La source: Dans la montagne, personne ne vous entendra crier 5/5 : Suspendu à la mort : l’aventure de Joe Simpson et Simon Yates
Radio France 8/27/23 - Episode Page - 55m - PDF Transcript
François Sainte-Aire
Aujourd'hui, d'un à faire sensible, l'un des drames les plus controversés de l'histoire de l'alpinisme, celle de Joe Simpson et de Simon Yates.
Au mois de mai 1985, dans un massif escarpé de la Cordillère des Andes,
deux hommes tentent de réaliser l'ascension d'un sommet situé à plus de 6300 mètres d'altitude.
L'endroit est réputé dangereux et reste un violet, mais cela ne ferait pas les Britanniques Samson et Yates qui parviennent à se hisser au sommet.
Bien, mais lors de la redescente, les événements prennent une tournure dramatique.
L'un des deux va devoir choisir entre abandonner son camarade pour sauver sa propre vie
ou prendre le risque de sacrifier la sienne dans l'espoir de sauver celle de son camarade.
Entre les deux hommes, il corde une simple corde qui maintient en vie Simpson et peu à tout moment condamné Yates.
Alors, que faire ? Couper la corde et porter le poids de la culpabilité
ou tenter le sauvetage des deux options qui pourraient aboutir à la mort des deux ?
Notre invité aujourd'hui, Charlie Buffet, écrivain, traducteur et membre du comité éditorial de la Collection Guerrin
aux éditions Poulsen, Passionnée de Montagnes.
Il est l'auteur d'une dizaine d'ouvrages et de nombreux articles
où il explore la démesure et la passion des alpinistes pour les sommets.
Il nous attend, à Perpignan, dans les studios de France Bleu-Roussillon.
Quant aux archives, lui dans le récit, elles sont extraites du livre La mort suspendue écrit par Joe Simpson lui-même.
Affaire sensible, une émission de France Inter en partenariat avec Lina,
récit documentaire Adrien Carras, coordination Christophe Barrère, réalisation L'Orient tout le monde.
Fabrice Drouel, Affaire sensible, sur France Inter.
L'air était vif, le ciel lumine.
Sous un soleil implacable, ses étendus de neige et de glace
resplandissaient d'une blancheur éblouissante.
Mais cela ne m'importait plus.
L'impatience me gagnait.
Je commençais à en avoir marre de l'intense concentration
que nous imposait les difficultés de l'arrête et de cette redescente.
J'en avais plus cassé de cette montagne.
Mon seul désir était d'en finir avec elle.
Quelque part, au fin fond de la cordillère des andes, c'est-à-dire très haut.
Encordé l'un à l'autre, chahuté par les bourrasques,
les alpinistes Joe Simpson et Simon Yates sont à 6,350 mètres d'altitude.
Ils redescendent l'arrête sommitale, douce ou la grande, par sa face ouest.
À 30 mètres l'un de l'autre, on aperçoit dans la neige blanche
leur combinaison colorée rouge et noire pour Simpson, bleu pour Yates.
Un quart d'heure plus tôt, Simpson et Yates étaient les premiers
à se visser au sommet de cette montagne, dont la face ouest restait jusqu'ici un violet.
Bouffé d'avadaline, regain d'excitation, ils s'avourent,
ce moment éprène beaucoup de photos.
Mais le bruit d'une avalanche sonne l'heure de la redescente.
Les deux hommes ne s'attardent pas.
Jusqu'à maintenant, la météo était favorable, mais elles changent vite en montagne.
Et d'ailleurs, elles se dégradent de minute en minute.
Alors, les deux alpinistes se lancent dans une course contre la montre
pour redescendre en traversant le glacier.
Mais la neige les retardent, et il leur faut deux fois le temps que prévu
pour rejoindre les différents points de leur parcours.
Très vite, ils se retrouvent plongés dans une sorte de monde en clair obscur
où la pente et le vide se confondent.
Joe Simpson prend la tête de la cordée.
Il sort sa boussole et entame sa progression pour perdre de l'altitude
à une allure qu'ils ont soutenue.
Fatigué, Simon suit péniblement le jouet et le laisse partir de plus en plus loin.
À cause du vent, les deux hommes ne peuvent pas s'entendre et ne peuvent donc pas se parler.
Seul corde qui file entre leurs doigts indique le rythme et le sens de la progression par Simon.
Après une heure d'effort, au passage d'une ondulation de la crête,
Joe disparaît soudain de la vue de Simon qui ne s'en file pas, non,
qui pense que son compagnon a accéléré, qu'il est passé de l'autre côté,
qu'il attend là-bas. Voilà, tout simplement.
Mais c'est alors que Simon est propulsé en avant.
En une fraction de seconde, la corde se tend bien.
Je fus instantanément tiré sur plusieurs mètres.
Alors vite, dans la précipitation,
j'enfonçais mes piollets dans la neige et me ramassais sur moi-même dans l'attente d'une autre secousse.
Mais rien ne se passa.
À l'évidence, Joe était tombé.
Mais comme je ne le voyais pas, je préférais ne pas bouger.
Bout de dix minutes, la tension sur la corde se relâcha.
Je suivis ces traces.
Tous mes sens en alerte, prêts à planter mes piollets à tout instant.
Devant moi, la corde filait et disparaissait dans le vide.
Joe avait disparu.
Accroché à la pente, la tête en bas, une jambe entortie vers la corde,
l'autre pendant sur le côté, Joe Simpson, J, 60 mètres en contre-bas.
L'alpiniste est conscient, mais il souffre, et pour cause.
Lors de la chute, ses genoux ont percuté la paroi.
Depuis, Joe ressent une sorte de flamme dans toute sa jambe droite.
L'intensité de la douleur est telle qu'il se met urlée.
