La source: Cinq colonnes à la Une : la révolution télévisuelle
Radio France 3/25/23 - Episode Page - 54m - PDF Transcript
France Inter
Aujourd'hui, dans un faire sensible, l'histoire d'un mythe de la télé, 5 colonnes à la une.
Le 8 janvier 1959, Charles de Gaulle devient le premier président de la 5e République.
Le lendemain, c'est la naissance de ce magazine d'actualité télévisée qui va propulser le petit écran dans la modernité.
5 colonnes, c'est de l'info, du spectacle, de belles images, des stars, des incodus du sport, de la politique, du fait d'hiver et de la culture.
C'est un magazine qui ne laisse personne indifférent.
C'est aussi une histoire d'homme où l'on retrouve un célèbre patron de presse, 2 intellectuels,
un réalisateur de talent ou une superassistante et toute une équipe de grand porteur.
C'est l'histoire d'une alchimie qui va durer presque 10 ans,
avec un seul objectif, captivé, transporté, mouvoir, informé, les téléspectateurs.
Un vendredi par mois donc, les Français suivent les nouvelles aventures de 5 colonnes à la manière le feuilleton.
année après année, les téléspectateurs sont de plus en plus nombreux, on les compte en millions.
Retour, donc, sur cette émission légendeur, qui a su se créer un espace de liberté au sein d'une télé pourtant contrôler et surveiller de près par l'étagoliste.
Notre invité aujourd'hui, Hervé Broussini, journaliste et aujourd'hui directeur de l'info numérique chez France Télévision.
Affaire sensible, une émission de France Inter en partenariat avec Lina,
préparée aujourd'hui par Adrien Mora, coordination Christophe Barrère, réalisation Jérôme Boulet.
Fabrice Drouel, affaire sensible, sur France Inter.
Bonjour mesdames, bonjour mes noyées, bonjour messieurs.
Ce vendredi 9 janvier 1959 à 20h30, les Français s'installent devant leur poste de télé pour découvrir une nouvelle émission 5 colonnes à la une.
Pour sa première, le magazine d'information s'ouvre par un reportage sur un sujet qui concerne tout le monde mais dont la télé ne part jamais la guerre d'Algérie.
Tôt, elle parle des événements d'Algérie comme le répète relaxablement le gouvernement depuis plus de 4 ans.
En métropole, tout le monde a un fils, un frère, un neveu ou un cousin, partie ce patron d'Algérie.
En 1959, les appels de contingent sont plusieurs centaines de milliers et 5 colonnes à la une décident d'en suivre.
Le sergent Charlie Robert.
Avoir 20 ans dans les oresses, on découvre alors et pour la première fois le quotidien d'un appelé en Algérie.
Mais le magazine d'information va beaucoup plus loin.
Pour incarner encore plus le sujet, la réaction a décidé de mettre en place un dispositif où l'on filme les réactions de la famille du sergent Robert.
Ainsi, et pour la première fois, la guerre d'Algérie fait son entrée dans le salon des Français.
Mme Robert, merci de nous avoir reçus. Je ne présente pas non plus M. Robert, nous l'avons vu.
Eh bien, vous allez donc voir, grâce aux envoyés spéciaux de 5 colonnes à la une, le document tourné il y a 48 heures en Algérie.
Alors, si vous êtes prêts, Paris, à vous!
Eh bien Mme Robert, M. Robert, à partir de cet instant, c'est à vous que nous allons nous adresser.
Regardez bien ces vues, elles ont été prises avec votre fils, il n'y a pas 48 heures en Algérie.
Et j'ai en ce moment, à côté de moi, le lieutenant Philippe Éduit, qui a parti au même bataillon de votre fils et qui est arrivé la nuit dernière tout exprès de ses tifs
pour faire vivre à votre intention ces images que vous n'avez sans doute jamais vues et auxquelles pourtant vous avez dû si souvent songer.
Le sergent Robert joue au foot avec les enfants musulmans, le sergent Robert part au combat, le sergent Robert se rase toute la journée type du soldat ainsi décliné.
Pour les Français qui regardent ces séquences, c'est à la fois une découverte et aussi un réconfort.
En quelques minutes en effet, ils comprennent et visualisent ce que les appelaient vivre réellement en Algérie.
Évidemment, ils ne savent pas que se cache derrière ce reportage, quelques ficelles de mise en scène n'importe.
Pour la première fois, on propose un reportage à la fois pédagogique et mouvant.
Et voici Robert qui est un autre. Il donne accout de sécurité à son pistolet mitrailleur, il trouve une lettre sur son lit.
Eh bien, ce sont les dernières heures de la journée du sergent Robert et elles sont les mêmes pour tous les gars de toutes les compagnies.
C'est l'heure la plus agréable, celle où on se laisse tomber sur son lit fatigué et où l'on trouve le courrier de la journée.
Peut-être, est-ce une lettre de vous, Madame Robert, qui attendait ce soir-là votre fils? Que lui disiez-vous?
Eh bien, vous avez entendu la question de Pierre Desgrobes. Madame Robert, que lui écriviez-vous à Charlie?
La fois, on lui racontait ce qui s'est passé dans la famille.
Oui, les nouvelles de tout le monde.
De toute la famille, du travail, de la ferme.
Monsieur Robert, je vous ai vu sourire, je vous ai vu écraser une larme comme maintenant.
Eh oui, les parents versent une petite larme et le journaliste rend l'antenne à Vouparie.
L'émission se poursuit avec un reportage sur un concours de Hulaop en Californie.
Mais oui, c'est ça l'Esprit Saint-Colonne, passé de la Guerre d'Algérie,
d'un film de famille sur Brigitte Bardot, enfant au portrait du Premier ministre Michel Debré, d'un sujet sur le Musée de l'Acropole,
à un triplex entre trois usines, Renault à Maison-Alpheur, Fiata Turin et Vols et la Gale à Vols-Soubourg,
un éclectisme qui fera école jusqu'à aujourd'hui.
Saint-Colonne, c'est aussi une chanson inédite d'ivemontant une visite de petits enfants du général de Gaulle. Rien que ça.
Le programme est vertigineux. Saint-Colonne décroche même une allocution du pape Jean 23 au français.
Prévue pour durer une heure et demi, l'émission dure plus de deux heures.
On est obligé de raccourcir des interviews où en renonce à diffuser certains sujets, c'est la rancion des succès.
