Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Christian Van Geloven, le prédateur - Le récit

Europe 1 Europe 1 8/19/23 - 34m - PDF Transcript

Cette histoire débute un jour d'octobre 1991 par une scène absolument angoissante,

à Elne près de Perpignan. Dans un loutissement, il est 5 heures de l'après-midi et une maman,

Chantal 22 Portales, cherche sa fille Ingrid.

Aujourd'hui c'est son anniversaire, elle a 10 ans, ça fait une heure qu'elle est partie avec

sa copine Muriel acheter des bonbons au tabac du coin. Une heure et elle n'est pas rentrée.

Chantal fait le tour des commerçants. Vous n'avez pas vu Ingrid et Muriel ? Vous

n'avez pas vu Ingrid et Muriel ? Les gens aimeraient tellement l'aider, mais ils n'ont rien vu.

On est au pays du ballon oval et il y avait France Angleterre à la télé. Tout le monde était

devant son poste, il n'y avait personne dehors. Personne. Alors une heure plus tard,

Chantal 22 Portales pousse la porte de la gendarmerie et les gendarmes la prennent très au sérieux.

Ils envoient tout de suite des dizaines d'hommes munis de chiens, cadriers le quartier, bientôt

rejoint par des voisins, des amis, d'autres parents. Et puis la nuit tombe et on ne les a pas

retrouvés. Et le lendemain matin, quand le soleil se lève, non plus. Et là, c'est la mobilisation

générale. Un hélicoptère, 300 militaires et une centaine de bénévoles ratissent les environs de la

maison des fans de portales. Ils ne trouvent rien. Aucune trace des deux fillettes. Les gendarmes pendant

ce temps-là font du porte à porte. Tout le monde voudrait aider l'enquête, mais décidément,

personne n'a rien vu. Sauf une dame, une certaine andrée. Elle est allée à Elne, la veille, en voiture.

Et là, j'ai aperçu des petites filles qui marchaient sur le bord de la route. Elles le sont

yées, elles avaient l'air joyeuses. Je les ai doublées et un peu plus loin, près d'un rond point,

j'ai vu un homme debout à côté d'une voiture blanche. On aurait dit qu'il attendait. Je me souviens

bien de lui parce qu'il a baissé la tête quand je l'ai regardé. À ce stade, c'est la seule piste.

Un homme avec une voiture blanche. Des voitures blanches. Y a que ça.

Heureusement, l'enquête va bénéficier d'un coup de pouce, un sacré coup de pouce,

sous la forme d'un télèxe de la police néerlandaise, qui tombe dix jours après la

disparition des deux fillettes. Un certain Christian Vangelovane serait dans la région.

C'est quelqu'un de sa famille qui, apprenant en Hollande la disparition d'Ingrid et de Muriel,

a prévenu les autorités néerlandaises qui elles-mêmes ont alerté les Français.

Vangelovane est dans le coin et Vangelovane est un pédophile connu.

Alors il est où ce Vangelovane ? Dix jours après, il ne va pas être facile à localiser. Et là,

deuxième coup de pouce du destin. Les gendarmes apprennent que Vangelovane était à l'ourde il

y a quelques jours. On le sait parce que là-bas, il a fait une tentative de suicide. On l'a retrouvé

dans un hôtel, dans son bain, il s'était ouvert les veines, il avait avalé des médicaments et pour

être certain d'y passer, il avait jeté dans le bain une lampe électrique branchée. Ça a fait sauter

les plombs, mais ça ne l'a pas tué. Une femme de chambre de l'hôtel a donné l'alerte, il a fini

