La source: Dans l'enfer du cargo MC Ruby
Radio France 9/15/23 - Episode Page - 54m - PDF Transcript
François Inter.
Aujourd'hui, on va faire sensible une très sombre histoire
qui en dit beaucoup sur l'inhumanité de l'humanité.
En 1992, 9 clandestins, un gamerounet huyganéen,
embarquent sur le cargo MC Rubi dans deux ports africains.
Agé de 17 à 25 ans, ces jeunes dockers fuient leur vie de misère
et emportent avec eux toutes leurs économies et leurs rêves d'Europe.
L'Île d'Orado, pense-t-il alors ?
A bord du MC Rubi, un cargo qui transporte des fèves de cacao,
ce sont des marins ukrainiens qui gèrent la traversée.
Et aussi, ont fuient leur pays pour un salaire meilleur, ailleurs.
L'URSS s'est terminé, ils subissent désormais les lois du marché capitaliste
et le monde de la marine marchande est là des plus brutaux.
Ces marins ont eu de consignes claires, ne pas ramener le clandestin dans leur cal.
Sinon, c'est l'immobilisation dans les ports,
les amandes est possiblement une perte de salaire que des ennuis.
Alors, quand des matelots découvrent les neufs clandestins à bord du cargo,
ils les enferment dans une cuve en attendant de régler le problème,
autrement dit, de les tuer.
Notre avis d'aujourd'hui, Philippe Broussard,
journaliste actuel directeur adjoint de la rédaction du Monde,
auteur de l'enquête l'Odyssée Tragique du MC Rubik,
qui lui a valu en 93 le prix Albert Londres.
Affaire sensible, une émission de France Inter diffusée en direct,
récits documentaires Adrien Mora,
coordination Franconnière,
chargé de programme Rebecca Donante,
réalisation Frédéric Milano.
Fabrice Drouel,
affaire sensible,
sur France Inter.
...
Nuit du 6 novembre 1992, bord du Havre.
Le cargo MC Rubik vient d'amarrer.
Les turbines s'arrêtent.
À l'intérieur, Kingsley au fossou,
comprend que c'est le moment de s'échapper.
Il se pense en Europe.
Mais où ?
En bourre, le Havre ?
Le jeune clandestin est complètement désorienté.
Il n'a pas mangé depuis 6 jours.
Caché dans la cale, au milieu de tonnes de fèves de cacao,
il a vécu ne traverser que je mardinsque.
Avant de trouver une issue,
il dépose sa carte de docaire entre deux sacs de lacar raisons
et prend quelques fèves de cacao dans sa poche.
Il pourra ainsi prouver qu'il était bien sur le cargo MC Rubik.
Il trouve une porte,
verrouillée.
Il faut découvrir une autre sortie.
Alors, il observe chaque recoin.
Oui, là-haut, c'est une bouche d'aération.
Sa chance.
Il grimpe à l'échelle, fait sauter la grirouillée de la bouche
et se faufile dans une cheminée d'aération.
Sorti de la cale, il est maintenant sur le pont,
à la merci des matelots.
Il raconte la suite dans les livres clandestins
écrits par Alain Lorme.
Alors, je saute du bateau sur le quai.
4 mètres.
J'ai commencé à courir.
Je ne sais pas où je vais.
Je ne sais pas dans quel pays je me trouve.
Si je vois un homme blanc, je lui demande
où est le poste de police.
J'ai croisé un homme, mais ma chemise était pleine de sang.
J'ai rencontré un autre homme et j'ai hurlé
police station.
Il ne comprenait pas.
Police! Police! Police!
Police!
Il m'a montré la direction.
Je recommence à courir.
Il y a une petite flac.
Je me merge, nous.
Je l'ape.
J'ai trop soif.
Ensuite, il franchit un grillage.
Puis un deuxième.
Il s'accroche au barbelet, il blessait, il saigne.
Mais il est enfin sorti du port.
devant lui,
un panneau autoroutier annonce
Rouen Paris péage.
Paris, c'est quel capital européenne, déjà.
Kingsley a du mal à mettre de l'ordre
dans ses idées.
Dans le Mansland et boitelle autoroutière
et dans le silence de la nuit,
un véhicule de nettoyage passe à faible vitesse.
Kingsley saisit l'occasion.
Il se rue sur le petit camion,
servit pas la portière.
Police! Police!
Demande-t-il.
Toujours et encore.
Le convicteur lui indique du doigt un bâtiment
là-bas, au loin.
Quatre heures du matin.
Il fait nuit, il fait froid.
Affamé, assoiffé, fatigué.
Kingsley trouve enfin le commissariat.
Le policier voit débarquer cet homme
qui lui parle en anglais.
Derrière le comptoir, le fonctionnaire lui lance un casse-toi
avant de reprendre sa tasse de café.
Mais Kingsley insiste.
Il doit raconter quelque chose d'autre important.
Une histoire horrible.
Le policier qui parle anglais arrive enfin pour l'écouter.
Mais avant tout, Kingsley demande de l'eau.
Et boit douze heures devant les fonctionnaires ébaillis.
Puis il se lance.
Il est clandestin.
Il a fait la traversée avec huit autres hommes.
Les marins les ont tous tués.
Lui se l'asservait que...
Oui, il peut prouver qu'il était sur le MC Ruby.
Il sort de sa poche les febbes de cacao.
Et puis,
j'ai laissé ma carte de docker à l'intérieur de la plale,
dit-il.
Les policiers le croient.
Comment aurait-il pu inventer tout ça ?
Alors il vérifie ?
Oui, il y a bien un cargo MC Ruby dans le port du Havre.
Il est arrivé en promenance du Ghana.
Tout colle avec l'histoire de Kingsley au fosson.
À le temps à perdre, le cargo doit rapidement repartir.
Le procureur trouve un moyen juridique de lancer une procédure,
la piraterie.
Même si les actes ont eu lieu en haute mer,
la France peut enquêter
à l'étude de la convention de Montego Bay,
signée en 1981,
sur les actes illégitimes de violence en haute mer.