Et puis, impossible de bouger, son genou droit s'est brisé ainsi que sa jambe.
Diagnostique dramatique dans une telle situation.
A cette altitude, plus de 5 800 mètres en pleine tempête,
dans une corde A2, une simple folieur de la chafille peut condamner le meilleur des alpinistes.
Elle peut également être fatale à son compagnon qui tend très de l'aider.
Alors, comment faire avec une jambe avalide et douloureuse ?
La peur d'un abandon plonge Joe dans un état de panique.
A plusieurs reprises, il se fera plâter dans la neige pour essayer de se calmer.
Quelques minutes plus tard, Joe sent la corde se tendre.
Depuis son promontoire de neige, Simon lui fait signe.
Alors il laissant le rejoindre en rappel.
Que s'est-il passé ? Ça va ?
Surpris, je levais la tête.
Je ne l'avais pas entendu arriver.
Perché en haut de la muraille de glace, il me scrutait d'un air perplexe.
L'air de rien, j'annonçais d'une voix posée.
Je suis tombé. Le rebord a cédé.
Une pause, puis j'ajoutais d'un ton neutre.
Je me suis cassé l'agent.
Immédiatement, son visage change à d'expression.
Je ne le quittais pas des yeux. Je ne voulais rien manquer.
Simon posa sur moi un long regard insoutenable.
Puis il se détourna brusquement.
Mais j'avais eu le temps de voir passer dans ses yeux une expression fugitive.
Je savais ce qu'il pensait.
Malgré la fatigue, Simon réagit avec lucidité.
Il n'est pas question pour lui d'abandonner son ami,
car il sait que Joe ne le lâcherait jamais s'il venait se blesser lui.
C'est donc, à lui, Simon, de trouver un moyen de le redescendre en grande base.
Pour le moment, son vrai problème est d'arriver à libérer la corde
qui s'est bloquée plus haut lors de la chute.
Il n'a donc d'autres choix que de remonter.
Allongé dans la neige, Joe regarde impuissant son compagnon lutté
pour organiser cette opération de sauvetage insensée.
Mais il veut y croire. Il veut fuir cette montagne,
car il veut vivre tout simplement.
Dans un vénéspoir de montrer à Simon qu'il va mieux,
il tente alors de se mettre debout.
Mais il s'effondre.
Sans même lui adresser un regard, son camarade se retourne et escala de la paroi.
La sensation semble interminable, près d'une heure,
le tout sur un mur de glace où la paroi s'effite un peu plus,
à chaque fois entre ses doigts et c'est tout autant sous ses pieds.
Sur sa gauche et sur sa droite,
découler de neige pourrait tout moment l'emporter.
Il faut arriver en haut, Simon jette un regard pour voir où est Joe.
Et bien il est là, 60 mètres plus bas,
tentant de s'éloigner du mur de glace.
Joe lutte pour sa survie,
une lutte qui semble si veine pour Simon.
Dans un sens, j'espérais presque qu'il tomberait.
Je ne pourrais jamais l'abandonner tant qu'il était capable de lutter.
Pourtant, je me sentais impuissant lui venir en aide.
D'autre part, je savais que seul j'avais toutes les chances de m'en sortir
alors que si je tentais de le tirer de là,
nous risquions fort d'y rester tous les deux.
Je n'avais pas peur de mourir sur cette montagne,
mais cela me paraissait absurde.
Et je le suivais du regard, guittant une chute.
10 minutes plus tard, une fois l'accord de récupérer,
Simon aurait décidé de rejoindre son compagnon à rappel
et leur périple reprend.
Le premier valide marche devant et tasse la neige
pour faciliter l'avance et le second handicapé par sa blessure.
Malrin douleur, qui lui remonte jusqu'au bassin,
ce dernier arrive à se tenir debout, pietine et avance comme il peut.
Pour essayer de minimiser l'usage de sa jambe droite,
il fait des gestes répétitifs qui ressemblent presque au mouvement automatique d'une machine.
Guidée par la seule volonté d'échapper la mort,
Joe en oublie l'os de son petit bière cassé qui lui scisaille l'articulation du genou.
Le col de la délivrance se trouva moins de 200 mètres en contrebarre sur leur gauche.
Il est indispensable pour eux de le franchir pour pouvoir redescendre
de la manière la plus directe vers le camp de base.
Les deux hommes mettent alors en place un rappel
pour que Joe puisse laisser glisser le long de la paroi.
Ensuite, Simon rejoindra et ils traverseront tous les deux lapantes à l'horizontale
pour atteindre le col. Voilà pour le plan.
Sans même prononcer un mot, Simon plante un pied dans la neige.
Il fait de même avec un autre. Une fois le support de Relais prêt,
il fait signal Joe d'accrocher leurs deux corbes
et de se préparer à descendre le long de la paroi incvinée.
Allongé sur le ventre, Joe se laisse glisser 10 mètres, 20 mètres, bientôt 40 mètres.
Au bout d'un temps, qui me parut très court, la corde s'immobilisa.
Je n'apercevais plus que la tête et les épaules de Simon, tout là-haut.
Ils criaient, mais ses paroles se perdaient dans le vent.
Trois coups me diraient clairement ce que je n'avais pas compris.
Comparé au temps que m'avait demandé la traversée sous l'arrête,
la vitesse de cette descente me stupéfiait.
50 mètres, déjà.
Je ne pus réprimer un petit rire nerveux.
J'étais sous d'un passé du plus profond des espoirs à l'optimisme le plus fou.
La mort s'éloignait de moi.
Elle n'était plus omniprésente et je la reléguais au rang de vagues possibilités.
Je pris appui sur ma bonne jambe.
J'avais parfaitement conscience qu'à ce moment même nous étions extrêmement vulnérables.