à l'hôpital 36 heures dans le commun. Et dans la foulée, il a été expédié dans un hôpital

psychiatrique de Saint-Dizier dans les Vosges parce que c'est là-bas qu'il vit. Et renseignement pris,

il possède une Volkswagen Polo blanche. À l'ourde, il semble qu'il soit allé se confesser avant de

tenter de se suicider. Peut-être que le curé qui a recueilli sa confession a des informations. Les

gendarmes vont voir l'abbé. Est-ce qu'il a enlevé les deux gamines ? Et si oui, où sont-elles ? Est-ce

qu'elles sont vivantes ou mortes ? Et où sont-elles ? Où ? Le curé comme prévu est bien embêté. Le secret

de la confession, vous comprenez ? Il est l'hude. Il ne peut rien dire, mais il a l'air tellement

nerveux que le juge se dit que Vangeloveine lui a confessé du lourd. Douze jours après la

disparition des fillettes, Christian Vangeloveine est interpellé à l'hôpital psychiatrique de

Saint-Dizier et placé en garde à vue. Entre-temps, les gendarmes ont montré sa photo à la dame

qui avait vu les deux fillettes près d'un homme avec une voiture blanche. Elle le reconnaît sans

hésitation. Maintenant, il faut des preuves et il faut des aveux et c'est pas gagné parce que pour

l'instant, il prend les choses de haut. Il est cadre supérieur dans une multinationale. Il parle

le sac langue. Il dit qu'il n'est jamais allé à Elne, qu'il n'a jamais vu les deux fillettes. Et je

regrette de pas avoir une peau le noir. On m'aurait laissé tranquille. Bref, c'est encore yasse. Qui ne

va pas se laisser coincée comme ça ? Etiez-vous dans les Pirées des Orientales, 19 octobre ? Vangeloveine ?

Perpignan ? Elne ? Ça vous dit quelque chose ? Elne ? Absolument pas. Je suis jamais allé dans le coin.

Et puis les heures passent. La nuit tombe. Dans le bureau, le juge a volontairement tamisé la lumière

pour créer une atmosphère propice à la confidence. Et au milieu de la nuit, Vangeloveine se met à

parler d'abord de sa tentative de suicide à l'ourde. Et puis à quatre heures du matin,

après douze heures de garde à vue, il dit « Etez-moi, j'ai besoin de me confier,

j'ai besoin de m'expliquer. » Et ce sont des années et des années de non-dits qui sortent d'un coup.

Ingrid et Muriel. C'est lui. C'est lui qui les attendait au rond-point dans la voiture blanche. Il leur a

demandé s'il y avait une cabine à cartes dans le coin. Elles sont montées dans la voiture pour lui

montrer. Et puis il a roulé, roulé, roulé. Et là, il dit qu'il est arrivé à Colliour, dans un appartement

qu'on lui avait prêté, qu'il les a amenés toutes les deux dans la chambre, qu'elles se sont

déshabillées pour faire des photos. Nus. Ils laissent entendre qu'elles étaient intéressées, volontaires,

et qu'elles étaient… Coquines. Je vous le dis tout de suite. Cette scène dans l'appartement de Colliour

n'a jamais existé. Il invente, il se donne encore le beau rôle. En vérité, il n'est jamais allé à

Colliour. Il les a emmenés directement dans les bois. On était sur un chemin dans une forêt. J'ai une

pulsion. Je les ai tués toutes les deux. Vous les avez violées, d'abord ? Ah non, je les ai pas violées.

Je les ai tués, juste te tuer. Il dit qu'après, il a mis les cordes dans sa voiture, leurs vêtements

dans un sac poubelle, qu'il a jeté le sac dans le lac du Salagou et qu'il s'est débarrassé des

cordes dans le Larzac. Est-ce qu'il est prêt à montrer où ? Oui. Oui, il est prêt.

En novembre 1991, un pédophile récidiviste, Christian Vangelowen, avoue le meurtre de deux petites

filles de 10 ans qu'il a enlevé dans la région de Perpignan. Ingrid van de Portal et Muriel Sanchez.

