La source: Danielle Darrieux dans le train de la honte

Radio France Radio France 9/6/23 - Episode Page - 51m - PDF Transcript

France Inter

Aujourd'hui, dans un faire sensible, une histoire embarrassante.

Durant la 2e guerre mondiale, des tournées sont organisées

afin que les artistes français les plus célèbres

rencontrent leurs homologues allemands tous sympathisants nazis.

L'une initiative, pilotée en sous-main par Joseph Goebbels lui-même,

le ministre allemand de l'éducation et de la propagande,

la manipulation des masses.

L'une de ces tournées dure 12 jours et devient l'un des symboles de la France déshonorée.

12 jours, pendant lesquels les plus grandes vedades du cinéma français

ont droit à des rencontres, des projections, des diners,

tout en étant loger dans des hôtels de luxe.

Parmi ces bonnettes, l'actrice Daniel Dario, qui 20 ans avant bébé,

fait chavirer le cœur de français avec ses initiales d'aider,

mais qui n'hésite pas à tourner sous l'égide de la continentale,

une maison de production à capitaux allemands,

lorsqu'elle n'écume pas les soirées au bras de Portofio Rubirossa,

un plus beau diplomate pour qu'elle se compromet au point de monter

dans ce fameux train d'un honte en route pour une tournée allemande.

Mais était-il possible d'agir autrement ?

Dans quel état se trouvait le cinéma français en 1939 ?

Comment comprendre que la production cinématographique française

fut, durant la guerre, si florissante ?

En résumé, travailler sous l'occupation

signifiait-il que l'on travaillait pour l'occupation ?

Notre invité aujourd'hui, Jérôme Bimbé, historien du cinéma

et auteur du livre Voyage à Berlin, Daniel Dario sous l'occupation,

livre qui vient de paraître aux éditions Talentier.

Affaire sensible, une émission de France Inter, diffusion directe,

récit documentaire Sophie Baubert, rédaction chez Franconiard,

chargé de programme, Rebecca Donante, réalisation et l'envisio.

Fabrice Drouel, affaire sensible, sur France Inter.

Mesdames, messieurs, Radio Paris a fait un reportage

dans les différents quartiers de la capitale.

Nous avons toute l'après-midi parcouru les rues de Paris

et nous avons constaté que la vie a presque normalement repris.

Les cinémas sont ouvertes, les terrasses de café sont plein de monde,

les théâtres cabarets plutôt sont déjà réauverts

et on sent qu'au fond rien n'est changé,

à part dans les rues, l'uniforme des troupes allemandes

se mélange avec les rambes d'été des jolies femmes.

Été 1940, depuis le 18 juillet,

Radio Paris est passé sous pavillon allemand,

dans le but très clair de développer la propagande nazie

et de contrôler la vie culturelle française.

Dans cet archive que nous venons d'entendre,

le reporter allemand, parfaitement bilingue,

tende à rassurer les auditeurs.

Certes, les verres de grille et fridolins les bochent,

les frites ou les chleux ont triomphalement défilé sur les Champs-Élysées,

certes, les bâtiments publics sont désormais couverts d'ouragamais,

mais le message est clair.

Dès lors que vous collaborerez, tout se passera bien,

des mots qui s'adressent aussi aux artistes.

Car Joseph Goebbels a laissé des directives précises,

ne montrait aux Français que des films légers

qui font aimer le temps présent.

D'après le journaliste Olivier Mamoni,

qui s'est attelé à traduire Mein Kampf pour son livre

Historiciser le Mal,

Goebbels est le premier à avoir compris que pour embrigader le peuple,

une bonne guimauve vaut mieux qu'un nouveau discours.

Alors va pour les guimauves.

Un an plus tard, la jeune Daniel D'Arieu joue du trapeze

et chante pour le film La fausse maîtresse,

un aimable marie vaudage.

Toujours en 1942, Daniel D'Arieu était la vedette du film

La fausse maîtresse d'André Cayate.

Les mots plus tendres qu'un poème

qui font comprendre son discours au plus subtil

comme au plus sourd, le douce créé

de coeur trop lourd

et ce bouquet des bons jours

je l'ai fait pour celui que j'aime.

Bouquet de soie et de velours

mon coeur exala s'entoure

parmi ces fleurs des mots d'amour.

Le film est charmant en effet,

mais il est produit par la Continental,

une société de production de droits français

à capitaux allemands.

En fait, il y a guère de choix.

Créé sous l'égide de Goebbels dès septembre 1940,

les capitaux de cette production sont immenses,

puisque l'objectif est de créer une Hollywood nazie.

Depuis Berlin, Goebbels confie son projet

à Alfred Greven,

l'un de ses proches qui s'est illustré

en produisant le juif SUS

à un long métrage d'un antisémitisme radical.

En outre, il est parfaitement bilingue

et un quart d'adresse mis à rempli.

Il va donc facilement fermer un bas

sur le cinéma français qui traverse

une crise provoquée par des coûts de production

de plus en plus élevés,

ainsi qu'à certains producteurs véreux

qui agissent sans convention collective

et en dépit des accords de 36.

D'autant que dès septembre 1939,

avec l'entrée de la France dans la guerre,

tous les tournages sont à l'arrêt.

Les artistes et les techniciens sont mobilisés,

les spectateurs désertent les salles

et les studios sont réquisitionnés par la Romée.

C'est dans ces conditions

que la machine continental est lancée.

Ne reste plus qu'à lui trouver des vedettes.

Facile ?

Pas tant que ça.

Tous les scénaristes de confession juive se sont enfus à Hollywood.

Et voilà que certaines vedettes résistent

à l'instar des couples formés par Jean Gabin et Michel Morgan,

où les réalisateurs Jean Renoir et Julien du Vivier

partaient eux aussi en Amérique.

Mais Alfred Greven a de l'entre-Jean.

Il est très proche du réalisateur Henri D'Ocoin.

Il avait metté le témoin de son mariage en 1935

avec Daniel Dario, la star de l'époque.

Prédestiné pour une carrière méchanteuse,

c'est un peu par hasard que la jeune Daniel

débute sur les écrans en 1930.

Elle a alors 13 ans, de grands yeux clairs

et une voix irrésistible.