Si par hasard je glissais, Simon pris de cours n'aurait pas le temps de réagir
et le choc l'arracherait de la montagne.
J'enfonçais profondément mes piollets dans la pente et ne bougeait plus.
Le col s'était sensiblement rapproché.
Trois secousses.
J'entamais les 50 mètres suivants.
Et comme si les choses n'étaient pas assez compliquées comme ça, voilà que la météo s'y met.
Évidemment.
Qui rend la deuxième partie de la descente infernale.
La tempête qui s'était calmée reprend et à mesure que le temps passe,
les températures chutent.
Moins 15, moins 20, moins 25 degrés.
Accroché à la paroi, Joe voit son compagnon le rejoindre.
Alors, sans ajouter un mot et sans perdre une minute,
il s'engage à l'horizontale de la pente pour atteindre le col.
La corde relit toujours à Joe.
Les deux hommes progressent en silence
et au bout d'une demi-heure franchissent la centaine de mètres
qui leur permet de basculer sur l'autre versant derrière le col.
Bien, ce premier obstacle franchi, c'est une vraie lueur d'espoir pour Joe.
Il se pensait condamné.
Il veut croire désormais que rien n'est joué et qu'il va pouvoir s'en sortir.
Mais cette forêt ne dure qu'un temps
car la météo sur laquelle on peut toujours compter
pour souffrir se déchèner encore et encore.
Terrible, sans pitié.
La tempête s'était amplifiée.
Au point que les rafales chassaient la neige en tourbillon ininterrompue.
D'une telle violence que je faillais être arrachée à plusieurs reprises
quand j'étais en train de creuser le relais.
Des poignées de petites aiguilles glacées me giflent et le visage me brûlant la peau
et s'infiltrant dans les moindres interstices.
J'étais au bord de l'épuisement.
Une fois l'occurre passée, les deux alpélistes mettent en place un nouveau rappel.
Joe passe en premier. Simon assure sa descente.
Le relief de la paroi est cette fois plus favorable,
car plus incliné.
Et il permet à Simon de laisser glisser la corde
et ainsi faire descendre Joe beaucoup plus vite.
Mais en bas, secoué par les rafales de vent qui le plaquent contre la paroi
et par le secousse de la corde, Joe crie de douleur.
Personne ne peut l'entendre, personne ne peut comprendre à quel point il souffre.
Et pourtant il se bat pour gagner mètre après mètre et redescendre.
Alors que Joe et Simon se préparent pour leur huitième relais
et ne violentent que les neiges les recouvrent jusqu'aux épaules
et menacent de les faire basculer dans le vide.
À quelques dizaines de mètres, ils se rendent compte qu'un pan de montagne entier
vient d'être emporté par une avalanche.
Mais une fois de plus, ils s'en sortent.
Après avoir réussi à s'excerper de la neige,
les deux alpinistes reprennent leur descente marathon.
Joe m'avait adressé un sourire avant de disparaître dans la pente.
Pas un véritable sourire, à vrai dire, plutôt une grimace de souffrance.
Je le fit descendre très vite, ignorents et cris.
Il s'était rapidement fondu dans la nuit.
Une autre coulée déferla sur moi recouvrant la corde.
À part son poids qui tendait mon vaudrier,
aucun signe ne trahissait sa présence.
Je ne sentais plus mes mains.
Elles s'engourdissaient au fur et à mesure que le nœud approchait.
Elles se rédissaient sur la corde comme des pince.
Un quart d'heure plus tard, Simon entend une sorte de crissement derrière lui.
Et alors qu'il se retourne pour éclairer la zone, il s'en va projeter en avant.
Il glisse, roule sur lui-même, sur plusieurs mètres,
avant de réussir à planter son piolet pour s'arrêter.
La corde, qui le relie à Joe, est toujours tendue.
Aucun doute, son compagnon a probablement basculé dans le vide.
De sa position, Simon ne peut pas voir Joe, ni l'entendre.
Alors il laisse filer encore un peu la corde
dans l'espoir que Joe trouve une accroche ou rejoigne la paroi.
Mais rien. L'attention sur la corde reste la même.
Elle lui tire sur son baudrillet, ce qui a pour conséquence
de couper l'arrivée du sang et d'engourdir ses jambes.
Et Joe en bas, est-il encore en vie ?
Pendant près d'une heure, Simon reste immobile, assis sur la neige,
espérant sentir la corde bouger.
Un moment, il sent qu'il glisse et qu'il part en avant encore une fois.
C'est étrange d'ailleurs, car la corde, elle, reste fixe,
signe que Joe en bas ne fait aucun mouvement.
En réalité, c'est la pente de neige
sur laquelle Simon est assis qui menace de céder.
Aucune solution de se présenter à mon esprit.
De toute façon, je n'avais pas le choix.
Il y avait bientôt une heure que Joe était tombé.
Je tremblais de froid, et malgré mes efforts,
mes mains relâchaient leur prise sur la corde qui glissait peu à peu.
Le neu heurta mon point droit.
Je ne peux rien faire.
La panique m'est traînée.
J'oubliais les coulées de neige, le vent, le froid.
J'allais être entraîné.
De nouveau, le siège bougeait sous moi.
De la neige glissait des côtés et tombait sur mes pieds.
Je la tassais furieusement avec mes pieds,
et le mouvement c'est ça.
Pour combien de temps ?
Il faut que je fasse quelque chose.
Le couteau.
L'idée s'imposa. Brutale.
Le couteau, bien sûr.
Vite, prends-le, dépêche-toi !
Bloqué dans le descendeur,
le neu de la corde empêche Simon de se détacher.
Il doit donc couper la corde.
Lorsqu'il se saisit de son couteau,
il manque de le faire tomber dans la neige.
