La source: Cerdan au Vel d’Hiv, un ouragan souffle sur le ring

Radio France Radio France 3/15/23 - Episode Page - 55m - PDF Transcript

François-Saint-Aire

Aujourd'hui, dans un faire sensible, un nous ragons sur le ring,

récite un match de boxe entré dans les légendes,

le combat entre Joseph Herrère et Marcel Cerdant.

Le 11 octobre 1942, en plein cœur d'un pari occupé,

se déroule la finale du championnat d'Europe de boxe des Poids-Moyens.

Ce soir-là, deux hommes que tout oppose, tant par leur style,

leur personnalité que par leur conviction politique, vont s'expliquer sur le ring.

D'un côté, Joseph Herrère, fasciste espagnol de la première heure,

dont le salu nazi provoque la couleur de la foule,

de l'autre, celui que les spectateurs acclament,

le français Marcel Cerdant.

Le match se déroule au vélo d'hommes d'hiver, le Veldive,

là où quelques semaines plus tôt, l'État français collaborationniste,

et ses policiers, ses gendarmes,

ont procédé à la plus large arrestation de juifs étrangers sur le territoire.

Ce 11 octobre 1942, c'est donc au même endroit,

dans une enceinte pleine comme un œuf qu'un ouragans

s'apprête à souffler sur le ring,

sous les yeux de soldats allemands en uniforme,

et de spectateurs parisiens à soifet de revanche.

Alors, qui de Marcel Cerdant ou de Joseph Herrère va l'emporter?

Qui de l'homme libre ou du fasciste sera champion d'Europe?

Qui de la France libre ou de l'occupant nazi triomphera ce soir?

Sous l'égant, la métaphore d'une période rte bouleversée, tragique.

Notre amitié aujourd'hui, Jean-Philippe Pustic,

journaliste sportif au Journal de l'équipe,

notre partenaire une fois par mois,

il est l'auteur du grand livre de la box paru en 2019,

aux éditions Marabou.

À faire sensible, l'émission de France Inter en partenariat avec le journal l'équipe, donc,

et avec Retro News, le site de presse de la BNF,

récit documentaire Adrien Carras, coordination franco-nière,

chargé de programme rédécadonnante, réalisation Charles Silia.

Mes petits, voici André Bibal qui, ce soir, vous présente...

Marcel Cerdant.

Il est là devant moi, il est tant plus impressionné par le micro,

il est plus impressionné par le micro que sur un ring.

À vous, Marcel Cerdant.

Bonsoir mes petits enfants.

Je vais essayer de vous l'agrandir de l'histoire de ma jeunesse, de mon enfance.

J'étais tout jeune, 8, 9 ans, quand j'ai fait mon premier combat de box.

J'ai réussi à gagner au point.

Mais j'avais gagné surtout pour la prime, parce que...

Le long de l'année, on devait me mettre des prix.

Et quand je me attendais à avoir du chocolat,

ce jour-là, il n'y avait pas un bruit d'espadrille.

Et vous avez pleuré.

Je me suis bien pleuré, et j'ai pas eu de temps et de temps

quand j'étais allé chercher un chocolat pour me le renseigner.

En 1942, Marcel Cerdant s'est déjà un nom,

une gueule, un palmarès.

Une icône qui, match après match, construit sa légende.

Cerdant, personnage admiré, respecté aux quatre coins d'une Europe,

alors déchirée par la guerre.

Dans la presse ou les magazines,

les photos du boxeur s'affichent en une.

On distingue le visage d'un gamin dans la vingtaine,

un corps trapu, taillé dans la roche brute,

un torse et des épaules poilues,

une mâchoire carrée, quelques dents cassées,

Cerdant a le profil type du bagarreur.

Mais là, et c'est très paradoxal,

il y a chez lui aussi un côté séducteur.

Une épaisse tignasse de cheveux qu'il ballait avec son an en arrière,

ce regard profond qui vous interpelle,

et ce large sourire qu'il arbore systématiquement.

Bref, si on ne le savait pas boxeur,

Cerdant pourrait presque passer pour une veuille d'être

Hollywoodienne de son temps.

Sur le ring, Cerdant évoque l'image d'un dur à cuir,

d'un conneur, d'un homme qui expédit chacun ses coups,

non pas simplement pour frapper,

mais pour pulvériser ses adversaires.

Ce boxeur est indomptable.

Une fois ses grands filets, une fois le torse nu,

il frappe, il cogne, il bastonne,

et ne s'arrête que lorsque la cloche de l'arbitre

sonne la fin des rondes.

Mais en dehors du ring, en dehors de la scène,

en dehors de la lumière, Marcel Cerdant, c'est tout le contraire.

Lorsqu'il abandonne ses apparares professionnelles

qui se résument à un short de des chaussures,

on découvre un personnage doux, discret, généreux.

C'est un homme qui aime la foule,

mais qui en réalité vit assez mal sa célébrité.

Ceux qui le côtois le disent, il y a chez Cerdant

cette humilité, cette simplicité au contact des autres

qui forcent le respect.

Trois de ses victimes sur le ring, enfin victimes,

s'ils nous osent dire, et qui deviendront ensuite ses amis,

les boxeurs Diouf, Despo et Falchac racontent

chacun une anecdote sur lui au micro de la RTF.

J'ai connu Marcel vraiment très très bien.

C'est un bon ami, un grand ami,

parce que Marcel, sur le ring, c'était le vrai lion,

mais à part le ring, c'était vraiment grand,

comme un grand ami.

Marcel m'a touché d'entrée dans les 10 premières secondes,

il a eu une touchée d'un gauche-droit,

et j'étais pratiquement knock-out.

Au troisième rune, il m'a envoyé à terre,

je me suis relevé.

Je l'ai lu, moi, je ne sais pas,

je l'ai lu sur le journal.

Si vous étiez contien, vous auriez dû, lorsque vous étiez tombé à terre,

pour la deuxième fois, vous auriez resté au moins jusqu'à 8 secondes

pour récupérer, n'est-ce pas?

Je n'ai aucun souvenir de mon combat contre Marcel.

Marcel Cerdant, c'est un grand champion.

Oui, très gentil, très doux, très doux,

tu es doux comme un moineau,

il joue aux cartes beaucoup, il s'amuse beaucoup.

Il aimait beaucoup s'amuser?

Oui, beaucoup jouer.

Et pas méchant du tout?

Pas méchant du tout.

Marcel Cerdant, c'est l'histoire d'une carrière sportive hors norme,

mais c'est aussi l'itinéraire d'un garçon qui aurait pu rester toute sa vie dans l'ombre,

un récit où se côtoie le courage, le talent, la ténacité.

