La source: Dans l'enfer des sectes 4/5 : Le temple du Peuple et le suicide collectif de Guyana

Radio France Radio France 7/23/23 - Episode Page - 56m - PDF Transcript

France Inter

Aujourd'hui, dans un faire sensible, l'histoire d'un suicide de masse.

Le 18 novembre 1978, plus de 900 personnes sont retrouvées mortes,

empoisonnées au milieu de la jungle de Guyana en Amérique centrale.

Les victimes sont en grande majorité américaine et adeptes de la secte

The People's Temple, le temple du peuple et de son gros, le Pasteur Jim Jones.

L'homme qui a monté son église dans les années 60 propose un culte très progressiste.

Ouvré en noir comme au blanc, sa doctrine est même de sens socialiste.

Son église, installée à San Francisco à partir de 1972, propose des services sociaux à la population.

Le temple compte plusieurs milliers de fidèles et des soutiens politiques démocrates puissants.

Sorte de Dr. Jackie Lamisteride religieux, l'image glorieuse des Pasteurs Jones

cache en fait une face plus sombre, service corporel, abus sexuel, extorsion de fonds,

fausse guérison miraculeuse, meurte, mais oui, et culte de la personnalité il y a

tous les éléments de la dérive secteur et c'est un cas d'école dramatique.

Comment Jim Jones a-t-il pu entraîner dans sa folie près de 1900 ?

Et d'ailleurs, peut-on vraiment parler de suicide ?

Notre émité aujourd'hui, Enrico Pozzi, professeur de psychologie sociale,

à l'université La Sapienza de Rome.

Affaire sensible, une émission de France Inter en partenariat avec Lina,

préparée aujourd'hui par Héloïse Davio, coordination Christophe Barrère,

réalisation L'Orienne Tout le monde.

Fabrice Drouëlle. Affaire sensible.

Sur France Inter.

Un battement d'aile métallique, quelques oiseaux et le son du vent dans les feuilles, c'est tout.

Ce 20 novembre, 1978, ces bruits sont les seuls à briser le silence plombant

qui s'est abattu sur le camp de Johnstone au milieu de la jungle, dans le nord du Guyana.

A bord de l'écoteur qui survole le site,

ont pris place Charles A. Krause et Frank Johnstone,

respectinement correspondants en Amérique latine et photographes pour le Washington Post.

Ils sont les premiers, après l'armée guianaise,

à découvrir quelques mètres en douce d'une scène macabre.

Des femmes, des hommes, des enfants, blanc et noir,

gisent au sol, face contre terre, dans une chaleur tropicale, vision d'apocalypse.

Certains sont enlacés, d'autres se tiennent par la taille ou les épaules,

et pas un ne bouge.

Autrement dit, c'est une omarrée humaine de plusieurs centaines d'âmes,

perdues qui recouvrent le sol autour du pavillon central

au camp du temple du peuple et du trône de son gros, le révérent Jim Jones.

Quelques heures plus tard, les catombes,

fait l'ouverture des journaux du monde entier.

Bonsoir, le fanatisme confine parfois la barbarie,

à l'horreur la plus inimaginable.

Nous venons d'apprendre que le chef de la secte du temple du peuple, Jim Jones,

et toute sa famille, s'étaient suicidés.

Jim Jones, responsable du suicide collectif de 400 ses fidèles,

responsable de l'assassinat de cinq américains qui enquêtait sur sa secte,

s'est donc fait justice ce soir.

C'est l'aboutissement d'une atroce série noire, un véritable massacre.

Suicide collectif, massacre.

Dans les deux cas, c'est bien la folie d'un homme, Jim Jones,

qui a précipité ses hommes et ses femmes vers un destin funeste.

Au total, 912 victimes, en majorité des adeptes de sa secte.

Au Guyana, elles étaient pourtant vues lui chercher un paradis,

un havre de paix, où elles pourraient vivre librement l'utopie imaginée

par le Reverend Jones, et qui fit d'ailleurs son immense succès

dès le début des années 70.

Lusson en 1972.

Comme chaque dimanche, Jim Jones prêche dans une ambiance survoltée.

Les cheveux foncés plaqués en arrière, le regard noir perçant,

un petit air d'Alvice Pressuet, le pasteur du charisme,

condition silécoinone pour qui veut entraîner les foules vers le destin

qu'il a lui-même défini.

Alors, les disciples flûent.

200 franciscos en particulier, ils sont des centaines

à venir écouter ses sermons.

L'assistance est diverse et métissée,

hommes, femmes, jeunes, vieux, blancs et noirs,

tous assis côte à côte, partageant la même ferveur.

Sur les bandes sont temples, Jim Jones donne vie

à l'égalité de roi civique et à un idéal profondément social,

voire socialisant.

Dans cette période troublée, et à San Francisco,

la ville la plus progressiste des États-Unis,

le temple du peuple, People's Temple, en version originale,

ne pouvait que s'éduire.

À cette époque, nous, brûlons de faits,

sont ceux qui recherchent apaisement

le meilleur.

Quatre ans plus tôt, en avril 68, Martin Luther King

mourrait assassiné.

