Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Dans les flammes de Notre-Dame - Le récit

Europe 1 Europe 1 8/15/23 - 24m - PDF Transcript

Le 15 avril 2019, un incendie ravager la toiture de Notre-Dame de Paris.

Je vais vous raconter minute par minute le sauvetage de la cathédrale et de ses trésors.

Un récit que j'ai tiré tout droit dans un livre qui paraît chez Albin Michel

dans les flammes de Notre-Dame de Sébastien Spitzer.

J'ai écrit mon histoire avec Simon Veil, réalisation Céline Le Bras.

Ce lundi soir, 15 avril 2019, marque le début de la Semaine Sainte.

Le père Jean-Pierre Cavo, le chanoine de Notre-Dame et là,

devant environ un millier de fidèles, il célèbre les Vepres.

La soliste chante un psob.

Quand elle a fini, elle se retourne vers le prêtre.

Il est 18h20. Le père Cavo s'avance vers l'hôtel.

Il relève ses manches, il tend les bras pour former une croix.

Et là ?

Le père Cavo entend là-là.

Mais ça n'est pas la première fois qu'elle se déclenche en pleine célébration.

Alors il se dit, c'est une fausse alerte.

Et là-dessus, les employés arrivent pour faire évacuer les fidèles.

L'organiste ne sait pas quoi faire.

Il doit voir le prêtre.

Qu'est-ce qu'on fait, mon père ?

C'est embêtant. Je n'ai pas encore lu les évangiles.

Allez voir de votre côté et dites-moi ce qui se passe.

Je vais attendre un peu.

L'organiste va jusqu'à la Sacristie.

Il regarde le boîtier de contrôle qui dit, d'où vient Lala ?

Et il lit, zone neuf Sacristie.

En sortant, il croise un agent, il ne le connaît pas, c'est un nouveau.

Il est en ligne avec son chef au poste de sécurité.

Mais j'ai rien vu, chef.

J'ai rien vu.

Alors, l'organiste retourne voir le prêtre qui n'a pas bougé.

Un petit groupe de fidèles est encore là au premier rang.

Il veut terminer son office.

Allez y rentrez chez vous, je vais rester.

Je vais faire une messe basse.

C'est que j'ai pas pu lire les Évangiles, vous comprenez ?

Et donc, le père Kavo se lance dans sa lecture.

Lecture de l'Évangile de Saint-Jean.

Marie prit un flacon d'un parfum très pur.

Et de très grande valeur.

Elle répandit le parfum sur les pieds de Jésus, qu'elle essuia avec ses cheveux.

La maison fut remplie de l'odeur du parfum.

Suite à un incident technique, le public est invité à évacuer le bâtiment.

Mais le père Kavo poursuit.

Judas Iscariot, l'un des disciples, celui qui allait le livrer, dit à l'heure.

Suite à un incident technique, le public est invité à évacuer le bâtiment.

Mon père, il faut évacuer, vous pouvez plus dire la messe.

Il y a une alarme, tout le monde doit sortir.

Le père Kavo se laisse alors conduire à la sacrestie.

Il est 18h42, ça fait plus de 20 minutes que l'alarme s'est déclenché.

Et sur le boîtier, dans la sacrestie, le même message clignote toujours.

Zone, nef, sacrestie.

Et c'est une erreur, en vérité, une mauvaise configuration du système,

un problème identifié depuis plusieurs années.

Ce capteur qui vient de se déclencher n'est ni dans la nef, ni dans la sacrestie.

Il est là-haut, sous la charpente.

Et d'ailleurs, le chef de la sécurité vient d'envoyer un de ses agents, là-haut, dans la forêt.

Lui aussi, c'est un nouveau.

Il connaît mal les lieux, alors il le guide au téléphone.

Il est 18h46.

Chef ?

Chef, je suis au niveau de l'escalier de bois qui mêle à la flèche.

Il y a de quel feu, chef ?

Je vois des flammes.

C'est un feu énorme, chef.

Ok, tu prends une photo, vite.

Et tu dégages.

Quand le chef de la sécurité reçoit la photo, il est atterré.

Il est 18h48.

Ça fait presque une demi-heure que l'alarme s'est déclenché.

Et là seulement, il compose le 18.

Allô ? Des pompiers ?

Quand l'alarme retentit à 900 mètres de là, à la caserne des pompiers de la rue du Cardinal Lemoyne,

la caporal chef Myriam est au réfectoire.