Il est né le 22 juillet 1916, à Sidibalabès, en Algérie,

bien loin de la métropole, où au même moment,

soldats français et railleurs africains se battent contre les Allemands

lors de la Première Guerre mondiale.

Une famille pauvre, des parents contraints de migrer vers le Maroc,

dans l'espoir de sortir de la misère, à cinq ans.

Marcel a déjà un chemin vers la boxe,

tracé par ses trois frères et nez,

tour à tour, champion d'Afrique du Nord des pois plumes.

Enfin, un père passionné par le noble Arre,

et qui pousse Marcel, son dernier garçon,

à monter lui aussi sur le ring.

Antonio le père veut voir son fils gagner, prier,

et au passage, il espère que cela lui rapportera un peu d'argent.

Consequences, il pousse Marcel à boxer,

autant que son corps d'enfant le lui permet alors que,

sa vouloire paradoxe, dans la cour de récréation,

c'est celui qu'on pousse et qu'on bouscule Marcel.

Mais sur le ring, il se met à morphose et à verser les rôles.

Il quitte l'école à onze ans,

entre l'entraînement avec Lucien Roup, son manager,

et les combats, il devient toi à tour,

apprenti mécanicien, plombier, comique chantier.

Sur le ring, Marcel, gamin, chétif et frêle,

est en revanche très rapide, il l'anticipe,

et puis, il est en durant,

et surtout, lorsqu'il frappe, il fait mal, très mal.

Tous les autres ados qui ont eu malheur de se retrouver face à lui,

on savent quelque chose.

Au mois de novembre 1934, il dispute son premier match professionnel.

Il a 16 ans, son anniversaire 18.

Le match se déroule au petit central de Casablanca.

George Utein est l'arbitre de la rencontre.

Des années plus tard, il raconte.

Il avait étendu son adversaire avec une telle puissance

que l'on sentait déjà en lui l'étoffe d'un grand boxeur.

Je m'étais intéressé à lui, dès cette époque,

non pas seulement parce qu'il avait facilité

ma tâche d'arbitre en gagnant par chaos,

mais pour sa simplicité et ses qualités de coeur.

Il menait une vie matérielle très difficile,

ses parents étant d'origine très modeste,

et où les fins de mois n'étaient pas très commodes.

J'avais pu faciliter son déplacement en France,

ainsi que celui de son mal âgé Lucien Roup.

L'un et l'autre me conservaient un grand attachement

et vonnaient souvent me demander conseils.

Devenu un grand champion, Marcel Cerdin avait conservé

cette modestie naturelle qui faisait son charme.

À partir de cette première victoire,

et pendant 6 ans au rythme d'un combat par mois,

Cerdin enchaîne les matchs et fait plier le plus grand.

Il succède des victoires avec panache,

une gloire par la soeur et pas mal d'équimouse.

À un à un, les champions du Maroc,

d'Algérie et le métropole tombent sous ses coups.

À chaque fois, Cerdin gagne,

le plus souvent en quelques rangs.

À Paris, la salva-gramme devient le théâtre de ses exploits.

Le nom de Cerdin apparaît alors

dans les colonnes du journal Lotto,

l'ancêtre du journal d'équipe.

Et il s'affiche même en une lorsqu'il remporte

le titre de champion d'Europe des points moyens.

On le surnomme alors le bombardier marocain

en référence à sa jeunesse au Maghreb.

Le 1er septembre 39, la guerre éclate

et Cerdin doit arrêter la boxe.

En juin 40, la France reconnaît sa défaite façon nazie.

Cerdin, qui se trouve au Maroc, est démobilisé.

Mais sans l'accord du gouvernement de Vichy,

ses déplacements sont rendus difficiles.

Impossible pour lui, par exemple, de se rendre en Amérique

pour se battre et pour le titre de champion du monde.

C'est en 1941 que Cerdin remet les gants

après un an et demi sans avoir boxé.

Et il enchaîne une dizaine de victoires.

Certes, à un peu moins de vitesse,

à un peu moins d'assurance,

mais toujours cette même détermination

lorsqu'il arrive sur le ring.

En décembre, en Nice, il accepte de boxer

au profit des prisonniers de guerre.

Le gouvernement Vichy lui a promis

que s'il combattait ici,

il serait ensuite autorisé à partir à New York.

Vichy ne tiendra jamais parole.

Cerdin ne recevra aucune autorisation.

Imperturbable, il continue de s'entraîner,

de travailler ses coups, sa technique.

A un journaliste qui l'interroge,

il donne sa carte d'identité de boxeur.

Vous d'abord vous êtes demandé, Marcel,

à quel point es-tu?

73 kilos.

Tu sais, je vais faire absolument,

comme si j'étais un employé de préfecture

qui te délivrerait une carte d'identité.

Quelle taille?

Un mètre 69.

72 kilos?

72 kilos.

C'est pas mal, dis-donc.

Qu'est-ce que tu fais comme tour de poitrine?

Au repos.

Au repos.

Un mètre, juste.

Un mètre et inspiré?

11.

Ça fait une différence de 11 centimètres,

mais c'est extraordinaire,

mais qui arrive à peine à 7, dis-donc.

Non, c'est parce que j'ai des dorsos.

Des dorsos, oui, d'ailleurs,

on voit que tu es vraiment bien battu.

Arrive le printemps 1942,

dans la carrière de Sardin.

À 26 ans, il veut récupérer son titre

de champion d'Europe.

Repoussé à de nombreuses reprises,

par sommet d'incertitude,

le combat est prévu pour la fin septembre

à Marseille en zone libre.

Dans la cité fosséenne,

l'organisation se met en place

pour accueillir les deux champions.

On prépare aussi la billetterie.

Sardin arrive début septembre

pour s'y entraîner.

Seulement, voilà.

Coup Théâtre.

À deux semaines de l'échéance,

le boxeur découvre le combat

n'aura pas lieu ici,

mais à 660 km de là,

à Paris, en zone occupée.

Sardin fait donc ses valises

et prend le train pour la capitale.

Quand un journaliste interroge

pour savoir s'il se sent en forme

pour gagner et récupérer son titre,

il répond avec humilité,

comme il l'a toujours fait,

avant chaque combat.

Évidemment, c'est une question un peu bête

que je vous pose,

mais je voudrais que vous le guisez

à tous les auditeurs

français, vous soutiennent,

vous aimez beaucoup

et attendront avec impatience

les résultats de ce match.