Le jour même, des policiers se présentent devant le cargo.
Le capitaine ukrainien les accueille.
Oui, qu'est-ce que vous voulez ?
L'officier, c'est une perquisition.
Laissez-nous monter à bord.
Kingsley montre sa carte de docker,
cachée sous un sac de cacao.
Encore terrorisée par les marins,
il les identifie à travers un hublot.
Et les plongeurs découvrent un peu plus tard
dans les eaux du port un fusil à saut
et la pièce à conviction.
L'enquête avance 8 et 6 marins sont identifiés.
4 avoux, 2 nits.
La justice française parmi à les inculpés.
Et les faits sont gravissimes.
Complicité d'assassinats, extorsion de fonds,
séquestration et actes de piraterie.
Cette histoire de clandestins, tuée sur un cargo
et jetée en pleine mer, fait la une du gité de Haute Normandie.
Le procureur, Marc Faubert,
à vous que ce récit lui fait froid dans le dos,
ajoutant, pourtant dans ma carrière,
j'en ai vu des crimes abominables.
Mais rationnel, magistrat,
il aurait bien vite à l'analyse.
On a un petit peu l'impression
qu'ils ont débattu de ce problème
et qu'ils n'ont pas trouvé,
qu'ils n'ont pas réalisé
qu'il est de côté inhumain
de la manière dont ils l'ont résolu.
Et d'ailleurs, je ne vous cache pas que l'un d'eux,
que l'un d'eux nous a dit
que, à bord de le cargo de certaines nationalités,
c'était un petit peu la règle.
Revenons deux semaines plus tôt,
au mardi 20 octobre 1992,
à Taccord-Radi, troisième milieu à l'A.
Le cargo MC Rubi fait son entrée dans le port.
Ni bateau rouillet, ni géant des mers,
140 mètres de long,
couleur noir et jaune,
âge 13 ans, équipage,
majoritairement ukrainien,
cargaison, fèves de cacao.
Sur la coque, on peut lire en lettre blanche
MC Rubi.
Les docteurs commencent à charger le cargo.
C'est un travail épouvant.
12 heures de labeur pour 2 dollars.
Ces journalliers
sont les derniers maillons de la chaîne
de l'exploitation des ressources africaines
pour ne pas dire pillage.
Chaque jour, ils transportent
des charges lourdes.
Et ce jour-là,
des sacs de 64 kilos de fèves de cacao.
Début du chargement,
5 heures du matin.
Dans son livre, Clendestin,
Alain Lorne explique à quel point
ces hommes sont les victimes de tout un système.
Dans ce pays de pauvreté sociale
et d'abondance forestière et minière,
Kingsley au foussou sert les dents
pour survivre.
Mais l'acharnement, la volonté
ne servent à rien. Il est broyé.
Tout ce prolétariat urbain
de travail discontinu et de gain médiocre,
tributaire des arrivées de bateaux
à charger, dépend de décisions
qui le dépassent.
Les compagnies multinationales qui tirent les ficelles,
le stockage et le déstockage
en Europe et leurs actions sur les prix,
les spéculateurs,
les secrètes combines de maisons de commission,
les achats de couverture
et enfin l'Alliance britannique des négociants
en chocolat qui règne tant mettre.
Le Gouverneuil de leur destiné
est en deux multiples mains.
Côté marins,
ça n'est guère mieux.
Avec l'effondrement de l'URSS,
les Ukrainiens sont devenus de main d'œuvre
bon marché pour les armateurs.
Moins cher que les Philippines, par exemple.
Chercher les plus bas salaires
et l'obsession des compagnies transports.
À Odessa en Ukraine,
des sociétés se sont spécialisées dans la vente
clé en main d'équipage de marins.
Des vendeurs d'hommes, en quelque sorte.
À Odessa,
nombreux sont ceux qui fuient la vie d'ouvrier
de la statue plus enviable de marins.
On est loin de la famille, certes,
mais on ramène une bonne paie à la fin.
Dans la ville, il y a une sorte de hiérarchie sociale
résumée par cet adage.
Ici, un ouvrier se déplace à vélo,
à un marin en Toyota
et un truant en BMW.
Sur le MCRuby,
les marins disposent d'une piscine en plein air
et d'un magnotoscope.
Ils peuvent améliorer leur quotidien
ce livrant de petites trafics de marchandises
qui les achètent et revendent
cette fois, ils transportent du cacao d'Afrique
jusqu'en Europe.
Et la route est simple.
Mais le circuit financier des sociétés qui procèdent au transport
lui a de quoi donner le tour undi.
C'est la mondialisation
par l'exploitation.
Explication sur France 3.
L'histoire de la croisière sanglante commence
au Cameroun. Voilà un de ses scénarios
plausibles.
L'armement national Camerouné n'a pas de bateau
disponible pour expéder sa cargaison
en Europe. Pour trouver un navire,
Cameroun Shipping contacte alors
une société d'affraîtement. Allemande
semble-t-il, dont le siège est installé
dans un paradis fiscal.
Sur le registre international des bateaux disponibles,
il y a le Macrubi. Il n'est pas cher.
Il est immatriculé au bas amass.
On n'en connaît toujours pas le propriétaire.
Reste à trouver l'équipage
de sources judiciaires,
les pistes s'orientent vers Chypre
ou un ex soviétique aurait fondé
une société spécialisée.
Dans les milieux maritimes, on appelle ça
le chandôme. C'est lui qui recrute
la vingtaine d'Ukrainiens. Comme le bateau,
l'équipage est engagé
au prix le plus bas possible.
Ce 20 octobre 1992,
parmi les dockers qui charge le cargo,
il y a donc Tinsley, 22 ans.
Il vit avec moins de 5 $ par jour
à peine de quoi manger.
Dans un mois, il saura pas pas
sa femme Agnès est enceinte.
Pourtant,
c'est décidé il va tenter la traverser.
Comme de nombreux dockers a travaillé
dans le port, il a des envies d'Europe.