Deux ans plus tard, elle tombe

son premier film en Allemagne, Château de Rêle,

choréalisé par le hongroiffonne Bolvary et Henri Georges Clouseau,

un film produit par la tentaculaire Uffa,

une société allemande tombée dans les Scarcelles nazies.

Mais la jeune actrice ne s'en inquiète pas, disons que

elle est jeune et qu'elle incarne l'insouciance des années 30.

Une forme de guettet dont elle se souvient ici en 2006

au micro-évapétant pour France Inter.

Il y a un moment dans le film où...

Vous dites ?

J'ai beaucoup joué de rôle léger.

Ça a été ça, d'abord, vous ? D'abord, a été le champagne ?

Oui, oui, oui. J'ai beaucoup joué de rôle léger, tout à fait au début.

Et puis, trois ans après, j'ai quand même tourné Myerling.

Et c'est là que j'ai commencé à comprendre

que d'abord, on m'avait dit que je tournerais avec Charles Boyer,

alors j'étais complètement chancellante de bonheur et de trac.

Voilà, et c'était une histoire quand même très dramatique.

Et voilà, à partir de ce moment-là,

j'ai tout-même tourné des rôles plus profonds, plus sensibles.

C'est vrai qu'à moi, on me donne des rôles de rigolade,

tout le temps, on est rigolote.

Parce que dans la vie, j'étais comme ça, j'étais gay.

Je trouve que c'est la moindre des politesses d'être toujours gay dans la vie.

Tandis qu'il y a un accès au pouvoir,

c'est un contrat pour cinq films que la jeune fille joyeuse signe avec l'UFA.

Et c'est durant l'un de ces tournages qu'elle rencontre en rue de coin.

Un ancien sportif de haut niveau reconverti dans le cinéma.

Pour elle, il écrit le film Le domino vert,

tourné de nouveau en Allemagne à Bethelsberg.

C'est même là qu'il se marie en août 35.

Elle a 18 ans, lui, 27 de plus.

Comme la vie peut-être belle parfois,

d'autant que désormais Hollywood tend les bras aux couples.

Agissant comme un pigmalion,

deux coins en courage d'Arieux a passé outre-Atlantique.

Et c'est ainsi qu'au printemps 1938, le New York Times écrit...

Mademoiselle d'Arieux est arrivée avec un époux du nom de Henri de Coin,

un chien du nom de Flora,

un violon sel et 47 mâles d'articles de mode de la rue de la Paix.

Mais la jeune femme n'est pas fan de la mentalité américaine.

Elle décide alors de casser son contrat mutiniversal

et de rentrer à Paris à la veille de la guerre.

A installer à son bureau de la Continental,

le producteur Alfred Reven se frotte les mains.

Une star qui tourne d'eau américain

et qui préfère tourner pour la Continental,

par ici la bonne affaire,

une belle prise de guerre,

sinon nous dire en la circonstance.

C'est ainsi que dès 1941,

Daniel D'Arieux se retrouve à la fiche du film Premier Rendez-vous.

Le succès est immense.

Les Français sont si heureux de retrouver le plaisir des salles.

Lorsqu'elles ne sont pas requisitionnées bien sûr

pour les soldats allemands à l'instar du Rex,

ce poli au producteur juif Jacques Aïk.

Et lorsque les projections ne dégénèrent pas

une fois les lumières éteintes.

A Paris, dans la semaine du 15 août 21 octobre 1940,

des débuts de manifestation ont eu lieu

lors de la diffusion des actualités dans deux nouvelles salles.

L'Elysée Cinéma, 65 à venu des Champs-Élysées

et le Majestique Palace, 224 rues de vente.

Ces cinémas ont été fermées.

A Paris, le 17 octobre 1940,

à la suite des réactions qui se sont produites

au cinéma Max Lindair, 24 boulevard Poissonnière,

lors de la projection du film allemand Campagne de Pologne,

trois jeunes filles, ex-membre du PSF,

ou sympathisantes de ce parti,

ont été mises à la disposition des autorités d'occupation.

En effet, dès l'automne 1940,

de nombreux actes de résistance surrogisent

de façon éparse dans la capitale.

Ce qui n'empêche pas les artistes de continuer de tourner.

Car avec la Continental,

force est de constater que la production devient florissante.

En 1943, on compte 83 films français à la fiche,

contre 75 en 1938.

En tantôt recette théâtrale, elle triple.

En somme, ces lieux de divertissement épousent le désir des Allemands

qui veulent que Paris soit une vitrine exemplaire de l'occupation.

Quoi, des restrictions, des représailles, des otages ?

Si peu. Voyez plutôt qu'on s'amuse ici.

Pour preuve, tous ces reportages publiés dans la presse,

toutes ces stars qui festent toi chez Maxime sous le boeuf sur le toit.

Ainsi, le 20 mai 1941,

tout le gratin du cinéma qui se retrouve au restaurant Le Dwayin

pour célébrer le passage à Paris de Saralandheur,

la nouvelle égérie de Goebbels.

Et bien sûr, la pimpante, Daniel Dario, en fait partie.

Enfin, pimpante. De moins en moins, en réalité.

Parce qu'elle commence à s'ennuyer Daniel avec son Henry de coin.

Pourtant, leurs vies agréables se sont installées sur la côte d'Azur,

qui a eu le refuge d'un monde riche et déconnecté.

Des années plus tard, elle témoignera de cette forme d'insouciance

pour le livre d'un reading intellectuel et artiste de l'occupation.

On s'en foutait. On allait faire le quoi tout le temps.

On était dans l'insouciance totale. On était dans la zone libre.

C'était une époque tellement folle.

Comme on était très jeune et très jolie, des stars en vogue,

on se foutait éperdument de tout ce qui se passait là-haut.

Là-haut, c'est la zone occupée. Là où les Français souffrent.

Et où Daniel ne se rend que pour tourner au festoyer.

Boire des cocktails pour oublier le naufrage de son mariage

et plonger dans les beaux yeux de cet homme qu'elle a croisé à Cannes.

Un playboy qui répond au nom de Porfirio Rubirossa.

Originaire de Dominique républicaine où son père était diplomate,

l'homme est indendie qui assume son goût pour la nuit,

les femmes et les trafiquants tout genre.

Parfait pour Daniel Dario qui craque pour lui.

C'est au bar du palmage de Cannes qu'elle croise la première fois.