Deux jours plus tard, le quotidien Le Monde écrit,
« Il ne fait pas de doute que Saint-Colonne est une formule neuve qui fait éclater les cadres
un peu et triquer des émissions en remonte que nous connaissons. »
Oui, Saint-Colonne est une révolution dans le paysage cathodique de l'époque.
Une révolution a jamais associé un générique qui fera vibrer des millions de téléspectateurs invendredis par mois donc pendant près dix ans.
Ces soirs-là, la fluence des cinémas et des théâtres est en chute libre car le spectacle est devant le poste de télévision.
A l'écran en noir et blanc découvre successivement quatre hommes en costume cravate.
Pip à la bouche, stylo à la main ou téléphone à l'oreille, chaque personnage a le droit à son plan de présentation.
Ce sont les papas, comme on les appelle à l'époque.
Saint-Colonne à la une, c'est eux.
Imaginés par Frédéric Rossif, réalisateur à la RTF, mythique créateur des documentaires,
la vie des animaux et du procès de Néremberg, le projet Saint-Colonne s'est dû immédiatement Jean Darcy,
le directeur des programmes de la seule et unique chaîne de téléfrançaise.
Il en est persuadé le début de la cinquerme publique.
C'est l'occasion idéale pour lancer un magazine d'actualité.
Alors, en quelques mois, Jean Darcy met une équipe en place.
Tout d'abord, il fait appel à l'un des journalistes les plus influents de ce pays, Pierre Lazareff.
En 1959, la majorité des Français s'informent par la presse écrite.
La radio et la télé n'ont pas encore supplanté le papier.
Et le papier, en cette fin des années 50, c'est Pierre Olebrotel, qui en est maître.
Avec François, Pierre Lazareff peut se tarder de vendre plus d'un million d'exampleurs tous les jours.
Ce petit homme sec, nerveux et sympathique a accueilli chaque week-end de Toupari avec sa femme, Helen.
Politiques, sportifs, stars de la chanson et du cinéma, tout le monde défule chez les Lazareff.
Hommes de réseau, mais avant tout, hommes de flair.
Avec François, il a concocté une formule de journal susceptible d'intéresser tout le monde, du ministre jusqu'à l'ouvrier.
Grand reportage signé par des plumes comme Joseph Kessel, excusez-lui peu,
ce coup à l'appel photo impressionnant, 3 portages de guerre et Rubrik Pippel avec les potants de la commerce.
François, c'est tout cela, et c'est huit éditions par jour, impressionnant.
Pierre Lazareff s'explique en 1968 sur sa vision du journalisme au micro-defense inter.
Le journalisme, c'est une simple équation, voir, savoir, faire savoir.
Et cette formule, exprimer les idées à travers les fêtes et les faits à travers les hommes,
c'est ce que j'ai essayé de faire dans le journalisme écrit, c'est ce que j'ai essayé de faire dans le journalisme radiophonique,
c'est ce que j'ai essayé de faire dans le journalisme télévisé.
En 1959, Lazareff ne produit pas d'émissions télé seulement à quelques émissions de radio, RTL, Europe 1.
Alors, le grand patron de presse s'associe à deux figures du petit écran, Pierre des Grôpes et Pierre du Maillet.
Tous deux diplômés de Philo, le duo d'un telo produit et à Nin depuis plusieurs années une émission littéraire
intitulé « Lecture pour tous » et une autre consacrée aux grandes affaires judiciaires en votre âme et conscience.
Dans ce monde d'hommes, une femme se fait quand même une place.
Il y a une victoire, l'épouse de l'explorateur polaire, Paul et Bill Victor.
Au fil des émissions, elles seront indispensables et deviennent une super assistante.
C'est elle qui représente Pierre Lazareff quand il n'est pas là.
Sur France Culture, elle se souvient de cette époque.
Pierre Lazareff était omnipuissant à ce moment-là et il avait des correspondants pour François dans le monde entier
et que des gens comme des Grôpes et du Maillet qui étaient de sons de remarquables journalistes, c'est plus que ça d'ailleurs.
Ils ajoutaient une vraie culture, ce qui est extrêmement rare maintenant,
une vraie culture sur tous les plans politiques, artistiques, littéraires, littéraires sur tout.
Voilà pour les trois pierres. Le quatrième s'appelle Igor Barrère.
C'est sûrement le profil le plus atypique de la bande.
À la fois médecin et réalisateur, il a notamment été l'assistant de René Clair et d'Orson Welles.
Dans le document qui va suivre, il revient sur la création de cinq colonnes au micro de France Culture.
Jean Darcy nous a dit, voilà, dans trois mois, je voudrais une émission d'information indépendante, nouvelle,
qui s'incrit quelque part contre l'information télévisée de l'époque,
qui était complètement dominée par le pouvoir de l'époque.
Je vous rappelle que le journal télévisé à cette époque
était fait en conférence de rédaction au ministère de l'information.
Cinq colonnes, avec l'appui de Pierre Lazareff,
et je dirais presque le part avant que Pierre Lazareff représentait,
devait être un îlot d'indépendance et a été en fait la première manifestation
de l'information libre sur les antennes de télévision.
Voilà, les présentations sont faites.
Les trois pierres donc, Lazareff dégruppé du maillet,
et puis Igor Barrère, et puis
Maintenant, place à la méthode.
L'une des innovations majeures du magazine,
c'est d'associer un réalisateur et un journaliste,
un duo pour assurer une qualité optimale.
D'un côté, un vrai souci de l'image et de la mise en scène,
l'autre, la figure du grand reporter avec un seul modeur,
son rôle dans un thème de l' furniture de tél cohéronie.
angers animaux,
sous nos yeux une trame vivante.
Et il poursuit.
Pourquoi m'interder sur cette image-là plutôt qu'au roi du Maroc,
plutôt qu'à l'armée du Salut, plutôt que au maison de jeu de Las Vegas,
au foule mexicaine, à l'alucinante évocation d'Anastasia,
qui peut-être la fille d'Hitsar,
l'Inoubliam.
Non, l'Inoubliam, c'est cette autre femme qui nous parle.
Elle a passé 17 ans dans les Grands Russes.
Voilà, tout l'esprit de Saint-Colonel là,
dans ce voyage permanent qui emporte le téléspectateur
qu'il soit pris d'eau belle ou paysant.
