La source: Dans l'enfer des bagnes de Guyane

Radio France Radio France 10/5/23 - Episode Page - 49m - PDF Transcript

France Inter

Aujourd'hui, dans Raffir sensible, en direct de Blois,

au Rendez-vous d'Histoire, plongé dans l'enfer des bagnes de Guyane.

Quand on évoque le bagne, des symboles et des mythes surgissent.

On pense aux plus célèbres, des innocents, Alfred Dreyfus,

envoyé plusieurs années à l'isolement sur l'Illudia.

Et le fameux journaliste Albert Londres, qui dénonce, dans une série d'articles,

les conditions des bagnards en 1923.

Et puis, il y a Papillon, bien sûr, sur le nom du détenu Henri Charrière,

qui a écrit ses mémoires, adapté ensuite au cinéma.

Mais derrière ces symboles se cache d'abord une histoire dramatique,

qui mêle politique, justice et colonisation, et surtout une horreur indescriptible.

Jusqu'en 1953, soixante des mille hommes et mille femmes ont purgé une peine

dans ces lieux de détention qu'on surnomme la guillotine sèche.

Un enfer organisé, où la durée de vie moyenne était de cinq ans,

comme une peine de mort, qui ne peut pas dire son nom.

Et des méthodes d'une cruauté moyenne ageuse,

qui révèlent une justice érigée, non pas pour punir, mais pour détruire.

Notre habité aujourd'hui, André Benjéba, historien, auteur de l'ouvrage

Armand Le Bagnard, l'éternel évadé, paru au Cherche-Midi, en mai 2023.

Affaire sensible, une émission de France Inter diffusée en direct.

Récis documentaire, Adrien Mora, rédaction en chef franc-cognard,

chargé programme Rébecca Donante, réalisation Frédéric Milano.

Après cinq ans, comme un best-seller international,

il s'agit d'un écran.

Inquestionnablement, la plus grande aventure de l'escape a été remplie.

16 décembre 1973.

Ce jour-là, aux États-Unis,

les spectateurs américains découvrent le personnage de Papillon,

incarné par Steve McQueen.

Papillon, c'est Henry Charriere, un bagnard français condamné

pour le meurtre d'un souteneur en 1931.

Ce fils d'instituteur Ardéchois a toujours clamé son innocence,

et il a rédigé ses mémoires du bagne en 1969.

Son livre devient un best-seller mondial,

avec même bien millions d'exemplaires vendus.

Certes, son récit est rempli d'incohérences,

et tout le monde veut croire à ce mythe du bagnard innocent

qui se rebelle contre un système carcéralinique.

Papillon se bat contre un gardien.

Papillon s'évade.

Papillon est repris.

Papillon mange les cafards pour survivre au cachot.

Papillon s'évade de nouveau.

Papillon réfugier chez des Amères Indiens.

Papillon de nouveau repris.

Quel scénario.

Comme le montre, l'une des scènes du film,

ce jour-là, Papillon discute avec un autre ami bagnard,

Louis Delga, personnage fictif,

incarné par Dustin Hoffman,

un fossaire de talent condamné

pour avoir émis des faux bons du trésor français.

Cela fait déjà plusieurs années

que ces deux la subissent la loi du bagne

avec ses privations, sa violence entre prisonniers

et l'horreur du cachot.

Sur une falaise, elle aussi inventée,

Papillon explique le plan à Louis Delga

pour s'évader de lui.

En fait, il n'y a pas un seul endroit sur Coupil

où on peut lancer un bateau.

Donc on les attache ensemble et on les balance à la mer.

Et on s'en va en flottant sur les vagues.

Et après, qu'est-ce qui se passe après ?

Le continent n'est qu'à 45 km.

On se laissera dériver avec le courant.

Ça ne prendra que deux jours.

Jamais certain.

Oui.

Mais Delga refuse au dernier moment.

Alors, Papillon tente sa chance,

tout seul, en sautant de la falaise

et en s'approchant à son radeau de fortune

constitué de sacs de toile remplis de noix de cocosi vidé.

On le voit dérivé lentement

en direction du continent.

Success mondial.

Le long métrage s'étermine

par une série de plans sur les ruines du bain de Guyane.

Alors, le monde entier

redécouvre ce système carcéral et colonial français

ouvert près de 120 ans auparavant.

1923, Guyane Française.

Un journaliste débarque à Cayenne.

Il a 38 ans.

Il est envoyé par le journal Le Petit Parisien

qui tira plus d'un million et demi d'exemplaires.

Son nom, Albert Londres.

À Cayenne, le reporter est accueilli

par les autorités et l'administration pénitentiaire

qui lui laisse toute la liberté de parler

avec de nombreux baniards.

C'est ainsi que le 8 août 1923,

les Français découvrent dans le journal

les baignes de Guyane.

Albert Londres dégrille les tatouages des baniards.

L'un sur la poitrine.

Le passé m'a trompé.

Le présent me tourmente.

L'avenir n'est pouvant.

Quant à notre affiche, enfant de misère.

Patience, ni diolimètre.

Innocent, vaincu non donté.

Et le journaliste nous fait entrer

dans les lieux de détention.

Les portes des cellules s'ouvrent.

Les langues se délient.

Et les récits des condamnés s'enchaînent.

Londres discute avec Espelizodor

Dichakal, matricule 28000, 040,

ancien bourreau du Bagne.

Le dialogue entre les deux hommes

est rejoué dans la fiction

un faire sensible Albert Londres

ou l'envers du Bagne.

C'est le journaliste qui parle en premier.

Il nous met tout de même

ce système de transporter, de reléguer,

de travail obligatoire.

Je ne vois que de la perpétuité dans tout ça.