Il dit qu'il a enterré les cordes dans le Larzac. Au deuxième jour de sa garde à vue,

le juge d'instruction embarque Vangelowen car maintenant, il faut retrouver les cordes. Direction

le lac du Salagou, là où il dit avoir jeté les vêtements des fillettes. On envoie des plongeurs

au fond du lac, il remonte un sac, les vêtements d'Ingrid et Muriel sont dedans. Ensuite,

direction le plateau du Larzac, Vangelowen désigne un village, Saint Maurice de Navasselle. Sur place,

il montre l'entrée d'un gouffre. C'est là ! Il dit qu'il a jeté les cordes dans le gouffre et il n'a pas

menti. 70 mètres plus bas, au fond du gouffre, l'espéléologue tombe sur les petits cordes

Muriel et Ingrid, nu, glacé. Les gendarmes les ramènent à Perpignan et, le soir même,

Christian Vangelowen est mis en examen et écroué. Le juge tout de suite, évidemment,

avertit les familles. Et la nouvelle fait le tour de la petite ville de Elne. Muriel et Ingrid

ont été assassinés. Réveil douloureux ce matin dans la commune. Le rendez-vous aux

rituels des enquêteurs volontaires devant la caserne des pompiers laisse apparaître un cruelle

désarroi. Manuel Sanchez, le père de Muriel, a placardé une affiche. Remerciement chaleureux,

mais pour lui, sa fille est déjà morte. Il demande que justice soit faite. Deux heures plus tard,

le maire annonce officiellement la nouvelle. Christian Vangelowen a tout avoué. Mais où

son Ingrid et Muriel a priori personne encore ne le sait. Les recherches se poursuivent dans un

lieu gardé secret, un périmètre de 200 km2 autour de Perpignan où les corps auraient été jetés.

Peut-être un gouffre a en croire l'avenue de spéléologue. 15 jours après la disparition,

Elne encaisse un nouveau choc. La colère gagne les habitants qui devont encore faire preuve de

patience et de courage. Elne a en débouté Europe. Et maintenant, maintenant tout le monde attend

l'autopsie. Les as-ils seulement tués sans les violer, comme ils le prétendent ? Bien sûr que non.

Elles ont toutes les deux été violées, à l'aide d'objets de tailles diverses. Je ne m'attarde pas,

mais le légiste écrit dans son rapport. Les blessures confinent aux actes de barbarie si

l'on tient compte du jeune âge des enfants et de l'importance des lesions constatées.

Après, après, il les a étranglés.

Plus de 5000 personnes assistent aux objets que des deux petites filles à l'église d'Elne.

5000 personnes en colère parce qu'on commence à savoir qui est ce vendegelloven. C'est un

récit diviste. Son premier passage à l'acte connu, comme pédophile, remonte à 1983 il y a 9 ans.

C'était à Orléans un après-midi d'automne. Vendegelloven repère une fillette de 10 ans qui

rentre à pied de l'école. Il lui propose des bonbons, elle monte dans sa voiture. Il la ramène

chez lui en faisant mille détours. Il la monte dans sa chambre, il l'a tachenue sur son lit par les

jambes et par les bras et il se livre à des attouchements et la force à pratiquer une félation.

Et puis il la ramène chez elle. Quelques jours après, il est arrêté et envoyé pour la première fois en

prison. A l'époque, la félation n'est pas un viol. Il évite donc les assises et comme il est marié,

comme il a deux enfants de 12 et 13 ans et comme il est bon catholique et qu'il va à la messe tous les

dimanches. Et comme l'expert psychiatre n'a repéré chez lui aucune perversité, le tribunal correctionnel

d'Orléans est plutôt clément avec lui. Il s'en tire avec quatre ans de prison, dont deux ans et demie

avec sursis. Soit un an et demi de prison ferme, il fera 14 mois. Et la justice se montre bon,

prince. Sa condamnation ne figurera pas à son casier judiciaire. Elle lui donne une chance. Sauf que,

