La source: Dans l'enfer des sectes 2/5 : Waco : une secte dans l’enfer des flammes

Radio France Radio France 7/23/23 - Episode Page - 55m - PDF Transcript

France Inter.

Aujourd'hui dans La Raffaire sensible, la tragédie de Waco, printemps 1993.

23 ans déjà que cet immense incendie à ravager une ferme des Texas

s'est fait l'ouverture de tous les journaux télé dans le monde entier.

Sur les images que vous avez peut-être encore en tête,

de grandes flammes devraient plusieurs bâtiments.

Pourtant, si Waco est resté tristement célèbre, aujourd'hui encore,

ce n'est pas seulement pour son épilogue dramatique,

c'est aussi pour l'histoire qui se cache derrière ce brasier.

L'histoire d'une secte assiégée par la police

équiva pendant 51 jours, tenir en haleine des millions de téléspectateurs.

L'histoire de la dérive d'un individu qui, dans sa paranoïa,

sa passion des armes à feu et sa détermination, a conduit 86 personnes à la mort.

L'histoire enfin d'une opération policière désastreuse

qui s'est soldée par un échec cuisant.

Après le récit, pour revenir avec nous sur cette intrigante affaire,

nous avons invité Jean-Pierre Jougla, avocat honoraire

et coordinateur du diplôme en prise sectaire,

processus de vulnérabilité et en jeu éthique à l'université Paris 5.

Jean-Pierre Jougla est également formateur au processus de radicalisation

dans divers écoles de protection judiciaire de la jeunesse.

Il sera avec nous en duplex de Montpellier,

dans les studios de France Bleu, que nous remercions pour leur accueil.

Affaire sensible, une émission de France Inter en partenariat avec Lina,

préparée par Adrien Cara avec le soutien des documentelistes de Radio France,

attaché de production Léa Dupuyenka et Lucille Valéry,

coordination Christophe Barrère, réalisation Fabrice Légl,

lecture Aurélien Labrouillère et Philippe Pérard,

programmation musicale Muriel Perez à la technique aujourd'hui Sacha Troppe.

Fabrice Drouel, affaire sensible, sur France Inter.

Dimanche 28 février 1993, nous sommes aux États-Unis dans l'état du Texas.

Ce matin, une pluie fine s'abat sur Wacoville de 80 000 âmes,

située à 160 km au sud de la capitale, Austin.

Aux alentours, les commerces sont fermés et les rues désertes.

Dans ce bastion du protestantisme évangélique, calme et tranquille,

les habitants insistent pour la plupart à la messe.

Personne ne prête donc attention à un étonnant convoi de véhicules

qui stationne à la sortie de la ville.

Sur l'air d'une station-service, on aperçoit en effet une dizaine d'imposants

de carte 4 auxquels sont attelés de longs remorques.

Celles-là même, qui servent en temps normal, au transport des chevaux.

Détail intrigant, plusieurs voitures du chérif les escortent.

Pourquoi un tel déploiement de force, que transportent donc ces véhicules ?

La réponse à ces questions se trouve derrière,

les remorques à l'abri des regards indiscrets.

Là, une cinquantaine d'hommes en combinaison noire,

en fil des gilets par balles,

chargent des fusils d'assaut, testent leur matériel de communication électronique.

Un peu plus loin, appuyé sur le capot de ligne des voitures,

trois étudient une carte de la région.

Sur leur veste, on peut lire les trois lettres ATF,

acronyme aux États-Unis de agence gouvernementale.

Chargé de la régulation d'alcool, du tabac et des armes à feu.

Le but de leur pération doménicale,

c'est d'interpeller plusieurs individus dans un complexe isolé

en bordure de la ville de Huaco, suspecté d'être une importante cage d'armes.

Sur les photos aériennes prises par l'ATF,

on distingue plusieurs bâtiments blancs de deux ans,

et de deux ans plus tard,

sur les photos aériennes prises par l'ATF,

on distingue plusieurs bâtiments blancs de deux ou trois étages,

qui seront les cibles lors de l'intervention.

Marqués d'une croix rouge,

ils ne sont pas collés les uns aux autres,

et donnent à l'ensemble un fausère de grandes fermes isolées.

Au centre de la structure,

on aperçoit un mirador et un grand silo à grain.

L'endroit est connu dans toute la région,

sous le nom de résidence Mont-Carmel.

Ici, derrière ces murs,

il y a plusieurs décennies de communautés religieuses

rattachées à l'Église Adventiste du 7e jour.

Auteaux appelés les Davidiens,

ils sont forts d'une centaine d'individus

parmi lesquels un grand nombre de femmes et d'enfants

qui vivent à l'écart de la société.

À leur tête,

l'ATF a identifié un homme d'une trentaine d'années

qui répond au pseudonyme de David Correiche.

Selon les témoignages,

cet homme s'adonne à d'obscur pratiques

de culte d'éducation religieuse,

de soumission morale et même d'asservissement sexuel

sur les membres de son groupe autrementi

les pratiques d'une secte.

Un tissu suffisant conforté

par l'enquête des journalistes du Waco-Herral Tribune.

Publier quelques jours auparavant,

elle démontre la pratique d'un système de pouvoir pyramidal,

la mise en place de la polygamie,

de violences physiques ou morales,

ainsi qu'un endoctrinement quotidien

à l'image de cette séquence de prêche

filmée par une équipe de télé.

Sur cette bande de 26 minutes,

on peut voir et entendre leur chef David Correiche,

de bout et l'un professeur d'école,

faire la leçon aux autres adultes présents.

La scène interpelle les déranges,

autant d'ailleurs que ses propos.

Mon cœur n'est pas sain, dit Dieu.

Je parle des choses que j'ai fabriquées

en touchant le roi.

Le roi du premier saut, le chevalier blanc,

le couronne, oui ou non.

Qu'est-ce que ça veut dire, selon vous ?

Que dit Dieu à propos de ce roi ?

Quand le fils de l'homme reviendra,

qu'apportera-t-il ?

Qu'est-ce qu'il va faire ?

Qu'est-ce qu'il va faire ?

Qu'est-ce qu'il va faire ?

Qu'est-ce qu'il va faire ?

Qu'est-ce qu'il va faire ?

Il va parler.

Ceux qui écouteront entendront-ils quelque chose ?