Elle se précipite avec les autres.

Feu de toiture !

À notre dame !

Ils connaissent bien les lieux.

Ils y font des exercices chaque année.

Le camion sort.

Ils tournent à gauche.

Et là, ils le voient.

Ils le voient la fumer.

Renfort ascendi !

Je répète, renfort ascendi !

Le chef appelle tous les pompiers de Paris à l'aide.

Il leur faut quatre minutes pour arriver sur place.

Au même moment, deux enjeux à pompe arrivent.

Myriam déroule sa lance, quelques mètres de tuyaux

qu'elle branchera sur une colonne, là-haut.

Elle sait où elles sont.

Et donc, son rouleau à l'épaule, elle s'engouffre dans l'escalier de la tour nord.

Un escalier en collimation très étroit.

Pas plus large qu'un homme.

Myriam avale les marches, deux par deux, voire trois par trois.

Et derrière, suive son servant et l'adjudant cher.

Et ils montent comme ça.

L'équivalent de quinze étages en courant.

Ils arrivent en haut.

Et en haut, il y a une porte.

Le servant ouvre la porte.

Et là, ce qu'ils voient dépasse tout leur cauchemar.

Une vision d'enfer.

Tout le toit est en feu.

Et la base de la flèche.

Et ça quoi ?

Le plomb commence à dégouliner.

Et eux, ils sont trois.

Sur un petit balcon qui fait à peine un mètre carré.

On attaque !

Myriam positionne sa lance.

Le servant la branche sur la colonne sèche

immédiatement ce gonfle de l'eau

qui est envoyé d'en bas par les camions.

Et elle se metta à arroser.

À pisser, en vérité,

sur ce brasier d'enfer qui semble se moquer d'eux.

Les flammes font plusieurs mètres de haut.

Elles font quoi ?

Dix mètres.

Et elles avancent.

Et il y a du vent.

Un mauvais vent qui pousse les flammes vers eux.

On va se faire coincer.

Qu'est-ce qu'il dit le chef ?

Pour l'instant, viens.

Ne pas penser.

Ne pas réfléchir.

Coute que coute.

Il est 19h37.

Et Myriam est toujours là à lutter avec sa lance dérisoire.

Malgré son masque, son casque et son respirateur,

elles sentent la chaleur sur son visage.

Elles a les yeux qui pleurent.

Mais elles se livrent tout entière, tout entière.

On change de point d'attaque.

Myriam remballe sa lance.

Elles s'engouffrent sous le toit dans la forêt.

L'idée, c'est d'aller viser le cœur.

Mais le danger est trop grand.

Elle fait demi-tour.

Il faudrait s'inturer le feu.

Myriam a le plan de la cathédrale en tête.

Il y a une porte plus loin qui donne sur un chemin de ronde.

Ils vont sortir par là.

La lance est assez longue.

Mais il faut qu'aucune poutre ne tombe dessus

et vienne ralentir le débit qui est déjà si faible.

Myriam passe la porte.

Elles s'engagent dans la corniche.

Les poutres sont en train de s'effondrer les unes après les autres.

Et la chaleur est démante.

Peut-être 300 degrés.

Avec un effet four à pain qui est causé par la voûte en dessous.

La chaleur augmente à chaque pain.

Si elle va tout droit, elle pourra attaquer le cœur du brasier.

Il doit y faire dans les 600 ou 700 degrés.

Elle crève de chaud sous sa combinaison.

Ça y est, la lance est en position.

Ils savent que de l'autre côté, côté sud,

une autre équipe est en place.

Elle ne voit pas le feu qui s'est emparé de la flèche.

Elle ne voit pas que le feu crève la flèche.

Elle arrosse droit devant et soudain.

Un bruit assortissant.

Elle se colle au mur.

Le vent semble devenu fou.

L'air est saturé de flamèches qui cherchent un point de chute

et qui valent dingue dans tous les sens.

Myriam ne sait pas que la flèche s'est effondrée.

Replie ! Replie !

Elle fait demi-tour.

Elle court vers l'escalier.

La porte est fermée.

Cour d'aller !

Myriam est coincé avec son équipe

sur une course y va 40 mètres du sol.

Cette putain de porte résiste !

Il n'y a rien à faire !

Il la fera de toute leur force.

Il donne de grands coups de hache.