ça n'était pas son premier passage à l'acte. Il a déjà violé. Très jeune. Mais ça,

on va le découvrir trop tard parce que la victime n'avait rien dit et la victime, c'était sa soeur,

sa petite soeur adoptive. Je vous le dis tout de suite, l'enfance de Vangeloven est un champ de ruine

du début à la fin. Il n'est au Pays-Bas après la guerre. Dans une famille très pauvre et ses parents

le donnent. On peut pas dire les choses différemment. Ils le donnent à un oncle et une tendre qui vivent

en France et qui ne peuvent pas avoir d'enfants. Et il a 16 ans quand ses nouveaux parents adoptent

une petite fille, Isabel. Et quand elle a 5 ans, il décide de faire son éducation sexuelle. Il lui

montre des films porno et il la viol de l'âge de 5 ans jusqu'à ses 12 ans pendant 7 ans donc. Et

puis un jour, elle a 12 ans, elle est en vacances chez lui qui est déjà mariée, qui a déjà un enfant

et qui la viol dès que sa femme a tourné le dos. Et elle lui dit, maintenant Christian, c'est fini.

Tu ne me toucheras jamais plus. Et il ne la touchera plus jamais. Elle en a parlé un jour à sa mère.

Sa mère ne l'a pas cru ou n'a pas voulu la croire. Alors Isabel a gardé le secret pour elle pendant des années.

Et là, elle vient d'apprendre que son violeur de frère s'en est pris et une autre fillette de 10 ans.

Elle n'est pas la seule victime. Alors elle écrit à la juge d'Orléans, elle lui dit tout. La juge

la confronte à son frère mais les faits sont prescrits. Il ne peut pas y avoir de poursuite judiciaire. Voilà.

Voilà comment sa dangerosité est passée à l'asse à l'époque. Et lui, bien sûr, après 14 mois de détention, il sort.

Entre temps, sa femme a déménagé. Elle a fui la honte et elle s'est installée à Saint-Dizier, en Haute-Marne.

Et bien, il la retrouve et il retrouve du travail commercial dans une société de traitement de bois près de Barleduc.

Et voilà la vie qui reprend son cours. Et comme sa condamnation n'est pas inscrite à son casier judiciaire,

il peut continuer à aller aux États-Unis, par exemple, pour son travail. Sa condamnation était à sortie d'une mise à l'épreuve de 5 ans.

Pendant 5 ans, il ne mouffte pas. Mais au bout de 5 ans, il replonge.

En 1991, Christian van Geloven avoue le meurtre de 2 petites filles de 10 ans, Muriel Sanchez et Ingrid van de Portal, à Elne, près de Perpignan.

Et on découvre qu'il s'agit d'un pédophile récidiviste qui est arrivé à passer entre les mailles du filet de la justice.

Condamné en 1984 pour l'agression sexuelle d'une fillette, il aurait aussi violé sa soeur adoptive toute son enfance.

Mais l'enquête m'est à jour d'autres agressions pédophiles.

Europe 1, 13h15, 14h, on de l'attraconte.

Le samedi 15 juin 1990, quelques mois avant l'assassinat de Muriel et Ingrid, van Geloven se promène à vélo, au bord de la marne, à Saint-Dizier.

Et il croise 2 petites filles, Agnès et Karine.

Ils posent son vélo, ils se mettent à leur parler et puis d'un coup, ils baissent son short et ils exibent son sexe.

Les deux gamines s'enfuient en courant et elles vont prévenir leurs parents, qui tout de suite vont porter plainte aux commissariats.

Les fillettes décrivent le bonhomme, mais comment le retrouver ?

8 jours après, la petite Agnès est au marché avec sa maman et elle le voit.

Maman, maman, le monsieur là-bas qui est assis devant la mairie, c'est le monsieur qui a baissé son short l'autre jour.

La mère avertit tout de suite la police et van Geloven est arrêté et placé en garde à vue.

Et il reconnaît les faits, mais il est relâché.

4 heures plus tard, il est dehors.

Les parents des deux petites filles sont estomacés.

Le juge les rassurent.

Ne vous en faites pas, mesdames, la procédure suit son cours.

Votre bonhomme sera jugé.