Est-ce un contrôle juste ?

Ceux qui apprennent, vont-ils vivre ?

Car le dessin de Jésus-Christ nous est dissimulé,

car le Dieu, la béni pour toujours.

Depuis combien de temps, Jésus, est-il béni ?

Dieu nous apportera la lumière,

avant d'ajouter, je suis l'agneau de Dieu,

moi seul, connais la vérité absolue.

Bon.

Pourtant, malgré la gravité des faits,

si les agents de l'ATF perquisitionnent aujourd'hui

à la résidence en Carmel,

ça ne rien à voir avec la théologie religieuse qu'on y enseigne.

Non.

Non, les policiers fédéraux sont là pour une autre raison.

L'ATF soupçonne en effet

la communauté de possédines, impressionnante quantité d'armes à feu,

fusil d'assaut, pistolet de gros calibres,

grenades.

Certes, la loi aux États-Unis n'interdit pas

la possession d'armes, c'est bien connu.

En revanche, la loi interdit formellement

toute modification sur ces armes.

Or, dans le cas de mon Carmel,

les policiers sont persuadés que les résidents

transforment des fusils semi-automatiques,

qui tirent au coup par coup,

en fusil automatique,

véritables armes de guerre qui peuvent tirer en continu.

Et comme la loi doit être respectée,

il faut mettre un terme à ce jeu qui pourrait devenir dangereux.

Il est un peu plus de 9h du matin

ce dimanche 28 février 1993,

lorsque le convoi de l'ATF arrive

à proximité de la résidence Mon Carmel.

Aux alentours, règne un calme étrange.

En quelques minutes,

la cinquantaine d'ajours fédéraux se met en place

et encercle progressivement les bâtiments.

Non, le code de cette opération,

Chaotarheim,

littéralement en français, que le spectacle commence.

Mais un informateur prévient les policiers

que les membres de la résidence

ont eu vent.

De la perquisition, qu'ils sont armés

et prêt à en découdre avec la police.

Pour l'effet de surprise, c'est raté.

Mais pour autant, le chef d'équipe de l'ATF

refuse d'annuler son opération

et ordonne à ses hommes de se préparer à entrer.

A 9h30,

un groupe de 6 agents de l'ATF

casque sur la tête et fusil d'assaut en main

se présente au gris de la propriété.

Leur chef dégaine le mandat de perquisition

et demande à entrer.

Pour loin, on entend de vives échanges

entre plusieurs personnes.

Impossible, pourtant,

de comprendre ce qui se dit.

Puis, alors que la conversation s'arrête,

des coups de feu éclatent.

Sur place, la confusion est totale.

De deux côtés, agent de l'ATF et membre

de la communauté d'Avidien se font face

à un coup de rafale d'arme automatique.

Des hommes de l'unité spéciale

tentent de pénétrer par une fenêtre

l'un des bâtiments, ils essuient des tirs de fusil.

Quatre d'entre ces coules morts.

Le reste des policiers se protègent

derrière les véhicules.

La fusillade s'interrompt, mais reprends

sans cesse.

A 10h, les policiers reçoivent

un étrange appel de l'un des membres

de la secte Wayne Martin

qui leur demande d'arrêter de tirer.

Ici, Lieutenant Lynch.

Que puis-je faire pour vous?

Oui, il y a 75 de vos hommes autour du bâtiment.

Dites-leur qu'il y a des femmes et des enfants ici,

qu'ils arrêtent de nous tirer dessus.

Ok, ok.

Allô?

J'entends des coups de feu.

Oh putain!

Finissons-en maintenant,

avant que quelqu'un soit blessé.

Est-ce que quelqu'un est blessé ici, Wayne?

Je ne sais pas.

Il y a un homme qui crie.

Quoi?

Un homme crie.

Wayne!

On me tire dessus.

Alors que la communication est interrompue,

au loin de nouveaux coups de feu résonnent.

La seconde équipe de la TF

tente de forcer l'une des portes du complexe.

Elle fait face à des tirer-nouris d'une rare violence.

Quelques minutes plus tard,

le Lieutenant Lynch de la police de Waco

reçoit un nouvel appel en provenance de la résidence.

Cette fois, à l'autre bout du fil,

c'est le chef de la secte en personne

qui s'exprime.

Ici, Lynch.

Hey Lynch, c'est drôle comme nom.

Bon, écoute.

Qui êtes-vous?

C'est David Corrèche.

Ok, David.

Le fameux.

Il y a des choses dans la Bible qu'on garde mystérieuses.

Oui.

À propos du Christ.

Oui, monsieur.

Quand il est écrit dans le livre 22

que je viens bientôt avec ma récompense,

cela signifie quelles récompenses

le Christ a-t-il reçu au paradis de la part de son père?

Il a reçu le livre des sept sauts.

Puis, vous interrompez quelques instants?

Bien sûr.

Très bien.

Nous pouvons parler théologie, mais maintenant...

Non, il s'agit de la vie.

Il s'agit de la vie et de la mort.

La théologie va avec la vie et la mort.

Deux heures plus tard, vers onze heures,

la fusillade prend fin.

L'opération de la TF est un désastre.

L'agence n'a pas réussi à investir la résidence

et elle compte dans ses rangs quatre morts

et 16 blessés.

Du côté des Davidiens,

aucune information ne filtrait personne

ne sait combien il y a de victimes.

Une chose est sûre.

Les agents fédéraux sont dépassés

par l'emploi dramatique

de la situation qu'ils ont eux-mêmes provoquée.

Au loin, le range de Montgarmel

donne l'impression d'une forteresse assiégée.

En milieu d'après-midi,

la cellule spéciale du FBI,

en charge des opérations de prise d'otage,

arrive à Waco par hélicoptère.

Les policiers fédéraux remplacent leur collègue de la TF

et découvrent sur place un véritable champ de bataille.

Ici, il y a des impacts de deux balles,

témoigne de la violence,

de la fusillade qui s'est déroulée

quelques heures plus tôt

à la ferme de Montgarmel.

L'officier Jeffrey Jarman

prend le commandement des opérations.

De son côté,

l'agent Pylonsage

mène les négociations

par téléphone avec les Davidiens.

Les premiers échanges sont tendus.

