journalistes.

Les hôtels affichent tous complet.

Le maire passe nous voir à la maison.

Bien, qu'est-ce que vous souhaitez faire

pour rendre hommage à Alexien ?

Moi, je voudrais une marche blanche.

Entendu.

On s'occupe de tout.

Vous ne faites rien, d'accord ?

Dites-moi, pour annoncer cette marche blanche,

est-ce que vous vous sentez capable

de donner une conférence de presse

à l'hôtel de ville ?

Oui.

Enfin, on va essayer, à ce moment-là.

Jonathan est là.

Il ne dit rien.

Il se contente d'acquiécer.

C'est l'arme, l'excuse.

Le jour de la conférence de presse,

en plus d'une centaine,

les perches de micro tendu vers nous.

Des dizaines de caméras fixent nos visages.

Nous nous installons doucement.

Jonathan à ma droite

et Stéphanie à ma gauche.

Je déplie la feuille blanche,

sur laquelle j'ai griffonné quelques lignes.

Mes mains sont moites.

Et mon corps est glacé.

Je redoupe ce moment

où je vais devoir prononcer le nom d'Alexia.

J'en suis sûr.

Je n'y arriverai pas.

Nous avons été particulièrement touchés

par les lampes de solidarité

et les nombreux témoignages de sympathie

que nos familles respectives ont reçues.

A ce moment-là, moi,

je ne vois pas Jonathan,

mais j'entends ces sanglots

continus à côté de moi.

Et moi, je lutte pour ne pas m'effondrer avec lui.

J'articule chaque son lentement,

la bouche grande ouverte

pour mieux maîtriser mes émotions

et raveler mes larmes.

Nous avons décidé de rendre hommage à Alexia

par l'organisation d'une marche blanche

qui aura lieu ce dimanche 5 novembre

dans la dignité et le respect.

J'ai pas craqué.

Mais je n'ai pas conscience,

à ce moment-là,

que l'affaire vient de prendre une ampleur nationale.

Moi, par mes mots,

que par les larmes de Jonathan.

C'est la première fois que les médias

et donc les Français le découvrent vraiment.

Et moi, je ne mesure pas l'impact de Jonathan.

Je ne mesure pas l'impact de l'image

de ce jeune homme effondré de douleur.

En donnant cette impression

de ne pas pouvoir se relever de la mort de sa femme,

il vient de bouleverser les téléspectateurs

autant qu'il nous a touchés.

Et ça nous impressionne d'autant plus

qu'on sait qu'il est bourré d'anxiolitisques

et d'antidépresseurs.

Hier, elle a faillé tomber dans notre escalier,

tellement il était chouté.

Il ne parvient pas à faire face.

On se lève pour quitter la pièce.

Et apparemment, nous avons tous un petit geste pour lui.

Une main posée sur son épaule pour lui dire

qu'on l'aime.

Il vient de devenir le visage

de notre tragédie.

La première semaine,

Jonathan vient nous voir tous les jours

à la maison.

Il y passe toute la journée

et il reste tous les soirs pour dîner.

Mais pas pour dormir.

Il préfère passer la nuit chez eux.

Comme ça,

j'ai l'impression de dormir

dans les bras d'Alexia.

Vous comprenez ?

Dans leur maison,

le frère de Jonathan, Cédric,

il dort là pour être à ses côtés

pour ne pas prendre le risque

de le laisser seul.

On ne sait pas,

à ce moment-là,

que ces soirées qu'il passe ensemble

permettent aussi à Jonathan

de s'échapper.

On apprendra plus tard que la veille

de la marche blanche.

Il est allé à Dijon

avec son beau frère au cinéma

pour voir le film Thor.

Sur les enregistrements

des caméras de surveillance du cinéma,

il ne pleure pas.

Il ne donne pas l'impression

d'être mal.

Un mari, il poulaurait,

n'aurait jamais fait ça.

Eh ben, le meurtrier

de notre fille, si.

Notre village, Gré,

compte 5000 habitants.

Le dimanche de la marche blanche,

nous sommes plus

de 9000.

Les gens ont une rose rouge

ou blanche à la main.

Cette mobilisation nous touche

et elle nous porte aussi.

Nous nous mettons en marche.

Le parcours compte 2 km

et nous,

nous sommes en tête du cortège.

Jonathan, comme nous,

porte deux roses à la main

et nous le soutenons

là par la taille,

l'autre par le bras

et nous marchons.