Jim Jones donne ainsi un souffle d'espoir

au noir américain.

Mais il séduit aussi les anciens militants antigueurs

qui ont du pain sur la planche,

avec le conflit du Vietnam toujours pas terminé.

Jim Jones offre également

une grande famille aux personnes âgées,

de la nourriture et une aide matérielle

au plus démunie.

La défense des droits civiques et des pauvres

occupe une grande place dans ses sermons,

celui-ci prononcé en 1972.

Il n'y aurait pas de différence raciale

si tout c'était ego.

Il n'y aurait ni race, ni pauvre, ni système de classe

si ce que l'on entend par là est la division

entre les gens basés sur leur argent.

Il n'y aurait pas de place pour la race.

Le concept de race ne se développe

que parce que les riches veulent quelqu'un

pour faire leur travail de servile

et il se trouve que les noirs sont les esclaves

de cette génération.

Les sermons de Jim Jones apparent souvent

des discours politiques très à gauche

aux accents résolument marxistes,

comme vous allez l'entendre.

Le racisme et le reflet,

le résultat direct de la séparation

entre les gens basé sur la propriété.

Je ne crois pas à la propriété privée.

Je crois que la propriété

doit être procédée en commun,

tout comme l'église nous appartient à tous,

comme la terre ici, les fruits

et tout ce que nous partageons.

Le guru propose donc

un socialisme apostolique,

une position pour eux moins originale

aux Etats-Unis, paye dirigé par les hommes et les femmes,

surtout des hommes,

omnubilés par le danger communiste.

Et pourquoi je nais,

Jones se présente comme les riches du Christ et de l'Union.

Alors, régulièrement,

il ponctue ses allocutions

de l'international,

accompagné alors, devenu chant religieux

et apostat.

A la fois,

l'hiver politique et révérent pastoral,

à la tête d'un troupeau de plusieurs milliers d'oiseaux,

Jim Jones a construit sa doctrine

et son caractère dans un milieu

très modeste d'une petite ville

du Midwest américain.

Il est originaire de l'Inde,

dans l'Indiana.

La ville très conservatrice

goûte peu au rapport interratio,

le que je sens,

il est très puissant

et une règle tacite et interdit au noir

d'y vivre.

Jim Jones est issu

d'une famille pauvre,

son père est au chômage.

Il est très puissant

et une règle tacite et interdit au noir

d'y vivre.

Il est pauvre, son père est au chômage.

Jim a du mal à trouver sa place dans la société,

jusqu'à ce qu'il découvre

l'Église.

C'est ce qu'il explique dans des enregistrements

découverts par le FBI après le suicide

de membres de la secte.

J'ai agi

contre le conformisme de ma communauté,

d'abord parce que je n'ai jamais été accepté,

je ne suis jamais senti accepté dans la communauté.

J'ai rejoint l'Église catholique

la plus extrême des Églises catholiques

parce qu'ils étaient

les plus méprisées,

les rebus de la société.

Et après quelques temps

je suis revenu du catholicisme

d'un point de vue intellectuel

mais je suis resté

rebelle.

Toujours en dehors de la société

jamais accepté et appartenant

aux mauvais côtés de la route.

Alors c'est décidé

James Jones sera pastor.

A seulement 18 ans,

dès 1953, il fonde sa propre église

la Christian Assembly of Good Church

qui deviendra dix ans plus tard

the People's Temple.

A cette époque, il rencontre et épouse

Marceline Borduin,

une jeune infirmière.

Avec elle, il aura huit enfants,

sur elle et cette ou autre adoptée

dont, de coréen et à noir,

le premier du pays à être recueilli

par une famille blanche.

Mise au banc de la société dans son enfance

que le jeune homme s'identifie volontiers

à la situation des noirs américains.

Alors dès ses débuts, en tant que pastor

il les convient à assister à ses offices

au même titre que les blancs.

Dans l'Indiana, l'initiative fait jaser.

En tout cas, le révérent progressiste

intrigue la presse qui publie

des articles lovatifs.

Puis, pendant quatre ans, de 1961

et 1965, Jim Jones

part au Brésil comme missionnaire

et en revient avec une obsession

la crainte d'un holocaustre nucléaire.

Justement, un magazine américain

Square publie une liste de neuf villes

les seules capables de survivre

en cas d'attaque nucléaire.

L'article cite la ville

Ducaya, en Californie.

Jim Jones n'hésite pas.

Voilà une ville bunker

dans un état progressiste qui plus est.

Et bien c'est là qu'il doit installer son culte.

Le révérent et sa grande famille

bâtissent leur église, mais pas seulement.

Il est grand temps de mettre en oeuvre

l'idéal socialiste porté par Jim Jones.

Ils montent alors une communauté

de 141 personnes dans une ferme.

Ces dernières vivent et travaillent

dans ce fallenster, au milieu des champs

et des vignes dans cette vallée très fertile.

Partager, mettre en commun,

tels sont les préceptes de Jim Jones.

On n'est pas loin de quoi le cause.