D'autant que la nouvelle de l'échec

retentissant de l'intervention

et de la mise en place

d'un dispositif de ciel

se répand comme une traité de poudre

dans les médias.

Des journalistes du monde entier

se rendent donc sur place

et veulent surtout être là

au moment où les membres de la secte

sortiront de leur bunker,

les mains en l'air

ou les pieds devant.

Le lendemain, mardi 1er mars,

le soleil se lève sur Waco

lorsque des véhicules blindés

de la guerre nationale

encerclent la résidence.

Pour effrayer les adeptes,

certains d'entre eux écrasent des véhicules

un peu comme une armée d'invasion

qui entre dans une ville.

Autres subterfuges mises en place

par le FBI, des haut-parleurs

qui diffusent un intervalle régulier

le bruit assourdissant d'armes automatiques

pour faire croire qu'un assaut est en cours.

La veille,

pour priver les membres de la secte

de Sommeil,

on a installé de grands projecteurs

face au dortoir de la résidence.

Des deux côtés,

policiers et membres de la secte

prennent place dans une stratégie d'usure.

On pense alors

que la victoire sera celui

qui sera le plus persévérant

et le plus malin.

Pourtant,

ce que les policiers ne savent pas,

c'est qu'à l'intérieur du ranch,

David Courage galvanisait

plus que jamais par ses lumières

qui font de lui une vedette de télé

et déterminait à aller jusqu'au bout.

Il n'est pas un délinquant, non.

C'est un illuminé,

ce qui est peut-être pire.

Avec ce genre d'individus,

il faut résonner

sur un autre terrain

que celui de la force.

Or, malgré les alertes et les psychiatres,

le FBI ne prendra jamais en compte

ce point pourtant essentiel

du dossier.

Paradoxalement,

cette stratégie de la fermeté

et du donnant-donnant

paye, mais dans un premier temps.

En fin de journée, en effet,

après toute une série de tractations,

la police obtient une première victoire

avec la libération de plusieurs enfants,

comme explique le correspondant

de France Inter aux États-Unis

à l'époque Philippe Reltien.

France Inter.

10 enfants sont sortis du ranch,

2 par 2, après que la police

ait choisi de laisser

le gourou David Courage

parler sur les radios locales

et après que sa grand-mère

soit intervenue

à la télévision

pour le supplier de se rendre.

Il y aurait encore

une demi-douzaine d'enfants

dans ce ranch de la secte.

C'était d'ailleurs

l'un des motifs

de l'arrivée des policiers

qui voulait savoir

combien le gourou avait

de femmes et d'enfants

et pourquoi

il avait fait stocker

4 tonnes de munitions

dans son ranch.

Le soupçon,

c'est que ce garçon

de 33 ans

vêtut jusqu'à 19 épouses

dont certaines mineures.

Les jours passent

et la situation

sur place à Waco

reste extrêmement tendue.

David Courage

souffle le chaud

et le froid

avec la police.

Les conversations

téléphoniques s'éternisent.

Les négociations,

elles s'enlisent.

Dans ce jeu de l'usure,

la police semble

perdre la main

et c'est Courage

qui tient désormais les rennes.

Grâce à

l'exceptionnelle

couverture médiatique

de l'événement,

il sait que la vie

de chacun

de ses adobts

est une bonne monnaie

d'échange.

Il s'agit

qu'on découvre

qu'à siéger

dans leurs résidences,

les Davidiens

auraient à leur disposition

des ratios militaires

de survie

qui pourraient leur permettre

de tenir

plus de 6 mois.

Pour reprendre

l'avantage,

le FBI

fait plusieurs concessions

et envoie

de la nourriture

pour les enfants.

Grâce à des micro-placés

dans les briques de lait,

les agents

fédéraux

écoutent

les conversations.

Ils découvrent ainsi

que la fusillade

a fait une dizaine

de morts

parmi les membres

de la secte

que l'une des filles

de leur chef

David Koresh

aurait même été touchée.

Dans les jours qui suivent

et malgré ses précieuses

informations,

la situation se crispe.

Autour de la résidence,

la centaine d'agents

du FBI

restent sous la pluie

à épier le moindre

mouvement

en provenance

de l'intérieur.

Pour accélérer

la libération

d'autres enfants,

on coupe

l'électricité

du complexe

par intermittence.

Personne ne s'alerte

tout comme

personne ne cherche

à comprendre

la démarche

de David Koresh.

Un homme

qui tient

aux policiers

un discours

apocalyptique

et inquiétant,

comment témoigne

en conférence de presse

l'agent Jeff Benjamin.

Il nous dit toujours

qu'il va se rendre.

Il attend

des instructions

de Dieu.

Quand il aura

le message de Dieu,

il sortira.

Alors que les négociations

piétines,

le 5 mars,

une jeune fille

de 9 ans,

Heather Jones,

sort de la résidence

en pleine nuit,

ébêtée

désorientée,

elle titube

jusque vers les policiers.

Autour de son cou,

elle porte

une pancarte

sur laquelle sa mère

inscrit un message

au feutre noir

et sur lequel on peut lire

une fois

que tous les enfants

seront sortis,

les adultes vont mourir.

Relayé

par la presse

l'épisode

Alimente la polémique,

d'autant que

plusieurs journalistes

voient les ratés

successives

de l'intervention

active

de la TF.

Et surtout

l'échec patan

du FBI

dans la négociation

devenue

confrontation

avec les membres

de la résidence.

Presse en son place,

Philippe Retien

fait le point.

Cette opération

ressemble

à un louper

sur toute la ligne

avec

problèmes de renseignement,

problèmes de communication,

problèmes d'équipement.

La police et la presse

rejettent

la responsabilité

de l'échec.

Le jour

avant que les 100 policiers

arrivent,

c'est un policier infiltré

dans la secte

qui a indiqué qu'il valait

mieux lancer la saoule

dimanche matin

à l'heure de l'office

parce que les hommes

étaient séparés des femmes

et des enfants

et loin de l'arsenal

qu'il voulait

perquisitionner.

La presse

se demande

pourquoi on n'a pas

préféré arrêter

le guru pendant

son jogging

à l'extérieur

du ranch.

On sait aussi

que la secte

comme la presse

a pu capter

les conversations

scanners

de la police,

par rapport

au tir au pistolet

9 mm de la police.