Après tout, il suffit de monter
dans l'un des cargo qui le charge
à longueur de journée. Le port grouille
de marins et de dockers se fondent
dans la masse et passent.
De plus, un copain l'a prévenu.
Le MC Ruby part pour Amsterdam,
Hamburg et Le Havre. Autrement dit,
France, Allemagne,
Pays-Bas, des destinations qui font rêver
ces jeunes gagnants.
Il n'est pas le seul à partir.
Il y a son petit frère, Albert, 19 ans
et 2 amis.
La mère a été retardée d' départ
et laisse du temps à Tinsley pour faire ses adieux.
Il saura ainsi sur le marché
pour voir sa mère qui vend des légumes
et rassemble toutes ses économies
près de 1000 $.
A sa femme Agnès, il fait la promesse
et lui achèterait une machine à coudre.
Samedi 24 octobre,
le cargo MC Ruby est prêt
à prendre la mère.
Tinsley, son frère Albert et leurs 2 amis
profitent du dernier chargement
pour se cacher dans la cale numéro 3 du cargo.
Surprise !
D'autres docaires ont eu la même idée.
Finalement, ils sont 8
à être montés clans destinement.
Vite, il faut trouver une cachette
pour ne pas être repéré lors de la dernière inspection
des marins.
Les 8 gagnants découvrent vite un Camerounet
monté seul à doigt là.
Avec eux, ils n'ont plus que l'essentiel,
un peu de pain, des biscuits
et surtout des rêves.
Chacun un sien.
Une fois l'inspection des marins terminée
et le cargo en meurt,
les 9 clandestins sortent de leur cachette
et se rassemblent pour partager
hauts, nourritures, anecdotes et rêves.
La discussion va bon train.
Dans le téléfilm américain,
Dave Lee Voyage adapté de cette histoire,
c'est clandestins font part de leurs projets.
Les scénaristes ont remplacé l'Europe
par les États-Unis. Extrait.
Je veux devenir électricien.
Mon frère et moi,
on veut devenir ingénieux.
Pourquoi pas footballeur ?
Je serai parti de votre équipe.
C'est trop risqué pour élever une famille.
Et les américains jouent pas au même foot que nous.
Je sais un bon marin, comme mon père.
C'est bizarre, personne ne connaît ton père.
Je veux devenir cuisinier.
Tout comme mon père.
Un chef.
Vous pouvez toujours rêver.
Un boxen professionnel.
Un poids-lourd.
Chauffeur de taxi.
Un taxi jeune, je les ai vus à la télé.
Sèche-femme.
Pourquoi vous riez ? Il y a des hommes qui font ce métier.
La vodka ne coule pas à flow.
De toute manière.
On s'amusait mieux du temps du VRSS.
Il y avait des commissaires politiques.
Oui, mais il n'y avait pas cette obsession
pour le rendement, pour l'argent.
Au bout du cinquième jour de traverser,
les neuf clandestins ont épuisé leurs réserves d'eau.
Et l'enthousiasme fait place à l'inquiétude.
Il faut trouver une solution vite.
Ben, Bob et Ebo partent alors en expédition.
Sortir de la cale.
Grosse prise de risque.
Mais ils y vont.
Et ils parviennent à remplir les bouteilles.
Ils sont accueillis en héros à leur retour.
Mais ceux qui n'ont pas vu,
c'est qu'ils ont laissé des traces
lors de leur mission,
des empreintes de pas sur la peinture fraîche.
Le lendemain de l'escapade,
si marin pénètre dans la cale numéro 3,
certains sont armés de couteaux d'autres de revolvers.
Ils ne mettent pas beaucoup de temps
pour les clandestins.
En anglais, l'un des ypraignolences,
qui est de vous,
apparaît aucun des clandestins de nos réponses.
D'où venez-vous ?
Enchaîne le marin.
Silence.
Et finalement, c'est Kingsley qui se lance.
Nous sommes gagnés un, monté à
Tacodari. Il y a aussi un Cambrounet,
monté à Douala,
nouveau en Europe.
Avez-vous de l'argent ?
Oui, ils en ont. Ils ont rassemblé toutes leurs économies
Ok, préparez ça, on reviendra
pour vous installer ailleurs.
Le journaliste Philippe Boussard
raconte la suite dans son enquête
l'Odyssée tragique de la Syrubie.
Les Matelots s'en vont,
boucle les accès de la cale.
La perspective d'un déménagement
n'inquiète pas les clandestins.
Peut-être perdront-ils des dollars
dans cette opération, mais au moins,
ils voyageront dans des conditions
décentes et seront nourris.
La nuit suivante, les six hommes reviennent
à collecter les dollars et conduire les neuf clandestins
à l'avant du bateau.
Un à un, ils les poussent dans une sorte de cuve,
un trou de 4 mètres sur 3,
avec un panneau d'acier en guise
de porte et une échelle pour escalier.
Le panneau se referme,
trois jours vont passer.
La nourriture promise n'arrivera pas.
Les marins ne donneront pas signe
de vie.
Un matin, simplement,
l'un des Matelots leur lançera 3 bouteilles
d'eau en criant qu'il n'y a rien à manger.
Dans les jours qui suivent,
la rumeur commence à circuler
parmi les 26 membres d'équipage.
Des Africains sont à bord.
Personne ne confirme, mais le bricourt.
Il faut dire que des histoires de clandestins
sur le MC Rubi, il y en a eu une récemment
avec des migrants débarqués à Rotterdam
et c'est un mauvais souvenir.
Des amendes pour l'armateur
et des retenues sur les salaires des marins,
vous n'avez pas assez surveillé le cargo
lors du chargement leur avait-on dit.
Alors, que vont faire
les marins de ces 9 clandestins ?
...
...
...
...
...
...
...
...
...
...
...
...
...
Dans la nuit de 2 novembre,
les marins font sortir les clandestins de la cuve.
Sur le pont, ils les battent,
les tuent, puis les jettent un lot.
Et 8 victimes, Albert,
le frère de Kingsley.