La planète est un immense terrain de jeu pour les reporteurs.
Pierre Lazareff affiande d'ailleurs qu'en seulement 3 ans,
l'émission a parcouru le monde de l'ombator
à la terre de feu et du Canada au Cap de Bonnes Espérances.
Eliane Victor, la superassistante,
gère la trentaine de personnes en mission à l'étranger.
Par curiosité, elle a calculé le nombre de kilomètres parcourus
par les équipes de Saint-Colonel pour la conception
d'un seul épisode, 72 000 kilomètres,
presque deux fois le tour de la terre.
Précision tout de même,
qu'air France et partenaire de l'émission,
les billets sont gratuits,
bah ça aide un peu.
Ce que nous vous proposons aujourd'hui
d'en faire sensible,
ce n'est pas le récit chronologique de l'histoire
de Saint-Colonel à une,
mais plutôt un voyage dans l'espace et dans le temps.
A la manière de oui de Saint-Colonel,
justement, passons-nous aussi du sport,
à la politique, de la guerre,
à la chanson, de l'aventure,
aux questions de société,
en somme une balade dans les années 60.
Férier 1964,
le duo de reporter Philippe Labroy
William Klein s'installe à Miami
pour suivre l'un des combats de boxe
le plus attendu de l'année,
le champion du monde des poids lourds.
Il propose deux noirs américains,
Sonny Liston et Cassius Clay.
Liston est archivavorier,
on chante à sa gloire
et on avante même le Liston Twist.
Cassius Clay, lui, est soutenu
par un groupe d'origes industriels blancs.
Oui, ils misent tous
sur ce petit fils d'esclaves
pour nettoyer le monde de la boxe
gangrénée par la peigre,
selon eux.
Mais dans les rues de la ville,
personne ne semble croire
aux chances de ce jeune Cassius Clay
qui se distingue
par ses nombreuses fanfaronnades
et provocations.
Cela fait rire les enfants,
mais pour un adulte croisé
dans la rue par le reporter,
le constat sans appel,
il cause, il cause,
c'est tout ce qu'il sait faire,
causé.
La veille du match,
le boxeur,
allongé sur une table de massage,
se met à rêver tout
devant les caméras de cinq colonnes.
Quand je serai champion, disait-il,
je construirai de grandes maisons
pour un million de dollars.
Les gens qui vivront seront
jeunes et beaux.
Quand je serai champion,
tout le monde gagnera de l'argent
avec moi,
grâce à moi,
même les marchands de cacahuètes.
Ah, je suis un beau combattant.
Je suis quelque chose,
je apporte du nouveau
dans le monde de la boxe.
Les reporters
ont vraiment quelque chose
à écrire pour une fois.
Je serai le plus grand de tous les temps.
Ce sport est le plus grand sport
du monde
et je participe
à ce grand événement.
Il n'y a rien de plus grand que moi.
Le long main,
la surprise générale,
Cassius,
les gagne le match
et devient champion du monde.
En conférence de presse,
le boxeur s'est rigé
en fervant défenseur
de la cause des droits
américains
au grand-dame de ses messines blancs.
Quelques mois plus tard,
il rejoint la nation
et nous a vu ce l'homme
échange de nom.
On l'appellera désormais
Mohamed Ali,
le plus grand de tous les temps,
comme il l'avait près d'il lui-même.
Après Cassius Clé,
le magazine d'actualité propose
en ce mois de mars 64
le portrait
d'un champion d'autopromotion
un autre,
un grand nom de ce monde tout-même,
Fidel Castro.
On le connaît pour sa barbe,
ses discours
et sa révolution.
Les pierres des groupes
prévient les téléspectateurs,
le reportage qui vient,
ne ressemble à aucun
de ce que vous avez vu jusque-là.
Ils sourd sur des femmes
qui dansent au rythme du char-chacha,
s'ensuit à défiler militaire.
Fidel Castro regarde ses troupes
béharrées sur la tête,
marcia les graves,
comptant de lui aussi,
son idol, c'est lui-même.
Il a rangé ensuite la foule
avec quelques envolés anticapitalistes.
Mais très vite,
on entre
dans l'intimité de Fidel.
On le voit se reposer
sur un lit,
faire du sport
dans un gymnas
et soudain,
on le voit discuter avec des amis.
Oubliant peut-être la caméra,
il livre alors
l'un des secrets les mieux gardés,
mieux encore que l'endroit
où étaient installés
les fameux sujets de Cuba 2 ans plus tôt.
A quelques amis,
il donne sa recette personnelle
des peintes à l'italienne.
Elle peut mettre des oeufs
dans la farine.
Ensuite, persil,
farine,
oeuf.
On mélange,
on écrase avec le rouleau.
Ensuite, la sauce
à base de viande
avec huile,
oignons,
haï,
tomates,
crème béchamel
jusqu'à 5 étages,
une des mille euros au four
à température adéquate.
Oubliez quelque chose
sur la crème béchamel
du fromage.
Voilà, c'est ça le régime qu'est triste,
mais tout de même.
Après ces séquences accrocheuses,
il y a une interview
très sérieuse,
bien sûr.
Au fidèle,
exprime sa vision du monde
et son opinion sur le Général de Gaulle.
C'est ça, 5 colonnes,
de l'ambiance,
du voyage,
des sourires,
mais de l'info avant tout.
L'info en ces années 60,
c'est l'assassinat de Kennedy,
c'est le discours de Martin Luther King,
la construction du mur de Berlin,
l'histoire en marche, quoi.
À chaque fois,
5 colonnes est sur place.
L'un des grands événements
qui vont traverser la décennie,
c'est la guerre du Vietnam.
De nombreux reportages
seront faits par la télévision,
mais le plus célèbre
et le plus recodu
reste la section d'Herson
de Pierre-Somdorfer.
Pendant 6 semaines,
les reporteurs de 5 colonnes
allaient une suivre
le quotidien de cette section
commandée par
un jeune Lyotte Nan Noir.
Il est diffusé,
pour la première fois,
le 3 février 1967,
et c'est Pierre Desgros
qui présente le film au français.
La chaîne américaine CBS
rachète les droits du film,
et la section d'Herson
remporte l'oscar
du meilleur film documentaire
en 1968.
Un succès
et une reconnaissance
mondiale
pour 5 colonnes à la une.
Et des soldats divers
de l'Herson
sont en train
d'accéder
à l'exemple
de Pierre-Somdorfer.