Ah oui.

A partir du moment où vous mettez un pied ici,

la perpétuité vous lâche plus.

Et puis on va pas s'emmerder à faire le prix.

Crimes de sang ou menu l'arsain,

tout le monde dans le même sac.

Allez hop, les minots avec les vieux briscards.

Bah voyons.

Rassurez-vous,

vous n'êtes pas le seul à ignorer tout ça.

Les jurés sont à mille lieux de pensée

que lorsqu'ils condamnent un homme au Bagne,

la peine est automatiquement doublée

et que la machine infernale va s'emballer.

Albert Londres découvre ainsi

la différence majeure entre les banniards.

Il y a les transportés d'un côté,

des criminels condamnés par une cour d'assises

et les relégués de l'autre.

Des délinquants recidivistes

envoyés sans possibilité de retour.

Et puis les liens libéraient

qui doivent doubler leur peine en restant en Guyane.

Réalités complexes nous reviendront.

Albert Londres poursuit son périple

et se rend sur l'archipel des îles du salut.

Il est saisi par la beauté de l'île royale

à tel point qu'il lance en commandant

« Vous êtes sûrs que c'est le Bagne ? »

On dirait Montécarlo, sans les lumières.

Mais il découvre rapidement

l'enfer des cachots de l'île Saint-Joseph,

les conditions de vie horribles

des prisonniers et des maladies psychiatriques.

Il échange avec le gène diodonné,

accusé d'être membre de la bande à Bonneau, par exemple.

À Saint Laurent du Maroni,

sur le continent,

Albert Londres découvre le centre névragique

de l'administration pénitentiaire,

surnommé la Tancière.

Dans sa série d'articles,

il la met en scène et la personifie.

Il lui reproche

de ne pas faire plus pour la colonisation

et les développement de la Guyane,

soit quoi la Tancière répond.

Je règne sur les requins des îles

et les bambous de Guyane et de Saint Laurent.

Je protège les arbres Balata et les mine d'or.

Si je tracais des routes,

ça battrait dans ce pays des bandes

qui saignerait ces arbres,

qui violerait ces mines.

Je régnerai longtemps, monsieur.

La crapule est nombreuse.

J'ai encore reçu 672 sujets hier.

Mon royaume est solide

et, comme l'a dit Louis XV, mon ayol.

Cela durera bien autant que moi.

Albert Londres

raconte aussi l'enfer des camps forestiers

comme le camp Charvin,

où les hommes sont décimés par les maladies.

Il décrit l'île de l'épreuil

où les malades sont livrées à leur triste sort.

Et puis il y a les libérés,

ceux qui ont terminé leur peine,

mais qui ne peuvent pas quitter la Guyane,

mais qui ne doivent pas.

Victor Sicard, par exemple, un transporté,

libéré le 8 septembre 1924,

explique le processus.

Enfin, je sortis libéré.

On me donna comme un linge,

un bourgeron et un pantalon.

Le tour entre dans une main,

sans chemise,

un grand chapeau de paille et une paire de souliers bas.

Et on me mit dehors

à 8h du matin, sans travail,

sans savoir où aller manger à midi,

ni le soir pour coucher,

sans un sou dans la poche,

après avoir fait 13 ambagnes.

Albert Londres explique

avec l'art de la formule

ce que font les libérés.

D'abord, ils font pitié,

ensuite, ils ne font rien.

L'idée était de faire en Guyane

une colonie de peuplements

avec d'anciens banières libérés

qui auraient un morceau de terre

et fonder une famille.

Mais c'est un échec total.

Car nombreuses sont les libérés

raides dans les rues,

à s'en livrer de ta fière,

pas d'affortunes.

Les locaux les appellent les popotes,

dès les sépourgontes avec la mort

ou la misère comme horizon.

Qu'il soit détenu ou libéré en Guyane,

il apparaît que le système

judiciaire français ne fait pas que punir

les délinquants. Non,

il s'agit de s'en débarrasser,

comme on détruit la mauvaise herbe.

Albert Londres accompagne sa série d'articles

d'une lettre ouverte au ministre

des colonies, Albert Sarot.

Elle est publiée dans Le Petit Parisien

en 1923, en voici un extrait.

3.

Rétribution du travail.

4.

Suppression du doublage

et de la résidence perpétuelle

comme peine accessoire.

3.

Rétribution du travail.

4.

Suppression du doublage

et de la résidence perpétuelle

comme peine accessoire.

Ces reportages trouvent écho

dans toute la société française,

certes, mais pas de quoi faire fermer les bagnes.

Non, le chemin est encore long.

1926, il devrait

des centaines de condamnés sont rassemblés

dans la prison du fort en attendant

d'être convoyés par le batocage,

la Martinière.

Le départ est pour bientôt.

On a arrêté de donner du travail au Força

et augmenter leur ration pour qu'il résiste

vers la Guyane.

Au réfectoire, ces jours de fête,

un litre de vin par prisonnier

des portions plus consistantes et bien meilleures.

Cette attente

de départ pour la Guyane,

beaucoup d'hommes l'ont vécu, mais jusqu'au drame.

Sur le directoire,

en 1798, 300 prêtres

sont envoyés dans cette colonie

abandonnés dans un marais la plus barmeur.

Près de 50 ans plus tard,

c'est avec l'arrivée de Napoléon III

au pouvoir que les bannes de Guyane sont instaurées.

On vit les bannes portuaires

de Toulon, Brest, Rochefort

et on envoie tout le monde

de l'autre côté de l'Atlantique.

Et puis, Napoléon, il déporte plus de 300

prisonniers politiques.

On les appelle précisément les déportés.

Une catégorie qui perdure

après le Second Empire avec les condamnés

pour trahison.