Et déjà dans la secte,

dès lors que Jones demande à ses disciples

de faire don de leur bien à la communauté,

ce qui dans la réalité revient

à les lui donner mais bientôt.

Cette vie en communauté ne suffit plus

au pasteur.

Pour toucher les masses et étendre

la violence, il doit viser plus haut.

Il perd donc à la conquête de la ville

la plus ouverte de l'état et du pays

sans Francisco.

En 1971, il installe son église

dans une ancienne synagogue

dans le quartier de Fillmore.

Les maises d'ouverture drainent les foules

venus des quatre coins de la ville.

Il faut dire qu'il y a mille moyens.

Il a convié des orateurs de choix,

la militante des droits civiques

et le dénise-bank,

le leader des Indiens américains.

Mais le succès du People's Temple

repose aussi sur les services sociaux

proposés par l'Église.

On y trouve une infirmerie,

un centre de soins pour les enfants,

un charpentier et des cuisines

qui concoctent des repas pour les plus démunis.

Petit père de son peuple,

Jim Jones,

concurrence même sérieusement le créateur.

D'ailleurs, au cours

de cérémonies de guérison,

il y a eu de l'idée miracle.

Écoutez l'une de ces séances,

nous sommes au 1972.

Il n'y avait rien à perdre.

Nous ne risquons pas de perdre la foi.

J'ai vu plus de miracle

ici que n'importe où ailleurs.

Je vous aime.

Les Christes vous aiment.

Les gens vous aiment.

Maintenant ma sœur,

marcher.

Marcher.

Marcher.

Et la vieille dame marche.

L'ogitoire est en trans.

Et le pouvoir de Jones s'étend évidemment.

Tous les hommes politiques libéraux

de l'Etat se pressent à son bureau.

Avec plusieurs milliers de fidèles,

cet homme-là pèse lourd

dans les résultats électoraux.

Il peut également mettre à disposition

des petites más efficaces et dociles

dans le cadre des campagnes.

Mieux vaut y avoir dans sa poche.

Dans la seconde moitié des années 70,

Jim Jones et son église

sont au sommet de l'orloir.

Et après tout, c'est bien normal.

Le révérend apparaît comme un bienfaiteur

de l'humanité.

Bien.

Mais ce joli tableau ne va pas tarder

à s'assombrir.

Fin juillet 1977,

à l'église de Fillmore,

à San Francisco, Jim Jones s'étend

dans ses états.

Le magazine New West s'apprête à publier

une enquête exclusive sur son église.

Marshall Kilduff,

le journaliste qui a mené l'investigation,

a obtenu le témoignage

de plusieurs anciens adeptes.

Rien de bon ne peut en sortir,

pense Jim Jones.

Il fait donc tout son possible

pour empêcher la publication de l'enquête.

Et il a raison de s'inquiéter.

Les témoignages enquayés par Marshall Kilduff

disent

que son tac à blanc

émette au jour un véritable régime de terreur.

Comme on peut l'entendre

dans cet extrait de l'article,

publier le 1er août 1977.

Une nuit,

la fille des Mertels, Linda,

a été appelée pour une séance de discipline

parce qu'elle avait pris dans ses bras

et embrassait une amie qu'elle n'avait pas vue

depuis longtemps. La jeune femme

était réputée lesbienne.

Les Mertels ont dû se tenir devant

6 ou 700 membres de la Congrégation

pendant que leur fille, qui avait 16 ans à l'époque,

recevait 75 coups

sur son postérieur.

Elle a été si brutalement battue,

témoignée le maire,

que les enfants ont dit que ses fesses ressemblaient

à un hamburger.

Des adeptes battus en public

humiliés.

Jim Jones semble avoir

une façon bien particulière de célébrer

l'amour de Dieu dans son église.

Les violences étaient aussi sexuelles,

évidemment, comme dans d'autres sectes

qui se respectent à défaut de respecter ses membres.

Disons que le révérend

Jones a des meurs assez ouvertes.

A ses fidèles, il affirme régulièrement

que tout le monde est homosexuel,

sauf lui, ce qui n'empêche pas de proposer

régulièrement des relations sexuelles

aux hommes comme aux femmes, tout en leur interdisant

d'en avoir avec leur conjoint.

L'article de New West provoque

un tort en révélation.

Plusieurs témoins accusent Jim Jones

d'extorsion de fonds et de spoliations.

Et ses petites combines s'étalent

dans les colonnes de la presse.

Alors le mythe finit par tomber,

surtout lorsque le plus crédule

découvre que les guérisons miraculeuses

étaient montées toute pièce.

Tiens, la femme en chaise roulante

qui marche n'a jamais été handicapée,

la veugle qui retrouve la vue

n'avait jamais perdu.

Voici comment Jones s'y prenait pour faire croire

qu'il soignait cancer et autres maladies incurables.

Jones demandait si quelqu'un dans l'assistance

souffrait d'un cancer.

C'était le signal pour la soeur de Cobb, Terry,

qui devait se glisser dans une petite salle

sur le côté et faire déguerrepire

qui qu'on pouvait y être.

Là, la femme de Jones, Marceline,

et une vieille dame tremblante

d'excitation disparaissaient

dans la cabine pour un petit moment.