Il semble

que ce soit un louper

depuis le début,

on espère que ça va pas

être un louper jusqu'à la fin.

Mardi 15 mars,

voilà deux semaines,

jour pour jour

que le bras de fer

entre les Davidiens

et la police

tient en allen

toute l'Amérique.

Chaque un camp

sur ses positions

attendant un signe

de l'autre.

Progressivement,

la fréquence

des communications diminue.

Le système

s'installe

avec lui

sur la base

des témoignages des enfants,

le FBI estime

qu'il reste encore

à l'intérieur du ranch

107 personnes,

donc une vingtaine d'enfants.

Du côté

des agents fédéraux,

on reste persuadé

qu'avec le temps

et le froid,

les membres de la secte

et leurs chefs

vont finir par céder

qu'ils vont se rendre

comme de vulgaires

criminels qui sortiraient

de la banque

après un braquage raté.

La réalité

est tout autre.

Derrière ces murs,

la communauté Davidienne

se plonge

dans un état psychologique

proche de la démence.

Ici,

depuis la fusillade,

l'extérieur se creuse

chaque jour un peu plus.

Ici,

David Corrèche

incarne bien

et dehors,

le FBI

et ses policiers

représentent le mal.

C'est aussi simple

que cela.

Ainsi,

au fur et à mesure,

sans crier gare,

l'idée de la mort

par suicide collectif

fait son chemin

chez les Davidiens.

Et de fait,

cette histoire

va connaître un dédouement

dramatique

quelques semaines plus tard

devant les caméras

du monde entier.

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Ici,

chacun est libre

d'aller et venir

comme il veut.

Il ne restira jamais

que quelqu'un vienne ici

avec des hélicoptères

et amène des armes.

Faites partir vos hommes.

Je suis prêt

à venir à la porte

vous parler

n'importe quel jour.

Mais quelqu'un va finir

par être blessé

si vous continuez

à jouer à ce jeu.

Je vous parle à vous.

Il va y avoir

des blessés.

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...

Dans leur rapport

de 68 pages,

les psychiatres affirment

que Koresh

ne peut pas être catalogué

comme un prophète

ou un chef de bande.

Qu'il ne peut pas non plus

être classé

comme un illuminé

ou un manipulateur.

Non, pour eux,

c'est un électron libre.

Cet homme de 33 ans

qui vit dans un état

de conscience parallèle

ou la seule réalité

qui compte à ses yeux

et celle de ses pulsions

et de sa paranoïa.

D'ailleurs,

en épuchant son histoire,

les psychiatres découvrent

que Koresh

n'est pas celui

qui prétend être.

Non, il s'appelle

en réalité

Vernon Howell.

Né à Houston,

en 1959,

sa vie est une succession

d'échecs.

Entre carrière,

musicale ratée

et tentative

de formation pastorale

abandonnée,

le jeune homme

se sent

socialement,

professionnellement

et religieusement

repoussé.

Alors,

il entre

dans la marginalité,

progressivement

et ça donne

à ses plaisirs,

les femmes,

il intègre

la communauté de Montgarmel

qu'il va d'abord séduire

avant de la trahir.

Vernon Howell

commence

par renverser

le gourou en place

et prend à l'espace

de quelques années

le pouvoir absolu

sur toute la communauté.

Un putsch

en quelque sorte

à la dimension

d'une communauté.

Il est désormais seul

avec Dieu,

bien sûr,

à pouvoir décider.

Il change alors son nom

et devient

David Koresh,

un pseudo-tiré

de lébreux

qui fait également

référence à Cyrus

le grand roi des Perces,

étrange synchrétisme.

Doté

d'un charisme évident,

Vernon Howell

devenait Koresh,

imposant vite une discipline

de fer

au sein de la communauté.

Plusieurs heures par jour,

il prêche devant ses fidèles

et développe chez eux

un système de croyance

qui repose sur

une bataille

contre les légions

du mal.

Toutes les femmes

lui appartiennent

et personne

ne peut être

en désaccord avec lui.

Son grand pouvoir

de persuasion

joue beaucoup

dans le recrutement

de nouveaux membres,

comme en témoigne

Vincent Noberega.

Quelques années plus tôt,

Samuel a rencontré David

Koresh

en tête-à-tête.

Il a quelque chose

en lui

qui fait que les gens

le croient.

Il les attire.

Il a ce je ne sais

quoi

qui fait que

tout le monde

veut le croire.

Vous savez,

il m'a même

convaincu

de rejoindre sa secte.

Il me l'a dit clairement,

si vous voulez

se convaincre

à 50%

ou même à 25%,

il continuera

jusqu'à ce qu'il ait

réussi.

Au-delà de sa personnalité

original,

ce sont les choix

du chef

des Davidiens

qui intriguent

certains journalistes.

Lui

qui se baladait

toujours avec

une Bible

dans une main

et un pistolet

dans l'autre,

une variante

du sabre

et de Goupillon,

semble être bien

plus sûr

de lui

qu'il n'y paraît.

En huit ans de présence,

celui qui au départ

apparaît comme

il y a un illuminé

qui recite

de mémoire

tous les versets

de la Bible

transforme le ranch

de mon caramel

en une véritable

forteresse

avec des peaux de munitions

postes de tir

et tunnel

pour se protéger

des attaques aériennes.

En accumulant

de façon ostentatoire

les armes

et en refusant

l'accès

à sa propriété,

il a lui-même créé

une situation

de conflit

avec la police.

D'ailleurs,

avec sa fortune,

ses avocats

et les lois

disons

très clémentes

du dexace

en matière d'arme

à feu,

ce choix de l'opposition

armée

était-il délibéré ?

S'inscrite-il

dans une logique

plus profonde ?

La piste

ne sera malheureusement

jamais explorée

par le FBI

pour quiconque

reste avant tout

un preneur d'otage

et un assassin.

Dehors,

environ de la résidence

mon caramel,

le FBI

calme toujours

sur ses positions.

Plusieurs membres

malades ou blessés

sont relâchés.

Malgré

des discussions

à l'extérieur

entre des Davidiens

et les négociateurs

sur une rédition

à l'amiable,

la situation

à tous les attours

d'une impasse

et il faut attendre

le 14 avril

pour assister

enfin

à une vraie avancée.

Ce jour-là,

par téléphone,

David Corèche

probait solennellement

de se rendre.