Effectivement, le procès a lieu le 17 décembre 1990.

Van Geloven y va avec sa femme pour faire bonne figure.

Et il réclame des soins et il promet de s'y plier et il fournit des certificats médicaux qui le déclarent inoffensifs.

Et puis, il est directeur commercial d'une grosse boîte.

Il gagne plus de 30 000 francs par mois.

Alors il s'en sort, avec deux mois de prison, avec sursis.

4000 euros d'amende et 3 ans de mise à l'épreuve.

Et l'obligation de se soigner.

Les parents des deux gamines sont effarés, effarés par la légèreté de la sanction.

Alors la mère d'Agnès décide d'alerter la presse locale.

Elle rencontre d'abord une journaliste de la haute marne libérée et elle lui raconte tout.

Vous comprenez ?

Il est en liberté.

Il a pris que du sursis.

Il risque de recommencer.

La journaliste écrit un article circonstancié.

Mais le jour même, une petite femme blonde vient voir le rédacteur en chef du journal.

C'est la femme de Van Geloven.

Et là apprit qu'un article se préparait.

Elle veut le convaincre de ne pas le publier.

Je n'unis pas la gravité des actes de mon mari.

Il s'est laissé égarer.

C'est bien malheureux pour ses fillettes.

Mais il s'en repense sincèrement.

Et puis il se soigne.

Il a été jugé, condamné.

Il vit aujourd'hui dans la perspective de ne plus m'effoter.

Vous savez, on a deux enfants en pleine adolescence.

Moi j'enseigne le catéchisme à Saint-Disier.

Mon mari dirige le service export d'une société multinationale.

La moindre ligne publiée sur le dérapage de mon mari nous traînerait tous dans la boue.

Et le rédacteur en chef décide de ne pas publier l'article.

Le journal régional est à la botte dénotable.

Rassurez-vous, ce journaliste sera viré dans quelques mois

quand l'affaire d'Elne éclatera au grand jour.

Donc l'article ne paraît pas.

La mère de Muriel est irsut de colère.

On protège Van Geloven parce que c'est un monsieur.

Et bien on va voir ce qu'on va voir.

Elle prend contact avec le patron de Van Geloven.

Et elle lui envoie une copie du jugement qui vient de le condamner pour exhibitionnisme.

Le directeur du service export Van Geloven est licencié quelques semaines plus tard dans la région.

Désormais, il est grillé.

C'est pour ça qu'il s'apprête à partir pour le sud, pour la région de Perpignan.

Il veut commencer une nouvelle vie.

Mais avant de partir, allez, une petite dernière pour la route.

A Barleduc, il est en scooter. Il croise deux petits garçons.

Il leur propose d'aller faire un tour.

Il les amène au bord d'une rivière.

Il se baigne avec eux et se livre à des attouchements.

Il est arrêté, interrogé et remis en liberté.

En attendant son procès,

décidément que de mensuetude à son égard.

Juste après, il prend la route de Perpignan.

Dans quelques semaines, il violera et il tuera Muriel et Ingrid.

Voilà donc le portrait de Christian Van Geloven,

tel qu'on le découvre au moment où il est arrêté en 1991,

15 jours après le viol et le meurtre d'Ingrid et Muriel à Elne.

Dans les semaines qui suivent,

compte tenu du profil du bonhomme,

on fait remonter tous les dossiers de meurtres et de disparition d'enfants en élucider.

Et à chaque fois, on l'extrait de sa cellule pour l'interroger.

Dis donc, Van Geloven,

puisque tu vas en Belgique pour ton boulot,

tu aurais pas rencontré une fillette près de Louvain

et en août 1991, près de Nancy, t'as pas croisé le petit Julien par hasard ?

Je me souviens pas être à la Louvain.

Mais pour le petit Julien, ça se pourrait bien.

La liste des victimes de Van Geloven s'allonge.