Ben, ce que je peux dire

c'est que je vais discuter

ce combat avec

tout mon coeur,

avec toutes mes forces.

Mercredi 30 septembre 1942,

Paris.

Sur les kiosques

à journaux de la capitale,

les affiches font la réclame

du combat entre Marcel Sardin

et José Ferrer.

Le match doit avoir lieu

ce soir, au vélo de l'univers,

l'une des plus grandes enceintes

sportives de la capitale.

La recette atteint un record,

plus d'un million 420 000 francs

de l'époque,

un montant que le gouvernement

de Vichy s'engage

à reverser au prisonnier de guerre.

Si l'événement lui-même est très attendu,

son cadre, sa scène

et son contexte

offrent un portrait sinistre

de Paris de l'occupation.

Il y a d'abord le lieu choisi,

le vélo de l'univers,

le Veldive,

endroit bien connu des parisiens

et des parisiens qui venaient ici

avant la guerre faire du pataglas

ou assister à des épreuves

sportives en tout genre.

Or, c'est ici même,

au Veldive,

que quelques semaines plus tôt,

à la mi-juillet,

s'est déroulé l'un des actes

les plus abominables

de la collaboration.

Sur ordre du gouvernement de Vichy,

policiers français gendarmes

arrêtent, rassemblent et enferment

plus de 13.000 juifs étrangers,

parents et enfants.

Ils sont tous, ils nous sentent,

bien sûr, mais qu'importe

aux yeux du gouvernement de Vichy,

ils seront tous déportés.

Une grande majorité d'entre eux

recevront un allé simple

vers la mort à Auschwitz.

Les autres seront emmenés

au Cambrancy,

sortent d'anti-chambre de la mort.

Des 13.000 déportés,

seule une centaine,

reviendra en vie.

Cette rafle du Veldive,

organisée avec Zelle

par le secrétaire général

à la police Rodébusque,

sera en partie nier,

démenti, minimisé.

Il faudra attendre 53 ans

pour qu'un président

de la République reconnaisse

enfin, et pour la première fois,

les fautes du passé

afin de ne rien occulter

des heures sombres de l'histoire.

Ces heures noires

souillent à jamais notre histoire

et sont une injure

à notre passé

et à notre addition.

Oui, la folie criminelle

de l'occupant

a été, chacun le sait,

secondée par des Français,

secondée par l'État français.

L'autre malaise

il y a du portrait

à deux visages

de cette foule

qui se presse dans les gradins

du Vélodrome d'hiver.

Au premier rang,

et dans les loges,

on distingue

de petits groupes

de soldats allemands

en uniforme.

Eux n'ont pas eu

à payer leur place

d'y affaire la queue

pour entrer.

Terrible portrait

de ce pari occupé.

En tout cas,

cela fait plus de 3 mois

que le monde de la box

parle de cette rencontre

sommée

de l'espagnol Ferrer

et le français Serdan.

Trois mois

que les spéculations

vont bon train.

Serdan,

qui, rappelons-le,

n'a pas boxé pendant

presque un an et demi

à cause de la guerre,

sera-t-il au niveau

de l'espagnol.

Ce Ferrer,

dont la presse raconte

qu'il renvoie

à un de ses adversaires

sur un brancard.

Mais les derniers combats

de Serdan

sont rassurants.

Il a démontré

à ceux qui ont doute

qu'il est en excellente forme.

Comme en témoigne

son entraîneur,

Lucien Roup.

Les 15 jours

s'ils lui ont fait

un bien énorme,

il a toutes les qualités

possibles

de vitesse,

de précision

et il fera certainement

un très beau match.

Serdan a perdu

son dernier match,

disqualifié

par un coup jugé

trop bas,

trop dangereux.

Il n'en reste pas moins

que le bombardier marocain

survolait tous

ses matchs de l'année.

Alors,

que va-t-il se passer

sur le ring?

Serdan,

peut-il faire jouer

son expérience

et prendre l'ascendant

sur Ferrer?

Quatre boules de cuir

tournent dans la lumière

de ton œil électrique.

Box,

box,

au TS de pierre.

Quatre boules de cuir

m'époignent contre les siens.

Moi,

le jeune puncher.

Box,

box,

lui,

le vieux,

qui te marre.

Qui te marre,

c'est un gant,

et Dieu sait que je l'aime,

mais ses gants et mes gants

ne pensent pas de même.

Au TS de pierre,

pour atteindre ton cœur,

il n'est qu'une manière.

Box,

box,

il faut être vainqueur.

Quatre boules de cuir

sur quatre pieds de guerre,

bombardent le plexus.

Box,

box,

l'angle du maxillaire.

Quatre boules de cuir

dans la cage du ring,

sont crochets,

je l'enquaisse.

Box,

il esquive mon swing.

Qui te marre,

j'en ai marre

de notre réunion.

Je vais tout te faire voir

qu'il est deux échantillants.

Box,

quatre boules de cuir

et soudain de tiroules,

le répand dans leur chapelle.

Box,

dans le curry de la foule.

La joue sur le tapis,

j'aperçois les chaussettes

de l'arbitre là-haut.

Box,

quatre,

cinq,

six,

sept,

box.

Enfant,

je m'endormais

sur des caos de rêve.

Et c'est moi qu'on soutienne.

Et c'est moi qu'on soulève.

Et voici les vestiaires

ont des bancs de mes mains

qui te marrent bien me voir.

Ça ira mieux demain.

Au TS de Pierre,

un soudre.

Box,

comme une maison blanche.

Oui, j'aurais ton sourire

point final de mes points,

même si dans les coins.

Box,

box,

j'y vois encore lui.

Quatre boules de cuir.

Quatre boules de cuir.

Box,

box,

box,

box,

box,

box,

box,

box,

box,

box,

box,

box,

box,

box,

box,

box.

Aujourd'hui,

Marcel Serdan

s'affaire son signe

Mercredi 30 septembre 1942, Paris, Vélodrome d'hiver.

A quelques minutes du match, l'un des trois juges de la rencontre revient dans la loge

de Marcel Cerdant.

Au boxeur et à son manager, Lucien Roup explique que ce soir, il faut finir le match

le plus tôt possible afin d'itul que les spectateurs puissent rentrer chez eux avant

le couvre-feu.

Puis, il exige que le boxeur français lui remette sa ceinture de protection pour le

bavante et le pubis, celle-ci vient d'être subitement interdite par la fédération

internationale.

Roup crie au scandale et surtout, il dénonce un danger pour son boxeur.

Cerdant lui écoute et ne bronche pas, il est dans son match, il a ferret en ligne de

mire.