Sa seule exigence,

le calme

et l'électricité

pendant 2 jours

autour du complexe

pour terminer

d'écrire son livre

oui,

ouvrage dans lequel

il révèle

les 7 sauts

de l'apocalypse.

Pourquoi pas ?

Mais les 2 jours

se transforment vite

en 2 semaines,

puis en 2 mois,

puis en 1 an.

Le policier

pense alors que Corèche

est perdu

et qu'il tente

en vain

de gagner du temps

avant de se rendre.

Grave erreur

car à ce moment précis

Corèche

n'est déjà plus là

mentalement.

Il prépare

sa propre apocalypse.

À l'intérieur

du ranch,

la mèche

est déjà allumée.

La mèche

s'attirera

à la mort.

Au matin du 19 avril 1993,

après 51 jours de siège,

le FBI

qui ne croit plus

à une rédition de Corèche

et de son groupe

décide de donner

un second tasseau.

L'avale

pour l'opération

est donnée

par la maison blanche elle-même

et par le président Bill Clinton

lui-même.

Quant à ces détails techniques

et sa dimension

tactique,

c'est Pierre Yves Dugas

de France Inter

qui l'explique.

Le FBI voudrait faire

l'économie d'un assaut

du domaine

de la secte

de David Corèche.

C'est pourquoi

les blindés

des agents fédéraux

ont entrepris de percer

des trous

dans les murs de la ferme

où sont barricadés

depuis 51 jours

les 95 membres

fanatisés

de la secte

des Davidiens.

Par ses orifices

depuis le petit matin,

les chars

du FBI

lancent

des grenades

de la crimogène

qui devraient finir

par accommoder

les fidèles

de David Corèche

au point de les forcer

donc les masques

à gaz

dont disposent les assiégés

cesseront d'être efficaces

d'ici quelques heures.

Ils entendent donc

poursuivre

ces tirs de grenades

jusqu'à la rédition

de la secte

sans riposter

aux coups de feu

dont ils font l'objet.

Cette méthode a été

choisie pour mettre

un terme

si possible

sans effusion de sang

un siège absurde

qui dure depuis

le 28 février dernier

écoute au contribuable

américain

un million de dollars

par jour.

Loin de faire consensus

au sein des agents fédéraux,

l'idée d'un assaut

trouve en revanche

toute sa légitimité

chez les responsables politiques

du pays.

Tout le monde à Washington

en effet veut mettre

un terme

au spectacle pitoyable

donné par WAPCO

dans les médias.

Mais sur place

ce 19 avril 1993

rien ne va se passer

comme prévu

comme en témoignera plus tard

le lieutenant Lynch.

Il était midi

lorsqu'un de mes agents

à bord de l'hélicoptère

m'a informé par radio

que des flammes

s'échappaient

d'une des fenêtres

chaussées.

J'ai tout de suite

averti le chef

du FBI

Byron Sage.

A son tour

Sage a appelé Koresh

pour tenter de le faire plier.

De lui avant dit

que nous voulions

simplement que les gens

à l'intérieur

soient évacués

et qu'il n'y ait pas

de victimes supplémentaires.

Koresh a raccroché.

A quelques mètres de nous

l'équipe tactique

préparait un plan

pour faire sortir

au plus vite

les gens du complexe.

Puis

on a entendu

des coups de feu

au moins une vingtaine

tous en provenance

de la résidence.

On s'est regardés

et on a compris

qu'ils avaient probablement décidé

d'en finir

avant d'être emportés

par les flammes.

Filmer par les caméras

de télé du monde entier

et la résidence

Mont-Carmel

Bunker a siégé

des Davidiens

et la proie des flammes.

Pendant 30 minutes

les spectateurs assis

devant leur poste de télé

à l'heure du déjeuner

assistent à gare

à la propagation

de l'incendie.

Le grand bâtiment blanc

s'embrase en quelques secondes.

Puis les toits s'effondrent

la température

frôle les 500 degrés.

Neuf Davidiens

réussissent à s'évader

de cette enferre.

Mais au loin

des corps inanimés

gisent,

inertes,

à proximité du complexe.

45 minutes après

le début du brasier

les pompiers arrivent

en fin sur place.

Malheureusement

il n'y a rien à faire.

Après une fouille

des décombres

on découvre

86 corps

qu'elles signent

dont ceux de 17 enfants.

La seconde offensive

vivaient Biaille

et telle image

de celle de l'ATF

Infiasco.

L'affaire de Waco

ne s'arrête pourtant pas là.

Très vite

de nombreux polémiques

apparaissent

dans les médias

autour de l'intervention

du FBI.

L'enquête menée

par une commission

d'experts indépendants

établit que les agents

fédéraux

ont fait une erreur

à la piste psychologique

pour se concentrer

sur l'opposition armée.

Par ailleurs

le médecin légiste

affirme que la quasi-totalité

des davidiens

présents dans la résidence

sont morts

avant d'être brûlés

par les flammes.

Chaque crâne

présentait

le trou d'un impact

de balle.

Malgré l'enquête

et les auditions

réalisées

par le sénat américain

le drame

de la résidence

Montcarmel

alimente toutes les théories

en particulier

celles du complot.

Aujourd'hui

23 ans après les faits

à Waco

au Texas

l'herbe grasse

a recouvert les derniers

stigmates de la résidence

des davidiens.

Seule une plaque de marbre

rappelle le nom

des 86 morts

de la tragédie de Montcarmel.

Sur cette plaque

figure le nom

de Vernon Howell

celui qui se faisait

appeler David Koresh

et qui est mort

dans les flammes

de ce qu'il croyait

être

l'apocalypse

entraînant avec lui

l'ensemble des membres

de sa secte

comme le font

traditionnellement

les gourous

puisqu'ils meurent

les autres

pour rire aussi.

...

...

...

...

...

France inter

affaire sensible

Fabrice Drouel

...

