Hondelatte Raconte - Christophe Hondelatte: Bruno Garcia - Cruciani, c’était inéluctable
Europe 1 9/15/23 - 40m - PDF Transcript
Cet été, vous avez surfé de belles vagues, visité des musées étonnants et goûté des
saveurs inoubliables. Pourtant, les meilleures journées vous attendent maintenant.
Jusqu'au 30 septembre pendant les Stardes, les nouveautés sont à l'honneur chez Mercedes-Benz.
Venez découvrir nos 6 modèles compacts hybrides rechargeables comme le nouveau GLA et son
autonomie électrique allant jusqu'à 70 km. Stardes journée étoilée,
détail sur mercedest-benz.fr. Pour les trajets courts, privilégiez la
marche ou le vélo. En mars 2019, à l'île rousse, en Corse, Bruno Garcia Crucciani
abat son ex-compagne, Julie Dweeb, de 3 balles de pistolet automatique.
Cette affaire émeut la France entière, au point que le gouvernement organise dans la foulée le
premier gronelle contre les violences faites aux femmes. On vend ensemble la Côte B du dossier
d'instruction de Bruno Garcia Crucciani. Dans le système judiciaire français,
le dossier d'instruction contient un sous-dossier appelé Côte B. Il rassemble les rapports des
experts psychiatres, psychologues et de l'enquêteur de personnalité. Ouvrons l'un de ses
dossiers. On de la traquante, Côte B sur Europe 1.
Le 3 mars 2019, à 11h30 du matin, Bruno Garcia Crucciani se présente à la brigade de gendarmerie
de l'île rousse. Je viens de tuer mon ex, la mère de mes enfants. Tenez, voici mon bloc.
Il a tué son ex-compagne Julie Dweeb, une demi-heure plus tôt, 3 balles de 9 millimètres tirés avec un pistolet
glauque. Julie Dweeb avait 34 ans, elle était mère de deux enfants de 8 et 10 ans.
Je rentre dans ce dossier vraiment et je rencontre Bruno Garcia Crucciani pour la
première fois au moment où le dossier est onyancé et où le procédat 6 va avoir lieu dans quelques
mois. Maître Camille Rado, avocat de Bruno Garcia Crucciani. Je m'attends pas grand chose parce qu'on
sait jamais sur qu'on va tomber et qu'on est habitué à gérer, à rencontrer des profils
vraiment très différents donc quand je le rencontre la première fois j'ai pas spécialement
de la priori positif ou négatif parce que je suis pas là pour ça de toute façon mais le contact
en tout cas se fait très très simplement et très très facilement.
13h 14h tout-terrain. Fabienne Lemoy sur Europe 1. Bonjour à tous ceux qui nous rejoignent et ravi de
vous accueillir dans tout terrain l'émission des reporters d'Europe 1 et pour commencer autopsy
d'un féminicide avec la plongée au coeur du procès de l'assassinat de Julie Duibe tuée
encore s'il y a deux ans par son ex-compagnon Marion Dubreuil va nous raconter l'engrenage
qui a conduit à ce drame que personne n'a pu ou su arrêter malgré des plaintes déposées par
la victime. Julie reviendra pas toute façon c'est clair. Lucien Duibe, père de Julie Duibe.
Mais si encore une fois l'histoire de Julie a fait qu'on parle un peu plus des féminicides et qu'au
aujourd'hui c'est c'est le mot qu'on emploie et bien tant mieux parce qu'il faut que ça cesse quoi
il faut quand même qu'on comprenne que c'est pas possible qu'on ne peut pas laisser sortir des
femmes de commissariat de police sans les protéger et Julie a fait tout ce qu'il fallait elle a
quand même porté six plaintes cinq mains courantes et elle est ressortie à chaque fois comme si rien
n'était c'est ça qui est pénible c'est d'entendre tout le temps tout le temps tout le temps la même
chose portez plainte, ne remontent pas ou on n'en doute pas suite mais quand une femme elle vient
porter plainte pour des menaces de morts où elle se sent dangereux c'est pas n'importe quoi il faut
ne protéger il faut les sortir de là il faut trouver une solution.
Alors c'est déjà un dossier qui est très fortement médiatisé parce que la famille de Julie Duibe
depuis en fait le début du dossier est très présente dans les médias et très présente sur
les réseaux sociaux multiplient les actions les manifestations en soutien à leurs filles et puis
de manière générale à la cause des des violences faites aux femmes. Moi après c'est quelque chose
dont je ne tiens pas spécialement compte enfin moi c'est on ne rentre pas du tout dans ce jeu là en
tout cas du côté du côté de la défense.