L'exemple de Pierre-Somdorfer
a été un peu
pour quelque chose.
Et maintenant,
regardez la section d'Herson.
Le document
que vous allez voir,
l'économie,
le plan.
La chaîne américaine
CBS rachète les droits
du film,
et la section d'Herson
remporte l'oscar
de Pierre-Somdorfer.
Et des soldats du Vietnam
en passant peut-être
par le légionnaire.
Voici Eddie Piaf.
De somme en 1960,
la chanteuse traverse
une période douloureuse.
À Wendrie,
physiquement,
par la maladie
et plusieurs opérations,
elle ne chante plus.
Le 5 octobre,
le compositeur Charles Dumont
vient lui proposer
une chanson.
Conquise
par la musique et les paroles,
elle dira,
cette chanson
m'a ressuscité.
Elle s'appelle
Je ne recrète rien.
Et c'est pour
les téléspectateurs
de 5 colonnes à la une
qu'elle la chante
une première fois.
Rien de rien
Non,
je ne regrette rien.
C'est payé,
balayé,
oublié.
Je me fous du passé
avec mes souvenirs.
J'ai allumé le feu,
mes chagras,
mes plaisirs.
Je n'ai plus besoin de
balayer les amours
avec leur tremolo.
Balayer pour toujours.
Je repars à zéro.
Non,
rien de rien.
Non,
je ne regrette rien.
Ni le bien
qu'on m'appelle.
Ni le mal,
tout ça mais bien égal.
Non,
rien de rien.
Non,
je ne regrette rien.
Car ma vie,
car mes joies,
aujourd'hui,
ça commence avec toi.
Le lendemain de la diffusion
de la chanson dans l'émission,
tous les disquaires se la rachent.
Le stock est épuisé en deux jours,
et la carrière de piave est relancée.
Oui,
Saint-Colomb, c'est aussi du spectacle.
Un vendredi par mois,
les Français s'installent devant leur poste
pour en prendre plein vue.
Le 3 novembre 1961,
ils découvrent l'idée un peu folle
qui a traversé l'esprit de la rédaction,
installent une caméra et un micro sur des hommes
qui vont effectuer une chute libre
de 6000 mètres.
Nous sommes dans l'avion, altitude 6000 mètres.
Suire et Chassac sentent leur mâchoire
un peu serré dans quelques secondes maintenant.
Avec eux, vous aussi, vous allez sauter.
En direct, la caméra de Suire
prendra le relais de notre opérateur.
Attention, Chassac compte.
3, 2, 1, go!
La paracétise se surpasse sur les repères.
Avant tout, je passe sur elle.
1, 2, 3, sautons!
Nous aurons sautons!
Nous aurons tellement un chute libre!
Nous sommes actuellement en chute libre.
Le son n'est pas excellent,
mais la séquence est exceptionnelle pour l'époque.
A chaque nouveau numéro,
les papas,
autres ont dit les arrêts
des groupes du maillet barreur.
C'est vert,
tu vas concocter le programme parfait.
Leurs 5 colonnes ont un an à tenir.
L'émission qui dure entre 1h30 et 2h
propose à chaque fois
une dizaine de sujets,
interview ou chanson.
En reprenant le modèle de François,
Pierre Lazaref cherche à intéresser
un public large.
Répétons-le,
c'est le cœur de sa ligne éditoriale
fédivère, cinéma, géopolitique,
science, sport, économie.
Le magazine est complet.
Oui, mais chaque sujet
est disséqué, démembré, remonté.
La semaine qui présente la diffusion
se sont toujours des longs débats
qui s'éternisent tard dans la nuit.
Parfois, le programme est décidé
au dernier moment.
Oui, le montage,
la reportage peut même se terminer
pendant le début de l'émission
et être diffusé à la fin.
5 colonnes, c'est un travail d'équipe.
On y retrouve du débat,
des grandes gueules,
des angulades,
mais toujours sur la forme
et sur le fond du reportage,
parce que les conditions de travail,
elles sont excellentes.
Pierre Lazareff, avec son réseau
et son argent, facilite grandement
la tâche des reporters.
Oui, les moyens sont là,
mais l'exigence est maximale.
D'autant que les années 60
sont synonymes d'immenses progrès
technologiques dans le domaine
des caméras et des magnétophones,
la mincarisation des appareils
permet aux grands reporters
de tout filmer partout.
Pierre de Maillet
l'explique au micro de France Culture.
Avant 5 colonnes
et même tout à fait au début
5 colonnes, on avait des magnétophones
qui pesaient à peu près 60 kilos.
Et il est évident
que si vous avez un magnétophone
de 60 kilos,
vous pouvez difficilement
faire la même chose
que si vous avez un appareil
qui est beaucoup plus raisonnable.
Je veux dire qu'on est tombé aussi
à une époque
où le matériel
a fait un saut en avant
considérable.
Et puis, le journal télévisé,
dans son ensemble, n'était pas sorti
de l'imitation
de l'actualité de cinéma.
C'est-à-dire que c'est des sujets
qui étaient meués.
Et nous, on a amené la parole.
On a apporté la parole.
C'est aussi ça la révolution.
Jusqu'alors, la télé ne proposait
que très peu d'images avec du son synchronisé.
Cette évolution permet
une immersion complète pour le téléspectateur.
La parole,
ce sont donc les interviews.
Et dans ce domaine, Pierre de Gros peut permettre.
Il se permet d'aborder des sujets sensibles,
mais toujours avec finesse et avec tact.
En 1962,
il revient avec Édith Piaf sur la période
difficile qu'elle venait de se remonter.
Vous avez peur de la mort?
Est-ce que vous avez eu peur de mourir?
Non, je n'ai pas peur de la mort.
Vous y avez pensé?
J'y ai pensé.
Je l'ai accepté.
Ça avait dû arriver.
Je pense que j'étais prête aussi.
L'une de vos chansons que vous avez chanté
il y a un an,
c'est appelé Je n'en regrette rien.
Vous l'avez chanté ici, à Saint Colombe.
C'est une chanson qui a bouleversé les gens
parce qu'on croyait que c'était de vous que vous parliez.
Est-ce que c'était de vous que vous parliez
lorsque vous jugez votre vie
et que vraiment vous ne regrettez rien
si vous pouvez la refaire?
Exactement la même.
Vos chansons chantent toujours l'amour.