Quelques semaines plus tard, elle le revoit à Paris

lors d'une soirée donnée par le cinéaste Jean de Limour.

Mais l'un de ses amis l'a mis en garde.

Attention Daniel, cet homme est dangereux.

Le lendemain, elle reçoit une corbeille de fleurs

accompagnées de cartes parfumées signées Rubirossa.

Alors dangereux ce type là ?

Mais que c'est-elle de lui ?

Bon, qu'il fréquente les boîtes de jazz,

qu'il se passionne pour les courses automobiles,

qu'il est riche ?

Oui bien sûr, mais pas seulement.

Rapidement, il lui raconte comment à l'automne 1931

il a approché le général Trorio

au Contriclub de Saint-Domingue.

Trorio, le dictateur soutenu en sous-main par les Américains.

Il épouse sa fille, flore des euros, l'année suivante.

Et en 1936, le voilà nommé premier secrétaire

de la légation de la République Dominicana-Berle.

En tant que diplomate, il est invité au J.O.

dans une tribune officielle proche de celle du fureur.

Un événement qui l'impressionne.

Dans La Foulée, il participe au Parti de Chasse de Göring,

rencontre Goebbels et assiste au rassemblement de Nuremberg,

filmé par Lenny Riffenstahl.

Quand la caméra de la réalisatrice allemande Lenny Riffenstahl

et le congrès du parti nazi à Nuremberg,

l'usine arrive, s'est mise à fabriquer des cauchemars.

Quel parcours romanesque et que de passe droit.

Mais sauf que bientôt, flore des euros demande un divorce.

Elle trouve Rubi violent et hors de contrôle.

Trop rio, règles et perdons sa fille

et loignes son futur ex-genre en le nommant ambassadeur en France.

Cap sur Paris.

Et non, vichy, puisque c'est la guerre.

Destination l'hôtel des ambassadeurs,

qui juxte l'hôtel du parc,

où resit le marachalpéta.

Mais Rubi s'ennuie.

Alors il fait des alertours entre vichy et Paris

lorsqu'il ne passe pas ses vacances

en mesure à tomber les filles.

Il joue aussi du trafic de l'ingot d'or,

puisque le métal précieux vaut 40% de plus

dans la zone occupée, autant en profiter.

D'autant que son statut diplomate

lui permet de passer la ligne de démarcation sans encombre.

Décidément, cette guerre est une haubaine,

dont il est un profiteur qui coche toutes les cases.

D'ailleurs, il touche aussi au marché noir.

C'est dans ce contexte qu'il rencontre

Daniel Darion, la plus belle des actrices.

La romance s'enclenche,

le cœur de Daniel Chavire rapidement.

Elle signe son divorce avec un ruis de coin.

La voilà libre.

Oui, libre d'accepter la nouvelle proposition de Hollywood

pour y tourner un film hors de question.

En dépit de la guerre qui s'évite,

elle préfère s'afficher avec Rubi.

Comme lors de la projection de son film,

premier rendez-vous, c'est pas le Normandie,

une salle qui projette aussi les oeuvres de Lény Rippenstahl,

la cinéaste du Reich.

Symptomatique des histoires produites par le continental,

le film est un triomphe.

Accompagné de Rubi Rosa,

Daniel savoure sans succès

avant de quitter le cinéma sous les vives.

Quelques jours plus tard,

la revue cinémondiale écrit

Daniel Darieux par vers un nouveau destin

diplomatique celui-là,

mais problématique également.

Comme l'avait compris avant telle flore d'euros,

Ruby est un amant incontrôlable,

qui ne prend pas au sérieux l'entrée en guerre

des États-Unis en décembre 1941,

ce qui oblige la République dominicaine

à rejoindre les alliés et à déclarer la guerre au Reich.

Du côté des ambassades,

l'attention monde vaincrant,

d'autant que l'Allemagne décide

de garder Rubi en otage,

afin de garantir la sécurité de leur ambassadeur

à-dessus d'un litre-riot.

Voilà donc Rubi en résidence surveillée

à l'hôtel Clarinche.

Prie baie de passeport et menacée

d'être envoyée en Allemagne

s'il désobéit,

l'homme fait appel à Otto Abetz,

l'ambassadeur du Reich à Paris.

En souvenir de leur amitié,

celui-ci offre une autorisation

de trois jours de liberté,

trois jours, pas un plus,

mais Ruby dans la cure

et continue de faire la fête

nuit après nuit.

Daniel et lui s'amusent,

le champagne coule à flot

et une fois de plus, Rubi boit trop.

La suite, c'est Jérôme Mabonin

qui la raconte dans son livre Voyage à Berlin.

Les amants s'embrassent,

les corps trécaillent

et Rubi a bien du mal à se contenir.

Il retient l'attention des membres de la Gestapo

à une table voisine.

Ceci s'amuse aussi bruyamment,

des vers tombent, des bouteilles se vide,

les violons de Siganent entourent le couple

et voilà que Rubi balance un verre de cristal

en direction de la Gestapo

qui réplique en balançant une bouteille

sur sa table.

Il se lève et soudain frappe un sous-officier.

L'intervention du maître d'hôtel

lui permet de sortir,

mais on ne frappe pas impunément

un membre de la Gestapo,

tout diplomate que l'on soit.

Le lendemain, Rubi est arrêté

à l'hôtel Clarille,

j'ai envoyé à Bannheim

une résidence surveillée pour diplomate.

Daniel Darieux est désespéré

par Rubi de cette arrestation

et bien entendu, Alfred Reven

ne t'arvait pas à la convoquer.

En tant que producteur de ces films

pour la continentale, il est désappointé

par cette histoire, mais

il a une solution à lui proposer.