Aujourd'hui

la fin dramatique

des membres

de la secte

de Waco

avec notre invité

Jean-Pierre Jougla

Bonjour

Oui bonjour

Fabrice Drouel

Cet avocat

honoraire

et coordinator

du diplôme

en prix secteur

processus de vulnérabilité

et en jeu

éthique

que vous enseignez

des cartes

et vous nous parlez

de Montpellier

vous êtes installé

dans les studios

de France bleue

Pour lutter

contre les sectes

et parler des sectes

peut-être

faut-il revenir

et sans s'est revenu

sur

la définition

d'une secte

comment vous la définiriez

vous

Alors en résumé

bien sûr

parce que c'est obéteuse

mais

en quelques phrases

Alors il est

habituel

de dire

et d'entendre dire

qu'il n'y a pas

de définition

sur ce qu'on prend

parce que les sectes

sont tellement polymorphes

qu'elles pourraient

immédiatement

changer d'aspect

et échapper

à la définition

que l'on aurait posé d'elle

Il y a toutefois

dans le droit positif

français

au niveau du code pénal

un article 223.152

qui vient réprimer

la but de faiblesse

des personnes

mises en état

d'assujettissement

qui permet

de donner

un petit contour

de ce qui pourrait

être

un embryon

de définition

de la secte

et qui repose essentiellement

sur la relation

de mettre en place

entre un leader

qu'on appelle un gourou

et puis des adeptes

qui vont le suivre

Tout à l'heure

il y avait

une mission précédente

qui avait comme thème

l'attachement

et je crois que l'attachement

est une des caractéristiques

essentielles

de la relation

qui existe

entre les adeptes

et le gourou

parce que le gourou

a cette capacité

tout à fait extraordinaire

qu'on appelle habituellement

le charisme

de mettre en place

ce lien

de soumission

d'un certain nombre

de personnes

qui vont

petit à petit

d'un sens critique

toute distanciation

prendre l'habitude

de se soumettre

d'obéir

aux ordres

que le gourou

aura leur impose

ce qui amène

à des situations

pardon

ce qui amène

à des situations

telles que celles

que vous avez décrites

en parlant

du délire

de Vernon Owell

alias

la vie de Corèche

qui se prenait

pour

le maître du monde

en gros

qui s'était

rebaptisé

Corèche

c'est-à-dire

rien de moins

que Cyrus

le pers

le pers

qui a vu

comme

qualité première

à ses vieux

de

permettre aux peuples juifs

de revenir

dans

son pays

d'origine

donc

Corèche c'était

le libérateur

alors

effectivement vous dites

qu'il n'y a pas

de définition juridique

de ce qu'est une secte

parce que

effectivement c'est

un concept

du temps

d'ailleurs

mais enfin

il peut y avoir

évidemment

des délits

d'heures

d'heures

qu'il y a des meurtres

il y a des délits

mais est-ce que

le fait

de monter une secte

par exemple

d'être un goût

d'alimer une secte

est en soi

un délit

pas du tout

parce que

en droit français

nous sommes dans le cadre

de la liberté associative

liberté de croyance

liberté d'expression

donc ces libertés premières

sont

protectrices

des délires

et tout groupe sectaire

c'est se réfugier

derrière ces libertés

vant les revendiquer

alors même qu'à l'intérieur

du groupe

l'essentiel va être

de priver les adeptes

des libertés élémentaires

alors il est clair

que ça va faire de

Waco

cette personnalité

de David Corèche

le fonctionnement

c'est très clairement

une secte

si on est

on est

d'accord

la question

qui se pose souvent

on se dit

finalement les gens

qui entrent

dans ce genre de structure

ont effectivement

au départ un sens critique

ce sont des gens

qui réfléchissent

pour certains d'entre eux

comment peuvent-ils

arriver

à perdre

ce sens critique

malgré

le charisme

enfin on a du mal

et imaginez cela

qu'est-ce qui fait qu'à un moment

alors c'est très psy

mais qu'est-ce qui fait qu'à un moment

même des gens

qui ont un sens critique

vont fuir par le perdre

qu'est-ce qu'ils ont à gagner

qu'est-ce qu'on leur dit

ils vont pas le perdre tout de suite

ils vont le perdre

au bout d'un processus

qui est long

qui se fera d'ailleurs

à l'insu de la personne

elle-même concernée

qui est un processus

qu'on qualifie

d'emprise

d'emprise mentale

c'est-à-dire

de destruction lente

de tout ce qui est

l'autonomie de la personne

en gros il faut transformer

la personne qui était un citoyen

en un suiveur

en un esclave

il y a un guru célèbre

d'une secte très célèbre

multinationale

qui disait

je ferais de vous

en parlant à ces adeptes

des esclaves heureux

alors heureux

je n'en sais rien

ou alors c'est au sens

qu'on utilise

en province

en parlant du B.A. de la crèche

mais

en tout cas

ils deviennent de véritables esclaves

et ça peut aller

la soumission sexuelle

ça peut aller

ça peut aller jusqu'à la soumission sexuelle

c'est peut-être pas

la pire des soumissions

la pire des soumissions

c'est

cette atteinte permanente

à la dignité de la personne

qui fait que

chaque adepte

va perdre

l'autonomie

qui fait de nous des citoyens

c'est-à-dire des gens

doués de liberté

capables de s'inscrire

dans un projet

individuel

et non pas simplement

dans le projet groupal

qui a été celui imposé

par le gourou

il semble aussi

que les sectes

ou en tout cas les gourous

fonctionnent aussi

de façon assez vénale

qu'il y a des

des manœuvres financières

qu'on finit par

prendre l'argent

de ceux qui rentrent

s'il y a des

comme des

motivations crapuleuses et financières

pas toujours

pas toujours

il y a des groupes sectaires

enfin

pour vous ayez une idée

de l'ampleur du phénomène

en tout cas au niveau

français

il y a à l'heure actuelle

500 à 800 groupes

de natures sectaires

sur lesquelles les associations

que sont l'UNADFI

ou le CCAMM

les deux premières associations

en France

qui travaillent

auprès des victimes de sectes

ou bien la MIVILUD

qui est la mission interministérielle

de vigilance et de lutte

contre les dérives sectaires

qui est un organisme

étatique

une émanation

du cabinet du premier ministre

donc ces groupes-là

travaillent

brûlant malin

sur 700 à 800 groupes

de natures sectaires

donc

il n'y a pas

systématiquement

exploitation financière

de tous les adeptes

il y a des groupes

dans lesquels

il n'y a jamais de questions

d'argent

il y a des groupes

dans lesquelles

il n'y a plus