Le plus célèbre d'entre eux étant Innocent,

Alfred Dreyfus bien sûr,

est envoyé au bain de 1895

à 1899

avant d'être gracieux puis inocenté.

Mais le gros des effectifs

est constitué des transportés.

C'est-à-dire

des criminels condamnés par des jurés

de cours d'assises à les peines de travaux forcés.

En 1885, sous la 3e République,

une autre catégorie de bagnards est créée,

les Rélégés.

Il s'agit de délinquants recidivistes.

Après quatre condamnations,

ils sont envoyés au bain sans aucun

espoir d'en revenir.

La société estime qu'ils sont incorrigibles.

Ce sont souvent

des jeunes, ici, des classes populaires,

des vagabonds.

Alors chacun s'a tenu,

les transportés portent un bonnet,

les Rélégés ont droit à un chapeau.

Le matin du départ,

dans les rues de Saint-Martin-des-Règes,

de nombreux bados se massent

pour pouvoir passer le cortège.

Il y a aussi des proches, des mères,

des pères, des enfants, des femmes.

Tout est tous.

Savent que c'est peut-être

la dernière fois que leurs regards se croisent.

Pas d'embrassade.

L'horreur commence ici.

Et il y a souvent d'attention

et de l'hostilité dans l'air,

comme le raconte l'ancien bannière Jean-Marie Caloch

au micro de France Inter.

J'ai pas entendu.

À mort, à mort, à mort,

tout le monde gueulait à mort.

Alors je pensais en même

qu'il n'avait pas besoin

de gueuler à la mort.

Ils ont déjà revêtu

l'uniforme gris du bagne.

Chacun d'eux a reçu en outre

une couverture, un sac contenant du linge,

une gamelle.

Tous sont les poignées enchaînées.

Seuls les Rélégés ont les mains libres

et sont autorisés à porter leurs chapeaux.

Encadrés par des gardiens, ils descendent vers le petit port

pour s'embarquer à bord de petits navires

qui doivent opérer leur transport de mans

sur le Lamartinière.

Un homonier et un pasteur protestant

leur adressent quelques paroles de réconfort.

Des parents, des amis,

sont venus leur dire un suprême adieu.

Enfin, les petits navires atteignent

le Lamartinière.

Les forçats vont être descendus dans les cales,

divisés en cellules,

garnis d'énormes barreaux de fer.

À l'intérieur

de la Lamartinière,

c'est la loi du plus fort.

Avec son lot de règlements cons,

de vols, de viols et de meurtres.

Alors, les forçats les plus précautionneux

ont caché toutes leurs économies

dans un plan.

En 1969, Henri Charrière,

alias Papillon, explique dans

radioscopie à chaque chancel,

ce qu'est un plan.

Comment peut-on avoir toujours de l'argent

si on vous met à poil deux fois,

deux, trois fois par jour ?

C'est bien simple.

Un tube un peu plus grand que le pouce,

un peu plus long que le pouce

qui se visse

avec un pas de vis.

Le mâle et le femelle, au centre,

qui est très étanche.

On met de l'argent dedans et on se l'a introduit

dans la nuit.

Ils montent en gros collant,

on peut vous mettre à poil,

cartez-vous, toussez et on ne voit rien.

Tout au moins, ça aide à vivre.

Et souvent,

c'est à cause de l'argent qu'on prend une décision grave.

On achète un gardien,

on achète notre força,

on achète l'endroit

où l'on peut trouver

une chance pour s'évader,

c'est la base.

Ce qui n'empêche pas certains forçats d'en tuer d'autres

pour aller récupérer les plans

jusque dans les entrailles.

Et même s'ils sont fouillés,

les bannards parviennent à cacher des couteaux.

Et chaque prisonnier ne dort que d'un oeil.

Et quand les bagarres éclatent,

les gardiens n'ont aucune pitié.

Ils n'hésitent pas à ouvrir les vannes de vapeur

dans les cellules cages

et à ébouillanter les bannards.

Sur le bateau, les réputations circulent vite.

Telle prisonnière célèbre est à bord,

tel gardien est un dangereux psychopathe.

Il y a aussi ce médecin

qui distribue les cigarettes.

Dans cette micro-société de violences

et de terreurs, les bricours.

Après l'escalage,

ils ne l'ont traversé de près de 3 semaines.

Le bateau cage s'approche

de l'essuaire du Maroni.

Le continent est en vue.

Direction Saint Laurent du Maroni.

Le pied posé sur le sol Guyane

après avoir survécu et la traversé.

Les centaines de prisonniers

deviendront des bannards.

On voit la France pleurer dedans

des jannettes au ventre si blanc.

On voit la France bouger dedans

et des rouges au coeur si grand.

On voit la France s'aimer dedans.

Paris Cayenne, tu as la dent

du racelat qui sont dedans.

Paris la Seine, il y a trop longtemps

que tu coules entre deux agents.

Paris Cayenne, avec des gants

ça fait plus chic, c'est moins voyant.

De pique en France pour la reine

prend les allures d'océan.

On dit qu'à freine, le chien dents

voisine avec la fleur des champs.

On y promène de temps en temps

dans quatre mètres de mur blanc.

Des quarantaines de printemps

qui sont en berne des firmaments.

Aux mains de l'aie, me sortent d'enfants.

Là que semaine, ça fait cent ans.

La belle, la belle que l'on t'attend.

Un barreau de freine entre les dents.

Paris Cayenne, tu as la dent

du racelat qui sont dedans.

Paris la Seine, il y a trop longtemps

que tu coules entre deux agents.

Paris Cayenne, avec des gants

ça fait plus chic, c'est moins voyant.