Ce féminicide là a été à l'origine du gronelle des violences conjugales le meurtre de Julie Duibe
en mars 2019 sans conjoint et jugé à partir d'aujourd'hui devant les assises de Bastille.
Il risque la perpétuité un verdict attendu d'ores et déjà par le père de la victime.
Moi j'attends aucun mot de sa part je veux juste entendre le 16 au soir la sentence voilà je ne veux pas
entendre qui me raconte pourquoi comment si Julie était comme ça ou pas comme ça il a tué ma fille
c'est tout ce qui c'est tout ce qu'il y a à avoir et il a incoupable c'est lui donc il peut me dire
ce qu'il veut ça m'est égal.
La cour.
C'est une salle qui est évidemment complètement hostile et des médias complètement hostile et un contexte
complètement hostile donc nous l'idée effectivement à ce moment là c'est d'essayer de faire craquer la
carapace un peu de Bruno Garciacro de Chagny et d'essayer d'apporter un peu de nuances là dedans
et de voir l'homme derrière le monstre oui oui qu'on dépend bien sûr.
C'était le 3 mars 2019 cette maman de deux enfants âgés de 34 ans été tué par Bal par son ex-compagnon
malgré six plaintes et cinq mains courantes déposées trois jours avant sa mort elle avait même demandé
à la gendarmerie de le désarmer l'affaire avait tué un tel retentissement qu'elle avait débouché
sur le gronelle des violences conjugales pour la mère de la maman de la victime violette d'ouïble la question
du respect de la parole de ses femmes doit être au centre de ces dossiers.
Moi je voudrais que ces femmes c'est chier qu'elles soient entendues mais surtout être prises au sérieux
parce que moi je sais que ma fille quand elle venait au commissariat on la regardait en rigolant
et puis elle dit encore vous elle a pas fini votre histoire ça c'est il faut pas que ça se reproduise
il faut vraiment les prendre au sérieux.
Moi tout ce battage en fait ça m'intéresse pas tellement parce que moi je parle pas pour le dehors
d'abord je parle d'abord pour ceux qui sont dans la salle d'audience parce que le combat médiatique
en réalité de toute façon il est perdu il est perdu parce que la voix de la défense dans ce genre de dossier
elle est extrêmement difficile à faire entendre parce que c'est un féminicide parce que ça suscite
beaucoup d'émotion et donc en réalité on n'est pas audibles dans ces cas là en tout cas extrêmement
difficilement donc moi qui m'intéresse surtout c'est d'essayer de le faire se révéler un petit peu
c'est ça moi qui ma crainte la plus c'est que les gens n'aillent pas voir au-delà de cette carapace
est-ce que c'est quelque chose qui incombe à l'avocat est-ce que c'est quelque chose qui incombe au client
de toute façon forcément un peu des deux mais moi à titre personnel j'ai peur de pas réussir à faire voir
ce qu'il y a au-delà et j'ai peur que lui-même n'arrive pas à faire voir aussi ce qu'il y a en dessous de cette carapace
...