C'est suffit pour se connaître

On fait tout

On fait sa cour

Et puis autre chose peut-être

Ça me dit

C'est ta midi

Qu'on s'en va jusqu'à lundi

Trois jours d'amour

Trois jours de secours

Mais c'est du bonheur

qu'on s'avoue

Cent, cinq, cent, dix, cent, vingt

Lorsque c'est divin

Qu'on revint

Prends-vous bien fort

Nous bâquons les records

Des bois, des chants, des prêts

Et trois jours après

Voici la mer

Grisée par l'air

Nous m'étouffons ta terre

Voyez

La bonne aubergre

Tous les gens se connaissent

J'ai faim du pain du vin

On se grise un peu, on est heureux

La chambre est au second

Sur le balcon, venez voir l'horizon

Trois jours d'amour

Trois jours de secours

Mais ça suffit pour se connaître

On fait un tour

On fait sa cour

Et puis autre chose

Peut-être

Ça me dit

C'est ta midi

Qu'on s'en va

Jusqu'à lundi

Trois jours d'amour

Trois jours de secours

Mais c'est du bonheur

qu'on s'avoue

Au mer qu'on s'avoue

Aujourd'hui, Daniel Larieux

Le train de la honte

Affaire sensible

Sur France Inter

Noël, 1941

En dépit de l'entrain en guerre

des États-Unis, les Allemands

paraissent encore tout puissants

En France, la collaboration

prend notamment le visage de

Grand Tournée menée outreur 1

d'inviter à prononcer quelques mots

dans la langue de Goethe, Hank Schoen

Et certains écrivains, comme

Drieu Larochel, ne se font pas prier

Plusieurs écrivains français

et chers visiteurs viennent détaqués

en Allemagne, un séjour

à Weimar, comme chaque année d'ailleurs

L'un d'eux, monsieur Drieu Larochel

a bien voulu venir jusqu'à notre micro

nous compter ses impressions de voyage

Avec quelques années

Jacques Chardon, André Théry

Georges Blon et André Screignot

Nous sommes allés à la deuxième rencontre

d'électives européens

qui a eu lieu à Weimar du 5 au 11 octobre

Nous avons revu

cette très rare et très charmante ville

de Weimar

Nous avons reçu un accueil simple

et libéral

Il n'était qu'une guerre question de politique

Les artistes comme les savants

ont le privilège d'ignorer

ou plutôt n'exagérons pas

de feindre d'ignorer

L'énormité formidable des événements

ne te déploie autour d'eux

C'est la deuxième fois que les auteurs

comme Chardon, Brasiak ou Drieu Larochel

voyage à Weimar

comme nous l'explique Stéphanie Corsi

dans son livre La vie culturelle sous l'occupation

Sous couvert d'une visite

des lieux historiques et des collections

muséographiques germaniques de Berlin

du sel d'orfe unique Nuremberg, Dresde et Vienne

Les artistes français

sont instrumentalisés pour asseoir

l'image de la supériorité artistique allemande

Le génie leur est sensiblement montré

lors des visites des ateliers

de Joseph Taurac ou Arnaud Bréker

comme devant les maquettes d'architecture

peintes par Hitler

Des écrivains, des peintres

et bientôt ce sont

les comédiens qu'on sollicite

On se n'est pas grand chose, une simple tournée

qui assurera les allemands de leurs amitiés

Et c'est là qu'Alfred Grében

entre en piste

Pour lui, l'affaire au Birocyte est une haubaine

car désormais Daniel Larieu est une femme

qui supplie pour qu'on l'autorise

à rendre visite à son rubis

Elle ne peut plus vivre sans lui

et l'imaginer retenu à Badnaheim

le Boris Lager

Manche-t-il seulement à sa fin ?

Quand pourra-t-il revenir ?

