La source: Chanel pendant la guerre
Radio France 3/28/23 - Episode Page - 55m - PDF Transcript
France Inter
Aujourd'hui dans Un Faire Sensible, retour sur les années sombres et douteuses d'une grande dame de la mode française, Coco Chanel.
Une femme puissante, fascinante, qui transcenda ce passé de cocotte et de chanteuse de cabaret, ce qui fit dire à certains,
Chanel, on ne peut pas dire qu'elle était belle, elle était pire.
De rencontre décisive en coup de génie, la jeune orpheline devient une femme réchissime, adulée à travers le monde.
L'incarnation de l'élégance moderne à la française, c'est elle.
Le parfum de Marie-Line, nu dans son lit, encore elle.
Le taille rose de Jacques Adelas, taché du sang des Kennedy, toujours elle.
Une success story vertigineuse, mais pas seulement.
Car Coco Chanel, c'est aussi un roman noir, qui draine des passions tristes et des actes inavouables.
Une femme, mu par un antisémitisme décomplexé et par un opportunisme à toute épreuve.
Une femme, qui devenue la maîtresse d'un haut d'une itaire nazie, accepta de jouer les mataris pour la vers, le renseignement du Reich.
Une trajectoire heurte, qui donne raison à André Malraux, lorsqu'il liquide dans ses anti-mémoires.
La vérité d'un homme, c'est d'abord ce qu'il cache, et en l'occurrence, ce qu'elle cache.
D'autre habité aujourd'hui, l'éditorialiste Christophe Barbier.
Passionné théâtre, il ne se contente pas de le vivre en tant que spectateur, il joue lui-même.
Vous pouvez le voir, en ce moment, dans le rôle de Paul Moran, confinant de Coco Chanel,
dans la pièce Mademoiselle Chanel en hiver au théâtre de Pâssie, Paris XVI.
A faire sensible, une émission de France Inter diffusée en direct,
récit documentaire Sophie Baubert, coordination Franconnière, chargée de programme Rébecca Donante,
réalisation Stéphane Côme.
Fabrice Drouelle, affaire sensible, sur France Inter.
Grasse 1921.
Une femme aux Allures-U-Garson descend de voiture et se dirige vers un homme au visage rond,
à un certain Ernest Beau, ancien parfumeur de la Cour des Tsarars,
qui, comme tant d'autres, a rejoint la diaspora rue sur la Riviera.
Il sait que ses clients sont tous en place,
parfois fantasques, mais ce jour-là, se tient en face de lui une femme spéciale, différente.
Certes, elle est riche, elle a d'autres gens, mais surtout, elle est celle qui vient de révolutionner la mode.
Cette femme, c'est Gabriel Chanel, dite Coco.
A son sujet, le magazine Harper's Vazard écrit des paroles,
cette saison, le nom de Chanel, et surtout, les lèvres.
Une femme qui n'a pas au minimum un Chanel est totalement démodée.
Au seuil de ses années 20, il faut donc avoir l'air moderne, l'air Chanel.
En venant à Grasse, ce jour-là, l'idée de la créatrice est de prolonger cette modernité.
Elle dit à Ernest Beau, le parfumeur,
« Je vois un parfum de femme à odeur de femmes. »
Bien, il lui en propose plusieurs, et voilà que Chanel choisit le plus hardi, le cinquième.
Elle se souvient ici, au micro de France Inter, en 1970.
Pourquoi votre parfum s'appelle-t-il numéro 5?
Ah, ça, c'est la chance, encore une fois.
Je trouve que le cinquième est joli, et c'est moi qui les ai fabriquées, mais parfois,
et je mettais sur la bouteille le numéro, et j'avais fait ça.
J'avais jamais mis un morceau de papier, j'avais mis un cinquième, et j'ai dit ça, c'est très joli, c'est simple.
Et ça ne s'est encore jamais fait, c'est nouveauté, vous en en voir, ça plaira.
Parce que je trouve que les noms, il faut aussi en donner des noms aux robes, alors c'était idiot ça.
J'ai changé ça, j'ai mis des numéros, c'est plus facile d'en tenir un numéro que d'en tenir un nom,
qui est quelquefois ridicule.
Avec Chanel, donc, ni appellation des oeufs, ni flacon à la cristallerie boursouflée,
non, un simple rectangle calqué sur le modèle des flasques à vodka de la garde russe.
Un geste élégant et minimaliste.
Elle charge alors d'autres industriels, les frères Verdheimer, de le commercialiser.
Un choix judicieux, puisqu'ils sont déjà propriétaires de la marque Bourgeois,
avec un J, qui connaît un succès inoui aux États-Unis.
Le contrat est donc signé en 1924.
Il propose 70% Verdheimer, 20% ATO Phil Bader, le fondateur des galeries Lafayette,
kilomètres en vitrine, et 10% à Chanel, après tout, ne fait qu'apporter son nom.
Oui, sauf que le succès est mondial, et que l'argent coule à flots.
Coco Chanel devient une femme riche, mais plus elle est riche, plus elle se sent lésée.
À qui veut l'entendre, elle répète qu'il ne me roule ce cher pierre.
Lui et son frère, ce sont des bandits.
Il n'auront qu'une qui s'intensifie au contact de ses amis,
les écrivains Paul Moran, Drieu et la Rochelle, ou le chorégraphe Serge Diffard.
Elle en parle aussi aux familles, que c'est brissac ou polignac.
Et tous partagent son avis.
Bien sûr que les Vertaimers l'ont roulé, n'oublions pas qu'elles sont juifs.
Un cliché auquel Chanel adhère.
Éduquer en l'auvergne, puis encore aise, en partie dans la baie d'Aubazine,
elle n'a pas échappé l'atmosphère anti-réfusard de son époque.
Et c'est ainsi que naissent les préjugés.
Dans son livre Le Moment qui s'émite un tour de la France en 1898,
l'historien Pierre Bernbom témoigne de cette violence qui radiait la France,
lorsqu'elle chadra avec 15 ans.
Dans les grandes villes comme dans les petites bourgades endormies,
des fous se lèvent, qui brisent tout sur leur passage.
Arpente inlassablement les artères principales en criant,
Abbas Zola, mort aux Juifs.
Jour après jour, des milliers de personnes défilent et affrontent la police.
On brûle des mannequins représentant Zola et Drifus.
On organise le boycott et la délation.
C'est l'antisémitisme dans la vie quotidienne.
Coco Chanel ne s'est jamais exprimé au sujet de l'affaire Drifus,
mais elle beste contre les Vertimers et elle a ju.
En 1934, elle engage l'avocat René Chambre.
L'homme est jeune, il descend du général Lafayette et il a le bras long.