À l'arrivée,

une tribune a été aménagée

près de la grande Halle de Gré

avec une grande photo

d'Alexien

qui nous sourit.

Chacun de nous a préparé un texte.

Dès qu'il entre

sur l'estrade, Jonathan s'effond.

Comme si

il ne pouvait pas affronter

ce public qui lui fait face.

Et nous,

nous essayons de le tenir debout.

Il nous fait de la peine.

C'est une épreuve

pour lui de parler.

Alexien

est ménagé

et courit.

Une basion

qui nous réunissait

tant dans l'effort

que dans l'épanouissement

de notre couple.

Elle était

ma première supportrice.

Elle était

mon oxygène.

Sa femme

qui lui vient d'être anglais

et donc

son oxygène.

Certains sont choqués

qu'ils ne parlent pas plus d'Alexien.

Mais nous

rien ne nous alerte.

Sa douleur

prime sur la note.

Comment savoir

que ces larmes sont un masque.

Un masque.

Ensuite, nous

devons faire le choix du cercueil

du bois

et du revêtement intérieur.

Et c'est Jonathan qui demande

que le tissu sur lequel Alexien sera

déposé

soit violet.

Vous vous souvenez

sa couleur préférée.

Et puis, le responsable

du funérarium nous propose de voir

notre fille

une dernière fois.

Nous redoutons de la voir.

Nous savons qu'elle a été

brûlée

et donc finalement

nous n'irons pas.

C'était notre bébé

et nous ne pouvons pas

lui dire au revoir

et l'embrasser une dernière fois.

Et pendant cinq jours

nous passons

tous nos après-midi

à côté d'elle au funérarium.

Et là,

à un moment

Jonathan nous fait

une demande

très étrange.

Est-ce que vous pensez que

il serait possible

d'amener

la châte d'Alexien

à pied

?

Vous savez, depuis qu'Alexien n'est plus

à la maison

elle est complètement désorientée

elle m'yole

tout le temps

et elle s'est plus oualée.

Alors je me dis que ça serait bien

qu'elle puisse

la sentir

dans le cercueil

je pense que ça lui ferait du bien

que ça la calmerait

mais

on dit oui

on passe

prendre la châte

et on la pose sur le cercueil

et nous on sort

et lui

il reste seul avec la châte

à lui parler

à la caresser

et nous ça nous émeut

quand je pense qu'il a tué

Alexien devant cette châte

...

Le lendemain

on lieu les obsèques

d'Alexien

mais Jonathan nous fait une demande

ça ne vous gêne pas que pour la cérémonie

je porte le costume

de notre mariage

ça sera ma manière de lui rendre hommage

et de lui dire au revoir

ça aussi

ça nous émeut

et nous n'avons aucune raison

de le lui refuser

avec le recul

il ne pouvait pas être aussi

en dimanche

et aussi plus

à côté de l'événement

car en vérité

il n'enterre pas sa femme

comme les vrais criminels

il construit sa légende

...