L'approchant de sa bouche,
il l'ouvre avec ses dents,
puis, de sa main,
il pose la lame sur la corde.
Son cœur se met à battre de plus en plus fort.
Lorsque la lame du couteau rencontre la corde,
celle-ci tendue et gelée,
et qu'attend de proche-temps brutalement Simon en arrière,
au fond de son siège de neige.
Loin de me calmer,
Jean-Vin a m'accusé d'autosatisfaction.
Après tout,
n'étais-je pas fier d'avoir pensé à couper la corde,
alors que j'étais perdu,
j'avais eu la force d'accomplir ce geste.
Merde, c'est vrai !
Ça demande tout de même une certaine force de caractère, non ?
La plupart des gens seraient morts avant d'en arriver là.
Et moi, je suis vivant,
parce que j'ai tenu le coup jusqu'au bout.
J'avais agi avec sans froid,
vérifiant même que la corde
ne risquait pas de s'entortiller autour de mon pied.
C'était justement ce qui compliquait les choses.
Je devrais culpabiliser.
Pourtant, je ne me sens pas coupable.
J'ai agi de façon responsable, c'est tout.
Mais, tcho.
France inter,
à faire sensible.
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
Sous-titrage ST' 501
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C'est ce qui lui fait comprendre aussi
qu'il ne rêve pas qu'il est en vie.
Joe se met alors à rire et à pleurer.
Et il lui faut de longs instants
pour reprendre ses esprits, comprendre où il est
et surtout, ce qui vient de se passer.
Quelques minutes,
ou peut-être quelques heures plus tôt,
Joe se souvient qu'il était suspendu
à la corde à 30 mètres plus haut,
son corps balance en dangerusement dans le vide
au-dessus de la crevasse.
Il se rappelle aussi avoir crié,
Simon, et avoir somnelé.
La paroi était là,
tout juste quelques mètres de lui.
Il voulait l'atteindre, il plantait son piolet,
mais c'était impossible.
Après s'être redressé,
Joe allume sa frontale et observe la crevasse
dans laquelle il se trouve.
Sa première préoccupation est de se regarder
où est Simon.
Et il en vit.
Alors il hurle, autant qu'il peut le nom
son compagnon cordé.
Mais les parois de glace lui renvoient
au nord le son.
Mon seul espoir restait Simon.
Mais s'il était toujours en vie
comme je le pensais,
ne croirait-il pas que j'étais mort ?
Joe hurlait son nom.
L'écho me le renvoyait
comme une gifle, et il roulait longtemps
à travers les méandres de la crevasse.
Le son ne traverserait
jamais ses murailles.
Je me trouvais à une telle profondeur.
Quand Simon verrait la taille
de la crevasse et la falaise de glace
qu'il a dominé,
il en conclureait immédiatement
que je n'avais pas survécu.
Joe se rend à l'évidence
Simon est mort.
Probablement projeté dans le vide
lors de ce qu'il pensait être
leur chute à tous les deux.
La corde qu'il a reliée à l'autre
a dû se sectionner sur un rocher
ou un morceau de glace saillante.
Ou bien Simon a coupé
la corde pour s'en tirer.
Tout est possible.
Si sur son sac, Joe éteint sa frontale
et tente de se reposer un peu
avant de chercher un moyen de sortir de la crevasse.
A quelques centaines de mètres,
dans une sorte de petite grotte
à même la falaise
qui lui sert d'abris pour la nuit,
Simon est là.
Le corps gelé, bien vivant.
Autour de lui,
ce n'est que silence profond, oppressant.
Simon a l'impression
qu'il me lasse plane sur lui.
Et si la montagne faisait de lui
qu'à deuxième victime, comme pour venger Joe,
car il est persuadé que son compagnon
n'a pas survécu.
Il est vrai qu'après avoir coupé la corde,
Simon a longuement tenté de regarder en bas.
Mais il n'a rien vu.
Non, pas une trace du sac
ou de la combinaison rouge et noire de Joe.
Au petit matin, Simon repart
au premier rayon du soleil.
Il s'est refléxié,
et de retourner une centaine de mètres en amont,
là où ils étaient encore des tous les deux, la veille.
Mais une fois sur place,
il ne voit, ne trouve rien.
Non, son compagnon a probablement été
emporté beaucoup plus bas.
Lorsqu'il reprend sa descente,
Simon avance sans hâte
dans ce monde de silence.
Son esprit toujours troublé par ceux qui s'est passé la veille.
Une solitude dévastatrice
avait fondu sur moi.
Contrairement à ce que je pensais,
j'avais perdu.
L'étrange sensation
d'être condamné qui m'accompagnait
depuis la grotte
prenait enfin tout son sens.
Je regardais le mur de glace.
Si je n'avais pas coupé la corde,
je n'aurais pas survécu
à une chute.
Mais j'étais vivant,
et j'allais rentrer chez moi.
Et qui donc me croirait
quand je raconterais notre aventure,
qui comprendrait
que la situation était à ce point sans issue.
Après plus d'une journée d'effort,
un marché dans la neige et les cailloux,
Simon arrive enfin en camp de base
sur un grand plateau rocheux situé
à un peu plus de 4000 mètres d'altitude.
Sur place, il retrouve leur troisième ami,
Richard.
Ce dernier aurait dit se trouver avec eux
lors de l'ascension, mais pris du mal
à s'arriver mais aux alpinistes,
il a préféré renoncer.
Lorsqu'ils voient Simon rentrer seul,
il lance les renquiers
et Joe.
Joe est mort, il lui répond l'aconiquement
Simon.
Leurs conversations s'arrêtent là.
Durant les orcs qui suivent,
les deux hommes sont incapables de se regarder
en face, ils sont comme tétanisés,
comme leurs consciences, gelés.