Je rencontre Bruno Garcia Crutian il y a deux reprises
Anna Pena expert psychologue
parce qu'il a besoin de parler il a besoin de s'exprimer il a besoin de raisonner, de rationaliser, d'expliquer
et donc il m'a fallu du temps pour l'aborder
cela étant j'ai rencontré un homme qui a admis tout à fait l'examen qui acceptait de s'exprimer
sur son trajet de vie mais aussi sur l'effet et surtout sur la jeunesse
de la difficulté de la relation qui s'est installée et qui selon lui l'a amené à ce geste
Il souhaite que l'on comprenne, il souhaite que son geste soit expliqué
il souhaite véritablement donner les arguments qui sont les siens
et il va le faire avec un luxe de détail, avec un souci du regard sur son propre comportement
avec l'analyse finalement criminologique de ce qui se passe pour lui
Code B17
Expertise psychologique réalisée par Alain Pena
Au cours des deux entretiens Bruno Garcia Cruciani a le sentiment que tout s'est écroulé
il met en avant essentiellement la souffrance de ses enfants et il dit
c'est une grosse catastrophe, ça aurait jamais dû agréer
aujourd'hui je passe à mes enfants
Et donc il se positionne quand même sur le terrain de la prise de conscience
de connaissance de sa responsabilité
il va évoquer un tir qu'il évoque comme étant accidentel
mais avec beaucoup de détails il va aller vers l'explication de la jeunesse du contentieux
donc il va expliquer comment Julie Dhuib a commencé à la quarantaine
environ à aller dans des salles de sport
et il va dire qu'il s'agit selon lui de la crise de la quarantaine
donc il va commencer à stigmatiser et finalement à critiquer le comportement de Julie Dhuib
c'est le premier point
ensuite il va dire l'île rousse est toute petite
et donc moi on me dit des choses
il est l'objet de plusieurs commentaires de gens de l'île rousse
qui lui parlent et qui lui parlent du comportement de sa femme
tiens tiens on a vu ta femme au bord de la route à Sandhya Mian
donc on lui fait des réflexions
il a des doutes sur la fidélité
et il a des doutes sur la loyauté de Julie
et puis ses doutes vont faire place à des convictions
et ses convictions c'est qu'elle était trop avenante
elle buvait des coups avec les profs de sport
et moi je lui ai fait la remarque
ça a entraîné effectivement quelques disputes au cours de l'été
et Julie même dit si tu es trop avenante tu sais comment ça se passe
alors ça a dégénéré et il y a eu des disputes
donc le point de départ du contentieux
c'est bien le comportement de Julie
au dire effectivement de Bruno Garcia Crutian
et là donc il va se mettre petit à petit
après à élaborer des éléments
et ses doutes vont devenir des convictions
des convictions qui vont être de plus en plus inébranlables
parce qu'il va collecter des indices
un jour je suis tombé sur son téléphone
et il y avait la photo de son prof de sport
Julie est dit ne fais pas trop d'affinités
donc il l'avertit
il l'avertit
il lui prescrit un changement comportemental
alors le deuxième prof de sport a enquillé
je suis allé chercher les enfants
et je les ai surpris en plein et bas sexuel
voilà comment il déroule le fil du contentieux
le fil de la difficulté à supporter cette situation
Code B-17
Expertise psychologique d'Ala Pena
selon Bruno Garcia Crutiany
la vie de couple est devenue impossible
sa femme déposait plusieurs plaintes à la gendarmerie
au point que les gendarmes en avaient marre de la voir
nous dit-il
malgré cela Bruno Garcia Crutiany
obtient la résidence principale des enfants
à son propre domicile
selon lui cette situation a entraîné la colère de sa compagne
il dit
Julie l'a eu mauvaise
elle m'a fait crasse sur crasse
il y a eu des incidents qui se sont passés
lorsque il confie ses enfants à ses beaux parents
il ne supporte pas de remettre ses enfants aux beaux parents
parce qu'il veut lui s'en occuper comme
il souhaite le faire
et puis à un moment il y a eu un grave incident
avec son beau-père
ce dernier il a insulté
il a dû descendre de la espèce d'enculé
c'est quelque chose qui vraiment a été très douloureux pour lui
après il a entendu
et il a vu des commentaires sur Facebook
Julie aurait publié un texte en disant
mais c'est très difficile de vivre avec un pervers narcissique
donc il a été stigmatisé par ces éléments
qui sont devenus publics