Marceline ressortait en tenant des espèces

de déchets à l'odeur nausée abonde

dans le creux d'une serviette

présentée comme étant les restes d'un cancer.

Marceline et la vieille dame

revenaient dans la salle principale

sous l'écrit, un tonnerre d'applaudissements

et de la musique.

Jim Jones avait encore guéri.

Mais une fois,

Terry a pu regarder à l'intérieur

du sac de cancer.

Il était plein de serviettes

et de petits morceaux de viande

emballés individuellement explique Terry.

C'était des entrailles de poulet.

J'étais choqué.

Jim Jones a une obsession

s'assurer sans cesse de son pouvoir

et de la loyauté de ses fidèles

et il use pour cela de stratégie machiavélique.

L'un des témoins,

une femme d'une quarantaine d'années,

raconte ce nouvel an qu'elle a passé à l'église

avec près de 120 personnes.

Là, Jim Jones prononce un serment

dans lequel il défend la cause de l'église.

Bien, pendant ce temps,

il fait servir un ponche à tous les fidèles

et il leur dit,

vous venez de boire du poison

et nous allons tous mourir dans l'église

ensemble.

Panique, des femmes se mettent à pleurer

en serrant leur bébé dans les bras,

d'autres restent assis et bêtés.

De longues minutes par, c'est pourtant

que personne ne meurt.

En vérité, les disciples de Jim Jones

font l'objet et sont victimes d'un simulate

destiné à mettre leur loyauté les preuves.

Mais plus qu'une simulation,

ils ne le savent pas,

c'est à une répétition de suicide

à un vrai celui-là.

Ils assistent.

Jim Jones sait comment renforcer

le sentiment communautaire.

Il est assez fidèle que l'église trop progressiste

est menacée par le gouvernement

qui veut sa destruction.

Mais l'attaque la plus sévère

vient des journalistes de New West.

La veille de l'apparition de l'article

de Jones appelle la rédactrice en chef

de la publication.

Il réussit à la convaincre

de lui dire le papier au téléphone.

Au fil de la lecture,

le visage de Jones se fiche

dans une expression d'angoisse

en barre.

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

...

et des films d'accord, nous donnons quelques privilèges et ils se tiennent bien.

Nous poussons les gens à se comporter mieux d'accord, vous avez compris ?

Le 17 novembre, en début d'après-midi, un petit avion décolle le Georgetown

pour Port Caïtouma, à deux heures le vol de la capitale Guyanaise.

Mais à leur arrivée, les journalistes ont une mauvaise surprise.

Pour le moment, seul le sénateur et ses collaborateurs sont autorisés à visiter Johnstown.

Les rapporteurs devront attendre plusieurs heures avant d'obtenir enfin le faveur.

Les premières impressions des visiteurs sont plutôt positives.

Certes, le camp est austère, mais la petite ville bâti en si peu de temps est impressionnante.

Les membres du temple du peuple sont souriant, accueillant.

Ils ont d'ailleurs préparé une fête pour leur convive le soir même.

Et alors, ils chantent, ils dansent avec un certain entraint.

Le sénateur Ryan prend alors la parole.

Quelques semaines plus tard, l'émission Les dossiers de l'écran diffuse les images des reporters de NBC.

Nous avons parlé avec un certain nombre de membres qui m'ont tout chassuré qu'ils passent ici les meilleurs moments de leur vie.

C'est l'enthousiasme. Personne n'ose encore imaginer la suite.

C'est vrai, l'ambiance et sa réalité tout semblent aller pour le mieux à Johnstown.

Alors, les inquiétudes des proches, des adeptes étaient-elles exagérées ?

Les journalistes commencent à le penser.

Jusqu'à ce que la soirée prenne une tout autre tournure.

Alors que le reporter Ryan, BC, Don Harris, se trouve à côté du pavillon central.

Un homme d'une trentaine d'années s'approche de lui et lui tend un papier.

Papiers sur lesquels sont inscrits ces simples mots mais qui disent tant de choses.

Je veux partir d'ici. Et il y aura d'autres.

Mais ni le sénateur, ni les journalistes ne disent quoi que ce soit pour le moment.

Le lendemain, le samedi 18 novembre,

la délégation qui a passé la nuit à Port Caillou Touma fait son retour à Johnstown.

Avant de repartir, les journalistes doivent réaliser des interviews aux résidents.

Sans grande surprise, aucun ne déroge la ligne édictée par Jim Jones.

La vie à Johnstown est belle.

Vous êtes heureuses ici ?

Je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie.

Vous voulez rester ?

Définitivement, absolument oui.

Et vous, mesdemoiselles ?

Je suis très bien ici. Je fais des études techniques et j'aime beaucoup mon travail.

Moi, je suis très heureuse d'être ici. Je ne veux pas du tout m'en aller du camp.

Mais le ciel au-dessus de Johnstown se noircit.

Et arrive le moment où les adeptes commencent à parler.

Deux membres de la secte disent à l'assistante du sénateur Ryan qu'ils veulent partir.