Et on sait que pour vous l'amour n'est pas comme un mot,
n'est pas seulement un thème de chanson.
Qu'est-ce que vous attendez?
Qu'est-ce que vous avez attendu de l'amour, Édith Piaf?
Mais ce qu'il m'a donné,
le merveilleux, le triste, le tragique,
l'extraordinaire...
T'es déception aussi?
Je n'ai jamais été déçue.
Les séquences émotions,
c'est cela aussi qui fait le succès de l'émission
et est empuyé pour celle qui honore beaucoup moins
la profession des journalistes,
comme cette interview pathétique de Jacques Iquinedi
qui s'exprime pour ne rien dire,
strictement rien,
tendance, nuluche qui aime son mari
parce qu'il est gentil, parce qu'il est beau.
En fait,
l'épouse du président Quinedi,
qui est tout sa filiote,
contrôle sa parole.
À tel point, quelle la vie de sens.
C'est volontaire, c'est de l'autocensure,
ça la regarde et ça regarde les journalistes
de diffusé ou pas.
Non, beaucoup plus problématique
et la censure,
la vraie dont va souffrir Saint-Colonne.
En voici l'illustration.
La scène se déroule dans une salle
de projection de la rédaction.
Les senseurs sont venus visionner
le reportage avant diffusion.
Michel Ognorin, grand reporter,
raconte la scène.
Ils étaient tous dans le fond
la salle de projection
avec un banc lumineux
sur lequel ils écrivaient.
Comme ce n'était pas possible
de mettre par exemple
la politique du général de Gaulle
est une aberration,
nous le mettions quand même.
Alors ils allumaient leurs lumières
et notaient.
Et, pendant ce temps, derrière,
nous mettions ce que nous voulions garder.
Oui, on est ennuyé comme ça,
deux à trois attrapecouillons
sur 12 minutes
et on passait le reportage
tel qu'on voulait.
Et voilà.
Mais les petites ruses ne suffisent pas.
Parfois, Pierre Lasarèves
doit faire jouer ses relations,
notamment son amitié
avec le général de Gaulle
et quand cela ne fonctionne pas,
il n'hésite pas à menacer
la direction de la chaîne.
Du genre, nous arrêterons
du jour au lendemain
Saint-Colomne, allez-y,
si vous continuez, quoi.
Mais une chose
les protège plutôt bien
d'ascensure.
Il n'aborde que très peu
les questions de politique intérieure.
Et, sur l'international,
il ne manifeste pas
d'opposition farouchement opposée
à la lignoliste.
Peu de politiques intérieures, donc.
Mais depuis sa création,
Saint-Colomne suit avec intérêt
et sans tabou
l'évolution du mode de vie
des Français.
Et, des autres d'ailleurs,
c'est en fait
le meilleur magazine
de société de la télé.
Qu'y a-t-on, par exemple,
à l'année 1961
où une équipe part
réaliser un sujet
sur la vie du couple?
Le couple en général
vaut, moi, tout le monde
des problèmes sexuels,
de contrôle de naissance.
Ils se rendent
dans le premier planning
familial de France
à Grenoble
et ils interviewent
un homme venu
se renseigner.
Vous en parlez à l'usine,
un petit peu.
Oui, oui, nous en parlons
à l'usine.
Si vous voulez,
le fait que
pas mal de femmes,
enfin,
en particulier des abortements,
je vois à côté de moi
l'atelier un camarade
avec sa femme
qui...
je sais pas,
abortement, qu'on dit,
commencer.
Faut se coucher.
Faut se coucher.
Effectivement,
ça demande
une éducation,
enfin,
me paraît,
enfin, me paraît essentielle.
Je vois, par exemple,
tel camarade
qui boit
actuellement,
eh bien,
c'est parce qu'il n'a
plus aucun rapport sexuel
avec sa femme.
Pourquoi?
Bah parce qu'ils ont
cinq enfants
et parce qu'ils veulent
prendre la voire 6.
La parole est libre
et le reportage
se veut pédagogique.
D'autres reporteurs
suivent l'installation
de jeunes couples
dans les HLM
nouvellement construits,
une autre équipe
recueille la parole
des Bousons Noirs,
on consacre
de nombreux sujets
aux rapatriers d'Algérie,
on assiste
à une réunion
des alcooliques anonymes,
on reçoit une héroinomane
sur le plateau de l'émission
sans tabou, tout cela,
mais le reportage,
le plus audacieux
tout de même,
de cinq colonnes,
c'est celui-ci
qui date de 1966.
Voilà.
Je n'ai qu'à personne,
pour être toute seule.
Helen a éprouvé
la première les effets
du LSD.
Elle a eu chaud,
elle a eu froid,
elle a senti sa nuque salourdire,
ses jouces durcires,
puis elle a commencé
à voir le tapis grouillé de serpents,
le mur se déformait,
des visages se rétrécirent
autour d'elle.
Jean ensuite
a vu le plafond couler
comme si le plat
ne l'était pas pris.
Puis il s'est cru
au bord de la mer.
C'était merveilleux,
puis c'était la tempête.
Quatre heures plus tôt,
ils avaient croqué chacun
un sucre,
un bibé,
de 250 millionièmes
de gramme de LSD.
Une expérience étonnante,
encadrée par des médecins tout de même.
On y voit donc Helen,
24 ans et Jean,
43 ans déliré
dans un appartement.
Quelques jours plus tard,
ils sont interviewés
pour débriffer leur expérience,
et un neuropsychate
est ensuite questionné
par Pierre Dumayeu.
En réalité,
ce reportage remplit
à merveille
les tas à rêve,
exprimait les idées
à travers les faits
et les faits
à travers les hommes.
Bon, aujourd'hui,
il y en a un peu de mal
à imaginer un reportage
de ce type
à une heure de grand écoute,
bien que...
Cinq colonnes à la une,
s'arrête en mai 68 après,
dix ans de sa création.
Les papas s'abordent
d'émissions
pour protester
contre le gouvernement.
Cette émission
aura accompagné
la quasi-totalité
des années de Gaulle.
Dans le cadre d'une télé
largement contrôlée
par l'État,
Cinq colonnes s'est aménagé
un illot de liberté
en grande partie
grâce au pouvoir
de Pierre Lazareff.