Grében a sa petite idée

Il suffirait d'organiser

nos projections du film premier rendez-vous

à Berlin à l'issue de laquelle

la jeune femme rendrait visite à son homme

Mais tandis que l'actrice réfléchit

voilà que le projet prend ampleur

Daniel sera accompagné par toute

une délégation de stars françaises

pour une tournée de 12 jours à travers le pays

Avec, pourquoi pas,

un dîner chez le Goebbels

Ils aiment tant les artistes

Une tournée de luxe

suivie par un reporter de la revue

collaborationniste cinémondiale

Voilà qui serait formidable

Mais la jeune femme tarde à donner son accord

Tout de même, dîner chez Goebbels

Alors elle demande conseil

à son ex-marie Henri de Coin

qui n'incite à refuser ce voyage

Seulement voilà

Daniel est fallaboreuse de Rubio

On l'a dit, alors elle accepte

Viviane Romance, répondant

à l'invitation du docteur Carl Prelich

président de la corporation du cinéma allemand

Ces artistes seront pendant 12 jours

les hôtes de leurs camarades

des studios de Vienne, de Munich et de Berlin

35 secondes de reportage

qui fixe pour toujours le sourire de Daniel

d'Arieux montant dans le train

Il fait froid ce matala

Alors elle a revêtu un manteau de froid noir

et il ne toque à sortie

Et voilà qu'on lui offre des fleurs

pour lui, ses compagnes aussi

Il faut faire bonne figure

même lorsqu'on a été contrats

Car en vérité, les autorités allemands

n'avaient menacé Julie

à ce tort de fermer les trois salles de cinéma

dont elle est propriétaire

si elle refusait le voyage

Viviane Romance, elle, prenie de rumeur

qui courait au sujet de ses origines polonaises

vers sa possible judéité

Au final, seul susie de l'air

acceptait le bon coeur

Mercredi, 18 mars et 1942

Le train par hibertrain s'éloigne

dans la nuit

Au petit matin, les vedettes découvrent

l'imposant viriaire de la gare d'Henral

sa majestuze Arloge, ses deux allégories

représentant le jour et la nuit

La gare irré est impressionnante

Cinq ans avant, Hitler

y avait accueilli Mussolini

Mais ce jour-là, c'est une délégation

de l'industrie allemande de films

qui vient chercher les visiteurs

de l'hôtel Eden, l'un des plus luxueux

du pays

L'ambiance y est quasi

Game of thrush, comme on dit ici

Daniel Dario connaît bien cet hôtel

Elle y a résidé lors de précédent tournage

El Cisampia

Puis une réception est donnée

chez Frölich, le président de la Reich Filmkammer

Ils y retrouvent

des producteurs de la Ufa

et d'autres huiles du Reich

Mais l'événement le plus important

il y a eu lieu le lendemain

avec la projection du film premier rendez-vous

diffusé en allemand, oui, un événement

car c'est le premier long métrage

Made in France, projeté à Berlin

depuis le début de la guerre

Alors le cinéma Marmont House

séparé des couleurs du film

et le reporter de l'arrivée du cinéma

ont bien l'écrit

Dans une salle très élégante

où il ne reste pas une place de libre

l'actrice Daniel Dario, une orchidée

dans la chevelure, fait une entrée plein d'aisance

avec une petite princesse

et elle a tant de grâce qu'un murmure

bienveillant l'accompagne jusqu'à sa place

La salle fait un triomph au film

Le lendemain les vedettes sont conduites

dans les studios de Badelsberg

la mythicité de la Ufa

où cuire tourner les grands classiques

du cinéma allemand et les plus grands films nazis

On leur montre la ville dorée

tournée en couleur grâce au procédé

Acfa Color, supposé supplanter le technicoleur

américain

et tout se déroule pour le mieux

jusqu'à ce qu'un incident surgisse

tout de même

Alors que tout ce beau monde assiste

à un spectacle de musicaux

l'organisé dans une usine

on découvre la présence de 2000 ouvriers français

Le STO

n'existe pas encore

il s'agit là de prisonniers de 1940

et soudain

le malaise est palpable parmi les français

ce qui

rétropectivement poussera

à dire

c'était horriblement gênant

non mais vous croyez que j'étais heureux

on sentait bien tout ce qu'il y avait

d'affreux dans cette visite

comment nous venions là

et nous parlions avec des ouvriers

qui travaillaient de force

voilà, à le choix

une fois de plus

et il faut bien jouer le jeu

mais le pire reste à venir

le soir même

les ouvriers français invitaient chez Goebbels

dans l'entre-des-diables

nos artistes assistent alors

à la projection d'un film allemand

puis passent à table en toute simplicité

Daniel Daryeux

qui ne perd pas le nord

tout à son obsession de revoir son lament

profite pour se confier à Magda Goebbels

la femme de Joseph

elle lui dit qu'elle est ravie de participer

à ce voyage mais qu'elle aimerait beaucoup

rendre visite à son fiancé retenu

à Banna Harem

élu par le reventisme de la situation

Magda Goebbels demande à son mari d'intervenir

pour que dès le lendemain

Daniel puisse retrouver Ruby

au lieu de se rendre l'opéra devienne

Goebbels le regarde

lui sourit

puis accepte

à l'aube, une voiture mène d'actrice

vers la Hesse direction Banna Harem

lorsqu'elle arrive

elle découvre qu'une suite luxueuse

a été mise à disposition

et que les deux tiers des diplomates

sont des américains avec qui son amoureux

s'initie au baseball lorsqu'il ne s'apatise pas

avec les journalistes en somme

et dans son cas, la vie n'est pas si terrible

d'autant qu'il sera libéré 3 mois plus tard

c'est ainsi que dès le mois de juillet

Daniel Daryeux retrouve son homme à Vichy

où elle s'empresse de convoler

se marier dans cette ville

siège du gouvernement collaborationniste

oh sa vaisselle ne signifie rien

pour moi, se défendra-t-elle plus tard

après tout, Vichy est une numérique

comme les autres

vraiment

nous sommes le 18 septembre 1942

et tout le corps diplomatique est réuni

pour célébrer l'union de Daniel Daryeux

puis, la soirée a lieu

dans les salons du Sporting Club

un haut lieu de la société Vichy Choise

avec au micro le speaker de Radio Vichy

qui présente les missions la voie de l'Empire

mais rapidement le couple s'ennuie

Vichy qui n'est pas franchement la vie lumière

alors, l'hiver approchant

il y a un hôtel qui n'est chapé à Meugev

mais remarque-t-il

les 2000 juifs qui y sont assignés à résidence

sur la protection des italiens

Naville possède plusieurs refuges

dont le Centre médico-social