De pique en France pour la reine

prend les allures d'océan.

On dit qu'à freine, le chien dents

voisine avec la fleur des champs.

On y malmène de temps en temps

dans des arenes de ciment.

De fortes têtes au cheveux blanc

qui ont eu le rêve trop entreprenant.

Des athées qui savent à vingt ans

qui sèment la poudre, récolte le sang

qu'on ramène à freine sans ménagement.

Voir si d'un gestion fait un fort banc.

Paris Cayenne, tu as la dent

du racelat qui sont dedans.

Paris la Seine, il y a trop longtemps

que tu coules entre deux agents.

Paris Cayenne, avec des gants

ça fait plus chic, c'est moins voyant.

De pique en France pour la reine

prend les allures d'océan.

On dit qu'à freine, le chien dents.

Voisine avec la fleur des champs.

Tous les habitants de Saint-Laurent

se sont réunis sur le port

pour voir débarquer la triste théorie

de la croisière du crime.

C'est lorsque son pied se pose

sur le sol de la Guyane

que le condamné devient vraiment un forçage.

Jour des ferbessants

à Saint-Laurent du Maroni

c'est l'arrivée de centaines de prisonniers.

Dans cette commune

gérée par l'administration pénitentiaire

ce qu'est un communique en France

tout le monde s'est rassemblé sur le quai

pour observer le nouvel arrivage.

Les nouveaux banniards découvrent

l'humidité et le soleil de plomb.

Habillés de leur uniforme rayée

ils descendent de la martinière

et se dirigent vers le centre pénitentiaire

sous le regard curieux des bateaux.

Il y a des fonctionnaires coloniaux,

des anti-hier, des créoles,

des commerçants asiatiques.

C'est une distraction qui ne s'offre

qu'une ou deux fois par an

l'arrivée des nouveaux banniards

alors pas question de rater ça.

Les cilières emportent les prisonniers malades

vers l'infirmerie

pour les réléguer direction

Saint-Laurent du Maroni

dans leur baraquement.

Les transportés rejoignent le camp de transportation.

Des nouveaux arrivants

vivent vers pénitentiaire de Guyane

par un discours qu'ils ne laissent

pas de place aux doutes.

Des propos mis en scène dans le film Papillon

boulot montrent aussi en guise d'accueil

la guillotine.

Bienvenue à la colonie pénitentiaire

de la Guyane française.

Je vous mets tout de suite en garde.

On ne s'évade pas de Saint-Laurent

ça ne réussit jamais.

Une tentative d'évasion

et d'accueil à votre temps de peine.

Accommodez-vous de ce que nous vous offrons

et vous verrez que votre sort est encore enviable.

La répartition des prisonniers

est un enjeu majeur.

Le comportement de chacun d'entre eux

est consigné dans un dossier.

Tous ont été observés pendant la traversée.

Certains sont considérés déjà comme dangereux.

D'autres ont apporté

de l'argent qu'ils vont pouvoir utiliser

pour obtenir un poste plus tranquille.

Dans le film Papillon

on suit ainsi les tractations de Louis Delga

bagnards riches et protégés par Henri Charriere

à Alias Papillon

pour décrocher une planque.

Enfin, quelque chose de moins infernal que le toutvenant.

Finalement

sur décision arbitraire d'un gardien

les deux prisonniers sont envoyés au pire endroit

le kilomètre 40.

Des chantiers forestiers

où l'on travaille dur

et où l'on meurt de maladies, dysentries,

malnutrition, paludisme,

arasie tropico, grippe, infectieuse,

épuisement, mauvais traitement,

un état d'esclaves

qui n'a rien à envier à cette antiquité.

Au camp de la transportation

lieu d'enfermement des transportés

Armand Spilers, un condamné de 23 ans

découvre l'univers du pénitentier

avec ses yeux sécoutum.

De nombreux prisonniers

ont des relations homosexuelles.

L'administration pénitentière

les classe avec les mentions pp

pour pédérastes passifs

et pa pour pédérastes actifs.

Armand Spilers, classé comme transporté

de première catégorie

est considéré comme un dur.

Il est en observation plus longtemps

Saint-Laurent du Maroni

en attendant de savoir où le sera envoyé.

Quelques jours seulement après ce qu'on arrivait

il doit faire face au menace

d'un porte-clé. Autrement dit

un bagnard servant de petit chef

à l'administration pénitentière

une sorte de capot, armé d'un couteau

l'un d'eux tente de violer armand

qui se saisit de son couteau

et tabasse son agresseur

mais il ne le tue pas

sinon c'est la guillotine.

Et il y en a deux

dans cette école du crime que le bagne

une sur l'île royale

l'autre au camp de Saint-Laurent du Maroni

Les exécutions ont lieu

devant tous les bagnards

histoire de faire régner la peur.

Ici, règne la violence

celle des dettenus

et la violence d'état, l'officiel

celle qui est permise particulièrement

brutale, elle aussi.

Armand Spillers

n'est pas condamné à mort mais envoyé

sur l'archipel des îles du salut

composé de l'île royale, l'île Saint-Joseph

et l'île du diable.

Affecté dans un bâtiment sur l'île du royale

il sait qu'il va devoir se faire respecter

Extrait du livre Armand le Bagnard

d'André Benjamin

Armand n'oubliait pas que la première nuit était celle

de tous les dangers.

Il se souvenait la leçon du vieux bagnard

Pour toi, tout ce jour

à la première nuit

dans la case, des murmures, des regards

entendus, des signes furtifs

lui faire comprendre que quelque chose de sale

se tramait.

Il ne fermait pas un œil.

La violence préparée, il en était la victime

désignée.