Il vient de se financer à José Laval, fille unique de Pierre Laval,
le très droitier président du Conseil.
En outre, Chambre est le fiole du Maréchal Pétain, qui le surnomme Petit Lapin.
Tout se croise au José Club, Jacques et Club ou chez Maxim.
Ils y boivent du champagne, nous des alliances, des contrats,
tout en maudissant goût mais la juivrie qui imprègne l'État, comme ils disent.
Chanel épouse les opinions de droite de cette engeance,
qu'il ne faut que se mouiller son mal-être.
Car si l'orpheline se met en inimplacable femme d'affaire,
sa vie amoureuse est beaucoup moins réussie.
Dans les années 20, son grand amour, Boykapelle,
a préféré épouser une riche héritière avant de se tourner au volant de sa voiture de sport.
Puis vint à l'échec de son histoire avec le grand du Dimitri Pavlovich,
celui la même qui lui avait présenté Ernest Beau, le parfumeur.
Elle remplaça leur Dimitri par le divve Vesnister.
Grâce à lui, elle fréquente la aristocratie anglaise
et devient même amie avec Churchill lors d'une chasse à cour.
Une rencontre cruciale, nous y reviendrons.
Celui-ci est alors chancelier de l'Échique,
ministre de l'Économie, si vous préférez.
Et un jour, il écrise ses mots à sa femme.
La célèbre coco est arrivée et je me suis antiché d'elle.
C'est l'une des femmes les plus compétentes et les plus agréables,
de loin la plus forte personnalité à laquelle Vesnister a eu affaire.
Sauf que Vesnister renonce épouser Chanel la roturière,
la part de l'irrégulière.
En 74, la biographe Edmond Charles Roux
l'explique au micro de France Inter.
L'irrégulière, c'est méchant.
Je crois que c'est plutôt pénible.
C'est un mot qui a été inventé par Proust,
enfin, du moins utilisé par Proust dans, je crois,
l'ombre des jeunes filles en fleurs
pour parler des femmes entretenues,
des femmes avec lesquelles on couchait,
mais qui vous coûtaient de l'argent,
mais qu'on n'épousait pas, qui plusaient,
parce qu'elles avaient été entretenues
et étaient inépousables pour toute leur vie.
Ça a été un peu le cas de Chanel.
Alors Chanel retourne à ses affaires.
Direction Paris ruquant bon ou elle rencontre son mauvais génie,
l'artiste Poliri B.
Il rentre de Hollywood et rêve de relancer
sa revue d'exemple droite, le témoin.
Grisée par cette nouvelle liaison,
Chanel sort son chéquier et le finance.
La revue parait en 1933.
Parallèlement, son placardé dans Paris
des caricatures de Bloom et de Dalladier,
Arboran, Cagou de Noir et des insignes maçonniques.
Le slogan, si vous n'aimez pas ça,
lisez le témoin.
Toujours dans son livre, l'irrégulière,
Edmond de Charleur,
au témoigne de cette dirige nationaliste.
Le témoin n'était que l'inutile reflet
de la presse de ces années-là,
tout au moins de cette presse dite,
patriotique, qui allait encourager
anciens combattants et jeunes ligueurs,
croient de feu du colonel de Laroque
et section d'assaut de la cagoule.
A les lire, on eut dit que la France
était l'éternel victime
d'une vaste machination internationale.
Aux ennemis de l'intérieur,
qui étaient forcément des Samuel,
des Lévis, des étrangers,
des Bloom et des Thaures,
s'ajoutaient les ennemis de l'extérieur,
l'URSS et ses Hors de Barbare.
Chanel avait également
à la ligue anti-parlementariste
du lieutenant colonel de Laroque,
comme ça s'est complet.
Le journal le temps commande.
Mme Chanel est en croix de feu,
on comprend que le commerce de luxe
est ses exigences.
Mais peu importe les moqueries,
avec Ribé, Chanel pense tenir sa revanche amoureuse.
Et puis avec lui, elle découvre
les joies de vivre au Ritz à l'année.
Mais le bonheur est de courte durée pour Chanel.
Voilà qu'en septembre 1935,
son homme meurt d'une crise cardiaque
sous ses yeux lors d'une partie de tennis.
Ce front populaire existe.
Parce que nous avons pris
l'engagement
au nom de notre parti,
d'entrer dans un gouvernement
qui se proposerait comme objet
l'exécution du programme du front populaire.
Quand Chanel vient de fêter ses 52 ans,
elle est désemparée.
En 1936, elle lance le revue futur
qui proclame, la République
sera réformatrice ou ne sera plus.
Et elle propose sa solution,
une économie ordonnée.
Et c'est peut-dit, quand c'est le même année 1936,
elle aborde la ferveur socialiste
qui s'empare du pays.
En juin, face à la grève des ouvriers,
voilà quel ce câble,
avant de se raviser.
Mais la séquence a été gênante.
On murmure qu'elle est la dernière
maison de couture à rouvrir.
Et puis, elle sent bien la concurrence
monter un garnet par Elsa,
qui ne lui dit scape.
Comme le raconte sur France Inter,
l'historien de la mode François Baudot.
C'est un peu le baroque et le classique
qui s'oppose, ou le noir et le blanc.
Le terrain d'affrontement
de ces deux personnages, via leurs clientes,
est tant, dans le fond,
l'hôtel Ritz, qui faisait très exactement
la liaison entre les salons
de mademoiselle Chanel qui était rue Cambon
depuis 1920.
Et la maison, ce qui apparaît le lit,
qui s'est installée en 1936, place Vendôme.
Et on peut dire que le rythme qui traverse
ce bloc était une sorte
de champ d'affrontement entre les tendances
austères de mademoiselle Chanel
et l'extrême fantaisie
qui a apporté très vite Elsa,
scaparelli, dans ce costume
moderne que Chanel
avait mis au point, avec lequel
scaparelli a joué.
Scaparelli? Ah, Chanel
a sort nom avec mes prix, l'italienne.
Auquel l'intérêt s'est répond, Chanel
est fini. Connéni?
Chanel n'est pas fini, loin de là.
Et ses réseaux fonctionnent à plein.
Parfois, pour le meilleur, comme lorsqu'en
septembre 1936, un avid cocktail
et Churchill a dîné 3 mois avant
l'abdication des doigts Ruites. Mais, parfois
c'est pour le pire. 8 mois plus tard,
elle se lit d'amitié avec ce mémé
doigts Ruites et sa femme Wallis Simpson
qui, comme elle, descend de Ritz.
Ils sont charmants, et ils ont
tant de choses passionnantes à lui raconter.
Ils reviennent d'une visite à
l'hier Stasgaden dans les Alpes Bavaroises.
Ils y ont rencontré Adolf Hitler.