Cerdor Bouillon, l'oragan s'apprête à souffler.

Quelques instants plus tard, lors de son entrée dans la salle, la foule acclame le bon

bardié marocain.

Certains crient, cerdant égrase-le.

Alors, d'un pas calme et sans empracement, le boxeur français marche vers le ring.

Il enjambe les cordes et se tient droit face à la porte d'outre-d'entrer son adversaire.

Lorsque Ferrer arrive, il s'est fait immédiatement huer par le public.

Certains journalistes racontent que c'est parce qu'il a fait peindre nos croix gammées

sur son pain noir.

D'autres affirment que c'est parce que son soigneur porte un uniforme d'une unité

militaire rattachée à l'armée allemande.

Le boxeur espagnol semble bien décidé à jouer jusqu'au bout cette carte de la provocation.

Toujours après ce qu'on dit, il était moins la colère du public redouble après qu'une

fois entrer sur le ring, Ferrer airtoise la foule et dresse son bras droit en avant.

La paume de l'âme a redressé pour exécuter le salut franquiste variante du saluit l'Ariens.

Les quelques invités de marque, désofficiellement présents en premier rang, acquiescent d'un

mouvement de tête, bien sûr.

Les spectateurs parisiens, eux, invectifs Ferrer, évidemment.

Il faut plusieurs minutes au service d'ordre pour ramener le calme dans la salle.

Présent sur place à quelques mètres du ring, Jacques Godet, directeur du jour de l'auto-témoigne.

Nos amis d'Espagne sont braves, Ferrer est monté sur le ring du Veldiv comme il est

arrivé au pied de la Tour Eiffel.

L'air candide, les mains derrière le dos, le ya musée du touriste qui s'en tient à

une inspection extérieure des monuments.

Sans doute, il y avait-il dans cette naïveté d'attitude, dans cette ignorance voulu une

part de cette bravoure qui distingue à travers le monde un gentillum de castilles ou d'arragons.

La box est un combat moderne qui ne saurait se satisfaire de bravoure.

Venir inossamment se faire tuer entre quatre cordes n'est pas un titre de gloire pour

les critiques des compétitions sportives.

Comment juger Cerdant? On ne juge ni la foudre ni la tempête, on les constate, on les subit.

On peut, par un miracle de ruse ou de prudence, y prendre regard, mais on ne peut jamais y

échapper.

M.

Ferrer, lui, est sorti sous l'orage sans parapluie ni imperméable et son jolimenton est alors

la meilleure cible du monde pour le bombardier Cerdant.

Cerné par les innombrables, regardent une foule de plus de 20 000 spectateurs, éclairés

par la lumière blanche d'un millier d'ampoules accrochés sous la voûte noire vitre de la

salle.

Scrutés par des dizaines de soldats allemands en uniforme, le boxer espagnol José Ferrer,

23 ans, et le français Marcel Cerdant, 26 ans, se font face pour ce match si attendu.

Car le vainqueur deviendra champion d'Europe de boxe des poids mi-moyen.

Sur le ring, carré de 7 mètres sur 7, délimité par des corps de blanche, situé à un mètre

de dessus du sol, il n'y a pas d'échappatoire.

Le plus fort des deux boxeurs va tenter d'imposer son rythme et frapper le premier.

Le plus faible, lui, va essayer tant bien que mal d'esquiver et de s'échapper.

Deux stratégies s'affrontent alors pour la victoire, tenter d'en finir au plus vite

par chaos, ou faire durer le combat et miser sur une faute de l'adversaire pour récupérer

des points.

Assez à quelques mètres seulement du ring, le journaliste de l'auto Georges Peters est

le témoin privilégié de cette passe d'arme entre les deux champions.

Cerdant et Kribilers, à ce soir, les traits tirés par la volonté, le visage blême, les

muscles frémissants.

Ferrer lui, Harbour, la candeur du novice avec un sourire optimiste.

Lorsque la cloche sonne, le champion espagnol est le premier à jaillir sur son adversaire

et il y va Franco, si je puis dire.

Trop d'ailleurs, il se risque à avancer imprudemment un découvert, la bouche ouverte, une erreur

de débutant.

Alors, Cerdant, le point mouche tendu, le tient à distance, puis au bout d'à peine

cinq secondes, le Français décoche un formidable crochet de couvre du droit.

Le coup de poing s'écrase sur le visage de Ferrer, l'espagnol perd l'équilibre,

il est sonné.

Georges Peters se raconte.

Ferrer se retrouve au tapis et, comme est alors une deuxième faute, plus grave encore

peut-être que la première.

Plutôt que de songir un instant à récupérer, il se relève aussitôt alors que l'arbitre

vient à peine de prendre la cadence du chronométreur.

Chérère, dès lors, était jugé.

Ce boxeur combatait décidément en commettant les fautes d'un novice.

Son exécution se poursuit alors avec accès.

Ferrer debout, l'arbitre l'est joué, Cerdant n'hésite pas à une seconde, le bombardier

marocain bondi et assaine un nouveau coup du droit à son adversaire, punch dévastateur.

L'espagnol retourne au tapis et, une fois encore, il se redresse sans même prendre

le temps de retrouver ses forces.

Mais Cerdant déchaîne à foudre sur lui une série de corps crochés du droit, terrible.

Prisant-en-là, il est incoté par les cordes, de l'autre par cette pluie de coups, Ferrer

est désemparé.

Il ne peut rien faire, il est piégé, son sort semble scellé.

Petit tuban, reprenant péniblement son équilibre, Ferrer est de nouveau envoyé au tapis trois

fois de suite.

Il prend le temps de 9 secondes, frise donc le chaos, mais son relâtre.

Le visage hébeté de l'espagnol trahisse à détresse, il ne comprend plus et Cerdant

impitoyable pour sûr.

Après deux nouveaux knockdowns de 7 et 4 secondes, où Ferrer se retrouve face contre

l'auteur, le manager de l'espagnol jette sa serviette, ce qui en boxe signifie que

le boxeur abandonne, donc le match se termine, il aura duré à peine 85 secondes.

Cerdant en victorieux sur le ring, dans les tribunes du Veldiv, la foule se lève et applaudit.

Assez tout près, le chanteur mori-chevalier frappe dans ses mains, il se produit alors

un fait unique sous l'occupation.

Les spectateurs se mettent à chanter la Marseillaise, ligne nationale interdite par les autorités

allemandes depuis juin 40, tolérée pour les manifestations sportives, certes, mais très

mal vues.