Un des membres d'équipage m'a frappé
sur la tête, ici,
avec une barre de fer,
et le sang a commencé à couler.
...
Alors, j'ai essayé de m'échapper de courir
et puis j'ai entendu une voix dans mon dos.
C'était mon frère qui hurlait.
...
Je suis retourné et j'ai vu un des membres
d'équipage attraper mon frère
et le jeter par-dessus bord.
...
...
Au fond de la colle n°3,
au milieu des sacs de faible cacao,
il reprend son souffle.
...
...
...
...
C'était dans la nuit du 2 au 3 novembre,
le 91.
Le cargouin s'est rubifilé au large
des coupes portugaises.
Les six marins,
qui ont enfermé les neuf clandestins
dans une cuve,
se sont concertés.
Et en pleine nuit,
deux d'entre eux ont ouvert le panneau
qui donne accès à la cuve.
Ensuite,
les marins tentent des ficelles de coton
dans toute la salle.
Si Kingsley passe,
le fil cède,
et les marins accouent.
Sans eaux ni nourriture,
ils se disent qu'il ne tiendra pas longtemps
le seul à escaper.
Kingsley
n'a d'autre choix que d'y ruiner
dans sa chaussure
pour boire et s'hydrater.
Combien de temps va-t-il tenir ?
jour après jour,
la chassolome se poursuit.
Affamé, assoiffé, frégorifié,
il se raccroche à une infime espoir
la prochaine escale.
...
Jeudi 5 novembre,
pas beau arriver au Havre.
Kingsley a peur de bouger.
Il est exténué par six jours de jeûne.
Mais c'est la seule opportunité.
Il faut qu'il sorte de sa cache.
Les marins, eux,
se disent que c'est impossible.
Et pourtant,
comme nous l'avons raconté
au début de ce récit,
il parvient à s'échapper
et à prévenir la police.
Le lendemain,
les marins sont arrêtés
et emprisonnés.
Pourquoi ont-ils tué
les nues clandestins ?
Il faudra attendre le procès
pour qu'il s'explique.
...
Roi, 13 novembre 1995,
pas les Justices.
C'est l'ouverture du procès
du MC Ruby.
Pour la première fois
depuis trois ans,
Kingsley va recroiser
le regard des assassins
de son frère.
Ils sont six à comparètre.
Avec une question,
pourquoi ont-ils tué
les huit clandestins
gagnés à Iqamrune ?
Isabelle,
coutant père,
avocate des familles
des victimes,
estime que les responsables
de ces crimes
sont aussi les armateurs
qui font naviguer
des bateaux
sous pavillon de complaisance.
Je crois que les vrais
clandestins
sont en réalité
chez les armateurs
puisqu'ils changent
en permanence de domestication,
de nom,
et toujours
dans des némuleuses
de zones franges
ou de paradis fiscaux.
Et je veux qu'aujourd'hui,
ils s'expliquent.
Ce 13 novembre 1995,
c'est un peu le procès
de la marine marchande mondiale
qui commence.
Car combien
de clandestins
ont déjà été jetés
par dessus bord,
combien d'odorams ou liens ?
Kingsley n'avait pas survécu.
Qui aurait pu raconter
l'histoire de ses huit migrants ?
Aujourd'hui,
le seul survivant
croise le regard des assassins.
Il détourne le sien
et ne peut retenir ses larmes.
Le procès
va être une longue épreuve.
Il confie à la télévision.
Savait dans ma tête,
ce n'est pas facile.
Même après des milliers d'années,
je ne pourrais pas oublier.
Ils ont tué mon frère
et mes amis.
Deux jours seulement après
le début du procès,
les débats s'en lisent.
Faut départ pour le procès
du MC Rubie.
Après deux jours d'audience,
les débats s'en lisent,
et l'acte d'accusation
n'a toujours pas été lu,
un record de lenteur
en matière de justice.
Le tribunal se perd
dans des problèmes d'organisation
et de procédure.
Victimes et accusés,
à vous ne rien comprendre
à ceux qui se déroulent
sous leurs yeux.
Les six marins
qui risquent perpétuité
dans cette affaire
ne bénéficient toujours pas
de la traduction totale
des débats.
Les cabines de traduction
simultanées
installées en toute hâte
ne fonctionnent pas.
Quant à Kingsley O'Fuzu,
le seul survivant du drame,
perdu dans les multiples
incidents de procédure,
il s'endort
durant les nombreux suspensions
d'audience.
Il attendait pourtant
ce procès
depuis trois ans.
Le lendemain,
la présentation de les accusés
commence.
Cinq ukrainiens
et un lap-cas
du coca-as, donc.
D'abord, l'offre commandant
Vladimir Initski,
60 ans,
40 en navigation,
genre irréprochable.
Un intelligent et cultiver,
dit-on,
la presse ukrainienne
rapporte
qu'il aurait déjà sauvé
des beaux de people.
À ses côtés,
le commandant second
Valérie Artemenko,
34 ans,
très ambitieux.
Il doit une partie
de sa carrière
à Initski,
comme un père pour lui.
Il y a aussi
Oleg Mirail
Evzitski,
35 ans,
le cuisinier.
Ce grand blond
a fait une tentative
de suicide
en détention.
Kody Matlow,
voici Peter
Bondarenko,
36 ans,
à un mètre à 86,
ancien parachutiste
en Afghanistan,
c'est le costaud
de la bande.
Enfin,
Sergei
Romashenko,
34 ans,
et Jamal
Arkamia,
33 ans.
Lui,
il n'est pas
ukrainien
l'adivine Abkhaz,
et c'est le seul
à nier les crimes.
Il clame son innocence.
La question
de ce procès,
plus que
la culpabilité,
reste le mobile
de ces crimes.
Gilles Raymond,
responsable
de la sécurité
chez l'armateur
Velmas,
explique à quel point
la question
des clandestins
est un sujet
préoccupant
dans le transport maritime.
Il y a
des pays européens
où on ne peut pas
débarquer
simplement
tout ce qui sera nécessaire
pour leur appatrier.