Mais Cinq colonnes à la une,
c'est avant tout
une histoire d'alchimie
entre des hommes venus
d'horizons différents,
une époque
de grand bouleversement
géopolitique
des sociétos
et une série
d'innovations technologiques
en précédent.
Au début du magazine,
en 1959,
la France comptait
un million de postes de télé.
10 ans plus tard,
aussi simple,
c'est 10 fois plus.
Cinq colonnes
a donc accompagné
la croissance
du petit écran
tout en inventant
des formes
qui l'ont profondément marquée
jusqu'à aujourd'hui.
Le casque des pavés
ne bouge plus dans l'île.
La scène de nouveau
ruisselle d'eau pénite
Le vent a dispersé les cendres de bain dite
Et chacun est rentré chez son automobile
J'ai retrouvé mon pas sur le glabre bitume
Mon pas d'oiseau force a enchaîné à sa plume
Et piochant l'effasion d'un rossignol titan
Capable d'assurer le sacre du printemps
Mais, mais, mais Paris, mais, mais, mais Paris
C'est tant si je l'avoue, j'ai la gorge un peu accrue
Le sacre du printemps sonne comme un massacre
Mais chaque jour qui vient embellir à mon gris
Il se peut que je couvre un Igor Stravinsky
Mais, mais, mais Paris, mais, mais, mais Paris
Mais, mais, mais Paris, mais, mais, mais Paris
Et je deprends Paris dans mes bras plein de zèle
Sur ma poitrine je presse tes pierreries
Je n'épose l'aurore sur des tuileries
Comme rose sur le lit d'une demoiselle
Je survole à midi des 6 millions de types
D'avis à ras le bol meuf qu'il aura des crimes
J'arrale des quartiers aux couleurs de pigeons
Un déligeant sous blanche et gris de religion
Mais, mais, mais Paris, mais, mais, mais Paris
Je repère en passant Hugo dans la Sorbonne
Et l'odeur d'eau de vie de la vieille Bombonne
Au lisière du soir, mi man, mi mendiant
Je plonge vers un pont ou penche un étudiant
Fabrice Drouel, Christophe Barrère, Jérôme Boulet
Et Adrien Nora, vous propose affaire sensible
C'était notre séquence Migueolle, bonjour et salut Brousini
Salut
Je n'ai pas dévoilé votre âge qui est loin d'être canonique
Mais suffisant pour avoir vu 5 colonnes à la une
Vous étiez gauche, j'imagine, quelle souvenir vous en gardez?
Un souvenir d'émerveillement total
Je ne comprenais rien, j'avais 7-8 ans
Mais j'étais fasciné par Roger Louis en particulier
Qui était une des grandes figures du reportage
Du maillet que je ne voyais jamais siller
Et puis le ton incroyable avec cet accent
Très particulier de des groupes en ouverture
C'était pour moi un très grand moment d'émotion
Et je pense que psychanalytiquement
Il s'est passé un choc entre moi et cette image
Et moi, chaque fois que j'ai vu après des hommes fumer la pipe
J'ai toujours considéré qu'ils étaient intelligents
Et ça, à cause de ça que j'ai fumé la pipe
J'ai arrêté, donc je suis devenu moins intelligente
Je l'ai dit, comment tu l'as fait?
Après j'arrête les questions personnelles
Ça vous a donné envie d'être journaliste, ça ou c'est autre chose plus tard?
Ça m'a donné envie d'ouverture, de découverte
Vous savez, moi je suis né à 50 ans dans l'Aine
Et j'étais juste à côté des usines motobécanes
Et le vendredi soir, donc oui, je regardais ça
Et mes parents, c'était saigné au Cadvaine
Pour acheter le poste de télé
Je les en remercie, et comme disait la chanson
Je ne regrette rien
Joli, il y avait Brusini jeu
Pour résumer votre carrière, je devrais commencer parce que vous n'avez pas fait
Ce serait plus simple, moins long en tout cas
Donc on va prendre quelques éléments
Fragments en biographie
Vous avez dirigé le service des infos gênés d'antenne 2
Vous avez été délégué à la formation de France 3 de 2004 à 2008
Cette même année, vous devenez rédacteur en chef de journal de 20h
De France 2, poste que vous occupez jusqu'en 2011
Et vous êtes coloriaire du prix Albert Londres pour un reportage sur l'affaire Farwell
Affaire sur laquelle on est revenu la semaine dernière d'ailleurs
Alors on a vu que Saint-Colonel 1, c'est une révolution sur le fond et sur la forme
Et on dit qu'on n'avait jamais vu ça à la télévision française
Vous confirmez?
Ou c'est du mythe?
Ou c'est une réalité?