Alors putain symbole de défiance ce soir, en entendant la Marseillaise issue la République

honnue par pétain et sa clique, c'est toute la France occupée qu'il jive, l'occupant

Asie et son complice de Vichy.

Interrogé après le combat par Fernand Legouge, de l'auto, Cerdant explique, redevenir champion

d'Europe et d'avoir reçu qu'un seul coup de point, c'est une performance dont je

suis fier, mais contre un adversaire que je ne connaissais pas du tout, j'ai employé

ma méthode favorite, compte et remise immédiate de croches et cours, vous voyez que cela

m'a réussi.

Pas arranculier et même amusé par le spectacle que vient de leur offrir Cerdant, petit ombre

entrape plus bien loin de leur idéale raciale, auxquels ils sont loin de tous ressemblés

d'ailleurs, les officiellement lui rendent visite dans sa loge après le match.

Ils l'invitent à se joindre à eux pour un cocktail et lui proposent une collaboration.

S'agit-il de combattre pour eux? Des matchs d'exhibition en Allemagne? Le boxeur

français décline.

Dès le lendemain, le nouveau champion de l'Europe de boxe et des points moyens repart

pour Marseille sans réclamer la bourse du combat, puis il embarque à bord d'un bateau

pour le Maroc, car Cerdant se s'est menacé, il ne reviendra en métropole qu'à la libération

en 1945.

Ici Orly, aujourd'hui, nous attendons l'arrivée de Marcel Cerdant, délit Piaf, il vient faire

un petit séjour en France.

Je dois vous dire qu'aujourd'hui, le terrain d'Orly a été envahi par une foule extraordinaire

de journalistes, de cinéastes, de curieux, même qui sont venus maintenant se nasser

autour du Consellation des France, qui viennent se poser à l'instant sur l'air d'Orly.

Est-ce que vous pourriez appeler Cerdant qui est là-bas et qui est en train de signer

encore des autographes?

Cerdant, s'il te plaît, est-ce que tu veux venir une fois au micro?

Ah, le voilà enfin, c'est assez difficile d'ailleurs de l'avoir parce qu'il y a une

foule telle ici.

Alors Marcel, je voudrais, Marcel qui est un peu blessé à la lève, mais c'est pas

grand chose, c'est rien, je te le dis à ça.

C'est de la fièvre.

C'est de la fièvre.

Est-ce que t'as fait un bon voyage?

Un très bon voyage.

Parce que Jean-Homme Manille tout à l'heure était avec vous, qui l'avait été fatigué

par le voyage.

La suite est la fin de l'aventure de Marcel Cerdant.

Au micro du journaliste qu'il attend vers les repas d'Orly en 1948, au retour de l'un

de ses nombreux voyages victorieux en Amérique, Cerdant dévoile ses projets et son ambition.

A 32 ans, il fréquente désormais la chanteuse Edith Piaf qui l'a rencontrée au club des

saints à Paris.

Entre le boxeur, déjà marié, et la chanteuse, malheureuse en amour, une relation passionnelle

et charnel se crée.

Piaf et Cerdant sont inséparables et le contraste de leur relation entre une belle

et une bête va alimenter les articles à leur sujet.

De la vie de nombreux journalistes qui les ont fréquentés, c'est cette relation avec

Piaf qui va définitivement donner à Cerdant ce côté glamour qui lui manquait jusqu'alors,

faisant de ce gaillard l'égal des acteurs de cinéma français de son temps.

Et si, entre temps, il continue d'enchaîner les victoires en France et en Europe, c'est

que les plus beaux faits d'armes sont indiscutablement ceux qu'ils réalisent de l'autre côté

de l'Atlantique.

Victorieux notamment du champion américain George Abrams en 1946, Madison Square Garden

de New York.

Si Cerdant paie en 48 le titre européen qu'il avait arraché à Ferrer, il se rattrape

par une victoire dans le combat du siècle qui le voit détrôner le champion au point

d'associer Tony Zayle.

Deux rondes d'anthologie pour lesquelles le public américain se lève comme un seul

homme pour applaudir.

Champion du monde des poids mi-moyens, une consécration.

Entre deux combats, entre deux victoires, Cerdant prend l'avion et part rejoindre sa belle

à l'autre bout de la France, entre l'Europe et même au-delà de l'Atlantique.

A 33 ans, le destin hors norme du gamin Nassidi Bella Bess, celui qui veut d'une famille

pour, celui qui s'était retrouvé contraint par son père à boxe, celui qui avait gravien

à les échelons de la boxe, va se briser au milieu de l'océan Atlantique Nord.

Dans la nuit du 27 août 28 octobre 49, alors qu'il sera en États-Unis pour rejoindre

Eddie Piaf, Marcel Servant trouve la mort dans le crash de son avion au large des

ill-cadarries.

La cérémonie d'hommage en son honneur assemble plusieurs miliers d'anonymes.

Cerdant laisse derrière lui une carrière sportile exceptionnelle et surtout des valeurs

d'humanité rares.

Il laisse surtout le sentiment d'un parcouru d'achever.

Si une phrase devait résumer l'engagement, l'humilité et la détermination inébranlable

de cet immense champion, ce serait sans doute cette déclaration qu'il avait faite

lui-même à des journalistes en 1947.

J'ai toujours peur des coups que je reçois, comme j'ai peur des coups que je donne.

Pour le plaisir d'une foule en délire, je peux tuer un homme comme je peux aussi me

rouler, comme un bonheur si tu m'aimes, comme un fou du monde entier, tant que l'amour

d'une odeur à mes mortels, tant que mon corps frémiera sous tes mains, comme un bobe,

comme les problèmes, mon amour, puisque tu m'aimes, j'irai jusqu'au bout du monde,

je me ferai tendre en blonde si tu me la demandais, j'irai décrocher la lune, j'irai

voler la fortune si tu me la demandais, je renierai ma patrie, je renierai mes amis

si tu me la demandais, on peut bien rire de moi, je ferai n'importe quoi si tu me

la demandais, si un jour, la vie t'arrasse à moi, si tu me l'aimes, que tu sois loin

de moi, que la vente si tu m'aimes, on me rèlerait aussi, que nous aurons une léternité

dans le bleu de toute l'immensité, dans le ciel, plus de problèmes, mon amour, crois-tu

qu'on s'aime

J'aurai unis ce qui s'est mort

France Inter

Affaire sensible

Fabrice Drouel

Affaire corde sensible

comme celle des lipiaves que nous venons d'écouter

Serdon Veldiv donc, une histoire que nous allons commenter avec notre invité

Jean-Philippe Ustic, bonjour

Bonjour Fabrice, bonjour à tous

Journal L'équipe, bien sûr

Notre partenaire, vous êtes un journaliste sportif, spécialiste de l'histoire de la box

et l'auteur du grand livre de la box

C'est vraiment un grand livre, un grand livre de la box

Paru en 2019 aux éditions

Je fais 2 kilos, c'est pour ça qu'il est grand

2 kilos, c'est vrai

Ustic, comment replacer ce combat Serdon Ferrer dans la carrière du champion français

Je veux dire, est-ce qu'on est là face à l'un des matchs les plus importants qu'il a eu à jouer

ou est-ce qu'on se penche dessus pour le contexte

ou les deux peut-être?