Malgré les fouilles au corps, Armand avait caché

une lame qui avait maintenu le long de son fémur

d'une sorte de résine collante.

Soudain, au milieu du silence

dans la nuit, un gars,

du haut de son amac, interpelle

Armand qui s'était tapis comme une bête attend dans

l'assaut. C'est toi, Spider ?

Oui, c'est moi. Qu'est-ce que c'est ?

Tu es jeune.

Tu veux être ma femme,

qui lui dit.

Viens près de moi. Montes ici.

Armand se mit en garde et lui répondit

Toi, descend.

On va voir qui c'est l'homme.

Armand de son couteau.

Armand, poignard de la mort, cet homme devant

tous ses côtés tenus.

Le lendemain, il n'hésite pas

à seul instant à se dénoncer, alors qu'habituellement

la loi du silence permet à tous de fermer

les yeux sur les meurtres de cellules. Et bien Armand

lui a parlé. Il sera donc jugé

devant le tribunal maritime spécial.

Devant la cour,

présidée par un capitaine d'infanterie,

il explique qu'il a tué pour ne pas devenir

la môme. Autrement dit,

l'esclave sexuel de ce force improccébente.

Verdict,

acquittement.

4 septembre, 1929.

Armand Spillard et des compagnons sont sur un bateau

en direction du Brésil.

Dénoncé par l'homme

qui leur a vendu le canot,

les 6 évadés sont vitrepris par la chaloupe

à vapeur de l'administration pénitentiaire.

Et bis répétita.

Pour Armand Spillard,

qui compare une nouvelle foi

devant le tribunal maritime spécial.

Verdict, cette fois.

Un an de cachot sur l'île Saint-Joseph.

Le cachot.

Bagne du Bagne.

La détention sur ce bout de terre

est une épreuve ruble pour les prisonniers.

Enfermés dans des cellules

d'individuels minuscules,

ils sont surveillés par des gris sur le toit

comme des animaux en cage.

Plongés dans une semi-obscurité,

ils ne travaillent pas,

ne lisent pas, n'écrivent pas,

ne parlent pas, mangent peu,

et dorment mal sur un baflant en bois

et plus rarement sur un mac.

Et ils n'ont pas de robinet

ni toilette.

La nuit, ils sont parfois réveillés

par l'écrit du bâtiment des aliens

et baptiser la maison hurlante.

Le jour, ils ont le ligation

de rester debout.

Et tout cela pendant un an.

La torture d'État.

La torture officielle.

Lui aussi est passé dans les cachots

de Lui Saint-Joseph.

Il raconte...

Quand un homme est enfermé vivant,

virtuellement enterré vivant,

pour pouvoir résister à la folie,

à ne pas se coucher

sur le ciment et attraper

le score bu et d'autres maladies,

il faut ou ce ou le suicide.

Il faut s'évaner.

Mais on peut pas s'évaner

puisque les murs sont trop épais,

puisque les marrons en haut sont des rails

comment peut-on s'évaluer ?

Si ce n'est,

un vagabondé dans les étoiles.

Vagabondé dans les étoiles.

Il ne reste plus que ça au bagnard

enfermé dans les cachots de Lui Saint-Joseph.

Et penser à sa prochaine évasion,

l'obsession de nombreux prisonniers.

Mais pour se faire la belle,

évidemment, c'est tout une histoire.

Il faut rassembler assez d'argent,

trouver des compagnons d'échappés

et acheter une tapouille, un petit bateau

par l'océan.

Passé par la forêt,

certains ont essayé beaucoup sont morts

ou sont revenus sur leur pas

pour ne pas mourir de faim,

égarés au milieu de nulle part

quand ils ne sont pas capturés

par des chasseurs de prives

ou tout simplement assassinés.

Il y a donc l'océan

qui permet d'oralier les guiannolandaises anglaises,

le Venezuela et la Colombie

pour les plus ovacieux,

les plus chanceux surtout.

Et puis il vient l'initiative

d'un jeune député de la Guyane,

et lui en 1932,

qui balance une campagne

pour supprimer le bâne.

Son nom, Gaston Monerville,

qui deviendra président du Sénat

de 1958 à 1968.

Et puis il y a aussi

l'initiative d'un jeune député

de la Guyane et lui en 1932,

qui balance une campagne

pour supprimer le bâne.

Son nom, Gaston Monerville,

qui deviendra de 1958 à 1968.

Il explique son combat

dans l'émission Nébordin siècle

diffusée sur Télé Guyane

en 1999.

J'avais toujours considéré qu'il fallait débarrasser

mon pauvre pays de cela,

de cette lettre,

qui non seulement lui portait tort sur place,

mais avec complètement annihilé

sa réputation.

J'ai créé des associations avec des magistrats,

avec l'armée du salut

à laquelle ne sera jamais assez reconnaissant.

Il lui a mis à ma disposition tout de suite

Charupéon,

qui avait la même conception que moi

de l'évolution du bâne,

en attendant sa suppression légale,

faire travailler les rélégués

qui étaient dans la rue sans rien,

abandonnés.

Il n'y a même pas de quoi manger.

Le gouvernement français va déposer un projet de loi

relative à la suppression du bâne.

En 1938 en effet,

un décret de loi supprime définitivement

la transportation, c'est-à-dire

l'envoi anguiane de criminels

condamnés par les cours d'assises à les peines de travaux forcés.

Mais cela ne signifie pas

la fin de la rélegation,

ni même le rapatriement des transportés

qui purent genre peine anguiane.

Pendant la Seconde Guerre mondiale,

les conditions restent horribles

avec les nombreuses pénuries,

de très nombreux bagnards meurs de faim.

En 1942,

on estime à 50%

la mortalité chez les rélégués.