Et les sons de plus en plus nombreux à exprimer le même souhait.

Jim Jones est en train de perdre le contrôle de la situation.

Alors, il les suffit de rester.

Face aux journalistes de NBC, le pasteur est embarrassé et visiblement énervé.

Quelqu'un m'a donné ça hier soir. Qu'en pensez-vous ?

Et c'est ici, peut-être, dans ce silence, que tout s'est joué.

Tout le monde est libre de partir et de venir.

Tout ce que je veux, c'est les embrasser avant qu'ils partent.

Mais ce sont des mensonges. Et rien que des mensonges.

Qu'est-ce que je peux faire à propos de mensonges ?

Tout ce que je peux dire, c'est laisser nous tranquilles. Nous sommes heureux. Laissez-nous tranquilles.

Quelques secondes plus tard.

Un disciple s'approche du sénateur et tente de le poignarder.

L'aéorel Ryan quitte alors le camp et monte à bord d'un tracteur

en compagnie des journalistes et de quelques déserteurs

direction l'aéroport de Keituma, où les attendent l'avion du retour.

Une fois sur le tarmac, les passagers commencent à embarquer.

Quand un camion conduit par de fidèles lieutenants de Jones, arrive à toute vitesse.

La caméra de Bob Brown de NBC tourne toute la scène.

Des hommes descendent du camion et tirent sur tout le monde.

Les journalistes ont les premiers touchés. Charles Crose et Don Harris de NBC.

Son collègue Bob Brown essaie de continuer à filmer jusqu'à un an.

Son collègue Bob Brown essaie de continuer à filmer jusqu'à un homme s'approche de lui

et lui colle son fusil sur le visage avant de tirer à bout portant.

Brown s'écroule.

Puis Don Harris subit le même sort.

Puis à son tour, le sénateur Léorel Ryan est abattu d'une balle en plein visage.

Barbarie.

Les balles fousent pendant plusieurs minutes et laissent sur le tarmac

cinq corps sans vie et de nombreux blessés.

Pour l'instant, à Jones Town, l'atmosphère est lourde

après le départ de la délégation du sénateur Ryan, évidemment.

Et tout à coup, l'alarme retentit.

Tout le monde est attendu au pavillon central.

Drôle d'ambiance. Des hommes armés entourent l'assemblée des fidèles.

Après ce que s'est passé avec la délégation américaine,

de toute façon, il fallait bien que quelque chose se passe.

Jim Jones se lance alors dans un ultime cerveau qu'on pourrait résumer ainsi.

Le sénateur Ryan est mort.

Le gouvernement américain va détruire l'Église.

Il n'y a pas d'autres issues possibles.

Les disciples doivent choisir leur mort.

Jim Jones a fait disposer plusieurs grandes marmites remplies d'un liquide violet.

Un cocktail mortel de juillet de cyanure.

Les adeptes n'ont pas vraiment le temps de réfléchir.

Le coup, suivre le mouvement essaie d'inconsciemment la pression des groupes.

Seuls quelques dizaines d'entre eux tentent ou parient à s'échapper.

Le pasteur demande alors à ce que les enfants soient séparés de leurs parents

et qu'ils boivent leurs verres en premier.

A l'aide de ce ring, le poison est administré dans la bouche des bébés,

puis les adultes font la queue pour boire à leur tour.

Alors que tous marchent vers la mort,

Jim Jones prononce son ultime serment

dont l'enregistrement est découvert quelques jours plus tard par le FBI.

Nous disons, nous sommes mille personnes

qui disons que nous n'aimons pas le monde tel qu'il est.

Prenez-en un peu, prenez notre vie, nous la laissons.

Nous sommes fatigués.

Nous ne commettons pas un suicide,

nous commettons un acte de suicide révolutionnaire

en signe de protestation contre les conditions de ce monde inhumain.

Les enfants sont les premiers à rendre l'âme.

Pour les adultes, le processus prend de longues minutes

pendant lesquelles ils se serrent dans les bras.

Ce disent qu'ils s'aiment avant de savoir mourir,

les uns après les autres.

Jim Jones, lui, refuse cette mort.

Pensez donc, il a le droit de mettre d'autre plus rapide,

il s'affichera une balle dans la tête.

Et une heure plus tard, le monstre se tait à jamais.

Dépêché sur place quelques heures plus tard,

les autorités gouillalaises découvriront des centaines de corps

vignées autour du pavillon et du trône de Jim Jones.

C'est genre là, le 18 novembre 1978,

912 personnes dont 300 enfants perrient,

victimes de leur crédulité

et surtout d'un pervers narcissique assassin.

C'est la première fois que j'ai eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller.

Et vous pouvez faire le même chose si vous plaisez.

Aujourd'hui Suicide Collectif au milieu de la jungle de Guyana avec notre invité Enrico Polzi.

Bonjour.

Bonjour.

Vous êtes à Rome et vous nous parlez...

Tout à fait, je suis avant.

Dans les stylos de notre correspondante permanente Mathilde D'Inverti que je salue au passage.

Vous êtes professeur en psychologie sociale, l'université, la Sapienza di Roma.