Non, à la télé française, on ne l'avait pas vu
On l'avait vu à la télé américaine avec un personnage extraordinaire
Il s'appelle Ed Murrow qui avait créé ce magazine, il s'appelle Sy Itno
Regardez ça maintenant et qui avait commencé en 51
Avec une réalisation technique extraordinaire qui consistait à montrer aux américains
En temps réel, la Côte Est et la Côte Ouest parce qu'on venait de tirer un grand câble
Et Murrow est resté très connu pour son défi fort, puissant, démocratique
Face à la menace, j'allais dire, de McCarty, des interviews sans concession
Un personnage extraordinaire qui avait commenté la Seconde Guerre depuis un avion
Les bombardements incroyables
Et donc l'équipe de Saint-Colonel avec un laser rêve qui connaissait très bien
Les États-Unis, qui avait été responsable, là-bas, pendant la Seconde Guerre
D'une sorte de contre-propagande face au nazi avec les américains, étaient au fait de toutes les innovations
Et il a été très sensible au fait de raccorder, si j'ose dire, la télé
A son expérience à lui de François avec le prima de l'image
Vous savez, ils avaient inventé le bel inographe déjà depuis un certain temps
François, c'était aussi la photo presque du moment où l'événement venait de se passer
Et ne laissez pas passer un détail frappant, Saint-Colonel a eu une, c'était un truc de presse écrite
Bien sûr
Les Saint-Colonel a malade
D'ailleurs, le premier générique de Saint-Colonel, c'est François sur les rotatives
Et avec cette musique extraordinaire d'un musicien de cinéma qui s'appelle Michel Magne
C'était François Sagan qui avait rédigé le texte du ballet parce que c'est un ballet à l'origine
Panorama, plus tard, a essayé de trouver une musique équivalente
Et je dois dire qu'on la cherche toujours, cette musique, parce qu'elle est extraordinaire
Il y a de la gravité, de la force
Moi, ça m'emballe, c'est des frissons, quoi
Mais ça faisait presque peur qu'on en ait des gamins
Ah, c'est clair
Bien sûr
C'était peur qu'on en ait des gamins, donc c'est-à-dire que la gravité pour les adultes
C'était la grosse voix de la télé qui disait, regarde, tu vas voir
Bon, l'esprit de Saint-Colonel, c'est notamment ça, c'est le grand reportage à l'étranger
Mais aussi en France
Moi, j'ai quand même le sentiment que c'était un magazine de société
Le premier magazine qui est vraiment scanné, la société française, l'arme humaine
Oui, mais on la scane à la façon du grand reportage
C'est-à-dire que quand on fait une interview de quelqu'un, on se balade dans la tête de la personne
On le laisse, le temps de s'exprimer
Si vous voulez quand on scane, on ne va pas à la recherche de l'illustration d'une vérité préétablie
Et on trouve le bon sonore, comme on dit dans le métier, qui va illustrer ça
Non, là on va à la découverte, c'est des gens curieux qui découvrent
Et vous savez que, Lazarev disait, il faut toujours savoir à un moment ou un autre
Si ça sent encore le pipi dans l'aéroport d'Athènes
Ça, ça voulait dire, il faut y aller, il faut aller à la rencontre
Et aller à la rencontre du fait de société, c'était sonder
Oui, les râces et les coeurs, mais sans l'idée préconçue de ce qu'on y cherchait
Et avec l'information incarnée, c'est-à-dire c'est à travers un témoin
La voix d'un témoin, son visage, ces mots, le témoin devient, pendant le moment où il est diffusé
L'instar national, alors qu'il n'est pas connu
Non, il est incarné
C'est donc incarné
Il est incarné parce que ce que je cherche, moi, c'est sa vérité intime
La section Anderson, c'est l'intimité des hommes, l'intimité du groupe
Les gens qui veulent savoir ce qui se passe en matière de sexualité, y compris à l'atelier
C'est l'intimité du voisin et du type qui dit, oui, il y a mon voisin, il boit
C'est extraordinaire parce que c'est la révélation publique de l'intimité
Il y a des questions que les gens se posent, par exemple vous parliez de Cuba
Eh bien Cuba, c'est l'intimité du type qui fabrique des pattes et qui répond aussi au monde entier
Que sa révolution, c'est ça la puissance
Et vous savez, la Lazarefe s'inscrit dans une longue lignée
Qui est celle déjà du grand reportage du 19e siècle
Et qui va démarrer avec le début 20e
C'est bien sûr Albert Londres, Édouard L.C.
Gastons le roux, la population en redemande
Les Français ont voulu avoir cette presse qui nous donnait avoir, avoir
Alors là on a fait la géographie, mais c'est normal
En même temps, il y avait quand même quelques concessions à ce qu'on appellerait aujourd'hui
L'infospectacle, moi j'ai pris l'exemple frappant de Jackie Kennedy
C'est incroyable, comment une femme aussi intelligente, aussi élégante
Peut se payer la tête du reporter jusqu'à lui répondre
Pendant 20 minutes, ça n'en funie pas et elle ne dit rien, strictement rien
Et le but manifestement pour Saint-Colonel à la une, c'est d'avoir Jackie Kennedy
En vrai, sur l'écran français, même si elle ne dit rien
C'est déjà une petite, on ouvre une brèche quand même
Saint-Cole, ça aime le pitolle, monsieur Ouell
Et donc c'est pour ça qu'ils se disent, là il y a un bon coup
Mais je ferai remarquer que la Lou avait fait l'interview du mari
Et que c'était une exclusivité mondiale que d'avoir le président Kennedy
Alors aller savoir s'il n'y a pas eu marchandage sur cette affaire
Mais ils étaient conscients évidemment de ce qu'ils faisaient
Et vous avez raison, il y a eu quand même quelques concessions en particulier politique
Ça n'était pas les super rebelles évidemment, mais à la fin quand même ils ont dit ça va
L'asphyxie, le taux d'emmerdemence, pardon pour le mot
Mais quotidien, y compris le fait de ne pas pouvoir aller filmer
Les événements de 68 qui sont au coin de la rue alors qu'on fait des milliers de kilomètres
Ça, ça ne passe pas, on arrête
Et au passage, ça nous rappelle que quand on est journaliste à Paris
On peut être grand reporter, on en rend lieu
Ce n'est pas une histoire de distance, on va bien rejoindre
Mais naturellement, par la personne qu'on croise à l'entrée de cette maison
Nous allons écouter maintenant Pierre Lazareff, qui parle de l'influence de Saint-Colombe
L'influence qu'il y a eu en France et dans le monde entier
Nous avons eu grande joie, c'est que cette émission Saint-Colombe à l'A1
Si j'ose dire, fait des petits
Elle a essayé non seulement en France mais à l'étranger
Au moment où Saint-Colombe à l'Une n'est pas rue
Au monde n'avait d'émissions de télévision d'informations comparable
De reportages comparables à Saint-Colombe à l'A1
Beaucoup de gens, même des américains, sont venus en France
Moi-même, j'ai été dans de nombreux pays étrangers
Mais comproducteurs aussi, nous avons suscité des émissions
Avec lesquelles nous travaillons toujours, analogues à la nôtre
Et puis ensuite, à l'intérieur même de la télévision
Il y a eu d'autres magazines de télévision, presque tous
Faites par des journalistes ou des réalisateurs qui avaient débuté la télévision à Saint-Colombe à l'A1
En quoi, Rébrousigny, à votre avis, Saint-Colombe à l'A1
N'a-t-il fait souffler un vent de liberté sur la télé?