jamais de problèmes sexuels

l'abus sexuel

c'est peut-être

le bout de la roniette

par lequel

judiciairement on va

être aux groupes sectaires

parce que c'est plus facile

de comprendre

ce qu'est un abus sexuel

que de comprendre

ce qu'est

un abus de dignité

de la personne

mais quand on reçoit

d'anciens adeptes

de sectes

des victimes de sectes

l'essentiel de leur traumatisme

tourne autour de cette idée

que pendant des années

on les a privés

de ce qui

faisait leur autonomie

ce qui faisait

leur personnalité

et le vrai traumatisme

il est là

alors parfois

on peut se mélanger

avec des abus sexuels

ou des abus financiers

mais ce sont

deux aratards

si vous voulez

du pouvoir

et de l'abus de pouvoir

et l'histoire nous montre

que toujours

le pouvoir absolu

c'est accompagné

de dérapage

de ce style-là

absolument

alors on revient

à Waco

si vous voulez bien

on va écouter

la vie

d'un MC4

le docteur Lefort

sur le mode opératoire

du FBI

qui manifestement

n'a pas compris

à quel public

il s'adressait

on écoute le docteur Lefort

et on recueillera

votre analyse ensuite

il est probable

qu'ils ont sous-estimé

l'aspect psychiatrique

de l'affaire

et en faisant

une des techniques

d'intimidation

de plus en plus agressive

en empêchant les gens

de dormir

ils ont probablement

renforcé le chef

dans son délire de persécution

et donc

il y a une surenchère

ils ont mal appréhendé

la personnalité psychiatrique

en prenant peut-être

pour simplement un criminel

je ne sais pas

s'ils l'ont mal appréhendé

mais quand on voit

ce qui s'est passé

on peut le penser

mais encore une fois

il est facile d'avoir raison

après tout

qu'en pensez-vous alors

du mode opératoire

du FBI

est-ce qu'il avait

vraiment il n'a pas compris

à qui s'adressait

je crois que

ça a été

une maladresse

un signe

dramatique

mais peut-être

comme point de comparaison

je pourrais vous donner

un exemple de la façon

dont ce genre de problème

peut être traité en France

c'était un groupe sectaire

qui est connu

sous le nom de part d'accueil

bien entendu

beaucoup moins important

en nombre

il y avait une 25 personnes

à peu près

mais quand la justice

a décidé de s'en occuper

elle a commencé

par arrêter

de façon pacifique

le gourou

la gourelle

puisque c'était une femme

qui était à la tête

et le simple fait

d'avoir arrêté

cette personne-là

a permis

avec la présence

de psychologues

sur place

de contenir les adeptes

et d'éviter

parce que la même crainte

existait

de voir un passage

à l'acte

de type suicide collectif

donc cette réponse-là

qui était une réponse

qui prenait en considération

le caractère pathologique

délirante

de la gourelle

a permis

de gérer des choses

de façon très simple

et puis ensuite

de récupérer

sur un plan

psychanalytique

psychiatrique

psychologique

les victimes de cet secte-là

je comprends aussi

que le FBI

il est plus agir de cette façon

parce que

on était à la sortie

de la période

des guerres du Vietnam

et autres

on avait le traumatisme

antérieur

en 1978

de la secte du Guyana

dans lequel 914 adeptes

avaient suivi

dans un suicide collectif

leur guru Jim Jones

et c'était un traumatisme important

il ne faut pas se cacher

non plus que de puits

ce premier suicide

marquant

de 1978

de Jim Jones

il y a eu

environ une quinzaine

de suicides collectifs

de par la planète

alors justement moi j'ai pris

je suis pas un spécialiste

comme vous

je vais le dire

à la fin du récit

comme le font traditionnellement

les gurus

puisque lui

il meurt

les autres

doivent nourrir aussi

ça c'est le mode opératoire

classique

dans les sectes

quelles sont les racines

de cette méthode

du suicide collectif

comment peut-on l'expliquer

alors

il faut pas généraliser

non je ne les laisse pas

je vous dis

sur les 700 ou 800 groupes

sectaires

il n'y a pas

700 ou 800 suicides collectifs

il y a eu

quelques suicides collectifs

en France

celui qu'on a le mieux connu

c'est celui du temple solaire

mais

l'objet

d'interprétation

délirante

sur

un assassinat

trapuleux

commandité

au plus haut niveau de l'état

enfin

pour camoufler

un trafic d'armes internationales

ça ne repose sur rien

ça re...

mais

mais

ce suicide collectif

je crois est lié

à la forme

de pathologie du guru

on est là

dans des sectes

de type apocalyptique

c'est-à-dire qu'attendent

la fin du monde

non pas leur fin à eux

mais la fin

du monde extérieur

qui est diabolisée

qui est toxique

qui est méchant

qui est connannable

qui est satanique

de façon à

reconstruire un monde futur

idyllique

si vous me permettez l'image

on est là

en quelque sorte

en présence du syndrome

de Noé

c'est-à-dire

Dieu envoie un délu

pour noyer

l'humanité entière

il choisit

un élu

qui va

reconstruire

l'humanité future

sur de nouvelles bases

le délire

de ce type

de guru

c'est celui-là

et il est bien évident

que

ça s'appelle aussi

tout simplement

de la mégalomanie

c'est peut-être

lié aussi

à des personnes

qui soient atteint

par cette maladie

c'est une des formes

de pathologie

de la plupart des gurus

il y a une mégalomanie

il peut y avoir

de la perversion

il peut y avoir

des délires

interprétatifs

des lires

de type mystique

ce qui était le cas

c'était très certainement

chez Corech

mais le

en gros

enfin la finalité

de ce type de suicide

c'est

j'avais donné

une explication

du monde

je suis confronté

à une réalité

qui l'a contredit

il est hors de question

que je puisse avoir tort

et donc

j'embarque

tous mes adeptes avec moi

dans

l'imaginaire

de la vérité

que j'avais trouvée

ça s'appelle aussi

un pervers marcissique

aussi

il y a de la perversion marcissique

dans le système

bien sûr

on va écouter

une deuxième et dernière archive

ensemble

l'un des survivants

d'Otaku

alors il prétend lui

que les davidiens

n'ont jamais voulu se suicider

ce n'est pas vrai

ce qu'on dit

sur un suicide collectif

on n'y a jamais pensé

alors comment ces enfants

ces femmes

et tous les autres

dans la ferme sont morts

lorsque les blindés

ont donné la saut

et ont détruit

le bâtiment

en morceaux

l'incendie s'est déclarée

lorsque des lampes au kérosène

sont tombées au sol

qu'en pensez-vous ?