Plus tard, dans la soirée,
après leur repas sous l'attente,
la conversation reprend.
Alors, Simon raconte à Richard
ce qui s'est passé là-haut.
Le sommet, la tempête, la chute de Joe,
sa jambe cassée, leurs tentatives
désespérées de redescendre tous les deux,
les rappels, le couteau, la corde
et puis le moment où Joe a basqué
les dents vides. Richard l'écoute,
sort l'interrompre.
D'or, la tempête reprend le plus bel,
un rondement
fait trembler le sol,
une avalanche sans doute.
Je n'osais pas regarder vers le bas.
J'avais trop peur de n'y découvrir
qu'un abîme sans fond.
Dans ce cas, je stoppere le rappel,
je savais bien.
Et puis après,
ils s'en suivraient une lutte désespérée
pour rester accrochée à cette corde à tout prix.
J'essaierais de remonter sans y arriver
et je me battrais pendant d'interminables minutes.
Non.
Je préférais encore ne pas regarder.
Le courage me manquait.
J'avais déjà assez de peine à conjurer la peur
qui s'était emparée de moi depuis que j'avais entamé la descente.
Mais c'était comme ça.
J'avais pris une décision
et j'étais trop engagé pour reculer.
Si la mort m'attendait en bas de cette pente,
je la voulais soudaine
et rapide.
Lui, il descend
et plus l'obscurité devient étouffante.
L'air qu'il respire est glacé
et lui brûle les ponds.
Avez-vous pas la corde, la tête contre la paroi,
sa frontale comme seule source de lumière,
Joe se laisse aller de plus en plus bas.
Et c'est là que l'impensable se produit.
L'alpiniste
aperçoit une sorte de tapis de neige
et une faille en contre bas.
C'est en réalité un plafond naturel suspendu
au milieu de la crevasse.
De l'air semble faire voler la neige
depuis la faille, ce qui indique
celle-ci donne sur l'extérieur.
Il faut auprès de deux heures,
pour arriver à le rejoindre,
sans briser le tapis neigeux et ramper
à l'intérieur de la faille.
Après quelques mètres,
il aperçoit alors des rayons lumineux.
Une heure plus tard,
sa tête émerge à l'air libre
et il se retrouve en plein soleil.
En observant le relief,
il se rend compte qu'il y a
tout juste 60 mètres du glacier
à peu près à une dizaine de kilomètres du camp base.
Et là, au loin,
il aperçoit une corde qui pend vers la droite.
Aucun doute,
c'est celle que Simon a utilisée
pour redescendre.
Joe comprend alors
que son compagnon est encore en vie.
Les événements des derniers jours
se fondaient dans le brouillard.
Je flottais à mi-chemin entre rêve et réalité
sur une frontière floue
ou confin de la conscience.
Vivant,
mort,
je pouvais dire la différence.
Devant la tête, je hurlais un nom
dans la nuit.
Simon !
Je chancelais sur mon rocher,
essayant de percer les ténèbres.
Je les implorais frénétiquement
et j'entendais une voix brisée
et murmurée à mes côtés.
Vous en prie, soyez là.
Vous devez être là.
Oh mon Dieu.
Allez, je sais que vous êtes là,
espèce de salaud venant mon secours.
N'aimez-vous ?
Quatre jours plus tard,
alors que tout le monde croit mort,
Joe s'accroche à la vie avec une jambe brisée,
sans nourriture, ni eau,
outre celle de la glace qui fait fondre
et puis le froid,
ultime surprise.
Prit parfois de bouffer de délire,
enivré par une sorte de voix
qu'il entend et qui lui dit d'avancer,
tout se mélange.
Il marche, se confonde avec les moments où il s'effondre
pour se reposer.
Seul cette douleur qui martirise sa jambe
reste hélas permanente.
Joe veut croire que le combat
est toujours là, il veut croire que ses deux amis
l'ont attendu.
Lorsqu'il réussit à atteindre le grand plateau
à plus de 4000 mètres d'altitude,
il fait nuit, le ciel est couvert.
Sans vraiment être certain de son chemin,
il puise dans ses souvenirs du trajet aller,
des détails sur le chemin
parcouru avec Simon.
Alors,
presque à la veugle,
Joe navigue entre les rochers et les pierres
dans ce labyrinthe silencieux.
Il suit une rivière qui redescend.
Cinq heures s'écoule avant qu'une aperçoive
vers quatre heures du matin,
au loin,
il sort de l'ur rouge
sur le sol.
Un feu. Alors, Joe appelle,
il hurle.
Quelques instants plus tard, au loin encore,
il croit entendre des sons étouffés
et voir d'être une autre main.
Une lumière dansée en tout sens
s'approchant rapidement.
Un brit paraclant les cailloux,
puis une voix affolée.
Et la lumière tomba sur moi,
m'aveuglant.
Des bras puissants me saisir,
me soulever.
Et le visage de Simon m'a paru soudain.
Joe ?
Oh bon Dieu !
Mes bordelles !
Putain, regarde ça !
Merde Richard, soutiens-le !
Relève-le, relève-le, espèce de con !
Oh bon Dieu, Joe, mais comment, comment ?
Simon s'agenouille auprès de Joe.
Les yeux des deux hommes traduisent leur désarroi,
la pitié aussi,
l'horreur et l'inquiétude.
Avant même que Simon ait pu prononcer une parole,
Joe lui miracule l'homme qui a survécu
une chute de 10 mètres,
qui s'est brisé la jambe, puis s'est extirpée d'une crevasse,
et qui a rampé et marché seul
pendant quatre jours sans eau,
ni nourriture.
Prenoncez-moi l'adresse de son compagnon de Cordée.
Je ne t'en veux pas, Simon.
Tu as bien fait.