Oui, mais quand un corps est pris
par la petite femme qui passe
comme un marte à Montparno,
c'est une bonne femme de Paris.
Véminois, ravissant, joli teint
éclatant des sourires charmants, décheveux,
merveilleux, tous les yeux noirs
oubleront l'air mal et de ce qu'on voit.
C'est joli, c'est mignon,
c'est gentil, les yeux sont ravis, mais ce qu'elle a,
de meilleur, et que l'on ne voit pas
c'est son corps. Oui, c'est
la petite femme de Paris
qui, gracieuse et coquette,
met de l'amour dans tous les esprits
et fait tourner toutes les têtes.
Oui, mais quand un corps est pris
par la petite femme qui passe
comme un marte à Montparno,
c'est une bonne femme de Paris.
Un monsieur, bien souvent,
l'humour mûre en passant les propos
galants et l'entend, le boniment,
le reçoit en souriant et dissérieusement
à minuit, moins un quart.
Rendez-vous à la gare, la gare Saint-Lazare.
Ça veut dire, en français,
toi mon vieux, tu ne m'en verras jamais.
Oh là est la petite femme de Paris
qui, gracieuse et coquette,
met de l'amour dans tous les esprits
et fait tourner toutes les têtes.
Oui, mais quand un corps est pris
par la petite femme qui passe
comme un marte à Montparno,
c'est une petite femme de Paris.
Oh mon marte à Montparno,
c'est une petite femme de Paris.
Aujourd'hui, Coco Chanel,
une trajectoire sinueuse.
France inter,
affaire sensible.
Paris, rue Cambon,
septembre 1939.
Les volets du premier étage sont clos.
Les chaîses de velos rouges
qui d'ordinaire accueillent les clientes
sont recouverte de ouscrises.
La raison, c'est la guerre.
Et Chanel a licencié toutes ses couturières.
En revanche, sa boutique de parfum reste ouverte,
qui lui assure un train de vie très confortable.
Quelle période étrange,
alors que les Parisiens découvrent le rationnement
et que 120 000 réfugiés affluent de l'est en panique.
Les élites jouent à l'hypodrome de la Toille
d'amplodisme orichevalier au Casino de Paris.
Or, en avril 1940, les nouvelles sont alarmantes.
Les Allemands pilonnent les portes d'anois et norvégien.
À Londres, Chamberlain, d'émission,
et Churchill nonnait premier ministre,
sans doute pour redorer le blason du pays
de l'heureux accord de Munich.
En mai, l'armée française s'effondre.
En juin, l'armée de Reich est au port de Paris.
Et c'est l'exode.
Le gouvernement fuit à Bordeaux,
gagné par la panique.
Chanel met le cap vers peau,
où elle décide de rejoindre son oeuvre,
André Acorbert.
Mais elle apprend qu'il a été fait prisonnier.
Stupid.
D'autant que le 17 juin,
en début d'après-midi,
la radio interrompt son programme.
Mesdames, Messieurs, M. le Maraisal Pétain,
président du Conseil des ministres, vous parle.
Français, c'est le cœur serré,
que je vous dise aujourd'hui qu'il faut cesser le combat.
Je me suis adressé cette nuit à l'adversaire
pour lui demander s'il est prêt à rechercher avec moi,
entre soldats, après la lutte, et dans l'honneur,
les moyens de mettre un terme aux hostilités,
que tous les Français se groupent
du gouvernement que je préside,
pendant ces heures, pendant ces dures effrases.
Et pas c'est un loragois,
qu'on n'obéir qu'à leur croix,
dans le destin de la patrie.
Le 10 juillet, au théâtre du Grand Casino de Vichy,
sur les 649 salateurs et députés présents,
seuls 80 refusent de signer les pleins pouvoirs à Pétain.
Chanel n'emparait pas à câbler.
Elle décide de remonter à Paris,
en compagnie de son ami Marie-Louise Bousquet,
avec un détour par Vichy.
Le décor, c'est le journaliste Alvogan,
qui l'adresse dans le chapitre 7 de son livre,
intitulé « Dans le lit de l'ennemi ».
En juillet, lorsque Chanel arrive,
la ville grouille de quelques 130 000 hommes politiques,
diplomates, prostitués et agents secrets,
installés activement dans des boxes,
des salles de jeux de casinos,
ou utilisant comme bureau les chambres vides d'hôtels sans chauffage.
Les archives rapportées de Paris sont entreposées dans des baignoires,
et partout sur les murs,
s'affiche le visage hiératique du maréchal Pétain,
qui toise ses fonctionnaires au travail.
Chanel y passe quelques jours,
et dîne à l'hôtel du parc, là, au Pétain, à ses habitudes.
Mais elle ne parvient pas à lui demander de l'aide
pour faire libérer son feu.
Il lui faudrait, pour soi, des intermédiaires.
Et puis, arrivé à Paris,
il ne m'aurait surprise l'attent. Le riz était requisitionné par les Allemands.
Désormais, une croix gammée flotte sur l'édifice,
et sa suite a été attribuée à un officier.
Mais parce qu'elle est la grande mademoiselle,
on lui propose les chambres 227-228 plus modestes,
dans une aile réservée aux Amis d'Enasie.
Et Chanel accepte.
Certaines n'organisent pas de défis des privés pour les Allemands,
contrairement à certains de ses confrères.
Mais elles ne s'opposent pas à cette occupation,
à l'ère Balenciaga, qui lui, en conséquence,
est contraint de fermer sa maison.
Elle ne quitte pas non plus la France,
un instaur de sa rivals, Caparelli, partie-elle aux États-Unis.
Non.
Elle se laisse vivre en compagnie de ses amis noceurs,
comme le raconte félicité Herzog dans son livre
« Une brève libération » chez Stockand de Bibbande,
et qui traduit bien l'atmosphère de cette époque.
Depuis le début de la guerre, ma mère avait son jour.
Comme d'autres dames de Paris,
elle accueillait dans le salon du 36 cour Albert Ier
une foule de relations et d'obligés,
qui trouvait en période d'apprérationnement,
pâté, champignon,
volaillant tout genre,
transporté par son chauffeur,
de la campagne au cuisine.
Mais aussi chauffage assuré,
et conversation informée.
Il n'était pas question de déchoir.
Ces après-midi voyaient virvolter
hommes politiques, écrivains,
actrices et femmes du monde.
Chanel fait partie de ses femmes du monde,
invité au 36,
tout comme Paul Moran, Jean Cocteau ou Arlette Thé.
Tous partagent le même engouement pour le nazisme,
qu'ils considèrent comme le seul rempart possible au communisme,
qu'il lui s'en prend riche, c'est bien connu,
donc à eux, il manquerait plus que les ouvriers pour du Chanel.