En attendant le procès de Perpignan dans quelques mois,

pour le meurtre des deux petites,

il faut d'abord le juger pour la ribambelle d'Atanta à la pudeur

qui l'a commis à Saint-Disier.

Entre autres, les petits garçons qui l'avaient amené à la rivière.

Il avait été relâché. Il faut le juger pour ça.

Et pour le reste, ce qu'il a reconnu depuis,

ce procès s'ouvre le 15 décembre 1992 à Barleduc.

Et là, plus question d'emboubiner les juges,

plus question de dire qu'il va se soigner,

qu'il est un bon père de famille, que c'est un accident,

tout le monde sait que depuis, il a tué.

Pour aller de la maison d'arrêt au tribunal,

Christian Van Geloven a dû traverser la Place Saint-Pierre

sous les huées des habitants de Barleduc.

Dans la salle d'audience, l'atmosphère est vite devenu irrespirable.

Le récit terrible de neuf attentats à la pudeur,

ou incitation à la débauche,

commis sur des enfants de 10, 8 et même 5 ans,

provoque remous, murmure et colère

dans un public venu en ombre.

Saloperie d'un homme, obsédé, lance un autre,

à mort, crie un badeau qui passe dans la rue.

Les épaules ployées, sous la haine, qui l'inspirent,

le regard masqué derrière des lunettes fumées,

l'accusé plaide les effets d'une maladie incurable.

J'ai été pris par une pulsion

que j'essayais de soigner chez un psychiatre,

dit Van Geloven, d'une voix à peine audible.

C'est comme s'il y avait quelqu'un derrière moi

qui me poussait, une tentative d'explication

qui sera balayée par le rapport des experts psychiatres

qu'ils l'ont jugé, sadique, fétichiste, dangereux,

mais sain d'esprit au moment des faits,

des faits pour lesquels l'avocat général

a demandé 7 ans de réclusion,

verdict, le 15 décembre, par le Duc,

j'en avais le tournier, repas.

Et là, pour le coup,

finit la mensuelle étude du système

Van Geloven prend 5 ans.

Le grand procès de Christian Van Geloven

a lieu deux ans plus tard

devant les assises de Perpignan.

Enlèvement de mineurs de moins de 15 ans,

attentat à la pudeur,

viol avec violence, tortures et actes de barbarie,

homicide volontaire avec préméditation.

Il va tout droit à la perpétuité.

En 1994,

la cour d'assises des Pirénos Orientales

s'apprête à juger le bédophile Christian Van Geloven

pour le viol et le meurtre de 2 petites filles de 10 ans,

Muriel Sanchez et Ingrid van de Portal.

Jusqu'ici, Van Geloven a été plusieurs fois arrêté,

plusieurs fois condamné pour des agressions d'enfants,

il a toujours bénéficié de la mensuelle étude

de la justice.

21 mars 1994,

une foule en rage se presse devant les grilles

du palais de justice de Perpignan

pour LE procès de Van Geloven.

Les avocats de l'accusé ont reçu des menaces,

ils bénéficient d'une protection rapprochée.

Et le voilà,

qui entre dans le box.

Le procès de Christian Van Geloven

s'est ouvert ce matin devant les assises des Pirénos Orientales.

Cet homme de 49 ans, marier, père de famille,

avait déjà été condamné dans le passé

pour des attentats à la pudeur sur des mineurs,

pourquoi il a été accusé de viol et d'assassinat

sur deux fillettes de 10 ans en octobre 1991,

en ligne l'envoyé spécial d'Europe, Brigitte Ben-Kémona.

Il faudrait pouvoir faire entendre la voix de Christian Van Geloven,

une voix étrangement douce, calmée et affable,

une élocution parfaite et cette main droite

qui, d'un geste un peu affecté,

ponctue toutes ses explications.

Derrière la vitre blindée, qui le protège de la vindicte,

le meurtrier de deux fillettes

se donne aujourd'hui des airs raffinés et respectables,

et joue les enfants martyres qui a beaucoup souffert.