Donc je dirais
que
l'armateur
là
est pris à notage
des deux bords
par les passages
clandestins
qui ont fait
une intrusion à bord
et par
les autorités locales
qui n'autorisent pas
qu'on puisse s'en débarrasser.
Mercredi
20 de novembre,
8e jour d'audience,
Kings Cleo Foussou,
le rescapé,
va pouvoir s'exprimer.
Depuis une semaine,
il suit les débats
d'un air
détaché,
trop parfois
son avocat
lui a dit
va arrêter de s'endormir
pendant les débats.
Lorsqu'il prend la parole,
il déroule
le scénario
de son orrible
odyssé
dans un anglais
approximatif.
Il rappelle
le nom
de son frère,
de ses amis.
Le ton est
monotone,
monocorde.
Puis
Kings Cleo
craque
en évoquant
son frère.
Il s'englote.
La salle d'audience
est submergée
d'émotions.
Le président lui
dit
quel marin a fait quoi ?
De nombreuses ondes
d'ombres restent à éclaircir
après cette audition
qui a marqué des jurés.
Mercredi
9 novembre,
13ème jour,
le procès
qui ne devait durer
qu'une semaine
se prolonge.
Un public
toujours plus
nombreuse
de presse au tribunal.
Depuis 2 semaines,
tous les co-accusés
semblent désigner
un homme
comme commanditaire
des assassinats,
Valérie Artemenko,
le commandant en second.
Le premier
rail,
Fski,
35 ans,
le cuisinier,
Confesse.
J'ai tué,
mais je ne voudrais
faire porter
cette croix à personne
d'autre.
Avant d'ajouter
que c'est le commandant
en second,
Artemenko,
qui lui a donné
l'ordre de jeter
les clandestins
par le subort.
Il m'a dit
ce ne sont pas
des hommes.
Ils n'ont pas de papier,
ils ont l'air
d'être révalés de prison,
ils sont très agressifs.
Je suis sûr qu'ils
vont tous nous tuer.
Oleg
il y a surtout le bateau.
À travers
les différents témoignages,
un scénario se dessine.
Les trois matelots
qui fera pas
coup de barre de fer,
tire au fusil
et jette
les corps
par-dessus bord.
Le quatrième main,
Akamiya
clame son innocence
et tout le monde
l'isculpe.
Reste
les deux chefs
de l'équipage.
Ont-ils
donné l'ordre?
C'est
l'une des grandes
interrogations
de ce procès.
Mais un événement
va venir
perturber les audiences.
Coup de théâtre,
ici ce matin
au palais de justice
de Rouen,
les débats
n'ont pas repris.
Valérie Artemenko,
l'officien second,
celui qui aurait ordonné
le massacre
des clans destins
a tenté de se suicider
ce matin à l'aube.
À 6h30,
il s'est pendu
au barreau de sa cellule
avec son survêtement.
Il ne doit la vie sauve
qu'à l'intervention
in extremis
de deux de ses côts détenus.
Le président
Jean Reno,
à la reprise théorique
des débats,
a immédiatement rédigé
une ordonnance
afin qu'Artemenko,
qui est sur pied,
soit réexaminé
par des médecins
avant le début
de son passage à la barre
prévu
pour 14 heures.
Vendredi 1er décembre,
la troisième semaine
d'audience achève
avec toujours plus
de public dans la salle.
Ce jour-là,
certes, Artemenko
justement,
qui s'exprime.
Présenté
comme un fanfaron
et un beau parleur
par ses côts accusés,
le commandant second
montre
son passage.
Il affiche
une droiture morale
loin du four
de qu'on décrit.
D'ailleurs,
sa ressentative
de suicide
va à l'encontre
de son image
de monstre froid.
Et sa ligne
de défense
est claire.
Ce n'est pas lui
qui a pris
la décision de tuer.
Non.
Il a transmis
des ordres
venus de son supérieur,
le commandant
Initski.
Et
l'écho accusé
continue
de se charger
mutuellement.
Alors,
le commandant affirme
que c'est son second
qui a pris
l'initiative.
Et il plaît
de la négligence.
J'avais trop de travail.
C'est pour cela
que je n'ai pas envoyé
Télex
dès la découverte
des clandestins.
Alors,
il aurait laissé
Arthemenko
régler cette situation.
Dans son réquisitoire,
l'avocat général
réclame des sanctions
exemplaires.
Il souhaite
que la cour
donne un terrible
avertissement
sur toutes les mères.
Précision de France 3.
Le magistrat
a des mots très durs,
perpétuités
pour Arthemenko,
l'officiant second,
l'instigateur,
pour Romachenko,
l'homme au M16
qui tue par plaisir,
pour Bodarenko,
l'ancien d'Afghanistan
qui tue sans ressentiment,
pour Michaliski,
le cuisinier,
qui pleure,
mais qui tue.
Pour Arrakamiya,
le trafiquant
qui clame son innocence,
mais qui ment,
pour Iniski,
le commandant,
complice,
complice de ne pas
avoir fait le geste
qui aurait pu tout arrêter.
Les quatre avocats
des partis civils
qui ont plaidé
jusque tard
dans la nuit hier
avaient chacun énoncé
ce qui, selon eux,
serait le mobile
du massacre.
Pour simplifier,
à l'extrême,
disons que,
pour la Ligue des Droits de l'homme,
c'est un vol
matiné de racisme
qui a conduit au massacre.
Pour celui des disparus,
c'est, je cite,
le poids des consignes
de l'armateur
qui a pesé
sur le commandant
et sa garde rapprochée
qui a conduit au génocide.
Fin de citation.
Dimanche 10 décembre,
3h du matin,
le verdict
qui lui procé
MC Ruby tombe.
Pendant 12h,
les 9 jurés
ont dit
démêler les fils de cette affaire
et répondre
à 812 questions.
Et ils prononcent
un verdict
plus nuancé
que leurs réquisitoires
qui demandaient
perpétuité pour tous.