Les chiffres commentés par Robert Ballinter

dans les colonnes du monde en 2017

et qui dit

ce sont des chiffres proches

de ce atteint dans les camps de concentration nazie.

Nazie.

Le mot n'est pas lâché par hasard.

En 1944, Alger, le général de Gaulle

pensait un temps à envoyer des colabots

aux îles du salu une fois la guerre terminée.

Mais l'idée est vite abandonnée.

Les Alliés américains considérant

les bagnes de Guyane comme indignes

la face noire de la colonisation européenne,

c'est le moins qu'on puisse dire.

Ce n'est qu'après la guerre

en 1946 que la rélegation

est définitivement supprimée.

Reportage des actualités françaises

à Saint-Martin-des-Rées,

où certaines manières ont été rapatriers de Guyane.

C'est l'élimination et il est devenu le domaine des réprouvés.

Ces réprouvés se sont les relégués

qui étaient la guerre destinée à la Guyane.

Désormais, on ne les envoie plus là-bas

et le fort de l'île de Ré,

qui autrefois n'était que le dépôt des forçants

en instance de départ,

et devenu aujourd'hui le centre

où aboutissent tous les condamnés à la relégation.

Quelques condamnés plus anciens

ramenés de Guyane en France

et à qui l'on peut encore refaire une place dans la vie,

songe et s'occupe en communauté

à ces petits travaux qui sont dans tous les temps

devenus à pannages du prisonnier.

1953

les derniers rapatriers reviennent de Guyane

grâce à l'armée du salut

près de 100 ans après les premiers envois de prisonniers

sous l'appelé HON3.

La France

méfait un système carcéral d'un autre âge.

De nombreux banniards, pourtant,

ne sont jamais rentrés en métropole.

En 1963

une équipe de cinq colonnes à la une

paraît leur rencontre.

Ils se sont insérés ces anciens forçats

qui ne rêvaient que d'évasion

n'ont pas trouvé la force de partir.

Minés de l'intérieur

ensorcelés, rivés

à cette terre de détresse

où s'étaient écoulés les meilleures années de leur vie

ils se sont desséchés sur place

sans passer, sans avenir, sans horizon.

Ils se sont insérés tant bien que mal

dans une société qui les tolère

mais qui ne les aime pas.

Ils n'ont plus de patrie, plus d'attache,

plus de vie.

On les appelle

les Vieux Blancs.

1955

1965

Venezuela

l'ancien prisonnier en riche arrière

évadé des bagnes de Guyane se balade dans Caracas

où il a refait sa vie.

Devant une librairie de la capitale venezuelienne

il tombe sur un livre,

l'Astragale écrit par une jeune délinquante

Bertine Sarazin.

Le Bando qui accompagne

une ouvrage précise,

123 000 exemplaires vendus.

J'arriere c'est dit alors,

avec tout ce que j'ai vécu, moi

mais je te l'envends autant, même 3 fois plus.

Alors,

ce fils d'instituteur

se met à écrire ses aventures pendant des semaines

et envoie le manuscrit en France.

Les pages tombent entre les mains

de l'éditeur Robert Lafond

qui déclara sa fille Anne Carrière

de vivre. Formidable.

Je suis sûr que je vais en vendre 10 000.

Il ne croyait pas si bien dire.

Papillon

c'est donc le titre de l'ouvrage,

sorti avant l'été devient rapidement un bestseller.

Sorti en 1969,

la même année que le livre postime

Rigodon de Louis Ferdinand Selin,

Papillon et les honneurs de François Moriaque

qui écrit, c'est un bon livre

au sens profond du mot.

Préférable,

à des livres amers et révoltés comme Selin,

par exemple.

Les droits sont très vite achetés ensuite

pour le cinéma.

Henri Charrière court les plateaux télé

et devient de personnalité parisienne.

Des livres sont écrits

pour dénoncer les incohérences,

voir les mensonges de son récit,

mais lui profite de sa nouvelle célébrité

et il n'a que faire des critiques.

Il apprend qu'il va être incarné

par Steve McQueen

Les Français redécouvrent le bagne

à travers ces figures charismatiques

étruculantes.

En janvier 1974,

le film Papillon sort en France,

le JT lui consacre un sujet.

Mais 1969,

paraît un gros livre Papillon.

L'auteur est un exporsat Henri Charrière.

Depuis, 10 millions d'exemplaires vendus dans le monde,

18 traductions.

L'auteur était devenu

une personnalité parisienne en six mois.

Un producteur français,

Robert Dorfman achète les droits,

monte une production internationale

de 14 millions de dollars,

6 à 7 milliards d'anciens francs,

3 mois après les prises de vue,

Papillon est mort.

Il ne se verra pas sur l'écran

incarné par Steve McQueen.

Aujourd'hui,

sur cette terre de souffrance,

la nature a repris ses droits

sur le nombre vestige du bagne.

Désormais, l'archipel des îles du salut,

avec ses eaux turquoises et ses cocotiers,

n'est plus un des lieux les plus touristiques

de Guyane.

Ils sont gérés par le centre spatial Guyane.

Oui, car depuis 1968,

on lance des fusées

en Guyane.

Des fusées qui, pour reprendre les mots

d'Henri Charrière,

vont vader à bander dans les étoiles.

...

Guyane

s'est fini

...

pas devinne

plus de soucis

...

Guyane

s'est fini

...

par de lettres de mon ami

...

ce n'est peut-être qu'un oubli

...

Guyane

s'est fini

...

Il y en a qui s'aiment jusqu'au martyre

...

où il y a de la chaîne, il n'y a pas de plaisir

...

les matements matés

...

j'ai plus de quoi me relever

...