où sont confinés 200 enfants bientôt exfiltrés

en Suisse

eh bien, évoque-t-il ensemble ces enfants

et ceux qui disparaissent mystérieusement

50 ans plus tard

des témoins précises pour les missions

Le pays d'ici sur France Culture

Pendant la guerre

il y avait énormément de juifs à Bégère

nous, nous avions dès notre ferme

il y avait deux appartements que nous louions

c'était des Juifs

ma mère avait un

cousin qui était un prêtre

le Pertissot, le Pertissot, comme on l'appelait

qui est venu trouver ma mère

qui était sa cousine en lui disant

au le gars que tu prendrais pas un jeune Juif pendant

un an, moi il y en a quand même

il y avait une pension quand même

pendant un an, alors bon

mes parents ont dû vouler

parce qu'ils étaient comme ça

alors quand mon père fallait qu'on cache tout le monde

enfin bon, c'était pas terrible

parce que, je sais pas si tu te souviens

les Allemands qu'on avait à Bégère

ils étaient quand même pas très

virulents

ils étaient pas très virulents, tu en avais peur

oui bien sûr, ah ben on avait peur

et là-haut, il y en avait souvent qui se promenaient

à chaque fois, on disait donc

à Jürgen

il avait sa petite trappe, il montait dans la grange

et là, c'est ça, il voulait se cacher derrière

un tas de faim, je sais pas où

bien sûr

des soldats qui font peur, oui

est-ce la raison pour laquelle le couple

d'arrives rubis décide de quitter Mejève

car le 8 septembre 1943

les Allemands décident d'occuper la station

en lieu et place des Italiens

Mejève qui n'était plus très sûr

devient dangereuse

alors, cap vers la région parisienne

dans la gentillomière que Daniel avait acheté

grâce à son contrat américain

et c'était avant la guerre

et peu à peu, il avait repensé droit

bon, on joue aux cartes et on boit du cognac

en attendant la libération qui laisse

espérer une vie meilleure

mais c'était sans compter sur les FTP

frontireurs et partisans

qui, dans la nuit du 23 septembre

1944

lance une ambuscade entre le couple

comme le raconte le journal communiste ce soir

Monsieur Rubirosa

le mari de la vedette Daniel Darye

a été victime d'un attentat

alors que le diplomate de Saint-Domingue

rentrait chez lui à Neuilly en auto

après une soirée passée avec les représentants

de l'armée et de la presse américaine

une rafale de mitraillettes

le blessa gravement à la région lombaire

transporté à l'hôpital

et opéré d'urgence, il est aujourd'hui

hors de danger

étonnamment, la présence de Daniel Darye

dans la voiture n'est pas mentionnée

d'ailleurs elle n'est pas touchée

il n'empêche

le couple qu'elle forme avec Rubi dérange

lui, le diplomate sulfureux

elle, la star complaisante

mais quelle était au juste leur degré

de compromission

en réalité, Daniel Darye

était surveillé par la propaganda staffel

depuis 1941

rubi par le FBI depuis 1935

et tout d'eux par la résistance

depuis 1944

ainsi, le couple le plus glamour

était aussi le plus surveillé

et la série noire n'est pas terminée

car bientôt, le général de Gaulle qui a pris le pouvoir

ne veut plus aucun diplomate vichy soit

en conséquence, Rubi est nommé

à l'ambassade d'Horum

de son côté, Daniel doit affronter

le comité de libération du cinéma français

au sujet du fameux voyage à Berlin

car c'est le monde du spectacle

désormais qui doit rendre les comptes

ainsi, pour chaque profession, une commission de 3 membres

est formée avec l'aide de la préfecture de police

de la Seine

Arletti ont témoigné au micro de France Inter

au sujet de son arrestation le 20 octobre 1944

à Paris

en août 1944

vous avez écrit

après avoir été la femme la plus

invitée de Paris

si la femme la plus évitait

ce qui était vrai

ce qui est assez étonnant

parce que, effectivement, vous avez été très invité

parce que, après les ronds

oui, parce que j'étais seule

parce que, vous voyez, je pouvais voir dans la vie

dans la vie des amis, un ami

j'amener mon ami

on m'a vité seule si vous voulez très souvent

alors j'étais très invitée comme une femme libre

voilà

alors, à la libération, votre attitude n'avait pas plu

à certains

les yeux des ennuis

et puis, vous avez même été incarcérés

ah oui, bien sûr

quand j'ai été arrêtée au dépôt

il y avait tout Paris de la politique

vous étiez avec des relations

du reste, quand j'y suis arrivée

Sacha était partie la veille

vous voyez, c'était pas si mal

mais en tout, avec toutes ces choses-là

trois mois, le tout

ah, mais je suis resté longtemps

et après, j'ai été au dépôt

oui, ça a duré assez longtemps

ah oui, il faut faire attention

car au final, sur les 1083 dossiers examinés

seuls 38 seront classés sans suite

donc celui de Daniel Dario

un coup de chance

dû à la présence

dans le comité d'enri de coin

son ex-marie qui la préserve

dès lors, est-ce si étonnant

si c'est le moment qu'elle choisit pour quitter Ruby

dont le dossier devient très encombrant

toxique même

au bout du compte, leur histoire aura tenu

un peu plus de quatre ans

d'une guerre, de sept guerres

des années plus tard, en octobre 2002

installé depuis longtemps dans le coeur

des français, Daniel Dario accepte

une interview pour le magazine L

à la journaliste Ann Diertkin

qui lui demande

si lui arrive d'éprouver des regrets

elle répond

des regrets, oui, oui, j'aurais aimé faire partie

d'un cirque

à faire sensible

aujourd'hui, Daniel Dario

est plus largement les artistes

sous l'occupation d'en parler avec notre invité

Jérôme Mabonnet, bonjour

Vous êtes historien du cinéma et auteur de livres

Voyage à Berlin, Daniel Dario sous l'occupation

qui vient de paraître aux éditions

talent-diés

Avant le récit, je pensais à un film

Mario Octobre

où Daniel Dario incarne une ancienne

chef de la réseau de résistance

avec d'ailleurs l'un des castings

les plus rotulents des cinémas français des années 50

Paul Meurice, Reggiani, Ventura

Bernard Blier, Jean Passe

est-ce que c'était un choix

disons compensatoire

ce choix d'incarnine résistante

à votre avis ?

peut-être

peut-être

de manière inconsciente

certainement

plusieurs historiens l'ont dit d'ailleurs

oui, tout à fait, c'est une vraie question

peut-être, je pourrais pas vous

répondre véritablement mais

pourquoi pas ?