Mais ce que c'est justement, on avait pris l'exemple
C'est frappant de l'expérience de l'USD, de tes mois
C'est un truc de fou, mais c'est la philosophie de Saint-Colombe
C'est-à-dire, je suis en direct, même si c'est totalement monté, enregistré
Et tout dans la situation, et donc je la vis pleinement
Je les arrive disais, moi je veux faire quelque chose qui soit aussi fort
Dans sa puissance que l'événement
Eh bien, la technique de narration, la fabrication
C'est-à-dire, vous avez entendu des groupes qui dit
Aller, venez, on va sauter avec lui
Regardez les choses, ces injonctions-là
Etaient une vraie promesse suivie d'une réalité
On avait l'impression d'y être, on était avec eux
Et donc, en plus, dans une unité de temps, de lieu et d'action
C'est-à-dire, le nec plus ultra du dramatique
Et donc, vous êtes là, absolument, dans le réel
Vous êtes les témoins avec nous
Le journaliste, c'est votre pote qui tend la main aux gens
Et grâce à lui, grâce à cette main tendue
Vous découvrez le monde et votre atelier
Le journaliste, viens voir, je vais te montrer
Viens, j'en ai une bonne à te raconter
C'est une narration, c'est une histoire
Alors, vous en parlez
Vous avez en parlé à la fois, avec nostalgie
Comme si cette liberté-là, on l'avait perdu
Et en même temps, comme un héritage
Alors, aujourd'hui, qu'est-ce qu'on a fait de cet héritage-là
Jusqu'à aujourd'hui, dans les magazines d'information
Tiens, on va prendre nos services publics que vous connaissez si bien
Allez
Vous savez, on a recréé un envoyier spécial précisément
Pour raviver l'esprit de Saint-Cole
D'ailleurs, au passage, on ne dit pas Saint-Cole
On dit 5 colonnes à la une
Et donc, c'est cette même philosophie
Mais, il est évident que la décolonisation
Le vécu de l'intimité au plus profond
Cette immersion existe et là, comme un trésor
Mais les choses se sont déplacées vers un autre terrain
À mes yeux, tout aussi important
Et tout aussi crucial, qui est l'enquête et l'investigation
Si vous voulez, aujourd'hui, la preuve de l'indépendance
N'est pas seulement le fait de pouvoir parler de tel ou tel sujet
Mais apporter un élément
Exactement
Ou plusieurs
Ou plusieurs éléments, tant qu'à faire
Et surtout, démonter des choses dont je me doute
dont j'ai entendu parler
Ou qui sont pour moi une révélation
Que tout pouvoir ne veut pas révéler
Le pouvoir financier, le pouvoir politique
Et cette affirmation puissante de d'indépendance
Par le journalisme de services publics
Et franchement, France Inter
Et plutôt bien placé en la matière
C'est pour moi ça, l'héritage
Du questionnement actif, positif, agressif
Au bon sens du terme pour la démocratie
C'est héritage de Saint-Cole
Ça veut dire que Saint-Colon, à la une, ne s'était pas donné
L'objectif d'aller apporter une révélation
Une information, c'était plus, on va témoigner
On va à l'intérieur de l'événement
On n'est pas obligés non plus d'apporter quelque chose
Parce que le temps a passé
Et rappelons quand même les circonstances historiques
Que vous avez évoquées
Nous sommes en pleine période où le monde bascule
On est dans le monde de la décolonisation
Excusez du peu, mais vous avez parlé de l'Algérie
Il y a Saint-Domingue, il y a le Congo
Autant de moments où, en plus, au centre
De cette capacité de voir en dire ce qui se passe
J'ai rendez-vous avec mon personnage que j'aime tant
Qui est le reporter
C'est ce personnage qui est celui
Encore une fois mon guide
Et grâce à lui je perçois les choses
Déjà, voir, comprendre
Grâce à lui, les soubresseaux du monde
Le fracas du monde, c'est déjà énorme
C'est donc là que crée la figure familière
Du grand reporter, probablement
Avec Saint-Colon à l'œuvre
On se fait un petit plaisir
Il n'y a que ça avec cette émission
On va écouter Brigitte Bardot, carte libre
Dans Saint-Colon à l'œuvre
Et elle parle d'une grande passion
C'est très occupation, la souffrance animale
Brigitte Bardot, des millions et des millions de téléspectateurs
En cette seconde vous voit apparaître au centre de leur écran
Vous avez quelque chose à leur dire de quoi s'agit-il?
Il s'agit des abattoirs
C'est-à-dire, de la façon dont on tue les animaux
Encore à notre époque
C'est-à-dire que les méthodes d'abattage d'animaux
N'ont pas changé depuis le Moyen Âge
Exactement, qu'est-ce qui se passe comme un Moyen Âge, Brigitte?
Les animaux sont égorgés
D'ailleurs que les petits animaux, les vols, les moutons et les chèvres
sont égorgés vivants
Ça dure quelquefois 3, 4 ou 5 minutes
Et pendant ces 3, 4 ou 5 minutes, la bête est vivante et souffre
Vous ne trouvez pas étrange que vous, Brigitte Bardot, vous occupez de ces problèmes?
Je trouve surtout étrange que personne d'autre ne s'en occupe
Ah, la répartie, Brigitte Bardot
Et maintenant, le combat qu'elle a mené, pas beaucoup d'autres l'ont mené
Trouve une réponse aujourd'hui, on est beaucoup plus vigilants sur la souffrance animale
Oui, on voit qu'on est en école des grands problèmes de société d'aujourd'hui
Il reste 30 secondes, non, il ne reste rien, c'est fini
Bon, mais si il reste 30 secondes, il y avait juste une question
On a fait tellement de choses, elle est tellement inventée de choses en info et d'émission
Qu'est-ce qu'on peut inventer maintenant?
C'est compliqué, hein
On peut inventer la conversation
C'est-à-dire le fait que les gens maintenant s'adressent à nous en temps réel
Et on leur répond, ils nous questionnent
On est à parité
C'est le directeur des services numériques?
Non, mais oui bien sûr
C'est la Révolution Nouvelle qui change et transforme notre métier
Et bien maintenant c'est fini, ce sera le mot de la fin
Merci à Rébroussély
A vous?
A moi
A vous, Paris
C'était Affaire sensible aujourd'hui
5 colonnes à la une d'une émission que vous pouvez réécouter en podcast sur franceinter.fr
Rendez-vous également sur la page Affaire sensible
Du site de France Inter pour toute information complémentaire
A notre émission livre, référence vos commentaires si ça vous dit
Bien sûr, merci à Michel Bézikian qui était à la technique aujourd'hui
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durée :00:53:10 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle - Le 8 janvier 1959, Charles de Gaulle devient le premier président de la 5ème République. Le lendemain, c’est la naissance de Cinq colonnes. Ce magazine d’actualité télévisée va propulser le petit écran dans la modernité. - invités : Hervé BRUSINI - Hervé BRUSINI