Le matelot,
Arachamia,
d'origine abcase
qui a toujours
clamé
son innocence
est acquitté.
Kingsley,
qui est sûre
pourtant
qu'il faisait partie
d'étoires,
réagit
devant la caméra
de France 3.
Pourquoi l'ont-ils libéré ?
Vous pensez qu'ils ne croient pas
que nous vous estimions
qu'ils ne vous ont pas cru ?
Ils ne nous ont pas cru.
Pourquoi ?
Parce que je suis seul.
Les 3 matelots
qui ont tué
sont eux
condamnés 20 ans de prison
et certains sont soulagés
ils sortiront un jour.
Cote à cote
dans le box
le commandant
Ilitski
et son second
Artemenko
silence dans la salle
les visages sont tendus
fatigués aussi
comme ceux des 9 jurés.
Il n'y a pas eu de doute
pour le sort des 2 chefs
à la majorité absolue
ils ont voté
perpétuité.
Les 2 hommes plis
sous le poids de la peine
car il n'y a pas d'appel
à cette époque en cours
d'assises.
Du côté des avocats
des partis civils
on se félicite
de cette sanction
exemplaire.
C'est un message fort
envoyé au marin
du monde entier.
Isabelle Coutemper
l'avocat des victimes
réagit sur France 3.
Pour la première fois au monde
en fait
l'équipage a été jugé
ça a permis de faire ressortir
quand même
que les marins ne peuvent pas
être sans foi
que les armateurs
ne peuvent pas
continuer à être
toujours sans loi
il faut également
que l'armateur
soit condamné
sur le plan financier
à garantir le choix
qu'ils fêtent ces équipages
et à donner
des instructions
suffisamment sérieuses
pour qu'on ne jette
plus les sages
qu'en dessin à la mer.
Quand votre procureur
Marc Gobert
est en fondement
choquée par ce massacre
il explique que c'est
un exemple
pour le monde entier
décidément.
Exemple ou pas
Kings Cleo Fossou
lui n'a jamais réussi
à trouver sa place
en France.
Son histoire
a été adoptée
par la chaîne SBO
qui en a fait un téléfilm
des livaillages
mais il aurait été
floué par ses producteurs
qui ne lui auraient
pas versé
la totalité des droits.
Victimes jusqu'au bout
d'un système
qui exploite
les misères jusqu'au
dernier dollar
et vivre au Ghana.
C'est la fin
de l'histoire
d'une personne
qui est
une personne
qui est
une personne
qui est
une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est une personne
qui est restée de vous
meurons les marbelés
sur le ciel minéral
tu commences à romper
en dessous du silence
et dans l'oblis total
Frazier méditerranel
sourire carnassier de murelle
fêloir des sirènes
italiens
tu atteindras ces rives sombres
très près des côtes siciliennes
et vierges noirs
comme le train
imaginer la mer
qu'on a payé si cher
imaginer la mer
imaginer la mer
France inter
affaire sensible
Fabrice Drouel
aujourd'hui le drame du MC Rubin
notre invité Philippe Brossard
bonjour
journaliste actuel directeur
adjoint de la rédaction du Monde
en 1993
vous avez remporté le prix
Albert Londres
pour votre enquête
l'odyssée tragique du MC Rubin
félicitations
au passage
alors on n'a pas trop insisté
sur l'octuple meurtre
puisqu'ils sont 8 à avoir été
tués
ils ont été tués par balles
et jetés par dessus bord
donc sauf Kingsley
qui a réussi à s'en sortir
et qui est reparti
dans la cale numéro 3
qu'est-ce qui vous a amené
à vous intéresser à cette histoire ?
écoutez je vais vous raconter
un peu les coulisses
de cette affaire
de mon point de vue
qui commence par un ratage
comme on dit dans notre métier
c'est-à-dire qu'au moment
où les faits se produisent
au Havre
c'était donc un jeudi soir
comme l'a dit votre excellent récit
on apprend la nouvelle
dans la journée du vendredi
les médias s'en saisissent
et dans mon journal
Le Monde
qui est important
on ne lui consacre malheureusement
qu'un petit article
fait un peu à la va-vite
par notre correspondant
qu'on a appelé en catastrophe
alors que tous les médias nationaux
sont déjà sur l'affaire
ont déjà entendu Kingsley
et nous arrivons avec le service minimum
dans les jours suivants
mon chef direct
Edoui Plénel
que l'on connaît aujourd'hui
parce qu'il est à la tête
de Mediapart
on connaissait déjà l'exemple
Edoui vient me voir
en me disant
c'est pas normal
c'est un ratage
on a mal traité cette histoire
il faut y revenir
va au Havre
voir
dès que possible
le survivant
et après
on débloquera
les moyens qu'il faudra
pour traiter cette enquête
comme elle mérite de l'être
parce que d'un côté
il y a les victimes
évidemment
les accuser
c'est une histoire qu'il faut raconter
au long
comme on dit dans notre métier
c'est-à-dire consacrer
du temps de la place
des moyens aussi
je vais voir Kingsley
au Havre
qui me raconte
l'histoire qu'il a raconté
à beaucoup d'autres médias
donc de ce point de village
de ne découvrir pas grand chose
si ce n'est que je lui dis
moi ce qui m'intéresse
vu que j'arrive un peu
après les confrères
c'est d'aller au Ghana
et là tout de suite
ça accroche avec lui
il se dit
tiens quelqu'un qui veut aller plus loin
et qui veut aller voir
d'où je viens
et pourquoi je pars
et pourquoi je pars
et donc je suis parti au Ghana
je suis parti au Ghana
à Taqoradi
sa ville d'origine
où j'ai rencontré sa famille
et j'ai rencontré
toutes les familles
des différentes personnes
qui ont été victimes
de ce drame
qu'est-ce que vous en avez retenu
du sort de ces gens-là
des années de la terre
parce qu'ils n'ont pas choisi
de vivre dans un pays pauvre
ils n'ont pas choisi de vivre
pour les autres
dans un pays politiquement dangereux
qu'est-ce qu'il en ressort de ça
moi ce qu'il en ressort
ce qui est assez
à la fois effrayant, fascinant
et surtout très émouvant
c'est d'aller au contact