Guyane

bonbonbonbon

...

Guyane

bonbonbon

j'ai compris

Guyane

bonbonbon

s'est fini

...

...

puis le temps que j'attends m'armise de peine

...

il y a de la gangrène dans mes souvenirs

...

vaut mieux en finir quand ça traîne

...

j'ai pas envie de moisir ici

...

Guyane

s'est fini

...

Guyane

s'est bien fini

...

France Inter

...

Affaire sensible

Fabrice Drouel

Aujourd'hui, les bagnes de Guyane

avec notre invité André Benjébar

bonjour

Historiens auteurs de l'Oura

Jarmand Le Bagnard

...

Vous avez écrit sur le cas d'un bagnard

qui s'est évadé

qui s'appelle Armand Spiller

Est-ce que vous pouvez nous raconter

son histoire qu'on a effleuré dans le récit ?

Son histoire

d'abord le fruit du hasard

je suis ici sans doute avec des gens qui aiment l'histoire

donc ma vie c'est être dans les archives

et d'être dans les archives

un jour c'est loin

à côté de Paris

il y a un lieu qui s'appelle

Achever la rue

en droit où se tiennent les archives

des perspiritins

perspiritins c'est quelque chose que vous ne savez pas

parce que c'est rare et moi-même je ne le savais pas

autrefois

sont ceux qui étaient des religieux

qui avaient en charge d'âme des bagnards

et allant en travaillant d'abord

pour faire une communication

quelque sorte universitaire

de type académique

une dame me remet un manuscrit

et ce manuscrit c'est un cahier

un cahier décollier avec des photographes

un niveau de CL2

de quelqu'un qui raconte sa vie

et elle me donne également une bonne sonore

et de cela j'ai fait ce livre

donc il s'est évadé plusieurs fois

vous vous êtes rendu en Guyane

qu'est-ce que vous avez vu comme vestige des bagnes

et ce qu'il y en a encore ?