Avec Jean Ambrin, son avocat,
lui arrive également de dîner chez Otto Abetz,
à l'ambassade d'Allemagne remplie des meubles Pio Rochild.
Parfois, il le retrouve le journaliste Fernand de Brignon,
surnommé von Brinnentrop,
bientôt nommé ambassadeur de Vichy en zone occupée.
Il se donne rendez-vous au Grand Pavoie,
un club d'échange élysée connu pour héberger la revue
à une droite de Pylori subventionnée par le Reich.
Alors, évoque-t-elle avec lui les lois anti-juives?
Sans doute.
L'une d'elles l'intéresse particulièrement,
nommée ordonnance d'organisation,
elle place où séquestrent les entreprises
et bien appartenant aux juifs absents ou arrêtés.
Et pour Chanel, c'est une au-bène,
oui, une belle revanche contre les Vertimers.
Le 5 mai 1941,
elle demande à l'administration de Vichy
pour récupérer la totalité de ses parts sur le parfum n°5.
Monsieur l'administrateur provisoire,
j'ai l'honneur de vous confirmer,
par la présente,
que je me porte acquereur de la totalité
des actions parfum Chanel,
société anonyme au capital de 4,2 millions francs,
qui sont aux mains de juifs,
et que vous avez pour mission de céder à des sujets à rien.
Je pense que vous serez d'accord
pour reconnaître que ma qualité de fondatrice
de la société me confère un droit
de priorité indiscutable à l'achat de ses actions.
J'estime en conséquence que vous contribuerez ainsi
à réparer en partie les préjudices que j'ai subis
au cours des 17 dernières années.
Veuillez agréer,
Monsieur l'administrateur provisoire,
l'expression de mes sentiments très distinguis.
Gabriel Chanel.
En clair,
mademoiselle Gabriel Chanel
tente de se polier les frères Wertheimer.
Sauf qu'en homme d'affaire avisé,
ces derniers avaient anticipé la débâcle.
C'est-à-dire qu'avant de s'exiler aux États-Unis,
ils avaient pris soin de léguer leurs actions
à leur ami Félix Samio,
un industriel de l'aéronautique.
Et pourquoi lui?
Eh bien parce qu'il détient les usines
qui fabriquent des bombardiers pour la louse WAF,
et qu'il est intouchable.
En somme, le parfum a déjà été organisé,
mais à son insu.
Folle de rage, Chanel prend acte de son échec.
Mais elle ne baisse pas les bras,
puisqu'un autre combat l'attent,
la libération de son neveu prisonnier en Allemagne.
Elle se rapproche alors du baron fond du Klage,
un ancien combattant du front russe,
désormais officier de l'Abwehr,
les renseignements allemands.
L'homme, à 44 ans,
avait une réputation douteuse.
En 1935,
un livre était paru,
Le Filet-Brain,
qui dénonçait l'agent de la Gestapo
fond du Klage,
dit Spatz,
officiellement attaché dans la sade,
en vérité approche de Goebbels,
chargé de la propagande.
En Afrique du Mord,
on se souvient bien de lui,
il avait fomenté des pogroms,
et son nom avait circulé dans la presse.
Il l'empêche,
dans l'intimité,
Spatz était légant,
un vrai dendis,
qui n'aura pas à faire chavirer la couturière.
Qui déclare,
lorsqu'on a la cinquantaine,
que c'est la guerre,
et qu'on croise une telle passion,
on n'est peu regardant
sur le passeport de son amant.
D'autant que Spatz lui fait miroiter
la possibilité de faire libérer son vœu
en échange de ses services.
En juillet 1941,
Chanel est donc immatriculée
au registre de la berce,
où le pseudonyme
le ministre F-71-24.
Sa première mission,
la Mme Madrid,
d'où elle doit se rendre,
à Londres,
pour encourager les anglais germanophiles.
Le 11 novembre 1941,
son neveu est libéré,
et coco est satisfaite.
L'agent Wenspister a réussi.
Désormais,
et Chanel le sait,
la berne va plus la lâcher.
N'est-elle pas
une femme d'influence?
Elle connait tout Paris.
D'autant qu'en novembre 42,
la bonne géopolitique
semblait voler.
Un débarquement en Afrique du Nord
voilà qui inquiète sérieusement les allemands.
D'autant que sur le front soviétique,
l'opération Barbarossa
est un bourbier.
Côté allemand,
il y a donc urgent
de s'assigner le plé séparé avec les anglais.
Or, ces derniers sont dirigés par Churchill,
à qui on n'a fait pas.
En somme, Churchill exige de l'Allemagne
une capitulation sans condition.
Une fermeté qui jette le troule.
Chanel propose donc à l'officier Theodor Möhm,
quel côtoie Oritz,
de contacter elle-même Churchill.
Elle le connait bien,
où ils étaient amis dans les années 20.
Et elle est sûre de le convaincre
pour négocier une paix séparée
avec le Royaume-Uni,
le vrai adversaire clair
qui en était conscient d'ailleurs.
Céduit par l'idée,
Möhm prend contact avec Walter Schellenberg,
le responsable du contra-espionnage
de la Gestapo.
Une française, pourquoi pas,
reste à tester la fiabilité
de la française en question.
Alors, il convoque Chanel à Berlin,
qui accepte.
Elle le rencontre à son bureau,
dans l'office central de la sécurité du Reich,
un ostien nocipice spolier au Juif.
Ce rend-elle compte du danger.
D'après les Américains,
Schellenberg est un bandit intelligent,
bardé de diplômes universitaires.
Quoi qu'il en soit,
elle rencontre à lui en avril 1943.
Et c'est le début de l'opération
Model Hut, chapeau de couture.
A Berlin,
la Jean-Chanel expose son plan.
Pour contacter Churchill,
mieux vaut passer par Madrid,
donc ses relations avec
l'ambassadeur de Grande-Bretagne
sont excellentes.
Mieux encore,
l'idéal serait d'être accompagné
par son ami Vera Bate,
membre de la fameuse sort
et ami d'enfance de Churchill,
qui vit à Rome
avec le colonel fasciste Lombard.
Le cocktail est donc idéal.
Et puis son place à Madrid,
qui se méfierait de ces deux femmes.
En vérité,
c'est un cocktail explosif.
Et Schellenberg le sait.
Il préfère donc rencontrer
cette Vera Bate
avant de lancer la mission madrilaine.
On n'est jamais trop prudent.
Or voilà que Vera refuse.
Cette Lady
n'est pas du genre à s'affaire convoquer.
Alors on tente un coup.