Oui, son père buvé et abusé de sa sœur,

à l'âge de 4 ans, ses parents l'ont donné

à des cousins qui ne pouvaient avoir d'enfants,

en 5e, un professeur de latin,

le carré s'est un peu trop prêt,

et à l'adolescence, le coup de grâce,

les nouveaux parents le mettent en pension

et adoptent une petite fille.

Alors la suite, bien sûr, il n'est pas responsable,

sa demi-sœur d'abord, puis tous les autres enfants

qui depuis 84 ont subi ses outrages.

Je ne suis pas capable de contrôler mes pulsions,

je suis malade, dit-il, d'un ton qui aimerait tant,

susciter la compassion.

Face à lui, les familles de Muriel et d'Ingrid

le regardent toujours aussi fixement.

Perpignan, Brigitte Benkemon, Europe 1.

Passer l'examen de personnalité de Vangeloven,

on fait venir le médecin légiste

qui a réalisé les autopsies,

et le président, pour cette épreuve,

décide le huis clos, on vide la salle.

Seuls les familles des deux petites

sont autorisées à entendre

l'indicible.

Dans la salle d'audience, tout le monde

soit un peu plus accablé.

Les parents d'Ingrid ont cessé de regarder fixement

Vangeloven.

Ceux de la petite Muriel ont l'air encore plus abattus

sur le visage des avocats, des magistrats,

comme une immense fatigue,

tous épuisés d'être allés sans doute

jusqu'au bout de l'horreur.

Même dans le public, parmi les journalistes

qui n'ont pourtant pas assisté au rapport de l'autopsie,

l'atmosphère est plus grave.

Quant au médecin légiste, le docteur Centaurot

qui vient d'infliger bien malgré lui

aux familles, ce nouveau supplice,

c'est difficile de toute sa vie.

C'est la mieux maintenant.

Je reste bouleversé quand même.

C'est barbare.

Je ne regardais pas en sur ce que vous disiez,

c'était comment ?

Le récit du calvaire

d'Ingrid et de Muriel est bien sûr

un racontable, même l'avocat

de Vangeloven, maître Furburi,

se remet difficilement d'une télépreuve.

Comment peut-on imaginer qu'un homme se conduisit

et ainsi ? C'est un supportable

pour tout le monde. Vous le trouvez normal ?

Pas moi.

Au soir de cette audience,

tout le monde se demande comment les parents

ont pu supporter ça.

Chantal, 22 portales, la maman

d'Ingrid, l'explique assez simplement

finalement, avec cette dignité

qu'elle a gardé d'un bout à l'autre

de cette affaire.

Je me suis dit, tu dois rester de vous

parce que tu ne dois pas lui donner

la satisfaction de disparaître

ou de te cacher de vaincre.

C'est pas moi qui dois avoir peur de lui.

Je me rends compte qu'il n'a rien

dans les entrailles, il n'a rien dans son coeur.

Je me dis

que cet homme-là n'a pas d'âme.

Pour moi, c'est

la dernière aide que je puisse apporter

à ma fille, puisque je n'ai pas pu

lui tenir la main. Je n'ai pas pu

si elle a crié, si elle a pleuré.

Je n'ai pas pu être avec elle. Alors,

le dernier hommage que je puisse lui rendre,

lui dire, si elle me voit quelque part là-haut,

c'est-à-dire, tu vois, maman et papa,

on est allés tous les deux

au jugement.

Toi, tu n'as pas eu la force de rejeter

cet homme.

Nous, on n'a rien pu faire

physiquement contre lui,

mais on a tenu le coup

pour qu'il le procé soit fait

à Perpignan

et on a pu soutenir le peu de

foi où on a retenu son regard.

On a pu le soutenir et lui faire

baisser les yeux.

Et puis, c'est le père de Muriel qui parle,

plus en colère, notamment

contre les psychiatres qui ont laissé

Vangeloven dehors

pendant toutes ces années.