Autrement dit, la Sapienza di Roma.

Vous êtes en duplex, donc dans la capitale italienne.

Et vous avez notamment écrit l'article Sécularisation et déboire du sacre le suicide collectif de John Stone.

Alors on va essayer de comprendre, parce que c'est quand même la question centrale,

de comprendre avec vous comment 912 personnes ont pu décider de se donner la mort collectivement.

Mais d'abord, comment l'opinion américaine avait-elle réagi à ce suicide collectif, à cet événement-là ?

Eh bien, ça avait été un événement qui a frappé l'opinion publique à un niveau qui a été pour moi-même tout à fait inattendu.

D'après Gallop, d'après un sondage qu'ils ont fait,

ça a été l'affaire la plus suivie par l'opinion publique américaine après l'attaque de Japonaise à Pearl Harbor.

A carrément, oui.

A carrément, oui, tout à fait.

92% des citoyens semi-adultes et adultes des États-Unis ont suivi pendant trois jours tout ce qui concernait

le suicide de Johnstown. Et donc, c'était quelque chose qui a pénétré l'imaginaire collectif et les représentations collectives

de façon puissante et pervasive.

C'est-à-dire, ça se comprend aussi vu l'importance des faits et la violence des faits.

C'est donc l'affaire sensible n°1 aux États-Unis d'après-guerre.

Comment Jim Jones était-il présenté à l'époque ?

A l'époque du drame avant, parce qu'avant il a réussi à berner son monde,

mais quand ça a commencé à pérécliter sérieusement.

Ah mais vous savez, le point est là, l'église était une église complexe.

Quand vous utilisez le mot berner, vous imaginez Jim Jones comme un voyou, quelqu'un qui manipue.

Un menteur, oui.

Un menteur, oui.

Alors, vous savez, il y a deux catégories de menteurs.

Les menteurs qui croient à leur mensonge et les menteurs qui savent qu'ils mentent.

Et je crois que Jim Jones se situe plutôt dans la première catégorie.

Il croyait à ses mensonges, il était un but de ses mensonges.

Il était ses mensonges et c'était son rôle qui coincidait avec son identité.

Et donc, en fait, il était parfaitement efficace au niveau de la communication, parce qu'il était lui-même.

Mais le fait qu'il croyait à ses mensonges, je ne l'absous pas.

Ah, ben absolument pas.

D'accord.

Est-ce qu'on pourrait le qualifier de pervers narcissique, car il nous semble...

Non, c'est une...

Écoutez, moi je suis psychanalyste, donc c'est des mots dont je connais bien le sens.

Je dirais plutôt pervers narcissique, je ne sais pas.

Je dirais plutôt que sa grande catégorie, c'est la paranoïa.

C'est une paranoïa avec des côtés évidemment dépressifs et avec des côtés hippocontriacs, etc.

Mais c'est une dimension paranoïaque.

C'était Jim Jones, vivé et a vécu en quête d'ennemis, construisant des ennemis et se construisant à partir de l'enjeu avec ses ennemis.

Il avait besoin d'ennemis pour tenir ensemble les facettes de son identité et pour éviter la désagrégation dépressive, enfin l'écroulement dépressif.

C'est plutôt la paranoïa.

D'accord.

Ça ressemble beaucoup à une traite caractère d'autres gourous, d'autres sectes.

Tout à fait, tout à fait.

On a l'impression qu'il y a une construction psychologique du leader charismatique qui tourne autour de la paranoïa

et qui tourne autour d'une toute puissance megalomane, mais dont la paranoïa est l'élément majeur.

Vous avez raison. C'est proche de ce quitte l'air été, de ce que Staline a été, de ce que d'autres gourous, beaucoup moins importants au niveau de main,

sont étés un peu partout dans le monde, dans notre siècle dernier et maintenant.

Est-ce qu'il a été considéré ou déclaré apostat ?

Parce que ces méthodes n'étaient pas seuls d'un ido-religieux, enfin d'un qui relaie la parole.

Je suis à Rome, donc je suis au centre d'une construction religieuse qui n'accepte pas beaucoup de différenciations à son intérieur.

Oui, il ne faut pas s'en faire.

Mais aux États-Unis, il y a des milliers de dénominations, il y a des milliers d'églises.

La seule ville où Jim Johnson est né, la ville de Linn, en Indiana, avait 2000 habitants et 11 églises et 12 dénominations différentes.

Donc vous savez, apostat par rapport à qui, par rapport à quoi, par rapport à quel catégisme partagé et par rapport à quelle vérité partagée

ou axiom de vérité partagée.

Donc la question de la apostatie ne se posait pas.

Bien, maintenant on va arriver à une question qui se pose, parce que j'imagine qu'il ne peut pas en être autrement.

Quel est donc ce processus fascinant et effrayant qui fait que 312 personnes, alors je ne vais pas prendre les bébés évidemment,

et les tout petits enfants, mais que moins de 250 personnes se suicident, comme ça décide d'aller à la mort.

Alors que finalement, ils ne pouvaient se rebeller, se cabraient, le nombre aurait fait qu'ils auraient été plus forts que leurs bourreaux, car ils aient été leurs bourreaux.