parce que nos auditeurs qui n'auraient pas vu ce film

à regarder, c'est un chef d'offre

absolument magnifique

quelques semaines après l'apparition d'autres livres

le journal Le Monde a réagi dans un article

qui trait la cécité de Daniel Dario

dans lequel Samuel Blumenthal décrit

il pourrait s'agir

d'un roman d'éducation

il s'agit surtout de la trajectoire

d'une immense comédienne et de la tragédie moral

d'un pays

ça s'est bien résumé quand même

parce qu'on voit dans tout ce récit

de toute façon et quelque part

pour ne pas dire globalement, contraint de faire ce qu'ils font

et nous avons avoir ce recul

là, oui, c'est assez bien résumé

et justement

vous parlez de recul, il n'est pas question

de prendre parti pour qu'il se soit

ni en bien ni en mal

il faut quand même dire que pour la plupart

de ces acteurs et de ces actrices

si ils ont été un petit peu pris

dans le maïs trôme de la guerre

j'irais pas jusqu'à parler de victimes

faut pas exagérer mais disons que

pour beaucoup d'entre eux ils n'avaient pas véritablement

le choix et puis on leur a

reproché à certains d'entre eux justement

d'avoir travaillé pendant la guerre

mais il fallait bien vivre donc ils ont

travaillé, bien sûr ils ont travaillé

sauf que comme c'était des artistes

ils ont travaillé

devant les yeux des spectateurs

et qui n'attendaient que ça

les gens avaient besoin de se changer les idées

et donc une revue comme cinémondial par exemple

qui était l'une des seules revues

qu'on arrivait à lire il y en avait quelques autres

qui étaient les plus importantes

et bien tout collaborationnisque qu'elle fut

était quand même très lus et les gens attendaient

de voir des images, des photos, des histoires

sur leurs artistes

cette tolérance ne s'applique pas évidemment

à des gens comme

Dario Larrochelle au brésil

naturellement bien faire le distingue

concernant les conséquences du voyage

de Daniel Dario à Berlin

devra attendre les années 50

et les films de Max O'Fulse

qui lui offrent trois cheveux de recours sur cou

et madame, on peut rajouter Marie-Octobre

pour revenir dans le coeur des français

mais surtout il est stupéfiant

de voir que c'est avec le propre fils de Max O'Fulse

Marcel en l'occurrence

que la vérité de ce voyage à Berlin éclate au grand jour

cet été en 1971

cette vérité

on la trouve à la 110e minute

fameuse documentaire

chagrin la pitié

écoutons cet extrait du masque la plume

datant 18 avril 1971

lorsque le critique de cinéma Jean

le bibliorie commence la sortie du film

vous pouvez en dire quelques mots

tout de même pour nous, parce que c'est donné

dans un petit cinéma, le studio Saint-Séverin

et il y a un mode d'emploi

de ce film qui est extrêmement limpide

c'est-à-dire qu'on, avec un grand taux

et des guillemets, on a jugé

que ce film ne pouvait pas passer à la télévision française

parce que je crois que

la formule a été donnée, du moins elle était donnée par Marcel O'Fulse

qu'il détruisait des mythes

dont les français ont encore besoin

je crois que c'est la formule officielle

et là ils donnent par conséquent

comme on ne peut pas

c'est assez joli

je ne sais pas bien trouver ça

c'est une merveilleuse formule

parce qu'il était bien évident que depuis un certain nombre d'années

on vit en pleine mythologie, ça c'est évident

on vit en pleine mythologie

dis le critique Jean-Louis Bourry

et Daniel Dario fait partie de cette mythologie

qu'avez-vous ressenti vous-même

en tant qu'admirateur, je crois que vous aimez beaucoup

Daniel Dario l'artiste

qu'est-ce que vous avez ressenti à la vie de ces images

de ce documentaire

une forme

d'incompréhension

sur la manière dont les images sont présentées

c'est-à-dire que si on se souvient bien

de ces images, elles apparaissent

avant ou après je ne sais plus

l'arrivée

à Paris de Hydriche

et il n'y a pas de commentaires

ces images elles ne sont pas du tout contextualisées

elles apparaissent comme ça

et la juxtaposition si vous voulez

de l'arrivée de Hydriche et du départ

de ces acteurs

dans l'esprit des gens qui le regardent

voilà, immédiatement on suppose

que ces acteurs ont collaboré

c'est une prise de position très nette de Marcel Ophuls

et moi je me suis interrogé

comment se fait-il que le fils de Max

est pris cette position

Max Ophuls et Daniel Dario

comme vous le savez il était extrêmement proche

et il lui a effectivement donné les 3 grands chef d'œufs

que vous avez cités tout à l'heure

et je ne sais pas en fait c'est une incompréhension

à chaque fois que je vois ces images

je trouve ça effectivement assez curieux

et puis il n'y a pas du tout de mise en contexte

c'est ça donc les images elles sont connues

elles étaient déjà connues

vous les avez citées tout à l'heure

en 1942 on les a vu dans les salles de cinéma

ces premières images

lorsque elles partent, lorsque les vedettes partent

mais il y a eu d'autres images aussi

on voit les vedettes à Vienne par exemple

et alors ce qui est quand même intéressant d'un point de vue propagande

c'est que vous avez un commentaire

qui ne correspond pas aux images

le commentaire c'est Daniel Dario

et les autres

or à Vienne il n'y a plus Daniel Dario

et elle est partie dès le lendemain

de la visite chez Goebbels

elle n'a pas fait le reste du voyage

et donc dans l'esprit des gens

il fallait instiler le fait

que Dario c'était quand même

la vedette principale

le voyage a été conçu autour d'elle

parce que Vivienne Romance d'ailleurs avait très bien compris

parce qu'elle ne supportait pas et elle ne voulait pas y aller

mais elle n'a pas eu le choix non plus

et une fois que Dario est parti

et quand même que Vivienne Romance était une très très grande star

aussi à l'époque

pas que Dario

c'était un petit peu l'antithèse de Dario

et donc moi je trouve ça un petit peu dommage

qu'il n'y ait pas eu

de contextualisation de ces images

quelle était la réaction de Daniel Dario

de la sortie du documentaire

on sait comment elle a réagi

disons que ce que l'on sait

c'est qu'elle a assez mal pris le fait

qu'on l'accuse très ouvertement

de collaboration

évidemment jamais collaborée

on l'avait un tout petit peu accusé

en 45 il y a eu quelques journalistes

qui suite à ce voyage on dit

d'ailleurs elle le cite elle-même

à un moment il disait Dario a collaboré

mais non pas du tout j'étais juste une femme amoureuse

en fait

elle n'a absolument pas collaboré c'est très clair

elle a été le jouet de l'histoire

et puis surtout

comme le dit d'ailleurs très bien l'article du monde

elle a été d'une insouciance

et d'une désinvolture

d'enversant cette guerre amoureuse

totalement en fait c'est une histoire d'amour

c'est à la base une histoire d'amour

c'est pas un dossier à cablons comme celui de Kokochan

ah ça n'a rien à voir

bien sûr que non en plus

si on veut pousser un petit peu plus loin

pour Firio Rubirosa

c'était un allié

donc voilà pour reprendre

ce qu'on dit de Arleti

elle n'a pas couché avec l'ennemi du tout

c'était vraiment une histoire d'amour

simplement elle a essayé

son amoureux donc ils se sont mariés

peu de temps après et elle a accepté ce voyage