Oui, alors je pense que c'est un mélange un petit peu de tout

Ce combat est important, il n'est pas capital, il est donc important

Vu le contexte, bien entendu, vous avez parfaitement expliqué dans cette narration sublime et mouvante

et de cette période tellement douloureuse

Et lui, donc Marcel qui est le symbole de la liberté, de l'indépendance

C'est un élément important et qui en même temps le sportif français le plus populaire

déjà en 1942

Donc ce combat n'est pas en soi le plus important

parce que l'adversaire qui est donc Joseph Ferrer, champion d'Europe

des mi-moyens à ce moment là, on est à 66 kilos

Il a déjà été champion d'Europe 3 ans auparavant

Marcel et sa carrière s'est donc interrompue à cause de cette guerre pendant 16 mois

Et donc il remonte sur le ring et là c'est un non-match

On l'a parfaitement entendu et décrit

C'est un non-match parce que sur l'adversaire va 9 fois au tapis

Donc 9 fois que son genou, ses mains touchent le sol

même si l'arbitre le contraste 5 fois

Donc c'est une humiliation totale par un boxeur qui est fou d'royant

qui a la boxe envoûtante, qui est unique dans l'histoire de ce sport

qui est donc Marcel Sardin et qui a cette force en lui, ce don

qui a donc le punch

Et ça lui permet de remporter ce titre des poids mi-moyens ou poids wall-terre

quand on parle de façon anglaise

Voilà, c'est donc bien mi-moyens

Mais après il sera champion du monde des moyens

Parce que le commentateur disait juste avant les moyens

L'erreur de nos amis, des archives de l'époque, il y a 70 ans

80 ans on que dit, 81 ans d'ailleurs bientôt

Donc c'est donc un champion à l'ordre d'un catégorie des poids wall-terre

et Marcel sera le roi des poids moyens

donc il aura pris un petit peu de poids après la guerre

Et le poids moyen?