Qu'est-ce qui fait que ces gens ont fait ça ?

Bon, alors tout d'abord, il faut que je corrige les chiffres.

Les enfants ou les gens de moins de 14 ans étaient 266, le reste c'était des adultes.

Il y avait évidemment des vieux, mais il y avait beaucoup d'adultes et donc je dirais que les adultes constituent à peu près au moins le 60-65% de la population de Johnstown.

Donc voilà, et vous avez raison, ils auraient pu se rebeller.

Il y avait quelques gardes armées, mais attention, plusieurs des gardes armées qui entouraient l'assemblée du CICID avaient des arcs et des flèches.

Alors imaginez que l'on puisse contrôler une assemblée de quasiment 1000 personnes avec des arcs et des flèches.

Ça ne marche pas. Ce à quoi il faut se résigner, c'est qu'il y a eu un consensus, un consensus de groupes à l'égard de ce CICID collective.

C'est là le vrai scandale profond et la demande, le questionnement profond que nous posent l'affaire de Johnstown.

Comment le consensus, à sa propre mort, a-t-il été possible, non pas en tant qu'individu, mais en tant que groupe ?

Bien sûr.

Je précise, la mort individuelle, le suicide individuel, vous pardonnez ce que je veux dire, est banale.

Il est simple de se donner la mort, mais il est difficile de faire en sorte que 700, 800 personnes se donnent la mort,

et en voyant les autres mourir, parce que ça a duré des heures et des heures.

La mort au Sianur n'est pas une mort indolore, n'est pas une mort rapide.

On étouffe, ça prend de quatre à huit minutes.

On voyait les gens étouffés, souffrir, râler, etc.

Et donc les gens ont continué, ils ont bu leur boisson coulée avec du Sianur, tout en voyant autour de la souffrance et la mort et une mort chargée de souffrance.

Donc il y avait un consensus.

C'est quand même difficile à comprendre, mais pour bien comprendre.

Il faut aussi passer, et sans doute d'abord se demander qui étaient les adeptes de la secte du peuple, on va écouter ensemble.

Le rédacteur du San Francisco Chronicle, la ville où Jim Jones avait basé son église avant son départ,

pour le Guiyama interview réalisé par François Teur le 21 novembre 1978.

Au San Francisco, vous savez bien, c'est une ville avec une réputation à fait libérale dans les affaires politiques.

Jim Jones a commencé dans un rôle libéral, dans un rôle d'action sociale, dans un rôle d'être pour parole des forces qui soutiennent l'égalité parmi les races.

Et comme ça, il a atterri des gens de partis démocrates, des gens libéraux ici au San Francisco, et surtout les jeunes gens pendant la guerre de Vietnam dans la lutte pour l'égalité des races.

On le disait un peu déjà dans le récit, mais je vous demande de confirmer ou d'infirmer ce que vous venez d'entendre.

C'est tout à fait vrai, mais seulement le panorama est plus complexe. Il y avait de tout.

Il y avait évidemment les éclopées et les pauvres bougres des ghetto de San Francisco et partiellement de Los Angeles.

Mais il y avait aussi les gosses de professeurs de Berkeley. Il y avait de l'une des plus importantes universités américaines.

Il y avait aussi les membres ou les anciens membres d'une contre-culture hippie et de la libération sexuelle qui avait explosé en Californie, disons, quelques années auparavant, et qui vivait sa démission et sa désagrégation.

Il y avait des gens qui avaient vécu la mobilisation des panthères noirs et la mobilisation parfois armée des noirs des ghetto Californiens.

Il y avait ceux qui avaient incendié deux ghetto de la Californie pendant les émeutes de 65, 68, etc.

Donc il y avait une hétérogénéité de participation qui comprenait en même temps des couches très différentes et des niveaux d'éducation et des idéologies tout à fait différentes.

C'était, je crois, l'élément le plus impressionnant de Johnstown. La plupart des sectes cherchent l'homogénéité de leurs adeptes.

Là, Johnstown s'est construit à partir d'une hétérogénéité systématique.

C'est un sincretisme New Age, quelque part.

C'est un peu un sincretisme New Age, mais en même temps, le New Age n'était qu'un élément partiel de cette identité.

Parce que le reste, c'était le milélarisme du Midwest.

Alors, Jim Jones propose dans cette éventail de propositions d'une société nouvelle, d'une utopie multiraciale où noir et blanc seraient égaux.

Est-ce que c'était vrai dans les faits au sein de sa communauté ?

Absolument pas. C'est l'un des aspects, de mon point de vue, de psychologues sociales, c'est l'un des aspects le plus surprenant.

Jim Jones préconisait l'égalité, l'égalité en femme, préconisait l'égalité des races, préconisait la légalité des jeunes et des vieux,

et le fait que les vieux aient droit à une assistance intégrale, etc., etc., il préconisait tout cela.

Mais en même temps, l'Église était construite sur des hiérarchies très fortes et incontournables qui reproduisaient les hiérarchies de la société américaine.