par le biais des réseaux sociaux
et puis cette situation
il l'a jugé vraiment comme un matracage
qui est venu le déstabiliser
donc il retourne un peu la situation
en indiquant
c'est comme ça que les choses sont mises en place
et comment cette situation s'est structurée
de manière complètement conflictuelle
il est complètement habité
par les émotions
il est totalement dans l'histoire
il ne la relate pas
il ne la récite pas
il la vit
il la vit lorsqu'il me la raconte
donc on sent la charge émotionnelle
on sent la force du ressentiment
qui existe encore
en avril et en juin
au moment où je l'examine
Code B17
un artiste psychologique réalisé par Alapena
le regard que porte Bruno Garcia-Crucciani
sur lui-même
est marqué par une bonne autocritique
et une connaissance assez affinée
de son mode actuel de réaction
il dit
si un solo avait moi
c'est pas bon
je peux être impulsif
je me suis jamais laissé marcher sur les pieds
alors j'essaye de la mener
à cette capacité
à regarder son geste
mais je me heurte un refus
une impossibilité de sa part
parce que ça fait partie de sa personnalité
c'est un homme qui est particulièrement carré
on va le dire
tout à fait psychorigide
il l'admet tout à fait
il dit qu'il faut vraiment
le bousculer
pour qu'il modifie son regard
son opinion
il ne change pas d'avis
c'est comme cela qu'il se décrit lui-même
donc il a vraiment cette conviction
que ça devait arriver
et que finalement
pour lui, la rigidité de sa personnalité
l'amène à la conclusion
que c'était inéluctable
parce que ce dont il est convaincu
c'est que c'est lui qui a subi un préjudice
ce dont il est convaincu
c'est que Julie
n'a pas été correcte avec lui
c'est que Julie l'a trompé
c'est que Julie est allée faire la belle
dans les salles de sport
et finalement
la tromper
et a mis en péril non seulement
la vie de couple
mais surtout la vie de famille
il est totalement investi sur ses enfants
il n'a jamais eu d'auto critique
il n'a jamais eu
de moindre once
de réflexion
sur le caractère peut-être inadapté
de ses conclusions
il va avoir une phrase assez détonante
de mon point de vue
c'est tout ça pour un prof de sport
la repète à l'expert psychologue
qu'il a pété un plomb
quand il a découvert que sa femme le trompait
et au-delà de son coccufiage
ce qu'il n'a pas supporté
c'est de voir exploser
son grand projet
une famille
unie
Code P13
rapport d'enquête de personnalité
Bruno Garcia Crucciani
rencontre Julie Dweeb
courant 2006 ou 2007
il était alors âgé d'une trentaine d'années
elle avait 22 ans
elle était serveuse saisonnière au club 24
un important établissement de nuit
de quelle nuit
une relation amoureuse durable
s'est dessinée
elle s'est consolidée dans une vie de couple
dont deux enfants sont issus
selon monsieur Bruno Garcia Crucciani
le couple était normal
vivait dans une bonne entente
partageait différentes activités
sorti et loisir
et faisait en sorte que les enfants
ne manquent de rien
et évoquait plusieurs voyages
ou séjours parents-enfants
à Dubaï, au Mexique
en Espagne
et à Miami
je pense qu'il a
surinvesti sa vie
de famille, celle qu'il disait
vouloir construire avec Julie
en contrepoint de
manière dont il a évolué personnellement
Côte B13
rapporte en quête de personnalité
Bruno Garcia Crucciani
est né le 29 juin 1976
il a
deux soeurs aînés
il évoque l'ambiance familiale
en 10 ans
il y avait des tensions
les parents se sont gueulés
et puis ils ont divorcé
j'étais pas bien dans ma peau
mon enfance
est une période de souffrance
Bruno Garcia Crucciani
c'est quelqu'un qui a vécu une enfance
très difficile parce que
ses parents, quand il a
à peu près une dizaine d'années
le couple s'écharpe
Maître Camille Rado
Bruno Garcia Crucciani
des violences morales, des violences physiques
que lui
il faut attendre un peu
les révélations de sa soeur pour en parler
lui est très pudique par rapport à ça
il veut pas se livrer
il y a des menaces avec armes de la part du père
il y a des choses très violentes
à tel point que le couple
finit par se séparer
et lui, alors qu'il a une dizaine d'années
n'aura plus jamais aucune nouvelle de son père
qui finira assassiné devant chez lui
dans le var dans des circonstances très mystérieuses
alors que
Bruno Garcia Crucciani
l'aura par vu
il faut savoir que son père