Quatre semaines plus tard,
les deux amis sont de retour en Angleterre.
Sur place, ils pensent tourner la page.
Mais les rumeurs et les informations
paruent dans la presse à sensation outre-manche
les condamnent à une célébrité sordide,
donc qu'il se serait bien passé.
Car tout le monde y va de son commentaire,
y compris de la part de ceux qui ne connaissent rien à la montagne.
Et selon une tradition sociale vielle
qu'au monde, on juge, on fait la morale,
c'est un maudit moral.
Simon est mortifié,
la presse le traite comme un criminel,
un assassin.
Le club alpin huitanique menace de l'exclueur
pour faute grave.
Joe, le survivant, ne comprend pas
ce déferlement et cette haine de la part
de personnes qui ne savent rien d'en faire,
qu'ils ont vécu tous les deux.
La sortie du livre, Joe Simpson,
intitulé La mort suspendue en 1988
et du documentaire Eponyme
réalisé par Kevin McDonnell dans 2003,
qui pourtant explique honnêtement
les coulisses de cette histoire,
ni changeront rien.
Les donneurs le sont rajoutent toujours drames.
Quelques soit drames, c'est comme ça en montagne.
Et ailleurs.
On s'aime
J'irai la haut
Là où tout s'illumine
Là où rien ne s'avime
Pour qu'on s'aime
Sur la montagne nu
Je planterai
un drapeau
Au conquérant
de l'inutile
Au conquérant
de l'inutile
Je combattrais
la nuit
Si tiens
si tiens
à main de nous
Je combattrais
la nuit
Si tiens
si tiens
Je ferai briller
ma vie
Je ferai briller
ma vie
Je ferai briller
ma vie
Pour qu'on s'aime
Bien après
les cils
Bien après
les cils
Bien après
les cils
Je t'aime
ça fait une bonne heure
A l'alpiniste
notre invité charlie buffet
Bonjour
Vous êtes un père pignan
C'est ça, vous m'entendez bien
vous êtes écrivain, traducteur et directeur
éditorial de la maison guérin
à Chamonny
vous êtes un passionné de montagne
d'une dizaine d'ouvrages et de nombreux articles
où vous explorez la demusure
et la passion des alpinistes
pour les sommets
vous-même alpiniste déjà pour commencer
Oui mais pas du tout
dans ce genre d'aventure
Alors vous avez rencontré Joe Simpson
3 reprises
racontez-nous
quel est cet homme en vrai
donc on a évoqué la tragédie dans le récit
Joe Simpson c'est un écrivain
profondément
et c'est ce qui a fait
le succès
et le fait qu'on parle toujours
de cette aventure aujourd'hui
c'est qu'on a affaire à quelqu'un qui a une
une intelligence, une sensibilité
une capacité de raconter de l'intérieur
ce qu'il a vécu
qui est tellement fine, tellement intense
que ça marque très durablement
on peut
comme vous l'avez très bien fait
restituer le déroulement des faits
mais Joe Simpson a été bien bien au-delà
en explorant
très profondément
ce qui lui est passé par la tête
dans les 4 jours dont vous parlez
où il est rampé sur ce glacier
abandonné tous avec une chambre cassée
et sans rien à manger de ni boire
et avec comme seul fil
qu'il le reliait
l'espoir de retrouver ses compagnons
pour ne pas mourir seul
et cette intensité qui met dans ce récit
c'est ce qui fait
qu'il a pu être adapté
au cinéma
enfin dans un documentaire magnifique
et tout récemment
dans des pièces de théâtre
il a vécu l'effet
surtout que c'est un homme intelligent
et qui écrit bien
ça fait un témoignage saisissant
j'imagine qu'il a encore marqué aujourd'hui par cette histoire
je ne sais pas si vous l'avez vu
mais comment il peut
il veut la garder aussi cette histoire
parce que ça fait partie de son histoire
ou ce qu'il voudrait l'oublier pour mieux repartir
enfin maintenant ça fait comme un certain temps
mais où on est-il ?
je ne vous parlerai pas d'aujourd'hui même
la dernière fois il y a
une quinzaine d'années quand
il avait
quand le film documentaire est sorti
et donc j'avais fait
son portrait cette occasion
et j'avais été
très impressionné parce qu'il racontait
du tournage du film
parce qu'il y a ce film documentaire qui est très bien fait
et
réalisé avec des doublures
ce sont des acteurs
qui jouent le rôle des deux alpinistes
comme nous dans cette émission
et on les identifie très bien comme des acteurs
qui jouent
à la place comme des mimes on les entend pas beaucoup parler
et la voix vient de Joe lui-même
et de Simon qui sont interviewés
sur fond noir
et on entend sa parole de façon très intense
et
toute la partie du film qui se déroule sur place
qui a été tournée sur place
sur la grande D on imagine naturellement
que ce qu'on voit c'est toujours ces doublures
et qu'on voit
un acteur qui est en train de ramper sur le glacier
en fait les acteurs n'avaient pas fait le voyage
ça coûtait trop cher à l'époque à la production
et c'est Joe lui-même qui a rejoué
son propre rôle pour le tournage du film
et ce qu'il m'avait raconté
à ce moment là était très très
assez noir en fait
c'est que cette histoire
qu'il avait réussi à mettre à sa place en écrivant
par l'écriture
par la libération
qu'on procure l'écriture
qui a frappé
dans cet endroit, ce lieu où il avait vécu
où il s'était vu mourir
et il avait revécu ce sentiment d'abandon
puisqu'il était tout seul sur le glacier
le cameraman s'était placé très loin
avec un tel objectif
et il a revécu et ça l'a replongé
dans une angoisse terrible
de revivre cette situation
donc ce que ça signifait pour moi
c'est qu'il s'était libéré par l'écriture
et que ensuite
il avait