Le 12 novembre,
Bate est arrêtée
sous un prétexte fallacieux,
tandis que depuis Berlin,
Schellenberg propose de la libérer
à condition qu'elle accepte
d'obéir au service
du renseignement allemand.
Et plaurait.
Et coincé dans sa prison romaine,
l'anglais se tourne vers son mari,
qui ne peut plus rien pour elle.
Mais celui-ci vient d'être destitué.
Vera accepte donc
de retrouver Schellenberg à Paris.
Puis accompagner Chanel à Madrid.
Mais elle est une femme orgueilleuse.
Elle en veut à son ami Chanel
que de problèmes à cause d'elle.
En conséquence,
arrivée à Madrid,
tout déraille.
Dans son livre
Dans le lit de l'ennemi,
Alvagan relate cet épisode,
évoqué lors de l'interrogatoire
de Schellenberg
par le M6,
les renseignements britanniques.
Lors de son arrivée à Madrid,
au lieu de poursuivre la mission
que lui avait été assigné,
Vera dénonce tout le monde
aux autorités britanniques.
Résultat,
elle accuse Chanel
d'être un agent allemand.
La mission tourne au fiasco.
L'échec n'est pas tant.
Et tout contact est immédiatement abandonné
avec Chanel et Vera Lombardi.
Je ne sais même pas
si l'information a transité
jusqu'à Churchill.
Vera s'est mise à table.
Elle a tout déballé.
Le chantage,
la prison pour femmes,
la mission pour négocier
ne peut pas séparer
le tout orchestré par Chanel et Schellenberg.
Les diplomates se tournent alors
vers Chanel et lui disent
pardon mademoiselle,
vous désiriez passer un message à Churchill
alors que vous êtes un agent nazi?
C'était une plaisanterie.
La demande de Chanel
tombe dans un trou noir.
Et puis,
Churchill est à Tunis,
cloué au lit par une pneumonie.
Comprenez qu'il ne traite que les urgences,
à parler plaisanterie.
Coco comprend que sa mission n'ira pas plus loin
et que sa lettre à Churchill
ne sera jamais transmise.
Quel échec!
Comme elle a pu être naïve,
d'autant que cette histoire
qui lui a fait perdre l'amitié de Vera
est un drame pour elle.
Et enfin, la guerre s'achève.
Mais chez les collabos,
l'inquiétude est de mise, forcément.
D-42, le magazine Life
avait publié une liste noire,
prédisant,
des collaborateurs seront jugés voire
exécutés lorsque la France sera libérée.
De fait, à la libération,
des milliers de collabos sont sommairement exécutés.
Et de nombreuses femmes
soupçonnées de collaboration, disons, horizontal,
sont ondues en public.
Le camp des vainqueurs, c'est aussi se nourrir d'indignité.
Les collaborateurs sont la cible
de la colère patriotique.
Les femmes compromises avec les nazis
partagent la défaite des Allemands.
Elles sont rasées en public,
une punition fréquente dans les pays libérés.
Pour mettre fin à cette justice expéditive,
le gouvernement provisoire du général de Gaulle
crée des tribunaux spéciaux
où l'adignité nationale est instaurée.
Et où certains inculpés
encourent la peine capitale.
Saisissant l'urgence de véhicules
et de bons images,
Chanel décide d'offrir un parfum numéro 5
à chaque G.I.E.S.
Et ça marche.
Ils sont des dizaines à faire la queue
dans la boutique, ils l'empêchent.
Elles figurent bien sur la liste noire
des F.F.I., les forces françaises
de l'intérieur, qui se moquent bien
de ces parfums offerts aux soldats.
C'est ainsi que le 10 septembre 1944,
deux hommes munis d'un révolver à la ceinture
bondisent d'une traction noire citroënne.
Et en ressortant qu'adrant une femme élégante,
c'est Coco Chanel
qui vient d'être arrêté.
Toutefois, les résistants ignorent tout
de la mission Model Hut.
Seul compte sa mauvaise réputation
et sa présence au Ritz parmi les nazis.
Or voilà qu'après quelques heures
d'interrogatoires, Coutéatres, elle est
libérée.
D'après Paul Moran, dans son livre
La Lure de Chanel paru en 1976,
Churchill aurait ordonné à l'ambassadeur
de Grande-Bretagne à Paris, D.A.F. Cooper
en souvenir sans doute de leur fameuse
partie de chasse à cour.
D'ailleurs, la biographe Hennemont-Charlerou
le confirme, sans Churchill,
elle était ondue.
Mais voilà que Coco reçoit ce message
du digue de Westminster.
Ne perdez pas une minute quitté la France.
Alors, muni de ses mâles,
de son chauffeur et de sa cadillac,
elle fait comme les raques équitonnavires.
Elle s'enfuit piteusement à Lausanne.
La vie est calme,
mais tenu à l'écart de la vie parisienne,
alors Chanel en râle.
D'autant qu'à Paris, la mode renait,
oui, mais sans elle.
Certes, Paul Moran passe la voir,
et certes, Spatz qui est en cavale,
lui donne rendez-vous à l'hôtel Beaure-Rivage,
où il assure de son amour.
Mais il est impossible à Chanel de s'imaginer
à la retraite. Alors,
prévoyant son retour, elle achète le silence
de tout ce qui pourrait la compromettre.
Et elle n'a pas tort.
En mai 46,
sa fiche d'immatriculation de l'abvers
est transmise à la justice française.
En conséquence,
le juge d'instruction Roger Serre
décide d'ouvrir une enquête.
Et voilà, Chanel officiellement
soupçonnée d'intelligence avec l'ennemi
et déclarée en fuite.
Convoqué à Paris,
elle est interrogée durant des heures,
et elle nit tout en bloc.
Je proteste contre ces déclarations
qui tiennent du roman
et qui sont d'une invraisemblance manifeste.
Je n'ai jamais du connaissance
d'une immatriculation
me concernant dans un service allemand.
Et je proteste avec indignation
contre une pareille absurdité.
Savez-vous que je pourrais vous faire
parvenir une attestation
de M. Doeuf-Coupeur, ancien ambassadeur
d'Angleterre, qui pourrait attester
de quelle considération je jouis
dans la société anglaise.
Face à ces dénégations, le juge
veut faire et circonfait.
Il aimerait bien poursuivre l'enquête,
mais les juges sont submergés par les dossiers.
Et les mois passent.
Et la France laste, ces vieilles histoires
de ces haines recuites.
Tous préfèrent tourner la page
Les années 50 annonce si glorieuse.
Alors on débat
d'une dernière loi d'amusnistie,
comme ici en 1953,
au micro de la tribune de Paris.
La gloire de la France,
il n'y a pas de commune mesure
entre la résistance
et la collaboration.