C'est 72 kilos la limite, 72 500

Et les poids wall-terre on est à 66 600

Donc il y a 6 kilos de différence

Et donc il y a cette pesée qui se déroule le matin

où ils doivent respecter cette limite

et perdre le poids supplémentaire s'ils ne font pas cette limite

Alors on parle d'un combat qui dure 85 secondes

Je ne suis pas un spécialiste de la boxe

de façon un peu hypocrite de dire que je n'y connais rien

Mais on se dit, 85 secondes c'est une minute 25

On paye une place pour une minute 25

Ah oui mais c'est tellement fort

Vous savez, cette boxe qu'on retrouve fascinante

et on l'a évoqué avec Ali dans Affaire sensible

ou d'autres encore, boxeur mythique

il y a encore quelques années Tyson

les gens se levaient ou assistaient à des combats

qui durent 1 rd, donc 3 minutes seulement

C'est l'intensité, c'est l'émotion dégagée

La boxe au maximum c'est 12 rd

à l'époque c'est donc un 15 rd ce championnat d'Europe

au maximum 15 rd

Mais il y a une telle vitesse

il y a une telle force, il y a une telle émotion

si vous voulez, que oui le combat est très court

et papa me racontait

lorsqu'il avait une fois accompagné son papa

pour aller voir un match et il l'avait loupé

donc par c'est le sardin, pas les des sports

parce que le temps qu'il se baisse

le combat avait été doux

et il avait manqué en quelque sorte le coup fatal

donc voilà, il n'y a pas de frustration

on n'ira jamais le combat été trop court

l'important c'est que sardin gagne

et c'est un élément qui je pense

pour nous éclairer encore un petit peu plus

sardin a peur, tous les boxeurs ont peur

il est blême sur le ring, il contrôle cette peur

la boxe, il l'a accepté

contraint et forcé par son papa

on l'a parfaitement expliqué dans la narration au début

lui qui est un fou de football

et qui joue super bien au ballon

il est très coordonné, il a un très bon jeu de tête

il est rapide, il est vif

il a un drible formidable

et la boxe il est contraint et forcé

il a un don

il a d'ailleurs cette morphologie naturelle

de trappesse très développée

de ce petit coup

il a un coup de tour

il a des trappesses

on l'entend au moment de l'aller

d'ailleurs vous êtes solides

vous êtes bien bâti

le jour d'avis c'est avec cet accent

c'est incroyable

et ça lui permet

de gagner vite parce qu'il a une force

donc est un don du ciel

la puissance c'est le rapport poids

vitesse et puissance

et comme il frappe très fort

et qu'il n'aime pas la boxe

il ne veut pas abriger des souffrances

à ses adversaires

ça veut dire qu'il n'aime pas la boxe

il n'aime pas la boxe

c'est merveilleux ça

c'est incroyable

Marcel Sardin a été contraint de boxe

il n'aime pas ce sport

et c'est une souffrance pour lui

que de voir ses adversaires souffrir

donc pour leur abriger les souffrances

il va gagner vite

et d'ailleurs après

chacune de ses victoires

il a toujours des gestes

pleins d'humanité

je vais voir mon adversaire

je le réconfort

je le prends par les épaules

et de très nombreuses adversaires

on a entendu Despot

on a entendu Valzac

c'est des noms qui marquent

pour les générations anciennes

ces boxeurs qui étaient

dans cette période dorée

de la boxe en France

dans les années 40

et bien ces boxeurs la racontent

qu'à l'issue de combat

parfois lorsque le match

allait à son terme donc à la limite

très souvent il demandait à Marcel

dans un petit coin

dans un petit creux de l'oreille

dans un corps à corps

j'ai des enfants

sois gentil

ménage-moi s'il te plaît

de m'abîme pas trop

mais c'est fou

ah ben oui c'est pas si long ce qu'on veut dire

et Sardin acceptait ça

et voilà

et malgré ça

quand il fallait mettre au tapis

Ferrari il l'a mis au tapis

ce boxeur de Barcelone

qui était détanisé

il a explosé

est-ce que c'est pour toutes ces raisons

que vous venez de me dire

qu'il était le sportif

le plus populaire de l'époque

ah mais oui c'est sidérant

on ne s'en rend pas compte

de l'impact

de Sardin de sa popularité

lorsqu'il gagne ce titre mondial

le 21 septembre 1948

qu'il revient dans les locaux

du faubourg Montmartre

du journal L'Équipe

qui va tirer à plus qu'un million d'exemplaires

ce soir là

le lendemain

il est acclamé

par des centaines de milliers

de spectateurs dans la rue

avec cette voiture décapotable

lorsqu'il disparaît

de façon tragique

c'est un drame national

Sardin, l'histoire d'amour

a amplifié avec l'impact

et donc on dirait que c'est un peu

dans un terme très moderne

pipolisé

voilà ce qu'il n'existe pas à l'époque

mais il a un impact sur les gens

et ce contraste est saisissant

on l'a entendu avec cet témoignage

fabuleux je me suis régalé

vous avez vu cette petite voix flouette

touchante

mais bien sûr

ah bah oui ça je l'ai entendu

dix fois avant

j'imagine Fabrice

c'est terrible

et en même temps la puissance

qui dégage

donc c'est cela

et d'ailleurs comme il est peu à l'aise

avec le micro

il y a des archives d'époque

qui le montent lorsqu'il répond

aux caméras

son manager

Lucien Roup

évoquait aussi dans cette narration

Lucien Roup lui soufflait

très souvent ce qu'il devait dire

il se mettait près de lui

légèrement au retrait

et dans le coin de son oreille

il lui disait voilà ce que tu vas répondre

il était pas à l'aise avec les caméras

mais il est tellement touchant

moi il m'émeut

voilà je l'ai pas connu

par le fort des choses

vous imaginez

il est parti à tellement longtemps

bien sûr

c'est un personnage fou

serdon

puis le champion

au-delà de tout ça

vous savez

juste un élément sur son palmarès

lorsqu'il rencontre Ferrer

il a gagné 67 combats

sur 69

ah oui

67

et les deux perdus

sont par disqualification

donc injustifié

juste à vie

disqualification

c'est-à-dire qu'il a donné un coup

interdit en dessous de la ceinture

d'accord

mais pas de façon volontaire

parce qu'il est

il en a dit trop bas effectivement

un coup trop bas trop dangereux

exactement donc dans la coquille

vous savez que les boxeurs

ont le bavant

protégé par une coquille

et que théoriquement

on ne doit pas toucher

donc la coquille

et lui

dans cette boxe pougueuse

on parle de l'ouragan

il va parfois lui donner des coups

trop vite

mais sans

la volonté

c'est une action irrégulière

donc le palmarès est

sensationnel

c'est un champion

colossal

Mr Sardin

il avait peur

alors est-ce que ses adversaires

avaient peur de lui

pour le coup

oui

il a le même impact

Sardin

que Tyson a eu

dans les poids lourds

les adversaires

de Tyson Willlapsus

les adversaires de Sardin

savent qu'ils ont en face

de lui

un phénomène

qui va tellement vite

mais quand on regarde

les archives

d'époque

et qu'on compare

avec la boxe actuelle

mais elle n'a pas bougé

la boxe de Sardin

il pourrait rivaliser

avec n'importe quel champion

aujourd'hui

ce qui est rare dans d'autres sports

exactement

et là non on a des éléments

de comparaison

et on se dit

mais cette boxe elle est extraordinaire

elle est tellement moderne

et puis elle est inspirée

même si elle n'aime pas la boxe

il a un don

il a un don

au-delà de sa puissance

le coudeuil

le petit pas de retrait

pour les puristes

clac clac

un centième

je touche

c'est magnifique

c'est sublime

qu'est-ce que vous en parlez bien

c'est gentil

c'est passionné

on va vous retrouver

avec plaisir

à la prochaine

j'ai besoin de plus de temps

vous avez eu de la vie

que vous avez eu

même votre maman

m'a dit que c'était cool

j'ai eu de la bouche

et de la glace

c'est tellement magnifique

j'ai donné vous

la chapelle de ma paix

j'ai regardé

j'ai regardé

j'ai regardé

pourquoi pas vous

vous donner

cette chapelle

cette chapelle

je nibellement

j'ai regardé

pourquoi pas vous

vous donner

cette chapelle

cette chapelle

cette chapelle

je vis manger

je vis manger

la chapelle

la chapelle

je vis manger

la chapelle

I wanna see the other side of you

Make the good outweigh the bad

Tell the page ain't lookin' bad

Singin' sorry as I start

But you can't unbreak a heart

Give me something

Show me what's been what's made to be

Whatever it may, give me something to make

Give me something to make

Give me one reason

Tell me I shouldn't leave

Whatever it may, give me something to make

Whatever it may, give me something to make

Give me something to make

France Inter

Affaire sensible, Fabrice Drouel

J'en fais du plus-tique, remettez vos gants

J'en rappelle que vous êtes journaliste sportif

à l'équipe spécialiste de la boxe

et passionnée de la boxe

Je vais encore vous poser une question de Béotien

Les poids lourds c'est la catégorie reine en boxe

Et pourquoi?