qui était chauffeur de cartes puis chauffeur de
poids lourds est décédé
dans des circonstances dramatiques
parce qu'il a été victime de tir par armes à feu
à tout long donc le décès
dans des circonstances dramatiques
du personnage paternel
a été quelque chose de douloureux pour lui
sa propre enfant c'était une période
de souffrance
et puis vraiment, lorsque le père a disparu
de son environnement
c'est un sentiment de dette affective
qu'il éprouve
il a construit
ou il a cru construire
une famille idéale
en compensation
et peut-être en réparation
de ce dont il a pâti
dans sa propre évolution familiale
il avait frappé
à la porte de l'appartement de Julie Dweeb
qui lui avait ouvert
il était rentré
et alors qu'il avait transporté l'arme en sécurité
il avait engagé le chargeur
qui était approvisionné
puis il avait armé le pistolet
qui était prêt à tirer
avec une cartouche dans la chambre
tout cela
pour lui faire peur
il prétend
avoir conservé un Glock 17
et puis il se rend
pour lui faire peur
donc il va donner sa version
de l'agression
et puis il a pris le canon
donc il développe une thèse accidentelle
de l'événement
il dit vraiment qu'il n'était pas venu
avec une intention homicide
rencontrer Julie ce jour-là
il a une impression de fatalité
ça devait arriver
pas le premier ni le dernier à qui ça arrive
donc dans cette formulation
on sent qu'une forme de banalisation
finalement
c'est finalement le lot
de toutes les difficultés conjugales
ça arrive inélectablement à la violence
voilà
il est dans cet état d'esprit au moment de ma rencontre
et puis c'est
comme cela que moi je pointe
mais ça n'est pas vraiment mon rôle
mais non
tout ça n'est pas inéluctable
le catastrophe aurait pu être évité
et vous n'êtes pas le premier
mais ce serait bien que vous soyez le dernier
c'est un petit peu comme ça que je m'adresse à lui
ça ne prend pas du tout
c'est comme si
s'il m'écoutait poliment
mais je pense pas que ça soit
véritablement rentré dans son esprit
Code B17
conclusion de l'expert psychologue
à l'impenin
l'assinat de Jelidwim
n'est pas en lien avec des anomalies mentales
de Bruno Garcia Crutiané
il s'estime victime d'un manque
de loyauté de la mère de ses enfants
il a indiqué avoir souhaité seulement
s'expliquer avec elle
en réalité
la possession d'une arme
semble témoigner d'une très forte détermination
le concernant
il n'a pas encore
commencé
une prise en charge psychothérapique
mais cette prise en charge psychothérapique
elle devrait avoir
pour objet
d'assouplir sa psychoriginité
or précisément
cette carapace qui est la sienne
va être un obstacle
un travail d'analyse et de remise
en question de son propre comportement
donc effectivement
il est tout à fait justifié
d'un travail d'accompagnement
et de recherche sur lui-même
mais si c'est une façon
de redire
et de redémontrer
ses propres positions
ce sera totalement vin
il faut non seulement qu'il adhère
mais qu'il accepte
ce regard sur son propre comportement
qu'il accède un petit peu à la critique
qu'il accède aussi
à davantage de culpabilité
par rapport
à celui de Hib
et afin de se remettre en question
mais c'est tellement
verrouillé, corseté chez lui
que ce travail en tout cas n'avait pas commencé
au moment où je l'ai rencontré
Encore, il est renvoyé pour assassiner
car le juge d'instruction
conclut que quand il est entré
chez son ex-compagne
il avait le projet de la tuer
il risque la peine
maximale
la prison a perpétuité
avec vâte de 2 années de sûreté
L'ambiance est très pesante
elle est très lourde
mais elle est moinsillée à la médiatisation
qu'à la personnalité de l'accusé
qui est dans une position
de déresponsabilisation
du passage à l'acte
donc on sait d'entrer
et ce que je perçois avant
de venir dans la salle d'audience
ce qui va transpirer tout au long de cette semaine
de débats
c'est qu'on est sur un homme qui ne changera pas sa position
qui est dans sa vérité
et pour lequel le passage à l'acte est légitime
à partir de ce moment-là
vous savez qu'on n'avait pas de poème d'ancrage
pour le faire évoluer
pour le déverrouiller
puisque les assises c'est aussi une façon
d'expliquer le passage à l'acte
de faire en sorte que ça ne se reproduise pas
et de pouvoir justement
dire pourquoi c'est arrivé
comment ça s'est passé
responsabiliser l'auteur des faits