Mais la France
en est à une époque
où elle doit rassembler
tous ses enfants. Nous ne devons pas
permettre dans l'avenir
la création de je ne sais quel nouveau
berlin, ni
l'expatriment de nombreux
français en Amérique du Sud
ou dans d'autres contrées du monde.
Et c'est pourquoi je souhaite
que nous en terminions une fois pour tout
par l'amnistie la plus large,
la plus généreuse
et permettant enfin
de ne plus procéder par état
et d'en terminer
avec une question si douloureuse
et si préjudiciable
à l'unité nationale.
Une bénédiction que cette
unité nationale,
ainsi le juge conclu que Chanel
avait été immatriculé à la berre
à son insu par un officier
trop élé.
Les poursuites sont donc abandonnées
et Chanel retrouve Paris.
Après de 70 ans plus combattive que jamais
voilà qu'elle recontacte Pierre Wertheimer
qui a repris le contrôle de parfum Chanel.
Et après négociation
elle finit par remporter la mise.
Elle reçoit en plus
de ses 10% 326 000 $
de royalty sur les ventes passées
et 2% brut sur les ventes futures
soit environ 1 million de dollars
par par an tout en étant logeé
et nourri au Ritz.
Doit-on s'étonner
que griser par ce coup d'écla
le phoenix renaissent de ses cendres
et qu'en 1953 elle relance
officiellement sa maison de couture.
A son ami le photographe Orts
qui, dans les années 30, donnait aux femmes
des allures de DS grecques, elle confie
moi fatigué
bien sûr que c'est un mensonge
mais non je vais bien
et j'ai plein d'idées pour l'avenir.
Sous-titres réalisés par la communauté Amara.org
Sous-titres réalisés par la communauté Amara.org
Ooooooh, Bop
The people from good homes are talking this year
Ooooooh, Bop
Fashion
It's loud and it's taste
I've not heard it before
Ooooooh, Bop
You're shouting while you're dancing on the dance floor
Ooooooh, Bop
Fashion
Fashion
Fashion
Fashion
France Inter
Affaire sensible
Fabrice Drouel
Aujourd'hui, le parcours sinueux de Coco Chanel
dont nous parlons avec notre invité
Christophe Barbier, bonjour
Bonjour Fabrice, bonjour à tous
En tant que journaliste, vous êtes connu comme le loup blanc
En ce moment, vous êtes chroniqueur sur radio G
Mais vous êtes aussi comédien
C'est à dire que vous ne faites pas du théâtre comme on fait de la poterie ou du cyclisme
Vous jouez au théâtre et ça fait plusieurs années, on va reparler
Et en l'occurrence, vous jouez Paul Moran
Confident de Coco Chanel, dans la pièce Mademoiselle Chanel en hiver
Au théâtre de Passy, Paris XVI, mise en scène par un bourgeois
Je voudrais vous vous poser cette question-là
Est-ce que on vous a appris quelque chose aujourd'hui?
Ah oui, oui, au moins deux choses
D'abord, cette acquaintance autour de la revue témoin
Avec des milieux idéologiquement très engagés dans l'extrême droite et dans l'antisémitisme
Je ne connaissais pas cette campagne de pub
Anti-masonique pour lancer la revue
Donc là, comme financière, elle s'est mouillée au-delà de ses intérêts personnels
Parce que des non-sets, éventuellement, des associés juifs
Qui lui semblaient avoir trahi leur contrat
Ca pourrait trouver une explication
Là, c'est vraiment injustifié
Ca ne serait pas glorieux non plus
Mais il aurait une logique quelque part
On comprendrait le fil
Là, on ne voit pas qu'elle peut être le fil
De cet enracinement idéologique
De cet antisémitisme assumé
Si ce n'est en effet un préjugier intolérable
Et puis la deuxième chose tout de même
C'est cette lettre pour récupérer ses actions
Des parfums Chanel
Quand bien même, elle considérait que le contrat initial
L'avait grugé
En allé jusqu'à collaborer
Et demander au nazi de la favoriser
Le autoriser cette vente
Ca, c'est absolument impardonnable
On peut comprendre tout ce qui est dans la nuée
De l'histoire d'amour
Et en effet, quand on a 50 ans passés
Qu'on croise un belâtre, quadragénère
On peut ne pas être très regardant
Sur le passeport, comme elle le dit
Mais aller plus loin, c'est inexcusable
C'est impardonnable
On voit aussi, mais ça m'a moins surpris
Qu'elle a proté et l'a eu
Pour continuer son combat
Revenir en France
Reprendre ses affaires
Récupérer ses intérêts sur les parfums Chanel
Et revenir, revenir
La grande dégérie de la mode
Parce que si sa première collection
A son retour dans les années 50
Fait un bide
Il y a une sorte de punition symbolique
Qui lui est infligée par le tout Paris
La deuxième fait un triomphe
Et Chanel est repartie jusqu'à sa mort
Tout comme d'ailleurs Paul Moran
Réussira à avoir une deuxième carrière littéraire
Après ses années de collaboration
Parlons-en de Paul Moran
Que vous incarnez
Donc j'imagine que vous êtes
Vraiment beaucoup documentés
Comme sur le Coco Chanel
Je suis assez ravie qu'on ait réussi
A vous apprendre des choses
Donc sur Paul Moran, vous êtes documentés
Vous le jouez, vous l'incarnez
Qui est cet homme?