Parce que les hommes fort fascinent

Parce que ce sont tous les plus connus

Parce que l'histoire de la boxe

c'est avant tout l'histoire des poids lourds

Et on retient Ali, on retient Tyson

On retient ces boxeurs-là

Parce que ce sont les hauts de leur temps

Et même Dunking, vous savez ce célèbre promoteur

Avec ses cheveux qui montent vers le ciel

On a toujours l'impression qu'ils se mettent tous les matins

Un peu les doigts dans des 220 volts

Vous voyez, c'est plus qu'à organiser le fameux match

à Kinshasa, contre Forman

Donc Dunking disait

Pendant longtemps, ce n'est plus le cas vraiment maintenant

Et pendant 70 ans d'histoire

Le poids lourd était aussi connu que le pape

Donc c'est le fait que ce sont les hommes forts

C'est ce qu'on appelle la catégorie reine

Voilà, d'être champion du monde des poids lourds

On se dit mais il n'y a aucun boxeur qui peut le battre

Et c'est pour ça que ce sont vraiment les héros de leur temps

Voilà, c'est pour ça qu'un combat

Comme Mohamed Ali contre Joe Frazer

En 1971, Soumya Oregama

Mais c'était très fort, c'était des poids lourds

Bien sûr, exactement

En Madison Square Garden de New York

Est-ce que ça vous touche le contexte

Dans lequel s'est joué le match du Veldive

En pleine occupation avec Ferrer

Le franquiste

Le salifachiste

Ça vous touche

Mais ça montre à quel point

Parfois le sport et la boxe aussi

Mais le sport va prendre le dessus

Sur un contexte politique

Et très souvent, il y a un événement

Qui fait qu'on oublie ce qui se passe

On va au-delà, le fait que le public reprenne

La Marseillaise, alors qu'elle est interdite

Dans cette zone occupée par les allemands

Depuis juin 1940

Oui, c'est un acte de résistance

Mais complètement

Et même de la part de Serdon aussi

Qui refuse après d'aller signer la main

De ces dignes internazies qui assistent

Et qui n'ont pas payé

Donc c'est ce contexte-là

Il y a eu des événements comme cela

Dans l'histoire du sport

Où, malgré cette situation

Il y a une dimension sportive

Emotionnelle qui prend le pas

Et on fait preuve de courage

On ne pense pas aux conséquences

Que cela pourrait avoir

Que, à la suite de cela, Marcel Serdon

Qui refuse dignité ou de serrer la main

Puissent être arrêtés par exemple

Ce n'est pas impossible, on peut l'imaginer

Il y a eu des sportifs malheureusement

Qui ont entré en résistance ou même avant

Et qui ont terminé dans les camps de concentration

Ou alors ont été fusillés

Remenez au sport

Qu'est-il arrivé à Ferrer, ce jour-là

Parce qu'il n'y a pas perdu de l'année

Tétanisé, Ferrer

Il a 23 ans à ce moment-là

Donc il est plus jeune, 25 victoires

De défaites catenules

Première fois qu'il sort de sa Barcelone

Puisqu'il est de la région, il est de Catalogne

Et il a tout fait sa carrière dans son coin

Dans sa région

Il n'est jamais sorti de ce nord de l'Espagne

Et c'est la première fois qu'il vient en front

Donc un contexte qui pourtant pourrait lui être favorable

Parce qu'il est franquiste

Et le contexte politique

Et le nazisme qui est à Paris

Mais en revanche, sur un plan sportif

Il a Frantaboxeur qui lui est supérieur

Bien qu'il soit plus grand

Donc 6 cm de plus

Mais il est trop tendre pour ce combat

Et d'ailleurs il y aura un match revanche

À Barcelone en 1946

Et ça donne quoi?

Il est chaos

D'accord, Ferrer

Il a grave son cas

Et depuis longtemps

Et là on est dans la catégorie des poids moyens

Serdon a pris du poids après la guerre

Il est monté dans la catégorie supérieure

D'ailleurs il deviendra le fameux champion du monde

Justement face au champion

Point de l'acier, Tony Zayn, c'est en 1948

C'est du victoire d'anthologie

C'est son grand exploit

C'est la plus belle

C'est la plus mythique

C'est maléfique, on nous aime à Jersey City

21 septembre 1948

Il est 4h30 du matin en front

Par Pierre Crenness

Qui était le correspondant à l'époque

Sur la radio à New York

Et qui connaissait rien à la box

Donc il va à l'autre

Non c'est pas grave, on revanchiment utilisé des termes

Mais c'est pas grave parce qu'à sa manière

Il va expliquer ce qu'il voit

Mais on se moque, il se pose spécialiste

Et donc ce combat est un événement considérable

Parce qu'il va redonner de la grandeur

De la grandeur à cette France battue

On est en 1948, la France se reconstruit

Et Serdon est le symbole

Et l'Amérique a gagné

Bien entendu, avec l'appui de tous les alliés

Et lui Serdon va les défier

Tony Zell, l'Américain sur ces terres

Tony Zell est un boxeur d'origine polonaises

Il venait de Chicago, du Nord, du Romal

Plus grand 1,80m

Et il fait un combat mythique

Bien que Serdon en fin de carrière

Et donc 32 ans

Qui dispute son 110e combat

Et qui n'est plus le boxeur génial

Qui était même en 42, il est en fin de carrière

Mais il est encore au-dessus

Dislouqué carrément

Mais oui, parce qu'il tombe

Et il tombe comme un pantin

Des articulés, lentement il s'écroule

Dans le 11e, Serdon d'ailleurs

L'aidera à se relever

Il devient champion du monde

Tony Zell ne boxera plus jamais après ce combat

Il aurait été tellement mal

Et Serdon ne pourra pas défendre

Il sera battu quelques mois plus tard

Un soir de séjour à D3 devant Jack Lamota

C'est une autre histoire

Jack Lamota, voilà encore une histoire

Ah bah oui, il y a des choses incroyables

En cette période-là, toute cette boxe

Et oui, Jack Lamota bat Serdon

Parce que Serdon est blessé à l'épaule

Et Serdon perd son titre de champion du monde

Et le combat revanche est donc signé

Pour le mois de décembre

Et Marcel Serdon meurt sur le chemin

De la revanche

Et au lieu de prendre le bateau

À la demande d'Edith Piaf

Qui se languit, lui vient vite me retrouver

Prends l'avion s'il te plaît

Et il prend cet avion qui se

Sort, voilà

Entre les 27 et 28 octobre

Dans la nuit

Il devait atterrir puisqu'il y avait une escale

Avec son constellation

Ah, c'est une histoire terrible

Mais on a l'impression que dans le cœur

Serdon n'a jamais disparu

Finalement

Il meurt au sommet, il meurt en plein vol

C'est qu'à le dire

Mais c'est la réalité, c'est dramatique

Et c'est une métaphore

Je vous pose une dernière question

Pour répondre, ça tombe bien

On peut y répondre par oui ou par non

Ou par un numéro

Quel place tient Marcel Serdon

A votre avis dans le pantheon de la boxe française

Les deux premières, avec Georges Carpentier

Ah oui, il y a le Carpentier

Voilà, c'est les deux plus grands et de loin

Et même les plus grands sportifs français de l'histoire

Parfait, je sonne la fin du gong

Dans la fin du gong, Jean-Philippe Pustic

Merci, à finir

Pour ce que vous savez de la boxe

C'est la passion que vous avez à transmettre

C'était à faire sensibles aujourd'hui Marcel Serdon

Une émission que vous pouvez réécouter en podcast

Bien sûr, à la technique

C'était à faire sensibles aujourd'hui Marcel Serdon

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durée :00:54:11 - Affaires sensibles - par : Fabrice Drouelle - Aujourd’hui dans Affaires sensibles, le récit d’un match de boxe entré dans la légende : le combat entre José Ferrer et Marcel Cerdan en octobre 1942.