qu'elle ne voulait pas faire au départ

ni elle ni les autres d'ailleurs

pour qui ça posait pas de problème

il faut bien comprendre que ces acteurs ont été

quand même contraints à faire ce voyage

ça nous renvoie à une idée

main fois répétée mais très juste

selon laquelle

avant tout ces gens ont eu la malchance

puisque la malchance ont connu le drame

d'avoir connu cette période

oui oui tout à fait

en plus nous a apporté le jugement sur ça

le nombre de fois

où en tant qu'historien et devant les archiilles

je me dis mais qu'est-ce que j'aurais fait moi

France Inter

Affaire sensible

Fabrice Drouel

Jérôme Mabone

je rappelle que vous êtes historien de cinéma

et auteur du livre Voyage à Berlin

Daniel D'Arieu c'est l'occupation qui vient de paraître

vos éditions talentiers

plus que ce qu'on a dit dans l'émission

sur le dîner chez Gueval

quand on imagine la scène

c'est quelque chose

c'est assez surprenant

on ne sait pas tellement plus

ce que vous avez dit et ce que je raconte

parce que vous imaginez bien

que les vedettes se sont gardées

de tout commentaire

sur le sujet, la seule qui en est parlé

au retour c'est Suzy de l'air

c'est la seule qui en a vraiment parlé

les ordres qu'elle termine

elle en a parlé

elle est arrivée

donc lors de la réception

qui était faite par tout le gratin

du cinéma français au retour de ce voyage

en se plaignant

qu'elle n'avait pas été présentée correctement à Gueval

que c'était un type charmant

et qu'elle aurait bien voulu être mieux présentée

c'était plutôt de cet aspect-là

sinon on n'a pas énormément

Gueval s'a écrit dans son journal

il a écrit quand même

quelque chose sur la soirée

mais sans entrer vraiment dans les détails

très rapidement on est quand même tombé dans la propagande

puisqu'il écrit dans son journal

que finalement le cinéma français

ce n'est pas terrible et que les français ne savent pas faire de propagande

correctement et qu'on va leur envoyer

quelqu'un et que lui à la limite

il irait bien leur montrer comment il faut faire de la propagande

voilà donc c'est tout

que deviennent les camarades de voyage

de Daniel Daryeux

ces idées de l'air on l'a dit bien normalement

Julie Astor elles sont inquiétées

dans la communication du cinéma

alors tout le monde passe devant cette commission

donc y compris Daniel Daryeux

qui va avoir son dossier

son dossier classé sans suite

donc il n'y aura rien pour elle

Susie de l'air oui elle sera un petit peu inquiétée

elle était très proche

d'Alfred Greven

il y a ça aussi qui est important

c'est lui qui l'a un petit peu lancé dans le cinéma

Albert Préjant va avoir pas mal de soucis

alors on va beaucoup reprocher

Albert Préjant non pas le voyage

on va même comprendre d'ailleurs

parce qu'il parlait allemand

on va comprendre qu'on lui a demandé de faire ce voyage

lui il sera plutôt inquiété par son omniprésence médiatique

pendant la guerre

on le voit partout il tourne beaucoup

et on le voit partout voilà donc il est dans toutes les revues

il fait

c'est ça c'est qu'on suppose qu'il a pas pris

suffisamment de recul et au moment

de son arrestation d'ailleurs

des militants communistes

vont arriver devant chez lui

en demandant de libérer Albert Préjant

parce qu'en fait

il est quand même soutenu par

une partie des ouvriers de la profession

des techniciens qui l'apprécient beaucoup

et qui estiment qu'il n'a pas collaboré

et quand on regarde effectivement il n'a pas collaboré non plus

ça veut dire quoi collaborer

ils n'ont pas collaboré ni les uns ni les autres

il y en a qui ont été un petit peu sensibles aux idées

ils n'ont pas servi directement les avant

non du tout

même indirectement

oui je pense que les acteurs

ont été insouciants des involtes

je dirais et dans le cas de Dario

c'était le cas avant il faut voir qu'elle a débuté

à 14 ans et qu'elle était dans un

monde protégé dès le début

et ce sont des gens qui étaient souvent très jeunes

qui vivaient dans un monde qui était le leur

je dirais presque aujourd'hui vous savez les vedettes

d'aujourd'hui je suis pas persuadé qu'elle

était toujours les pieds bien sur terre

une grande conscience politique

donc on peut pas reprocher ça ni aux uns

ni aux autres

voilà je pense qu'il y avait cet aveuglement

dû à cet amour qu'elle avait

vraiment pour Porphyrio

et puis le fait qu'effectivement Daniel Dario

comme d'autres vivaient quand même dans un monde protégé

et ils ont

pas non plus subi

l'occupation de manière

extrêmement violente il faut bien le dire

voilà c'est vrai que

on peut pas dire qu'ils aient eu des problèmes

de faim FIM

oui alors on va

en profiter pour parler de Daniel Dario

l'artiste pour le coup

donc elle a une maîtrise de l'art dramatique

magnifique dans Marie-Octobre je reviens

ce rôle où elle est d'une profondeur

incroyable on y croit à 100%

c'est absolument merveilleux

avant la guerre c'est une star

déjà après la guerre est-ce qu'il y a

une différence entre les deux périodes

comment elle est ressentie par les français

mais en tant qu'artiste

alors il y a une petite différence

oui c'est vrai que la guerre ça fait un changement

elle a arrêté de tourner quand même

il faut rappeler ça elle avait un contrat avec Greven

qu'elle n'est pas allée jusqu'au bout du contrat

jusqu'en 1945

oui

d'ailleurs elle le dit dans l'extrait

que vous avez passé elle faisait des films légers

voilà au début c'était plutôt

une actrice rigolote mais dans le bon sens

du terme c'est à dire elle

ça rappelle un petit peu Catherine Hepburn

aux Etats-Unis à la même époque

il y avait un lien

entre les deux et d'ailleurs elle s'appréciait beaucoup

donc c'est plutôt ça et les français

n'étaient pas très doués pour ce genre de comédie

le screwball comédie comme on dit

et elle y arrivait et Henri de Coin aussi

donc elle avait ce côté

aussi très plastique

physiquement elle était capable de faire plein de choses

et puis après la guerre

bon il y a eu un ou deux films un petit peu mineurs

et après c'est vrai qu'elle a totalement changé de registre

elle est devenue ce qu'on pourrait appeler une grande

très très grande comédienne

bien sûr

donc on a osé le parallèle

bébé

oui mais d'accord

oui mais disons que bébé

c'est pas mieux marcher que d'aider au niveau des initiales

si vous voulez

bien merci

infiniment

ces éclairages que vous nous avez apportés

en tant que grand spécialiste

du cinéma et je rappelle

votre livre parce qu'il vient de sortir

en voyage à Berlin Daniel Daryeux de l'occupation

donc signé Jérôme Mabemé

merci au revoir

c'était à faire sensile aujourd'hui

Daniel Daryeux et le train de honte

une émission que vous pouvez réécouter en podcast

avec les techniques qu'aujourd'hui il y avait

Lison Berrier

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

durée :00:50:17 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle - Aujourd’hui dans Affaires sensibles, retour sur une histoire embarrassante. Durant la Seconde Guerre mondiale, en vue de resserrer les liens entre l’État français et le Reich, des tournées furent organisées afin que les artistes français les plus célèbres rencontrent leurs homologues allemands...