Un écrivain
Rendu célèbre par son style
Mais aussi un dandis
Vous avez prononcé le mot dandis
Et en effet, cette période est marquée
Par des dandis qui se sentent tellement supérieurs
Que le racisme, l'antisémitisme
Leurs sont naturels
Et ça, c'est évidemment un bain idéologique
De l'époque qu'aujourd'hui,
Heureusement, on combat pour qu'ils ne reviennent pas
Et puis c'est quelqu'un
Qui lui a collaboré de manière active et politique
Puisqu'il est au cabinet de Pierre Laval
En 42, c'est Pierre Laval
Qui va le faire nommer ambassadeur en Roumanie
Il a épousé une Roumaine
Puis après, à Berne, en Suisse
Il était en 1940, à Londres
Paul Moran
Il a vu arriver de Gaulle
Il aurait pu tomber du beau comté
Il rentre d'Ardard à Vichy
Faire allégeance au régime
Ou d'ailleurs, on le trouve un peu encombrant
Donc vous voyez, Paul Moran a été lui aussi
Épargné par les ennuis judiciaires comme Chanel
Parce qu'il a eu l'habileté de se faire oublier
De disparaître en Suisse, puis au Maroc
Et aussi parce qu'il n'a jamais accompagné
Ces actions politiques de collaborateurs
C'est-à-dire de s'bire du gouvernement de Vichy
Par des textes idéologiques
Il a publié des livres
Il y a du racisme dedans
Il y avait l'antisémitisme
Son journal qu'on a découvert bien plus tard
En regorge
Mais il n'a jamais livré
Des pamphlets théorico-antisémites
Comme on peut le faire d'autres
Comme Robathède, Rieu ou Brasilac
C'est peut-être aussi pour ça qu'on n'est pas allé le chercher
Et qu'il a évité, soit le plot en exécution
Soit la prison
Néanmoins, on a du mal à comprendre
Pourquoi cette amnistie de 1953
Si rapide et si totale
Ce qui permet à Moran de revenir en grâce
Il devient le héros des Usards
De n'y m'y être quelques autres
Il est comme Chardonne
Sorti de l'oubli
On nous dit, ah ben, celui-là
D'avant les années 40
Ah, ils avaient du talent
Allez, on va les remettre à la mode
Et ça lui permet d'être élu
À l'académie française en 68
Si est-ce qu'il laissera à sa mort
À Alain Perfit
On ne peut pas faire plus gaullistes
Que Perfit
Et je crois que Perfit
Dans l'hommage qu'il rendra à Moran
Puisqu'il faut rendre hommage
À son prédécesseur
Et bien Perfit ne dira pas
Un mot de la guerre de Moran
Si dire si l'amnistie
était devenue une amnésie
Celui, joli formule
Et au bout du compte
L'antisémitisme de Cocochanel
était un antisémitisme
On va dire ordinaire
De clichés, il y a une époque
Un antisémitisme de vengeance
Par rapport à ses premiers financiers
Ou un antisémitisme
C'est antisémitisme, bon sang
Doctrinaire
Je ne pense pas qu'il y a eu
Beaucoup d'antisémitisme
Doctrinaire chez elle
Elle n'a pas de sens politique
Ce n'est pas une intellectuelle
Il y a ce double antisémitisme
Celui de la société
Dans laquelle elle a baigné
Elle était du côté des antisémites
Et puis cet antisémitisme
De la cupidité
J'ai fait des affaires
Ils ont été plus malins que moi
Ils sont juifs
Donc je suis antisémite
Par intérêt
C'est sans doute celui-là
Qui a été le plus virulent chez elle
Mais si elle a été
Dans un antisémitisme
De dénonciation et d'action
C'est d'abord parce que
Ces intérêts en avaient été flowés
Christophe Barbillon
Merci, moi je ne sais pas
Ce que j'ai aujourd'hui
Ça arrive
Christophe Barbillon
On vous retrouve dans 3 minutes
Pour parler de théâtre
C'est pas toujours Coco Chanel
Paul Moran
Et la scène
Après avoir écouté
Albin de la Simone
À la prochaine année
Mon cheveux Farine
Et ma prômement
C'est une patine
C'est un ordement
J'ai bien aimé hier
Bien aimé avant
Mais j'ignore comment faire
Sans toi maintenant
Qu'est-ce que tu fais
Les 100 prochaines années
Je te verrai bien
Qu'est-ce que tu fais
Les 100 prochaines années
Je te verrai bien
Les 100 prochaines années
Et après on voit
J'ai lu dans nos mains
L'avenir qui brille
De beau l'endemain
Roulement à billes
Je tiens la calèche
Qu'il vente ou qu'il pleuve
Une rose fraîche
Entre mai et denneuve
Plongeant sur de l'ange
Du haut d'un rocher
Dans le ciel orange
J'ai lu dans nos mains
La venir qui brille
De beau l'endemain
Roulement à billes
Dans le ciel orange
Je t'ai vu m'aimer
Qu'est-ce que tu fais
Les 100 prochaines années
Je te verrai bien
Qu'est-ce que tu fais
Les 100 prochaines années
Je t'ai vu m'aimer
Je t'ai vu m'aimer
Je t'ai vu m'aimer
bien dans la pièce, tout comme on est tombé aussi une bisexualité qui aujourd'hui ne
fait plus de débats, mais qui à l'époque aurait fait scandale.
Chanel a réussi à construire un mythe qui a été achevé par achevé par Karl Lagerfeld.
La présence de Lagerfeld à la tête de la maison avec sa personnalité, son originalité,
son originalité a complété le mythe.
Et nous on voit arriver des jeunes spectatrices qui souvent travaillent un peu dans la mode
ou ont envie de travailler dans la mode qui découvrent un peu ébaillie la complexité
et de la vie de Chanel.
Ça n'enlève rien au génie de Chanel, au génie de créatrice de mode, au fait qu'elle
était en avance sur son temps et qu'incontestablement elle a été une féministe et elle a été
précieuse dans le combat féministe par son génie, mais le génie n'absoupe pas de
tout.
Après Lagerfeld reprend la maison en 1983, on va parler théâtre maintenant, donc la
pièce s'appelle Mademoiselle Chanel en hiver mise en scène par Anne Bourgeois,
comment est-ce que cette pièce a eu l'idée qu'elle était l'intention de la pièce?
Thierry Lassalle a eu cette idée avec la volonté de montrer ce moment très précis
où ces anciens collaborateurs sont à la fois dans la débandade, puisqu'ils sont
partis tous en ayant à peine le temps de boucler leur valise, ils sont dans un esprit
de revanche, morant comme Chanel croit en 46 que, puisque de Gaulle vient de quitter
le gouvernement, on va très très vite pouvoir rentrer à Paris et que le cours des choses
reprendra comme avant la guerre.
Il se trompe, il va falloir rester en exilé un petit peu plus longtemps, et puis il y
a évidemment beaucoup d'égreurs, il n'y a pas besoin de les pousser beaucoup pour
qu'ils livrent tout leur ressentiment, parce que ce sont des vaincus qui n'acceptent
pas de l'être.
Il a saisi ce moment psychologique en creusant aussi, c'est ce qui est intéressant à jouer,
les ambiguïtés de ces personnages, ils sont à la fois attachants et détestables.
On ne peut pas ne pas les admirer, l'un pour son style d'écrivain, l'autre pour son
génie de créatrice, et on ne peut pas ne pas les détester, parce que ce qu'ils ont
fait est impardonable, morant comme proche de la valle et comme ambassadeur en Roumanie,
et Chanel pour tout ce que vous venez d'exposer.
Comment faire avec ces ombres et lumière, comment chacun d'entre nous on se comporte?
On aurait croisé Chanel en 1970, un an avant sa mort, on aurait refusé de lui serrer la
main ou de lui dire « Madame, sur l'avis de faire de connaissance, on trouve des interviews
télévisées de morants académiciens panégériques qui oublient complètement ce qu'il a été.
C'est évidemment impossible de juger à rebours.