Le Inner Circle, le cercle interne des membres qui avaient le pouvoir ou qui géraient le pouvoir de l'Église,

était formé essentiellement par des blancs et c'est eux qui avaient la main mise sur l'ensemble de la secte.

Et les noirs, qui étaient la majorité de la population de la secte, à peu près 75%, étaient relégués dans la secte aussi,

dans des rôles qui étaient des rôles, disons, je ne dirais pas de servage, mais des rôles inférieurs ou des rôles d'assujettissement.

Comment et pourquoi Jim Jones entretient-il les tensions internes ? Est-ce que ces jeux divisent pour mieux régner tout simplement ?

C'est l'explication la plus simple, mais elle est peut-être trop simple. On divise pour mieux régner, mais en même temps,

on crée un système social basé sur le conflit permanent de tous contre tous et sur un mélange inestricable de pouvoir et de culpabilité.

Les blancs qui exerçaient le pouvoir dans la secte étaient en même temps condamnés constamment par le pasteur parce qu'ils étaient blancs et parce qu'ils exerçaient le pouvoir.

C'était donc un pouvoir basé sur la culpabilité et basé sur un conflit permanent avec une masse de populations

qui ne pouvaient que vivre dans un cadre de ressentiment et de rancœur, le pouvoir qu'une minorité symétrique au pouvoir des blancs dans la société américaine exerçaient sur eux.

Donc c'était, si vous voulez, un conflit. Jim Jones avait construit une machine diabolique où le conflit entre déclivage, de race, d'âge, de sexe, etc.,

engendrait, si vous voulez, une fluidité du groupe. Le groupe était fluide dans ce conflit permanent et il n'y avait qu'une seule personne pouvant agir comme un collant social

pour cette fluidité conflictuelle. C'était lui, le leader.

Et voilà comment il sauvegarde la cohésion du groupe jusqu'à la fin puisque le groupe lui dit oui au suicide.

Ça va jusqu'à un point de logique ultime. On va écouter une dernière archive, la lecture d'un extrait de la dernière prise de parole de Jim Jones.

On va voir qu'il mobilise toutes ses visions du monde, parce qu'il y a des visions du monde assez particulières pour faire accepter le suicide.

Arrêtez cette hystérie. Ce n'est pas la façon dont les socialistes et les communistes meurent. Ce n'est pas la façon dont nous allons mourir.

Nous sommes-nous pas noirs, fiers et socialistes ? Peut-être que la prochaine fois vous irez en Russie.

La prochaine fois, c'est un conseil de suicide révolutionnaire.

Je suis un prophète. Je m'adresse à vous ici en tant que votre prêtre. Trouvons la paix.

Oh Dieu, Dieu Tout-Puissant.

Pendant des mois, j'ai essayé d'empêcher ceci d'arriver. Mais à présent, je sais que c'est la volonté de l'être suprême, que cela nous arrive.

Moi, d'accord. Paul dit l'être suprême. Il a bondo. Et si on est dans le jugement, il y a aussi la responsabilité.

Bien sûr que ce Jim Jones apparaît comme un monstre, mais il y a la responsabilité du groupe aussi. Il n'y a pas que sa responsabilité.

Mais absolument. Écoutez, la presse américaine, et pas mal des interprètes après cet événement majeur, a essayé de trouver une réponse simple à ce scandale sociologique et psychologique et éthique.

La réponse était, il y avait un leader fou. Ce leader fou a manipulé un groupe de pauvres bougres et de personnalités faibles vers un final qui était un final qui l'avait prévu le départ.

C'est une réponse simpliste. Sans son groupe, il n'aurait pas pu être le leader du groupe. Il avait besoin de leur consensus.

Et l'écoute attentive de la cassette qui a enregistré le suicide montre qu'il y a des moments où il a risqué de perdre le contrôle et il a risqué de ne pas pouvoir conduire le groupe au suicide.

Et c'est le groupe qui a poussé les autres au suicide. C'est le groupe qui a aidé son leader.

Andrew Koppolsy, ce sera le mot de la fin, parce que c'est la fin de l'émission. Merci infiniment pour vos éclairages autour d'une histoire qui interpelle, parce que même si on analyse, ça nous dépasse un peu, ça dépasse entendement.

C'est pour ça que cette histoire est également effascinante. Merci, au revoir.

Je vous en prie, au revoir.

C'était Affaire sensible, aujourd'hui le temple du peuple Suicide d'Homas. C'est une émission que vous pouvez réécouter en podcast sur franceinter.fr.

Rendez-vous également sur la page Affaire sensible de Cite de France Inter pour toute information complémentaire, à notre émission livre, référence et vos commentaires si le cœur vous en dit.

Et merci à Michel Bésiquian, qui était à la technique aujourd'hui.

Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

durée :00:55:47 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle, Franck COGNARD - Aujourd’hui dans Affaires Sensibles, l’histoire d'une secte et du plus grand suicide de masse de l’histoire. Invité Enrico Pozzi professeur de psychologie sociale à l’université La Sapienza de Rome - réalisé par : Stéphane COSME, Helene Bizieau, Frédéric Milano