des familles
des familles dans le deuil
qui continuent à vivre
ou plutôt à survivre
parce que là nous sommes à
Amanful
qui est une sorte
de quartier très populaire
voire de Bidonville
au coeur de la ville de Taqoradi
Taqoradi c'est 170 000 habitants
c'est un petit port
à l'échelle de l'Afrique
mais qui a beaucoup de trafic
et donc je me retrouve
dans ces familles
dans des habitations
assez misérables
mais avec des gens
qui sont profondément touchés
et qui me parlent
de leurs proches
d'un mari disparu
et d'un seul coup
les victimes
un peu anonymes
un peu fantomatiques
un peu abstraites
prennent corps et prennent vie
et là toute ma mission
de journaliste
c'est de recueillir
les éléments sur ces personnes
et de les rassembler
en vue d'en faire un récit
par la suite
pour essayer de leur donner
une sorte d'hommage postume
quelque part
même si je ne tombe
pas totalement dans la compassion
il faut aussi garder
une forme de recul
mais voilà ce sont
des mouvements très émouvrants
au contact d'une réalité
sociale terrible
et il fallait aller sur place
pour mesurer
à quel point
dans cette ville
à cette époque
et sans doutesse
un peu la même chose aujourd'hui
ces jeunes
17, 25 ans voire un peu plus
ne rêvaient que d'une chose
cette partie
l'Europe c'était
un ailleurs
un ailleurs
un peu fantasmales
et justement
quel est leur sentiment
par rapport
à ce drame des migrants
dont ils font partie
ou des proches
ont fait partie
même s'ils ne meurent pas
ils savent que
la traversée
le voyage est dangereux
ils le savent
mais les rêves
sont plus forts
que le danger
les rêves sont plus forts
que le danger
ils mesurent
les risques
en couru
mais sans doute pas
autant qu'aujourd'hui
il faut se replacer
dans le contexte de l'époque
il y a 30 ans
on a en tête
aujourd'hui
les trajets
les passeurs
les informations
disponibles
notamment via internet
à l'époque
on n'est pas
dans cette dimension là
on est dans un coin
d'Afrique
certes en contact
avec le reste du monde
parce qu'il y a beaucoup
de relations avec les marins
mais je pense
par exemple
qu'au moment où il s'embarque
il rentre
il pénètre
clandestinement
dans les cales
du MC Rubi
ils ne savent pas
du tout
où va ce bateau
combien de temps va durer
la traversée
pour eux
ce sont des
données de temps
et de kilométrage
qui sont totalement inaccessibles
on leur avait parlé
comme de l'Allemagne
de la France
oui mais ce sont
des mots
des pays lointains
de l'endroit
à mon avis
où ils vont
débarquer
ou essayer de débarquer
vous parliez dans votre enquête
je crois d'une misère noire
qui fait face à une misère blanche
que voulez-vous dire
oui parce que
à partir du moment
où on a enclenché
ce processus
de travailler au long cours
sur cette affaire
donc d'aller au gainage
je me suis dit
par souci d'équilibre
et vis-à-vis
de la vérité
de cette histoire
du moins essayer
d'atteindre la vérité
de cette histoire
à l'époque
avant le procès
bien sûr tout ça
eh bien il fallait aller
de l'autre côté
à Odessa
voilà donc j'ai cherché
à comprendre
qui étaient les victimes
à Taqoradi
j'ai cherché à comprendre
qui étaient les accusés
du côté d'Odessa
et donc là
je suis parti
ça a duré
une quinzaine de jours
à la rencontre
des familles
des marins
qui eux étaient
en prison
au Havre
dans l'attente
du procès
la fère était en cours
d'instruction
donc là je suis allé
par exemple
dans la famille
du commandant
en seconde
au risque de surprendre
c'est
c'est aussi mon métier
de journaliste
d'essayer de comprendre
d'où viennent ces gens
de comprendre pourquoi
ils travaillent
sur ces bateaux
quelle est leur parcours
quelle est la situation
particulière
de ce coin
d'ex-unions soviétiques
à l'époque
il faut aussi
là se remettre
dans le contexte
ce n'est pas
l'Ukraine actuelle
c'est l'Ukraine post-soviétique
c'est peu de temps
après la chute de
deux ans après la chute
de l'Université
donc on est
dans un entre-deux
entre la chute du communisme
et le début
on est dans un
ce sont les années el-sin
les années el-sin
les années un peu
mafieuses aussi
et Odessa
avec tous les trafics
qui impliquent
toujours un port
est au coeur
un peu de toutes sortes
de business
les marins eux
qui sont
pour la plupart de
grands professionnels
ils gagnent leur vie
comme ils peuvent
et donc là
là aussi
à Odessa
au contact des familles
on prend la mesure
de cette réalité
de cette misère blanche
exactement
on va se retrouver
en Philippe Broussard
après avoir côté
Rihanna
let's lift me up
hold me down
keep me close
safe and sound
burning in a hopeless dream
hold me when you go to sleep
keep me in the warmth
live your life
when you depart
keep me safe
safe and sound
lift me up
hold me down
keep me close
safe and sound
drowning in a hopeless dream
take some time and stay with me
keep me in the strength of yours
keep me safe
safe and sound
lift me up
hold me down
keep me safe
safe and sound
burning in a hopeless dream
hold me when you go to sleep
keep me safe
we need life
we need love
lift me up
in your arms
I need love
keep me close
safe and sound
lift me up
hold me
hold me down
keep me safe
we need life
we need love
je crois qu'il est reparti dans son pays
au gana
parce qu'il a eu un épisode malheureux
avec les producteurs et le réalisateur
d'un film
au-delà de ça je l'avais revu après
mes périples au gana
et en ukraine
j'ai été reparti
j'ai été aller le voir à plusieurs reprises
j'ai même fait le gobitwin
si j'ose dire entre sa famille et lui-même
parce que j'avais rapporté des photos