malgré ça il avait toujours cette histoire
qui l'habitait au plus profond
et qui était prête à ressurgir
alors aujourd'hui moi ce que je peux en dire
c'est ce que je lis dans des
des interviews et puis je l'ai un peu fait
écrire dans une encyclopédie
que j'ai dirigée pour Guérin
il a tourné la page
il a arrêté l'alpinisme en 2009
et il
il raconte que rien n'a pris la place
de l'alpinisme, que ce qu'il a vécu est tellement intense
que rien ne remplacera pour lui
jamais l'alpinisme
mais en revanche il dit qu'il s'est marié
et que ce qui fait qu'il a pu se marier
et que ce n'est pas une coïncidence
c'est-à-dire que pour lui l'alpinisme est quelque chose
de tellement
égoïste et personnel
que ça ne laissait pas la place
à une relation durable
et donc il s'est marié
et puis il s'est mis à l'ébénisterie
et ça il m'a dit
qu'est-ce qu'il nous veut
quelle nouvelle
Simoniette, ça écrit lui aussi
un livre que nous avons publié chez Guerin
qui raconte
son point de vue de l'histoire
mais qui raconte surtout une autre histoire
il voulait montrer qu'il avait
qu'il était passé à autre chose, qu'il avait eu d'autres aventures
et
il a fait un point
une sorte de bilan assez
rapide où il reprend
à peu près dans les mêmes termes que ce qu'a dit
Simon, que ce qu'a dit Joe
ce qui n'est pas étonnant d'ailleurs
parce que vous parlez du jugement à extérieur
en fait, ce qui est intéressant
le fait qu'on ait les témoignages écrits
et de ce film d'ailleurs
le témoignage des acteurs de cette histoire
il n'y a pas un moment
où il y a la moindre douce de condamnation
vous l'avez dit dans votre constitution
Joe remercie immédiatement Simon
d'avoir coupé l'accord
parce qu'il sait que
sinon Simon serait peut-être
lui aussi
et Joe n'aurait peut-être pas eu
plus de chance de s'en tirer
et donc il a fait ce qu'il fallait pour sauver sa vie
il a fait le geste qu'il fallait
et ça n'a jamais été
la moindre ombre entre eux
ça rend encore plus insupportable
les donneurs de le son extérieur
alors les deux hommes sont-ils toujours amis ?
les donneurs de le son
si je peux me permettre
les donneurs de le son c'est un réflexe
qui tient
au cliché, en fait on a le cliché
en part de la montagne
de l'accordé
qui est
censé être ce lien indéfectible
et donc c'est un cliché qui est en partie vrai
bien sûr on voit en montagne
la plupart du temps en cordée
et ce lien est fondamental
dans les aventures
qu'on vit en montagne
mais le fait de couper
l'accord dans l'esprit
de tout le monde
des alpinistes et tout le monde
c'est de devenir ce cliché
de je coupe la corde avec un couteau
c'est presque l'arme du crime
et le couteau qui coupe la corde
et ce cliché là
il vient trop facilement à l'esprit
et finalement
ce que permet la littérature
et ce que moi je pratique chez Guérin
en faisant appel aux témoignages
de tous ceux qui vont en montagne
des gens passionnants qui vont vivre des aventures
en montagne c'est que ce qui se passe
est souvent très loin des clichés
mais effectivement
mais est-ce que ça répond
la relation entre tous les deux
qu'est-ce que vous m'avez répondu là dessus
la relation entre tous les deux
après grave
il se soit éloigné
pour une raison toute simple
c'est que Joe
était très abîmé
il a été
soigné pendant assez longtemps
et puis comme c'est quelqu'un
qui est quand même assez
à prendre des risques dans sa période
de grand alpinisme
il a eu d'autres accidents
et donc ils ont
entre les séjours de Joe
à l'hôpital et le fait que
Simon vivait lui
ses propres aventures
en expédition le plus souvent
leurs chemins se sont éloignés
mais sans qu'ils soient fâchés
en revanche ce que Joe m'avait raconté aussi
c'est que le tournage
avait recréé
des tensions
de même qu'il avait le tournage du film
réveillé des angoisses chez Joe
il avait
créé un peu une situation difficile
pour Simon qui se retrouvait
dans la position de pas avoir le beau rôle
en fait
on va se retrouver Charlie Buffet
dans 3 minutes pour continuer
à parler de cette aventure
tiens un autre duo
Julien Doré est le préto
qui chante l'arme fatale
...
sur ma bouche les arguments
et les baisers
je sais j'en ai mis du temps
pour te trouver
j'ai remis les gants
pour venir te toucher
au milieu des torrents
de médiocrité
si la puce
installe bien sûr mon oreiller
j'ai l'alarme fatale
mais j'ai rien oublié
tu sais
tout est incertain
et tout est dispersé
j'ai vendu mon âme
avant de négocier
oh
elle est pas belle
la vie
oh
elle est pas belle
la vie
oh
elle est pas belle
la vie
prends moi par la main
et dis moi si j'ai pied
des fois que j'avale
un peu de leurs idées
la vie
me fait mal avec
un coup de dé
mourir c'est pas grave
c'est que tout le monde le fait
oh
elle est pas belle
la vie
oh
elle est pas belle
la vie
oh
elle est pas belle
la vie
elle est pas belle
la vie
elle est pas belle
la vie
elle est pas belle
la vie
elle est pas belle
la vie
elle est pas belle
la vie
Hum...
Si les cœurs sont sale, il faut les nettoyer
On éteint la flamme avec de l'eau salée
La nuit je suis grand et le jour je suis lait
Partons bien avant que le soleil soit tombé
France Inter
Affaire sensible
Fabrice Drouel
Charlie Buffet, dans les médias, on donne souvent à la montagne le mauvais rôle
C'est lui de mangeuse d'homme, on dit ça aussi pour la mère
Est-ce que vous êtes de cette avis ?