et dans cette affaire-là
on n'y arrivera pas
puisqu'il considère que si la victime est décédée
c'est de sa faute à elle
Marion Dubreuil
vous avez suivi cette première journée d'audience
qui a été consacrée aux auditions des enquêteurs
ainsi qu'aux motivations de l'accuser
Le mobile c'est la jalousie
pour la directrice d'enquête
cela ne fait pas de doute
Julie Duibe avait un nouveau compagnon
l'accusé ne l'a pas supportée
à la barre
à la voix de cette gendarme serraille
quand elle raconte les violences, les brimades
le harcèlement
Julie avait monté tout un dossier
37 photos de ses bleus sur les bras
le dos
57 vidéos de scènes de disputes
dans lesquelles on entend Bruno Garcia
la traiter de débile, de mongole, de tapin
dans son boxe l'accusé trépigne
le père de Julie quitte la salle
sa mère essuie des larmes
au même moment
les plaintes de Julie étaient classées sans suite
pas suffisamment caractérisées
jamais de son vivant se justifier l'enquêteur
nous n'avons eu accès à ces éléments
les deux jours qui précèdent le meurtre
Bruno Garcia est de plus en plus menaçant
le vendredi soir
il rôde autour du domicile de Julie
le samedi il la suit au cinéma
elle est terrorisée
l'accusé se confie à son beau frère
Julie a refait sa vie
elle m'a menti
on me prend pas pour un con
il lui montre un pistolet
et tire en l'air dans son jardin
le beau frère tente de le dissuader
ne fait pas ça à penser à tes enfants
le lendemain matin
Bruno Garcia se rend chez Julie
et tire sur elle
pour moi il n'y a pas de pétage de plomb
c'est pas du tout le sujet de ce dossier là
vous êtes sur un assassinat
donc sur un homicide par conjoint
doublé de la prémidisation d'un assassinat
donc vous êtes sur une mort
qui est planifiée, organisée, orchestrée
par monsieur Bruno Garcia Crouchen
vous êtes sur un couple
ils sont ensemble depuis 13 ou 14 ans
où on le quitte
et la violence elle démarre 7 ans
avant qu'elle ne le quitte
et la violence elle démarre 7 ans
avant qu'elle ne le quitte
c'est d'abord une violence qui est d'ordre psychologique
qui conduit à contrôler, surveiller, interdire
voilà, elle est d'abord là-dedans
Julie Douhibe
elle n'a pas de liberté
et à chaque fois qu'elle va essayer
de gagner en liberté
l'emprise va l'étrangler
on a ensuite de la violence verbale
qui se met en place autour de 2016
on a des enregistrements qui permettent de corroborer
suivi de violence physique
donc elle est victime de violence depuis 7 ans
une violence qui est politique
et elle décide de le quitter
il l'amène à la porte
comme il le fait souvent
ça aussi c'est de la violence
en exigeant ensuite qu'elle revienne
et ça doit être autour du 27 septembre 2018
il l'amène une fois de plus à la porte
et elle décide qu'elle ne rentrera pas
donc elle refuse de continuer de sa chose
parce que c'est ce qu'elle est dans le dossier
au moment où elle le quitte
elle devient une menace imminente
pour la structure de son égo à lui
et le fait de la tuer
il inverse la menace
il reprend le contenu
il inverse la menace
il reprend le contrôle qu'il a eu sur elle
pendant plus de 7 ans
donc à aucun moment
il n'a perdu le contrôle de lui-même
ce qu'il faut bien comprendre c'est qu'au contraire
en la tuant
il a cherché à maintenir le contrôle
qu'il avait sur elle depuis des années
et il s'est instauré comme propriétaire
à vie
et quand vous êtes dans des mécanismes d'appropriation
qui sont tels au point de préférer tuer l'autre
plutôt que de le voir libre
vous êtes dans la négation de l'autre
et vous considérez qu'il est obligé
une chose qui vous appartient
la préminitation
la préminitation elle était contestée
pour une raison assez simple
c'est que si vraiment
il était venu
il était monté
avec dans l'esprit de la tuer
il aurait suffi qu'elle ouvre la porte
et qu'il la batte tout simplement
sur le seuil de la porte
Maître Camille Rado
avocat de Bruno Garcia Cruciani
ce qui s'est pas passé en réalité
puisque il y a eu
si ce n'est une discussion, une dispute
une altercation
personne n'était là pour le savoir
si ce n'est lui
il s'est passé quelque chose
à l'intérieur de l'appartement
qui a conduit au coup de feu
mais encore une fois
s'il s'agissait d'un assassinat
il serait peut-être venu
à visage couvert
pour ne pas être reconnu par les voisins
il ne serait peut-être pas venu