Je voudrais qu'il sers d'exemple ce procès,

que, de nouveau, tous les experts,

tous les psychiatres, tout ça,

ils arrivent à se mettre d'accord, ils arrivent

jusqu'au fond du problème.

Pour moi, il va prendre 30 ans, mais il y aura

d'autres Muriels, d'autres Ingrid, de nouveau.

Ne croyez pas que ce sera le seul,

il y en a des milliers qui courent encore.

Non, bien sûr, la haine, vous savez que je suis

en tant que père, la haine, vous pouvez l'avoir,

mais les Ingrid, ils ne sont pas mortes pour rien.

Il faut en tenir compte. Voilà, voilà, pourquoi?

Je voudrais que ce procès, il a une importance

immense, qu'elle va venir. Il n'y a pas d'autres

Muriels et d'autres Ingrid qui soient dans le même cas.

Alors, Vangeloven est-il normal?

En 1992,

juste après les faits,

il a été déclaré par les psy

entièrement responsables.

Les psychiatres experts ont dit qu'il avait

une personnalité de type perverse

exclusive de toute maladie mentale.

Ils ont noté

son sens de l'organisation

de la prévision et du calcul

et aussi sa complaisance

vis-à-vis de lui-même

et un certain sens

du théâtre.

Vangeloven lui a manifestement décidé

de jouer carte sur table

pendant ce procès.

Il est pédophile, alors il raconte

ses pulsions. Il dit qu'après

les passages à l'acte, il culpabilise

que 100 fois il a juré de ne pas

recommencer qu'il en veut au médecin

de ne pas avoir réussi à le soigner.

Et d'ailleurs, c'est pour ça qu'il est allé

à l'ourde pour implorer le pardon

de la fierge. Il dit que le sanctuaire

était fermé, qu'il est allé se confesser,

qu'il a mis un siège pour chacune

des deux petites filles et qu'après

il a voulu mourir.

Un éminent psychiatre,

le docteur H. Denberg,

vient parler justement

de ses pulsions,

de ce désir

qui impose sa loi

au pervers.

De l'intelligence qui,

à ce moment-là, ne sert à rien,

il dit qu'un pervers intelligent

n'est pas mieux protégé qu'un pervers

idiot. Il ajoute enfin

que la morale chez les pervers

ne sert qu'à nourrir

leur remords.

Mais il répète,

ça n'est pas une maladie,

c'est ce qu'on appelle un trouble du comportement.

Néanmoins chez lui,

la récidive est quasiment inévitable.

L'avocat général

réclame la peine maximale.

Les avocats défendent,

c'est leur métier,

et juste avant le verdict,

Vangeloven prend la parole en dernier.

Pour la première fois,

depuis le début du procès,

l'humain, enfin bouleversé,

enfin sincère.

Cassien Vangeloven s'est levé,

il a remercié d'abord ses avocats,

puisqu'il s'est adressé au président.

Aucun expert n'a pu vous dire

combien il y avait de pédophiles en France.

Nous sommes nombreux à vous, Vangeloven,

bien trop nombreux.

Alors je voudrais qu'on m'étudie

jusqu'à la mort, s'il le faut,

pour comprendre, pour savoir.

Le verdict est sans surprise.

Dans le système français,

on ne peut pas prendre plus,

perpétuité,

avec une peine de sûreté de 30 ans.

Christian Vangeloven est mort en prison

en 2011,

à la centrale d'Ansis Seim, en Alsace.

Il a été enterré dans la fosse commune,

au cimetière du village.

Des centaines d'histoires disponibles

sur vos plateformes d'écoute,

et sur europein.fr.

Sous-titrage ST' 501

Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.

En novembre 1991, Ingrid Van de Portaele et Muriel Sanchez, deux petites filles de 10 ans, sont enlevées, violées et tuées à Elne, près de Perpignan. L’auteur des faits est Christian Van Geloven. On va découvrir qu’il était identifié comme pédophile depuis longtemps mais pendant des années, il a réussi à berner tout le monde.