Rien n'y fait.

Et là, Myriam applique la procédure.

C'est un réflexe conditionné.

Radio, en rade, il n'y a plus de jeu.

Balliste de détresse, apporté de main, ok.

Bouteille d'oxygène, à moitié pleine.

Il lui reste beaucoup d'air, c'est très bien.

Ouf !

La radio marche à nouveau.

On vous envoie des gars !

Leur balise a fonctionné.

On les a localisées par GPS.

Myriam balaie la course y va du regard.

Le feu gagne du terrain.

Et elle est les dépités.

Ils ont perdu la bataille.

Ils sont arrivés trop tard.

Pourquoi est-ce qu'ils ont donné l'alerte si tard ?

Mais qu'est-ce qu'ils foutent, putain ?

On perd du temps !

Quelques secondes plus tard, ils entendent des coups sur la porte.

Et la porte s'ouvre enfin.

Pas de blessés ?

RAS ?

Myriam et ses équipiers, Néval, l'Escalier.

Et sans marche au plus bas, ils arrivent à l'air libre.

Myriam enlève son casque.

On fait quoi maintenant ?

On sort la grosse !

Et on crache !

Là-haut, Myriam avait la petite.

2 ou 300 litres d'eau par minute.

La grosse envoie 1000 litres, 8 litres d'eau à la seconde.

Faut s'accrocher, hein !

La pression peut monter d'un coup, jusqu'à 8 barres.

En bas, sur le parvis, s'agrouille de monde.

Près de 400 pompiers sont maintenant déployés.

Toutes les casernes de Paris et de la petite ceinture.

Aux alentours de 20h05, un homme arrive sur le parvis.

Il est confus de débarquer si tard.

Il s'appelle Jean-Marie.

Il est militaire et prêtre.

C'est l'au-mogné des sapeurs-pompiers.

Ah, mon père, on vous cherchait partout.

Je suis désolé.

C'était une cérémonie à l'arc de triomphe.

J'avais coupé mon portable.

Et c'est en partant, en haut des Champs-Élysées,

que j'ai vu la fumer.

Il y a des blessés ?

Non, mon père, non.

Et le trésor ?

Justement, c'est pour ça qu'on vous cherchait.

Le père fournier s'engouffre sous une tente réservée

aux personnalités.

Le président Macron est là.

Le premier ministre, la mère de Paris.

Et le rector de la cathédrale, monseigneur Chauvet.

Ah, monseigneur.

Ah, c'est vous, mon père.

Il faut y aller, mon père.

Et il faut aller sauver le trésor.

Et il faut faire vite avant que tout s'effondre.

Le trésor.

C'est-à-dire surtout la couronne.

La couronne qui est la plus importante.

Surtout la couronne.

La couronne que le Christ aurait porté sur la croix.

C'est ça, Louis, qu'il a acheté à l'empereur de Byzance

en 1239 et qu'il l'a ramené en France.

Et depuis, elle a survécu à la Révolution.

Et depuis 1806, elle est enfermée dans un coffre fort,

dans la cathédrale, dans Notre-Dame.

Un coffre qui la protège du feu et de l'eau.

Et de toutes les agressions chimiques et batteriologiques.

...

Allez, perfogner.

Il ne faut pas traîner.

Il faut aller la chercher.

J'y vais, mon Seigneur.

Vous avez le code du coffre ?

Le code ?

Mon Dieu, non.

Vous ne l'avez pas ?

Ah non, je l'ai pas.

Il faudrait demander au Sacristain,

mais ils sont adjoignables.

Je n'arrive pas à les joindre depuis tout à l'heure

sur leur portable.

Il n'y a rien qui passe.

Ok, mon Seigneur, je m'en occupe.

...

L'abbé fournit ses lances vers la cathédrale.

Il est équipé.

Il a son casque, son masque à gaz,

sa tenue inifugée.

Il enjambe des dizaines de tuyaux.

Et en même temps, il sort son téléphone.

Et il essaie d'appeler les Sacristains.

Et plus il s'approche de la façade,

plus il doit éviter des brandons,

des flamèches qui tombent du ciel,

gros comme le pouce.

Premier numéro.

Messagerie.

Messagerie Orange, bonjour.

Deuxième numéro.

Messagerie encore.

L'abbé passe les grilles du jardin de la Sacristie

quand il entre dans la Sacristie.

Il entend des coups.