à l'église

pour notre ultime séparation

avec Alexien

il y a un monde fou

toutes les travées sont occupées

personne dans notre famille

ne se sent capable de parler

pendant la cérémonie

alors moi, son père

je me dévoue

pour bien dire quelque chose en nom de la famille

c'est étrange

mais j'aime bien m'adresser

aux personnes décédées

j'ai cogité toute la nuit

avant d'écrire

ce mot

je pense que c'est un beau texte

Alexien

la majorité

des personnes ici présentes

doit se dire

quel courage

ce papa

de prendre la parole

dans un moment aussi difficile

et bien non

ça n'est pas du courage

c'est de l'amour

c'est l'amour que je porte

à Alexien

et à son époux

Jonathan

c'est l'amour que je porte

à mon épouse

Isabelle

et à ma fille

Stéphanie

ainsi qu'à son mari Grigori

et à James

le bonheur

même

de ma vie

c'est l'amour que je porte

à ma famille

et aujourd'hui

c'est l'amour que je porte

à toute une

population

venue rendre

un dernier hommage

à Alexien

et ensuite

je retrace sa vie

jusqu'à sa rencontre

avec Jonathan

et je montre sans le savoir

à quel point nous n'avons

à rien compris

jeune fille

Alexien

rencontre Jonathan

ils font leurs études

à besançons

et puis ils munis tous les deux

d'une bonne situation

se marie

et croque la vie

à pleine dent

Jonathan devient notre gendre

et je souhaite

tous les papas

et toutes les mamans

d'avoir le même que nous

notre aveuglement

va durer encore

trois mois

après l'enterrement

je suis obsédé

par l'identité du coupable

je veux savoir

qui a tué ma fille

pendant ces premières semaines

Jonathan passe à la maison

tous les jours

et je lui prépare

comme le ferait une mère

et on reste blotis

les uns contre les autres

il n'y a pas un soir

où il ne nous dit pas

si vous saviez comme elle me manque

sans elle

il est terminé

mais non

Jonathan enfin

tu es jeune

tu rencontreras quelqu'un d'autre

tu referas ta vie

il faut être sacrément costaud

pour supporter

une telle pression psychologique

il imagine

qu'il va s'en sortir

définitivement

il organise la suite

sans Alexia

mais avec nous

et puis

après les 15 premiers jours

une page se tourne

notre maison se vide

progressivement

il n'y a plus cette fervéissance

permanente qui nous a aidé

à tenir debout

Jonathan est en arrêt maladie

pour deux semaines encore

il passe ses journées

avec nous

des journées entières

les gens me recroquent villés

sur le canapé

à regarder la télévision

il n'est plus notre agent

il est presque devenu

notre enfant

nous tenons à un bar

à gré

notre village

le jour de la réouverture

les journalistes sont partout

impossible de mettre le pied dehors

nous sommes sernés

et à chaque fois qu'un client entre

je me dis

c'est peut-être lui

le meurtrier

et je regarde ses mains pour voir

si elle ne peut pas être

une personne

pour voir si elle ne peut pas être

les mains

d'un assassin

à Noël

Jonathan nous dit que sa mère

ne sera pas là pour le réveillon

alors

on lui propose de nous accompagner

même si nous n'avons pas le coeur

à la fête

c'est la sœur de Jean-Pierre

qui s'est chargée d'organiser ce réveillon

nous y arrivons tous les trois

en larmes

j'ai su plus tard

qu'un cousin d'Alexia

a dit au Jean-Pierre ce soir-là

il faut arrêter de penser à Jonathan

y a toi, y a ta famille, y a nous

y a pas que lui

j'ignore

à ce moment-là

que le regard que portent quelques membres

de notre famille sur Jonathan

commence à changer

en attendant

ce soir de Noël

il mange comme un vrai glouton

trois tranches

de saumon fumé

du foie gras jusqu'à terminer le plat

des huîtres tant qu'il y en a

avec des tranches de pain beurré

mais au moment de la puche

il n'est pas là

on l'appelle

pas de réponse

mais le loquet des toilettes est fermé

il est malade

il ressort 20 minutes plus tard

sans dire un mot

qu'est-ce qu'il a fait

dans ces toilettes

pendant 20 minutes

on le saura jamais

a-t-il tout simplement gagné du temps

en s'isolant

au moment des cadeaux

un des petits cousins lui demande

et toi Jonathan

t'as eu quoi comme cadeau à Noël

oh tu sais moi

mon cadeau

je peux pas l'avoir

et le lendemain

nous les proposons

de se joindre à nous

pour le déjeuner

de Noël en famille

il accepte

mais il vient pas

je l'appelle il ne répond pas

je me dis

pourvu qu'il n'ait pas fait une conneille

alors je dis

on va le voir

parce que là ce n'est pas normal

quand on arrive chez lui

il est pas là

il arrive en voiture à 20h

ah Jonathan

mais t'étais où

tu nous as fait tellement peur

j'avais éteint mon portable

j'ai passé toute la journée

sur la tombe d'Alexia

je le prends

dans les bras

je le sers fort

et je lui glisse à l'oreille

tu vas pas faire une connerie

hein Jonathan

on est là pour toi

on va serrer les coudes

on va affronter tout ça ensemble

tu peux compter sur nous

que signifiaient

cette fuite dans les toilettes

est-ce qu'il a perçu qu'hier

une partie de la table

était en train de se refermer

que les jeunes de la famille

commençaient à avoir un doute

ou qu'au moins

ils se posaient des questions

voilà donc pour ce premier épisode

j'ai tiré ce premier épisode

du livre d'Isabelle et Jean-Pierre Fouillaud

les parents d'Alexia Daval

qui paraît aux éditions Robert Lafond

Alexia, notre fille

la suite dans le deuxième épisode

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

Les parents d’Alexia ont mis 3 mois à comprendre que Jonathann avait tué leur fille.