je pense que c'est un adept

qui continue

dans

la foi qu'il avait

dans la doctrine de son gros

il contredit la réalité

telle que vous l'avez rappelée

c'est-à-dire que

l'incendie a éclaté

a commencé à éclater

avant le début de l'attaque

ça a été clairement rappelé

ensuite

les expertises

médicolégales

ont démontré

que la plupart des personnes

avaient été

tuées

par balles

à bout portant

c'est-à-dire à l'intérieur

du groupe

avant d'être

carbonisés

par l'incendie

dans la tête

parce qu'on en fait

des impacts dans le frein

des balles tirées

dans la tête

à bout portant

donc ça c'est facile

au niveau expertise

médicolégale

de rapporter la preuve

mais

voilà

donc je crois

qu'on peut pas

empêcher

des gens

qui sont restés fidèles

à une théorie

de continuer

à véhiculer

une la théorie du complot

de quelque chose de calculer

un attaque

parce qu'on a retrouvé

comme interprétation

dans le problème

du temple solaire

je voudrais peut-être

rappeler

que ces sectes-là

sont passés à l'acte

en tuant

leurs propres adeptes

mais d'autres sectes

comme

Homme de la vérité suprême

au Japon

ont dépassé ce niveau

et sont

ont commis des actes

de type terroriste

Gassarin

du Gassarin

dans le Métro de Tokyo

le but

était purement politique

c'était

comme chez Courage

d'ailleurs

prendre le pouvoir

une fois l'apocalypse

arrivée

là on crée l'apocalypse

de façon à

déstabiliser le pouvoir politique

en place

et prendre la place

des pouvoirs

ça me fait penser

pardon

j'empire jouer là

je vais vous poser

une question

un peu audacieuse

ce mode opératoire

ces ingrédients

que vous donnez

dans lesquels

les sectes se nourrissent

structurellement

est-ce qu'on pourrait dire

que parce que ça se dit

quelquefois que Daesh

par exemple

quelque part une secte

politique et légèrement

je pense

je le pense

à condition

qu'on aborde

la secte

c'est peut-être

une façon de revenir

à ce qu'il pourrait être

une définition de la secte

non pas simplement

sous l'angle

psychologique

du rapport

de soumission

entre le guru

et les adeptes

mais également

sur le plan

de l'analyse structurelle

voir comment le groupe

fonctionne

en réalité

tout groupe sectaire

même le plus ridicule

le plus petit

a toujours comme ambition

d'exercer un pouvoir politique

à l'intérieur

du micro groupe

qui constitue

et ce pouvoir politique

va se décliner

selon les 3 pouvoirs

qu'on connaît habituellement

le pouvoir législatif

le pouvoir normatif

le pouvoir exécutif

c'est-à-dire

l'application de toutes les normes

et le pouvoir judiciaire

c'est-à-dire la sanction

de tous des rapages

par rapport à la norme posée

et ce qui fait

une différence entre

un état démocratique

et un groupe sectaire

à ce niveau-là

c'est que c'est justement

parce que le guru

cumule

ces 3 pouvoirs

entre ces seuls mains

qui sont tous puissants

et donc légitimes

aux yeux de ces adeptes

alors que dans une société

il faut

c'est Montesque

qui nous l'a rappelé

qui est une séparation obligatoire

des pouvoirs

de façon à ce qu'il y ait

des contre-pouvoirs

pour éviter qu'on soit

en face d'un pouvoir absolu

ce qui a été

l'expérience totalitaire

du 20e siècle

le groupe sectaire

renvoie beaucoup plus

à cette dimension totalitaire

politique

qu'à la dimension religieuse

qui ne lui sert

la plupart du temps

que de masques et de phoné

– Alors dernière chose

qui m'est suggérée d'ailleurs

qui nous est suggérée

par le témoignage

d'un avidien

qu'on vient d'entendre

vous dites bah oui

il est resté

en brigadement

mais ce qu'on arrive vraiment

à se libérer

d'une secte

quand on y a vécu

plusieurs années

qu'on a été traumatisés

donc ça c'est la question

du suivi

elle est importante j'imagine

– C'est la raison d'être

du diplôme universitaire

qu'on a mis en place

– Oui c'est pour ça

que je vous pose la question

– C'est à dire en fait

lorsqu'un adept sort d'une secte

ça peut se passer

malheureusement pas assez souvent

mais lorsqu'il tombe amoureux

par exemple

ou lorsqu'il est confronté

à des choses

qu'il n'acceptera pas

de la part du guru

sur des tiers

qu'il avait accepté pour lui

mais pas pour des tiers

il peut prendre la distance

et essayer de commencer

à retrouver

une autonomie personnelle

là il faut qu'il y ait

un étayage

d'aide

parce que ça va renvoyer

à tout un processus intérieur

qui relève de la dimension psychologique

et il faut que des professionnels

soient formés

c'est ce que nous faisons

dans le cadre du DEU de Paris 5

former des professionnels

non seulement sur le plan psy

mais également sur le plan juridique

sur le plan policier

sur le plan médical

pour accompagner ces personnes

dans une lente reconstruction

qui leur permet de retrouver

leur dimension de citoyen

et de réparer

cette misantoparentaise

qui a pu durer parfois 10, 15 ans, 20 ans

de leur propre vie

et de leur propre évolution personnelle

Très bien, merci infiniment Jean-Pierre

Jouglard

Je rappelle

l'intitulé de votre enseignement

En prise sectaire

Processus de vulnérabilité

on l'a bien compris

avec ce qu'on vient de dire

et en jeu éthique

on l'a compris aussi

Merci, au revoir

C'était Affaire sensible aujourd'hui

C'était le panne de la secte de Waco

Une émission que vous pouvez réécouter

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Demain, nous évoquerons le procès

de Bobini

sur l'avortement 3 ans

avant la loi de Simon Neveille

Salut Végé

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durée :00:54:49 - Affaires sensibles - Aujourd’hui dans Affaires sensibles, la tragédie de Waco au printemps 1993.