Mais cette pièce a voulu montrer les ambiguïtés et à Anne Bourgeois, à creuser ce filon-là
de l'ambivalence, en allant chercher des acteurs, et c'était pas facile.
C'est elle qui a eu l'idée du couple que je forme avec Caroline Seagol, et c'est
curieux, 5 minutes avant la première lecture on ne se connaissait pas, Caroline et moi,
et la lecture a été une merveille, comme si on avait répété 3 semaines déjà ensemble
face à face.
Et puis deux autres personnages sont importants, parce que dans l'histoire de Chanel et dans
la pièce, il joue un grand rôle, d'abord Schpatz, parce que Schpatz, on peut croire
que c'est un espion qui a séduit cette vieille pour l'intérêt du rage, non, il était vraiment
amoureux.
Et leur histoire d'amour va durer longtemps, et comme le dit la pièce, la tombe de Schpatz
et Fleury encore aujourd'hui, parce que Chanel l'a demandé dans ses volontés testamentaires.
C'est quand même extraordinaire.
Il y avait une vraie histoire d'amour derrière sa fausse histoire idéologique et de manipulation
et d'espionnage.
Et puis le majeur d'homme de Lausanne, en fait c'est un personnage qu'elle a rencontré
plus tard, l'auteur dramatique a fait un peu de raccourcis chronologique, elle s'est
assurée les services d'un homme qui était son homme à tout faire, sur la fin de sa vie,
son chauffeur, son secrétaire, son porte-valise, son amant aussi parfois semble-t-il, qu'elle
avait rencontré dans cet exil François Oujan, selon la façon dont il est appelé, et ça
ça montre aussi ce qu'était Chanel, capable de créer des attachements à la vie et à
la mort par simple fascination.
Cet homme juif va aller d'hôtel, va lui sacrifier toute sa vie et se vouer corse à
ma Chanel, il en sera récompensé lui aussi dans le testament, parce que c'est Chanel
point barre et que quand on croise coco, il y a un magnétisme qui passe par-dessus
tout, la morale, l'histoire, la politique, les intérêts et ça c'est inexplicable.
Il y a un côté sigmarine gun dans cette situation, dans cet hôtel à la fois, de l'acheter
et d'arrogance, de ne pas vouloir reconnaître qu'on s'est trompé, qu'on allait sur les
mauvais chemins, ça vous a fait penser un côté sigmarine gun aussi?
Tout à fait, c'est un côté sigmarine gun avec une chose en moins et une chose en plus,
la chose en plus c'est tellement d'argent qu'on vit dans les palaces, l'exil est
doré quand même et donc c'est pour ça que les portes s'ouvrent, et une chose en moins
c'est une haine purulente qui continue à sointer.
Quand on voit le récit de ce qui se disait à sigmarine gun, cette espèce de gouvernement
fantoche, parce qu'il se prenait pour le gouvernement de la France légitime, ça
pue une haine qu'on ne trouve pas chez ces riches aristocrates ou bourgeois qui ont
fui dans les palaces de Lausanne et qui quand même savent qu'ils ont perdu, ils refusent
de l'avouer mais au fond d'eux ils ont perdu l'énergie de la lutte.
Alors vous incarnez Paul Moran, comment vous avez travaillé d'un point de vue d'acteur
ce personnage?
J'ai d'abord beaucoup relu Moran, je connaissais l'homme pressé, je connaissais quelques nouvelles,
j'ai lu, lu, lu et relu, c'est un auteur qui a écrit énormément de choses et c'est
un grand écrivain, honnêtement son style n'a pas vieilli aujourd'hui, il peut se lire
avec toujours le même plaisir, y compris les textes les plus candaleux, les plus contestables
comme Magy Noir qui est une série de nouvelles profondément racistes, mais de ce racisme
de l'élégance qui considérait le noir comme une espèce d'animal supérieur, de superbes
animaux qu'il fallait admirer, y a une sorte de fascination erotique de Moran bien entendu
pour les corps noirs puisqu'il a replanté le continent africain et donc j'ai beaucoup
relu Moran, j'ai regardé quelques archives que l'on a de lui audiovisuel mais qui sont
après la guerre et donc on a ce Moran qui se veut à la fois vieille France avec une
langue parfaite dans son expression orale et un style du vieil homme qui essaye de lutter
contre ce vieillissement, garder une silhouette assez fine, un côté sportif et surtout rester
un éternel séducteur, mais on sait maintenant, parce que des théographies très documentées
ont été publiées, on sait aussi par son journal qui est dévoilé pan après pan à
quel point il est resté jusqu'au bout de sa vie un salaud, mais vous savez comme moi
Fabrice que jouer les salauds au théâtre c'est passionnant.
C'est plus passionnant, justement question technique sera la dernière question, quand
on passe du journalisme audiovisuel qui sont des espaces où les silences sont proscrits,
bien qu'eux, officiellement c'est proscrit, alors qu'au théâtre le silence est un langage
et il est un langage puissant, est-ce que vous avez ce conflit là au début, parce qu'il
a fallu le régler?
Oui, toujours et c'est là où Anne Bourgeois, la maîtresse en scène, a été décisive,
c'est-elle la maîtresse des silences, parce que dans le silence il y a non pas un vide
mais le non dit, hors au théâtre, ce que le spectateur va imaginer en écoutant le silence
et en supposant les non dit c'est l'essentiel, parce que c'est avec ce bagage là que le
spectateur va partir, et donc le silence de Moran est-il un remord, une haine supplémentaire,
un regret, une insistance, au spectateur de se faire sa religion.
Alors qu'un silence à la radio ça fait ça, et ça s'agit très gênant, merci Christophe
Varvier, à bientôt.
C'était à faire sensibles aujourd'hui Coco Chanel et Les Heures Troubles, une émission
que vous pouvez réécouter en podcast bien sûr, à la technique aujourd'hui il y avait
Loïc Frapsos, et à vous d'entrer en scène chère Maquin Noël, maintenant c'est votre
heure.
Merci, bonjour Fabrice, aujourd'hui j'espère très sincèrement que vous ne connaissez rien
de notre sujet du jour, sinon c'est inquiétant, zoom sur le blanchiment d'argent, la pratique
a toujours existé, vous le savez, mais vous allez voir qu'elle s'est considérablement
modernisée, ça devient très difficile pour ceux qui la traquent.
Moi je connais mieux le blanchiment de vent.
Alors ça va c'est légal, à 16h, pour le proche, à juste après le flash.
Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.
durée :00:54:33 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle - Aujourd’hui dans Affaires Sensibles, retour sur les années sombres et douteuses d’une grande dame de la mode française : Coco Chanel. Une femme puissante, fascinante, qui transcenda son passé de cocotte et de chanteuse de cabaret.