Il se dit c'est bon.

Les pompiers sont en train de casser la vitre

qui protège le coffre de la couronne.

Mais pas la vraie.

La réplique en or, la vraie.

Elle est au coffre.

Un coffre rouge.

Mais il est où ce coffre ?

Alors il appelle le recteur.

Mon Seigneur.

Ah fournier.

C'est bon vous l'avez ?

Pas encore mon Seigneur.

Mais il est où le coffre de la couronne ?

Il est pas dans la salle des trésors ?

Non non non.

Pas du tout.

Il est au bout.

Au bout derrière le cœur.

Tout au fond de notre dame.

On l'a mis là maintenant.

Dépêchez-vous avant que tout s'effondre.

Le père fournier en tant qu'au-mognier militaire

a fait l'Afghanistan.

Il est toujours allé sur le terrain.

Il n'a pas peur.

Il était aussi au Bataclan

avec les pompiers en novembre 2015.

Il est soldat, prêtre et aujourd'hui pompier.

Il est là pour sauver.

Il est 20h31.

Ça fait plus de deux heures que l'alarme a retenté.

Père fournier.

Père fournier ça y est.

Père fournier.

Père fournier ça y est.

On a trouvé le coffre.

Il est là-bas.

Vous avez le code, mon père ?

Mais non, j'ai pas le code.

Il n'est pas moyen de mettre la main dessus.

Bon, bah écoutez, on va devoir faire ça en venez.

Le pompier fait demi-tour.

Le père fournier le suit.

En marchant, il se signe.

Il passe la main sur la croix brodée

sur sa veste anti-feu, près de son grade.

Et il prit pendant un quart de seconde.

Et là, il entend un grand bruit, un craquement.

Une poutre énorme vient de s'abattre à une vingtaine de pas derrière lui.

Et dans la foulée, une pluie de plomb en fusion s'écoule sur l'hôtel central.

Et il arrive devant le coffre de la sainte couronne.

Les pompiers du Louvre sont déjà là.

Ils ont les plans de la cathédrale et la liste des œuvres à sauver.

Ils ont réussi à briser la vitre qui protège le coffre.

Et maintenant, ils cherchent un coffre dans le coffre.

C'est ce qu'on leur a dit.

Un meuble d'un mètre de haut arrondi sur le devant.

On leur a dit que la couronne était dedans.

Allez-y, doucement !

Un coup de hache mal placé détruirait la couronne.

Il est 20h38.

Et là arrive un groupe d'hommes, dont deux civils en veste,

protégés par des casques.

Ah, bonjour.

Je suis le conservateur auprès de la direction des affaires culturelles.

Et voici le régisseur de Notre-Dame.

Ok, le code. Le code, vous l'avez ?

Oui, oui. Oui, c'est bon, je l'ai.

Ouf !

Le gars s'appelle Laurent Prade.

Il travaille à Notre-Dame depuis 20 ans.

Il était à Versailles quand le feu s'est déclenché.

Il a pris le RER.

Et ensuite un Vélib, arrivé à la cathédrale.

Il a dû supplier un flic pour le laisser passer.

Il est en moccasin et par cas en toile.

Mais il s'en fout.

Alors, Monsieur Prade, c'est quoi le code ?

Heu...

Putain, le code, c'est quoi déjà ?

...

Entre-temps, les pompiers ont réussi à dégager le coffre.

Laurent Prade s'agenouille.

Il se souvient du début, ça commence par zéro.

Mais il a un doute sur la suite.

Alors, il essaye ? Erreur.

Il essaye encore ? Erreur.

Il tente d'appeler un ou deux des trois sacristins qui ont le code.

Ça ne passe pas.

À 20h40, son téléphone sonne.

888, Messagerie Orange.

Vous avez un message.

Il appelle pour le consulter.

Réseau, indispensable.

Il tente une nouvelle combinaison.

Erreur.

Et, comme les textes passent,

il envoie un SMS au sacristan et la miracle.

Il est 20h42.

Et le code s'affiche sur l'écran de son portable.

Il le compose.

Le coffre s'ouvre.

Mon Dieu.

Ça y est !

La couronne est sauvée.

...

Il est 20h42.

Le caporal chef Miriam vient de terminer sa deuxième rotation.

Elle a tenu son point d'attaque.

Du parvis vers la neve.

Elle tend sa bouteille d'air pour qu'on la lui remplisse.