Pas du tout
C'est intéressant, allez-y
Je suis fait partie des gens qui pensent que la montagne
on va y chercher ce qu'on a envie d'y vivre
Si on est un alpiniste ambitieux
qui veut explorer un peu des nouvelles frontières
on va accepter une dose de risque plus ou moins grande
qui peut être très grande
et donc on va accepter de s'exposer
aux avalanches, à la chute
aux chutes de pierre
et donc on accepte cette équation
qui peut finir mal
mais qui est un profondément un choix
et donner à la montagne le rôle de celle qui tue
ça me semble être un vrai contresens
mais il a la vie dure effectivement
Mais rassurez-vous c'est pareil pour la mère
parfois les mêmes choses
Vous êtes en désaccord avec le concept
selon lequel ce sont des endroits dangereux
l'homme ne devrait jamais aller
parce qu'on entend ça aussi
Je vais séparer votre phrase en deux
ce sont des endroits dangereux
où il y a un état de risque
ce qu'on appelle les risques objectifs
même si on ne fait pas d'erreur
on peut se retrouver exposé à des risques mortels
mais si on est quelqu'un de très raisonnable
et qui veut retirer tout risque de sa vie
on dit qu'il ne faut pas y aller
il y a eu des tentatives d'interdire la fréquentation de la montagne
parce que c'était trop dangereux
par exemple après la première ascension tragique du servant en 1965
il y avait eu une tentative pour interdire le servant
ou même interdire l'ordre d'anglais d'aller se mettre en danger
dans ces lieux
ça n'a jamais eu de suite
et j'allais dire heureusement
parce que c'est un des lieux
où on peut choisir de vivre en façon risque
dans une société qui n'en veut plus
donc c'est ce qui rend ces lieux
des scènes d'une dramaturgie très théâtrale
on vit des trajets dix grecs
aujourd'hui encore en montagne
parce que c'est un lieu
où on accepte
je parle pour les grands alpinistes
qui font le choix d'aller vers un alpinisme engagé
difficile, novateur
quand on va vers ce type d'alpinistes
on accepte d'être confrontés
à un risque mortel
et c'est un des rares lieux
où on peut encore, surtout à ce point-là
faire ce genre de choix
on peut extrapoler
aux skyourpistes
vraiment pour le grand public
qui mobilise les secours
qui crée un certain désordre
là encore
une volonté d'aller là
où on ne va pas classiquement
sur les pistes
j'imagine que c'est un problème
pour vous dans toutes les stations
dans tous les lieux de montagne
chaque hiver on entend pour les mêmes raisons
des drames de gens qui ont fait des skyourpistes
qui ont été emportés par une avalanche
on a beau leur dire
comment on gère ça
en montagne
on apprend à maîtriser le risque d'avalanche
on a publié un livre très complet
pour raconter comment
qu'est-ce qu'on peut faire
pour maîtriser et connaître le risque d'avalanche
et puis ensuite
ce n'est pas si simple
oui, il y a le concept de liberté aussi
il y a le concept de liberté de déplacement
et de mouvement, on disait tout à l'heure
on voulait interdire le servin
c'est absurde d'interdire la montagne
oui mais on n'a pas d'un côté
des gens, des têtes brûlées
qui vont se précipiter en hors-piste
pour se mettre sous un avalanche
et de l'autre côté des gens sérieux
qui vont les chercher
pour réparer les bêtises
et le désordre qu'ils ont créé
il y a aussi des stations qui communiquent
sur la poudreuse
les images magnifiques
cette impression de liberté qu'on a
quand on descend dans une belle pente de poudreuse
c'est pas si simple
c'est pas d'un côté des têtes brûlées
et de l'autre la raison
mais profondément
un désir d'aller
ça c'est
fait partie d'ailleurs de ce que
Joe Simpson a très bien raconté
dans l'esprit, ce qui est l'esprit de l'alpinisme
ce désir
d'aller malgré le risque
d'aller se confronter pour vivre intensément
et je pense que là on peut trouver
un point commun
avec la griserie
qu'on peut ressentir dans une belle pente de poudreuse
oui c'est
un espace attirant
dangereux
ou avec
l'expérience
on peut apprendre à maîtriser
ce risque et ce danger
et ça aussi c'est
grisant et je pense
un message intéressant aujourd'hui
dans une société qui ne veut plus entendre parler du risque
et mais ce sera
précisément ces paroles sages
pour constituer le mot de la fin
merci infiniment chérie buffet
bonsoir
c'était Affercensible aujourd'hui Joe Simpson
Simon Yates une émission que vous pouvez réécouter
en podcast bien sûr
à la technique aujourd'hui levée Michel Bézikian
et partons à la découverte
de ce que nous a préparé
l'ami d'Oconne bonjour Antoine
bonjour Fabrice d'abord je salue
Michel Bézikian parce que ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu
il vous fait un petit coup
bonjour Michel
aujourd'hui on reçoit Jonathan Lambert
qui va nous parler de Rodolf mais qui est Rodolf
vous demandez-vous certainement
c'est le nom de son nouveau spectacle
c'est bien
en même temps c'est vrai
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durée :00:54:46 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle, Christophe Barreyre - En mai 1985, dans la Cordillère des Andes, deux alpinistes tentent de réaliser l’ascension d’un sommet de 6 300 mètres. L’endroit est dangereux et reste inviolé par l’homme. Les quelques rares expéditions qui ont tenté leur chance ont renoncé à cause des chutes de pierre et des avalanches. - réalisé par : Laurie-Anne TOULEMONT