naturellement alors je suis allé

je crois 16 fois en Guyane

je l'ai posé ici présente la dernière fois que je suis allé

on m'a donné les clés du bagne

donc je connais véritablement

le bagne par son menu

d'une manière absolument incroyable

parce que je me suis passionné

je suis allé la première fois en 1997

et évidemment personne dans aucune université

dans aucun je dirais

instance académique

ou universitaire ne m'avait parlé des bagnes

donc je n'en connaissais rien au départ

et c'est à ce moment-là que j'ai compris

qu'il y avait quelque chose d'actuellement organique

entre l'histoire de notre pays

et en quelque sorte les bagnes

est-ce qu'il y avait aussi quand même

dans l'esprit de Napoléon

et les autres dirigeants

l'idée de les envoyer

loin, qu'on ne les voit plus

qu'on les fasse sortir de la société

alors il y a deux

il y a ces contradictoires c'est la pire des choses

et la meilleure des choses

quand un homme ou une femme est quelque prostitué

dont vous avez mentionné

qui étaient des femmes perdues

en durcis dans le crime

qu'est-ce qu'on peut espérer d'un être humain

pour en quelque sorte le remettre

dans une espèce d'existence humaine

et bien ils se sont dit

au départ mais c'est absolument extraordinaire

parce que ça évidemment le projet du bagne

et la réalité du bagne ce sont deux choses

je connais parfaitement les textes de 1852

quand les premiers bagnirs arrivent

je vous assure que le discours

est une incantation

vous allez avoir une terre, vous allez refaire votre vie

vous allez fonder une famille

ce que vous avez fait

vous allez devenir en quelque sorte des êtres libres

et donc cette idée au départ

d'une rédemption

c'est humaniste au départ

c'est tellement humaniste que lorsqu'en 1954

Napoléon III propose

après des hésitations dont

je ferai le grâce ici entre les décrets

et la loi

j'ai dit voté

on peut dire que 98%

y compris des sociétés je dirais morales

comme les francs maçons ont écrit en disant

c'est une bonne idée

et donc il y a en quelque sorte au départ

une idée positive pour le bagne

et non pas une idée de malédiction

qu'est ce qui fait que ça tourne

au bagne tel qu'on le connaît

un lieu de détention particulièrement horrible

alors ça tourne pour une raison simple

c'est les jésuites qui m'ont mis

je dirais parce qu'au départ on a confié

les armes des bagnards au jésuites

et j'ai vu dans les dossiers d'archives

un certainement ils disent non on ne veut pas s'occuper de ça

les hommes sont tellement endurcis

qui est déshabitué au travail

qui est endurci dans le crime

pour en faire un paysan et un ouvrier

et par conséquent les jésuites ont tenté

environ une dizaine d'animaux on a tous les textes là dessus

qui disent non non on peut pas et c'est pour ça

qu'ils passent ça aux perspiritants

en leur disant mais occupez-vous de nous on peut pas

donc cette idée

d'une je dirais

d'un humanisme qui est

perverti parce que on peut

en quelque sorte avoir les meilleures intentions

mais monsieur Drouel il faut savoir les mettre en œuvre

or là bas

il n'y a pas d'éducation, il n'y a pas de métier

il n'y a pas d'activité industrielle

il n'y a pas de possibilité

vous êtes dans un endroit avec une idée de colonisation

mais les gens pour devenir un paysan

lequel d'entre nous pourrait devenir du jour au lendemain

bien sûr

juste pour revenir sur la réalité

des bagnes on le disait il y avait une différence

entre les transportés, les rélégués

et les déportés

quel était le sort le plus terrible

alors en vérité

justement

toutes les approximations de tous ces ouvrages

que vous avez pu lire et que j'avais lu au départ

avant de me mettre moi-même dans la peau

je dirais d'un chercheur

c'est une confusion entre les choses

un transporté

vous l'avez très bien dit dans votre texte

c'est quelqu'un qui a été jugé par un juré

de 12 membres du juré que des hommes

puisque dans cette époque

les jurés d'acismes

n'ont pas porté aucune dame

donc ce sont des crimes

ils relèvent des crimes

donc un transporté c'est un criminel

et ça peine si elle n'est pas suivant

elle est dans quelque sorte le travail forcé

et il ne viendra jamais

tandis que justement

je suis sûr qu'il y a beaucoup de professeurs ici

comme je le fuis quand ma jeunesse

en 1885

personne ne m'a appris

que la loi

pourrait dire célérate la plus terrible

qui n'est jamais eue c'est celle de Jules Ferry

en 1885

notre bombe Jules Ferry qui fait en même temps

d'école gratuite, like et obligatoire

prend une disposition d'ailleurs européenne

c'est une idée absolument en Europe

qu'on ne peut pas en quelque sorte guérir

ce qu'on appelle les endurcis

les récidivistes

et donc on fait quelque chose de terrible

on fait une autre catégorie qu'on appelle les relégués

qui ne reviendront jamais dans la mer patrie

c'est-à-dire que les autres pouvaient revenir

une fois que la tâche était accomplie

avec ce qu'on appelait le doublage

moins d'8 ans, attention

ils ont fait comme les anglais d'ailleurs, j'ai remarqué ça

j'ai appris ça par les droits anglais

les anglais ont dit si vous êtes condamné

au bain de Sydney Corv en Australie

plus de 8 ans, vous ne reviendrez jamais

à Londres, ni nulle part

et bien le relégué

une petite frappe disons c'est un voleur de poule

c'est un voleur maintenant de mobilette

ou de scooter

et bien cela si quelqu'un fait 4 fois

un même délit, le juge n'a même pas d'appréciation

vous entendez bien, il n'a pas d'appréciation

le relégué s'en va

et contrairement à ce que l'on dit

entre le transporter qui est une espèce de noblesse

du truant

et tandis que le relégué qui est le pied de biche

c'est-à-dire le pivoleur qui est méprisé

on ne les mélange pas

et on ne les mélange pas ni physiquement

ni dans les camps

il y a un camp je dirais qui est celui des transportés

et qui est celui évidemment de Saint Laurent du Maroni

et tandis que les autres on les amène

à Saint-Jean

mais il y a donc des catégories

justement c'est pour ça que

les historiens un peu qui travaillent sur le bain

ils rient de notre ami Charriere

parce qu'il dit qu'il s'était venu

de l'île du diable

en l'île du diable d'ailleurs j'ai voulu

allé lager là-bas on m'a interdit d'y aller

pourquoi parce qu'il y a des courants absolument extraordinaires

je n'ai pas pu aller à l'île du diable

elle est tenue actuellement que par les légionnaires

c'est là où était Dreyfus

voilà là où était Dreyfus mais jamais

monsieur Droëlle jamais Charriere n'aurait pu aller là-bas

puisque c'est que de des portées politiques

Dreyfus bien sûr une mot que vous devez connaître

un autre agent de l'étranger

et c'était uniquement

des gens je dirais

des politiques, des anarchistes

des contestateurs

qui allaient à l'île du diable

mais comme les anglais et les américains

appellent ça Devil's Island

eh bien tout le monde pense que c'est

l'île du diable de fait c'est un archipel

qui a bien trois îles tout à fait différentes

Royal

vous l'avez très bien dit monsieur Droëlle

c'est un peu monté Carlo

quand on y va c'est

des perroquets

des agoutties, des fleurs

un environnement absolument magnifique

ça

l'île du silence est à côté ça Joseph

alors là c'est la réclusion

elle s'appelle du silence

parce qu'en principe

ils avaient pas le droit de parler

justement

ils avaient pas le droit de parler

et ce qui est très important aussi

dans cette histoire du bâne

c'est pas monsieur Droëlle une situation

elle est en perpétuelle évolution

et là on reconnait les historiens

en quelque sorte qui connaissent leurs matières

c'est que d'une année à l'autre

d'une décennie à l'autre les lois ne font pas les mêmes

est-ce que les intellectuels français humanistes

ont assez protesté

contre l'existence

assez c'est un jugement

on protestait contre l'existence des bânes

qui allaient quand même à l'encontre

de la tradition française

des lois de l'homme

est-ce que l'immobilisation ou est-ce que ça paraissait normal

après tout voilà

je pense que c'était dans l'air du temps

et dans l'admission des valeurs de cette époque

je vais vous raconter une chose qui est très importante

il aurait juste 50 secondes

c'est toujours comme ça

la dernière chose

c'est que le bâne

la transportation a été supprimée

par un décret de Daladier

et ça n'a jamais fait l'objet d'un débat

à la chambre pourquoi ?

merci d'avoir dit en tout cas que le Sénat

n'aurait jamais accepté la pollution du bâne

d'entraînement Jebar

merci infiniment que je renvoie les auditeurs

à la lecture de votre livre

Armand Le Bagnard

l'éternel évadé

donc l'horreur des bânes

que vous pouvez réécouter en podcast bien sûr

à la technique aujourd'hui en direct de Blois

au Rendez-vous de l'histoire

il y avait Eric Audra et Julien Girard à la prise

de son Julien Calvas à la sonne

Martin Guénard à la liaison technique

Daniel Louison à la signalétique

et le chargé de production était Franck Malabry

Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

durée :00:48:54 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle - Aujourd’hui dans Affaires sensibles en direct et en public des Rendez-Vous de l’Histoire de Blois : plongée dans l’enfer des bagnes de Guyane.