Elle va faire une petite pause de 30 minutes pour reprendre ses forces.

Elle lève la tête.

Là-haut, les flammes atteignent maintenant.

20 mètres d'eau.

20 mètres.

Un type de la croix rouge passe avec un cadire rempli de bouteilles d'eau.

Elle en attrapule.

Et elle s'hydrate.

Longuement.

Elle a eu chaud.

Très chaud.

...

Il est 21h41.

Et ça y est.

Le père fournier et les pompiers ont réussi à sauver les œuvres de la cathédrale.

Il a dû décrocher les tableaux lui-même.

Et au passage, il en a persérent avec son pouce.

Mais c'est comme ça.

Il a sauvé la couronne du Christ, la tunique de Saint Louis

et tout un tas de reliques, des centaines d'objets

qui s'entassent maintenant dans un algéco.

Jardin du Chevet.

Sous haute protection des policiers de la Béhérie armés jusqu'au dent.

...

Le prêtre entre dans l'algéco.

Il enlève son casque.

Il ouvre une petite boîte en cuir rouge.

La voilà.

La couronne dans son anneau de cristal d'une vingtaine de centimètres de diamètre.

Et un côté, un tube qui renferme un morceau de la croix du Christ.

Et ensuite, enroulé dans un tissu, il déballe la troisième relique.

Une tige métallique d'une quinzaine de centimètres.

Un clou de la croix.

Un clou qui eau réperforait le corps du Christ lors de sa crucifixion.

Il le soulève dans le faisceau de la lampe de son casque.

Il l'embrasse.

Il a rempli sa mission.

Mais il lui reste une dernière chose à faire.

Il se dirige vers la cathédrale.

Il faut que j'y retourne.

Je voudrais sauver le Christ.

C'est dangereux, mon père.

Quand il dit qu'il veut sauver le Christ,

lui, il pense aux hosties.

Parce qu'une fois consacré pour des millions de chrétiens,

ils sont le corps du Christ.

C'est toujours difficile de voir quelqu'un qu'on aime périr dans les flammes.

Il sait très bien où sont les hosties

dans l'armoire du tabernacle près de l'hôtel.

Mais l'endroit est inaccessible.

Des billes de plomb brûlant pleuvent tout autour.

Près de coffre-forme, mon père.

Il y a un deuxième tabernacle.

Et dedans, vous trouverez le cibois.

Le père fournier remonte le déambulatoire.

Il s'agenouille devant l'hôtel.

Il se relève.

Il ouvre le tabernacle.

Il sort le cibois.

Il eau de son couvercle.

Et il prit.

Il est 23h.

Au PC des pompiers, la tension est retombée.

Il n'y a pas eu de blessés graves.

Juste un pompier sous oxygène.

Et quelques coups de chaud.

Le patron des pompiers de Paris, le général Gallet,

affiche son premier sourire de la soirée.

Il s'approche de mon Seigneur Chauvet, le récteur,

qui est avec la mère de Paris, Anne Hidalgo.

Mon Seigneur, Anne, ça y est.

Ça y est, on l'a sauvé.

On a sauvé Notre-Dame.

Le feu est circonscrit et la structure est sauvée.

Bon, elle a beaucoup souffert.

Il faut rester prudent, mais elle est sauvée.

Dans la foulée, sur le Paris,

le président Macron s'adresse à la nation.

Parce que Notre-Dame de Paris, c'est notre histoire.

Notre littérature, notre imaginaire.

Le lieu où nous avons vécu tous nos grands moments,

nos épidémies, nos guerres, nos libérations.

C'est l'épicentre de notre vie.

C'est l'étalon d'où partent les distances.

Et d'où l'on se mesure depuis Paris.

C'est tant de livres, de peintures.

C'est une cathédrale qui est celle de toutes les françaises

et de tous les français, même celles et ceux qui n'y sont jamais venus.

Nous rebâtirons Notre-Dame.

Parce que c'est ce que les Français attendent.

Parce que c'est ce que notre histoire mérite.

Parce que c'est notre destin profond.

Je vous remercie.

J'ai tiré cette histoire du livre de Sébastien Spitzer chez Albin Michel

dans les flammes de Notre-Dame.

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L’histoire, minute par minute, du combat contre l’incroyable incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019. Un boitier défectueux, le code du coffre oublié… Un récit haletant.