de sa femme au gana
bref ça avait créé entre nous
une relation particulière
après quand j'ai eu la chance d'avoir le prix
lui-même s'est manifesté très gentiment
et j'ai été reparti le voir aussi
mais après j'ai plus de nouvelles
il y a des personnages qui passent
comme ça dans votre métier
de temps en temps je me dis
tiens ça serait bien
pourquoi pas 30 ans après d'essayer
de le retrouver et d'aller le voir
ça serait un sujet à part entière
pourquoi pas hein
on se retrouvera peut-être
lors d'une rediffusion
puis vous nous expliquerait
alors le mobile de ce massacre
si on peut parler de massacre
après tout ces ganéens
par rapport aux Ukrainiens
ce sont leurs frères d'infortune
puisqu'on l'a dit ces Ukrainiens
aussi rêvent d'ailleurs
d'un à d'ailleurs
oui
donc on a dit là
qu'on peut forcément tuer des gens
mais après il y a la pression
du système expliquez-nous
écoutez à l'époque d'abord
il faut voir une chose
ce sont des vrais marins professionnels
notamment pour l'encadrement
issu de l'école soviétique
donc avec une forme de rigueur
quasi militaire
et qui au moment de l'explosion
de l'URSS
et de l'explosion
donc aussi d'une forme
nouvelle forme de vie
et quel capitalisme
et bien ils essaient de gagner
un peu plus d'argent
pour survivre dans ce monde nouveau
et ce qui s'ouvre à eux
à Odessa
c'est la marine
ce sont des postes payés
en dollars
qui leur permettent de voyager
au fil des voyages
d'acheter aussi
ou là des produits
qu'ils ne trouveront pas
dans leur pays
voir d'en faire un petit business
à Odessa je me souviens très bien
de me mettre rendu
sur une sorte de marché ou puce
où en fait tous les gens
qui étaient en contact
avec l'étranger
revendaient des choses
achetées ici ou là
donc les marins du MCRUB
étaient un peu dans cette
sorte de business
et donc à partir du moment
où cet équilibre professionnel
ces gains qui leur permettent
d'être dans une sorte
de classe moyenne à Odessa
et bien à partir du moment
où cet équilibre est menacé
parce qu'il y a des clandestins
parce que ça va créer
des problèmes avec l'employeur
parce qu'il va peut-être
y avoir des retenus sur sa l'air
ou des durées de voyage
encore plus longs
parce qu'il faudra
gérer la question
d'une pointe vue administratif
et légale
et bien tout cela
fait que pour préserver
le boulot
ils ont basculé
dans l'horreur
encore une fois c'est pas
une excuse
c'est un constat
une explication
de ce qui a pu se passer
en tout cas juste
si ça a été rendu
puisque les six ont été
condamnés
un a quitté les autres
ont été condamnés
donc deux lourdement
perpétuité
mais c'est le procès
de six hommes
ou le procès d'un système
selon vous ?
Je pense que c'était davantage
le procès d'un système
le procès d'un système
certes il y a les faits
il y a les hommes
il y a leurs responsabilités
mais derrière
ce qui a été mis en évidence
et qui est malheureusement
toujours le cas
après on peut
ça quelque part
fait un peu de sur place
de ce point de vue là
et c'est ce que moi
j'ai découvert
c'est un monde que je ne connaissais
pas du tout
mais j'ai découvert
au cours de mon enquête
comment dire
le frattra
que compose cet univers
des maires
avec les affraiteurs
les pavillons
de complaisance
l'employeur
le propriétaire
ça donne le tournoi
La mondialisation
par l'exploitation
Exactement
et donc
tout cela aboutit à quoi ?
aboutit à un rejet
de responsabilité
sur l'autre
qui n'est pas l'autre
et ainsi de suite
un système de poupérus
pour employer
une expression
Alors la justice
l'a dit
plusieurs fois
il faut une sanction exemplaire
est-ce qu'elle vous paraît exemplaire ?
Je pense qu'à la marquée
dans cet univers maritime
si particulier
à la marquée à l'époque
j'imagine qu'il y a encore
de telles histoires
mais ça c'est su
c'est un milieu
notamment chez les professionnels
je pense qu'ils sont au courant
et c'est une histoire
qui a encore une fois
profondément marquée
Parce qu'aujourd'hui
les drames des migrants
qu'on retrouve noyées
en Méliteradelle
ce genre de drames
c'est déplacé
c'est le fait
ce n'est pas le fait de marins
comme les ukrainiens
ce sont des passeurs
Il y en a à voir
un système de passeurs
de passage clandestin
à l'époque du MCRuby
on était sur des cargots
avec des chargements
immense comme on peut les voir aujourd'hui
avec des conteneurs
par centaines
et donc les clandestins
essayer de se glisser à bord
il faut savoir qu'en 1992
donc l'année de ce fameux drame
200 clandestins
sont arrivés
de cette manière
dans le port du Havre
Bien ils se saurent des bateaux
marchands
après ils sont arrivés
sur place
et les marins
ont dû signaler leur présence
il n'y a pas eu
heureusement de drames
comparables à celui
du MCRuby
mais voilà
c'était une situation
relativement fréquente
et c'était la même chose
à envers
à Rotterdam
dans les grands ports européens
bien merci infiniment
ce sera le dernier mot
merci Philippe Broussard
journaliste
je rappelle que vous êtes
le directeur adjoint
de la réduction
du journal Le Monde
merci et au revoir
merci
c'était à faire sensible
aujourd'hui le drame du MCRuby
une émission que vous pouvez
réécouter en podcast
bien sûr
à la technique aujourd'hui
il y avait Loïc Frapsos
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durée :00:53:49 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle, Franck COGNARD - Aujourd’hui dans Affaire sensibles, l’histoire d’un drame de l’immigration. - invités : Philippe BROUSSARD - Philippe Broussard : - réalisé par : Frédéric Milano