avec son véhicule
il aurait peut-être justement
tué sur le seuil de la porte
et serait immédiatement reparti
ce qui n'est pas passé
donc un tout un tas d'éléments
qui permettait en tout cas
de douter de cette préminitation
il arrive avec une arme
pas de discussion possible
on sait que la scène
elle dure quatre minutes
entre le moment où il va rentrer au domicile
au moment où il va ressortir quatre minutes
on sait
puisque M. Bruno Garcia Crouchen
le dial-audience
qui l'a fait à soir
a plusieurs reprises par terre
au cours de ces quatre minutes
donc là vous aussi
vous êtes dans un rapport de domination
avec quelqu'un au sol
qui est humilié
et quelqu'un qui a un hauteur
avec une arme
donc on est vraiment
sur quelque chose
qui est manifestement prémédité
il y va pas pour
pour lui dire qu'il aime
ou quel que soit ce qu'elle dira
de toute façon elle va mourir
et tout se passe en quatre minutes
j'ai dit que la scène avait duré quatre minutes
puisqu'on arrive
à pouvoir quantifier le temps
dans lequel il reste au domicile
et à ce moment là
j'ai décidé de cesser
de mes réquisitions
sur une minute
une minute de silence
pour faire comprendre au juré
quel est le rapport au temps
parce que quatre minutes
ça peut paraître très court
mais en réalité
quatre minutes c'est très long
c'est très long pour une victime
qui sait qu'elle va mourir
c'est très long
pour l'auteur des faits
parce que pendant quatre minutes
il aurait pu
décider de ne pas
de ne pas commettre
de ne pas être dans ce passage à l'acte
de ne pas aller au bout
de sa logique homicide
quatre minutes c'est très long
arrêtez-vous une minute de parler
vous verrez c'est très long
c'est très long
en réalité
par rapport à ce qu'on croit
et ça démontre
à quel point
monsieur Garcia Crouchan
était déterminé
dans son passage à l'acte
déterminé
donc on n'est pas
sur un coup de sang du tout
on est une fois encore
dans quelque chose
qui est prémédité
orchestré
préparé
on a une certitude
de la mort qui fait froid dans le dos
Code B17
rapport d'expertise psychiatrique
du docteur Dela
Mareno Garcia Crouchiani
ne présente pas de dangerosité
sur le plan psychiatrique
sur le plan criminologique
il existe des éléments défavorables
comme son type de personnalité
le fait qu'il ait pu passer à l'acte
et qu'il se pose toujours
en victime
la critique de monsieur Garcia Crouchiani
reste superficielle
et ses regrets vont surtout
par rapport au fait
qu'il est un carcéré
situation qui n'arrive pas
à accepter
être sur une personnalité
quelqu'un qui n'a pas de maladie mentale
ce n'est pas quelqu'un
de fou
c'est quelqu'un de dangereux
criminologiquement
mais pas psychiatricement
dans une extrême psychorégidité
qui ruine sa rancune
qui a une critique
très partielle des faits
qui souffrent de paranoïa
c'est-à-dire
qui le s'estime persécuté
par les autres
les autres c'est le père de Julie Duhib
et ce professeur de sport
et il a donc des cibles potentiels à abattre
et on est en plus
dans une inversion de la culpabilité
c'est ce que j'ai tout à l'heure
c'est-à-dire que si Julie
Duhib est morte
c'est de sa faute à elle
et ça m'amène
à demander cette réclusion
de criminel à perpétuité
La peine qu'on propose
c'est une peine de monstres
c'est une peine pour un monstre
et donc un monstre
c'est un psychopathe multirécidiviste
voilà pour moi
donc Bruno Garzac Ruccini
n'est pas un psychopathe multirécidiviste
et donc on doit aller au-delà de ça
et c'est ça qui est très compliqué
quand vous avez des injonctions
quand vous avez les médias toute la journée
qui vous disent
mais c'est extrêmement grave
c'est un monstre
c'est horrible ce qu'il a fait
c'est impardonable etc etc
et que cette musique en fait résonne
depuis des années
résonne dans les médias
pendant le procès etc
c'est difficile de l'écarter
de faire réaliser aux gens
qu'il y a autre chose
mais c'est ça qui doit se passer
d'une manière générale
je pense qu'on vit dans une société
où la nuance disparaît
et où on a tendance quand même
à se polariser
où tout est noir
où tout est blanc
alors que la vie en fait
c'est pas du tout ça
et comme une cour d'assises
c'est pareil c'est à dire
que les qualités ne sont pas du côté
de la partie civile
et tous les défauts ne sont pas
du côté de l'accusé
c'est pas comme ça que ça marche
parce que la vie est toujours
plus compliquée que ça
donc ce qui doit se passer
dans une cour d'assises
c'est justement d'essayer
de s'extraire de cette polarisation
d'expliquer aux gens que non
tout n'est pas noir
tout n'est pas blanc
que la normalité
c'est un concept quand même
qui est un peu difficile à appréhender
que chacun
que c'est très subjectif
et que la nuance en fait
c'est ce qui permet de finalement
prononcer la peine la plus juste
qui soit
voilà on dit
vous avez tué quelqu'un
c'est extrêmement grave
donc on vous condamne à 30 ans
ou à perpétuité de toute façon
et puis on arrête de se discuter
moi je pense que c'est
dans ce genre de dossier
et dans ce genre de moments
que le rôle
de l'avocat
prend son sens
c'est à dire
à ce moment là
il s'agit de porter
la voix de quelqu'un
qui n'en a plus
qui est plus audible
Maître Rado
vous avez la parole
pour la défense de M. Bruno Garciacucci
l'audience
a été extrêmement dure
de toute façon
donc moi je suis habitué
je suis habitué à ça
mais c'est toujours difficile
de toute façon de se lever
pour parler
pour défendre un homme
contre qui on demande la perpétuité
et de toute façon c'est difficile
parce que
les enjeux sont importants
et parce qu'il y a une responsabilité
qui nous incombe de toute façon
donc c'est vrai qu'on se demande
à chaque fois
pour qu'on s'inflige ça
parce que c'est vraiment
une douleur physique et mentale
on souffre
on porte ça
alors je sais pas
si c'est le cas de tout
de tous les avocats
mais on disait
du pompe Moretti
pendant des années
qui vomissaient
avant de plaider
parce qu'on peut pas y aller
sur aînement de toute façon
on peut pas rester serein
quand on demande
la peine la plus haute
qui existe
dans le système judiciaire
et dans le code pénal
forcément on se sent une responsabilité
et forcément on peut pas y aller sereinement
mais ce stress
cette douleur
elle est aussi importante
et elle peut
elle se transforme en force
en fait finalement
parce que justement
elle pousse à cette sincérité
et je pense encore une fois
quand on est sincère
que les gens le perçoivent
et que ça
ça peut que servir
en fait la personne
la personne qu'on défend
Mesdames et messieurs
la cour
C'est la pire attente du monde
d'une manière générale
pour un avocat
l'ambiance est extrêmement pesante
il y a ces petits bruits
vous voyez de l'imprimante
les gens qui fuchotent
la tension commence à monter
puis le silence
le silence de plomb
Lucien et Violetta Dujib
sont sortis serrés
l'un contre l'autre
de la salle d'assises
la réclusion criminelle
a perpétuité
à sortie de 22 ans de sûreté
vient d'être prononcée
contre l'assassin de leur fille
les parents de Julie Dujib
tombent dans les bras
de leurs proches
de leur soutien
des pleurs, des larmes
des sourires aussi
mais pas d'explosion de joie
la famille et les amis
de Julie semblent exténués
les premiers mots du père
sont pour sa fille
On pense à Julie
depuis deux ans et demi
donc le verdict nous a
cielé là-haut
et qu'elle nous écoute
j'espère qu'elle sera
contente de nous
voilà
pour pouvoir vivre
sans être crainte
et annoncer demain
ou après demain
aux enfants qui vont pouvoir
ne pas penser à ce
qui va leur arriver demain
Un an plus tard
on appelle
Bruno Garcia Crucciani
écope de la même peine
rétlusion criminelle
a perpétuité
avec 22 ans de sûreté
et un retrait total
de son autorité parental
C'était On de la Traconte
version Côte B
rédaction en chef
Guillaume Maury
réalisation
Mathieu Fred
Retrouvez On de la Traconte
Côte B
tous les vendredis et samedis
des 6h
sur votre plateforme de podcast
Machine-generated transcript that may contain inaccuracies.
Ecoutez Christophe Hondelatte dévoiler la personnalité de Bruno Garcia - Cruciani. En 2019, il a abattu son ex-compagne, Julie Douib, de 3 balles de pistolet semi-automatique. Bruno Garcia-Cruciani n’a pas supporté qu’elle refasse sa vie. Cette affaire a ému la France entière et entrainé une prise de conscience des violences faites aux femmes. Au cours de ses deux procès, Bruno Garcia-Cruciani n’a exprimé aucun remord. A l’expert psychologue, il a répété que ce drame était la faute de son ex-compagne.Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ? >> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr ainsi que sur vos plateformes d’écoute habituelles.